Les réseaux sociaux fonctionnent bien… Toybloïd en profite pour organiser, avec l’aide de Super Sonic, un concert gratuit, en extérieur, sur les terrasses du Trabendo – en gros, le parvis extérieur de la salle parisienne. La météo annonce l’arrivée de l’automne et de la pluie, mais qu’importe! Depuis trop longtemps privés de concerts, les 250 personnes autorisées viennent braver les éléments qui se déchaînent vers 19h30. Une pluie battante pousse les présents, nombreux, sous les barnums répartis ici et là, protégeant la scène, le bar et les stands de merch. Le plus grand abrite naturellement une petite scène sur laquelle se trouve batterie, sono et quelque lights. Deux règles ce soir: la jauge limitée à 250 personnes (tant mieux, la nouvelle tombe ce même soir d’une nouvelle interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes…) et l’obligation de porter le masque. Premier constat: avec la pluie, le public est massé sous les tonnelles – tchao les distanciations sociales – et, bière aidant, les masques tombent vite. Trop nombreux sont les visages visibles. Il faudra attendre que le trio féminin Slurp monte sur scène pour que, sur demande de la guitariste chanteuse, le public daigne replacer les masques… Elle jouera gentiment avec par la suite, en introduisant les chansons d’amour, invitant à… « mais c’est pas pratique avec les masques, alors, dansez! »
Mais puisque nous sommes là pour ça, parlons musique. Slurp ouvre le bal avec un rock pop lorgnant parfois du côté du punk US, festif et joyeux. Les filles sont de très bonne humeur, et le set proposé est tout aussi jovial et dansant. Le chant anglais est parfaitement maîtrisé, le propos semble assez engagé. Incontestablement, la musique de Slurp donne envie de bouger et de danser.
Voici un coup de coeur, un groupe à revoir dès que possible pour le fun et l’entrain – je retiens notamment le côté « déconne » de la batteuse qui joue avec la cloche de la batterie plutôt qu’avec sa charley, ce qui entraîne une jolie crise de rire avec la bassiste). Son set se termine par un boeuf avec les filles de Toybloïd (donc les 2/3 du trio, je vous laisse compter) avant un changement de plateau rapide.
A peine une demi-heure plus tard, la tête d’affiche investit la scène. On sent le trio concentré, avec cette envie de convaincre et de vaincre. Rappelons ici que, comme tant d’autres, Toybloïd a dû annuler le concert à la Maroquinerie, concert censé célébrer la sortie de son nouvel album, Modern love. L’organisation de ce concert gratuit, ce soir, a tout d’une forme de revanche, d’autant plus avec les nouvelles restrictions annoncées par le gouvernement.
Si Madeleine (basse) est très mobile et dansante, Grégoire (batterie), son visage pailleté et ses ongles bleus, puissant et efficace, Lou (guitare et chant) semble très concentrée et appliquée. Sérieuse même. Bien sûr, le groupe a envie d’en découdre et de braver les éléments, mais, il manque ce soir un petit quelque chose. L’esprit ne semble pas totalement à la fête. C’est quand même une soirée étonnante…
Notons que l’ambiance générale est quelque peu limitée – c’est en tout cas mon ressenti à ce moment – par le non respect des distances et, notons le également, certaines personnes qui retirent volontiers leurs masques ne facilitent pas les choses – ni les masques, ni le fait de les retirer. La pluie n’invite pas non plus à prendre ses distances et pousse même au rapprochement. N’empêche, la musique du trio, un rock dynamique qui tire vers une certaine forme d’irrévérence punk, ça ne laisse pas de marbre. Et ça fait du bien d’entendre de la musique amplifiée, de voir des musiciens se donner autant que possible et présenter leur nouveau disque avec pas moins de 11 morceaux qui en sont extraits (il ne manquent que Queer et Donna).
Au final, même si la suite du concert permet à chacun de se montrer plus à l’aise et détendu, c’est un concert en demi teinte que je retiens. La faute au Covid? Aux masques? Au non respect du port de ces derniers? Une ambiance de fête, pourtant, cherche à trouver sa place. On a tous envie d’y retourner à ces concerts… Pourvoir dire « j’y étais et j’y retourne ». Alors, oui: ce soir, j’ai assisté à un concert. C’était… bizarre, et étonnant.