INTERVIEW DÉCOUVERTE: BUFFALO SUMMER

Rencontre avec Jonny Williams (guitare). Entretien réalisé à Paris le 21 avril 2016.

Le cadre feutré du siège de Gibson France est décidément un lieu des plus agréables pour mener une interview. Mais imaginez un guitariste passionné au milieu de tant de joyaux, ses mains sont toujours occupées. Entre deux sessions photos, Buffalo Summer a reçu Metal Eyes pour parler de son nouvel album, le plus que chaleureux Second sun.

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Metal-Eyes : Commençons par le traditionnel récapitulatif : je découvre Buffalo Summer avec ce second album, alors peux-tu me résumer l’histoire du groupe ?

Jonny : Bien sûr. Nous avons commencé en 2010 et avons publié en 2013 notre premier album auto-produit. Depuis, nous avons tourné presque sans arrêt, et avons enregistré un autre album l’an dernier et venons de signer avec UDR pour la sortie de cet album en mai 2016.

Metal-Eyes : Vous êtes originaires du pays de Galle, c’est bien ça ?

Jonny : Oui, nous venons du sud du Pays de Galles, nous sommes Britanniques.

Metal-Eyes : J’ai pu écouter votre nouvel album et votre musique est très inspirée par le classic hard rock d’une part, comme Led Zeppelin, Ten Years After, Free, mais également par le rock sudiste de Lynyrd Skynyrd, Blackfoot, Molly Hatchet (Il approuve). Vous êtes jeunes, qu’est-ce qui vous plait tant dans ce type de musique qui date aujourd’hui ?

Jonny : Je pense que ça vient simplement du plaisir de découvrir ce qui se cachait dans la discothèque de mes parents lorsque j’ai commencé à jouer de la guitare, vers 12 ou 13 ans. J’y ai découvert tous ces classiques, Led Zeppelin, et tous ces groupes… Ensuite, les choses se sont enchaînées. Les autres ont suivi le même chemin. Lorsque Andrew (le chanteur) et moi sommes entrés au collèges, on était à fond dans les Black Crowes. Un groupe que nous adorions tous deux à cette époque et qui nous a vraiment influencés et motivés à monter un groupe.

Metal-Eyes : Quel guitariste t’a fait réaliser que c’était ce que tu voulais faire ?

Jonny : Aussi loin que je puisse me souvenir, c’est chez moi, en entendant mon père jouer du Jimi Hendrix. Je me disais «  waow, c’est quoi ce son ? » C’était mon père qui reprenait du Hendrix ! (rires) Il me disait « un jour tu comprendras » et depuis… je cherche toujours à comprendre ! (rires) Je ne sais pas comment il s’y prenait, mais je n’ai jamais réussi à faire sonner ma guitare comme lui !

Metal-Eyes : Es-tu gaucher ?

Jonny : Non… C’est peut-être ça. Parmi d’autres choses…

Metal-Eyes : De ce que j’ai pu en écouter, il n’y a pas deux chansons qui se ressemblent sur votre futur album. Comment travaillez-vous : est-ce que chacun arrive avec ses idées et vous élaborez vos chansons sur ces bases ou s’agit-il d’un travail collectif dès le départ ?

Jonny : Les choses partent en général d’un riff, mais personne n’arrive avec une chanson terminée et indique qui fait quoi. Un riff qui nous plait, on l’essaye avec autre chose, on brode, parfois, on inclue un autre riff qu’on avait déjà… C’est très naturel, en fait. Nous ne cherchons pas à remplir des cases, nous jouons, et ça vient. Simplement l’amour de la musique, faire en sorte que ça sonne comme nous le souhaitons.

Metal-Eyes : Et qu’est-ce qui fait qu’à tes oreilles une chanson est bonne ?

Jonny : Je ne sais pas… Un mélange de riff et de mélodie qui me fasse vibrer. Je crois que c’est quelque chose que tu peux jouer pendant des années en étant heureux de le jouer. J’aime cette idée d’être heureux. Il faut qu’il y ait cette étincelle qui te donne envie de jouer. Si tu n’as pas l’air heureux, ton public le sent et, potentiellement, il n’aura pas envie d’en écouter plus.

Metal-Eyes : Vous êtes donc tous heureux de monter sur scène, et donnez cette impression…

Jonny : Nous le sommes.

Metal-Eyes : Quand vous montez sur scène, vous prévoyez certaines choses ?

Jonny : Personnellement, je cherche simplement à ne pas commettre autant d’erreurs que la veille (rires). Mais on n’est pas Kiss, on n’a pas de pyrotechnie, de pyramide humaine…

Metal-Eyes : Pas encore, mais vous pourriez avoir un buffle sur scène plus tard !

Jonny : Non, on cherche simplement à se faire plaisir et prendre du bon temps. Tu sais, en fin de compte, c’est plutôt sympa de faire partie d’un groupe de rock et de jouer dans différents endroits. Je ne comprends pas comment certaines personnes peuvent ne pas aimer ça, il n’y a rien d’équivalent au monde !

Metal-Eyes : D’où vient le nom de Buffalo Summer ?

Jonny : Mon ami Alex Bordon et moi, il y a des années, gamins, on s’amusait à trouver des noms de groupes. Et c’est venu comme ça. Lorsque nous avons monté ce groupe, j’ai dit que j’avais le nom, pas la peine d’y penser. C’est juste une paire de mots qui sonnent bien ensemble, et c’est resté.

Metal-Eyes : Il n’y a donc aucun second sens, ou message caché ?

Jonny : Non, il y a une époque, je donnais des explications absurdes et marrantes, mais plus maintenant… (rires) La musique fait du bien, l’été est agréable… Je ne pense pas qu’il faille être agressif, à travers un nom en tout cas.

Metal-Eyes : De quoi traitent vos chansons ? Y a-t-il des thèmes que vous pensez qu’il ne faut pas aborder ou que vous refusez de traiter ?

Jonny : Je crois qu’avec cet album, nous avons cherché à travailler les textes. Ce qui n’était pas le cas avec le premier disque, nous venions juste de créer le groupe, avions composé quelques titres, allions en studio… Là, nous nous sommes concentrés sur la conception des chansons. Andrew s’est chargé des textes, et c’est une part très importante de l’ensemble. Autant que les lignes de guitares, il faut que ce soit mémorisable. Il n’y a aucun intérêt à parler du temps qu’on a passé sur Sunset Strip… Il doit pouvoir les interpréter sur scène, avec passion. C’est juste nous, ce que nous sommes. Et je crois que nous ne voulons pas parler de choses dont on ne sait rien. Nous ne sommes pas un groupe engagé, restons concentrés sur les bons moments de la vie, en restant nous-mêmes.

Metal-Eyes : Comme tu l’as dit, vous avez été signé par UDR, qui se présente comme « la maison des légendes » (The home of legends). Ça ne vous colle pas trop la pression d’être considérés dès votre second album comme des légendes ?

Jonny : Je ne sais pas… Pour nous, c’est surtout un énorme privilège et un honneur de nous figurer sur le même catalogue que tous ces groupes signés par UDR. Nous ne sommes pas des légendes et sommes sans doute le premier groupe peu connu qu’ils signent. Tout ce que je peux dire, c’est que c’est un véritable honneur, et que j’espère pouvoir leur apporter autant.

Metal-Eyes : Vous avez joué à Paris il y a quelques années à la Flèche d’or. Te souviens-tu de ce concert ?

Jonny : Très bien, et pour plusieurs raisons : d’abord, nous étions avec Monster Truck, et les autres groupes avaient une journée de repos à Paris mais pas nous. Nous devions participer à l’émission Planet Rock, en Angleterre, et avons dû ensuite rouler pendant 11 heures pour venir à Paris. En gros, nous sommes arrivés pour monter sur scène. C’est le genre de jour où tu as l’impression que tout est contre toi, pas le temps de faire un sound-check…

Metal-Eyes : C’est le jour du concert avec seulement 70 personnes ?

Jonny : Oui, mais je crois que ce sont souvent les meilleurs concerts. Monster Truck déchire tout, et la Flèche d’Or est un superbe endroit, avec de bonnes vibrations. J’ai vraiment passé du bon temps.

Metal-Eyes : Vous avez des plans tournées en vue ?

Jonny : L’album n’étant pas encore sorti, nous n’en connaissons pas l’impact, mais, oui, nous allons tourner, et revenir à Paris. Sans doute d’ici la fin de l’année, mais rien n’est encore confirmé.

Metal-Eyes : Il y a un revival 70’s actuellement, avec de très nombreux groupes qui se réclament de cette période. Qu’est-ce qui vous rend différent des autres ?

Jonny : Je crois que nous sommes simplement honnêtes, nous jouons du Blues rock. Je crois que nous ne sommes peut-être pas aussi fondamentalement rock que certains. Nous prenons les racines bluesy mais je pense que, tout simplement, c’est incroyable qu’il y ait autant de groupes de ce style aujourd’hui. Quand je grandissais, il n’y avait que de la musique de boite… Aujourd’hui, un gamin peut aller voir tout ce qu’il veut, quelque soit le style. Il y a de très bons groupes partout. Tu peux aller voir de vrais groupes de rock, des musiciens qui jouent avec de vrais instruments. Aujourd’hui, la musique est tellement accessible. J’aurai rêvé pouvoir, chaque semaine, m’offrir un cd, apprendre les morceaux de ce disques et aller les jouer la semaine suivante…

Metal-Eyes : Ils n’achètent plus de CD…

Jonny : (il chuchote) Je sais, mais ils peuvent aller chercher sur le net, et découvrir, et si ils aiment, ils vont acheter, en concert… La musique est accessible, vraiment, aujourd’hui.

 

Merci à Olivier Garnier d’avoir organisé cette interview.