Hellterviews Hellfestives: les rencontres du Hellfest XV

Retrouvez les interviews de ces groupes avec ce lien: Hellterviews

HELLTEVIEWS: retour sur les rencontres du Hellfest XV

S’il est un lieu privilégié pour faire des rencontres hors période de promo, c’est bien un festival. Le Hellfest fut l’occasion pour Metal Eyes d’aller questionner nombre de musiciens au cours de ces deux week ends. Retour sur une série d’interviews hellfestives quelque peu différentes d’une séance habituelle. Un exercice qui se fera de nouveau tant les musiciens se sont prêtés au jeu et ont semblé apprécier.

Au cours de ces sept journées, Metal Eyes a pu rencontrer des groupes espoirs autant que des valeurs sûres. Tous se sont prêtés au jeu du questionnaire chinois donnant des réponses aussi variées que, parfois, étonnantes ou, plus souvent, attendues. Pour d’autres (Manigance et Sortilège) le temps imparti n’a pas permis de poser ces questions à réponse spontanée. Nous avons cependant pu découvrir Black Beard (Julien et Jérémy), Tarah Who? (Tarah et Coralie), Heart Attack, As A New Revolt (Manu et Julien), Sorcerer (Anders, Peter et Justin) et Ensiferum (Petri), rediscuter avec Last Temptation (Butcho, Peter et Farid), Dirty Shirt (Leni et Christian), 6:33 (Rorscach, Nico et Vicken), Ayron Jones (punaise qu’il parle vite, celui-là!) ou encore Moly Baron (Camille, Sébastien et Steven) pour des moments de plaisir simple. Retour sur des hellterviews hellfestives! Note: les photos sont présentées dans l’ordre des rencontres. Vous pouvez les retrouver dans la galerie dédiée Hellterviews.

BLACK BEARD

Avant de démarrer ce portrait chinois, une première question est posée à pratiquement tous les musiciens rencontrés:

Dans ton autre vie, quel métier exerces-tu? En réalité, c’était plus « Dans la vraie vie, c’est quoi ton vrai métier, celui qui fait plaisir à ta maman? » Si les réponses varient, nous constatons sans surprise que, à l’exception de Petri Lindoos, leader d’Ensiferum et Farid Medjane, batteur de Last Temptation (et ex-batteur de vous savez qui), aucun ne vit de la musique de son groupe et tous ont une activité annexe. La majeure partie exerce un métier lié à la musique – 1 prof de guitare, 2 profs de batterie, 1 prof de chant/coach scénique – ou est intermittent du spectacle (3 techniciens son/video), certains ont une activité musicale annexe avec des side project (Butcho, chanteur de Last Temptation et l’un des membres de Moly Baron) ou connexe comme pierceur/tatoueur (Nico, guitariste de 6:33) et d’autres ont un métier totalement différent. Ainsi, si l’une des personnes rencontrées « cultive de la beuh« , l’immense majorité des autres a un métier plus reconnu par les autorités. Et cela va du responsable d’affaires dans la commercialisation de systèmes de sécurité (Anders, chanteur de Sorcerer) à intérimaire (Manu, chanteur de As A New Revolt – « parce que trouver un CDI et demander à partir régulièrement 3 ou 4 jours, c’est compliqué« ) en passant par responsable de rayon en grande surface (Chris, batteur de Heart Attack), fabriquant de bracelets pour les festivals (Peter, guitariste et fondateur de Last Temptation) à… médecin légiste pour un hôpital suédois (Justin, bassiste de Sorcerer).

TARAH WHO

Sans entrer dans une analyse psychologique, que peut-il bien se cacher derrière ces brutes de musiciens de hard rock/metal/indus/électro? Le portrait chinois nous révèle, nous le savons tous déjà, des cœurs tendres et amoureux de belles choses. Commençons par les questions posées à tous les musiciens et leurs réponses – parfois argumentées. Si tu étais…  (Note: pour plus de facilité, les deux Peter seront ci-dessous suivi des initiales de leurs groupes respectifs – « Peter LT » et « Peter S »)

HEART ATTACK

… Un animal

Ils ont la cote, nos animaux domestiques. Dans l’ordre des préférences, le chat détrône tout le monde (Butcho, Farid, Steven, Julien et Nico l’un d’eux précisant même être certains que « si tu as été bon dans la vie, je suis sûr que tu te réincarnes en chat« ) contre un seul chien (Petri « un grand chien!« ). Juste derrière nos ronronneurs arrive le singe (Camille, Christian, Julien et Rorschach « entre l’orang-outang et le gorille« ) – on peut même en ajouter un cinquième avec le paresseux (Sébastien) – suivi d’un autre félin, le tigre (Ayron Jones, Manu et Coralie) et de l’ours au caractère bien léché (Chris et Leni). Si, jusque là, il n’y a guère de surprise, certains artistes peuvent étonner: nous avons ainsi un aigle (Jérémy) et un condor (Justin) seuls animaux volants qui surveillent sans doute le seul aquatique cité, le requin (Peter LT qui n’est « pas trop fan de l’eau, alors je voudrais bien savoir ce que c’est de vivre dans l’eau« ). Plus surprenant, on trouve un élan (Peter S), une loutre d’Asie (Vicken) et un… rhinocéros (Anders).

ENSIFERUM

… Un roman

Les musiciens puisent souvent leur inspiration dans d’autres formes d’expression, dont la lecture. Mais pas tous. Ainsi, cinq d’entre eux se sont pas lecteurs du tout (Christian, William, Petri, Justin et Julien). Certains livres ont plus marqué que d’autres toutefois. En tête, l’univers clownesque et cauchemardesque de Ca de Stephen King est cité par Nico, Vicken et Steven. L’auteur est également apprécié pour les Evadés (Rorschach). On retrouve sans surprise l’univers de Tolkien et son Seigneur des anneaux (Chris et Sébastien). De grands classiques sont également cités tels Les Misérables (Julien), Rhinocéros (Peter LT qui avait commencé par citer Comment devenir millionnaire d’un certain Donald Trump avant de se rétracter aussitôt), La gloire de mon père (Manu), Le parfum (Butcho) ou encore Paradis perdus (Peter S) ou des œuvres plus récentes comme Les rivières pourpres (Farid) ou Monsieur Malaussène (Jérémy). Plus surprenant est le choix de Tarah qui opte pour Guérir le stress et l’anxiété sans Freud ni prozac ou celui, plus proche de nous, de son binôme Coralie plus portée sur une biographie de musicien.

LAST TEMPTATION

…Un héros de BD/comics

Ah, ah! On pourrait croire que les super-pouvoirs attireraient aisément nos héros musicaux. Eh bien… Il y en a, bien sûr, de Spiderman (Julien) à Hit Girl (Coralie) en passant par Spawn (Nico), Deadpool (Christian), Rorschach (devinez… Rorschach « C’est mon nom de scène, c’est pas un hasard« ) ou un autre personnage de Watchmen (Vicken), Batman (Ayron Jones, « celui des 90’s qui commence à devenir sombre« ). Visiblement, on lit plus de BD que de romans chez les metalleux dont certains puisent dans le passé avec Le Fantôme (Anders qui se souvient de « sa bague tête de mort qui laisse sa trace quand il cogne« ), le héros de notre enfance, Pif (William, parce que « Hercule, c’est un looser« !)ou plus récent avec Lanfeust de Troy (Camille a qui la référence « Prince Dhellu » a échappé), Thorgal (Jérémy) ou Obélix (Sébastien, « parce qu’il aime bien manger, comme moi« ). Mais ceux qui leur tiennent la dragée haute à tous, ceux qui ont été cités plus d’une fois, sont au nombre de 3 et attention! Nous avons le fils des âges farouches, Rahan (Farid et Leni) et un autre poilu en la personne de Wolverine (Chris et Peter S). Aurions nous pu cependant nous attendre à trouver sur le podium le héros de Franquin, j’ai nommé Gaston Lagaffe (Julien et Peter LT)?

AS A NEW REVOLT

… Un film

A nos classiques! Ils en sont amateurs, les musiciens, de ces films de grand écran. Et nous aussi, alors que partageons nous? Un seul film est répété, sans surprise au regard de l’univers historique: Braveheart (Chris et William). Les autres vont du musical Amadeus (Farid) à la SF avec l’incontournable saga Star Wars (Petri. Il suffit de regarder ses doigts!). On passe en revue la comédie avec The big Lebowski (Jérémy), Sacré Graal (Leni) ou encore La grande vadrouille (Sébastien) aux psycho pétés Iglorious Basterds (Coralie) ou Fight club (tiens, le même acteur principal pour Butcho), Pulp Fiction (tiens, un autre Tarantino pour Christian) ou encore The mask (Julien). Les classiques sont aussi de sortie avec Casablanca (Anders) et le plus récent Angel Heart (Peter LT). Le romantisme gothique de Tim Burton trouve une jolie place avec Edward aux mains d’argent (Nico) et Big Fish (Rorschach) tout comme le western avec Le bon, la brute et le truand (Justin) et Pour quelques dollars de plus (Peter S). Tarah elle préfère le documentaire sur Joan Jett tandis que Camille se projette dans la pellicule de Old Boy (la version coréenne).

DIRTY SHIRT

… Un écrivain

Sans réelle surprise, ceux qui ne lisent pas ne se projettent pas auteur. Pour les autres, ben… guère de surprise non plus. On retrouve naturellement Stephen King (Nico, Vicken, William et Butcho) et Bukowski est cité deux fois (Julien et Rorschach). On trouve un poète, Arthur Rimbaud (Farid qui cite Le dormeur du val, « je ne sais même pas si on l’étudie encore à l’école…« ), et beaucoup d’auteurs contemporains ou récents comme JK Rowling (Ayron Jones), Tolkien (Chris), Jules Verne (Christian), Marcel Pagnol (Manu), Isaac Asimov (Leni) ou encore Piers Paul Read (Sébastien);

6:33

… Un personnage historique

Allez, on se lance? On est au Hellfest alors c’est immanquable: certains seraient Lemmy (Jérémy et Julien) ou Ozzy Osbourne (Steven), là où d’autres seraient mieux dans la peau d’un dictateur: Néron (Farid, « il était dur, le contraire de moi, je suis gentil… »), Napoléon (Petri, qui hésite avec Jules César, et Coralie). Sans surprise, un de nos amis roumains (Leni) cite un certain Vlad , plus connu sous le nom de Dracula. Pas si morbide que ce que l’histoire raconte, mais autoritaire et intransigeant… « Si quelqu’un perdait une pièce d’or, il pouvait revenir une semaine ou un an après, il la retrouvait au même endroit« . Une certaine forme de politique qui en appelle d’autres. Ainsi, Peter LT cite Nixon « plus récent et controversé, mais une époque où on la relation au pouvoir était différente, et il en a payé le prix« , tandis que Rorschach s’imagine en Nelson Mandela. « Le mec, il passe 25 en taule, il sort, il n’est qu’amour. Il est élu et l’Afrique du sud remporte la coupe du monde de rugby… Extraordinaire!« . Peter S cite Olaf Palmer, ce politicien scandinave assassiné dont on n’a toujours pas retrouvé le meurtrier… Tarah, elle, s’imagine en RGB. Vous savez, Ruth Bader Ginsburgh. Allez, faites quelques recherches et vous découvrirez une féministe américaine hors du commun. Mais celui qui revient le plus n’est autre que William Wallace, héros de Braveheart (Julien et Chris). On ne saurait faire l’impasse sur l’apparition de Vercingétorix (Manu), les conquérants Genghis Khan (Butcho) et Christophe Colomb (Sébastien) ou le plus philosophe Homère (Justin). Mais surtout, surtout… rappelons nous de Godefroy de Montmirail (William) ou Jacky du Club Dorothée (qui a aussi co animé des émissions musicales avec Antoine de Caunes, au passage) cité par Nico personnages oh combien non historiques ! A nous de nous replonger dans la vie de tous ces personnages, maintenant!

AYRON JONES

… Un monument

On ne va pas vous faire l’affront de le garder jusqu’à la fin, le monument le plus cité au sein de ce Hellfest XV n’est autre que la statue de Lemmy (Tarah, Christian). Le reste navigue entre le mur de Berlin (« Mais détruit » pour Rorschach), des pyramides (celle de Ghisée pour  Camille et celle du Louvre pour Sébastien pour qui « mettre de l’art moderne au milieu d’architecture ancienne, c’est fabuleux« ), l’obélisque de Washington (Anders) ou Big Ben (« Ca fait du bruit, ça fait chier mais c’est joli quand même » selon Vicken) ou le Colisée (William). Certains se penchent plus sur des monuments naturels comme le grand Canyon (Steven), le mont Rushmore travaillé par la main de l’homme (Petri et Ayron Jones car « j’aime quand on me regarde« ). Manu, lui évoque le Palais idéal du facteur Cheval d’Hauterives dans la Drome tandis que Nico parle du site grec de Knossos (« Ils continuent de fouiller le site et de trouver des choses. « ). Plus proche de nous, Chris mentionne l’Arc de Triomphe « avant le passage des gilets jaunes » tandis que les autres n’ont guère d’idée…

SORCERER

 

… Un pays

On pourrait croire que les musiciens sont attachés à leur pays ou leurs racine, mais pas forcément. Naturellement, beaucoup le sont en ce qui concernent la France (Sébastien, Butcho, William ou Rorschach qui précise « à un moment j’ai eu des doutes, mais on a vraiment beaucoup de chance en France pour beaucoup de choses que les autres n’ont pas…). Les USA, pays de tous les possibles sont cités par trois (Farid, Peter LT – « plus le sud Californie » – et Manu – « j’aime et je déteste. Autant c’est un pays magique, autant, parfois, j’ai envie de les défoncer…« ). La Suède se retrouve aussi sur le podium (Nico et Peter S). De nombreux pays européens sont également cités avec, par ordre alphabétique, l’Allemagne (Camille), l’Autriche (Leni), la Belgique (Julien) la Finlande (Coralie), l’Italie (Jérémy), le Luxembourg (Anders), les Pays Bas (Ayron Jones)le Portugal (Chris) ou la Roumanie (Christian). On termine avec des paysages plus lointains et exotiques comme la Nouvelle Zélande (Steven)le Pérou (Justin), le Japon (Vicken) ou encore, paradis des surfers, Hawaii (Tarah). De quoi commencer à organiser ses prochains voyages…

MOLY BARON

Merci à Alexandre Saba (M&O music) Roger Wessier (Replica promotion), Romain Richez et Elodie Sawicz (Agence Singularités) d’avoir rendu ces rencontres, toutes plus que sympathiques, possibles et merci à l’ensemble des musiciens et artistes de s’être prêtés au jeu. On a vraiment passé des moments très agréables ensemble et j’ai fait de très agréables rencontres. Je n’ai cependant qu’un regrets: le trop faible pourcentage d’interviews de femmes alors qu’elles étaient assez nombreuses cette année sur le site. On verra l’année prochaine…

DIRTY SHIRT: Get your dose now!

Roumanie, metal punk folklorique (Autoproduction, 2022)

Surfant sur la « vague pandémie », Dirty Shirt revient 3 ans après Letchology avec Get your dose now! qui se révèle rapidement addictif. Après une intro qui évoque à la fois westerns et Pulp fiction, le groupe roumain entre dans le vif de son sujet avec un rock teinté de punk et, surtout, doublé de cet esprit folklorique ultra dansant et entrainant. C’est festif de bout en bout et jamais la chemise sale ne lasse. Les rythmes hypnotiques proches parfois de la techno se mêlent à des guitares à la fois sautillante, trépidantes et syncopées sur fond de rythmes joyeux. Les voix se mêlent et se démêlent au gré des titres. On n’est pas étonné, d’ailleurs, de la participation de Beni Webb, le chanteur allumé de Skindred (Pretty faces) tant le style lui ressemble. Passant de titres très folk (Dope-a-min) à un esprit plus heroic metal (la première partie de Hot for summer qui sombre vite dans une folie ravageuse), Dirty Shirt se plonge même dans le bel exercice de la ballade (Cand-s-o-imparit norocu’ (part 1)).Impossible de rester de marbre face à cette déferlante de puissance et de bonne humeur qui se termine avec quelques bonus « spécial pandémie ». Trop sérieux, s’abstenir. Et tu sais quoi, lecteur? Les Roumains seront au Hellfest – part 2, sous Temple, le vendredi 24 juin. pour moi, rendez-vous est pris!

DIRTY SHIRT: Letchology

Roumanie, Metal (Apathia, 2019) – sortie le 8 mars

Si la scène rock roumaine reste assez méconnue en nos contrée, la donne risque bien de changer avec cette déflagration, cette folie douce ou furieuse, que nous apporte Dirty Shirt qui signe, avec Letchology, son dixième album. Et ça va dans tous les sens, une fête généralisée qui vire au joyeux bordel très organisé. La formation qualifie elle même sa musique de folk metal, sur fond de hardcore et d’une touche de punk. Mais si Dirty Shirt vient de Transylvanie, ne vous attendez pas à du folklore horrifique qui évoquerait Dracula. Bien au contraire, le groupe sait être à la fois sérieux lorsqu’il aborde des thèmes politiques – les morceaux les plus hardcore sont les plus engagés (Fake, Nem loptam…) – mais conserve surtout l’esprit slave, festif et coloré du folklore local (Latcho drown, Palinca, et les dingueries que sont Killing spree et Starea najiei). Les guitares se battent avec les accordéons, flûtes à bec et traversière. Les gars se sont mis à plus de 20 pour réaliser ce disque de… dingues qui part et fuse en tous sens. Une folie douce s’empare de la Roumanie et risque fort de déferler sur l’Europe. A ne pas rater!

Interview: DIRTY SHIRT

Entretien avec Mihai (Claviers, guitare). Propos recueillis à Paris, Doctor Feelgood le 24 janvier 2019

Metal-Eyes : Mihai, Dirty Shirt s’est formé en 1995, un premier album est sorti en 2000 et puis vous vous êtes séparéspendant 4 ans avant de revenir. Depuis 2010, vous êtes super occupés puisque vous sortez un nouvel album très régulièrement, vous tournez un peu partout dans le monde. En dehors de ces informations qu’on trouve sur le site du groupe, je ne connais rien. Que peux-tu me dire de plus ?

Mihai : Comme tu le disais, le groupe a commencé au milieu des années 90 en Roumanie, sur une scène qui commençait juste à exister, après la chute du communisme. Avant, il n’y avait rien, le metal était banni, donc on a découvert le metal après la révolution. Le rock, on connaissait un peu, surtout que dans les années 70, la Roumanie a connu une période plus ouverte. J’écoutais les disques de mon père : il y avait du Beatles, du Ray Charles…. Donc a une période, le rock, ça passait, mais le metal…J’en écoutais en cachette quand j’étais gamin. Il n’y avait rien, pas de festival, deux trois salles qui ont survécu à la révolution dans tout le pays, c’est tout. On peut dire que pour l’époque, on était un bon groupe roumain. Mais la scène roumaine, c’était 10 groupes, voilà ! (rires)

Metal-Eyes : Donc vous faisiez partie du top 10 !

Mihai : Voilà ! J’exagère un peu, il y avait une cinquantaine de groupes, mais il n’y avait pas les moyens d’aujourd’hui. Quand on a commencé à monter un peu, on a enregistré un premier albim avec les moyes de l’époque. Je suis venu en France par la suite… Pause totale du groupe, et par la suite…

Metal-Eyes : Tu es venu en France pour ?

Mihai : Les études. Et après, je suis resté ! J’ai fini mes études avec Erasmus. Je suis arrivé au tout début de 2001, il y a 18 mois, pile-poil. La suite… avec la possibilité de faire de la musique par ordinateur, je m’y suis remis, j’ai trouvé de nouvelles idées. En même temps, j’ai découvert le monde associatif français qui n’existait pas en Roumanie, donc la possibilité d’organiser des trucs, donc j’ai commencé avec un festival à Lille, j’ai redynamisé cette situation et par la suite, on a repris avec le groupe. Pendant 4-5 ans, on a beaucoup testé, beaucoup appris, notamment sur la façon d’organiser un projet, notamment par le biais de collaboration avec des groupes français, lors festivals… Mais aussi, on est devenu amis avec des groupes français avec qui on a beaucoup tourné, et beaucoup appris de leur part. Après une période de 5 ans avec… allez, une dizaine de dates par ans – la Roumanie à l’époque ne fasait pas partie de l’Union Européenne, il n’y avait pas encore de compagnies low-cost, donc ce n’était pas facile pour moi d’y aller – et en 2009, on a décidé de prendre plus sérieusement la carrière du groupe. On considérait qu’il y avait matière à faire quelque chose de plus sérieux. On a décidé de produire l’album de 2010 en France, avec Charles qui est depuis 10 ans  notre producteur. Et pas la suite, comme tu le disais, notre agenda est devenu de plus en plus chargé, avec un album quasiment tous les 2 ans et des concerts…

Metal-Eyes : Aujourd’hui, Dirty Shirt se situe comment sur la scène roumaine ?

Mihai : On est bien, sur la scène roumaine. On est dans le top 3 de la scène metal qui s’est beaucoup développée, qui bouge vraiment bien, même si elle est plus petite que la scène française, mais on a un public qui nous suit bien, on a été headliner l’an dernier sur plusieurs festivals en Roumanie… On a joué devant 5.000, 6.000 personnes, donc c’est plutôt cool.

Metal-Eyes : Letchology est un disque très festif avec du folk, du metal, du punk, plein d’influences… De quelle manière votre musique a-t-elle évolué depuis que vous vous êtes reformés ?

Mihai : Les premières démos qu’on a faites quand on s’est reformés était produites sur mon ordi : c’était un son très électro, très indus. C’est un style qu’on voulait tester, donc on l’a fait. Mais on voulait aussi toucher le folklore,le funk, donc on est allé dans tous les sens…

Metal-Eyes : Le folklore… on va y revenir, justement!

Mihai : Bien sûr, c’est complètement lié à l’histoire du groupe! Après, on a toujours évité de s’auto-censurer… Toute idée qui nous vient, on l’essaye : on ne sait jamais où ça peut nous porter. C’est pour ça qu’on va dans tous les sens, qu’on essaye des choses. Mais je considère que, malgré le fait qu’on a beaucoup changé, évolué, on garde la structure du son neo metal, mélangé à de l’indus et du hardcore. Ça, c’est le cœur de notre son. Après, tu ajoutes tous les sons possibles avec, bien sûr, le côté folklorique d’Europe de l’est qui est venu naturellement. En 2010, il y avait 2 ou 3 morceaux sur l’album, mais c’était pour le fun. Après, sur Freakshow, on a fait une reprise de morceau folklorique, on a rajouté le violon, l’accordéon en 2015…

Metal-Eyes : Maintenant, pour photographier tout le groupe, il faut un grand angle…

Mihai : Oui, voilà ! En 2015, on est allé plus loin dans la fusion avec le traditionnel : on a commencé à travailler avec plusieurs musiciens d’un orchestre traditionnel de là bas et maintenant, sur le dernier album, il y a 25 personnes qui ont participé aux enregistrements ! On a fait des tournées aussi à 24, le maximum je crois, c’était 28…

Metal-Eyes : Ouh ! Ca demande une sacrée organisation, une logistique pour les voyages et les hôtels…

Mihai : Logistiquement, c’est de la folie, mais aussi techniquement : préparer une tournée comme ça, c’est du boulot !

Metal-Eyes : De quoi parlent les textes de Letchology ?

Mihai : Il y a beaucoup de thèmes qui abordent les problèmes actuels de la société. Malheureusemùent, même des chansons vieilles de 5 ans sont encore d’actualité… Beaucoup parlent de politique, de social, d’environnement.

Metal-Eyes : Le titre aussi, pour nous, semble jouer sur l’écologie. Il signifiquoi, ce titre ?

Mihai : Letchology ? A la base, « letcho »c’est un plat traditionnel de Transilvanie, c’est mélange de légumes un peu comme la ratatouille. Pour rigoler, on a appelé l’album « letcho », parce que c’est un mélange de tout, et « logy » par ce que ça rajoute une notion de sciences, « l’art de mélanger les choses ».

Metal-Eyes : Vous aimez bien jouer sur les mots puisque l’album précédent s’appelait « Dirtylicious ».

Mihai : Exactement, et cette fois-ci, on voulait garder cet esprit. Mais il y a d’autres sujets, comme la manipulation sur Fake, les fake news des medias, ce genre de choses. Mais on est aussi là pour faire la fête alors il y a aussi des thèmes plus légers. En général, les chsansons plus folklorique parle de fête, de cœur, d’amour, d’amis…

Metal-Eyes : Y a-t-il des thèmes que vous préférez ne pas aborder ? Tu disais tout à l’heure ne pas vouloir vous autocensurer, mais dans les textes ?

Mihai : Je ne sais pas… on n’a jamais pensé à des thèmes qu’on ne veut pas traiter… Après, il y a peut-être des choses qui ne nous intéressent pas, c’est juste une question d’affinité.

Metal-Eyes : Seini se situe au Nord de la Roumanie, à la limite de l’Ukraine et de la Hongrie, en plein dans la région de Transylvanie. La région qui est réputé pour inspirer les romans et films d’horeur vous a-t-elle influencés dans la rédaction des vos textes ou de la musique ?

Mihai : Là, ce n’st pas de l’auto-censure, mais on voulait se limiter. Déjà, on est assez souvent comparés aux groupes folk metal, mais nous, on n’est pas dans ce trip. Alors écrire des textes liés à la région ou à Dracula, ça aurait mis encore plus de confusion. Ben non… Même s’il y a quelques clins d’œil, comme sur Put it on, il y a le mot « vampires »… En plus ça ne colle pas avec la musique, ce n’est pas la même ambiance. Si on voulait le faire, on aurait joué du gothique ! (rires)

Metal-Eyes : Vous allez bientôt tourner en Europe, dont 5 concerts seront donnés en France. Vous en attendez quoi de ces concerts ?

Mihai : Qu’il y ait du monde, c’est le plus important ! Après, on s’occupe du reste ! Nous serons 16, donc une version intermédiaire. On n’a pas encore la notoriété nécessaire en France pour faire de plus grandes salles, donc on a voulu trouver le bon compromis entre dimension de la scène et capacité d’accueil. Après, dans plusieurs salles, on va être obligés d’élargir la scène pour tous monter ! On va avoir chaud, c’est sûr…

Metal-Eyes : Si aujourd’hui tu devais ne retenir qu’un titre de Letchology pour expliquer ce qu’est Dirty Shirt aujourd’hui, ce serait lequel ?

Mihai : Aujourd’hui ? Je pense à Killing spree et à Starrae natjiei, parce que c’est des morceaux qui vont dans tous les sens ! Ils sont les plus variés, les autres sont plus homogènes et donc, moins représentatifs du mix qu’on fait.

Metal-Eyes : Dernière question : quelle pourrait être la devise de Dirty Shirt en 2019 ?

Mihai : Wouf… En français en plus ? Oui ! « En avant ! », on y va en avant.

Metal-Eyes : Quels sont les projets, autre que cette tournée ?

Mihai : Déjà, il y a deux clips qui vont sortir, une lyric video et un vrai clip qu’on a tourné le week end dernier à Montpellier. Il n’y avait que les chanteur et une chanteuse qui fait les backing vocals, version light, quoi ! Ensuite, on voudrait bien faire une autre tournée, en France, sur l’autre diagonale. Parce que si tu regardes, on tourne toujours de Lille à Paris, Rhône Lapes et Paca… On a fait 3 tournées en France, et maintenant, il faudrait qu’on fasse l’autre : Nancy /Metz et descendre jusqu’à Bordeaux, Montpellier, Toulouse… Surtout qu’il y a des gens qui nous demandent dans la région, et on n’y a jamais joué. Mais c’est compliqué d’organiser ça, dans des endroits où on n’a jamais joué…

Metal-Eyes : Et financièrement, ce n’est pas évident non plus…

Mihai : Non, même si on a eu la chance que cette année c’est las saison culturelle France – Roumanie. On a eu la chance que notre projet soit retenu et subventionné, ce qui nous  a permis de faire ça. Sion n’avait pas été subventionnés, on aurait fait sans orchestre, c’est simple !