SORTILEGE tête d’affiche du Crick fest 3: interview avec l’orga

Interview Chris Dannacker (Association Crick for zik). Propos recueillis le 14 décembre 2023

Dans tout juste deux petits mois (au moment de la publication de cette interview), le 13 avril prochain, la petite commune de Cléry Saint André, dans le Loiret, recevra la visite en tête d’affiche la légende Sortilège. Metal Eyes s’est entretenu avec Chris, le président de l’association Crick for zik et instigateur de ce petit évènement qui nous explique tout, de la genèse à l’organisation de ce concert qui s’annonce dores et déjà exceptionnel. Amateurs, attention: il n’y aura pas de places pour tout le monde, et les préventes affichent déjà un joli 50% des quelques 350 billets disponibles.

Avant de parler de la prochaine édition du festival Crick for zik qui se tiendra le 13 avril à Cléry Saint André (45), commençons par un peu d’histoire. J’ai découvert ce festival par hasard, mais c’est votre troisième édition qui accueillera Sortilège. Quelle est la genèse de ce mini festival ?

J’ai créé cette association fin 2019 – j’ai eu une bonne idée, juste avant le covid (rires) ! Pour quelle raison ? Je suis musicien depuis pas mal de temps maintenant, et je n’imaginais pas à quel point c’était compliqué de pouvoir se produire avec le groupe que j’avais à l’époque. Les salles normalement accessibles aux groupes locaux, d’Orléans, malgré énormément d’échanges, de mails…, il n’y a jamais eu de retours. Pareil avec d’autres endroits où on pensait que ce serait plus facile de se produire… De mon côté, j’ai du matériel son, un domaine que j’adore et dans lequel j’ai beaucoup investit, alors je me suis simplement dit « pourquoi ne pas monter une asso et mettre ce matériel et des locaux à disposition des groupes du coin ? » Le matériel, mes compétences techniques, et j’ai eu la bonne idée de créer mon propre studio d’enregistrement. L’idée étant aussi de pouvoir monter des évènements dans le coin pour les groupes de hard et de metal. A l’époque, il n’y avait pas encore le Dropkick à Orléans…

Oui, mais il y avait ses prédécesseurs, le Blue Devil’s et, avant, l’Infrared.

Oui, mais l’Infra a fermé quand ? En 2015. Mais à cette époque, aucun n’était actif comme le Dropkick qui organise des concerts à taille humaine. 200, 300 personnes. Quand la musique est bonne, ça ramène du monde…

« Ça ramène du monde » : Cléry Saint André, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est où ?

Cléry se trouve entre Orléans et Blois, c’est à 20 km d’Orléans, le long de la Loire. On a une belle basilique à Cléry… Voilà donc la genèse de l’association. Je me suis entouré de potes, qui sont également des musiciens, au sein de Prism A, et des bénévoles qui se chargent de l’organisation, de la logistique… La première chose qu’on a faite avec l’asso, c’est l’enregistrement du premier Ep de Prism A, mon groupe actuel, dans le studio, ce qui est gage d’un certain confort puisqu’on enregistre quand on veut, il n’y a pas de pression financière. Ensuite, on a imaginé ce festival dont la première édition a eu lieu le 1er février 2022. Prism A y a participé, évidemment, ainsi que deux autres groupes de potes : Broken Arms qui a disparu, et nos amis de Dark Revenges. C’est une édition qui a moyennement marché en termes d’affluence – on n’avait pas non plus beaucoup communiqué. Le son était cependant excellent, les gens ont bu de la bonne bière et ont mangé de bons sandwiches ! On est à peine rentrés dans nos frais, mais on savait qu’il y aurait une seconde édition. Un jour, j’ai découvert le groupe Heartline qui correspond à mes amours de jeunesse, du hard fm/AOR, et je les ai contactés. On les a reçus sur la seconde édition que nous avons décalée. Au départ, elle était prévue en février, mais il faisait un peu trop froid. On l’a donc décalée au mois d’avril, ce qui nous semblait être une bonne idée, les festivals n’ont pas encore démarrés. Hors de question de se faire de l’ombre les uns les autres. La première chose que je regarde, c’est si d’autres déjà présents, ont prévu une date à ce moment. On ne va pas se tirer la bourre entre potes de festivals…

Tu penserais par hasard au Rock In Rebrech ?

Par exemple, mais pas dans ce cas précis. A l’époque des Iron Troopers, il nous était arrivé un truc avec Arno (Arno T. Walden, chanteur et guitariste de divers projets) : le Troopers fest a généralement lieu au mois d’avril. A l’époque, on avait bloqué une date très en amont et on s’est aperçu qu’une autre association faisait venir, de mémoire, Vulcain, aussi dans une salle des fêtes. On s’est dit que ce n’était pas malin d’avoir un tribute Maiden face à Vulcain. Ce qui était bête, c’est qu’aucune des deux asso n’a voulu modifier la date, et on a chacun fait moitié de salle. Si on avait décalé d’une semaine, les deux structures auraient pu faire salle pleine… Je me mets aussi à la place du fan qui peut avoir envie de voir Vulcain et assister au Troopers Fest…

Revenons maintenant au Crick fest, puisque tu as fait venir l’an dernier Heartline…

Oui, en 2023, on a en effet fait venir Heartline, il y avait aussi Prism A, évidemment, et on a fait jouer des copains, Warm Up qui a des compos originales et fait des reprises. Là, on a fait un peu mieux. Ce n’était pas blindé, mais on a rempli aux deux tiers. Tout le monde était ravi, déjà par la découverte de Heartline qui a assuré un show de qualité. Je suis carrément fan de ce groupe, depuis le mois d’avril, je les ai vus 5 fois en concert !

Avant que nous ne parlions de la prochaine édition qui se tiendra le 13 avril, peux-tu nous présenter cette salle Espace Loire ? Quelle est sa capacité ?

C’est une salle polyvalente, une salle des fêtes, assez grande puisqu’elle peut accueillir jusqu’à 400 personnes. Elle dispose d’une scène, l’acoustique est plutôt bonne. Et on a l’avantage en tant que résidents de Cléry Saint André de bénéficier de tarifs de location plus intéressants. Il n’y a pas que la salle, il y a aussi l’équipe composée principalement des Cléricois. Il y a une sorte de deal avec la mairie et les habitants qui aident à distribuer des flyers dans les boites aux lettres. Même la Police municipale donne un coup de main…

Pourquoi ça s’appelle « Crick fest » ?

Ah, ah ! Très bonne question ! L’asso s’appelle Crick for zik. Le but de l’asso, c’est d’aider les groupes locaux à s’élever, avec tous les moyens possibles. Je me souviens très bien de ma jeunesse avec ma R5 et le cric dans le coffre… Et ce cric, tu vois sa forme, servait à lever la voiture. Je savais déjà que tous les ans j’allais refaire une édition, d’où le fait de l’appeler directement Crick fest.

Vous faites venir un groupe de Heavy mélodique qui se nomme Hell X Hear, un nom assez courant dans le metal. Prism A à nouveau, et, surtout, vous avez décroché Sortilège. Comment une petite structure – je vais être un peu provocateur – totalement insignifiante et peu connue comme la tienne peut décrocher un groupe aussi légendaire que Sortilège, Rappelons pour les lecteurs qui ne les connaissent pas que Sortilège a marqué les metal français dans les années 80 avec un mini album et 2 albums avant de disparaitre, que le groupe s’est reformé avec pas mal de mouvements de personnels avant de trouver sa forme « définitive » avec laquelle il a enregistré deux albums remarqués et un live qui vient de sortir.

En octobre, j’ai regardé Facebook, j’ai vu que Sortilège commençait à vraiment revenir en force. Je me suis simplement dit que j’allais tenter le coup. J’ai d’abord échangé avec Zouille qui a très bien compris la politique de l’asso, je lui ai expliqué qui on est, notre vision et il m’a dit qu’il nous suivait à 100%. Alors, oui : ce sont des professionnels, ça a un coût, mais il y a eu un accord avec des personnes qui comprennent la démarche. Et aussi, je lui ai avoué que j’étais amoureux de ce groupe que j’avais vu en 83 à Orléans. A l’époque, j’avais même prêté au groupe de première partie du matériel de guitare parce qu’ils étaient en rade… En fait, je me suis simplement dit que Sortilège avait peut-être envie de revenir jouer à Orléans. Et quelle joie de partager la même scène !

Quelles sont les conditions d’accueil des groupes ? Que leur proposez-vous et que mettez-vous à leur disposition ?

Comme pour tout artiste, un côté tranquille en arrière-scène qu’on appelle une loge. Au niveau technique, il y a des minimums, au niveau son, on a du lourd, et, enfin, tout le monde apprécie au niveau culinaire notre spécialité locale (il se marre) : j’adore le chili con carne, mais maison. Pourquoi ça me fait rire ? Heartline, à chaque fois que je les vois, il me demande pourquoi je ne leur ai pas rapporté un chili ! Maintenant, il y a du personnel de sécurité, des bénévoles qui sont aux petits soins pour tout le monde. Et on évolue d’année en année. La première année, je ne comptais pas le nombre de spectateurs, maintenant on a mis en place ce qu’il faut. Il y a des obligations vis-à-vis de la municipalité pour la sécurité. C’est pour ça que les préventes sont très importantes ; d’une part, ça nous permet de savoir à l’avance à quelle affluence s’attendre, ça nous permet aussi d’avoir un peu d’argent pour financer certains frais, et enfin, ça garantit d’avoir sa place. Si je vends en avance les 350 places, je ne pourrais pas faire entrer plus de monde.

Justement : où peut-on se procurer son billet et à quel tarif ?

En allant sur la page Facebook de Crick for zik, tout simplement. Ou en scannant le QR Code qu’il y a sur nos flyers et qui envoie directement vers le site de l’asso, ou en tapant directement crick-for-zik.s2.yapla.com. Pour les préventes, les tarifs sont de 15€ pour les adultes et 12€ pour les enfants de moins de 16 ans. Sur place, s’il reste des places, ce sera 18€ pour les adultes et 15€ pour les enfants.

Ce n’est pas une destination accessible en bus ou en tram, on est obligés de venir en voiture. Quelles sont les conditions de parking ?

Il y a un grand parking avec possibilité de se garer sur d’autre parkings juste à côté. Tous ces lieux seront surveillés notamment par des maitres-chiens. On est à côté de la salle, à peine à 5’ de marche. La nouveauté, c’est une de mes volontés mais pas encore certain : il devrait y avoir une petite exposition de véhicules d’exception. Également, je ne l’ai pas encore mis en place, mais je voudrais bien que ce soit fait pour la prochaine édition : s’il y a une preuve de covoiturage, il pourrait y avoir une boisson gratuite, par exemple. Mais il faut développer une application pour le prouver. En plus ça m’arrange : ça ferait moins de véhicules sur le parking, donc moins de surveillance, et c’est bon pour la planète. Mais ce sera pour la quatrième édition, je n’ai pour le moment absolument pas communiqué là-dessus. On a besoin de faire un partenariat avec des organismes et ce ne sera pas possible pour cette année…

Un concert, c’est aussi des consommations. Tu prévois aussi des contenants écolos ?

Bien sûr ! Tout est en mode écocup, avec consigne. Cette année, il y aura des formats en 30 cl et 50cl avec notre sponsor, le V and B. Je tiens absolument à faire bosser les entreprises locales : il y a donc le V and B de Baule qui nous aide beaucoup. Après si les gens viennent avec leur propre gobelet, on les servira aussi !

Un festival en général, c’est un peu plus que trois groupes. Là, on est plus sur le format concert… As-tu pour ambition de faire grandir sur la journée le Crick fest et mobiliser du public sur une journée complète ?

C’est une possibilité. Ça a déjà été évoqué, et dès la première, on aurait dû avoir un quatrième groupe sur une autre scène, un format « podium » avec un groupe acoustique reprenant des morceaux hard/metal en inter-plateaux. Malheureusement, au dernier moment, ça n’a pas pu se faire. Maintenant, en faisant venir des groupes pros, c’est un autre budget et donc, j’ai préféré rester sur le format 3 groupes. En revanche, il y a un autre projet, plus sur un format extérieur, à un endroit différent, avec plus de groupes sur une journée, voire deux journées. Mais ce n’est pour le moment qu’un projet…

Que souhaites-tu ajouter pour conclure, Chris ?

On est une association loi de 1901, on n’est pas une grosse structure qui vend toutes ses places sans annoncer personne… Même si certains ont démarré petits et ont grandi. Je pense à d’autres structures à100 km de chez nous… nous, on est entourés de bénévoles, on ne peut pas fonctionner sans eux. Franchement, ils me rendent très fier et heureux en tant que président de l’asso. Ils sont toujours la banane, la motivation, et très souvent, les gens sont surpris que les bénévoles ne soient pas adhérents de l’asso… Non seulement ils donnent de leur temps pour l’asso, mais il faudrait, en plus, que je leur demande de l’argent pour l’asso ? Ça va pas, non ? Nous, notre leitmotiv, c’est de se faire plaisir, et si le public peut avoir du plaisir, alors c’est une mission réussie.

Aujourd’hui, Crick Fest c’est environ 200 personnes, alors espérons que cette année, ce soit 400 et que le festival grandisse pour aller vers l’extérieur !

Je tiens aussi à rappeler que nous avons des partenaires. Il y a la boite dans laquelle je travaille, Equens Inéo, dans les énergies renouvelables, il y a aussi V and B qui nous file une tireuse de compétition à un super tarif, la Mareuse de Mareau, avec Pascal Aubry qui nous prépare toute la boulangerie, le pain pour les sandwiches… on a un fournisseur de matière électrique, HMV. Ils sont de lyon, mais ils sont tombés amoureux de la première édition avec Prism A et ils nous ont dit qu’à chaque fois que le groupe serait sur un festival, ils viendraient. Il y a aussi une boite de peinture tenue par un Monsieur Phil San Filippo, aussi chanteur de Prisma, et des magasins locaux, Intermarché, Bricomarché, des gens qui nous aident tous les ans. On les remercie parce que, au final, ce sont les petites sommes qui permettent d’éponger pas mal ! Par contre, je ne suis pas certain que les gens puissent imaginer le montant de la redevance que nous réclame, à nous et aux autres orga de concerts/festivals, la SACEM… Pour l’organisation, c’est un budget qui représente à peu près le cachet d’un groupe… Si encore ils rétribuaient à leur juste valeur les artistes présents… Mais non, la répartition se fait en fonction des diffusions radio. Et qui sont les 10 premiers artistes diffusés en radio ? C’est pas du metal… Maintenant, venir voir Sortilège pour le tarif que nous proposons, ce n’est vraiment pas cher ni donné à tout le monde ! (Note: à ce jour, près de 50% des places ont trouvé preneur, il en reste donc un peu moins de 200)

Et pour les avoir vus récemment, je peux dire qu’ils sont en forme, grande forme. Sans doute le public aura-t-il même droit à des surprises sur cette date, qui sait ?

Euh… oui. Il y a quelque chose qui se prépare, mais je ne peux rien dire à ce sujet. Il y a des choses en cours…

Hellterviews Hellfestives: les rencontres du Hellfest XV

Retrouvez les interviews de ces groupes avec ce lien: Hellterviews

HELLFEST XV Part 1: Beyond this road

On s’en souviendra de ce Hellfest 2022, le, enfin là, 15ème du nom – « on » étant ici utilisé dans ses formes aussi impersonnelle que généraliste. Oui, on s’en souviendra : une édition dantesque, énorme, gigantesque. On s’en souviendra à bien plus d’un titre : tout d’abord, Hellfest prod a surpris tout le monde en annonçant que ce HF XV se tiendrait sur 2 week ends. Une édition de 7 jours réunissant plus de 350 groupes dont, l’un des rêves du public, la venue de Metallica en clôture du festival. Un choix pas si étonnant qui a permis à cette machine désormais bien huilée de renflouer les caisses qui se sont vidées depuis 2 ans. Le produit de la vente de ce second week end permet d’avoir un fonds de roulement suffisamment important pour prévoir la 16ème édition. Logique, d’autant plus, qu’encore une fois, les places se sont vendues en un clin d’œil.

On s’en souviendra aussi pour sa météo. Infernale le premier week end avec des températures dépassant les deux premiers jours les 39° à l’ombre. Et l’ombre, à Clisson, en dehors de la forêt du muscadet, celle qui mène à la Warzone, ben, de l’ombre… Si le premier week end nous a montré une version de l’enfer, le second nous en a gardé son inverse, les températures chutant drastiquement – autour de 20° maximum – et le ciel nous offrant généreusement une pluie constante détrempant le terrain et le transformant en une gigantesque étendue de boue évoquant pour certains l’enfer de l’édition 2007… Orage et pluie ne sont pas toujours les bienvenus en festival. Et aussi, ce Covid qui se remet à circuler, et que nombre de festivaliers – moi et nombre de photographes et spectateurs amis inclus – ont attrapé… Oui, on s’en souviendra de cette XVème édition !

Pour Metal Eyes, le week end a débuté dès le 16 juin en milieu d’après-midi. Rien que l’installation de quelques photos à l’espace presse fut un début d’épreuve dans une étuve. Mais trêve de plainte, voici deux ans que nous attendons ce retour, alors on s’y met ! Petit résumé de ces 7 jours, histoire de se mettre en jambes :

Du 16 au 19 juin et du 23 au 26 juin, ce sont 152 km parcourus (soit une randonnée moyenne de 21 km/jour de fest !), des litres d’eau bus et à peine une bière par jour, 94 groupes shootés, 5 scènes visitées (l’état de mes pieds m’a empêché d’aller à la Warzone), la satisfaction de voir les anciens encore en forme, même si sans surprise réelle, la grande satisfaction de voir la relève arriver, la déception de ne pas voir certains concerts autrement que par écrans interposés tant il était impossible de circuler (Nightwish, Sabaton, Black Label Society, Ugly Kid Joe et… suivez mon regard) et surtout cette fatigue qui m’a forcé à reprendre la route avant le feu d’artifices du dimanche soir… Une double édition une fois, un one shot, qu’on espère ne pas voir se renouveler.

Arrivé le jeudi, donc, et une fois débarrassé de mes obligations de préparation, j’aperçois une porte entrouverte et je file faire un petit tour des lieux ; Pour une fois, profitons-en, avant l’ouverture officielle… Visiter la terre sainte sans foule est suffisamment rare pour pouvoir en profiter tranquillement, errer sans but précis. Quelques changements sont notables, à commencer par la nouvelle statue de Lemmy. L’ancienne, attaquée par les éléments, menaçant de s’effondrer a été retirée, une nouvelle, superbe œuvre de Caroline Brisset, a pris sa place. Celle-ci restera et fera partie du patrimoine de Clisson pour les siècles à venir.

On notera également le retour du corbeau qui scrute et surveille le pôle restauration des festivaliers. Une autre belle œuvre qui semble plus maousse que celle qui fut incendiée volontairement il y a quelques années.

Enfin, l’accès à la forêt se fait par un portail dominé d’une cage très sympathique dans laquelle se trouvent les âmes bannies du festival. Et bannies… il y en aura d’autres ces deux week ends. Place ensuite à mes impressions plus ou moins à chaud.

Par où attaquer le principal de ce report ? Par un premier constat, sans doute… Au-delà des éléments, usants, éreintants, ce type d’évènement, sur 2 week-ends est tout sauf reposant d’autant avec des journées qui s’étalent de 10h à 2h (exception faite du jeudi 23 où le premier concert a débuté à 15h30). Des souvenirs plein la tête ? Certes, mais il devient très difficile de vraiment tout savourer.  Commençons par le commencement, HF XV part 1 – je vous invite à visiter la galerie photo dédiée, avec ce lien: http://metal-eyes.com/galerie-hellfest-2022

Vendredi 17 juin

Arriver au HF, c’est foncer au merch en espérant ne pas avoir à faire la queue trop longtemps. Il n’est pas encore 10h et la foule est déjà dense… je rate ainsi les deux premiers sets, Heart Attack et Frog Leap mais fonce me rattraper avec Laura Cox qui, comme à son habitude pourrait-on désormais dire, dégaine ses cartouches d’un rock hard classique et efficace. Elle qui devait inaugurer la MS 2 a bénéficié d’un heureux hasard (sa participation à l’édition HF from Home a sans doute joué aussi) et se retrouve un tout petit peu plus haut sur l’affiche. Elle tient le public dans sa main et est fière d’annoncer l’arrivée d’un troisième album et d’une release party à la Cigale de Paris. A suivre.

Déjà il fait chaud, très chaud. Déjà, les pieds commencent à gonfler. Déjà, l’eau coule à flots et déjà les conférences de presses annoncées sont annulées tant la chaleur est intenable à l’espace presse. Rien ne se fera sous la tente ces deux premiers jours, point à la ligne. Les interviews se mènent à l’extérieur, et les groupes tentent de se réserver un coin d’ombre. Dur. On n’est que jour 1 !

Je bifurque vers la MS1 pour avoir ma première bonne surprise avec Ferocious Dog : un rock irlandais qui évoque autant Dropckick Murphys que Flogging Molly avec des musiciens qui se protègent du soleil (l’accordéoniste a piqué son bob à Bernie !) et qui délivrent une musique entrainante et enjouée. A suivre !

Un petit tour sous Temple puis Altar me permet de découvrir Numen et ASG mais je n’en garde pas de souvenirs particuliers. Je retourne donc vers mon repaire – pour certains c’est la Warzone, pour moi, les MS, vous l’aurez compris – pour soutenir les Orléanais de Burning Heads. Un peu de punk sur la MS alors que le soleil commence à taper fort sur les têtes, quoi de mieux ? Le groupe est en forme, monte sur scène comme il est à la ville et dispense son rock dur pendant une bonne quarantaine de minutes. Simple, direct et efficace.

Leprous, dont on fait tant de gorges chaudes, me laisse quasi indifférent. Beaucoup d’espoir et de curiosité qui tombent à l’eau malgré les indéniables qualités musicales du combo. Est-il à la bonne place ?

Contrairement à Shinedown qui, même en passant plus tôt que ce qu’il mérite, fonce dans le tas. Ok, ce n’est pas forcément mon truc, mais force est de reconnaitre que les Floridiens ont un look, une prestance et une énergie qui forcent le respect.

Energie qu’on retrouve dès l’arrivée sur scène de Frank Carter & The Rattlesnakes. Enragé comme toujours, le rouquin tatoué saute dès le premier titre dans le public qui le porte, le soutien, le laisse plonger tête la première avant de le rapatrier vers la fosse. Et le gaillard de remettre le couvert sur fond de punk explosif et entraînant. Immanquable !

A côté, Opeth est bien plus sage… Si le groupe démarre son set avec de titres chantés et aériens, il se rappelle bientôt aux premiers fans avec ses titres extrêmes. Calme, sobre et pas forcément la prestation la plus marquante de la journée, il y en a cependant pour tous, Opeth ne reniant en rien son glorieux passé.

Les dernières fois que j’ai vu The Offspring, je m’étais ennuyé. Cette fois, Noodles et sa bande, même avec une setlist sans surprise, donnent tout au public qui le lui rend bien. La prestation est festive et enjouée, le groupe semble vraiment heureux d’être là et s’amuse. Nous aussi !

Même si le groupe a sorti un album dantesque, la chaleur assommante force la pause et je rate Mastodon. Je reviens vers MS 1 pour ne pas shooter Dropckick Murphys mais profite de sa prestation et de sa musique simplement imparable. Le spectacle est aussi dans le public qui dans et pogote à souhait. Comment pourrait-il en être autrement, hein ?

Un petit tour sous Valley, enfin, pour écouter Baroness. Là encore, le groupe est efficace et direct, et se donne à fond pour un public à fond. Une très belle et généreuse prestation nous est offerte.

Je retourne voir Five Finger Death Punch, un groupe au look renouvelé, Yvan Moody habillé d’un T-shirt blanc (on le comprend) et d’un surprenant pantalon jaune ! Bon, il a commencé en rouge, mais a préféré se changer. Les hits du groupe défilent, le public est réceptif et reprend naturellement en cœur l’imparable Lift me up, taillés pour les concerts de toute taille.

Peu sensible à Deftones, je préfère prendre mes marques pour le concert de Volbeat, très attendu. Une heure dix d’un show haut en couleurs, avec un peu de fraicheur dans l’air – enfin – et des titres actuels ou plus anciens qui défilent trop vite. Une des plus belles prestations auxquelles j’ai pu aujourd’hui assister. Il est cependant temps de rentrer, d’aller trouver un peu de sommeil avant la reprise de demain, journée annoncée au moins aussi chaude…

 

Samedi 18 juin

La chaleur écrasante est de retour… Titan, que j’avais shooté à Châteauroux lors de la Firemaster Convention, ouvre le bal. Sa prestation est tout aussi carrée bien qu’on sente le groupe légèrement perdu sur cette immense scène. L’Irlande au cœur pourrait bien devenir Hellfest au cœur, une nouvelle version de l’hymne de la bande de Le Calvez.

Autre déflagration, plus brutale… Sous Altar, Karras, l’autre projet de Yann, guitariste de Mass Hysteria, fait exploser les potards. La rage et la colère du trio ne sont guère contenues et ça défouraille sévère. Lui qui, il y a 3 ans, venait clôre la journée se retrouve aujourd’hui, avec beaucoup de plaisir, semble-t-il, à l’ouvrir. Quand on aime…

La curiosité me pousse à aller écouter Fire From The Gods, groupe américain explosif qui tire à boulets rouge sur le public. Le soleil n’est pas encore au zénith, et tant mieux, parce que ça pète dans tous les sens. Mais aujourd’hui, il semble mieux pour certains groupes de jouer sur la main 2… La tête d’affiche du soir ayant fait rehausser la MS1, alors direction…

Les très prometteur Last Temptation avec la surprise de retrouver à la batterie Farid Medjane, ex vous savez qui. Le hard rock du combo est simple, sobre, efficace et le quatuor se donne à fond avec passion et bonheur. Un groupe décidément à suivre pour les amateurs de classic rock.

La déception du jour – qui impose un premier break – vient de l’annulation tout juste annoncée de The Dead Daisies. Pas d’explication particulière, on imagine un passage par la case Covid. Tant pis, on remplace par un passage sous Valley pour retrouver The Picturebooks, duo que j’avais déjà vu à Paris au Divan du monde en ouverture de, je crois, The Answer. Puissant, efficace, un guitariste chanteur qui joue à l’instinct. Un bon remplacement, en somme.

L’un des groupes que je souhaitais voir, pour la pureté et le dépouillement apparent de son style, c’est Soen. Une jolie foule s’amasse sous le soleil plombant – on le saura… – pour assister à cette jolie prestation, sobre et efficace, d’une quarantaine de minutes. Pas de grande surprise mais une des satisfactions de ce premier week end.

Je file sous Altar pour jeter un œil à la furie thrash de Xentrix. Grand bien m’a pris car, sur le planning du jour, j’avais entouré Loudblast et Exciter, tous deux jouant devant tant de monde – tant mieux – que la tente en fut inaccessible. Xentrix démonte cependant les nuques comme il faut.

Retour devant les mains pour voir, enfin, et pour la première fois, les Anglais de The Darkness. On s’attend à un peu de folie visuelle et je ne suis pas déçu : les tenues de Justin Hawkins sont tape à l’œil et franchement les gaillards sont en forme. Mais là encore, une pause s’impose, une vraie, histoire de m’alléger en déposant une partie de mon matériel.

Le temps d’un aller retour, je rate, sans grand remords, Alestorm et, je le regrette un peu plus, Rival Sons dont j’assiste à la fin d’une prestation rock à laquelle le public semble réceptif. Avec de grands albums à son actif, le groupe ne peut que séduire.

On les connait, on sait ce à quoi on va avoir droit… Une débauche de filles sur scène (cette fois-ci, aucune n’est invitée dans la fosse au début du set) en fin de show, d’incessants appels à nichons… Steel Panther est en ville, la gaudriole de sortie et de mise ! Surprise – je n’ai pas suivi grand-chose au sujet du groupe – Lexxi Foxx est out, remplacé par je n’en sais rien mais le groupe a moins de charme et semble plus « sérieux » qu’avec son blond bassiste efféminé. Plus de miroir, plus de poses ambiguë, Steel Panther m’a moins surpris. A-t-on fait le tour ?

Un tour du côté des légendes du Thrash sous altar remet les pendules à l’heure. Flotsam & Jetsam est suffisamment rare en nos contrées pour éviter l’insulte de ne pas aller rendre hommage à ces légendes US qui ont accueilli – et ont stagné après son départ – un certain Jason Newsted. Dans ta face et efficace, rien à dire !

Impossible de rater Megadeth, avec un Dave Mustaine veillissant mais toujours en forme. Dommage seulement que cette MS1 soit si haute, il est compliqué de profiter pleinement de ce show dont on se délecte pourtant d’une setlist aux petits oignons.

Deep Purple, quelques mètres plus loin est tout aussi veillissant, et c’est avec surprise que je m’aperçois que Steve Morse n’est pas de la partie… Le guitariste souffrant de problèmes de main est ici remplacé par Simon Mc Bride totalement respectueux des classiques du groupe. Mais voilà, on sent Deep Purple en bout de course, les nombreuses parties instrumentales, longues, semblant être utilisées en remplissage plus que rendant service aux chansons. Le set souffre ainsi de longueurs, et c’est bien dommage.

Ghost, annoncé en tête d’affiche de ce samedi à la fin de son concert parisien, rempli toutes les cases. Un show soigné, un papa Emeritus en forme, une setlist efficace, un visuel à tomber, mais… mais une voix qui flanche malheureusement en fin de set forçant Ghost à écourter son show…

La chaleur du début de week end , mais maintenant le vent, ont forcé l’annulation du feu d’artifice. C’est donc avec un peu d’avance que montent sur scène les Australien d’Airbourne qu’on retrouve, qui en sera surpris, plus que déchainés. Comme toujours, Joel O’Keefe attire tous les regards, comme toujours, encore, il semble n’avoir qu’un jean noir toujours aussi déchiré que lui. Airbourne propose un set classique mais explosif, le guitariste chanteur terminant sur les épaules d’un gars de la sécu le portant devant le public un autre l’arrosant copieusement afin de le rafraichir. Même si on sait de quoi il en retourne, Airbourne fait partie de ces groupes qui font plus que le job. Dommage d’avoir raté le combo la semaine suivante, mais là, les Australiens concluent avec brio cette soirée. Au dodo !

 

Dimanche 19 juin.

La météo est certes plus clémente, les pieds crient leur douleur ! Ce n’est donc qu’après avoir plié bagages, rangé la voiture et les affaires que je me dirige vers le site pour assister, enfin, à une prestation des Autrichiens folkloriques de Kontrust. Et la mise en jambe vaut le détour : entre une musique très enjouée et des tenues tyroliennes de mise, le groupe fait dans er un public encore épars mais curieux et réceptif. Un beau début d’une journée pourtant très « traditionnelle » et riche de découvertes.

Je vais passer le plus clair de mon temps devant les MS aujourd’hui, et avoir quelques belles surprises… A commencer par un Sortilège en forme que j’avais malheureusement raté lors de son passage parisien en avril. Un set raccourci, mais des gars au taquet et un Zouille très en voie. Un nouvel album nous est promis, alors maintenant, patience.

Je suis moins sensible au métal de Lacuna Coil mais visuellement, les Italiens mettent le paquet. Une prestation haute en couleur qui mériterait certainement d’être vue dans une salle sombre.

Battle Beast reste une valeur sûre, sans grande surprise. Un spectacle travaillé pour le visuel et un metal sympa et passe partout. Mais un ensemble sans doute un peu trop kitsch (à ce sujet, on repassera la semaine prochaine…)

Je rate Car Bomb pour cause d’interview mais impossible de rater la metal queen. Doro, ça fait des siècles qu’on attend son retour en terre sainte et le public ne se fait pas prier. Si son set est principalement axé autour de ses grands succès d’antan, Doro et sa bande prouvent une nouvelle fois savoir ce que c’est que d’avoir un public dans la main. Un set impeccable, plein de bonne humeur et de bienveillance. Merci ! Aura-t-on droit à un duo avec le Metal God plus tard ce soir?

Une foule curieuse s’entasse devant la MS 2 , deux drapeaux ukrainiens flottant au vent. Jinger, on le sait depuis peu, a reçu l’autorisation de son gouvernement de quitter le pays pour aller promouvoir la culture ukrainienne sur les festivals d’été. La rage est là, féroce mais de message politique, on ne trouve que peu de traces. Un set puissant d’un groupe qui tire profit de la situation anormale de son pays en guerre.

De l’autre côté, Michael Schenker connait un renouveau de carrière mérité. Il déboule avec son MSG et propose une heure de ce hard rock classieux planqué sous sa chapka noire. Il n’a pas un peu chaud le gaillard ? En tout cas, il est souriant, heureux d’être là et de transmettre du bonheur. Un vrai plaisir de retrouver en si grande forme celui qui fut naguère connu comme l’ange blond.

Quel dommage en revanche que les Japonais de Maximum The Hormone aient interdit toute photo ! Quelle énergie, quelle débauche visuelle le groupe nous propose. Son metal groovy et parfois disco entraine le public et le groupe ne s’en laisse pas compter, allant même, en s’en amusant, jusqu’à faire répéter au public des mots nippons qui semblent bien déplacés. Mais on s’en fout tant la dose d’énergie reçue est forte. La découverte du jour.

Il avait été rayé de listes – celles des notables du coin, pas de Barbaud ou du HF – il y a quelques temps, mais on savait qu’il reviendrait. Rien ne viendra ruiner cette amitié qui lie le Hellfest à Phil Anselmo qui déboule aujourd’hui avec un Down en pleine forme. Une heure d’un metal débridé, sauvage et entrainant, une déflagration qui fait du bien.

Le temps de me restaurer, je rate Korn sans grand regret, n’étant guère sensible au nu metal, même si le show est là. Mais rien ne me fera rater la prestation de Judas Priest, sans doute une des dernières fois que la légende anglaise se présentera à nous. Et ce n’est pas peu dire que depuis l’intégration de Richie Faulkner et le remplacement forcé de Glenn Tipton par Andy Sneap le groupe est très en forme. Même si on sait à quoi s’attendre – un Rob Halford mécanique, un Ian Hill seul dans son coin, un Scott Travis qui interpelle pour « one last song » qui sera sans surprise Painkiller, une Harley qui vrombit… le groupe connait parfaitement son affaire et propose un show superbe visuellement et musicalement. Un des musts de cette première partie, incontestablement.

Si les Français n’étaient pas au premier programme, les modifications de l’affiche nous font revenir Gojira en tête d’affiche, clôturant explosivement la MS1 de ce premier week end. Une heure trente d’un show puissant aux lights superbes finissant d’achever le public qui va devoir, pourtant, encore tenir pour Running Wild.

De mon côté, un passager m’attend. Le temps de le récupérer, d’aller à la voiture, de faire le plein et voilà que… sans l’avoir annoncé, cette première partie se termine par le feu d’artifices qui devait avoir lieu la veille… Tant pis, on en verra d’autres. Pour le moment, retour à la maison pour un peu d’activité pro avant de revenir dans quelques jours. Dans des conditions différentes mais tout aussi compliquées. A suivre…