LOADED GUN: First round

France, Heavy metal (Autoproduction, 2019)

Euh…. comment dire? Comment aborder cet album qui veut nous replonger au coeur du hair metal insolent et déjanté des années 80? Comment dire que les Français de Loaded Gun nous font part de leur nostalgie des frasques des Mötley Crüe, Gun’s n Roses, Cinderella, Ratt et autres Poison? Le riff assuré, les guitares volontaires, les thèmes purement sexuels, tout, de Stay on me à Last bullet, en passant par Bitch (pas celui des Stones repris récemment par The Dead Daisies, non..) à Dirty night pourrait séduire l’auditeur si ce n’est ce chant dont je ne comprends pas un traître mot. Le chant yaourt ne passe pas le cap de mes oreilles… Et là, oui, on est bien de retour dans la France des 80’s qui faisait écrire à Martin Popoff  dans son Collector’s guide to heavy metal volune 2: « Que quelqu’un frappe ces gars avec leurs bérets » (chronique de l’album Never too late de de Stators, p. 337)…  Encore une fois, groupes français: si vous décidez de chanter en anglais, respectez vos auditeurs anglophones. Perso… Je passe.

Interview: SHAÂRGHOT

Interview SHAÂRGHOT. Entretien avec Bruno (guitares). Propos recueillis hard Rock Café de  Paris, le 13 mai 2019

Metal-Eyes : Comme il s’agit de notre première rencontre, peux-tu me raconter l’histoire de Shaârghot ?

Bruno: En fait, Shaârghot est un personnage qui est né d’une expérience qui a mal tourné, en s’injectant un produit. Ce produit révèle les faces les plus sombres du personnage, qui deviennent principales, et qui, en plus, développe un parasite qui rend sa peau noire et luisante.

Metal-Eyes : Le groupe est né quand ?

Bruno: Il est né il y a 5 ans, et on est sur scène depuis 4 ans. Sinon, l’histoire est née il y a 7 ans. Ça fait 7 ans qu’Étienne a l’histoire du groupe en tête. C’est Etienne qui a eut l’idée du concept et qui détient toutes les clés de l’histoire. Aujourd’hui, je n’en connais pas la suite…

Metal-Eyes : Visuellement, c’est très marquant, mais quelle est l’idée générale que vous souhaitez développer ?

Bruno: C’est d’offrir aux gens, au public, de a musique et plus que ça. Le projet est né en se demandant ce qu’on aime quand on va voir un concert. On aime la musique, certes, mais aujourd’hui il y a une grande part de show. Il faut offrir, à mon sens plus que de la musique, sans tomber dans le cirque rock’n’roll, mais offrir une histoire, une  atmosphère. Que le public puisse s’évader, s’immerger dans un autre monde. Comme quand on va au cinéma. Là on cherche à poser une ambiance.

Metal-Eyes : Votre musique est très metal, très indus et électro. Elle est assez violente, à l’image du visuel des disques. Comment la décrirais-tu pour quelqu’un qui ne vous connais pas ?

Bruno: Quelqu’un qui a des références musicales, d’éclectique ? Je mettrais en avant le coté électro avec des renforts guitares, le chant en anglais, mais je reviendrai sur le côté visuel, qui, en fin de compte, est la base du groupe. Le spectateur, s’il vient en concert, verra différents tableaux, en fonction des titres. S’il a envie d’écouter une musique très énergique, qu’il vienne tenter.

Metal-Eyes : The advent of shadows… que peux-tu m’en dire pour me convaincre d’aller l’acheter en sortant d’ici ? En dehors de me menacer avec la batte de base-ball…

Bruno: Ah, c’est ce que je voulais faire… Non, elle n’est pas là, c’est relâche aujourd’hui. C’est encore assez délicat parce que pour aller courir l’acheter, il faut venir nous voir. On a beaucoup d’exemples de gens qui sont allés voir un groupe dont on faisait la première partie et après… leur vie n’a plus du tout été comme avant. Ils sont vraiment devenus fans.

Metal-Eyes : Donc c’est l’expérience scénique qui va convaincre le fan…

Bruno: Exactement, le convaincre d’aller acheter le disque.

Metal-Eyes : Scéniquement, je peux imaginer ce à quoi on peut s’attendre, beaucoup d’énergie, un show très visuel… Quels sont vos projets de tournée ? Il y a déjà le Hellfest…

Bruno: On a déjà une date par mois, le Hellfest en juin, la Guerre du son en juillet, et ensuite, le festival 666, un festival metal à côté de Bordeaux, où joue Dagoba, et en octobre, on a une date parisienne. Il y en a d’autres qui suivent. C’est sur scène qu’on s’exprime le mieux. Et aussi par l’intermédiaire des clips qui nous permet de communiquer notre visuel.

Metal-Eyes : Le Hellfest est un gros événement. Comment vous y préparez-vous ?

Bruno: Comme on se prépare pour les autres concerts. Pour nous, c’est une belle étape de faire le Hellfest, ce n’est pas neutre… Là on a 30’ pour convaincre, sous une tente et en plein jour. Alors nous qui privilégions le côté sombre… On l’a déjà fait, et ça met encore plus en valeur nos personnages.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un titre de The advent of shadows pour expliquer ce que vous êtes aujourd’hui, ce serait lequel ?

Bruno: Je dirais Kill your god. Parce qu’il mélange les côtés metal, indus, électro et énergique.

Metal-Eyes : Pour le message ?

Bruno: Non, pour le message, ce serait plus Shadows. Un titre rassembleur. Notre force, c’est qu’on commence à avoir une fan base, et on implique nos fans. C’est une chanson qu’on a fait pour eux…

Metal-Eyes : Au niveau de la composition, vous avez une méthode particulière de travail ?

Bruno: Oui. Il y a toute une histoire, et c’est Etienne seul qui en détient les clés. C’est lui qui sait quoi raconter sur quel album. Ensuite, la méthodologie de travail est simple : il a les idées, ensuite, quand il a commencé à les travailler, j’interviens pour voir si la voie est la bonne, et chacun ajoute sa patte. Parfois il y a des choses à changer, à rajouter, certaines choses peuvent être gênantes, donc je l’exprime. C’est un travail qui est très collectif parce qu’on intervient tous.

Metal-Eyes : On fait souvent le lien avec des groupes comme Punish Yourself, avec qui vous avez tourné. Ça fait quoi de voir les deux groupes sur une même scène ? Ca doit être un joyeux bordel…

Bruno: C’est un joyeux bordel, et on se dit… Au début, on avait quelques craintes, nous en noir, eux en couleurs… Quand on a commencé avec eux, ils ont fait leur tournée noir et blanc. Et en fait, on s’est aperçu qu’on était dans deux univers complètement différents malgré quelques point communs, comme le coté cyber punk, un peu fluo. Mais on sent qu’on n’est pas pareils. On est plutôt complémentaires, en fait. Et c’est deux groupes français. Ce qui montre qu’en France, on peut avoir des groupes atypiques, créatifs, avec un show, un visuel. Donc oui, c’est un joyeux bordel ! (rires)

Metal-Eyes : En 2019, quelle pourrait être la devise de Shaârghot ?

Bruno: Tu as des questions… Ma devise serait « ne rien lâcher. Et toujours continuer avec passion »

IRON BASTARDS: Cobra cadabra

France, Heavy metal (Autoproduction, 2019)

Dès les premières mesures de Inside the nest, le nom du groupe prend tout sons sens: un mélange de Iron fist et Bastards, deux références à Motörhead… Et le chant biéreux et rugueux, les guitares et la batterie ainsi que la formule trio infernal évoquent immanquablement le groupe de Lemmy, version 80’s. Avec Cobra cadabra, son second album, les Français de Iron Bastards visent à se poser comme les dignes successeurs de leurs incontestable mentors. D’ailleurs, ils ont partagé la scène avec Motörhead et plein d’autres au travers de 250 concerts qui les ont aidés à se forger un sale caractère, sans parler de l’image: Rickenbaker pour le bassiste chanteur obligatoire semble-il! La prod de l’album est sale comme il faut, et on se laisse emporter dans cet univers si familier. On pourrait même se demander, avec une chanson comme Days of rage, quel est cet inédit de la bande à Lemmy tant l’esprit est là, présent. Presque pareil avec With the world on your side (clin d’oeil presque trop évident à The wörld is yours...) qui se termine avec une partie digne des premières heures de la NWOBHM, notamment avec quelques guitares à la Maiden/Priest… Alors ensuite vient la question: plagiat ou hommage? Mais se pose-t-on encore cette question avec un groupe comme Airbourne? Non, alors laissons donc Iron Bastards se distinguer et trouver sa voie comme digne successeur, fils illégitime… D’autant que le trio joue aussi l’autodérision avec l’amusant You only live twice. Puissance, énergie, speed, tout est réuni, alors, fans de Motörhead, voire de Nashville Pussy et consorts, laissez vous tenter

WARFAITH: Pint of pils

Thrash, France (Autoproduction, 2019)

C’est toujours agréable de recevoir un album avec un message personnalisé écrit à la main. Une invitation à découvrir l’objet. Et dans le cas de Warfaith, avec son Ep Pint of pills (le groupe a déjà publié un album en 2015, Wise man is dead), je n’ai pas eu beaucoup d’efforts à fournir pour adhérer au thrash  des Français. Après une intro instrumentale, carte de visite sur laquelle est écrit « Metallica, Slayer, Exodus, Testament, Death Angel, Anthrax…. » ainsi que « Thrash, Hardcore, Punk » on passe dans le vif du sujet: le son est propre, le chant hargneux, très punk, à la fois hargneux et haineux. Les guitares jouent sur les rythmes, le riff ici subtil cède le pas à du speed sans concession. La section rythmique est tout le temps explosive. Les 8 titres ne cherchent nullement à réinventer le thrash, vont droit au but (5 morceaux durent moins de 3’… Amis photographes, faudra pas les voir au Hellfest ^_^) et immanquablement font s’agiter les crinières… Les Lorrains se font plaisir, et cela s’entend de bout en bout, ce qui peut s’avérer une vraie force. A suivre, et à voir en live. Ça doit être un joyeux bordel!

ROBIN TROWER: Coming closer to the day

Royaume-Uni, Blues (Provogue, 2019)

Avec un CV long comme le bras, une carrière quasi exemplaire, que ce soit en solo, avec Procol Harum, Bryan Ferry ou Jack Bruce, Robin Trower n’a rien à prouver à qui que ce soit. Du haut de ses presque 75 ans, le bluesman anglais se fait simplement plaisir avec un album tendre et personnel. Bien sûr, la patte d’un certain Jimi Hendrix est presque omni présente (à commencer par l’introductif Diving bell), mais on retrouve aussi les Beatles (le morceau titre évoque ouvertement Come together). Mais c’est surtout le blues qui transpire, celui des bayous, celui avec lequel Trower, né en 1945, a grandit. On y trouve aussi quelques touches empruntées au jazz (Ghosts). Sensible et à fleur de peau, il n’est guère étonnant que ce soit Provogue qui héberge Monsieur Trower…  Alors si pour moi ce Coming closer to the day se révèle trop calme, il saura séduire tout amateur de blues, de jazz blues plus que ceux de rock, malgré quelques passages légèrement plus dynamiques.