INTERVIEW: SIMO

Rencontre avec JD Simo (chant, guitare) de Simo. Propos recueillis par metalmp à la Maroquinerie, Paris, le 3 avril 2016

Quelques heures avant de découvrir l’accueil d’un hôpital parisien à la suite de son accident sur scène (le live report vous dit tout!), Metal Eyes a pu discuter avec le talentueux guitariste de Simo. Histoire, enfance, musique, actualité… Tout y passe, avec simplicité et passion.

Metal Eyes : C’est sympa de se revoir aussi vite puisque nous avions discuté en novembre dernier lors de ta première venue à Paris. Depuis, vous avez beaucoup tourné, notamment en Europe. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

JD : La tournée européenne a été super, mais on adore jouer et tourner, tout simplement. Nous venons de donner notre 46ème concert américain depuis le début de l’année… Il y a 48 heures, à Chicago. Dans le fond, c’est génial, nous sommes avant tout un groupe de scène et adorons jouer. Chaque soir est différent pour nous, et de plus d’une façon. Tu sais, nous ne jouons jamais deux fois le même set, la nature même de notre musique laisse beaucoup de place pour que nous en fassions ce que nous voulons, dans l’improvisation et cela s’améliore toujours. Du point de vue de la tournée, cependant, nous sommes un peu… Pas cramés, mais, tu ne peux que donner un certains nombre de concerts d’affilée sans être rincé, sans que tout finisse par se ressembler. Depuis que nous nous sommes vus, ça a été un peu chaotique, dans le bon sens du terme. Mais le temps file à une vitesse (rires) !

Metal Eyes : Mais c’est aussi l’ambition, l’envie dont tu me parlais la dernière fois : sortir du studio et faire des concerts votre vrai job. Y a-t-il un concert qui t’ai plus marqué ?

JD : Quelques uns, oui… Sur la tournée américaine, il y a eu celui de Denver. Aux USA, tout comme ici, il y a tous ces marchés où nous n’avons encore jamais joué. Denver, le concert était complet, le public était avec nous et nous avons tous passé une superbe soirée. Concernant l’Europe, la Flèche d’Or était très bon, mais celui d’Amsterdam, où nous avons ouvert pour Walter Trout a été splendide. Jouer dans salle pareille en a fait un concert vraiment spécial. E pense aussi à celui de Londres. On y a joué deux fois, une à l’O2, en ouverture de Walter Trout, et c’était super, mais nous avons donné un petit concert promo pour la presse dans cette salle… Ils ont entassé, je ne sais pas comment, une centaine de personnes là-dedans, dans une de ces derniers pubs, au sous-sol… L’énergie  qui s’en dégageait… la moitié des gens était composée de journaliste de toute l’Angleterre, et l’autre moitié de gens qui, pour certains sont venus de très loin, 6 ou 7 heures de route… Ils ont vraiment mis autant de monde que possible et ça, mec, ça, c’était vraiment un concert de rock ! J’étais à ça de la personne devant moi. Je pense que si tu demandes aux autres, ce concert fera aussi partie de leurs préférés. Tu peux donner un concert avec beaucoup de monde, des festivals, c’est fun, super, mais c’est dans ces petits endroits, où les gens sont serrés que c’est vraiment l’esprit rock !

Metal Eyes : Ce soir, c’est un peu plus grand, mais complet. Vous n’êtes pas en tête d’affiche, et Simo est réputé pour ses improvisations. Ce soir, votre temps de jeu est limité…

JD : On va improviser, Monster Truck nous accorde un peu plus de temps que prévu. On improvisera un peu. Tu sais, c’est pareil en festival, on doit trouver l’équilibre entre le jeu et l’impro, et on s’en tire plutôt bien !

Metal Eyes : Simo fait partie de cette vague revival 70’s. Comment me convaincrais-tu de plus m’intéresser à Simo qu’aux autres groupes ?

JD : Oh, seigneur ! Ce n’est pas dans ma nature de me mettre trop en avant… Mais, ce qui nous distingue est sans doute cet aspect « impro » qui est un des intérêts du groupe. Nombre d’autres groupes ne le font pas. Nous sommes nés de l’improvisation, et pour nous, l’équilibre se situe entre des chansons construites et cette capacité à partir en live, improviser. C’est dans un esprit assez jazz, bien que nous ne soyons pas issus du Jazz. Adam est un musicien de jazz, et c’est une des raisons qui fait que nus sommes complémentaires. Les musiciens de rock, aux débuts, venaient tous du jazz. Jaime cette approche de la batterie du jazz, plus, sans doute, qu’un batteur à la frappe plus lourde. Je ne dénigre pas les compétences musicales d’autres groupes, mais chez nous, l’intérêt vient aussi de cette capacité à improviser. On jamme, on a joué avec certains de ces groupes avant. Nous nous fions souvent à l’ambiance de la salle, sans prévoir totalement notre jeu.

Metal Eyes : Tu parles de jazz, je voudrais savoir comment tu as construit ta culture musicale. Y avait-il beaucoup de musique à la maison, tes parents ont-ils influencé tes goûts, par exemple ?

JD : Ils m’ont un peu influencé, oui, mais c’est surtout mon obsession pour la musique qui en est responsable. Je suis tombé tellement amoureux de la musique ! Je n’ai pas vraiment grandi dans un environnement musical, mais plutôt sportif. Je suis né…  Comment dire ? dans un monde qui n’était pas le mien. Je voyais mes parents, ma famille en pensant « c’est quoi, ça ? » (rires) J’ai découvert très tôt Elvis Presley, les Stacks et tous ces trucs de Memphis. Je l’ai pris comme un thème scolaire, et je n’avais que 6 ou 7 ans. J’utilisais mon argent de poche pour découvrir les Beatles, et d’autres que j’entendais et je me demandais ce que je pourrais apprécier d’autre. Le gars du magasin me faisait des suggestions, les Animals… Plus tard, quand j’ai accroché avec Jimi Hendrix, il me demandait si j’avais déjà entendu le Butterfly Blues Band, « tu devrais écouter ça ». Ensuite, je faisais des recherches, je m’informais comme n’importe quel… maniaque de la musique, et c’est vraiment ce que je suis, un maniaque de la musique (NdMP : il utilise le terme de « music nerd », difficilement traduisible). Je m’asseyait dans ma chambre, lisait les liner notes, quand c’était possible. Je suis né en 1985, et je pense faire partie des derniers à avoir connu les grandes pochettes et ces choses là. Je suis tombé amoureux de la musique avant qu’elle ne devienne si facilement accessible. C’était une recherche archéologique que de trouver ce que tu cherchais. J’ai grandi à Chicago même, donc c’était assez facile malgré tout. Il y avait une importante bibliothèque municipale, de très bons disquaires, des émissions de radios… C’était très vivant. J’ai vraiment eu la chance de pouvoir, au moins, me passionner pour quelque chose. Ensuite, il ne dépendait que de moi d’en découvrir plus.

Metal Eyes : Une dernière chose pour terminer. En tant qu’Américain, quel est tont point de vue sur ce qu’il se passe en politique aux USA ?

JD : (il explose de rire) Ce sont tous des nuls ! Vraiment, nuls ! Je pense cependant qu’il y a aujourd’hui une superbe ouverture mais j’hésite à en parler publiquement car je pense que la musique est faite pour unifier et non diviser. Mais je pense qu’il y a un candidat qui peut ou pas obtenir la nomination de son parti, qui a des vues, pour un Américain, très extrêmes mais qui de l’étranger, comme en Europe, sont des principes de base. Il y a cette ouverture et les gens de ma génération semble vraiment soutenir ce candidat. Je suis impatient de voir s’il parviendra à ses fins.

Metal Eyes : Nous en parlerons la prochaine fois que nous nous croisons, alors…

JD : Oui! Ceci dit, je crois que le plus gros problème que nous avons aux Etats-Unis est d’être gouvernés par des gens que nous n’élisons pas forcément. En gros, nous votons en fonction de ce que nous achetons. En tant qu’Américain, je comptabilise ce que je peux dépenser dans tel magasin, et au final, c’est là que je place mon vote. (NdMP : pas tout compris…) Si les Américains comprenaient cela et utilisaient plus cette capacité, ils auraient plus de pouvoir pour changer, dépenser notre argent pour la préservation de l’environnement, les énergies renouvelables. Les lobbies corrompraient tout, mais au moins nous serions parvenus à cela.

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