HELLFEST 2024: Le report

La Gardienne des Ténèbres

« Le monde a changé… » Les mots qui introduisent le premier volet du Seigneur des anneaux sont ici adaptés. Parce le Hellfest, aussi, a changé et change. D’année en année, le plus grand festival français de musiques extrêmes poursuit sa transformation et le monstre mue et évolue. Les changements sur le site, s’ils se font moins notables sont pour autant tout aussi remarquables. pour le plaisir des yeux et des oreilles, Metal-Eyes a sillonné le site de long en large, de fond en comble. En 4 jours, ce sont plus de 80 km parcourus, une paire de baskets HS, quelques 36 concerts couverts – avec, pour je crois la première fois depuis longtemps, toutes les scènes visitées, avec notamment un record pour la Warzone – trois saisons vécues en l’espace de ces 4 journées, des averses de dingue mais pas assez longues cependant pour que le site ne se transforme en terrain boueux. Et surtout, des rencontres, des retrouvailles, des découvertes à gogo. Un Hellfest intense et usant, mais c’est aussi ça! Comme il est impossible de tout relater ici, je vous invite à m’accompagner dans mes humbles souvenirs de ce dernier week-end en enfer!

The Sanctuary by night

Commençons cependant, comme il se doit, par les sources d’insatisfaction… Bien que l’orga ait annoncé une fréquentations de 240.000 festivaliers, on a bien souvent l’impression de côtoyer plus de 70.000 personnes par jour. Il n’y a pas qu’à simplement rajouter les invités, les médias ou les bénévoles, mais bien, semble-t-il, du public. En plus de ça, le journal régional s’en fera le relais, entre les files d’attentes pour aller se soulager la vessie – le Hellfest avait déjà bien travaillé le sujet, mais cette année, force est de constater, les longues files d’attentes en témoignent, qu’il y a eu un cruel manque de WC – et le fait de ne plus se voir proposer de « petits » formats de boissons – on oublie les 25cl au profit unique des pintes – une relation de cause à effet? – joue sans doute en ce sens. On notera également une sorte d’aspect plus « touristique » de la population. Certains pouvaient, à tort, reprocher, il y a quelques années au Hellfest d’être une sorte de Disneyland metal, on ne peut que constater qu’aujourd’hui on s’en rapproche de plus en plus, même dans un esprit post apocalyptique. Même si l’arrivée annoncée de la Gardienne des ténèbres, gigantesque création des machines de Nantes attire les regards, on ne peut que constater – déplorer diraient certains – le côté too much du Hellfest cuvée 2024, d’autant plus avec les annonces faites par Ben Barbaud à la fin du week end – Muse ou Coldplay pourraient y avoir leur place. Que le Hellfest soit plus populaire est une bonne chose, mais on a parfois l’impression que l’esprit originel de défenseur des musiques extrêmes a cédé le pas au profit du dieu marketing et/ou capital. Le Hellfest est devenu une marque commerciale à part entière, soit, mais lorsqu’elle se décline autant – pas un supermarché qui ne propose des dizaines de produits dérivés, principalement des boissons, de la bière au whisky, mais également des jeux, des aromates épicés… – on peut se demander où est passé l’esprit aventurier des débuts. La rançon du succès passe sans doute également par là.

Parmis les satisfactions, il y a ce constat que, enfin, Altar et MS1 ne jouent pas en même temps, ce qui permet une meilleure écoute. Logiquement, l’alternance se fait en respectant un rythme MS1/Temple et MS2/Altar tant que cela est possible, à savoir en journée. Egalement, les ombreux points d’eau sont facilement accessibles et permettent donc de s’hydrater comme il le faut.

Lemmy veille. Toujours.

Il n’empêche, la machine Hellfest propose une affiche variée qui, même si elle m’emballe moins cette année, a de quoi séduire tous les publics amateurs de musiques amplifiées, du plus mainstream au plus spécialiste .

Jeudi 27 juin

Le Hellfest commence désormais tranquillement le le jeudi après midi. Les portes ouvrant vers 14h, je fais tranquillement la route depuis Orléans pour trouver place au parking et récupérer sans pression mon accréditation. Le temps de dire un rapide bonjour aux quelques copains déjà présents, je file assister au premier concerts. Un coup d’oeil au Sanctuaire, l’espace merch officiel du Hellfest m’incite à ne pas prendre place dans le queue – il y en a déjà pour trois heures d’attente, alors qu’on circule très facilement du côté des espaces merch des artistes. Bien que The Sanctuary soit une superbe initiative, il semble nécessaire de repenser cet antre afin de fluidifier la circulation du public et faciliter ses achats. Sans doute peut-on imaginer un second temple?

Maintenant, les concerts. Sur la Mainstage 1, on a pu se défouler avec Slaughter To Prevail qui a démonté le public témoin d’exactions sans pareil. Quoique… Kerry King et sa troupe ont expliqué à l’ensemble du public n’en avoir rien à faire d’une retraite et revient aux affaires avec force conviction. Brutal et direct, le show de « l’ex »-Slayer a mis tout le monde d’accord. C’est peu dire que le gang ait mis le feu tant la pyro était de mise. Impressionnant retour!

Kerry King @HELLFEST 2024

Megadeth a aussi su se placer en maître incontesté du thrash classieux, mais, ayant vu la nouvelle formation de maître Dave Mustaine une semaine à peine plus tôt, j’ai préféré aller assister à un autre concert (ce que je ferai également pour Extreme et Tom Morello pour les mêmes raisons).

Du côté des tentes, malgré un propos musical explosif, j’ai trouvé Immolation très concentré et attentif à son sujet. Seuls quelques instants se sont révélés plus fulgurants pour un concert que d’aucuns pourraient qualifier de sobre.

Immolation @ HELLFEST 2024

Ce ne fut pas le cas des Mexicains de Brujeria qui, visiblement très attendus, ont donné une prestation des plus explosives d’un death grind aux relents simplement brutaux.

Brujeria @HELLFEST 2024

Il en est allé de même avec les très attendus Japonais de Crystal Lake qui ont proposé leur metalcore à un public des plus denses venu en nombre envahir la warzone. Circle pits et slams de rigueur ont émaillé ce concert haut en couleurs.

Crystal Lake @HELLFEST 2024

J’ai, cette année, quelque peu déserté la Mainstage 2. Une programmation attirante sur d’autres scènes explique en partie cette désaffection, mais un « détail » m’a quelque peu convaincu de m’en éloigner: désormais, la scène se situe à plus de 3m de hauteur et y faire des photos s’avère peu intéressant. Des bustes, des instruments coupés, une distance et un éloignement peu propice au plaisir de l’image. J’ai ainsi renoncé à assister aux concerts de Savage Lands – pourtant à découvrir – de Steel Panther – on sait à quoi s’attendre – Rhapsody Of Fire, malmsteen, Accept, Bruce Dickinson, Saxon, Frank Carter ou encore Corey Taylor. Mais les concerts auxquels j’ai pu assister, sinon photographier, valaient le détour.

A commencer par Landmvrks qui, même si je ne suis pas sensible à la musique, a simplement tout démonté et retourné le public avec une prestation explosive de bout en bout. C’est simple: la sécu a vraiment commencé à travailler avec Landmvrks qui a vu une nuée de crowd surfers se diriger vers la scène.

Landmvrks @HELLFEST 2024

Dropckick Murphys ne fut pas en reste, le rock punkisant et festif des Américains étant naturellement taillé pour la scène. Impossible de résister à cette folle envie de guincher! Même Al Barr, le chanteur a le regard ébahi en voyant un spectateur surfer sur la foule dans son fauteuil roulant. Déjà au contact du public, le chanteur tout souriant va le saluer et lui taper la pogne. ce n’est que le début d’un concert festif et explosif, celui qui clôt en beauté cette première journée.

Vendredi 28 juin

Le vendredi débutera sous Altar avec une première claque infligée par Karma Zero. Le public est déjà présent, et se prend lui aussi un bon coup derrière la tête.

Karma Zero @HELLFEST 2024

Je file sur MS1 retrouver les Français de 7Weeks qui donnent une jolie prestation devant un public encore épars – bon… quelques milliers de personnes à 11h du mat, on est souvent preneur. Axant son court set sur ses derniers morceaux, le trio séduit comme il se doit.

7Weeks @HELLFEST 2024

A coté, sur Main 2, ce sont les Espagnols d’Ankor qui délivre un set aussi enjoué que puissant. Le groupe mixte, qui existe depuis le début des années 2000, fait une belle impression et remporte incontestablement de nombreux suffrages.

Angkor @HELLFEST 2024

Je me laisse ensuite tenter par les Japonaises de LoveBites – et me surprends à penser que, depuis deux jours, je n’ai sans doute, et tant mieux, jamais vu autant de femmes sur les scènes du Hellfest. Toute de blanc habillées, les jeunes femmes présentent cette grande, très grande différence d’avec leurs consœurs de Baby Metal (passées la veille sur MS2) de vraiment jouer de leurs instruments. Une belle découverte visuelle sinon musicalement mémorable. Ce sera – malheureusement ou pas – ma dernière MS 1 du jour.

Love Bites @HELLFEST 2024

Je dois déserter le site et ne reviens que pour le set de Lofofora. Comme à son habitude, Reuno est enragé et, en ce week end électoral, n’hésite pas – le contraire eut été surprenant – à lancer messages et consignes. Mais, voilà que la scène est investie par deux femen, mini jupes et seins à l’air, armées de fumigènes et d’une banderole, scandant de longues minutes durant que « l’enfer c’est vous, nous c’est MeToo« . Une intervention planifiée qui casse le rythme du concert des Français, tous s’étant retirés de scène laissant les filles faire leur show – peu convainquant selon moi.

Lofofora @HELLFEST 2024
Lofofora @HELLFEST 2024

Les interviews commencent et je reviens sous Temple pour découvrir les Allemands de Kanonenfieber, formation spécialisée dans la première guerre mondiale dont les musiciens sont en uniforme et masqués. Un décor de tranchées, de barbelés et un canon qui tonne ajoutent un intérêt visuel au death/black du groupe visiblement attendu.

Kanonenfieber @HELLFEST 2024

Je zappe volontairement Steel Panther dont le show ne réserve guère de surprise sauf pour ceux qui découvrent le groupe live. Je leur préfère Satyricon qui remet aussi les pendules à l’heure sous Temple. On ne rigole pas à cette heure de la journée!

Satyricon @HELLFEST 2024

Après avoir couvert leur concert à Orléans, je ne pouvais rater le show de Shaka Ponk. Certains disent que Frah et sa bande n’ont rien à faire au Hellfest, Shaka leur démontre le contraire! La foule qui se masse devant la MS2 prouve bien l’intérêt public que suscite le groupe! Dommage seulement qu’il faille être sur liste pour les shooter… Je décide de m’apporcher de la scène et se frayer un chemin se fait en jouant des coudes. une foule remonte dans l’autre sens, mais, arrivé devant les barrières, je comprends pourquoi: les crowd-surfers n’arrêtent pas d’arriver par vagues entières, donnant un sacré boulot à la sécu, cette foule quittant les lieux le sourire aux lèvres. Comme toujours, le chanteur saute dans le public, se faisant porter par lui – on notera le final pour lequel deux cubes l’un sur l’autre lui servent de plongeoir sous les yeux ébahi d’un agent de sécurité qui semble se dire « nannn… il ne va pas faire ça?!? » – tandis que sa complice Sam va le narguer avec ses gentilles provocs. Sans conteste une des meilleures performances du week-end!

Le temps de remonter le courant, Machine Head est déjà sur scène devant un public tout acquis à sa cause. Visiblement, Flynn met le feu et retourne MS1, mais je n’assiste au concert que de loin… Dommage, Machine Head semblant plus qu’en excellente forme.

Samedi 29 juin

J’aime aller voir les groupes que je vais rencontrer… Même s’il y a parfois des ratés, je me lève tôt pour aller voir Darken. Las, le groupe ouvre la journée du samedi sous la pluie ce qui a sans doute calmé les (h)ardeurs de certains festivaliers. En plus, la tête d’affiche de ce soir a installé un gigantesque demi cercle… Metallica veut se rapprocher de son public mais impose une grosse distance aux autres groupes… Darken ne se laisse pour autant pas démonter et donne un set thrash et direct.

Darken @HELLFEST 2024

Mon regard est attiré par un duo qui, sous Temple, semble attirer les regard et attise ma curiosité. La journée s’annonce folk aujourd’hui et je découvre Eihwar aux tonalités nordiques et à la musique simplement envoutante. Les Français séduisent et marquent quelques points avec une prestation élégante.

Eihwar @HELLFEST 2024

Direction la Warzone pour aller soutenir The Dead Krazukies, là encore en belle forme. On sent les basques à l’aise et visiblement ils n’ont qu’une chose en tête: des circle pits et des wall of death, jeux auxquels le public se prête volontier dans la bonne humeur. Ce genre de punk là est fait pour mettre le feu à cette scène, et le pari est gagné.

The Dead Krazukies @HELLFEST 2024

Les Néo-Zélandais d’Alien Weaponry ont déjà fait connaissance avec le HF en 2022 et ne s’en laissent pas compter. Débutant leur set avec leur traditionnel Haka, ils ne se laissent pas impressionner par la-dite scène et investissent à loisir l’espace de Metallica pour aller chercher le public.

Alien Weaponry @HELLFEST 2024

Matthieu, transfuge de Skald, a monté son propre projet pagan viking avec son épouse, Christine. Le duo se partage le chant au coeur de Hrafngrimr (ça se prononce Raven Grimer, facile, non?), un groupe dont l’originalité, outre les instruments « sur mesure » est de comporter en son sein deux danseuses dont la gestuelle illustre chacun des titres et des musiciens provenant de divers groupes, dont Mus d’Arkan. Les chansons, justement, aériennes et légères, entraine l’auditeur dans ces univers nordiques. Encore une formation plus que séduisante évoluant dans un univers décidément très en vogue.

Hrafngrimr @HELLFEST 2024

C’est avec plaisir que je retrouve Anvil, pile au bon moment, Lips nous offrant son légendaire solo de guitare avec godemichet. Le trio est en forme et délivre un set fun et apprécié du public qui semble apprécier les facéties du bassiste édenté Chris Robertson.

Anvil @HELLFEST 2024

Enfin! Oui enfin! pourrais-je dire Car Black Stone Cherry reste un de rares groupes que je n’ai pas encore eu l’occasion d’acclamer sur une des scènes du Hellfest. mené par un autre Chris Robertson au chant et à la guitare, le groupe est lui aussi en forme et profite du soleil pour délivrer un set qui résume bien sa carrière. Steve Jewell, qui remplace Jon Lawhorn à la basse depuis son départ, a trouvé ses marques et s’est parfaitement intégré au groupe. Toujours aussi explosif, Ben Wells saute comme un cabris, arpentant la scène de long en large tandis que le batteur John Fred Young s’agite derrière ses fûts, bien éloigné du public. Un set un peu trop court, mais ce sont aussi là les règles d’un festival. Vivement un retour en salle!

Black Stone Cherry @HELLFEST 2024

Ce samedi est la journée la plus chargée en matière d’interviews. Une fois les premières faites, je préfère retourner vers la Warzone pour découvrir, enfin, le cultissime Didier Wampas Psycho Attacks. Une chemise de touriste exotique sur le dos, le gaillard propose un set fun et n’hésite pas non plus à se faire porter par le public aux anges. Rien de très sérieux dans sa musique, le groupe propose un set simplement fun et quelque peu irrévérencieux.

Didier Wampas Psycho Attacks @HELLFEST 2024

Je découvre ensuite, sur cette même scène et sous la pluie qui revient, Nekromantix, groupe au look piqué à Marlon Brando ou James Dean, proposant un rock vintage énergique joué avec une contrebasse forgée dans un cercueil par des musiciens peu sérieux (le batteur qui vient se poser devant la scène pour se laquer la banane…) maitrisant cependant leur sujet.

Nekromantix @HELLFEST 2024

Malgré la pluie qui se fait dense, la file de photographes et la foule qui prend place devant la Valley indique que Mr. Bungle est attendu. Si Mike Patton est attendu comme jamais, la troupe compte également en ses rangs de fines gâchettes: Scott Ian et Trey Spruance aux guitares, Trevor Dunn à la basse et Dave Lombardoo à la batterie pour un cocktail musical déjanté et envoutant. On ne s’y trompe pas, et la pluie n’empêche ni le public de rester, ni le groupe de s’éclater.

Mr Bungle @HELLFEST 2024

Je rentre de la Valley pour aller me protéger dans un espace VIP ultra blindé – l’espace presse a fermé ses portes comme tous les jours à 22h précises – y découvrir l’ami Erwan affalé qui a raté le groupe qu’il attendait pourtant avec l’impatience d’un gamin excité, et, comme de nombreux autres, patiente le temps que la météo se calme. Dans quelques minutes, Metallica sera sur scène et la foule commence a déserter le VIP pour aller braver les éléments. Oui, il est temps d’aller rendre hommage aux patrons, mais il s’avère rapidement compliqué de se faufiler assez près pour pouvoir vraiment voir ce concert. Alors j’écoute. De loin, et je regarde un peu ces écrans partagés qui ne laissent guère voir grand chose. Creeping death ouvre le concert avec détermination, et la suite est prometteuse. Mais quel intérêt de regarder des écrans? Je décide alors de quitter les lieux alors que les Horsemen annoncent leur désormais traditionnelle reprise: ce soir, il s’agit de… L’aventurier (Bob Morane) d’Indochine, groupe que je n’ai jamais aimé mais je ne peux que m’incliner devant le fait accompli: Metallica parvient sans peine, malgré une interprétation foireuse, à faire chanter en chœur 60.000 spectateurs, et ça, c’est fun. Las, la fatigue de la journée l’emporte et je rentre me coucher, renonçant à regret au concert de Saxon…

Dimanche 30 juin

Dimanche, dernier jour… Je commence la journée avec Sang Froid dont l’album proche de la new wave m’avait séduit et que je dois rencontrer un peu plus tard dans la journée. Un concert étonnant qui permet aux musiciens d’échapper à leur quotidien plus violent (certains viennent de Regarde Les Hommes Tomber).

Sang Froid @HELLFEST 2024

Direction MS2 pour assister à un concert étrange… Rapidement, je me demande ce que Hotwax fait là, ne parvenant pas à saisr l’intérêt de leur présence à Clisson. Un esprit à la L7, des clins d’oeil au punk féminin? J’ai sans doute raté quelque chose et je n’accroche pas.

Hot Wax @HELLFEST 2024

C’est donc sans regrets que je retourne sous les tentes, cette fois sous Altar, pour voir Deficiency, groupe que je suis depuis quelques temps mais que je n’ai pas encore vu live. Le moins qu’on puisse dire est que les Français connaissent également leur affaire et dépotent autant que possible.

Destinity @HELLFEST 2024

Après avoir erré sous les tentes, je me dirige vers MS pour voir les foldingotes de Nova Twins qui, avec leur funk groovy et metallique, et leur look un peu moins improbable qu’on aurait pu s’y attendre, séduisent la petite foule présente. Amy Love et Georgia South emportent tout sur leur passage dont de nombreux suffrages publics. En cinq ans – elles se sont déjà produites ici même en 2019 – les « jumelles » ont évolué pour le mieux et le prouvent aujourd’hui encore.

Nova Twins @HELLFEST 2024

Je file ensuite sous Altar où Karras remplace au pied levé Caliban. Comme me le dit un collègue photographe, à défaut de shooter Yann avec Mass Hysteria, on peut le photographier avec Karras, on fait donc du « Mass Karras »! Ce n’est pas le genre de la maison et le trio défonce tout pendant les 45′ qui lui sont allouées, entrainant avec lui un public aux anges.

Karras @HELLFEST 2024

Nous étions quelques uns à attendre avec impatience le passage des soeurs Wilson à Clisson… Et quelques uns à regretter que Heart annule sa venue. Alors, OK, Blues Pills est une valeur sure mais ne saurait remplacer les Américaines. Pourtant, comme toujours, les Suédois, menés par la toujours énergique Elin Larson, proposent un heavy rock groovy à souhaits qui, là encore, emporte le public dans un tourbillons dansant, sous le soleil qui plus est!

Blues Pills @HELLFEST 2024

Il reste quelques interview à faire, et la journée avance… Je prend enfin le temps d’aller faire un tour au Metal market pour y discuter de nouveau avec Saad Jones, l’écrivain m’annonçant s’attaquer enfin à son quatrième roman. un peu de lecture pour 2025? Espérons le. Je fini par quelques emplettes et file ensuite shooter ce qui sera mon dernier groupe de cette édition: Rival Sons, là encore très attendu par le public. Si les regards se portent comme toujours sur Jay Buchanan, chanteur aux pieds nus à la voix d’or, et son complice guitariste Scott Holiday, c’est un groupe tout sauf rival qui joue ce soir. Si certains ont fait part de leur étonnement quant au choix de faire jouer Rival Sons sur la Valley, les Américains assurent cependant ici une tête d’affiche remarquable. Auraient-ils cependant fait aussi bien sur une Main Stage? Pas sûr, alors prenons ici ce qu’il y a de bon, et de meilleur à prendre.

Rival Sons @HELLFEST 2024

Alors que je me dirige tranquillement vers la sortie, je saisi quelques instants de Foo Fighters . Pas assez cependant pour me faire une idée, suffisamment toutefois pour sentir le groupe délivrer un set propre et directement rock. Mais il est temps pour moi de reprendre la route. Alors que je chemine en direction de la voiture, je repasse dans mon esprit les instants forts de cette édition 2024 et les points à améliorer… Si l’ambiance générale a changé, pas forcément en mieux, j’ai pu passer beaucoup plus de temps avec les copains du monde entier – France, Espagne, Australie, Angleterre… – que d’habitude et faire de belles rencontres. Mais une fois encore, les kilomètres parcourus sont usant, et la dernière journée s’est avérée plus difficile que les années précédentes. Mais, une fois encore, le Hellfest, c’est aussi ça. Alors que les places de l’édition 2025 sont déjà parties, attendons maintenant les premières annonces pour la prochaine édition qui se tiendra du 19 au 22 juin 2025 – et dont l’ensemble des pass 4 jours ont, en ce 9 juillet, trouvé preneurs en moins de… 90′. Le Hellfest aligne décidément record sur record!

La Gardienne des Ténèbres

Interview: ANVIL

Interview ANVIL. Entretien avec Lips (chant, guitare). Propos recueillis au Trabendo de Paris le 25 février 2018

Jamais trop tard pour bien faire, dit-on? Ben tant mieux, car bien c’est au mois de février que cet entretien avec le furieux leader d’Anvil a eu lieu. Pounding the pavement est encore chaud, alors retrouvons Anvil en interview avec un Lips en pleine forme juste avant de rencontrer, pour la toute première fois de l’histoire du groupe, son public parisien!

Metal-Eyes :Lips, merci de me recevoir jsute avant votre concert de ce soir. Nous allons parler de votre album, de scène et de Anvil, naturellement ! Pounding the pavement est sorti il y a un mois. Quels sont les premiers retours que tu en as ?

Lips : J’en sais rien ! Comment le pourrais-je ?

Metal-Eyes :En lisant les critiques….

Lips : Je ne lis pas la presse ! La presse ne signifie rien pour moi, absolument rien ! ça a toujours été comme ça ! depuis 40, ça ne veut absolument rien dire, ça n’a jamais rien changé, et il en sera sans doute toujours ainsi !

Metal-Eyes : Le titre de votre album peut avoir plusieurs significations…

Lips : Hein ?

Metal-Eyes : Oui, en français, « battre le pavé » peut aussi faire référence aux prostituées qui arpentent le trottoir…

Lips : Non, non ! Faire le trottoir ? Non, fuck ! C’est incroyable ce que les gens peuvent avoir l’esprit tordu ! C’est tellement à côté de la plaque, je ne peux pas le croire ! Aw ! « Battre le pavé » signifie simplement que tu vas chercher du boulot. C’est aussi simple que ça ! C’est ce que ça veut dire, je ne sais pas où tu es allé chercher cette idée… Quoi ?

Metal-Eyes : Ben, c’est aussi ce que font certaines, arpenter les rues pour bosser…

Lips : Ce que ça veut dire, c’est comme le VRP qui vend des aspirateurs au porte à porte. Tu vas de porte en porte pour essayer de vendre ton truc. C’est en gros ce que nous faisons, on le fait depuis 40, du porte à porte, de club en club, de ville en ville, tenter de convaincre les gens que nous sommes suffisamment bons pour qu’ils achètent nos CD, t-shirts et pour qu’ils viennent  à nos concerts.

Metal-Eyes : Anvil a toujours été considéré comme un porte-parole du heavy metal classique, voire du speed metal, mais les temps ont changés en 40 ans. Alors, sans refaire l’histoire du groupe, quelle a été votre évolution entre vos deux derniers albums.

Lips : Un grand cycle… On a commencé en n’ayant pas idée de ce qu’on faisait, on a fait un paquet de découverte accidentellement exprès, avons développé un public, pas reconnu ce que nous avions créé… Des membres du groupes ont perdu de vue qui et ce que nous sommes, ont créé des tensions, sont partis, ne laissant que Robb (Reiner, batterie) et moi. Tu sais, notre guitariste originel a voulu s’approprier le crédit de « l’importance » qu’avait pris le groupe sur les 3 premiers albums sans pour autant prendre une once de responsabilité d’avoir tout foutu en l’air… Les bonnes choses mais pas les mauvaises ! Tu as le choix entre bosser avec Johnny Z., le patron de Megaforce, ou avec David Krebs, qui s’occupait de Scorpions, Aerosmith… Eh bien, tu ne vas pas t’acoquiner de ce genre de type qui s’occupe de Scorpions ou Aerosmith si tu fait du heavy metal ! Ce mec ne savait même pas qui diable nous étions. Tu te retrouves sur scène à jouer 666 et le mec vient te voir en disant « vous n’allez nulle part avec ça ! » Maintenant, 40 ans plus tard, devine quelle chanson a servi dans le film qui a fait un carton (The story of Anvil, 2008) ? 666 ! Ouais, on va nulle part avec ça ! Le guitariste à l’époque… on devait écouter tout ce qu’il disait : il nous a mis sur des dates avec Bryan Adams et Aerosmith, nous dit « voilà ce qu’on doit devenir » Hein ? Quoi ? A ce même moment, Johnny Z. prend des paris en signant Metallica, Anthrax, Testament et tous ces groupes de metal ! Il voulait signer Anvil, mais Dave ne voulait pas bosser avec lui ! Il a quitté le groupe, mais avant ça, a tout saboté. On a pu jouer avec Aerosmith devant des responsables de label, et le mec se défonçait sur cette putain de cocaïne, l’alcool, baisait n’importe où et… s’est planté en foutant en l’air toutes nos opportunités. Mais ça, il n’en assume rien ! Maintenant, on fait ce qu’on souhaite faire ! C’est pour ça que je parle de cycles : aujourd’hui, je sais exactement ce qu’on doit faire et avec qui le faire !

Metal-Eyes : Mais tu es toujours resté le même ?

Lips : Oui, et maintenant, en gros, on continue dans l’esprit dans lequel nous avons débuté, et on fonce. C’est ce que je fais !

Metal-Eyes : En 1983, Anvil connaissait une popularité similaire à celle de Metallica. Comment expliques-tu ces succès opposés par la suite ?

Lips : Parce que, entre 1983 et 1987, il n’y avait pas de disque ! Au moment le plus important de notre carrière, lorsque nous devrions proposer de nouveaux disques, partir en tournée, on fait quoi ? On reste assis et on ne fait rien ! On fait quoi ? On prépare un disque qui n’aurait jamais dû arriver. Et au moment où sort cet album, ce n’est pas le bon type de disque ! On peut toujours voir les choses avec du recul : ce qu’on aurait dû faire, c’est se séparer de cette mauvaise graine (Dave Allison), et si nous voulions avoir un second guitariste, aller chercher quelqu’un comme Marty Friedman, ou avoir un second lead guitariste comme nous l’avions fait pour l’album Worth the weight, et sortir ce disque au lieu de Strength of steel !

Metal-Eyes :Strength of steel, c’était votre choix ou vous avez subi l’influence de gens extériers?

Lips : On a été influencés ! Par David Krebs, et par Dave Allison qui a tout foutu en l’air ! C’était contre ma volonté… Tout était contre moi, j’avais à faire face à une mutinerie. Et j’avais le choix entre partir – ce que mon premier  label m’encourageait à faire : « barre toi et monte un nouveau groupe » ! – ou continuer et sombrer avec le navire. Eh bien, j’ai sombré avec le navire !

Metal-Eyes : Parce que tu en es le capitaine.

Lips : J’en suis le capitaine et… Que pouvais-je faire? Je les ai laissés monter à bord.

Metal-Eyes : Tu as sombré avec le navire, cependant, tu n’a jamais fait machine arrière.

Lips : Non!

Metal-Eyes: En 2008, il y a eu le film The story of Anvil. Ressentez-vous encore les effets que ce film a eu sur votre carrière ?

Lips : Oh, bien sûr… Tu vois, ça fait partie d’un tout. Quand tout a merdé dans les années 80, je me suis dit que je continuais, que je savais ce que je devais faire et comment le faire. Je me disais qu’un jour, un de mes fans allait grandir, devenir un responsable de maisons de disques ou quelque chose, et que j’allais enfin signer un contrat, que tout irait mieux, plus tard. C’est ainsi que je voyais les choses. Je sais que je suis un bon, très bon compositeur, je savais ce que j’avais en moi, ce que j’ai créé, ce qui est à moi que personne ne peut avoir : ma voix, mon jeu de guitare, tout cela est vraiment unique et, au bout du compte, ce sera reconnu. Si je travaille suffisamment et que j’en suis vraiment convaincu, c’est ce qui se passera ! Je raconte tout ça à Johnny Z. sur un parking et il me dit que je suis complètement dingue. « On cherche d’autres gars et on met le feu maintenant ! » Mais je ne pouvais le faire à ce moment, il fallait que je laisse toute cette tension retomber. Finalement, ce gamin qu’on a rencontré en 1992 au Marquee de Londres devient… scénariste pour Steven Spielberg. 25 ans plus tard, il revient dans ma vie et me dit « je vais faire un film ! » Moi ? « Bingo !Voilà le gars que j’attendais!” Ce que je disais à Johnny Z. s’est produit ! Et pas seulement ça, mais ce gars est allé voir Johnny Z., lui a parlé et Johnny Z. est dans ce putain de film ! Tout arrive pour une raison… Le film a-t-il eu un impact ? Oui, je le savais, même avant qu’il ne soit tourné ! Aussitôt que le réalisateur a dit – et on ne parle pas d’un rigolo avec une caméra vidéo, on parle d’un mec qui travaille à Hollywood ! – dès qu’il a dit on le fait, je savais que mon moment était enfin arrivé ! ce qui est triste en revanche, c’est le fait que les gens sont stupides, le grand public est vraiment stupide : ils viennent nous dire que la seule raison pour laquelle on est célèbres c’est le film… Allons ! La raison pour laquelle je suis connu, c’est la musique ! Il n’y aurait jamais eu de film s’il n’y avait pas d’abord eu la musique ! C’est clair, non ? Mais c’est facile à oublier parce que les gens oublient le passé, ils ne voient que le présent… Et ils ne regardent pas plus loin que ça ! Maintenant… après le film, le groupe serait mort sur place s’il n’avait pas de crédibilité. Si nous n’étions pas un bon groupe, notre histoire serait morte aussi rapidement que le film est arrivé. Mais ce n’est pas le cas. Nous sommes sortis, avons tourné et battu le pavé comme jamais nous ne l’avions fait de nos vie ! Le groupe est aujourd’hui 10 fois plus important qu’il ne l’a jamais été, même au plus haut des années 80 ! Ce qui est génial pour moi ! Ça ne pouvait tomber à un meilleur moment, dans le sens où… je ne peux plus aller bosser comme livreur, c’est fini, mon dos est flingué, je ne peux plus faire ce genre de boulot ! j’en ai fini avec ces boulots, mais ce avec quoi je n’ai pas fini, c’est le rock n roll. Tu n’en finis jamais ! Tu le fais, jusqu’à ta mort ! Maintenant, je finis par faire ce que j’étais supposé faire. J’ai dû emprunter cette route difficile – qui n’était pas si difficile… Ce qu’elle m’a apporté ? Une famille, ma propre maison, la sécurité pour le reste de ma putain de vie. Il y a des musiciens qui peuvent travailler une vie entière sans jamais rien obtenir ; J’ai tout obtenu, alors il n’y a aucune amertume.

Metal-Eyes : Je n’entends aucune amertume…

Lips : Non, non… Je veux simplement que le message soit clair : le groupe ne s’est pas planté parce qu’on était mauvais, le groupe s’est planté parce qu’on s’est fait baiser. Baisés comment ? Venons-y : en 1982, Attic records a vendu nos droits à un label français, je ne sais plus lequel. Ils ont pressé, piraté, des centaines de milliers de picture discs de Hard and heavy et Metal on metal, les ont distribués à travers la planète sans nous verser un putain de centime ! Anvil a vendu des centaines de milliers d’albums qui n’ont jamais été comptabilisés.

Metal-Eyes : C’est vraiment l’histoire d’Anvil…

Lips : Oui, et personne ne peut dire qu’on pue et qu’on n’a jamais rien vendu, rien de tout ça n’est vrai. Ce sont des faits !

Metal-Eyes : Comment expliques-tu le fait de n’avoir que rarement joué en France, et jamais à Paris ?

Lips : Peut-être qu’il y a un rapport avec ces bootlegs ? Peut-être que les gens dans ce business, ici, en France, sont des branleurs malhonnêtes…J’en sais rien, pour tout te dire. Mais j’ai une punaise dans les fesses qui me gêne, et qui m’a gêné pendant des années : on a signé des dates un bon nombre de fois, et elles ont été annulées. Pourquoi ? Je n’en sais rien.

Metal-Eyes : Mais ce soir, vous êtes ici…

Lips : Nous sommes ici, j’en suis reconnaissant et super content, et je vais donner au public ce qu’il est venu : un spectacle que personne ne sera prêt d’oublier ! C’est ce qui va se passer ! (rires)

Metal-Eyes : Il y a deux ans, vous étiez censés jouer à Paris, mais encore une fois, ça a été annulé, mais pas la date de Lyon… Tu te souviens de la raison de l’annulation…

Lips : Non… Il y a toujours une raison, mais on ne me la donne jamais. En 1983, on devait déjà jouer au Moulin Rouge avec Overkill… Ça avait aussi été annulé ! Je ne sais pas si on déjà joué à Paris ! En 1982, on devait ouvrir pour Accept ! La veille du concert, un des gars d’Accept est tombé de scène et s’est cassé la jambe ! Ce concert aussi a été annulé ! Malchance, j’en sais rien !

Metal-Eyes : Tu a vécu beaucoup de choses avec Anvil, quels sont encore tes rêves de réalisation avec Anvil ?

Lips : Il ne s’agit pas de savoir ce dont je peux rêver ; tous mes rêves sont devenus réalité, tout ce que je voulais est arrivé. Si je meurs demain, ça roule. Ma place est un bon endroit, j’adore ce que je fais et je profite de chaque instant de ma vie, à 100%.

Metal-Eyes : Si tu devais choisir une chanson de votre dernier album pour expliquer aux gens ce qu’est Anvil aujourd’hui, ce serait laquelle ?

Lips: Doing what I want !

Metal-Eyes : Pour quelle raison ?

Lips : Parce que je fais ce que je veux ! (rires)

 

ANVIL live à Paris! Le Trabendo, 25 février 2018 (avec Trance)

Voir un Zénith en petite configuration, on en a l’habitude, mais que le Trabendo, club de 700 places, décide de faire de même??? Sans doute le fait que la France entière soit en vacances – certains sont rentrés la veille, d’autres viennent de rejoindre les stations de sport d’hiver – explique-t-il qu’environs 300 personnes soient venues acclamer des miraculés. Trance, les Allemands à l’origine de Break out et Power infusion au début des 80’s, récemment reformés et Anvil qui donne ce soir son premier concert parisiens en… 4 décennies de carrière. 40 ans et pas un seul passage dans la capitale, chacun des concerts ayant dû, pour une raison ou une autre, être annulés. Et, pour l’avoir interviewé juste avant, je peux vous dire que Lips est loin de se décourager malgré la faible affluence. On a même l’impression que c’est le contraire tant le gaillard est remonté comme un ressort!

Trance, accompagné au chant du jeune Nick Hollman, bénéficie d’une demi-heure pour convaincre. Sans surprise, si le public, principalement des quinquas voire plus agés, est également familier avec le groupe formé en 1977 puisque Trance concurrençait directement Scorpions sur le terrain du heavy rock. Séparés puis revenus sous le nom de TranceMission au début des années 2000, Trance réapparaît récemment sous son nom d’origine et semble décidé à reconquérir son public, à qui il propose d’ailleurs un nouvel album, The loser strikes back. La voix puissante et haut perchée de Nickfait son effet, sa jeunesse dynamise la prestation – comme lorsqu’il décide de sauter sur les enceintes pour dominer, prudemment!, le public. Les anciens, Tommy Klein et Markus Berger donnent ce qu’ils peuvent, et l’apport d’Eddie St James, au look glam à souhait, est remarquable. Même si les Heavy metal queen, Break the chains et Looser sont interprétés à la perfection, je ne peux m’empêcher de trouver un sacré coup de vieux à ces compos qui marquèrent mon adolescence… Un prestation sympathique néanmoins, et suffisamment rare pour en profiter à fond.

A 20h30, la tête d’affiche Anvil ne se fait pas prier, d’autant que Lips a fini ses réglages sous les encouragements du public. Les lumières à peines éteintes, Rob Reiner s’installe derrière ses futs et lance la machine. Christ, dernier bassiste en date, se pose face au public tandis que Lips fait une rapide apparition sur la scène, le temps d’annoncer que « ça fait 40 putain d’années qu’on veut jouer ici! 40 ans et à chaque fois, nos concerts ont été annulés!  Pas ce soir! », scène qu’il quitte aussitôt pour réapparaître, quelques instants plus tard, au milieu du public. Phiphi s’en souviendra longtemps de ces minutes passées juste à côté du Canadien qui lance le set avec un March of the crabs qui donne le tempo de la soirée !

La suite mélange avec bonheur morceaux vintage  – à commencer par l’incontournable 666 -et titres plus récents (Doing what I want, This is 13, Bitch in the box…)souvenirs et humour, parmi lesquels Lips évoque ses soirées passées avec Lemmy, et l’imite, lors de la tournée Another perfect tour. Un long discours, mais fun, comme les grimaces dont ne sont avares ni Christ – il a vraiment la gueule de l’emploi, mais se révèle un bassiste exemplaire – ni Lips, jamais dernier à rigoler, même si tout est fait avec le plus grand soin.

Le solo de Free as the wind a l’air si facile et pourtant… Après On fire, Lips a une pensée hommage au producteur Chris Tsangarides, récemment disparu et qui avait notamment travaillé sur Metal on metal ou This is thirteen avant de revenir aux affaire et d’offrir un nouveau joli solo sur Mothra, solo effectué à l’aide – on le savait pourtant, je l’avais oublié, ce coup là! – à l’aide d’un vibromasseur! Les yeux pétillant de Lips en disent long sur son plaisir… Puis il se souvient d’Enfer magazine, souvenir qui ne rajeunit personne, avant d’attaquer Bitch in the box avant que Robb Reiner ne soit enfin mis à l’honneur avec son solo d’une incroyable efficacité sur Sweetie thing. Comme si ce dernier n’avait pas assez donné de double pédale, Anvil livre un Ego – qui parle de ceux qui ont une trop grande impressions d’eux mêmes – dantesque avant un Die for a lie sans doute moins percutant.

Incontournable du répertoire des Canadiens, Metal on metal voit le public mis à contribution version G.O, et sonne les rappels. Robb reste planqué derrière sa batterie et martèle un bord de tom, et Anvil nous propose deux dernières cartouches, Running et un version remaniée de Born to be wild. Pour son dépucelage parisien, et malgré une faible affluence, Anvil aura tout donné deux pleines heures durant. Une soirée mémorable qu’on espère voir rééditée bientôt!

Merci à Roger Wessier et Base prod d’avoir rendu ce live report possible.

ANVIL: Pounding the pavement

Heavy metal, Canada (SPV, 2018)

Si Anvil a connu, au cours des années 80, un joli début de gloire pour mieux sombrer dans un injuste oubli, il fait aujourd’hui, depuis le film qui lui a été consacré, partie des éternels challengers. Sans aucun doute le capricieux succès restant à la porte a-t-il inspiré le titre de ce nouvel album. Car Anvil ne lâche rien et continue de battre le pavé (Pounding the pavement, en anglais, et accessoirement le titre de son nouvel album) en rongeant son frein. L’envie est toujours présente, et cela s’entend dès Bitch in the box, un heavy carré et entraînant à la mélodie mémorisable. La voix de Lips est puissante et rugueuse et sied parfaitement. Anvil s’amuse par la suite avec les rythmes proposant ici du speed (Ego), de la lente oppression (Smash your face, pas totalement convainquant), un instrumental efficace (Pounding the pavement, qui m’évoque Accept), du rock n roll débridé à la Motörhead (Rock that shit, le bien nommé), du heavy pur jus, mais toujours teinté de mélodies variées et puissantes. Pounding the pavement est un album qui sent le plaisir de jouer, et parfaitement adapté pour les concerts. Espérons seulement qu’Anvil puisse, sans morceau immédiat, trouver un public plus large, ce qu’il mérite vraiment.