HELLFEST 2024: Le report

La Gardienne des Ténèbres

« Le monde a changé… » Les mots qui introduisent le premier volet du Seigneur des anneaux sont ici adaptés. Parce le Hellfest, aussi, a changé et change. D’année en année, le plus grand festival français de musiques extrêmes poursuit sa transformation et le monstre mue et évolue. Les changements sur le site, s’ils se font moins notables sont pour autant tout aussi remarquables. pour le plaisir des yeux et des oreilles, Metal-Eyes a sillonné le site de long en large, de fond en comble. En 4 jours, ce sont plus de 80 km parcourus, une paire de baskets HS, quelques 36 concerts couverts – avec, pour je crois la première fois depuis longtemps, toutes les scènes visitées, avec notamment un record pour la Warzone – trois saisons vécues en l’espace de ces 4 journées, des averses de dingue mais pas assez longues cependant pour que le site ne se transforme en terrain boueux. Et surtout, des rencontres, des retrouvailles, des découvertes à gogo. Un Hellfest intense et usant, mais c’est aussi ça! Comme il est impossible de tout relater ici, je vous invite à m’accompagner dans mes humbles souvenirs de ce dernier week-end en enfer!

The Sanctuary by night

Commençons cependant, comme il se doit, par les sources d’insatisfaction… Bien que l’orga ait annoncé une fréquentations de 240.000 festivaliers, on a bien souvent l’impression de côtoyer plus de 70.000 personnes par jour. Il n’y a pas qu’à simplement rajouter les invités, les médias ou les bénévoles, mais bien, semble-t-il, du public. En plus de ça, le journal régional s’en fera le relais, entre les files d’attentes pour aller se soulager la vessie – le Hellfest avait déjà bien travaillé le sujet, mais cette année, force est de constater, les longues files d’attentes en témoignent, qu’il y a eu un cruel manque de WC – et le fait de ne plus se voir proposer de « petits » formats de boissons – on oublie les 25cl au profit unique des pintes – une relation de cause à effet? – joue sans doute en ce sens. On notera également une sorte d’aspect plus « touristique » de la population. Certains pouvaient, à tort, reprocher, il y a quelques années au Hellfest d’être une sorte de Disneyland metal, on ne peut que constater qu’aujourd’hui on s’en rapproche de plus en plus, même dans un esprit post apocalyptique. Même si l’arrivée annoncée de la Gardienne des ténèbres, gigantesque création des machines de Nantes attire les regards, on ne peut que constater – déplorer diraient certains – le côté too much du Hellfest cuvée 2024, d’autant plus avec les annonces faites par Ben Barbaud à la fin du week end – Muse ou Coldplay pourraient y avoir leur place. Que le Hellfest soit plus populaire est une bonne chose, mais on a parfois l’impression que l’esprit originel de défenseur des musiques extrêmes a cédé le pas au profit du dieu marketing et/ou capital. Le Hellfest est devenu une marque commerciale à part entière, soit, mais lorsqu’elle se décline autant – pas un supermarché qui ne propose des dizaines de produits dérivés, principalement des boissons, de la bière au whisky, mais également des jeux, des aromates épicés… – on peut se demander où est passé l’esprit aventurier des débuts. La rançon du succès passe sans doute également par là.

Parmis les satisfactions, il y a ce constat que, enfin, Altar et MS1 ne jouent pas en même temps, ce qui permet une meilleure écoute. Logiquement, l’alternance se fait en respectant un rythme MS1/Temple et MS2/Altar tant que cela est possible, à savoir en journée. Egalement, les ombreux points d’eau sont facilement accessibles et permettent donc de s’hydrater comme il le faut.

Lemmy veille. Toujours.

Il n’empêche, la machine Hellfest propose une affiche variée qui, même si elle m’emballe moins cette année, a de quoi séduire tous les publics amateurs de musiques amplifiées, du plus mainstream au plus spécialiste .

Jeudi 27 juin

Le Hellfest commence désormais tranquillement le le jeudi après midi. Les portes ouvrant vers 14h, je fais tranquillement la route depuis Orléans pour trouver place au parking et récupérer sans pression mon accréditation. Le temps de dire un rapide bonjour aux quelques copains déjà présents, je file assister au premier concerts. Un coup d’oeil au Sanctuaire, l’espace merch officiel du Hellfest m’incite à ne pas prendre place dans le queue – il y en a déjà pour trois heures d’attente, alors qu’on circule très facilement du côté des espaces merch des artistes. Bien que The Sanctuary soit une superbe initiative, il semble nécessaire de repenser cet antre afin de fluidifier la circulation du public et faciliter ses achats. Sans doute peut-on imaginer un second temple?

Maintenant, les concerts. Sur la Mainstage 1, on a pu se défouler avec Slaughter To Prevail qui a démonté le public témoin d’exactions sans pareil. Quoique… Kerry King et sa troupe ont expliqué à l’ensemble du public n’en avoir rien à faire d’une retraite et revient aux affaires avec force conviction. Brutal et direct, le show de « l’ex »-Slayer a mis tout le monde d’accord. C’est peu dire que le gang ait mis le feu tant la pyro était de mise. Impressionnant retour!

Kerry King @HELLFEST 2024

Megadeth a aussi su se placer en maître incontesté du thrash classieux, mais, ayant vu la nouvelle formation de maître Dave Mustaine une semaine à peine plus tôt, j’ai préféré aller assister à un autre concert (ce que je ferai également pour Extreme et Tom Morello pour les mêmes raisons).

Du côté des tentes, malgré un propos musical explosif, j’ai trouvé Immolation très concentré et attentif à son sujet. Seuls quelques instants se sont révélés plus fulgurants pour un concert que d’aucuns pourraient qualifier de sobre.

Immolation @ HELLFEST 2024

Ce ne fut pas le cas des Mexicains de Brujeria qui, visiblement très attendus, ont donné une prestation des plus explosives d’un death grind aux relents simplement brutaux.

Brujeria @HELLFEST 2024

Il en est allé de même avec les très attendus Japonais de Crystal Lake qui ont proposé leur metalcore à un public des plus denses venu en nombre envahir la warzone. Circle pits et slams de rigueur ont émaillé ce concert haut en couleurs.

Crystal Lake @HELLFEST 2024

J’ai, cette année, quelque peu déserté la Mainstage 2. Une programmation attirante sur d’autres scènes explique en partie cette désaffection, mais un « détail » m’a quelque peu convaincu de m’en éloigner: désormais, la scène se situe à plus de 3m de hauteur et y faire des photos s’avère peu intéressant. Des bustes, des instruments coupés, une distance et un éloignement peu propice au plaisir de l’image. J’ai ainsi renoncé à assister aux concerts de Savage Lands – pourtant à découvrir – de Steel Panther – on sait à quoi s’attendre – Rhapsody Of Fire, malmsteen, Accept, Bruce Dickinson, Saxon, Frank Carter ou encore Corey Taylor. Mais les concerts auxquels j’ai pu assister, sinon photographier, valaient le détour.

A commencer par Landmvrks qui, même si je ne suis pas sensible à la musique, a simplement tout démonté et retourné le public avec une prestation explosive de bout en bout. C’est simple: la sécu a vraiment commencé à travailler avec Landmvrks qui a vu une nuée de crowd surfers se diriger vers la scène.

Landmvrks @HELLFEST 2024

Dropckick Murphys ne fut pas en reste, le rock punkisant et festif des Américains étant naturellement taillé pour la scène. Impossible de résister à cette folle envie de guincher! Même Al Barr, le chanteur a le regard ébahi en voyant un spectateur surfer sur la foule dans son fauteuil roulant. Déjà au contact du public, le chanteur tout souriant va le saluer et lui taper la pogne. ce n’est que le début d’un concert festif et explosif, celui qui clôt en beauté cette première journée.

Vendredi 28 juin

Le vendredi débutera sous Altar avec une première claque infligée par Karma Zero. Le public est déjà présent, et se prend lui aussi un bon coup derrière la tête.

Karma Zero @HELLFEST 2024

Je file sur MS1 retrouver les Français de 7Weeks qui donnent une jolie prestation devant un public encore épars – bon… quelques milliers de personnes à 11h du mat, on est souvent preneur. Axant son court set sur ses derniers morceaux, le trio séduit comme il se doit.

7Weeks @HELLFEST 2024

A coté, sur Main 2, ce sont les Espagnols d’Ankor qui délivre un set aussi enjoué que puissant. Le groupe mixte, qui existe depuis le début des années 2000, fait une belle impression et remporte incontestablement de nombreux suffrages.

Angkor @HELLFEST 2024

Je me laisse ensuite tenter par les Japonaises de LoveBites – et me surprends à penser que, depuis deux jours, je n’ai sans doute, et tant mieux, jamais vu autant de femmes sur les scènes du Hellfest. Toute de blanc habillées, les jeunes femmes présentent cette grande, très grande différence d’avec leurs consœurs de Baby Metal (passées la veille sur MS2) de vraiment jouer de leurs instruments. Une belle découverte visuelle sinon musicalement mémorable. Ce sera – malheureusement ou pas – ma dernière MS 1 du jour.

Love Bites @HELLFEST 2024

Je dois déserter le site et ne reviens que pour le set de Lofofora. Comme à son habitude, Reuno est enragé et, en ce week end électoral, n’hésite pas – le contraire eut été surprenant – à lancer messages et consignes. Mais, voilà que la scène est investie par deux femen, mini jupes et seins à l’air, armées de fumigènes et d’une banderole, scandant de longues minutes durant que « l’enfer c’est vous, nous c’est MeToo« . Une intervention planifiée qui casse le rythme du concert des Français, tous s’étant retirés de scène laissant les filles faire leur show – peu convainquant selon moi.

Lofofora @HELLFEST 2024
Lofofora @HELLFEST 2024

Les interviews commencent et je reviens sous Temple pour découvrir les Allemands de Kanonenfieber, formation spécialisée dans la première guerre mondiale dont les musiciens sont en uniforme et masqués. Un décor de tranchées, de barbelés et un canon qui tonne ajoutent un intérêt visuel au death/black du groupe visiblement attendu.

Kanonenfieber @HELLFEST 2024

Je zappe volontairement Steel Panther dont le show ne réserve guère de surprise sauf pour ceux qui découvrent le groupe live. Je leur préfère Satyricon qui remet aussi les pendules à l’heure sous Temple. On ne rigole pas à cette heure de la journée!

Satyricon @HELLFEST 2024

Après avoir couvert leur concert à Orléans, je ne pouvais rater le show de Shaka Ponk. Certains disent que Frah et sa bande n’ont rien à faire au Hellfest, Shaka leur démontre le contraire! La foule qui se masse devant la MS2 prouve bien l’intérêt public que suscite le groupe! Dommage seulement qu’il faille être sur liste pour les shooter… Je décide de m’apporcher de la scène et se frayer un chemin se fait en jouant des coudes. une foule remonte dans l’autre sens, mais, arrivé devant les barrières, je comprends pourquoi: les crowd-surfers n’arrêtent pas d’arriver par vagues entières, donnant un sacré boulot à la sécu, cette foule quittant les lieux le sourire aux lèvres. Comme toujours, le chanteur saute dans le public, se faisant porter par lui – on notera le final pour lequel deux cubes l’un sur l’autre lui servent de plongeoir sous les yeux ébahi d’un agent de sécurité qui semble se dire « nannn… il ne va pas faire ça?!? » – tandis que sa complice Sam va le narguer avec ses gentilles provocs. Sans conteste une des meilleures performances du week-end!

Le temps de remonter le courant, Machine Head est déjà sur scène devant un public tout acquis à sa cause. Visiblement, Flynn met le feu et retourne MS1, mais je n’assiste au concert que de loin… Dommage, Machine Head semblant plus qu’en excellente forme.

Samedi 29 juin

J’aime aller voir les groupes que je vais rencontrer… Même s’il y a parfois des ratés, je me lève tôt pour aller voir Darken. Las, le groupe ouvre la journée du samedi sous la pluie ce qui a sans doute calmé les (h)ardeurs de certains festivaliers. En plus, la tête d’affiche de ce soir a installé un gigantesque demi cercle… Metallica veut se rapprocher de son public mais impose une grosse distance aux autres groupes… Darken ne se laisse pour autant pas démonter et donne un set thrash et direct.

Darken @HELLFEST 2024

Mon regard est attiré par un duo qui, sous Temple, semble attirer les regard et attise ma curiosité. La journée s’annonce folk aujourd’hui et je découvre Eihwar aux tonalités nordiques et à la musique simplement envoutante. Les Français séduisent et marquent quelques points avec une prestation élégante.

Eihwar @HELLFEST 2024

Direction la Warzone pour aller soutenir The Dead Krazukies, là encore en belle forme. On sent les basques à l’aise et visiblement ils n’ont qu’une chose en tête: des circle pits et des wall of death, jeux auxquels le public se prête volontier dans la bonne humeur. Ce genre de punk là est fait pour mettre le feu à cette scène, et le pari est gagné.

The Dead Krazukies @HELLFEST 2024

Les Néo-Zélandais d’Alien Weaponry ont déjà fait connaissance avec le HF en 2022 et ne s’en laissent pas compter. Débutant leur set avec leur traditionnel Haka, ils ne se laissent pas impressionner par la-dite scène et investissent à loisir l’espace de Metallica pour aller chercher le public.

Alien Weaponry @HELLFEST 2024

Matthieu, transfuge de Skald, a monté son propre projet pagan viking avec son épouse, Christine. Le duo se partage le chant au coeur de Hrafngrimr (ça se prononce Raven Grimer, facile, non?), un groupe dont l’originalité, outre les instruments « sur mesure » est de comporter en son sein deux danseuses dont la gestuelle illustre chacun des titres et des musiciens provenant de divers groupes, dont Mus d’Arkan. Les chansons, justement, aériennes et légères, entraine l’auditeur dans ces univers nordiques. Encore une formation plus que séduisante évoluant dans un univers décidément très en vogue.

Hrafngrimr @HELLFEST 2024

C’est avec plaisir que je retrouve Anvil, pile au bon moment, Lips nous offrant son légendaire solo de guitare avec godemichet. Le trio est en forme et délivre un set fun et apprécié du public qui semble apprécier les facéties du bassiste édenté Chris Robertson.

Anvil @HELLFEST 2024

Enfin! Oui enfin! pourrais-je dire Car Black Stone Cherry reste un de rares groupes que je n’ai pas encore eu l’occasion d’acclamer sur une des scènes du Hellfest. mené par un autre Chris Robertson au chant et à la guitare, le groupe est lui aussi en forme et profite du soleil pour délivrer un set qui résume bien sa carrière. Steve Jewell, qui remplace Jon Lawhorn à la basse depuis son départ, a trouvé ses marques et s’est parfaitement intégré au groupe. Toujours aussi explosif, Ben Wells saute comme un cabris, arpentant la scène de long en large tandis que le batteur John Fred Young s’agite derrière ses fûts, bien éloigné du public. Un set un peu trop court, mais ce sont aussi là les règles d’un festival. Vivement un retour en salle!

Black Stone Cherry @HELLFEST 2024

Ce samedi est la journée la plus chargée en matière d’interviews. Une fois les premières faites, je préfère retourner vers la Warzone pour découvrir, enfin, le cultissime Didier Wampas Psycho Attacks. Une chemise de touriste exotique sur le dos, le gaillard propose un set fun et n’hésite pas non plus à se faire porter par le public aux anges. Rien de très sérieux dans sa musique, le groupe propose un set simplement fun et quelque peu irrévérencieux.

Didier Wampas Psycho Attacks @HELLFEST 2024

Je découvre ensuite, sur cette même scène et sous la pluie qui revient, Nekromantix, groupe au look piqué à Marlon Brando ou James Dean, proposant un rock vintage énergique joué avec une contrebasse forgée dans un cercueil par des musiciens peu sérieux (le batteur qui vient se poser devant la scène pour se laquer la banane…) maitrisant cependant leur sujet.

Nekromantix @HELLFEST 2024

Malgré la pluie qui se fait dense, la file de photographes et la foule qui prend place devant la Valley indique que Mr. Bungle est attendu. Si Mike Patton est attendu comme jamais, la troupe compte également en ses rangs de fines gâchettes: Scott Ian et Trey Spruance aux guitares, Trevor Dunn à la basse et Dave Lombardoo à la batterie pour un cocktail musical déjanté et envoutant. On ne s’y trompe pas, et la pluie n’empêche ni le public de rester, ni le groupe de s’éclater.

Mr Bungle @HELLFEST 2024

Je rentre de la Valley pour aller me protéger dans un espace VIP ultra blindé – l’espace presse a fermé ses portes comme tous les jours à 22h précises – y découvrir l’ami Erwan affalé qui a raté le groupe qu’il attendait pourtant avec l’impatience d’un gamin excité, et, comme de nombreux autres, patiente le temps que la météo se calme. Dans quelques minutes, Metallica sera sur scène et la foule commence a déserter le VIP pour aller braver les éléments. Oui, il est temps d’aller rendre hommage aux patrons, mais il s’avère rapidement compliqué de se faufiler assez près pour pouvoir vraiment voir ce concert. Alors j’écoute. De loin, et je regarde un peu ces écrans partagés qui ne laissent guère voir grand chose. Creeping death ouvre le concert avec détermination, et la suite est prometteuse. Mais quel intérêt de regarder des écrans? Je décide alors de quitter les lieux alors que les Horsemen annoncent leur désormais traditionnelle reprise: ce soir, il s’agit de… L’aventurier (Bob Morane) d’Indochine, groupe que je n’ai jamais aimé mais je ne peux que m’incliner devant le fait accompli: Metallica parvient sans peine, malgré une interprétation foireuse, à faire chanter en chœur 60.000 spectateurs, et ça, c’est fun. Las, la fatigue de la journée l’emporte et je rentre me coucher, renonçant à regret au concert de Saxon…

Dimanche 30 juin

Dimanche, dernier jour… Je commence la journée avec Sang Froid dont l’album proche de la new wave m’avait séduit et que je dois rencontrer un peu plus tard dans la journée. Un concert étonnant qui permet aux musiciens d’échapper à leur quotidien plus violent (certains viennent de Regarde Les Hommes Tomber).

Sang Froid @HELLFEST 2024

Direction MS2 pour assister à un concert étrange… Rapidement, je me demande ce que Hotwax fait là, ne parvenant pas à saisr l’intérêt de leur présence à Clisson. Un esprit à la L7, des clins d’oeil au punk féminin? J’ai sans doute raté quelque chose et je n’accroche pas.

Hot Wax @HELLFEST 2024

C’est donc sans regrets que je retourne sous les tentes, cette fois sous Altar, pour voir Deficiency, groupe que je suis depuis quelques temps mais que je n’ai pas encore vu live. Le moins qu’on puisse dire est que les Français connaissent également leur affaire et dépotent autant que possible.

Destinity @HELLFEST 2024

Après avoir erré sous les tentes, je me dirige vers MS pour voir les foldingotes de Nova Twins qui, avec leur funk groovy et metallique, et leur look un peu moins improbable qu’on aurait pu s’y attendre, séduisent la petite foule présente. Amy Love et Georgia South emportent tout sur leur passage dont de nombreux suffrages publics. En cinq ans – elles se sont déjà produites ici même en 2019 – les « jumelles » ont évolué pour le mieux et le prouvent aujourd’hui encore.

Nova Twins @HELLFEST 2024

Je file ensuite sous Altar où Karras remplace au pied levé Caliban. Comme me le dit un collègue photographe, à défaut de shooter Yann avec Mass Hysteria, on peut le photographier avec Karras, on fait donc du « Mass Karras »! Ce n’est pas le genre de la maison et le trio défonce tout pendant les 45′ qui lui sont allouées, entrainant avec lui un public aux anges.

Karras @HELLFEST 2024

Nous étions quelques uns à attendre avec impatience le passage des soeurs Wilson à Clisson… Et quelques uns à regretter que Heart annule sa venue. Alors, OK, Blues Pills est une valeur sure mais ne saurait remplacer les Américaines. Pourtant, comme toujours, les Suédois, menés par la toujours énergique Elin Larson, proposent un heavy rock groovy à souhaits qui, là encore, emporte le public dans un tourbillons dansant, sous le soleil qui plus est!

Blues Pills @HELLFEST 2024

Il reste quelques interview à faire, et la journée avance… Je prend enfin le temps d’aller faire un tour au Metal market pour y discuter de nouveau avec Saad Jones, l’écrivain m’annonçant s’attaquer enfin à son quatrième roman. un peu de lecture pour 2025? Espérons le. Je fini par quelques emplettes et file ensuite shooter ce qui sera mon dernier groupe de cette édition: Rival Sons, là encore très attendu par le public. Si les regards se portent comme toujours sur Jay Buchanan, chanteur aux pieds nus à la voix d’or, et son complice guitariste Scott Holiday, c’est un groupe tout sauf rival qui joue ce soir. Si certains ont fait part de leur étonnement quant au choix de faire jouer Rival Sons sur la Valley, les Américains assurent cependant ici une tête d’affiche remarquable. Auraient-ils cependant fait aussi bien sur une Main Stage? Pas sûr, alors prenons ici ce qu’il y a de bon, et de meilleur à prendre.

Rival Sons @HELLFEST 2024

Alors que je me dirige tranquillement vers la sortie, je saisi quelques instants de Foo Fighters . Pas assez cependant pour me faire une idée, suffisamment toutefois pour sentir le groupe délivrer un set propre et directement rock. Mais il est temps pour moi de reprendre la route. Alors que je chemine en direction de la voiture, je repasse dans mon esprit les instants forts de cette édition 2024 et les points à améliorer… Si l’ambiance générale a changé, pas forcément en mieux, j’ai pu passer beaucoup plus de temps avec les copains du monde entier – France, Espagne, Australie, Angleterre… – que d’habitude et faire de belles rencontres. Mais une fois encore, les kilomètres parcourus sont usant, et la dernière journée s’est avérée plus difficile que les années précédentes. Mais, une fois encore, le Hellfest, c’est aussi ça. Alors que les places de l’édition 2025 sont déjà parties, attendons maintenant les premières annonces pour la prochaine édition qui se tiendra du 19 au 22 juin 2025 – et dont l’ensemble des pass 4 jours ont, en ce 9 juillet, trouvé preneurs en moins de… 90′. Le Hellfest aligne décidément record sur record!

La Gardienne des Ténèbres

7 WEEKS: Fade into blurred lines

France, stoner (F2M planet, 2023)

« La route a été longue et semée de doutes, de ceux qui font même penser à jeter l’éponge » ou encore « Cette montagne d’épreuves, les Limougeauds l’ont vraisemblablement surmontée ». C’est ce que j’écrivais dans ma chronique de Sisyphus, le précédent album de 7 Weeks paru début 2020. Qui alors pouvait se douter de l’épreuve que le monde entier allait subir, la pandémie Covid enfermant la planète presque tout entière… Impossible alors de promouvoir et de soutenir ce disque, obligation de reprendre sa tâche depuis rien du tout, à limage justement de ce Sisyphe condamné à pousser une pierre jusqu’au sommet de la montagne pour la voir retomber et reprendre son ouvrage, inlassablement, éternellement… Que penser alors de la pochette de ce nouvel album, Fade into blurred lines (littéralement traduit par « se fondre dans des lignes floues »), illustrée par une statue de Don Quichotte à cheval? Le héros se battant contre des moulins à vent, doit-on comprendre ici un message de perte d’espoir des Limougeauds? Et pourtant, ils en mettent du cœur à l’ouvrage, et ce nouvel album nous en apporte une nouvelle fois la preuve. 7Weeks sait aller à l’essentiel en proposant 9 titres pour seulement 35 minutes d’écoute. Le temps d’un album de l’ancien temps, diront certains. Ce faisant, 7Weeks se recentre sur le principal, propose une musique plus directe bien que variée, toujours chantée dans un anglais impeccable. L’inamovible duo fondateur – Julien Bernard (chant et basse) et Jérémy Cantin-Gaucher (batterie) a cette fois réduit la voilure en faisant uniquement appel aux services guitaristiques de Gérald Gimenez. Les trois brillent tout au long des Gorgo, Blackhole your heart, Castaway ou autres Travellers avec des riffs directs et une rythmique terre à terre. Pas de fioritures qui puisse venir troubler la voix chaleureuse et profonde de Julien Bernard. Fade into blurred lines est une réussite de bout en bout qu’on a envie – c’est aussi le principe des albums courts – de réécouter rapidement. Et ça, c’est un gage de qualité.

7 WEEKS: A farewell to dawn

7weeks-2016France, Stoner (Overpowered records, 2016)

Sombre. Oppressant. Deux adjectifs assez faciles pour définir le nouvel album des Français de 7 weeks. Une première écoute qui en nécessite un peu plus pour découvrir toutes les richesses de ce A farewell to dawn. Voici un album qui passe par différentes couleurs, plusieurs tessitures et émotions. S’il commence lourdement, dans une pure tradition stoner, avec King in the mud, on sent une touche de romantisme mélancolique sur The ghost beside me avec ses guitares aériennes et ses passages évoquant tant Bowie que Pink Floyd. Ohka, un court instrumental, précède un Kamikazes qui démarre avec grâce avant de monter en puissance. Broken voices, plus virulent, se rapproche d’une des influences de 7Weeks, Queens Of The Stone Age dans sa construction et son break halluciné. Le titre éponyme, un second instrumental, semble inspiré par un Vangelis perdu dans la nature. Là encore, la mélancolie s’installe. January, que vous pouvez découvrir en vidéo, très ambiancé, est tel un arc en ciel sombre, tout en nuances. A well kept secret et Knots viennent puissamment conclure ce disque à la fois intrigant et prenant; Car A farewell to dawn fait partie de ces albums d’un accès peu évident mais dont on a rapidement du mal à se défaire.

Interview: 7Weeks

logo7weeks_title_black

Entretien avec Jérémy Cantin-Gaucher (batterie) Propos recueillis à Paris le 19 octobre 2016

SONY DSC

C’est au Hard Rock Cafe de Paris que les fondateurs de 7Weeks, formation stoner de Limoges qui publie le superbe A farewell to dawn, se sont arrêtés. Jérémy a reçu Metal Eyes pour tout nous dire, et parfois se faire l’écho de nos questions, sur ce nouvel album bientôt chroniqué. Interview express.

Metal-Eyes : Comme c’est la première fois que nous nous rencontrons, peux-tu me raconter l’histoire de 7Weeks qui a déjà quelques albums à son actif?

Jérémy : 7Weeks est un groupe que nous avons formé en 2006. On a vraiment commencé à tourner en 2007, 2008, on a sorti… 3  albums, celui-ci est le quatrième, 2 Ep, on a beaucoup tourné en Europe, en festivals. On a fait pas mal d’affiche, et c’est un groupe de rock, heavy rock.

Metal-Eyes : J’ai pu écouter votre dernier album qui est un disque sombre, sans être oppressant, qui rentre dans la catégorie stoner. Comment, pour quelqu’un qui vous découvre, décrirais-tu 7Weeks ?

Jérémy : Pour quelqu’un qui découvre 7Weeks? Pour faire vite, c’est un mix entre Queens Of The Stone Age, Nine Inch Nails et David Bowie. Pour faire très vite…3 influences assez importantes et diversifiées.

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu votre évolution entre les deux derniers albums, Carnivora et A farewell to dawn ?

Jérémy : Que s’est-il passé ? Déjà, ce dernier album, on l’a fait entièrement à deux, avec Julien. D’un point de vue texture, on a poussé un peu plus loin l’utilisation des claviers, on est parti dans une utilisation un peu plus synthétique, contrairement aux claviers de Carnivora qui étaient plus de type Hammond, plus vintage, roots – même s’il y en a un peu dans  le dernier album. L’évolution ? Pour moi, ça suit son cours, en fait. Ce qui était déjà dans Carnivora a été amplifié au niveau des textures et en même temps, ça va droit au but.

Metal-Eyes : Y a-t-il des choses que vous avez préféré retirer parce que ça ne vous correspond plus ?

Jérémy : Des choses qu’on a retirées parce que ça ne nous correspond plus ? Je réfléchis… Il y a des choses sur lesquelles on ne s’est pas limités, en tout cas : au niveau des ambiances, on est partis à fond.. On n’a pas fait… Non, justement, on ne s’est pas limités. Je pense que la musique est encore plus personnelle que sur Carnivora.

Metal-Eyes : Et les paroles aussi, j’ai l’impression…

Jérémy : Et les paroles aussi. Il y a eu un gros travail sur le chant en studio, aussi. Oui, je pense qu’il est encore plus personnel. Ça a toujours augmenté au fur et à mesure des albums. Il y a un album qui est très important aussi, c’est celui du ciné concert, avant Carnivora . Un album très ambiant, qui a ouvert plein de portes, qui a permis l’arrivée des claviers.

Metal-Eyes : Pourquoi avoir enregistré A farewell to dawn à deux ? Et demi, si on compte Francis Caste…

Jérémy : Et il y a Shanka, aussi, François Negret, qui a fait beaucoup de claviers, de programmation, et qui a participé au titre January, A farewell to dawn. Pourquoi on l’a enregistré à deux ? Parce qu’on s’est retrouvés à deux, il y a eu des changements de line-up. Le clavier qui était avec nous depuis 2011 a arrêté en 2015 pour se consacrer à sa famille. Du coup, on s’est vraiment recentrés à deux, puisqu’en plus, on ne tournait plus, chose qui ne nous était pas arrivés depuis 8 ans. On s’est vraiment concentrés, tous les deux, dans le local, à maquetter. On s’est recentrés sur la colonne vertébrale pour cet album.

Metal-Eyes : Pourtant, vous allez de nouveau tourner, avec un nouveau line-up. Qui le compose,d’ailleurs ?

Jérémy : Un nouveau line up qu’on va espérer stable pour la suite. Il y a Gérald à la guitare, et PH à la guitare, aux claviers et backing vocals.

Metal-Eyes : Vous avez decide de travailler avec Francis Caste. Pourquoi ce choix ? En matière de hard rock en France, il devient un incontournable…

Jérémy : Justement, on avait entendu quelques-unes de ses productions, que ce soit sur Hangmans Chair ou Bukowski, Kickback, dans un autre registre. On l’a appelé, on a parlé au téléphone et le courant est vraiment passé. Musicalement, on était sur la même longueur d’ondes. Il s’est avéré que ça s’est confirmé en studio où la collaboration s’est très bien passée, on s’est très bien entendu.

Metal-Eyes : Ce n’était donc pas une collaboration à distance ?

Jérémy : Ah, non, non. On a vraiment passés 10 jours avec lui, puis on est revenus une semaine pour mixer l’album et le finaliser.

Metal-Eyes : 7 semaines, on en parle en ce moment car c’est le début des vacances, c’est le temps recommandé pour les enfants à l’école. Votre nom de groupe, c’est parce que vous êtes profs dans la vraie vie ?

Jérémy (rires) : Ah non, absolument pas… On est musiciens dans la vraie vie !

Metal-Eyes : Pourquoi ce nom de 7Weeks, alors ? Quand on fait des recherches, on tombe sur sur vous soit sur des infos sur la grossesse…

Jérémy : Sur YouTube, on trouve des nanas qui se prennent en photo, ou sur des petits chiens…Pourquoi, 7Weeks ? Déjà tu le vois, ça fait un super logo qui est bien équilibré, et au tout début du groupe, on a hésité entre plusieurs noms : on a failli s’appeler Stone Train… J’aime bien ce côté en relation avec une date, une période, et c’est en même temps intemporel. Cette musique est intemporelle, très influencée par les 90’s et c’est complètement d’actualité. Et j’aime bien le fait d’avoir un chiffre dans le lot… Après, pourquoi on s’appelle comme ça précisément ? Ça fait un petit moment, ce nom-là a fait écho…

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de A farewell to dawn pour expliquer ce qu’est aujourd’hui 7Weeks, ce serait lequel et pourquoi ?

Jérémy : Ce serait lequel et pourquoi… Euh… Bonne question.

Metal-Eyes : Une qui vous distingue… Si tu veux expliquer à quelqu’un qui vous êtes, tu veux convaincre quelqu’un d’écouter votre album, ce serait avec quel titre ?

Jérémy : Un seul titre à mettre en avant ? Disons January, qui va sortir en clip.Les claviers sont très présents, modernes et en avant. C’est quelque chose qu’on n’avait pas développé autant sur les précédents albums, et je trouve les textes et l’ambiance intéressants. Pour moi ça résume bien : heavy, lourd, mid tempo, avec ces ambiances synthétiques… et c’est un morceau que tu peux aussi jouer avec une guitare folk.

Metal-Eyes : Comment vous distinguez-vous par rapport au reste de la scène française actuelle?

Jérémy : Comment on se distingue? Peut-être par le fait qu’on est allés explorer, depuis le Ciné concert où on s’est tout permis, des textures variées. On a plus de morceaux ambiants, des ambiances… Comment dire ? On n’a pas un son 70’s qui est très à la mode en ce moment, on ne l’a jamais eu, jamais cherché à l’avoir… On a un son heavy, qu’on veut moderne, tout en ayant, dans nos compositions, des références à des choses très blues. Ça vient de là, Julien vient de là. Des inspirations d’écritures qui viennent des 70’s mais, du moins on l’espère, qui sont mises en forme avec un son beaucoup plus moderne grâce aux claviers, aux ambiances et la production, qui a été faite avec Francis et que je trouve très moderne.

Metal-Eyes : Quels sont vos projets de tournée ?

Jérémy : On a quelques dates d’ici la fin de l’année, à Nancy, Paris, chez nous à Limoges, mais on se concentre aussi, avec un tourneur sur 2017 qui sera vraiment le gros de la tournée. Début 2017 on annonce un paquet de dates.