Live report: TEXAS au Zénith d’Orléans (le 11 avril 2022)

Enfin, oui, enfin! Les concerts reprennent et après deux reports, comme tant d’autres ont dû le faire également, les Ecossais de Texas posent leurs flight cases à Orléans, dans ce Zenith, en petite configuration qui, en ce 11 avril, accueille un peu moins de 3000 spectateurs. Un Zénith dont le public – varié, trois générations sont présentes – n’attend que de pouvoir célébrer le trentième anniversaire de l’incontournable album Southside. Un premier disque qui a accompagné nombre d’entre nous, amateurs de Rock au sens large, dans nos années de jeunes adultes qui mérite bien qu’on se repenche dessus (l’album, pas nos jeunes années…), un disque, surtout, entré dans la légende grâce à des chansons chaleureuses, douces et tendres, rock et variées. Ce soir, alors, Sharleen Spiteri et sa bande ne nous réservent sans doute pas de surprises si ce n’est dans le spectacle lui même. A voir.

La scène du Zénith affiche un immense backdrop noir flanqué du nom du groupe, blanc sur fond rouge, rappelant la pochette du premier album. Des tabourets, des instruments rapprochés… et voici que sonne 20h05. Exctinction des feux. Deux spots sur les côtés de la scène en éclairent le centre où s’installent les musiciens. Sharleen, vêtue d’une veste en jean et d’un bonnet de laine orange – oui, on dirait Charlie, en plus facile à trouver! – s’empare de sa guitare. Les premiers accords de I don’t want a lover résonnent et c’est parti pour tout l’album. Les classiques suivent les classiques – Everyday now, Prayer for you, Faith... – dans cette ambiance sobre et feutrée.

Un constat s’impose d’emblée et il tient en deux mots: quelle voix! Sharleen n’a rien perdu de cette clarté et de cette puissance vocale. Son chant cristallin, bluesy, grave, groovy, bref… son chant varié fait vibrer le public qui scande et applaudit son appréciation de la performance tout autant que l’humour de la chanteuse qu’elle égrène tout au long du set (se questionnant notamment sur le bien fondé de sa tenue, on la comprend).

Si l’on peut regretter que les musiciens ne bougent pas, Sharleen, pas plus mobile que les autres, communique longuement, souvent, très souvent , en français avec le public, faisant preuve d’humour et d’auto dérision. 54 ans c’est vieux, selon elle… Ce qui l’oblige à avoir les paroles sur un chevalet – « perte de mémoire » – et l’empêche de bouger tant son « corps est rouillé« … Ce que nous pourrons constater dès le second set. Ou pas. Pour le moment, ce premier set se conclue avec l’argument justifiant le peu de lumière et de mouvement des musiciens, un « hey, nous ne sommes que le groupe de première partie. Après, il y a le grand Texas qui va jouer »! Ceci explique donc les conditions minimalistes dont dispose Texas. Encore la faute de la tête d’affiche! Pause, donc.

Le changement de plateau est rapide – l’espace entre les musiciens se fait plus large, les tabourets disparaissent exception faite d’un seul. Le public reprend place, certains malins profitant de l’entracte pour venir squatter le devant de la scène transformant cette soirée en (presque) vrai concert de rock. Le second set, qui se veut électrique et rock, démarre à 21h30 lorsque le groupe reprend place et que son leader réapparait, vêtue d’un costume bordeaux et armée d’une superbe Gretsch verte aussi imposante qu’elle. La célébration des 30 ans de Southside cède la place à la tournée Hi! et débute pied au plancher avec Summer son. Quelle énergie! L’ambiance monte d’un cran et ne faiblira pas pendant les 90 minutes qui suivent.

Plus sérieuse et appliquée, Sharleen continue de s’adresser en français au public, présentant des excuses pour sa mauvaise connaissance de la langue. N’empêche, le public est sous le charmes des flatteries (remember La Fontaine) que sont les « Orléansss, c’est très magnifique », « Orléansss, c’est très génial » et autres compliments forts justes et mérités, reconnaissons le très humblement.

Lorsqu’elle lâche sa guitare, elle bouge, invitant le public à danser, chanter, l’accompagner, le tenant simplement dans la paume de sa main. Elle se fait cependant plus sérieuse en abordant la fin du concert lorsqu’elle explique, longuement et sérieusement, à un public attentif que « nous avons vécu 2 ans et demi difficiles. Pour certains, c’est plus difficile que pour d’autres (…) et ce sont ceux qui ont le moins qui donnent le plus. Je veux dédier cette chanson aux organismes humanitaires, aux associations caritatives, à ceux qui distribuent de la nourriture, qui donnent de leur temps. cette chanson s’appelle Unbelievable ». Instant émotion, sans doute accentué par la guerre qui fait rage au coeur de notre continent, à deux encablures de chez nous, en Ukraine.

Tout aussi émotionnelle est la suite: un In demand avec, pour seul accompagnement du chant, une simple rythmique guitare batterie. Superbe. On s’approche de la fin et Sharleen s’en amuse après Inner smile, annonçant qu’il ne reste qu’une chanson. Et faisant un faux teasing en annonçant un possible « encore » avec une autre chanson. Ou deux… ou trois.

Ce rappel démarre avec l’incontournable vous savez lequel (Ok… I don’t want a lover pour ceux qui ne suivent pas) suivi de l’impeccable et implacable Black eyed boy. Pour rapporter un peu de calme, le concert se clôt avec Suspicious mind, sans doute pas le final le plus explosif mais qu’importe… Le public, une fois les lumières rallumées, quitte la salle tout sourire dehors.

Deux sets, deux ambiances, plus de deux heures trente de musique d’un groupe qui, c’est une constante chez les anciens, ne lésine pas et se donne entièrement à son public. Superbe soirée.

Merci à Adeline Catineau et AZ Production pour avoir rendu ce report possible.

 

 

Interview: MASON HILL

Interview Mason Hill : entretien avec Scott Taylor (chant). Propos recueillis par Skype le 2 février 2021

 

Mason Hill? Un nom à retenir… Voilà un jeune groupe écossais plus que prometteur. Le premier album, Against the wall qui vient de paraître, propose un heavy rock qui puise autant dans les sonorités « classic » que moderne. Impossible de ne pas discuter un peu avec Scott, bon vivant à l’accent… costaud comme sa vision musicale. Un groupe à suivre de très près.

Metal-Eyes : Mason Hill sort son premier album le 5 mars. Que peux-tu nous dire de l’histoire du groupe ?

Scott Taylor : Mason Hill a commencé comme un groupe de potes à l’école. James (Bird, guitare) et moi sommes à l’origine du groupe. On s’est rencontrés en Ecosse, où nous avons grandi, je jouais de la guitare et j’ai commencé à chanter vers 16-17 ans. Il n’y avait pas d’autre chanteur, les autres musiciens, en gros, ce n’était que des guitaristes… On a commencé à monter des groupes, on est allés assez loin avec l’un d’entre eux. Nous avons eu l’occasion de nous rendre à Londres, ce qui nous a donné quelques opportunités. On ne se rendait pas compte à quel point c’était bon, cette adrénaline. En rentrant en Ecosse, nous avons commencé à chercher le line up pour Mason Hill, pour en arriver au groupe d’aujourd’hui. Marc Montgomery est arrivé en second guitariste, ce qui m’a permis de ne me concentrer que sur le chant. Ça a depuis été un grand huit d’émotions, de concerts, de fun !

 

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu la musique de Mason Hill à quelqu’un qui ne connais pas votre musique ? Et pour tout te dire, je fais partie de ces gens… Je n’ai pas eu le temps d’écouter une seule note de ce que vous faites !

Scott Taylor (il rit) : Ok, ok, je vois… Alors, nous sommes un groupe de rock moderne qui rencontre le rock classique. Je dis ça parce que nous avons tellement d’influences dans ce groupe, ça va du classic rock et le rock moderne. On adore expérimenter, trouver des sons actuels, mais on adore le rock plus traditionnel aussi, avec des solos et ces trucs-là. On essaie juste d’être nous-mêmes plutôt que d’imiter ce que d’autres groupes font…

 

Metal-Eyes : Quelles sont vos influences principales ?

Scott Taylor : Il y en a un certain nombre, prioritairement les groupes avec lesquels nous avons grandi – Alter Bridge, Black Stone Cherry, Nickelback – et ce son des 80’s – la section rythmique adore Metallica. Ce qui est étrange, c’est que notre bassiste adore le hip-hop et nous essayons d’intégrer ce type de rythme aussi…

 

Metal-Eyes : Votre album s’intitule Against the wall. C’est ce que vous ressentez aujourd’hui, d’être le dos au mur ?

Scott Taylor : Pas aujourd’hui, non. L’album est la représentation de tout notre travail depuis 6 ans, avec des hauts et des bas, des moments de notre vie où nous ne savions ni où nous étions, ni où nous voulions aller… Nous en avons tiré cette détermination, pour et grâce à nos fans, et quoiqu’il arrive, nous savons où nous voulons aller ! Aussi loin que nous le pourrons et voici l’album du commencement.

 

Metal-Eyes : La pandémie a impacté le processus d’enregistrement ?

Scott Taylor : Oui, clairement. Le groupe a enregistré la plupart des instruments juste avant le Covid, mais il restait les voix à faire. Je devais les enregistrer en mars 2020, au moment du confinement américain. Et je me trouvais à New York à ce moment là. C’était une sensation étrange, deux des semaines les plus surprenantes de ma vie, je dois le reconnaitre. Ça a eu un impact sur nous, et sur la sortie de l’album. Nous pensions que ça durerait6 mois, 9 mois, donc nous pensions être prêts pour mars 2021. Mais quand on s’est rendus compte de ce qu’il se passait… On aurait pu retarder encore la sortie de l’album, mais les gars ont insisté. Ca fait si longtemps qu’n attend…

 

Metal-Eyes : D’ailleurs, en parlant de la pandémie : la bio sur votre site web précise que votre bassiste, Ward, a étudié la microbiologie et la virologie. Il aurait pu être utile à plus de monde s’il avait poussé plus loin ses études…

Scott Taylor (rires) : Je sais, je sais ! Il a étudié à l’université mais, voilà, c’est ce qu’il se passe avec les musiciens : combien y en a-t-il qui auraient pu avoir une vie stable ? Mais ils préfèrent arrêter pour se lancer dans l’aventure du rock.

 

Metal-Eyes : C’est comme toi : tu t’es entrainé des années avec pour objectif de devenir champion olympique de natation. Ça n’aurait pas été plus simple d’atteindre cet objectif que de se lancer dans une carrière de musiciens de rock à succès ?

Scott Taylor (rires) : C’était un rêve de gosse, oui, mais j’étais trop jeune pour me rendre compte de la réalité des choses. Je devais avoir 13 ou 14 ans. Tu fais partie d’une équipe et tu progresses. C’était bizarre d’être avec des gens qui se projettent 8 ans plus tard… J’en suis arrivé au stade où ce n’était plus un plaisir. J’ai appris ceci de la vie : si je n’ai pas de plaisir, je peux faire les choses, je me forcerai à les faire, mais quand quelque chose te botte, comme me tenir face à un public et chanter pendant 45’, je serai stupide de ne pas foncer !

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de Against the wall pour définir ce qu’est votre groupe, laquelle serait-ce et pour quelle raison ?

Scott Taylor : Je pense, si je devais ne choisir qu’une chansons… que ce serait Broken son. Parce que le voyage qu’a connu cette chanson est le plus long que nos titres aient connu… J’ai écrit cette chanson avec John quand on avait 16 ans, je crois, il y a très longtemps, j’ai 27 ans maintenant. Elle a tant changé, elle a reçu tant de contributions de chacun, je crois que c’est le titre qui a vraiment reçu la contribution de chaque personne du groupe. Le truc avec cet album c’est qu’on a commencé à l’écrire vers 16 ans, et tout le monde ne faisait pas encore partie du groupe… Mais cette chanson, nous y avons tous participé, elle symbolise vraiment où nous pouvons aller ensemble lorsque chacun apporte sa patte.

 

Metal-Eyes : C’est votre premier album. Comment avez-vous procédé ? Vous êtes-vous retrouvé en studio, avez-vous plutôt utilisé les moyens numériques qu’offre la technologie actuelle ?

Scott Taylor : Nous avons pu travailler en studio à Glasgow, et avons travaillé avec Duncan Cameron. J’ai pu enregistré les voix à New York, mais, perso, je préfère pouvoir être en présence d’autres personnes, passer du bon temps ensemble. Duncan a fait un travail fabuleux, je suis vraiment content de ce qu’il nous a apporté.

 

Metal-Eyes : Justement, que vous a apporté le fait de travailler avec un producteur ?

Scott Taylor : Plein de choses ! J’étais un chanteur amateur un peu naïf… J’ai appris sur le tas, simplement en ouvrant ma bouche et en laissant les sons sortir. Là, j’ai pu apprendre la discipline, le contrôle de mon souffle, prendre conscience que je n’étais pas dans le bon ton… J’ai beaucoup appris de ce point de vue et ça change la vie !

 

Metal-Eyes : Against the wall sortira en divers formats, dont une version de vinyles en couleurs, 5 couleurs, plus précisément…

Scott Taylor : Oui. Quand on a commencé à en parler avec notre management, ils nous on montré plusieurs options. Nous les aurions voulues pour nous, donc on a tout pris. Ces versions couleur, je les mettrais volontiers au mur, elles sont trop cool ! Et c’est la concrétisation de ce voyage de 5 ou 7 ans, aussi, alors pourquoi se limiter.

 

Metal-Eyes : Et si tu les exposes au mur, elles seront vraiment « contre le mur » !

Scott Taylor : Exactement (rires) !

 

Metal-Eyes : D’où vient le nom du groupe ?

Scott Taylor : Ben… du fait que nous avions besoin d’un nom… Nous avions un nom avec un groupe de lycée, mais il ne collait pas… Je feuilletais un magazine, et, en gros, il y avait, sur une page un article au sujet d’un certain Docteur Mason – je ne sais absolument pas de quoi il parlait… – et de l’autre côté un article sur les collines d’Ecosse. Ça m’a frappé, j’ai trouvé que l’union des deux sonnait bien – Mason Hill. J’en ai parlé à James, et il a approuvé

 

Metal-Eyes : Ça sonne aussi comme un lieu de bataille, une victoire militaire…

Scott Taylor : Oui, aussi… Des gens m’ont dit que ça évoquait un nom de vin – tu veux un verre de Mason Hill ? – et je crois qu’il existe en Ecosse une colline de ce nom. Il y a plein de visions différentes. Et je pense que quand Queen a décidé de s’appeler Queen, ça ressemblait à une bonne idée. Mais leur musique devait être aussi classe que leur nom, ce n’est pas comme AC/DC, plus simple et direct…

 

Metal-Eyes : Que pourrait être la devise de Mason Hill ?

Scott Taylor : Depuis deux ans, je m’applique une devise qui pourrait coller au groupe : faire des efforts et partager pour atteindre nos objectifs. Je pense que nous comprenons tous à quel point il est difficile de réussir dans ce milieu. Nous avons tous la vingtaine, si nous faisons les choses, c’est maintenant, qu’avons-nous à perdre ? On y va, on fonce. On a peut-être le dos au mur, mais si on ne fait rien, rien ne changera.

 

Metal-Eyes : Et vous devez être les artisans de votre avenir…

Scott Taylor : Exactement, si nous ne faisons rien, personne ne le fera pour nous.

 

Metal-Eyes : Vous ne pouvez pas pour l’heure envisager de tourner. Comment allez-vous utiliser le temps qui vient ? Allez-vous en profiter pour composer et proposer une suite rapide à ce premier album ?

Scott Taylor : Absolument ! J’ai d’ailleurs quelques idées à travailler pour proposer de nouvelles choses cette année, les autres aussi, d’ailleurs. Nous sommes ouverts à beaucoup de choses, travailler pour proposer un nouvel Ep, un nouvel album… Nous n’en avons pas encore vraiment parlé mais je pense que nous allons simplement proposer du nouveau matériel, pourquoi pas ?