BÏUR: Plus vite et plus fort

France, Rock (M&O, 2025)

Entre pop et punk, metal et rock alternatif, les Lillois de Bïur ne semblent nullement avoir d’autre prétention que de se faire plaisir en mélangeant les genres. Il y a autant d’irrévérence dans ce Plus vite et plus fort (qui démarre tranquillou pour mieux monter en puissance) que d’esprit rebelle. Sans jamais chercher à révolutionner le genre, Bïur parvient (presque) à faire passer la langue de bois pour de la poésie. Un chant mélancolique (on a parfois l’impression d’entendre Polnareff dans son Lettre à France) ou torturé à la Kemar (No One Is Innocent) accompagne des guitares simples, souvent volubiles et parfois aériennes. S’il est difficile de mettre une étiquette de genre musical, on passe un bon moment. Plus vite et plus fort mélange avec un certain bonheur des genres à priori opposés, et pourtant, ça fonctionne plutôt bien. Fun et irrévérencieux comme il faut.

ATLAS ASHES: New world

Suisse, Death mélodique (2525, M&O)

Atlas Ahes a vu le jour en Suisse au sortir de la crise sanitaire, en 2022. Il faut peu de temps au groupe pour proposer un premier Ep (Dead end, en 2023) avant de s’atteler à la composition de son premier album. New world parait au début de l’année 2025 et propose un death metal mélodique, qui se rapproche même parfois d’ambiances progressives. Si Arch Enemy est une référence évidente le chant enragé de Chloé Eigenman y est pour beaucoup – impossible de ne pas faire le lien avec l’autre géant de la scène nordique qu’est Amon Amarth. Les nombreuses touches de heavy metal vintage (on parle ici des classiques inspirations que sont Priest ou Maiden) et quelques structures à la Dream Thater apportent cette touche mélodique nécessaire pour pallier à la simple brutalité du death metal. Les guitares de Nicolas Gendreau et Nathan Storni offrent de réels bons moments, entrainants à souhait et parfaitement soutenus par une rythmique déterminée et rentre dedans (la batterie de Yann Baumberger et la basse du dernier arrivé, Lorick). Si on ne pourra que reprocher à New world de ne pas offrir de titre immédiatement mémorisable, on se doit de relever l’excellence des compositions mises en valeur par une production riche et généreuse. Un très beau début plus que prometteur.

DEATH STRUCTURE: Le déni

France, Death technique (M&O, 2025)

Alors en pleine crise sanitaire, les Français de Death Structure publiaient en 2021 Paroxysm, leur premier album présentant un death metal plus technique que simplement brutal. Ils reviennent aujourd’hui avec Le déni pour confirmer les envies de vaincre du combo. Avec un tel patronyme, inutile de s’attendre à beaucoup de finesse. Et pourtant… Si je ne suis toujours pas du tout sensible à la rage vocale du genre, certains passages, comme sur Made for nothing, tendent vers un peu plus de « tendresse » avec un chant de presque crooner, grave et suave à la fois. A d’autres moments, Death Structure flirte avec des structures progressives et se rapproche par instants également d’un metal plus aérien – un air alourdi par mère nature, c’est évident. Même si le combo fonce avec une rythmique qui martèle des tempi aussi écrasants qu’une série de bombardements en règles, certains moments laissent entrevoir une éclaircie et une lueur de « douceur ». C’est direct mais plus varié qu’on ne le croirait de prime abord.

I.S.I.8: The convolution anchor

France, stoner/électro (M&O, 2025)

Formé en 2021 à Clermont-Ferrand, I.S.I.8 déboule avec The convolution anchor, un premier album qui mélange l’électro indus de Nine Inch Nails ou Rammstein à un esprit plus rock déjanté et alternatif. Si la voix grave et profonde fait le job, l’accent anglais est, à quelques rares exceptions près, à chier (et je reste poli…) et gâche le résultat final. Les riffs sont quant à eux entrainants et donnent envie, malgré une production parfois trop faible pour le genre, de taper du pied et de secouer la tête. Il y a chez les Clermontois de la volonté et de l’envie, mais il semble urgent de travailler cet accent pour pouvoir espérer séduire les pays anglophones. Car musicalement, il y a de la matière à travailler. Allez, comme je l’ai si souvent lu: « peut mieux faire, doit persévérer »

https://youtu.be/twTVN8Cl3KE

2SISTERS: She loves monsters

France, Punk (M&O2025I)

Vite fait, bien fait… L’adage colle parfaitement à 2Sisters, groupe de heavy rock aux fortes influences punk formé en 2009 dont le nouvel album, She loves monsters va enflammer les planches des dance floors. Il y a dans cette nouvelle galette une forme d’urgence, le groupe allant à l’essentiel – à une exception, aucun titre ne dépasse les 2’30 – et d’irrévérence punk. Cependant, She loves monsters transpire de cet amour de la vie insouciante et du fun avec des accents très 60’s tout en revendiquant un esprit franc du collier, brut et irrévérencieux qu’on retrouvait dans le rock anglais de la fin des années 70. A l’évidence, Motörhead – sa version la plus dangereuse (Lemmy, Fast Eddie, Animal Taylor) – Iggy Pop ou les Sex Pistols font partie des références de 2Sisters qui sait parfaitement mélanger mélodies rentre dedans à une forme de rockabilly ultra entrainant et dansant. Un must imparable et irrésistible! L’album de ce début d’année et sans doute un de ceux de 2025.

PVRS

Belgique, Doom (M&O, 2024)

C’est en 2023 que Pvrs trouve ses racines en Belgique. Le duo enregistre rapidement son premier album qui, bien que paru au mois de février 2024, n’est promu, en France tout du moins, qu’à partir de novembre dernier. Étonnant… mais passons directement au sujet qui nous intéresse ici. Proposant une musique aussi lourde que mélancolique que l’on qualifie volontiers, et par facilité, de doom, Pvrs joue sur divers terrains sonores, offrant à l’auditeur un étrange et attirant voyage initiatique. Si le groupe cite volontiers Sleep Token, Life Of Agony ou encore Deftones parmi ses influences, on ne pourra que penser également à la sombre mélancolie de Paradise Lost ou à la lourdeur envoûtante de Mastodon. Le chant, triste, hurle sa douleur et sa peine sur fond de rythmes aussi pachydermiques parfois que légers et insouciants à d’autres moments. La guitare propose des riffs obsessionnels qui évoquent aussi bien Black Sabbath qu’une forme de new/cold wave. En huit morceaux, souvent longs sans jamais être lassants, Pvrs nous offre la promesse d’un groupe à suivre qui aurait toute sa place sous une certaine Temple… A suivre de près.

WIRE EDGE: Salt of the earth

France, progressif (Ep, M&O,2024)

C’est en 2019 que Wire Edge se forme à Paris avec pour ambition de développer des univers progressifs et rock. Un premier album sort rapidement, en 2020, Workhorse empire, autoproduit. Sans doute la crise sanitaire a-t-elle freiné les ardeurs du quatuor qui revient aujourd’hui avec Salt of the earth, un Ep 4 titres qui montre différentes facettes du groupe. Après Hollow places, une longue intro de 3′ aux sonorités d’outre espace – ces vrombissements graves qui ont naguère fait le succès de certaines bandes son de films de SF – Wire Edge se lance dans des compositions complexes aux nombreux tiroir, parfois cachés… Les amateurs de progressif et de jazz trouveront leur compte tout au long du morceau titre qui, en 8’27, permet d’inclure un peu tout ce que le groupe sait faire, mais ceux qui comme moi préfèrent un rock plus direct peuvent se trouver quelque peu perdus dans ce labyrinthe sonore. Wire Edge est certes composé de musiciens qui maitrisent parfaitement leurs instruments, cependant, avis personnel, le chant manque de profondeur, de gravité – sauf lorsqu’il est double – et l’ensemble parait souvent un peu trop démonstratif. Malgré tout, Wire Edge dépeint des univers et des paysages variés – Cities of none m’évoque par exemple l’Irlande verte et joyeuse. Avec ses 4 titres pour un peu plus de 25′, Salt of the earth souffre de ses faiblesses autant qu’il profite de ses qualités.

T.E.M.P: Affres de paix

France, Fusion (M&O, 2024)

Originaire du Val d’oise, T.E.M.P. (Tribal Engine for Meta Players) propose un metal fusion direct aux textes engagés. Le groupe crache sa colère à la manière d’un Reuno (Lofofora) ou d’un Nicko Jones (Tagada Jones) avec un groove qui évoque Faith No More. La majeure partie des 12 titres rappelle l’esprit expéditif du punk et du hardcore en ne dépassant que peu souvent les 3’30. Affres de paix est un album rageur et rugueux, et le son, organique, donne un aspect encore plus « dans ta face ». On peut toutefois regretter le manque de finesse ou, au contraire de brutalité franche qui donnerait envie de vraiment se démonter les cervicales, mais ça tabasse sec malgré tout. Cependant, s’ils ne réinventent en rien le genre, les gars de T.E.M.P. se font plaisir et c’est bien là le principal.

FAR AWAY: Solastalgia

France, Metal (M&O, 2024)

Solastalgia est le second essai des Français de Far Away, une bande de potes qui évoquent à travers leur musique leurs inquiétudes écolos. L’état de la planète semblent être devenue leur source s’inspiration principale tout au long des neuf titres de ce nouvel album. Après une intro mélancolique, le groupe s’engage dans une voie beaucoup plus hargneuse. Les guitares rugueuses, la voix rageuse qui hurle rapidement sa colère se mélangent à une alternance de calme retrouvé et de tempête incontrôlée. On se retrouve plongé dans une sorte de metalcore progressif aux élans aussi fulgurants que les retours au calmes peuvent être brutaux. Si Far Away n’invente rien de bien neuf, il exprime assez sainement et directement sa colère et son inquiétude quant à l’état de notre monde actuelle, celui que les générations passées laissent à leur petits enfants, les enfants fainsant ce qu’ils peuvent mais semblant bien souvent peu, très peu, écoutés… Brutal, frontal tout autant que désabusé, Solastalgia saura séduire le public avide de sensations metalcore.

VISAVIS: The art of collapse

France, Metal (M&O, 2024)

Il y a quelques années, j’avais craqué sur War machine, album autoproduit paru en 2018 marquant le retour des gars de Tulle, déjà responsables d’un premier essai en 1995, So special. Ce retour, Visavis le réitère aujourd’hui, 6 ans après (je crois avoir vu passer une autre production vers 2021, mais ils prennent leur temps quand même!) avec un Ep, The art of collapse. Il faut croire que le rouge est la couleur de prédilection de Visavis, un rouge vif comme le contenu musical de ce mini album. Les 6 titres de cette galette sont forgés dans ce metal lourd, pachydermique parfois et, surtout, toujours entrainant. On tape du pied et on secoue la tête dès l’introductif We don’t care. La suite, de l’hypnotique morceau titre à We’re not dead, passe par diverses couleurs du metal, à la fois moderne par sa production puissante et soignée et vintage avec ses consonnances punk que ne renierait pas un jeune Mötorhead. Ca passe vite, trop vite, et on espère seulement que le le groupe prendra enfin le temps de sillonner les route de France pour conquérir le public et ne pas nous faire attendre encore de longues années pour proposer une suite à ce bigrement efficace The art of collapse.