Interview: BLACKRAIN

Interview BLACKRAIN – Entretien avec Math (basse) le 1er mars 2024

Math, commençons avec ceci : Untamed, votre précédent album, n’apparait pas sur votre site web. Il y a une raison particulière ?

Déjà, le site web est bloqué de puis quelques jours (rires)… Mais l’album Untamed n’y est pas ?

Quand on va sur la discographie du groupe, le dernier album en date est Dying breed.

C’est que j’ai oublié de le mettre à jour… En fait, il y a de moins en moins de trafic sur les sites web, c’est de plus en plus les réseaux sociaux qui fonctionnent, donc on n’a pas fait attention à ça. Mais le site est en train d’être refait.

Parlons maintenant de l’actualité, celle qui remonte à il y a un an puisque vous avez récupéré dans l’équipe un certain Franky Costanza, arrivé en janvier 2023. C’est une belle prise, mais on le connait plus dans un registre plus brutal avec Dagoba, mais aussi avec Les Tambours du Bronx. Qu’est-ce qui a fait que vous l’avez retenu et qu’apporte-t-il de plus à Blackrain ?

La première chose c’est qu’on communique depuis une bonne dizaine d’années. Il y a dix ans, il nous avait déjà proposé de venir dans Blackrain. On savait que ce style qu’on joue c’est aussi son style de prédilection. C’est un grand fan de Mötley Crüe. A l’époque, il était dans Dagoba et il n’avait pas de temps pour un autre projet. Là, je l’ai contacté parce que je savais qu’il connaissait beaucoup de batteurs. Je lui ai demandé s’il en connaissait un qui serait intéressé, parce que notre batteur partait pour des raisons personnelles et familiales et qu’il ne pouvait pas rester. Il me dit « ben moi, ça me botte ! » C’est la personne parfaite parce qu’il n’y a pas mieux que lui. Dès la première répèt’, on a commencé à travailler ensemble et ça a tout de suite fonctionné, on s’est tout de suite super bien entendus, on a l’impression de se connaitre depuis toujours ! C’est un peu inespéré de trouver quelqu’un comme ça parce que sur le moment on a eu peur : on perd notre batteur, on avait des doutes… Mais, non. Ce qu’il apporte de nouveau, c’est sa frappe assez typique, c’est un gros cogneur. En plus, ce qui est génial, c’est qu’il a un studio de batterie chez lui et il peut enregistrer en direct les piste de batterie dès qu’on est en train de travailler. Des pistes de batterie qui vont aller directement au mixage, et ça, c’est super pratique parce qu’on est tous à des distances super importantes. Swan, notre chanteur, habite en Suède… Là, Franky peut directement enregistrer et nous envoyer les pistes, on en parle après… C’est super pratique ! On a pu très rapidement enregistrer des tonnes de chansons. D’où l’album qui vient et celui qui va suivre. On en parlera peut-être.

Puisque tu en parles, votre nouvel album s’intitule Hot rock time machine. Trois mots : vends-le-moi.

C’est simplement les chansons qu’on a le plus utilisé sur scène, qui ont vraiment fonctionné, qui n’étaient plus disponibles sur les plateformes de streaming parce qu’on n’avait plus les droits – ils appartiennent à notre ancien producteur – et on a réenregistré ça avec le son actuel, mixé par Hannes Brown, le chanteur de Kissin’ Dynamite. C’est le son qu’on a sur Untamed, celui qu’on a toujours recherché et qu’on aurait voulu avoir sur les chansons à l’époque.

Comment avez-vous fait connaissance ?

En tournée. On a discuté, on lui demandé qui produisait leurs albums et il nous a dit que c’est lui. Ben… c’est le son qu’on recherche depuis toujours, et il nous a proposer de mixer pour nous, tout simplement… On était en tournée dans le tour bus, on a discuté, voilà tout. Il a fait cet album et il fera certainement le suivant.

Où a été enregistré Hot rock time machine ?

Dans plusieurs endroits, on a tout fait à distance. On a chacun notre studio, et on s’envoie les bandes. Swan coordonne tout ça et qui a la main sur le final avant d’envoyer le tout à Hannes. Ça circule : Marseille, Haute Savoie, Suède, Allemagne… et ça revient.

A une époque vous étiez installé à Paris. Tu viens de dire Haute Savoie, d’où BlackRain est originaire. Ça veut dire que plus personne ne vit sur Paris ?

Non, il n’y a plus personne à Paris. Max et moi on est retournés en Haute Savoie, Swan s’est marié et s’est installé en Suède, et maintenant, Franky vient de Marseille.

Est-ce que Franky a eu son mot à dire sur ces compositions ?

Il a fait quelques commentaires sur les lignes. Parfois, quand tu apportes quelque chose, ça amène à modifier d’autres parties. C’est toujours un dialogue : on t’envoie une maquette, tu ajoutes quelque chose qui va donner une autre idée… Il y a un jonglage et à un moment, on arrive à la chanson finale. C’est un dialogue entre quatre musiciens avec un chef d’orchestre, Swan.

Donc chacun a son mot à dire.

Bien sûr, mais même, parfois, s’il y en a un qui dit que la chanson ne lui plait pas, on arrête. Il y a un matériel assez gigantesque : quand on regarde le nombre de chansons qui sont écrites, enregistrées et le nombre qu’on sort réellement… Je dirai qu’on en sort une sur trois, à peu près. Parfois, il y a des chansons qui reviennent, qu’on réécoute, qu’on avait abandonnées, et on les retravaille des années plus tard (rires).

Comment analyserais-tu l’évolution de BlackRain entre Untamed et ce nouvel album, en dehors de l’arrivée de Franky ?

Là, c’est un peu difficile parce que c’est un nouvel album d’anciennes chansons. Entièrement réarrangées, revues comme on le ferait aujourd’hui avec le recul, l’expérience qu’on a eu de différents studios, avec les ratés… On a toujours été à la recherche du son – ça a été long, mais je crois que là, on est bien – et à la recherche de LA chanson. Le fait que ces chansons ne soient plus disponibles sur les plateformes de streaming alors que certains fans nous les réclament, on se dit qu’on peut leur donner une seconde vie. Plein de gens vont les découvrir sans même se rendre compte que c’étaient des vieux titres…

Puisque tu parle d’anciens titres que les gens vont redécouvrir, si tu devais n’en retenir qu’un seul de Hot rock time machine pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas « voilà ce que nous sommes aujourd’hui », ce serait lequel ?

Je dirais que c’est Revolution, le titre qu’on vient de sortir… C’est quelque chose qu’on avait en tête depuis longtemps, qu’on n’avait pas fait comme on le souhaitait. Quand on a discuté avec des attachés de presse, le label, tout a assez rapidement convergé vers ce titre. Les chœurs, les solos de guitare, la batterie qui tabasse… Et là, il y a le côté cow-boy qu’on n’avait jamais fait. Ça va prendre son sens avec le clip. Il y a le sifflement à la Enio Morricone.

Si aujourd’hui tu devais réenregistrer un des précédents albums de BlackRain avec le line-up actuel, ce serait lequel ?

Ce serait Lethal dose of…, c’est un peu ce qu’on a fait, d’ailleurs. On n’a pas tout fait parce qu’il y avait beaucoup de morceaux dessus, mais oui, c’est un peu ce qu’on a fait là. En plus, avant même d’arriver à Paris, on avait enregistré cet album qu’on a essayé de mixer avec un producteur américain (Beau Hill) mais ça n’avait rien donné. C’est la raison pour laquelle on avait travaillé avec ce producteur sur Paris, mais le résultat n’était pas non plus ce qu’on espérait. Là, on a eu cette opportunité de pouvoir le réenregistrer, on nous l’a proposée, et on l’a saisie…

Au début de notre entretien, tu parlais d’un autre album qui va suivre…

Oui, en fait, cet album s’est intercalé avec le suivant. On nous a proposé d’enregistrer Hot rock time machine, ça a été très rapide, et on était déjà en train d’enregistrer le suivant. Il y a une partie qui est déjà mixée, donc on va enchainer. Tu vas réentendre parler de nous rapidement…

Il est prévu pour quand ?

On ne sait pas encore. Le temps de discuter avec les labels, de tout mettre en place, de choisir la pochette… ça prend toujours un peu de temps.

Tu viens de parler de la pochette : il y a maintenant un point commun entre celles des trois derniers albums puisqu’il y a des… zombies, des morts-vivants. Ils sont au nombre de 4, vous êtes quatre. Il y a une envie d’avoir ces mascottes ?

Il faut trouver un visuel, et on a trouvé notre dessinateur, on a de la chance ! Quand tu as un dessinateur, que ça colle, que tu es content du résultat, ben… tu continues avec lui ! Le single, c’est avec les mêmes personnages qu’on décline. On n’est pas les premiers à le faire bien sûr. Il s’appelle Muji, il vit aux Philippines. On l’a découvert par internet, et on aime bien son style. On lui a proposé d’envoyer des exemples de squelettes et on était très content de ce qu’il nous proposait.

Là encore, j’imagine que vous communiquez par internet ?

De plus en plus, oui. On travaille avec des gens qui sont à l’autre bout du monde, c’est marrant. On a commencé à travailler à distance depuis qu’on a quitté Paris. On se retrouve pour les concerts.

Ce qui permet de garder une certaine autonomie, de vous éloigner et vous ressourcer pour mieux vous retrouver ensuite sur les routes…

On a vécu pas mal d’années ensemble, dans le même appartement. C’est sympa un temps mais après… Chacun a sa vie et c’est très bien. On est d’autant plus contents de se retrouver. C’est pour ça que ça dure !

Vous avez chacun vos vies, et in sait qu’aujourd’hui, un groupe de rock, d’autant plus en France, vit très difficilement de sa musique. Quelles sont vos métiers dans vos autres vies ?

Une partie du groupe est musicien. Franky, il est dans Les Tambours Du Bronx, donc quand tu mélange les deux, le planning est chargé. Max, notre guitariste, a aussi ses activités solos, donc il ne fait que de la musique. Swan, il suffit de faire quelques recherches pour savoir qu’il est aussi tatoueur, il a son studio de tatouage en Suède, et moi, je suis peut-être le profil le plus atypique, et encore…, je suis prof de maths à la fac.

Quelle pourrait être aujourd’hui la devise de BlackRain ?

Ah, ben ça a toujours été la même : le rock et la fête ! On a envie en concert que les gens soient heureux, repartent avec la banane. C’est vrai aussi que dans BlackRain, il y a black, noir. Parce que notre musique a aussi un côté sombre qui reflète le monde, mais un côté sombre à la fois mélancolique et festif. Nous, on aime bien se retrouver autour d’une bonne bière, d’une bouteille ou deux, ou trois… Passer du bon temps avec la famille, sortir… La vie, quoi !

Quels sont vos projets de concerts pour soutenir cet album :

Il y a déjà une date très importante à retenir : le 7 avril à la Maroquinerie de Paris. C’est la première fois qu’on produit nous-même une date. On est entièrement indépendant là-dessus, et elle se vend bien. La plus grosse date qu’on va faire, ce sera à Lyon, au Plane R Fest. Il va y avoir plusieurs autres festivals, les dates vont suivre, en France, avec de bonnes salles. Ça monte un peu en gamme au niveau des salles.

Que souhaites-tu rajouter pour conclure cet entretien ?

On vient de tourner deux clips qui vont bientôt sortir : un pour Revolution, et l’autre qui nous tient à cœur, sur Nobody but you, qui était la ballade de It begins. On avait tourné ce clip il y a dix ans, c’est à ce moment qu’on s’est engueulés avec notre producteur qui a gardé les bandes. C’est moi qui réalise les clips, et à cette époque, c’était un truc énorme, avec une équipe de vingt personnes… Là, dix ans après, on le fait ! On vient de le tourner hier, en plus. Il sortira le 22 mars.

BLACKRAIN: Dying breed

France, Hard rock (Steamhammer, 2019)

Si, en 2016, Released (2016) marquait la renaissance de BlackRain, étrangement, la formation hexagonale semblait avoir disparu des écrans radars après sa tournée en compagnie de The Treatment. Il aura donc fallu à Swan et sa troupe pas moins de 3 années pour nous apporter à leurs fans une nouvelle offrande. Somme toute, le même délais qu’entre It begins (2013) et Released. Contrairement à ses deux précédents albums, Dying Breed est ici produit par Swan qui, également, compose la plupart des 10 titres et semble donc de plus en plus être seul maître à bord du navire BlackRain. Avec Dying breed, les Savoyards d’origine continuent de diversifier leur propos et savent surprendre. Oui, il y a des surprises sur ce disque, dont la reprise de Blast me up, un hit potentiel de… BlackRain paru en 2013. Perso, je préfère la version originelle et me demande quel est le bien fondé de ce choix.. Si l’empreinte musicale est toujours forgée dans ce hard rock qui les séduit tant, et si les références sont parfois évidentes (impossible de ne pas penser à Mötley Crüe sur Hellfire), Swan teste parfois le chant extrême et guttural, parfois proche du black metal (Nobody can change et son « I wasn’t born to follow rules ») tout en continuant de se faire plaisir avec des montées dans les notes les plus aiguës qu’il puisse atteindre, et toujours le groupe reste enjoué et entrainant (Nobody can change, Dying breed, Like me). Passage obligé de ce genre musical, la ballade All angels have gone évoque par instants Bon Jovi avant une reprise sérieuse We are the mayhem, suivi d’un Rock radio surprenant, aux rythmes cassés et à la mélodies moins évidentes malgré les choeurs qui frôlent le gospel. Public enemy est direct, rock sans fioritures, au refrain imparable, le type de morceau à écouter les cheveux au vent en traversant de vastes espaces, tandis que A call from the inside plus soft vient conclure, avec ses « oh oh » qui rappelle le morceau titre au début du disque, un album efficace mais dont aucun titre ne se démarque vraiment. Je ne parviens pas à définir quel chanson pourrait devenir un hit, quel est le morceau qui ferait passer ce Dying breed de bon à excellent album.  Reste que le plaisir de retrouver BlackRain est réel, et qu’on attend de retrouver le groupe sur scène. Ça tombe bien, ils seront bientôt en tournée avec leurs pairs allemands de Kissin’ Dynamite.

The Treatment et BlackRain live à Paris (le Divan du Monde, le 7 février 2017)

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Après quelques changements de line-up et de look, les jeunes Anglais du très prometteur The Treatment qui ont ouvert il y a quelques années pour rien moins que des Alice Cooper ou Black Sabbath – c’est dire le potentiel du quintette – reviennent séduire la capitale et quelques autres villes françaises pour soutenir leur dernier album, Generation Me. Premier étonnement: le groupe ne se produit « que » dans le Divan du Monde et autres salles de petite capacité… On se dit qu’il y a encore du chemin à parcourir. Ne pas battre le fer tant qu’il est chaud peut se retourner contre soi… L’affiche est plus tard complétée avec l’annonce de la première partie: BlackRain. Nos petits frenchies de BlackRain qu’on n’attendait pas en ouverture à ce niveau de carrière. Ça, c’est la seconde surprise. Puis, vient la troisième: il y a peu de monde devant l’entrée du Divan ce soir. Ouais, pas vraiment le succès escompté pour les Anglais… Une fois dans la salle, quatrième étonnement: c’est la batterie de The Treatment qui est en devant de scène… un backdrop flanqué de son logo dissimule à peine celui de BlackRain. Oui, l’ordre de passage a été inversé, tant pis pour ceux qui décident de venir pour voir ceux qu’ils croient être la tête d’affiche, donc…

THE TREATMENT

THE TREATMENT

Effectivement, ce sont les Anglais qui investissent la scène les premiers. Pendant une bonne heure, ils font monter la température. Leur hard rock a de quoi booster n’importe quelle audience, et les extraits de leur dernier né, Generation me, ou du précédent opus, Running with the dogs, sont de purs hymnes de rock brut. Le public ne s’y trompe pas, lui qui bientôt pogote et bouscule l’audience. Si je préfère la hargne vocale de Matt Jones, l’ancien chanteur, il faut reconnaître que le joli minois poupon de Mitchell Emms cache un enthousiasme et une détermination explosives. A plusieurs reprises le gaillard décide de s’offrir un séjour dans la fosse, pogotant avec le public (on entend même un gros « boum » lorsqu’il perd son micro sans chercher à le récupérer…) qui le porte, le transporte à sa place sur scène. Ce public qui connait par cœur le répertoire des Anglais, reprenant les Let it begin, We are beautiful ou autre I bleed Rock n Roll et Emergency. Une bonne heure enthousiaste, rock and roll et agitée comme on aime. Et tant pis pour les quelques ecchymoses, ça fait partie du jeu!

THE TREATMENT

THE TREATMENT

 

BLACKRAIN

BLACKRAIN

Place ensuite à la tête d’affiche surprise. Il était en effet étonnant de voir BlackRain en seconde position, au Divan du Monde, mais les choses se sont inversées. Les savoyards ont une belle palette de titres qui passent bien en live. Ce soir, ils nous offrent un défilé de hits tels que Eat you alive, Back in town ou mind control, parmi d’autres extraits de Released, leur dernier album en date, et revisitent leurs morceaux emblématiques, tels que innocent Rosie, pour lequel Swan demande l’aide du public, ou True girls et son imparable refrain. Run tiger run passe lui aussi bien l’épreuve de la scène. Le groupe nous réserve même une nouvelle surprise: après For your love, le public se retrouve avec Matt seul sur scène. Le guitariste interprète One last prayer – moment émotion du soir. BlackRain est concentré sur son sujet, son concert. Alors que The Treatment a mis le feu, l’ambiance est désormais plus concentrée et sage. Il manque cette petite étincelle, cette touche de folie qu’ont insufflée les Anglais au set des Français. Cela, malheureusement, fait toute la différence. Car si la setlist fonctionne à merveille, on attend plus de folie d’un groupe de ce calibre. Plus de sourires, de vie dans l’attitude, principalement, de Swan. Les gars sont sans doute trop sages ce soir. Un concert sympa dont on ressort en regrettant que l’affiche ait été inversée…

BLACKRAIN

BLACKRAIN

BLACKRAIN: Released

blackrain 2016Hard rock, France (UDR, 2016)

Metal-Eyes a vu le jour au moment de la sortie du dernier album de BlackRain, ce qui explique pourquoi il n’a pas été chroniqué plus tôt. Pourtant, au regard (à l’écoute, plutôt) de ce nouvel opus, il n’est que justice de réparer cet « oubli », d’autant que nos glammers frenchies viennent de confirmer leur potentiel lors du récent Download festival à Paris. Released, donc? Paru en mai dernier et une nouvelle fois produit par Jack Douglas, ce disque est le premier depuis la séparation des Savoyards d’avec leur management. Le résultat est net: Released porte bien son nom, et se présente, sinon comme celui de la libération, comme l’album de la renaissance. BlackRain se retrouve, se reconstruit et teste de nouvelles choses, va explorer la musique sans se poser de limites pour nous offrir un condensé de ce qu’il est vraiment: un groupe de rock, direct et enjoué. Qui, au passage, règle quelques comptes (même si le chant anglais de Swan n’est pas toujours compréhensible, on retient cependant « Im back from the dead (…) it’s amazing to survive » sur Back in towwn, « Mind control, no more no more! » sur Mind control ou encore « I do as I please, I do what I want, I say what I want, That’s the way it goes and I like it, I’m not a puppet on a string » sur Puppet on a string). Bref, BlackRain enterre ce qui ressemble à une période douloureuse pour mieux repartir et propose une palette musicale variée, toujours rock. On retrouve ainsi un étrange mariage de mélodie mid tempo avec fond de double grosse caisse sur Killing me, des ambiances de cirque sur Eat you alive, un tube potentiel, soft, entraînant, au refrain imparable avec Run tiger runReleased fait partie de ces disques qui proposent tout ce qui transforme un album de rock en un excellent album tout court: des mélodies mémorisables, des alliances sonores parfois improbables et convaincantes, un ou deux hits en puissance, l’ensemble très bien mis en son par un maître du genre nommé plus haut. BlackRain grandit et est aujourd’hui un groupe mature qui, on l’espère, rencontrera bientôt le succès qu’il mérite . Released, oui, reborn aussi!

Note: 8,5/10

Titre que je retiens: Run tiger run

Spécial interviews DOWNLOAD Paris: SAXON, BLACKRAIN et ARCANE ROOTS

L’été s’achève, nous allons petit à petit reprendre le chemin du travail, laissant derrière nous une première édition parisienne du Download festival. Metal-Eyes était sur place, et en a profité pour rencontrer quelques artistes: Max de BlackRain, Tim de Saxon et Arcane Roots au complet pour une interview découverte.

Remerciements spéciaux à Myriam Astruc, Marie-Caroline Graton, Olivier Garnier et Elodie Jouault

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Rencontre avec Max (BlackRain). Propos recueillis au Download festival de Paris le 10 juin  2016

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C’est dans des conditions compliquées que BlackRain reçoit les journalistes : à quelques encablures de la mainstage, il est compliqué de s’entendre, d’autant plus lorsque le DJ de l’espace VIP balance la sauce à fond. A force de ne pas nous entendre et de crier plutôt que de parler, cette interview fut forcément écourtée… Drôle d’endroit pour une rencontre.

 

Metal-Eyes : Revenons un peu sur le passé récent de BlackRain qui a vu sa vie quelque peu bousculée après votre séparation d’avec votre ancien management. Qui s’occupe de vous aujourd’hui, et quels changements ressentez-vous dans le management ?

Max : Aujourd’hui, c’est Olivier Garnier qui s’occupe du management. Mais tout les aspects techniques et artistique, c’est nous qui gérons de A à Z. Il n’y a plus personne qui gère quoi que ce soit en matière de musique ou de direction artistique, on fait tout nous-mêmes. Après notre séparation avec Dany, on a dû réinvestir, payer de notre poche pour racheter tout le matos, et pour l’instant, on est tout seuls, techniquement. Olivier gère le reste, dont notre présence ici aujourd’hui au Download.

Metal-Eyes : Quels retours avez-vous depuis la sortie de Released il y a quelques mois ?

Max : L’album est sorti le 25 mars dernier et on a que des retours hyper positifs. Il y a plein de choses qui se passent qu’on n’avait pas eu avant : on a été pas mal relayés dans beaucoup de pays étrangers, ce qu’on voulait faire depuis longtemps, on a eu de super bonnes critiques en Angleterre, en Scandinavie, en Espagne, en Italie, on a aussi été relayés sur pas mal de webzines américains, et c’est la première fois, et on a aussi eu quelques interviews sur des  médias américains. On a commencé à planter des graines à l’étranger et j’espère qu’on va pouvoir concrétiser ça cet automne en tournant à l’étranger.

Metal-Eyes : Vous avez pris en main la direction artistique de BlackRain. Comme cela s’est-il concrétisé sur la création de Released ?

Max : Il faut savoir que, pour Released, on avait commence à composer bien avant de casser avec Dany, facilement un an et demi avant. Donc les compositions, c’est Swan qui a toujours tout composé. Des chansons comme Killing Me, avec la double pédale, auraient, je pense, été écartées. Mais nous, ça nous tenait à cœur, avoir des choses un peu plus rentre dedans. On a toujours été très libres, c’est plutôt à la fin que chacun tirait un peu de son côté.

Metal-Eyes : Donc aujourd’hui vous faites partie de ces groupe totalement autonomies et déchargés du choix d’autrui ?

Max : Exactement. On a décidé de faire et garder ce que l’on veut. (la sono côté VIP se met à hurler) Là c’est génial parce qu’on a les deux scènes en même temps !

Metal-Eyes : C’est fabuleux, oui… Selon toi, quelle est la chanson de Released qui représente le mieux BlackRain aujourd’hui?

Max : Je ne sais pas… J’ai un gros coup de cœur pour Run tiger run parce que le refrain est génial le couplet est fabuleux, et je n’arrive pas à savoir à quel groupe cette chanson pourrait me faire penser. Souvent on dit que cette chanson fait penser à ça, mais là, non…

Metal-Eyes : D’après ce que j’ai compris, Swan vit aujourd’hui en Suède. Qu’est-ce qui a motivé ce choix et comment vous organisez-vous pour travailler ?

Max : On a jamais été attire par la vie parisienne. Nous, on est des mecs de la montagne, et vivre à Paris, ça a été un peu dur et tout ce qui est balade dans les rues, tatouage et piercing, c’est pas trop top top… On n’a jamais été trop bien à Paris. Swan se sentait bien en Suède, il s’y est installé et maintenant, on se retrouve. On a répété pendant une semaine, et les choses se font tranquillement.

Metal-Eyes : Une dernière chose: est-ce que vous ressentez encore aujourd’hui les effets de votre passage au télé crochet la France a un incroyable talent, et si oui, dans quel sens ?

Max : Franchement, c’est un truc de fous! Même après 4 ans, on nous en parle : « je t’ai vu à la télé, je sais plus où » ! Ce qui est sympa, c’est qu’on a pu parler à un public pas du tout initié à la musique metal. Ça c’est vraiment cool. En plus, on leur dit « Incroyable talent » et les gens nous écoutent.

Metal-Eyes : C’est donc un argument marketing?

Max : ah, oui, un très gros argument marketing! D’un ppoint de vue expérience personnelle, c’était génial de pouvoir jouer dans ces conditions. Je fais un aparté, mais la chanson Death by stereo dénonce totalement là où on était, la musique de mauvaise qualité à la radio, la pop de merde, la RnB de merde, les trucs qu’on essaie de nous faire gober. Personne ne s’en est rendu compte, mais on est allé chanter en direct un truc dans lequel on disait « la télé et la radio c’est de la grosse merde ! » Arriver à faire ça à une heure de grand public sur une grande chaine !

Metal-Eyes : Alors qu’au départ, on voulait que vous interprétiez une reprise…

Max : Exactement, au départ ils voulaient qu’on joue des reprise de AC/DC et Guns, ce qu’on a fait au premier casting. On a joué deux reprise, plus une troisième, à nous, Blast me up. Et les gars on fait « elles sont vraiment géniales ces chansons, c’est quoi la troisième ? – Ben, c’est notre groupe. – Bon ben vous pouvez faire vos morceaux alors ! » Cool…

Metal-Eyes : Max, merci pour cette interview express (à ce moment, le calme revient)

Max : Elle se termine bien, on va pouvoir recommencer (rires)

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Rencontre avec Tim « Nibbs » Carter (basse – Saxon). Entretien avec. Propos recueillis à Paris, Download festival, le 11 juin  2016

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Metal-Eyes : La dernière fois que nous sommes rencontrés c’était il y a deux ans environ, au Bataclan…

Nibbs : Que tu dis… (rires)

Metal-Eyes : J’ai des enregistrements pour le prouver… Cependant nous avions évoqué le risque que prenait Saxon en sortant autant de nouveautés dans des temps rapprochés. Il semble que depuis les choses aient ralenti, il n’y a eu qu’une grosse réédition de 9 albums en vinyle. Que s’est-il passé ?

Nibbs : Tu veux parler de quelle période? Celle de Battering Ram ? Alors, oui… Nous avons publié cet album en octobre 2015, et, normalement, nous aurions dû partir en tournée dans la foulée. Des concerts en hiver, 5 à 6 semaines en Europe, puis ailleurs, en Europe, en Amérique, Amérique du Sud, en Extrême Orient… Mais nous avons reçu une offre pour tourner avec Motörhead alors que nous étions toujours en train de travailler sur l’album. Ce qui nous a été proposé était de participer à la tournée nord américaine en octobre 2015, ce que nous avons fait. C’était déjà une période difficile pour Lemmy – je crois qu’il avait une infection pulmonaire – et… nous avons dû annuler quelques concerts sur cette période. Nous sommes rentrés et avons terminé l’enregistrement de Battering Ram que nous avons publié en octobre. Nous aurions dû partir en tournée pour le soutenir mais Motörhead nous a proposé de les accompagner de nouveau, en Europe. C’était tellement fun de tourner avec eux que nous avons accepté. Nous devions jouer au Zénith à Paris, mais… le grand méchant loup s’est débrouillé pour que ce concert soit annulé… Nous nous sommes retrouvés à Dusseldorf, Saarbrücken, jusqu’à Berlin. Ce fut le dernier concert de Lemmy… Nous avons passé de bons moments avec Motörhead, sur ces dernières dates. Parce que Lemmy est parti à ce moment-là, nous ne pouvions pas continuer cette tournée européenne comme prévu. Nous devions reprendre la route de janvier à février 2016, mais cette tournée de 5 semaines a été annulée. Nous nous sommes demandé ce que nous allions faire. La première chose que Biff m’ai dite a été de nous remettre à écrire. « Composons de nouveau, travaillons déjà notre prochain album ». Il faut un certain temps pour mettre en place une tournée de Saxon, on ne peut pas se dire que demain nous partons en tournée. Alors, par la force des choses, nous avions trois mois devant nous avant nos prochaines dates. C’était au mois de janvier. Nous avons continué de composer pendant trois mois avant de nous retrouver pour comparer nos idées, nos compos et voir si cela fonctionnait en tant que groupe. Au mois de mai, nous avons donné un concert avec Doro Pesch, en Suède, mais j’envoyais déjà mes idées à Biff. Chaque semaine, 3 ou 4 idées, bing, bing, bing… Je lui en envoyais tout le temps. J’écris tout le temps, la batterie, la guitare, la basse… C’est si facile aujourd’hui. Quand je cours, j’enregistre mes idées de riff sur mo téléphone, et quand je rentre, j’y rajoute un tempo, rajoute de la batterie, ou une guitare puis une basse et envois le tout à Biff. La semaine dernière, je suis allé le rejoindre, Nigel nous a aussi rejoints et nous avons maintenant de sérieuses bases.

Metal-Eyes : Ce qui signifie qu’un nouvel album pourrait nous arriver d’ici 6 à 8 mois ?

Nibbs : on n’a pas besoin de se poser un deadline. Nous avons déjà de supers idées pour un futur projet. Quel qu’il puisse être.

Metal-Eyes : Concernant votre participation aujourd’hui : il s’agit de la première édition du Download à Paris…

Nibbs : Vraiment ?

Metal-Eyes : Oui. Saxon a publié plus de 20 albums studio, je ne sais combien d’enregistrements live, de compilations, le groupe a été tête d’affiche de nombreuses tournées et de festivals. Aujourd’hui, vous avez joué avant Baby Metal, qui n’a que 2 albums à son actif. N’est-ce pas un peu frustrant pour un groupe de votre envergure de jouer aussi tôt ?

Nibbs : On est passé à 16h, ce qui me va. N’importe quel créneau avant 15 heures serait frustrant, mais 16 heures, ça me va. Surtout si on joue une heure. Tu sais, j’ai assisté à des festivals, et si tu t’éclates, tu bois un peu trop, en général, tu n’es pas vraiment réveillé avant 15 heures.

Metal-Eyes : Ce qui signifie que tu étais bourré hier ?

Nibbs : Voyons… Je ne m’en souviens pas (rires) ! Non, nous avons travaillé hier matin en Angleterre et sommes venus à Paris, gare du Nord, avant de prendre le bus… J’ai bu deux bières hier soir, non, tout va bien !

Metal-Eyes : Ma question portait surtout sur le fait de jouer avant Baby Metal qui a un certain succès mais pas la même histoire que Saxon.

Nibbs : Il y a un peu de frustration, mais sur mon échelle, elle est infime. Si tu es dans ce business aussi longtemps que nous, je sais comment ça fonctionne. Si un groupe est au top à certain moment, il faut lui donner sa chance. Si un groupe come Baby Metal connait un début de succès, il faut le laisser naviguer sur cette vague. Pas de problème pour nous. Dans un certains sens, c’est un privilège de jouer sur la même scène, on ne sait jamais : ils pourrairraient être la prochaine grosse sensation. Les temps changent, les gens s’adaptent et ont besoin de nouveauté. Je suis sorti il y a quelques minutes, ce n’est pas vraiment mon truc. Je pouvais entendre la musique, voir la scène, les écrans, et ça m’a suffit, je suis revenu afin d’être à l’heure pour notre interview !

Metal-Eyes : Merci ! Sur scène, Biff a répondu à ma question suivante qui était de savoir si, en mémoire de Lemmy et de la date annulée à Paris, Saxon allait organiser une tournée avec Girlschool. Vous serez ensemble à Paris le 14 novembre prochain. Seront-elles avec vous sur les autres dates de la tournée ?

Nibbs : Je crois que oui… Elles seront avec nous sur toutes les dates, je crois, ce qui signifie que nous seront complètement dingues avant la fin de la tournée !

Metal-Eyes : A ce sujet, ne crains-tu pas de te casser la nuque un de ces jours à force de headbanguer comme tu le fais ?

Nibbs : Oui, c’est dangereux, je ne recommande pas de le faire… C’est le genre de chose que j’adore faire quand j’écoute ma musique préférée, et, en toute vraisemblance, tu as envie de le faire sur scène lorsque tu te retrouves devant tant de gens. C’est un risque professionnel. Mais c’est bon de le faire. Cependant, d’ici 10 ans, ma tête pourrait me dire « stop ! qu’as-tu fais »… Mais bon, n’y pensons pas aujourd’hui ! Appelles moi dans 10 ans (rires)

Metal-Eyes : As-tu une dernière chose à ajouter pour le public français ?

Nibbs : Je suis si content d’être de retour en France. Cette dernière année a été perturbée, maintenant, nous pouvons nous retrouver dans votre pays pour jouer de nouveau du rock !

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Rencontre avec Andrew (chant, Guitare), Adam (basse), Jack (batterie) – Arcane Roots. Propos recueillis au Download Paris, le 11 juin 2016.

ARCANE ROOTS 1 110616

Metal-Eyes : Arcane Roots s’est formé au Royaume Uni en 2007, a enregistré jusqu’à présent deux albums, mais c’est tout ce que je sais. Alors commençons avec une question traditionnelle : quelle est l’histoire du groupe ?

Andrew : Nous avons vraiment commencé à la fac, l’ancien batteur et moi avons…

Adam : En fait Andrew a commencé…

Andrew : Non, je suis le membre original… Le seul membre original…

Adam : Un tiers du groupe. 33% (rires)

Andrew : Donc on s’est rencontrés à l’université et nous avions envie, en gros, de satisfaire nos envies musicales. Nous avions le sentiment que nous pouvions apporter quelque chose, il n’y avait rien que nous n’avions envie d’écouter. Alors nous nous sommes entrainés, puis Adam nous a rejoints en 2009, Daryl est parti il y a environ un an et Jack a intégré le groupe. Nous avons rapidement trouvé nos marques, on a joué ensemble pendant un an, et nous voici prêts à enregistrer un nouvel album. Nous avons donné pas mal de concerts, tourné avec nos groupes préférés – Muse, Twin Atlantic… Nous avons eu la chance de pouvoir le faire et d’acquérir de nouveaux fans. Maintenant, j’ai le sentiment que nous nous sommes vraiment appropriés ce travail, ce que nous avons créé en tant que groupe. Nous avons pu explorer, comme sur chaque disque en fait, explorer ce qui nous intéresse. Tout ce que nous faisons est légitime, nous en avons envie. Cette fois, nous allons encore plus loin. Nous sommes à peine arrivés de Toronto, ce matin, où nous avons réalisé notre nouveau disque avec Dave Shifman. Je pense qu’il sortira début 2017, il ne manque que le mixage.

Metal-Eyes : Je connais mal le groupe, mais on cite souvent Nirvana et Alice In Chains parmi vos influences. Quelles sont vos autres références musicales ?

Andrew : Au-delà de l’évident, ce sont des amis, des groupes comme Muse, qui de façon assez ironique, ont une plus grande influence depuis que nous avons joué avec eux. On commence à plus respecter les musiciens pour leur athlétisme  que pour l’album qu’ils ont enregistré. Ces dernières années, je citerai Blake, Nine Inch Nails, Radiohead… Plein de choses nous ont influencés, nous n’avons jamais eu peur d’introduire de choses nouvelles

Metal-Eyes : Vous aimez donc prendre des risques et surprendre votre auditoire ?

Andrew : Oui, Je pense que c’est humain… Personne n’aime écouter… sauf peut-être les fans de Metallica… Bref, je pense que c’est humain d’écouter différentes choses, et on aime jouer de la musique poppy, Keith Jarrett, le jazz, le rock…

Metal-Eyes : Tous ces groupes qui vous influencent, comment travaillez-vous pour les mixer?

Andrew : Avec cet album, c’est principalement moi, mes influences électroniques – je n’ai pas écouté beaucoup de rock. Pour Jack et Adam, c’était quelque chose d’assez neuf, le fait que j’introduise ces sons. Je désirai pousser plus loin le côté piano et synthétiseurs. Mais, ce qui nous a toujours poussé à continuer, c’est que nous adorons jouer ensemble et écrire de la musique ensemble. Dès qu’on évoque une nouvelle idée, ces deux là vont travailler autour. La beauté de la chose, c’est que je ne m’attendais pas à ce résultat. On prend des petits bouts des meilleurs petits bouts et on a un résultat qu’on n’attendait pas. C’est comme ça qu’on obtient quelque chose d’original, de différent.

Metal-Eyes : Vous composez tous les trois?

Andrew : Oui.

Adam : Andrew est le principal responsable des mélodies vocales, il est le… protagoniste. Mais, oui, nous participons tous. Jack est très orienté mélodies, il les imagine facilement.

Andrew : Les lignes vocales, c’est en effet moi, mais je dois les chanter, alors. Dans l’ensemble, le travail se fait à trois. Nous trois, car nous voulons trouver cette pêche liée à l’arrivée d’un nouveau membre. Et il est plus jeune que nous. Alors il est frais ! ça a été un vrai plaisir d’enregistrer avec lui. Il chante très bien, et c’est très agréable de pouvoir se reposer aussi sur lui.

Metal-Eyes : Dans la mesure où tu es nouveau dans le groupe, as-tu eu une approche, un regard différent quant à la manière de faire du groupe?

Jack : Non, mais ce qui est intéressant, c’est que ça fait une bonne année que je joue avec ces gars sur scène. Avant de sauter sur l’enregistrement d’un nouveau disque, nous jouions ensemble, étions « les meilleurs potes » depuis un an et nous n’avons pas eu besoin de nous forcer pour ce disque, nous forcer à nous impliquer. Nous nous réunissons, dans une pièce, et Andrew nous présente ce qu’il a, je place ce que je pense être juste… C’est la même chose avec Adam.

Metal-Eyes : Cette année passée ensemble à jouer sur scène vous a permis de vous découvrir et vous connaitre, et orienter votre vision dans la même direction.

Jack : oui, ça nous permet de mieux connaitre nos envies, nos réactions. Adam, par exemple, préfère les choses plus heavy, Andrew sera plus… au piano…

Metal-Eyes : Pensez-vous que la variété de vos influences est ce qui distingue Arcane Roots de la majeure partie des groupes actuels?

Andrew : J’ai le sentiment que c’est plus… la manière dont c’est traité qui nous distingue. De nombreux groupes ont de nombreuses influences. Nous n’avons pas peur de les afficher… Pour ce nouveau disque, nous n’avons rien laissé sortir, nous avons envie de prendre du plaisir avec la surprise des gens lorsqu’ils vont découvrir que nous pouvons jouer des choses à l’opposé de ce à quoi nous les avons habitués. Pour moi, c’est vraiment excitant. Nous restons humains, nous mélangeons nos influences et sommes impatients de le présenter. Le rock, le metal, la pop ne disparaitront pas, parce que c’est ce qui fait ce que nous sommes, c’est ce que nous jouons live. Il y a des chansons sur cet album où je ne joue d’aucune guitare, ce que nous n’avons pas fait depuis… 10 ans ! J’espère que ça va le faire, car nous sommes aussi honnêtes que lorsque nous sommes sur scène. La raison pour laquelle nous enregistrons tel ou tel titre reste l’envie de la jouer sur scène. Elles peuvent être fun, il peut y avoir de rythmes rapides, mais live, ça ne le fait pas. Aujourd’hui, les choses sont plus compliquées, on cherche à savoir comment on va reproduire ce son sur scène. C’est devenu difficile parce que la chanson est composée de différentes parties, de divers instruments. On enregistre un album comme si on allait se séparer !

Metal-Eyes : D’un autre côté, si vous vous séparez, ça peut signifier des tensions entre-vous, d’où un album de rage…

Andrew : Non, on est les meilleurs amis du monde !

Metal-Eyes : Alors pourquoi vous sépareriez-vous ?

Andrew : Oh, les raisons sont nombreuses aujourd’hui ! Si ce groupe devait se sépare, ce ne serait pas parce que nous ne sommes plus amis, mais parce qu’on ne nous paye plus assez ! (rires) La chose qui nous motive est notre amitié, et le plaisir de jouer ensemble. Même si je leur ai présenté des choses inhabituelles, et des idées vraiment très novatrices, nous en avons tous parlé, et sommes très fiers d’avoir abouti à ces nouveautés. Mais si nous devions nous séparer, ce serait parce que nous n’avançons plus. Nous voulons évoluer, et la musique est vraiment ce qui nous motive.

Metal-Eyes : Vous venez de quitter la scène 3 du Download, quelles sont vos premières impressions de ce concert ?

Adam : Il y a ce truc avec les festivals européens, ils sont tellement plus amicaux, agréables, le catering est top… Quand on joue en Angleterre, en Europe, on est plus relax, on fait plus attention à nous, et le Download Paris n’y fait pas exception.

Andrew : La France et Paris nous ont toujours bien accueillis. Et ça me fait toujours drôle de voir que les gens, après avoir écouté notre musique, viennent nous voir. La dernière fois, on n’a pu jouer qu’à Paris, logistiquement c’était compliqué d’aller ailleurs.. Mais nous voulons vraiment revenir et honorer notre public. J’aime la passion des Français, entre la folie espagnole et italienne !