Interview: STOLEN MEMORIES

Interview STOLEN MEMORIES : rencontre avec Baptiste Brun (guitares) et Antoine Brun (batterie). Entretien mené le 02 octobre 2017 au Hard Rock Cafe Paris

 

Stolen Memories

A l’occasion de la sortie de son nouvel album, (Paradox, sorti le 27 octobre et chroniqué ici-même), Metal Eyes est allé rencontrer les frères Brun, moelle épinière du groupe lyonnais qui nous dévoilent presque tout sur la conception de ce troisième album.

metal-eyes: Stolen Memories a été formé à Lyon en 2007, vous publiez aujourd’hui Paradox, votre troisième album, ce qui fait un album trous les 3-4 ans… Ce n’est pas très rapide comme rythme si vous voulez sortir du lot. Comment vous expliquez ça ?

Baptiste: C’est vrai… On est un peu fainéants (rires) ! Non, en fait, au départ on voulait enchainer les disques mais on a eu pas mal de soucis de label entre le premier et le deuxième album, ensuite, on a eu des soucis de line-up, ce qui nous a pas mal retardés. Et au bout d’un moment, à la suite de tout ça, on a décidé de faire un petit break. On a mis le projet en stand-by, on ne savait pas si on allait réattaquer, dans 6 mois, un an, 5 ans… Ce n’était plus du tout notre priorité, et finalement, ça nous a vite manqué, et c’est reparti de plus belle. Depuis, on ne s’arrête plus !

metal-eyes: Vous êtes justement passés de 5 musiciens dans le groupe à 3. Que s’est-il passé ?

Baptiste: Dès le départ, on n’a toujours été que 3 véritablement impliqués dans le groupe : nous deux, les frangins, et Najib, le chanteur. On avait déjà joué ensemble quelques années auparavant. Entre les 2 premiers albums, on s’est séparés de notre claviériste qui avait intégré le groupe juste avant l’enregistrement. Il n’avait de toute façon pas composé, il a seulement réarrangé ces parties. Sur scène, bien qu’on ai un clavier, on utilisait déjà des samples. On s’est dit que de toute façon, on pouvait simplement jouer avec des samples. Ça ne changeait pas grand-chose pour nous, vu que c’est moi qui composais cette partie, qui les enregistrait sur album… On a décidé d’adapter ça pour la scène. Sur le dernier, on n’est que 3 parque, avant l’enregistrement, on n’avait pas trouvé de bassiste qui nous correspondait. Je me suis occupé de la basse, ensuite, on a cherché quelqu’un pour les concerts.

metal-eyes: C’était donc le côté pratique ?

Antoine: Oui, parce qu’on avait envie de l’enregistrer cet album. On ne va pas se mettre des freins sous prétexte qu’on n’est 3 au lieu de 4, au contraire !

Baptiste: On avait vraiment besoin d’un bassiste pour les concerts, pas pour l’album. Là on a retrouvé quelqu’un qui, en plus, est très bien, qu’on a intégré au groupe rapidement et qui, je l’espère va rester. On verra bien !

metal-eyes: Si vous deviez décrire votre musique pour quelqu’un qui ne vous connait pas, qu’en direz-vous ?

Antoine: Il y a quand même une base metal non négligeable. C’est, à la base, le style qui nous a réunis, en plus du prog. On a des influences assez thrash par moment – on est des gros fans de Megadeth depuis qu’n est gamins, Testament, ce genre de thrash « sophistiqué » dirons-nous – et il y a des éléments progressifs qui se sont ajoutés. Baptiste avait fait un album solo, qui était une sorte de démo pour le groupe, la base de ce qu’on allait faire. Dans l’esprit d’un groupe. Et on a appelé Najib pour ça. C’est un metal prog assez accessible. On a voulu en faire quelque chose d’efficace.

metal-eyes: Accessible, oui, tout en ayant beaucoup de couleurs musicales. Un morceaux n’est pas linéaire. Si on parle de jazz, vous êtes d’accord pour dire que ça rentre un peu dans votre musique ?

Antoine: On peut dire, oui, du free jazz…

Baptiste: Moi, je parlerai plus de fusion que de jazz. Mais oui, il y a des passages sans doute orienté un peu jazz. Ça vient de ce qu’on écoute, on a beaucoup d’influences, on écoute beaucoup de musiques différentes, d’artistes différents, et forcément ça se ressent dans les compos e t l’interprétation.

Antoine: Influences diverses et variées, il n’y a pas que du prog…

metal-eyes: Si vous deviez maintenant décrire l’évolution de Stolen Memories entre les deux derniers albums – en dehors du changement de line-up, du passage de 5 à 3 – qu’en diriez-vous ?

Antoine: Il y avait vraiment une volonté de rendre notre son plus actuel : l’ajout de cordes à la guitare pour la rendre un peu plus lourde, dans les graves, avec quelques rythmiques un peu typées djent, un courant actuellement populaire dans le metal, tout en restant sur nos bases progressives. L’album est accessible à un plus large public. Même s’il est plus prog que celui d’avant, on a essayé de faire en sorte d’avoir une partie « chanson » importante : que le chant soit l’l’élément clé du disque. Il y a de bons refrains qui restent en tête, la mélodie qui prime sur la technique, ce qui n’était pas forcément le cas avant.

metal-eyes: Je ne suis pas forcément d’accord avec le fait que les refrains restent facilement en tête : il faut écouter plusieurs fois l’album pour vraiment s’en imprégner…

Antoine: Oui, ça reste du prog, donc, forcément… Quand je dis « restent en tête », c’est pas des refrains de pop, 3 mots qui sont tournés en boucle. Je ne veux pas négliger la pop, c’est ce qui fait la force de ce style-là : le côté très facile et entêtant.

Baptiste: Malgré tout, pour du metal progressif, ça reste accessible

metal-eyes: Visuellement aussi, je note que vous avez évolué : Blind conséquences a une pochette très sombre, et celle-ci propose plus de couleur. Il y a une volonté de repartir vers la lumière ?

Baptiste: oui, et il y a une volonté d’avoir une pochette, comme l’album, plus ambitieuse, avec plus de classe… C’est pour ça qu’on a fait appel à un pro du genre.

Antoine: On a fait appel à Stan W. Decker pour le graphisme et c’est pas du tout le même style que Blind consequences

metal-eyes: ce n’est d’ailleurs pas non plus son style de dessin habituel…

Baptiste: C’est vrai, c’est d’ailleurs ce que les gens ont dit quand il a posté la pochette sur son site. Tant mieux !

Antoine: Parce qu’au final, ça veut dire que ça marche bien, il a vraiment des possibilités.

metal-eyes: Que me diriez-vous pour me convaincre d’acheter Paradox?

Baptiste: Déjà, si tu veux écouter un album avec une bonne production, actuelle, un son moderne où persiste une certaine recherché dans les arrangements, que tu aimes le metal un poil sophistiqué mais avant tout mélodique… tu peux aller l’acheter sans soucis.

Antoine:

metal-eyes: Il y a une force supplémentaire, c’est la maitrise plus que correcte de l’anglais.

Antoine: ça, tout le mérite revient Najib, du coup il n’est pas là pour en parler… (rires) Faut dire qu’il chante depuis un paquet d’années, il maitrise bien cette langue, déjà, même si écrire des textes et parler c’est différent. Je lui ai donné quelques coups de main sur un ou deux textes, mais c’est lui qui a le plus gros du mérite. Et il a un bon accent, mais après tout, on reste Français… C’est dur d’avoir du recul.

metal-eyes: Je pars du principe que si un groupe chante en anglais, c’est pour viser le marché étranger, et ce n’est pas faisable avec un accent franchouillard trop prononcé.

Antoine: Totalement, il faut faire des efforts, et il en a fait, toujours. Et il s’améliore avec le temps.

metal-eyes: Quel a été votre premier choc musical?

Baptiste: Oh, ça remonte… Je dirais Queen…

Antoine: Oui, Queen. En fait, notre père écoutait ça à donf’ et il nous l’a inculqué… Moi, qui suis plus jeune, ça m’a bien marqué quand j’étais petit. Peut-être plus l’album Innuendo, c’était plus la fin… Mais, oui, tout Queen.

Baptiste: Tout Queen, mais c’est vrai, peut-être un peu plus les derniers albums, qui restent plus modernes.

metal-eyes: Et quel musicien ou groupe vous a fait dire « c’est ce que je veux faire plus tard » ?

Antoine: pour la batterie, c’est Nick Menza, de Megadeth. Il m’a vraiment donné ce déclic pour la batterie. Il a apporté ce groove que Megadeth n’avait pas avant… À partir de Rust in peace, il y a eu ce truc en plus…

Baptiste: Moi, il y a plein de guitaristes, mais je dirais peut-être Eddie Van Halen. Je me suis mis à la guitare petit à petit, et c’est devenu une passion. Il y a toujours le musiciens qui te fait dire « oui, j’ai envie de m’y mettre mais j’ai envie de savoir maitriser mon instrument ». Quand j’ai entendu ses solos, j’ai pris une claque. Je ne savais même pas qu’on pouvait jouer de la guitare comme ça ! ça a bouleversé mes codes, je me suis dit tout est à refaire…

metal-eyes: Si vous deviez ne retenir qu’un seul titre de Paradox pour expliquer ce qu’est Stolen Memories aujourd’hui, ce serait lequel?

Baptiste: Celui qu’on a choisi pour le clip…

Antoine: le morceau Exile, c’était une évidence pour nous! On voulait faire un clip, la phase suivante de l’album. On y pensait déjà en faisant l’album, et ensuite, c’est celel qui s’est vraiment démarquée. Elle résume bien ce que l’on fait aujourd’hui, elle a aussi un bon format single.

Baptiste: Puissante, mélodique, ambiance… et efficace

metal-eyes: Quelle pourrait être la devise de Stolen memories ?

Baptiste: Euh… « Patience et persévérance »

Antoine: Oui, restons passionnés, et patients.

Baptiste: On a les pieds sur terre, et on sait très bien qu’on ne s’en sort pas comme ça dans la musique. C’est un vieux rêve, on y croit quand même, donc on continue, à faire de la musique, essayer de proposer des albums de mieux en mieux, en étant patients parce qu’on sait qu’à chaque fois on doit évoluer, tout comme on peut exploser. Mais ça, c’est l’avenir qui le dira, le public qui choisit. Mais avant tout, on fait ça pour nous.

metal-eyes: Quelle est la meilleure question qui vous ai été posée aujourd’hui? Celle que vous avez préférée, qui vous a surpris ?

Antoine: C’est chaud…

Baptiste: Je m’en rappelle plus…

metal-eyes: C’est sympa pour ceux qui sont passés avant moi !

Baptiste: Il y en a eu un paquet..

Antoine: Il y a eu, forcément, un paquet de questions similaires, des bizarres aussi…

metal-eyes: Une bizarre, oui!

Antoine: la plus bizarre? (Au journaliste en question) : J’ai toujours pas compris donc, si tu lis ça, écris moi : on m’a dit « Si tu dois partir en mission avec 5 personnages fictifs, lequel tu choisis ? » j’ai choisi Jar-Jar Binks. Ne me demande pas pourquoi c’est sorti… Improbable. Il y avait Gollum et je sais plus qui, j’ai choisi Jar-Jar : il a l’air marrant, c’était mon critère ! (rires)

Baptiste: Et moi… Je pense que c’est « vous avez appelé l’album Paradox parce que c’est le fait qu’un groupe comme vous, passionné, qui persévère, soit encore obligé de travailler aujourd’hui ? » Et le mec a vraiment mis le doigt dessus. Ce n’est pas que pour ça, mais c’est un peu l’histoire du groupe : le paradoxe c’est qu’on adore ce qu’on fait mais on galère quand même.

metal-eyes: Qu’avez-vous prévu comme concerts pour défenre cet album ?

Baptiste: On commence avec une première date, le 24 novembre, à Décines-Charpieux, du côté de Lyon, ensuite, c’est en cours de bouclage. On attend des réponses…

Antoine: C’est la suite, on n’est pas que musiciens de studio, on veut aussi se frotter à la scène.

metal-eyes: Un dernière chose : vous avez choisi votre nom comment ? Pour que les initiales fassent « SM » ?

Antoine: Non, c’est une pure coïncidence !

Baptiste: En fait (il se racle la gorge)… C’est juste un loupé, ça. Ça n’a pas été calculé du tout et c’est pour ça qu’on ne fera jamais un logo avec le S et le M qui ressortent. C’est pas possible ! (rires)

 

 

 

STOLEN MEMORIES: Paradox

Progressif, France (Autoproduction, 2017)

Ils en ont perdu deux en cours de route… Stolen Memories, pour son troisième opus, se fait trio. Évoluant toujours dans un heavy progressif, les Français nous proposent avec Paradox 10 titres réfléchis et ambiancés. Si le rythme est souvent enlevé, si les influences jazzy et manouches sont aussi présentes que le rock, si l’ensemble se laisse aisément écouter, Stolen Memories (zavez remarqué les initiales? SM…) s’éparpille quelque peu en voulant explorer divers espaces et horizons musicaux. Baptiste Brun connait parfaitement son propos guitaristique, et le démontre avec aisance et brio. Et si le prog s’adresse souvent à une « élite » musicienne, les sonorités ici concoctées sont d’une approche généralement facile. ce qui rend, en revanche, certains passages plus difficiles, c’est l’accumulation de pistes rendant le sujet complexe. Stolen Memories nous tricote des chansons qui nécessitent souvent plus d’une écoute avant que l’on puisse véritablement se les approprier. Pas toujours facile, ce Paradox aime à jouer avec les couleurs et les sons, ambiances et rythmes. Interview à suivre.