BREATH FROM THE VOID

France, Metalcore (M&O, 2022)

Formé en 2020, Breath From The Void déboule aujourd’hui avec un premier Ep – presque un album en réalité – éponyme. Proposant 7 chansons, le groupe navigue entre groove metal et metalcore. Après une intro soft (Immersion), le groupe crache sa rage avec un Discomfort bien nommé. Une rage et une énergie qui se révèlent tout au long de ce premier essai. Dès lors, le ton est donné. Les cinq ont grandi et ont été éduqué au son des Gojira, Lamb of God ou, dans un autre registre, Hypno5e. BFTV cherche à varier les ambiances et les plaisirs (cette intro sabbathienne et doom et cette ambiance presque mélancolique de Ocean eyes valent le détour), alternant entre chant clair puissant et colère peu contenue. Loin de bourriner à tout va, Breath Frolm The Void sait faire respirer son propos. Les guitares qui charcutent et cisaillent cherchent également une forme de mélodie en se faisant par instant plus aériennes tandis que des rythmes répétitifs et quelque peu hypnotiques parsèment ce premier essai qui s’adresse clairement aux amateurs de puissance, vélocité et breakdowns mêlées à une certaine recherche de mélodies.

THANATEROS: On fragile wings

Metal, Allemagne (Echozone, 2022)

Formé en 1999 à Berlin, Thanateros a enregistré 4 album sans parvenir à réellement se démarquer avant de disparaitre entre 2009 et 2019, année de la sortie de Insomnia. Maintenant, je n’ai encore jamais écouté le groupe et je reconnais que ce On fragile wings est une très agréable surprise. Si Thanateros est décrit comme un groupe de folk metal, l’étiquette est par trop limitative. Car les influences du combo, qui a accueilli un nouveau batteur en la personne de Markus Felber qui semble apporter un regain d’énergie au combo. Le reste du groupe, outre le chanteur Ben Richter, se compose du guitariste Chris Lang, du bassiste Chrys Ryll et du violoniste Christof Uhlman. Dès Kyballion (time to fly), intro dark et tribale, on se retrouve en terrain familier, chaleureux, germanique et nordique. Car tout au long de ces 12 titres, Thanateros, avec sa touche personnelle, évoque le côté rigoureux de la musique de Rammstein et les aspects plus grandiloquents et symphonique de celle de Nightwish. Produit par Simon Rippin, On fragile wings bénéficie d’un son puissant et valorisant. La voix grave, rugueuse et profonde de Ben est également secondée par celle lumineuse de Johanna Krins (Arctic Relief, Delva) sur deux titres, le premier extrait Coven of the drowned, très enjoué, et Solitude, superbe pièce. Les aspects folk sont, eux, du fait du violon qui évoque l’Irlande et ses verts paysages. En variant les thèmes et rythmes de ses compositions, Thanateros parvient à ne jamais se répéter, gardant aisément tout e l’attentions de l’auditeur, l’entrainant avec le groupe tel Kaa hypnotisant Mowgli. Une belle réussite qui mérite qu’on s’intéresse de plus près à Thanateros. Le groupe demande une seconde chance? Offrons la lui,, d’autant plus que le groupe se voit comme un phénix et le clame sur Burn (« We will rise from the ashes, We will rise« ).

PRIMAL RAGE: Awakening the masses

France, Thrash/Hardcore (M&O, 2021)

On ne va pas passer par 4 chemins: Awakening the masses, le premier album de Primal Rage depuis deux décennies, est un de ces putains de crochets qui te mettent genoux à terre en moins d’un round. Le groupe Savoyard a décidé de refaire parler la poudre et nous propose un album coup de maitre. Le thrash hardcore que propose le groupe est simplement redoutable. L’efficacité réside, au delà de la qualité des composition, dans les refrains et les chœurs qui présentent un groupe à l’unisson, une formation avec pour objectif commun d’entrainer l’auditeur et/ou le spectateur dans cette tempête de rage contrôlée. Putain, ces mec ont leur place à la Warzone direct! Zou, allez me faire des circle pits et des wall of death! Ca bastonne et ça dézingue à tout va! On pourrait faire l’analyse de chaque titre qu’on en reviendrait à la même chose: de Repression au morceau éponyme en passant par FFF (un rapport avec le groupe? mais non…) Racial hate, No cure for hate ou… bref, une conclusion s’impose: « ça le fait grave et sévère ». C’est certes brutal mais c’est également, surtout, salvateur. Alors, simplement, tout simplement, laissez-vous tenter et entrez dans cette massez que Primal Rage veut réveiller. Espérons simplement qu’il ne faille pas une nouvelle double décennie pour un nouvel album, mais laissons celui-ci vivre pleinement sa vie!

 

Interview: KNUCKLE HEAD

Knuckle Head, c’est facile comme groupe. Ils sont deux. Pour cette interview, ma première question est de savoir auquel j’ai à faire, le beau ou le sympa? « Ben, c’est facile, je suis Jock Alva, le batteur, le tatoué« . Ok, un cogneur. Donc j’arrête mes vannes. Quoique…

Holsters and rituals est le second album du groupe. Sachant que le premier album s’intitulait 2, que le duo a également sorti un Ep faisant de ce nouvel album son troisième enregistrement… Faut vous suivre sur ce coup-là, dis… « Euh… oui, si t’a envie (rire)… Tu sais, tu es le dernier alors là je me lâche« . Aussi légère que puisse être cette interview, interroger Jock (ou joke?) se révèle simplement léger et plus que sympathique. Alors, commençons par le « simple » Knuckle Head, c’est quoi? « C’est un duo, gratte, batterie. Epuré au maximum. C’est du dark country… Te définir ce que c’est, c’est difficile. Tu écoutes et tu vas avoir du stoner, du sludge, du doom, du hard rock, de la country, du metal, du ard blues, du rock, du soft rock… C’est un énorme mélange et tu mixes tout. Tu rajoute, cerise sur le gâteau, un peu d’occulte, et tu sert ça avec un bon dessert et ça te donne Knuckle Head« . Le point commun entre tous ces style, c’est le côté US de la musique, très connotée west américain, avec les grandes étendues, le sable et le désert… « Absolument. On essaye vraiment, aussi, de mettre notre personnalité dedans« . Et c’est plutôt réussi.

« On a travaillé 3 ans sur cet album« , déclare Jock. Oui, mais il y a eu le Covid pour ça. « Ben justement… Il est très bien tombé, parce qu’on a vraiment pu prendre le temps de se concentrer à 200% sur ce disque. On sait que le mot Country touche à l’Amérique, mais on voulait mettre aussi le côté européen. Le côté château, un peu occulte des rituels, des forêts, sans compter que nous venons d’Alsace, là où ont été formées les sorcières… On voulait que cette country mette en valeur le côté européen. Il n’y a que les Américains qui puissent faire de la vraie country« . Country, oui, mais on reste très loin de Dolly Parton, heureusement… Le groupe a donc pu tirer profit de la crise sanitaire. En quoi le Covid a-t-il servi le duo? « On a pu prendre du temps, simplement. On a pu tout faire… On fait tout nou smême, de la gestion des réseaux sociaux à l’envoi des colis pour les commandes. Si tu dois tourner en même temps, aller en studio, sachant qu’à côté j’ai une entreprise de tatouage… Même si la musique reste au dessus de tout, tout ça prend énormément de temps, donc oui, bien sûr que le Covid nous a servis à beaucoup moins stresser, à travailler encore mieux l’album. Je penses aussi que l’expérience du temps nous a servis à nous trouver. Il y a plus d’harmonie. Je pense que Knuckle Head suivra cette voie sombre et lumineuse« .

L’album s’intitule Holsters and rituals. La pochette évoque ces derniers, à commencer par le côté sombre, le logo en cercle du groupe, les gens qui prient ces statues… Quels sont donc les rituels de Jock et Jack? « Je ne sais pas comment t’expliquer ça… En fait, l’artwork de l’album représente 2 statues qui, entourées de deux vitraux est exactement ce qu’on a reproduit sur scène. On a ces deux vitraux de 2 X 1 m sur scène qui sont une forme de bienvenue quand tu viens en concert. Quand tu nous vois sur scène, on te dit « bienvenu », et le chemin t’amène vers cette montagne, ce ciel, qui sont une invitation à une sorte d’évacuation totale« . mais eux, Johnson et Johnson, pardon, Jack et Jock, en ont-ils, des rituels, avant de monter sur scène, d’enregistrer? « Non, pas du tout. on n’est pas une religion, mais on prêche une forme de quelque chose. Ok, c’est une forme de rituel, mais quand tu rentre dans cet endroit, cette salle de concerts, c’est fait pour que tu oublies, que tu vives beaucoup mieux ce qu’il se passe autour de toi« . Donc, Knuckle Head apporte des ondes positives… « Exactement. Même si certains pourraient penser l’inverse en voyant la pochette« .

Tatouage, justement, Jock est tatoué partout. Que reste-il d’espace sur son corps qui ne le soit pas? « Euh… la voute plantaire (rires). Il me reste encore un peu de place« . Donc, pour Jock, le tatouage est un rituel. « C’est un rituel, oui, mais pas autant que la musique. C’est d’ailleurs, maintenant, le moyen que je préfère pour aller me vider la tête. Avant, ça passait par le tatouage qui est pour moi très personnel comme acte. c’est soit un moment très triste, sombre, ou très heureux. Je ne me marque que pour ça, pas pour l’art. C’est ma façon de m’exprimer, et maintenant, cette expression passe par la musique qui est mon exutoire. »

Kncuckle Head c’est également un groupe de rock, qui vit pour la scène. Le duo vient de retrouver le plaisir des salles qu’il vit, on l’imagine volontiers, comme une libération. « Oui, avec beaucoup de stress. Le peu de dates qu’on a eues, le Covid est arrivé. Là tout reprend à la normal, avec en plus la sortie de l’album. Il n’a en plus rien à voir avec l’album 2, qui est plus coloré, celui ci est beaucoup plus sombre. On s’est dit qu’on allait perdre une partie de notre fanbase. Peut-être pour en gagner une autre, mais en perdre une partie. Et en fait, pas du tout! C’est incroyable les retours qu’on a depuis trois jours, depuis le début de cette tournée. Des fans et de vous tous, au cours des interviews. On vous remercie plus que tout pour cette bonne ambiance, cette appréciation de ce nouvel album. On est vraiment très flattés par tout ça« .

Si Jock devait ne écouter qu’un seul titre de cet album pour expliquer ce qu’est Knckle Head, il retiendrait « le dernier, The sword. C’est pour moi l’aboutissement parfait d’une sonorité dark country. il y a cette sonorité d’énergie country un peu bizarre, on dirait qu’on a donné du Red B*** à la country et d’un coup tu passes sur ce riff stoner doom vraiment lourd, et cet énorme larsen de 30″ qui laisse place à cette espèce de pogo qui te fait headbanguer. Oui, c’est l’aboutissement de cet album. A écouter dans l’ordre! »

Pour conclure, pour Jock, la devise de Knuckle Head pourrait être « Ne jamais rien lâcher. Jamais abandonner« . En attendant, il tient à rajouter « profitez de chaque jour comme si c’était le dernier. Avec tout ce qu’il se passe, essayez de garder le sourire, d’être gentil avec les autres comme ça vous aurez un bon karma! »

Entretien téléphonique avec Jock Alva (batterie). Propos recueillis le 28 mars 2022

DECASIA: An endless feast for hyenas

France, Psyché (Heavy psych sounds, 2022)

Decasia est un trio formé au début des années 2010 à Nantes. Après deux Ep, un éponyme en 2014 et The lord is gone en 2017, Decasia nous propose aujourd’hui son premier album, An endless feast for hyenas. Loin de vouloir inventer ou réinventer un genre, le trio nous propose un album puisant aux tréfonds du rock psychédélique de la fin des années 60/début des années 70. Il y a dans ces dix titres la folie des Doors, la puissance de Motörhead, la fumette de Hawkwind, le heavy de Black Sabbath, le tout enrobé, visuellement et musicalement, d’influences indiennes (souvenez-vous les pèlerinages sur les chemins de Katmandou, on y est). Les guitares saturées et ronflantes, la puissance sonore, le côté perché de ces compositions nous replonge dans un passé que d’aucuns tentent de faire revivre. Pas question ici du revival southern rock, non, mais bien de l’univers déjanté du rock psychédélique. Le chant – peu intelligible – rappelle  Ozzy Osbourne ou Jim Morrison, les guitares évoquent un meeting entre Fast Eddie et Tony Iommy, les soli les envolées barrées des musiciens d’antan sous acide. Pas forcément très actuel, moins dansant qu’un Blues Pills, l’ensemble reste cependant intriguant et quelque peu attirant bien et peut s’apprivoiser petit bout par petit bout. Un saut dans le temps.

KORN: Requiem

USA, Nu metal (Loma vista, 2022)

C’est avec une régularité exemplaire que Korn propose depuis une bonne décennie ses nouveaux albums: un tous les trois ans, un bon rythme pour les amateurs du fondateur du Nu metal, non? Requiem est donc le nouvel opus de Jonathan Davis et sa bande et nous proposent 9 titres qui sauront séduire les fans. On pourrait penser qu’avec une discographie aussi imposante que la sienne, Korn pourrait tomber dans une sorte de routine sans consistance, mais non, même si  on a pu sentir la formation pas toujours aussi inspirée fut un temps pas si lointain. Mais depuis une dizaine d’années, l’envie semble avoir repris le dessus. L’alternance de rythmes, le chant doux et bienveillant passant brutalement à une certaine forme de colère, les compositions ici sombres et là plus légères donnent envie d’en écouter plus. Or, ce disque ne dure qu’à peine plus d’une demi heure, le temps règlementaire des albums d’antan et celui d’Eps actuels. Mais on ne saurait en faire le reproche à Korn qui évite ainsi de tomber dans le piège du remplissage gratuit au dépend de la qualité. Si Requiem n’atteint pas le niveau de la première partie de la carrière du groupe, il est toutefois très prometteur et nous offre un groupe dans une forme retrouvée qui fait plaisir à entendre.