HELLFEST XV Part 1: Beyond this road

On s’en souviendra de ce Hellfest 2022, le, enfin là, 15ème du nom – « on » étant ici utilisé dans ses formes aussi impersonnelle que généraliste. Oui, on s’en souviendra : une édition dantesque, énorme, gigantesque. On s’en souviendra à bien plus d’un titre : tout d’abord, Hellfest prod a surpris tout le monde en annonçant que ce HF XV se tiendrait sur 2 week ends. Une édition de 7 jours réunissant plus de 350 groupes dont, l’un des rêves du public, la venue de Metallica en clôture du festival. Un choix pas si étonnant qui a permis à cette machine désormais bien huilée de renflouer les caisses qui se sont vidées depuis 2 ans. Le produit de la vente de ce second week end permet d’avoir un fonds de roulement suffisamment important pour prévoir la 16ème édition. Logique, d’autant plus, qu’encore une fois, les places se sont vendues en un clin d’œil.

On s’en souviendra aussi pour sa météo. Infernale le premier week end avec des températures dépassant les deux premiers jours les 39° à l’ombre. Et l’ombre, à Clisson, en dehors de la forêt du muscadet, celle qui mène à la Warzone, ben, de l’ombre… Si le premier week end nous a montré une version de l’enfer, le second nous en a gardé son inverse, les températures chutant drastiquement – autour de 20° maximum – et le ciel nous offrant généreusement une pluie constante détrempant le terrain et le transformant en une gigantesque étendue de boue évoquant pour certains l’enfer de l’édition 2007… Orage et pluie ne sont pas toujours les bienvenus en festival. Et aussi, ce Covid qui se remet à circuler, et que nombre de festivaliers – moi et nombre de photographes et spectateurs amis inclus – ont attrapé… Oui, on s’en souviendra de cette XVème édition !

Pour Metal Eyes, le week end a débuté dès le 16 juin en milieu d’après-midi. Rien que l’installation de quelques photos à l’espace presse fut un début d’épreuve dans une étuve. Mais trêve de plainte, voici deux ans que nous attendons ce retour, alors on s’y met ! Petit résumé de ces 7 jours, histoire de se mettre en jambes :

Du 16 au 19 juin et du 23 au 26 juin, ce sont 152 km parcourus (soit une randonnée moyenne de 21 km/jour de fest !), des litres d’eau bus et à peine une bière par jour, 94 groupes shootés, 5 scènes visitées (l’état de mes pieds m’a empêché d’aller à la Warzone), la satisfaction de voir les anciens encore en forme, même si sans surprise réelle, la grande satisfaction de voir la relève arriver, la déception de ne pas voir certains concerts autrement que par écrans interposés tant il était impossible de circuler (Nightwish, Sabaton, Black Label Society, Ugly Kid Joe et… suivez mon regard) et surtout cette fatigue qui m’a forcé à reprendre la route avant le feu d’artifices du dimanche soir… Une double édition une fois, un one shot, qu’on espère ne pas voir se renouveler.

Arrivé le jeudi, donc, et une fois débarrassé de mes obligations de préparation, j’aperçois une porte entrouverte et je file faire un petit tour des lieux ; Pour une fois, profitons-en, avant l’ouverture officielle… Visiter la terre sainte sans foule est suffisamment rare pour pouvoir en profiter tranquillement, errer sans but précis. Quelques changements sont notables, à commencer par la nouvelle statue de Lemmy. L’ancienne, attaquée par les éléments, menaçant de s’effondrer a été retirée, une nouvelle, superbe œuvre de Caroline Brisset, a pris sa place. Celle-ci restera et fera partie du patrimoine de Clisson pour les siècles à venir.

On notera également le retour du corbeau qui scrute et surveille le pôle restauration des festivaliers. Une autre belle œuvre qui semble plus maousse que celle qui fut incendiée volontairement il y a quelques années.

Enfin, l’accès à la forêt se fait par un portail dominé d’une cage très sympathique dans laquelle se trouvent les âmes bannies du festival. Et bannies… il y en aura d’autres ces deux week ends. Place ensuite à mes impressions plus ou moins à chaud.

Par où attaquer le principal de ce report ? Par un premier constat, sans doute… Au-delà des éléments, usants, éreintants, ce type d’évènement, sur 2 week-ends est tout sauf reposant d’autant avec des journées qui s’étalent de 10h à 2h (exception faite du jeudi 23 où le premier concert a débuté à 15h30). Des souvenirs plein la tête ? Certes, mais il devient très difficile de vraiment tout savourer.  Commençons par le commencement, HF XV part 1 – je vous invite à visiter la galerie photo dédiée, avec ce lien: http://metal-eyes.com/galerie-hellfest-2022

Vendredi 17 juin

Arriver au HF, c’est foncer au merch en espérant ne pas avoir à faire la queue trop longtemps. Il n’est pas encore 10h et la foule est déjà dense… je rate ainsi les deux premiers sets, Heart Attack et Frog Leap mais fonce me rattraper avec Laura Cox qui, comme à son habitude pourrait-on désormais dire, dégaine ses cartouches d’un rock hard classique et efficace. Elle qui devait inaugurer la MS 2 a bénéficié d’un heureux hasard (sa participation à l’édition HF from Home a sans doute joué aussi) et se retrouve un tout petit peu plus haut sur l’affiche. Elle tient le public dans sa main et est fière d’annoncer l’arrivée d’un troisième album et d’une release party à la Cigale de Paris. A suivre.

Déjà il fait chaud, très chaud. Déjà, les pieds commencent à gonfler. Déjà, l’eau coule à flots et déjà les conférences de presses annoncées sont annulées tant la chaleur est intenable à l’espace presse. Rien ne se fera sous la tente ces deux premiers jours, point à la ligne. Les interviews se mènent à l’extérieur, et les groupes tentent de se réserver un coin d’ombre. Dur. On n’est que jour 1 !

Je bifurque vers la MS1 pour avoir ma première bonne surprise avec Ferocious Dog : un rock irlandais qui évoque autant Dropckick Murphys que Flogging Molly avec des musiciens qui se protègent du soleil (l’accordéoniste a piqué son bob à Bernie !) et qui délivrent une musique entrainante et enjouée. A suivre !

Un petit tour sous Temple puis Altar me permet de découvrir Numen et ASG mais je n’en garde pas de souvenirs particuliers. Je retourne donc vers mon repaire – pour certains c’est la Warzone, pour moi, les MS, vous l’aurez compris – pour soutenir les Orléanais de Burning Heads. Un peu de punk sur la MS alors que le soleil commence à taper fort sur les têtes, quoi de mieux ? Le groupe est en forme, monte sur scène comme il est à la ville et dispense son rock dur pendant une bonne quarantaine de minutes. Simple, direct et efficace.

Leprous, dont on fait tant de gorges chaudes, me laisse quasi indifférent. Beaucoup d’espoir et de curiosité qui tombent à l’eau malgré les indéniables qualités musicales du combo. Est-il à la bonne place ?

Contrairement à Shinedown qui, même en passant plus tôt que ce qu’il mérite, fonce dans le tas. Ok, ce n’est pas forcément mon truc, mais force est de reconnaitre que les Floridiens ont un look, une prestance et une énergie qui forcent le respect.

Energie qu’on retrouve dès l’arrivée sur scène de Frank Carter & The Rattlesnakes. Enragé comme toujours, le rouquin tatoué saute dès le premier titre dans le public qui le porte, le soutien, le laisse plonger tête la première avant de le rapatrier vers la fosse. Et le gaillard de remettre le couvert sur fond de punk explosif et entraînant. Immanquable !

A côté, Opeth est bien plus sage… Si le groupe démarre son set avec de titres chantés et aériens, il se rappelle bientôt aux premiers fans avec ses titres extrêmes. Calme, sobre et pas forcément la prestation la plus marquante de la journée, il y en a cependant pour tous, Opeth ne reniant en rien son glorieux passé.

Les dernières fois que j’ai vu The Offspring, je m’étais ennuyé. Cette fois, Noodles et sa bande, même avec une setlist sans surprise, donnent tout au public qui le lui rend bien. La prestation est festive et enjouée, le groupe semble vraiment heureux d’être là et s’amuse. Nous aussi !

Même si le groupe a sorti un album dantesque, la chaleur assommante force la pause et je rate Mastodon. Je reviens vers MS 1 pour ne pas shooter Dropckick Murphys mais profite de sa prestation et de sa musique simplement imparable. Le spectacle est aussi dans le public qui dans et pogote à souhait. Comment pourrait-il en être autrement, hein ?

Un petit tour sous Valley, enfin, pour écouter Baroness. Là encore, le groupe est efficace et direct, et se donne à fond pour un public à fond. Une très belle et généreuse prestation nous est offerte.

Je retourne voir Five Finger Death Punch, un groupe au look renouvelé, Yvan Moody habillé d’un T-shirt blanc (on le comprend) et d’un surprenant pantalon jaune ! Bon, il a commencé en rouge, mais a préféré se changer. Les hits du groupe défilent, le public est réceptif et reprend naturellement en cœur l’imparable Lift me up, taillés pour les concerts de toute taille.

Peu sensible à Deftones, je préfère prendre mes marques pour le concert de Volbeat, très attendu. Une heure dix d’un show haut en couleurs, avec un peu de fraicheur dans l’air – enfin – et des titres actuels ou plus anciens qui défilent trop vite. Une des plus belles prestations auxquelles j’ai pu aujourd’hui assister. Il est cependant temps de rentrer, d’aller trouver un peu de sommeil avant la reprise de demain, journée annoncée au moins aussi chaude…

 

Samedi 18 juin

La chaleur écrasante est de retour… Titan, que j’avais shooté à Châteauroux lors de la Firemaster Convention, ouvre le bal. Sa prestation est tout aussi carrée bien qu’on sente le groupe légèrement perdu sur cette immense scène. L’Irlande au cœur pourrait bien devenir Hellfest au cœur, une nouvelle version de l’hymne de la bande de Le Calvez.

Autre déflagration, plus brutale… Sous Altar, Karras, l’autre projet de Yann, guitariste de Mass Hysteria, fait exploser les potards. La rage et la colère du trio ne sont guère contenues et ça défouraille sévère. Lui qui, il y a 3 ans, venait clôre la journée se retrouve aujourd’hui, avec beaucoup de plaisir, semble-t-il, à l’ouvrir. Quand on aime…

La curiosité me pousse à aller écouter Fire From The Gods, groupe américain explosif qui tire à boulets rouge sur le public. Le soleil n’est pas encore au zénith, et tant mieux, parce que ça pète dans tous les sens. Mais aujourd’hui, il semble mieux pour certains groupes de jouer sur la main 2… La tête d’affiche du soir ayant fait rehausser la MS1, alors direction…

Les très prometteur Last Temptation avec la surprise de retrouver à la batterie Farid Medjane, ex vous savez qui. Le hard rock du combo est simple, sobre, efficace et le quatuor se donne à fond avec passion et bonheur. Un groupe décidément à suivre pour les amateurs de classic rock.

La déception du jour – qui impose un premier break – vient de l’annulation tout juste annoncée de The Dead Daisies. Pas d’explication particulière, on imagine un passage par la case Covid. Tant pis, on remplace par un passage sous Valley pour retrouver The Picturebooks, duo que j’avais déjà vu à Paris au Divan du monde en ouverture de, je crois, The Answer. Puissant, efficace, un guitariste chanteur qui joue à l’instinct. Un bon remplacement, en somme.

L’un des groupes que je souhaitais voir, pour la pureté et le dépouillement apparent de son style, c’est Soen. Une jolie foule s’amasse sous le soleil plombant – on le saura… – pour assister à cette jolie prestation, sobre et efficace, d’une quarantaine de minutes. Pas de grande surprise mais une des satisfactions de ce premier week end.

Je file sous Altar pour jeter un œil à la furie thrash de Xentrix. Grand bien m’a pris car, sur le planning du jour, j’avais entouré Loudblast et Exciter, tous deux jouant devant tant de monde – tant mieux – que la tente en fut inaccessible. Xentrix démonte cependant les nuques comme il faut.

Retour devant les mains pour voir, enfin, et pour la première fois, les Anglais de The Darkness. On s’attend à un peu de folie visuelle et je ne suis pas déçu : les tenues de Justin Hawkins sont tape à l’œil et franchement les gaillards sont en forme. Mais là encore, une pause s’impose, une vraie, histoire de m’alléger en déposant une partie de mon matériel.

Le temps d’un aller retour, je rate, sans grand remords, Alestorm et, je le regrette un peu plus, Rival Sons dont j’assiste à la fin d’une prestation rock à laquelle le public semble réceptif. Avec de grands albums à son actif, le groupe ne peut que séduire.

On les connait, on sait ce à quoi on va avoir droit… Une débauche de filles sur scène (cette fois-ci, aucune n’est invitée dans la fosse au début du set) en fin de show, d’incessants appels à nichons… Steel Panther est en ville, la gaudriole de sortie et de mise ! Surprise – je n’ai pas suivi grand-chose au sujet du groupe – Lexxi Foxx est out, remplacé par je n’en sais rien mais le groupe a moins de charme et semble plus « sérieux » qu’avec son blond bassiste efféminé. Plus de miroir, plus de poses ambiguë, Steel Panther m’a moins surpris. A-t-on fait le tour ?

Un tour du côté des légendes du Thrash sous altar remet les pendules à l’heure. Flotsam & Jetsam est suffisamment rare en nos contrées pour éviter l’insulte de ne pas aller rendre hommage à ces légendes US qui ont accueilli – et ont stagné après son départ – un certain Jason Newsted. Dans ta face et efficace, rien à dire !

Impossible de rater Megadeth, avec un Dave Mustaine veillissant mais toujours en forme. Dommage seulement que cette MS1 soit si haute, il est compliqué de profiter pleinement de ce show dont on se délecte pourtant d’une setlist aux petits oignons.

Deep Purple, quelques mètres plus loin est tout aussi veillissant, et c’est avec surprise que je m’aperçois que Steve Morse n’est pas de la partie… Le guitariste souffrant de problèmes de main est ici remplacé par Simon Mc Bride totalement respectueux des classiques du groupe. Mais voilà, on sent Deep Purple en bout de course, les nombreuses parties instrumentales, longues, semblant être utilisées en remplissage plus que rendant service aux chansons. Le set souffre ainsi de longueurs, et c’est bien dommage.

Ghost, annoncé en tête d’affiche de ce samedi à la fin de son concert parisien, rempli toutes les cases. Un show soigné, un papa Emeritus en forme, une setlist efficace, un visuel à tomber, mais… mais une voix qui flanche malheureusement en fin de set forçant Ghost à écourter son show…

La chaleur du début de week end , mais maintenant le vent, ont forcé l’annulation du feu d’artifice. C’est donc avec un peu d’avance que montent sur scène les Australien d’Airbourne qu’on retrouve, qui en sera surpris, plus que déchainés. Comme toujours, Joel O’Keefe attire tous les regards, comme toujours, encore, il semble n’avoir qu’un jean noir toujours aussi déchiré que lui. Airbourne propose un set classique mais explosif, le guitariste chanteur terminant sur les épaules d’un gars de la sécu le portant devant le public un autre l’arrosant copieusement afin de le rafraichir. Même si on sait de quoi il en retourne, Airbourne fait partie de ces groupes qui font plus que le job. Dommage d’avoir raté le combo la semaine suivante, mais là, les Australiens concluent avec brio cette soirée. Au dodo !

 

Dimanche 19 juin.

La météo est certes plus clémente, les pieds crient leur douleur ! Ce n’est donc qu’après avoir plié bagages, rangé la voiture et les affaires que je me dirige vers le site pour assister, enfin, à une prestation des Autrichiens folkloriques de Kontrust. Et la mise en jambe vaut le détour : entre une musique très enjouée et des tenues tyroliennes de mise, le groupe fait dans er un public encore épars mais curieux et réceptif. Un beau début d’une journée pourtant très « traditionnelle » et riche de découvertes.

Je vais passer le plus clair de mon temps devant les MS aujourd’hui, et avoir quelques belles surprises… A commencer par un Sortilège en forme que j’avais malheureusement raté lors de son passage parisien en avril. Un set raccourci, mais des gars au taquet et un Zouille très en voie. Un nouvel album nous est promis, alors maintenant, patience.

Je suis moins sensible au métal de Lacuna Coil mais visuellement, les Italiens mettent le paquet. Une prestation haute en couleur qui mériterait certainement d’être vue dans une salle sombre.

Battle Beast reste une valeur sûre, sans grande surprise. Un spectacle travaillé pour le visuel et un metal sympa et passe partout. Mais un ensemble sans doute un peu trop kitsch (à ce sujet, on repassera la semaine prochaine…)

Je rate Car Bomb pour cause d’interview mais impossible de rater la metal queen. Doro, ça fait des siècles qu’on attend son retour en terre sainte et le public ne se fait pas prier. Si son set est principalement axé autour de ses grands succès d’antan, Doro et sa bande prouvent une nouvelle fois savoir ce que c’est que d’avoir un public dans la main. Un set impeccable, plein de bonne humeur et de bienveillance. Merci ! Aura-t-on droit à un duo avec le Metal God plus tard ce soir?

Une foule curieuse s’entasse devant la MS 2 , deux drapeaux ukrainiens flottant au vent. Jinger, on le sait depuis peu, a reçu l’autorisation de son gouvernement de quitter le pays pour aller promouvoir la culture ukrainienne sur les festivals d’été. La rage est là, féroce mais de message politique, on ne trouve que peu de traces. Un set puissant d’un groupe qui tire profit de la situation anormale de son pays en guerre.

De l’autre côté, Michael Schenker connait un renouveau de carrière mérité. Il déboule avec son MSG et propose une heure de ce hard rock classieux planqué sous sa chapka noire. Il n’a pas un peu chaud le gaillard ? En tout cas, il est souriant, heureux d’être là et de transmettre du bonheur. Un vrai plaisir de retrouver en si grande forme celui qui fut naguère connu comme l’ange blond.

Quel dommage en revanche que les Japonais de Maximum The Hormone aient interdit toute photo ! Quelle énergie, quelle débauche visuelle le groupe nous propose. Son metal groovy et parfois disco entraine le public et le groupe ne s’en laisse pas compter, allant même, en s’en amusant, jusqu’à faire répéter au public des mots nippons qui semblent bien déplacés. Mais on s’en fout tant la dose d’énergie reçue est forte. La découverte du jour.

Il avait été rayé de listes – celles des notables du coin, pas de Barbaud ou du HF – il y a quelques temps, mais on savait qu’il reviendrait. Rien ne viendra ruiner cette amitié qui lie le Hellfest à Phil Anselmo qui déboule aujourd’hui avec un Down en pleine forme. Une heure d’un metal débridé, sauvage et entrainant, une déflagration qui fait du bien.

Le temps de me restaurer, je rate Korn sans grand regret, n’étant guère sensible au nu metal, même si le show est là. Mais rien ne me fera rater la prestation de Judas Priest, sans doute une des dernières fois que la légende anglaise se présentera à nous. Et ce n’est pas peu dire que depuis l’intégration de Richie Faulkner et le remplacement forcé de Glenn Tipton par Andy Sneap le groupe est très en forme. Même si on sait à quoi s’attendre – un Rob Halford mécanique, un Ian Hill seul dans son coin, un Scott Travis qui interpelle pour « one last song » qui sera sans surprise Painkiller, une Harley qui vrombit… le groupe connait parfaitement son affaire et propose un show superbe visuellement et musicalement. Un des musts de cette première partie, incontestablement.

Si les Français n’étaient pas au premier programme, les modifications de l’affiche nous font revenir Gojira en tête d’affiche, clôturant explosivement la MS1 de ce premier week end. Une heure trente d’un show puissant aux lights superbes finissant d’achever le public qui va devoir, pourtant, encore tenir pour Running Wild.

De mon côté, un passager m’attend. Le temps de le récupérer, d’aller à la voiture, de faire le plein et voilà que… sans l’avoir annoncé, cette première partie se termine par le feu d’artifices qui devait avoir lieu la veille… Tant pis, on en verra d’autres. Pour le moment, retour à la maison pour un peu d’activité pro avant de revenir dans quelques jours. Dans des conditions différentes mais tout aussi compliquées. A suivre…

 

FIREMASTER CONVENTION #3: vendredi 29 avril

Les 29 et 30 avril et le 1er mai 2022 s’est tenue la troisième édition de la Firemaster Convention de Châteauroux. Celle de l’an dernier s’était adaptée à la crise sanitaire et avait fait l’objet de diffusion de concerts à distance. Cette année marque le retour d’un accueil physique dans ce même hall des expos de la préfecture de l’Indre plus tardivement dans l’année que lors de l’édition de 2020 (qui, pour rappel, vit Vulcain donner son dernier concert – sans que le groupe ne le sache lui-même). Et c’est une bonne chose car cette fois, la température intérieure est normale, on ne se les gèle pas!

La site est une nouvelle fois divisé en deux: une grande partie réservée au market et activités annexes (projections de films – Metal hurlant et Lords of chaos – débat et conférences, jeux divers, photo booth), la salle de concert se trouvant dans le dernier tiers. L’espace occupé par la scène est plus vaste qu’il y a deux ans, les lights et décors clairement plus travaillés et professionnels. Pourquoi, avec une affluence à la base limitée, ne pas avoir proposé un point rencontre et dédicaces? C’eut été le lieu idéal pour tout le monde en cette reprise de concerts… A voir pour l’an prochain.

Dès mon arrivée, un triste constat s’impose: le public est absent… Dans un si grand hall, c’est flagrant. Maintenant, nous ne sommes que vendredi, certains travaillent encore, alors espérons que les concerts du soir attireront plus de monde. L’affiche de ce vendredi est pourtant alléchante proposant des styles variés, du metal sympho au thrash en passant par le hard rock.

Les concerts débutent avec les Lyonnais de Whyzdom, seul groupe à jouer pour tout public détenteur de pass « Day » ou « Night ». Devant à peine une centaine de spectateurs, Vynce Leef (fondateur, guitariste passé depuis à la basse) et ses comparses terminent de jouer un titre avant qu’il ne lance au public: « c’était le soundcheck! Maintenant, on sort, et on revient après l’intro! ».

La bonne humeur est visiblement de sortie, d’autant que, Marie, la chanteuse le dira plusieurs fois, c’est le premier concert que le groupe donne depuis 3 ans. Avec un set de 45′, Whyzdom propose 8 titres au public auxquels s’ajoute une sympathique mise en scène – le regard sévère de Marie maniant l’épée! une très agréable mise en bouche.

Ce sont ensuite les Grenoblois d’Amon Sethis qui viennent présenter leur dernier album en date, Part 0: the queen with golden hair (2020). Toujours inspiré par l’Égypte antique, Julien, le chanteur et dernier membre fondateur se présente masqué , enflammant son pupitre tel un rituel d’alors.

Le heavy presque prog fait son effet, malheureusement devant un public toujours peu nombreux, mais qu’importe. Les gars sont à la tâche et se font plaisir pendant les trois quarts d’heure alloués, distillant leur metal progressif sans être prise de tête et teinté de ces ambiances orientales qui font mouche. Un set efficace, un groupe au taquet, des musiciens qui semblent ravis de disposer d’une vaste scène. Julien arbore en fin de show son livre de chevet, « une édition de Champollion – celui qui décrypta les hiéroglyphes – trouvée dans un vide grenier pour à peine 50 centimes… » histoire de participer un peu plus à la culture du quidam châtellerain.

Le premier gros morceau du jour se nomme Titan. Reformé presque par hasard, le groupe de Patric Le Calvez a publié l’an dernier l’un des albums français les plus remarqués de 2021, Palingenesia. Prévu à l’affiche du « Firemaster à distance » de l’an dernier, le groupe n’avait pu se déplacer, car « on finalisait l’album. En plus, les conditions de circulations étaient telles qu’on a préféré se concentrer sur les derniers aspects du disque« .

La salle commence à bien se remplir, le nombre de T-shirts floqués du logo du groupe tendant à démontrer qui est la vedette du jour. Nous le savons, Titan sera également à l’affiche du Hellfest. Quand je leur demande comment on se prépare à un tel évènement, la réponse est simple « On ne se prend pas la tête. On connait nos titres, on ne va pas s’amuser à vouloir prendre toute la place au HF… Mais on y va, tranquillement. », au point qu’après son show, certains des musiciens concèdent ne pas avoir été vraiment en place. Pas si vrai, même si une moitié d’entre eux arbore un look cuir biker et l’autre est plus cool.

Mais scéniquement, rien à dire: Titan propose un heavy metal brut et thrashisant qui séduit de bout en bout. Le Calvez est en voix, on sent une formation complice et heureuse de profiter du temps présent quelque peu béni. Et si le public n’a pas encore entièrement assimilé ce dernier album, il reprend en chœur l’hymne L’Irlande au coeur. Et dans quelques semaines, avec quelques milliers de personnes, je dirai sans trop m’avancer que « frissons garantis ». Oh, oui, vivement le HF même s’il sera très tôt!

Trust, la légende, la fierté nationale qui a révolutionné le hard français est le groupe qui joue le plus longtemps. Une heure quinze allouée aux Parisiens et j’ai envie de dire: pour ça? Déjà, Trust est le seul groupe à n’avoir pas proposé de merch. Pourquoi? Mais plus encore, le groupe se contente, hormis Antisocial, de ne jouer que des titres de ses deux derniers albums en date, Dans le même sang (2018) et Fils de lutte (2019), deux albums pourtant de très bonne facture, sans véritable enthousiasme. Trust offre un concert… ennuyeux.

Bernie, d’ordinaire si engagé et harangueur, ne s’adresse au public qu’en donneur de leçons (« C’est bien d’accueillir les réfugiés ukrainiens, mais quand il s’agit des Syriens ou des Afghans, c’est une autre histoire… Ouais, ils sont blonds aux yeux bleus, ça fait un peu raciste, non? ») mais guère plus. Au nom de la rage? Elle est finalement loin. même sur Fils de pute, tête de liste, pourtant d’actualité, rien. On fait participer le public, un peu, mais la rage n’est pas là ce soir. David Jacob et Izo Diop, en dehors d’un moment sautillant, font de la figuration et Nono… le concert démarrant avec des problèmes de guitare, qu’il doit changer, a-t-il eu une influence sur le renfrognement général? Reste que le bulldozer est en panne. On se contente aujourd’hui de peluches posée en observatrices sur les amplis personnalisés. Décevant.

Phil Campbell and the Bastard Sons investissent la scène vers minuit. Le public est bien présent, se massant devant les planche pour voir l’ex-guitariste de Motörhead. Mais le Gallois est là pour son groupe et bien que des titres de son ancienne formations soient un passage obligatoire, les deux tiers du set voient le quintette proposer du matériel original et bigrement efficace. C’est simple, le bougon laisse place au sourire à plus d’une reprise, et ça fait du bien à voir.

Le rock, le vrai, un peu hard, un peu punk, direct et crasseux, c’est ça. inutile d’en faire des tonnes, les gars connaissent leur boulot et retournent rapidement la salle. Neil Starr (le seul qui ne soit pas un des ses fils mais en a une putain d’attitude!) se met le public dans la poche en un temps record, ne le ressortant que pour mieux le tenir dans sa main.

On pourra s’étonner que la première reprise de Motörhead fut un titre de l’époque de Fast Eddie, Iron Fist, mais on ne boude pas son plaisir. Quelle que soit la formule – originale ou passée – ça joue grave et ça regarde devant. Et, devinez quoi? devant, c’est un nouveau hellfest à ne pas manquer. Phil Campbell fait aisément oublié le concert d’avant et le public peut s’en retourner heureux. Bravo!

Metal Eyes ne fut pas présent pour les deux autres journées. Charge aux amis de United Rock Nation et de Live And Tracks – punaise, ça fait du bien de vous retrouver les gars! – de vous conter la suite des évènements.

A l’année prochaine, si tout va bien. Car sans soutien du public, ces initiatives sont amenées à disparaitre, alors, bougeons-nous, bougez-vous! Des concerts, fest et conventions pullulent, allez-y!