Interview: ASYLUM PYRE

Asylum Pyre: Fabien, Ombeline, Yohann, Clément et Thomas

Interview Asylum Pyre. Propos recueillis au Dropkick Bar d’Orléans le 27 septembre 2024. Entretien avec Ombeline Duprat (chant), Yohann Cadot (guitare, chant), Thomas Calegari (batterie) et Clément Botz (Attractive Chaos, remplaçant exceptionnel de Pierre Emmanuel Pelisson, guitare) et, à la fin, Fabien Mira (basse)

La dernière fois que nous avons échangé, c’était pour la sortie de votre précédent album, N°4. Le nouvel album, Call me inhuman est sorti il y a quelques mois. Quels sont les retours que vous en avez eus ?

OD : Globalement, très positifs et enthousiastes. Les gens étaient vraiment très contents…

« Ils étaient »… Ça veut dire qu’ils ne le sont plus ?

OD : Si, si, ils le sont toujours (rires) ! La sortie de l’album remonte déjà à l’année dernière. On a eu de très bonnes chroniques dans la presse, donc ça a été un succès critique.

YC : Album du mois dans Rock Hard, Italie et Allemagne, et quelques classements dans les meilleurs albums de l’année aussi… On n’a jamais eu ça avant…

Et on se sent comment dans ces moments-là ? Je ne le demande pas à Clément… (rire général)

YC : Ah… L’égo est satisfait, au moins du point de vue « travail bien fait ».

La suite est pour quand, alors ?

OD : Justement, ce matin encore, on était en train de travailler sur le prochain. Pas de date à annoncer parce que ça reste compliqué pour nous de se voir et d’avancer sur l’album… Mais qui sait ? L’enregistrement sera sans doute l’année prochaine ? On n’a jamais vraiment arrêté… De toutes façons, Yohann… On a coutume de dire qu’une fois qu’on en termine un, il a déjà dix autres albums prévus derrière. Un poil moins, mais il y en a trois ou quatre (rires)

YC : Oui, c’est un peu ça… Après, aujourd’hui se pose la question du format… Album ou pas ? Petite partie par petite partie ? Moi, je suis amoureux du format album, autour de 45/50’… Est-ce que c’est la bonne chose aujourd’hui ?

Aujourd’hui, peut-être pas, mais dans votre cas, il y a une histoire qui se suit, donc le format album parait logique…

OD : Oui, ça parait logique mais derrière… C’est la question de la pertinence de sortir un album… S’il n’y a pas de tournée derrière, un album a deux semaines de durée de vie, et encore ! Ça veut dire travailler dessus pendant 3 ou 4 ans sur quelque chose dont, au final, tu ne fais plus rien deux semaines plus tard…

Justement, vous avez fait quoi depuis la sortie de Call me inhuman ?

JC : On a donné quelques concerts, on n’a pas eu l’occasion de faire une vraie tournée de 10/15 dates, pour des raisons financières, d’organisation, de support… Sinon, on serait partis avec plaisir.

Visuellement, sur N°4, il y avait une princesse qui se protégeait avec un masque à gaz. Là, il s’agit de la même princesse devenue carnivore, anthropophage même ?

JC : Depuis le début, en fait, cette image féminine, c’est celle de Gaïa, Mère Nature. Elle est représentée avec le masque… D’ailleurs, on le rappelle à chaque fois, c’était bien avant Covid (rire général)…

OD : On aurait dû mettre un pangolin…

YC : Cette femme, c’est notre « mascotte » qui vit différentes aventures. Elle est plus apeurée sur N°4 tandis que sur Call me inhuman, on sent qu’elle s’énerve un peu.

Vous abordez quoi comme thèmes sur ce dernier album ? Toujours l’environnement, mais j’ai aussi l’impression que vous mettez un peu plus le doigt sur notre inhumanité…

YC : C’est ça. Déjà, c’est la suite des albums précédents puisqu’il y a une histoire depuis le début, on installe les personnages petit à petit. Il y a une sorte d’armée de résistants, les Fighters, avec d’autres gens autour qui nous aident. Là, le « inhuman » est résumé avec le dernier titre de l’album, Call me inhuman, dans lequel il y a cette phrase : « si tout ce que je vois est humain, alors je veux être inhumain ».

En gros, si Dieu a fait l’homme à son image, on peut se poser des questions…

YC : Voilà, exactement…

Il y a eu Covid entre temps, cependant, comment analysez-vous l’évolution du groupe entre ces deux derniers albums ?

TC : Je trouve que N°4 a défini une sorte de nouveau départ. Je suis arrivé pour défendre l’album en tournée et au niveau des gens qui sont restés dans le groupe, ça a amené Yohann à écrire la musique un peu différemment, lié avec les gens qui étaient là. Là, ça fait deux albums de suite avec une formation plutôt stable. Ça s’est affiné autour d’un noyau de gens qui sont là. Personnellement, j’amène ce que je peux, ce que je sais faire et Yohann se dépatouille pour faire quelque chose. Au final, ça donne deux albums cohérents avec une évolution. Il y avait une patte avant, il y a quelque chose de neuf sur N°4 qui reste sur Call me inhuman. Qu’est-ce qu’on va faire sur le suivant ? Yohann nous a parlé de séances de travail basse/batterie en plus de ses séances avec Ombeline, donc nous aussi on va faire des choses, se laisser porter.

Ombeline, on a suivi tes aventures bosniennes. Est-ce que ça a eu un impact sur l’écriture, la composition ou l’enregistrement de cet album ?

OD : Mmhh… Non, pas du tout je pense.

YC : Pour le prochain, probablement un peu, oui…

OD : Oui, parce qu’il y a des thématiques qu’on va évoquer, on va faire des parallèles avec des vies de personnes qui existent vraiment, mais en soit, non, ça n’a pas changé grand-chose.

Je trouve qu’il y a musicalement quelques influences de ce côté…

OD : Pour le coup, ça, ce sont mes propres influences musicales mais que j’avais bien avant d’aller vivre en Bosnie. Comme le disais Thomas, on vient chacun avec un bagage musical particulier, ensuite, on dit à Yohann « je voudrais essayer ça » et il se débrouille ! Parfois ça colle, d’autres fois, non…

TC : Il est plutôt preneur de propositions… Il fait avec et on voit ce que ça donne…

Donc, il y a une sorte de pot commun d’idées (Ombeline approuve) avec une sorte de chef d’orchestre qui met le tout en forme. Dictateur ou pas ?

Tous : Non… non…

Vous avez un discours très écolo, avec un discours proche de l’Homme. Y a-t-il des sujets particuliers que vous avez abordés sur cet album ?

YC : Oui, et qu’on va encore plus aborder sur le prochain album. Maintenant, c’est très, très compliqué d’en parler juste comme ça en quelques mots… Globalement, dit comme ça, ça peut paraitre simple : si tu prends The nowhere dance qui parle de gens qui vont être happés par certaines choses complètement futiles en dansant sur de futurs cadavres, c’est un peu ça la thématique. Maintenant, il y a une note d’espoir sur Virtual guns ou Fighters. Je ne suis pas super optimiste dans l’ensemble, mais il y a quand même des gens bien (il sourit). Autant essayer de construire avec ces gens.

Il y a un certain engagement dans les textes… Tout le monde participe à l’écriture des paroles ?

OD : Là aussi, c’est ouvert (rires) !

YC : C’est pareil, on discute beaucoup. Parfois on est d’accord, parfois pas, donc ça alimente les thématiques. Pour le prochain album, Ombeline m’a parlé de certaines personnes qu’elle a rencontrées, ce qu’elle disait tout à l’heure. Ça peut être vraiment inspirant de parler d’histoires ancrées dans le réel, de parler de vrais fighters…

D’autant plus avec des cultures différentes…

YC : Oui, il y a ce pont entre différentes cultures, c’est quelque chose d’imoirtant pour nous.

OD : Ça fait de vraies histoires à raconter. Ce qui a été écrit, cette espèce de dystopie, ça fait une histoire qu’on raconte depuis plusieurs albums, sauf que là on commence à varier avec des choses qui se passent dans la vie réelle. Alors, ce n’est pas dit tel quel, mais il y a une vraie inspiration, il y a des gens qui font des choses, vraiment. On trouvait intéressant d’ancrer ce réel dan la musique, de parler, de rendre hommage à ces personnes-là qui, du coup, risquent leur vie.

YC : Parfois, lorsque j’écris certaines choses qui peuvent être vues par certains comme extrêmes, je demande à Ombeline si elle se sent de chanter ça…

OD : Ah, c’est moi la caution ?

YC : Ouais (rire général).

Y a-t-il, au contraire, des thèmes que vous n’aborderez pas, qui n’ont pas leur place dans le groupe ?

YC : Ouais… des trucs à la con, « I love you machin, mon amour machin »…

OD : Tu vois, il est très optimiste !

YC : Des choses qui ont été faites 50 milliards de fois, des love ballads…

Il y en a qui marchent encore…

YC : Oui, mais ça a été fait et très bien fait par d’autres. On ne va pas refaire ce qui existe déjà. On veut faire quelque chose avec notre propre identité. C’est une thématique dont on pourrait se demander ce qu’elle vient faire chez nous…

Vous avez cet engagement sur disque. Est-ce qu’il se traduit aussi à l’extérieur ?

OD : Je l’ai fait pendant des années, avec le WWF et d’autres, et c’est vrai que je n’ai pas repris depuis que je suis partie en Bosnie.

YC : Encore une fois, c’est difficile à expliciter. Oui et non, on a tous nos contradictions… pour moi, c’est la limitation de la viande, des déplacements, même si ce sont des choses à faible impact. J’ai un travail scientifique à côté et je bosse sur des projets qui ont pour objectif de limiter certains impacts. On peut avoir des discours extrêmes, mais il faut aussi avoir des discours de réalisme. On ne peut pas dire demain aux gens que l’avion ou la voiture, c’est fini. Si on doit continuer de les utiliser, on peut peut-être le faire d’une autre façon, d’une meillleure façon, en limitant l’impact. Modestement, dans mon travail, j’essaie d’inclure ces limitations…

TC : Moi, je fais régulièrement des maraudes la nuit avec les gens de ma ville. On bosse avec une asso et on distribue de la nourriture, des boissons. Ça s’est présenté, et ce qui est marrant, c’est qu’il y a une grosse liste d’attente de gens qui veulent aller aider. C’est même pas évident de pouvoir aller faire ces maraudes !

Et toi, Clément ?

CB : J’ai un certain engagement dans la vie de tous les jours, plutôt vegan, et de façon générale, je fait tout en télétravail pour limiter au maximum mes déplacements (NdMP : à ce moment, le soudcheck baterie redouble) Ah, ouais, on entend bien la batterie, tu va pouvoir enregistrer ?

Normalement, oui, mais je ferai le tri si nécessaire, j’ai eu pire !

CB : Je fais donc en sorte de limiter l’impact de mes déplacements.

YC : Je voudrais rebondir là-dessus, parce que c’est vrai que la thématique sociale est peut-être moins évidente dans les paroles. Elle est liée aussi aux gens qui n’ont vraiment aps eu de pot… Si on pouvait aussi citer l’association Chapitre 2 qui œuvre pour les gens qui sont en très grande précarité. J’ai eu l’occasion de les côtoyer, ils sont vraiment très investis.

On a commencé à aborder le sujet, quelles sont vos autres activités ? Un groupe comme Asylum Pyre ne vit pas de sa musique.

OD : Je suis journaliste, et j’ai aussi d’autres projets à l’étranger, en Bosnie, dans le secteur culturel.

YC : Je suis architecte système et systémique.

TC : Je suis musicien professionnel, je fais des installations techniques vidéo et je bosse pour une municipalité, je gère le local de répètes.

CB : Je suis chef de projet numérique et développeur.

Concernant l’album, qui est sorti il y a quelques temps, si vous deviez ne retenir qu’un seul titre de Call me inhuman pour expliquer ce qu’est l’esprit de Asylum Pyre à quelqu’un qui ne vous connait pas, ce serait lequel ? Pas le meilleur, pas votre préféré mais le plus représentatif ? Et ce n’est pas forcément le même pour tous…

OD : Le plus représentatif ? J’aime bien The true crown (I seek your war), parce que d’un point de vue musical, il y a un peu de tout. Maintenant, je vais parler en tant que chanteuse, mais c’est aussi là que j’ai pu expérimenter différentes voix. J’ai une affinité particulière aussi avec ce titre, le fait que je vive en Bosnie, avec des gens qui ont tous connu la guerre… « I seek your war », je me le suis approprié différemment. Être avec des gens qui ont souffert, avoir des amis proches, je l’interprète différemment. Il y a une réalité qui s’est greffée sur ce titre qui n’était pas présente au début.

YC : Aujourd’hui, je vais dire Sand paths. Il est assez varié, un peu prog, il y a des passages plus soft, un passage plus dur. Il ne se sufift pas à lui-même pour l’ensemble de l’album mais il y a un peut tout…

TC : Pour moi, ce serait – on ne l’a pas jouée hier à Paris, d’ailleurs – There, I could die. Juste parce que je la trouve super belle. L’ambiance, la voix, c’est un titre un peu différent des autres, peut-être un peu moins violent, mais il y a une ambiance…

Il a fait l’objet d’un clip aussi.

TC : Absolument. C’est un titre très chouette, vraiment.

CB : Je trouve que celui qui est le plus représentatif, c’est Virtual guns. Il y a plein de choses, entre les ambiances, les riffs…

YC : Excellent choix, excellent ! Et Fabien, le bassiste est arrivé…

Alors, Fabien, je ne vais pas reprendre toutes les questions, simplement, quel est pour toi le titre le plus représentatif de l’album ? 5Ombeline se marre) Alors… Fabien s’en va…

YC : Attends, Fabien, reprend les titres !

OD : Bonjour Fabien !

FM : Virtual guns évidemment. C’est le plus varié, plein d’influences, le début est très tribal et après, ça s’énerve… C’est un condensé de tout l’album.

Profitons maintenant du silence qui revient pour une question plus personnelle : quels sont les 5 albums que vous avez le plus écoutés dans votre vie ?

TC : Iron Maiden, Killers, Queensrÿche, Rage for order, un album de Yes dont j’ai oublié le titre… (il le retrouvera plus tard : Big generator), King Crimson, Thrakattak et un des deniers lives de Frank Zappa, The best band you never heard.

YC: Cradle Of Filth, Cruelty and the beast

OD: Ah… Je voulais le citer aussi…

YC : Tu peux. Helloween, Keeper of the seven keys part 2, Blind Guardian, ah… j’hésite entre Somewhere far beyond et Imaginations from the other side… Loreena McKennitt, The book of secrets et Mistral gagnant de Renaud.

OD: Ben… Je ne connais pas le nom des albums… En gros : Mylène Farmer, Goran Bregovic, Champagen for gyspies, Cruelty and the beast aussi de Cradle Of Filth. J’aime beaucoup aussi Honeymoon de Lana Del Rey. Après, il y a des influences diverses, beaucoup de musique classique, surtout du baroque, mais je ne sais même pas quoi citer…

CB : Master of puppets de Metallica, euh… Ah, j’avais tout en tête, j’ai tout oublié (rire général) ! Images and words de Dream Theater, The perpetual motion de The Old Dead Tree, L’école du micro d’argent d’Iam et Sonder de Tesseract.

FM : Moi, c’est principalement helvétique, avec l’album qui s’appelle The origins (NdMP : va trouver de seul groupe il s’agit avec un titre aussi peu courant…), Epica avec The Quantum enigma, Nightwish avec Once, après, c’est différentes parties de vie… Il y a une époque j’écoutais énormément System Of A Down, Toxicicty, Bullet For My Valentine…

Maintenant, si vous deviez penser à une devise pour le groupe, ce serait quoi ?

YC : Ah, ben on l’a!

OD: Harder, faster, lourdeur (elle explose de rire) ! On en a plusieurs…

YC : Et celle qu’on écrit partout : Tree your mind.

OD : Ça, c’est la devise sérieuse !

HARUN: Reboot

France, Rock (Autoproduction, 2024)

Les amateurs de sensations fortes made in par chez nous reconnaitront forcément Harun. Les autres se demanderont sans doute qui est ce guitariste qui pose sur une pochette sobre en noir et blanc, exception faite des nom, titre et une sorte de logo jaunes. Harun, de son nom Demiraslan, est notamment connu pour son implication avec feu Trepalium. Les Poitevins proposaient alors un metal extrême et sans concession. Depuis la disparition du groupe, Harun diversifie ses plaisirs. Après un premier album – In motion – paru en 2022, il revient aujourd’hui avec Reboot, un disque étonnant du fait d’une orientation musicale radicalement différente de ce à quoi nous étions habitués. Ici, pas de metal rugueux, non. On flirte plus du côté de sonorités électro et pop tout au long des huit titres qui, parfois, évoquent Tears For Fears. Pas surprenant de voir que le gaillard a même décidé d’en reprendre le gigantesque Shout qui clôt l’album. Harun teste différents styles et rapidement les Sleep, Get out, Lost in the light ou autre Release yourself se révèlent plus que séduisants. Mais Harun n’en oublie pas pour autant ses origines plus rock et le rappelle avec Almost dead. La variété de ce second essai apporte une touche de fraicheur bienvenue.

BLACK STONE CHERRY et AYRON JONES live à Paris (L’Olympia, le 6 novembre 2024)

Ce n’est pas sans une certaine forme de curiosité que j’arrive ce soir à l’Olympia. Voici en effet plusieurs jours que je me demande quelle sera l’ambiance de ce soir, lendemain d’élections présidentielles américaine à hauts risques, entre un Ayron Jones clairement partisan démocrate avec qui il est facile de parler politique, et des Black Stone Cherry originaire du Kentucky, un Etat du Sud clairement républicain avec qui aborder politique le sujet nous fut, il y a quelques années, clairement interdit… Certains diront que la musique n’a rien à voir avec la politique, que le rock reste de l’entertainement, il n’empêche que, si on est ici pour s’amuser, l’Histoire des USA vient de basculer. Alors concentrons nous plutôt sur cet entertainement si cher à tous les Américains, quel que soit leur bord.

Storm Orchestra @Paris,Olympia

Récemment ajouté à cette affiche, le trio parisien de Storm Orchestra a l’honneur de lancer les festivités de ce soir. Malheureusement, c’est devant un parterre encore assez vide que le trio monte sur scène sans une seconde se laisser démotiver. Bien au contraire, pour eux, comme me le dira plus tard Maxime Goudard, le chanteur guitariste, c’est un tel plaisir pour eux que de jouer sur cette scène mythique que leur envie d’impressionner est palpable.

Storm Orchestra @Paris,Olympia

Pas un instant, pas une seconde sans un forme de débauche d’énergie malgré un rock varié, à la fois racé et rentre dedans. Ne disposant que d’une petite vingtaine de minutes, à peine le temps de 5 titres, Storm Orchestra a su séduire le public et continuera son travail rapidement après sa prestation en arpentant couloir et bar de l’Olympia allant à la rencontre de chaque fan qui interpelle les musiciens. Un beau début.

Storm Orchestra @Paris,Olympia
Ayron JONES @Paris,Olympia

C’est toujours aussi nonchalant qu’Ayron Jones arrive sur scène. Le sourire qu’il affiche en dit long sur sa satisfaction d’être ici ce soir. Car en quelques années à peine, depuis 2021, le gaillard et son groupe construise une belle histoire d’amour avec la France et Paris. On commence à ne plus compter les concerts donnés dans l’Hexagone, et rien qu’à Paris, Ayron Jones est passé du New Morning en 2021 à la Cigale (22), l’Elysée Montmartre (23, où Matthew Jacquette, son guitariste, avait été exceptionnellement remplacé par son technicien guitare) avant d’investir, en co-headliner, ce légendaire Olympia.

Ayron JONES @Paris,Olympia

Bob Lovelace, quant à lui, est déjà monté sur ressorts, montrant à qui veux bien comprendre le message son t-shirt annonçant qu’il est grand père. C’est tout frais, apprendrons nous plus tard, frais du jour, même. De son côté, Matthew commence son opération charme en dégainant sourire ravageur sur pose langoureuse. Car oui, les quatre – seul le batteur reste plus discret derrière son kit et ses « shades » – ses lunettes de soleil comme les appellent les Américains – sont heureux et le font savoir tout au long de leur prestation.

Ayron JONES @Paris,Olympia

Les désormais classiques d’Ayron Jones sont naturellement de la partie ce soir. Boys from the pudget sound ouvre le bal, suivi de On two feet I stand et d’un Supercharged explosif. Bob court partout, saute comme un beau diable, et, tout comme le charmeur Matt, vient taquiner Ayron de temps à autres. La complicité entre ces trois là est plus que palpable et, hors micro, Ayron se montre quelque plus exubérant que d’habitude

Ayron JONES @Paris,Olympia

On retrouve au cours du show Emily, Filthy ou encore My America ainsi que quelques titres moins souvent joués, comme The title ou Strawman, deux titres issus de son dernier opus en date, Chronicles of the kid (2023). On nous avait annoncé un set rendant hommage à Jimi Hendrix – le groupe est, comme le légendaire guitariste, originaire de Seattle – et, enfin… arrive Hey Joe, suivi de Fire. Deux petits titres, c’est un peu court comme hommage, mais ils passent franchement le cap avant que Jones ne termine son concert, comme très souvent, avec Mercy et Take me away. Et si le concert se termine (avec quelques minutes d’avance sur ce qui avait été annoncé), le show, lui, est loin d’être terminé. Car…

Ayron JONES @Paris,Olympia

Changement de plateau oblige, la désormais belle foule présente (ok, on a souvent vu l’Olympia plus rempli, on circule sans encombre) se dirige vers le bar et les wc, et continue de croiser les gars de Storm Orchestra qui discutent et serrent des mains. Une petite demi heure plus tard, retour vers le pit photo pour nous retrouver « interdits d’accès » par la sécu… temporairement, car Matt Jaquette revient des coulisses, album et goodies à la main, et, une fois remis ces objets à leur(s) propriétaire(s), décide de serrer toutes les mains qui se tendent (ou pas!), de faire des selfies avec le public, aller et retour. Capital sympathie exponentiel!

Ayron JONES @Paris,Olympia
BLACK STONE CHERRY @Paris,Olympia

Ce n’est que lorsque sonne Hells bells d’AC/DC qui annonce l’arrivée sur scène de Black Stone Cherry que Matt quitte la fosse (après s’être fait interpeller par une toute jeune spectatrice qu’il prend dans ses bras le temps que papa immortalise l’instant) et que la première vague de photographes est invitée à prendre place. BSC prend le public à la gorge dès le premier titre, l’explosif et fédérateur Me and Mary-Jane. Il ne faut que quelques secondes à Steve Jewell pour démontrer qu’il a désormais parfaitement intégré le groupe et l’on ne peut que constater sa complicité parfaite avec Ben Wells, l’un et l’autre occupant chaque centimètre carré de la scène. Chris Robertson est également très en forme, tant vocalement que physiquement. On sent que la famille est de nouveau réunie.

BLACK STONE CHERRY @Paris,Olympia

Si la base de la musique des gars du Kentucky est sudiste (le très ZZ Topien Burnin‘ est là pour le rappeler), ils ont depuis deux ou trois albums un propos un peu plus heavy, ce qui permet d’apporter une variété bienvenue tout au long de ce concert dont on constate que non seulement chaque album est visité mais que chaque titre est illustré, dans les éclairages, par un thème différent.

BLACK STONE CHERRY @Paris,Olympia

Blind man… C’est sans doute le seul moment de cette soirée qui m’ait rappelé mon interrogation d’avant concert car les paroles du refrain (« the darkest times ain’t always at night« ) ont en moi un écho différent. Mais ce n’est pas le propos du jour et, après Nervous, c’est Ben Wells qui prend la parole pour évoquer ses souvenirs de concerts parisiens depuis une vingtaine d’années, le groupe passant de petits clubs (la petite Boule noire, la Maroquinerie, le Cabaret Sauvage) avant de se retrouver ici. Dingue ce que cette salle peut faire effet au musiciens et artistes du monde!

BLACK STONE CHERRY @Paris,Olympia

Like I roll marque un temps plus calme avant que ne vienne gronder le tonner de l’impressionnant solo de batterie de John Fred Young au cours de Cheaper to drink alone qui voit les autres musiciens s’offrir une pause avant de revenir terminer ce titre sur lequel Robertson démontre quel grand guitariste – et beaucoup trop sous-estimé – il est.

BLACK STONE CHERRY @Paris,Olympia

Interlude: Pendant ce temps, dans le hall, une foule entoure un Ayron Jones venu, luis aussi, assurer le service après vente… Une horde de ce qu’on pourrait appeler des groupies, accompagner de quelques gars (on ne parlera pas ici de parité!) l’entoure, se colle à lui pour une, deux trois photos, chacune cherchant la place qui lui sera la plus favorable (l’une d’elle pose carrément son menton sur la tête d’Ayron), le chanteur se prêtant avec plaisir à ce jeu. Le temps de saluer Ayron (simplement, hein, pas en mode groupie, on a échangé à plusieurs reprises) et retour en salle

BLACK STONE CHERRY @Paris,Olympia

Après In my blood et When the pain comes, dernier extrait de leur plus récent album, Screamin’ at the sky, White trash millionnaire annonce l’approche de la fin du concert. Le bouquet final est toujours aussi efficace avec Blame it on the boom boom et Lonely train, chanson qui voit Robertson et Jewell s’échanger leurs instruments. Exit stage left avant de revenir pour un unique rappel, et comme d’habitude c’est Peace is free qui met un terme au concert. Après un Hellfest un peu confus (à cause du snakepit de Metallica), le concert de ce soir nous a simplement montré un groupe en pleine forme et qui sait offrir à son public ce qu’il demande: un moment simplement rock n roll. Top soirée!

BLACK STONE CHERRY @Paris,Olympia

Merci à Olivier Garnier et Gérard Drouot Production d’avoir rendu ce report possible

SAINTSOMBRE: Earth/dust

France, Doom/Sludge (Rotten Tree, 2024)

Fondé sur les cendres de Sacrarium, groupe de black metal français auteur de deux albums parus en 2009 et 2013, SaintSombre s’éloigne de son style originel pour évoluer vers des ambiances plus lourdes et oppressantes. Préférant mener son projet en solo de bout en bout, Steve Renard propose avec Earth/dust un premier album mystérieux. Au travers de 6 titres, SaintSombre explore des univers différents. Reflection débute avec une intro sombre et mystérieuse avant d’introduire des percussions tribales et des powerchords très heavy. Le doom est bien présent, lourd et oppressant. Près de 3 minutes s’écoulent avant l’arrivée d’un chant growlé qui pose encore plus ces ambiances inquiétante. L’album continue sur cette même veine lourde et lente parfois rythmée par une boite à rythme au ton grave et martial et enrobée de claviers robotisants et hypnotiques. Des riffs répétitifs et une rythmique presque pachidermique, un chant qui se fait souvent attendre, nous accompagnent tout au long de ce gouffre sans fin qu’est Earth/dust. Un album à ne pas mettre entre les oreilles des plus dépressifs, il va sans dire… Les autres pourront découvrir un univers qui, s’il ne révolutionne pas le genre, se révèle dangereusement attirant.

Interview: THE DAWN RAZOR

Interview The Dawn Razor. Entretien avec Sylvain Spanu, le 27 septembre 2024

C’est la première fois que nous échangeons, Sylvain, alors peux-tu commencer par me présenter l’histoire de The Dawn Razor ?

Bien sûr : The Dawn Razor, c’est un projet solo que j’ai créé en 2016. La musique est une espèce de death/black avec quelques influences de musique classique. Le premier album, Renaissance, est paru en 2018, et aujourd’hui parait In sublime presence, disponible sur toutes les plates-formes

Pourquoi un projet solo ?

Juste avant, j’étais dans un autre groupe, dans le même style de metal. C’était très bien sauf que les compositions se faisaient à plusieurs et c’est très compliqué de terminer les morceaux en mettant tout le monde d’accord. A la fin, personne n’était content parce que tout le monde avait fait des compromis et personne ne pouvait aller au bout de ses idées. C’était dommage, mais au bout d’un moment, j’ai décidé de partir parce que j’avais les idées claires de ce que je voulais écrire en musique.

En d’autres termes, tu es le dictateur en chef de ton propre projet…

(rires) Ah, oui, là il n’y a pas de problème. Je suis totalement libre de ce que je fais, je dois simplement tout composer et m’occuper de tout. Ça prend simplement plus de temps, mais c’est ce que j’ai choisi.

Dans la bio, il est écrit que tu es « inspiré par les peintures du mouvement sublime de l’époque romantique » (il confirme). Peux-tu nous en dire un peu plus parce que c’est un mouvement qui ne me parle pas du tout…

Déjà, « sublime » n’est pas quelque chose de très beau, ce n’est pas dans ce sens qu’il faut comprendre le terme. Ce qui est sublime, comme les peintres et les poètes l’utilisaient à l’époque, c’est à la fois quelque chose qui fiat peur et qui rend admiratif, des choses que l’humain ne peut pas contrôler, comme les montagnes, la jungle, la traversée de l’océan en solitaire… Ce sont des éléments sur lesquels nous n’avons aucun contrôle. On a du respect et de l’admiration pour eux. Le « sublime » c’est donc à la fois ce sentiment de respect, de peur et d’admiration, le tout mélé.

En quoi ça se traduit dans ta musique ?

En fait, que ce soit sur le premier ou le deuxième album, chaque chanson que j’ai écrite, je l’ai considérée comme un tableau qui représente un thème sublime. Je parlais de l’océan, le premier single, Point Nemo, parle de la traversée en solitaire de l’océan par un navigateur qui passe par le point Némo, un endroit au milieu de nulle part, perdu dans le Pacifique sud… On le suit donc à travers les tempêtes, ses remises en question…

Quels sont les autres tableaux qui t’ont inspiré ?

Il y a la renaissance italienne, avec ce morceau Chiraoscuro italiano qui parle de cette période riche artistiquement et en même très troublée puisqu’il y avait beaucoup de guerres en Italie, des assassinats entre princes, des choses pas très reluisantes… C’est une chanson qui met vraiment en contraste ces deux aspects de cette époque.

Comment décrirais-tu ta musique pour quelqu’un qui ne connait pas The Dawn Razor ?

Je dirais qu’il y a des influences death/black – les groupes qui m’ont inspiré comme Dimmu Borgir, Children Of Bodom ou Gojira – et une musique toute en contraste, aussi bien au niveau de la rythmique que du chant ou la guitare. Il y a des parties que je veux rendre très lumineuses en contre partie de passage très sombres et violents.

Le coté black, on le ressent un peu dans le chant, mais ce n’est pas non plus un chant extrême de… comment dire ? de « cochon qu’on égorge ».

(Rires) Je vois ce que tu veux dire !

Il y a une certaine forme de… finesse, presque. Il y a différentes ambiances, puissantes… Qu’as-tu voulu mettre dans ta musique ?

C’est vrai qu’au niveau du chant, par rapport à l’album d’avant, j’ai testé d’autres choses. Il y a un peu plus de variété, avec certains passages où je crie un peu différemment – c’était d’ailleurs très drôle à faire à l’enregistrement – et un peu plus de parties chantées. J’ai testé des effets d’harmonies à la voix, des superpositions, des échos… Histoire de ne pas faire, comme tu dis, que du cri, un peu simple, un peu bête.

On est d’accord, il n’y a que toi qui joue sur les deux albums ?

Oui.

Alors comment analyses-tu ton évolution musicale entre Renaissances de 2018 et ce nouvel album, In sublime presence ?

Au niveau du chant, il y a ces variations dont on vient de parler. Renaissance était sans doute in peu plus brutal que In sublime presence. Il y avait pas mal de passages avec des blasts, des parties bien denses et sombres. In sublime presence est, je dirais, un peu plus aéré, un peu plus respirable. Et j’ai fait attention à ne pas toujours respecter la structure classique des morceaux, couplet/refrain.  J’ai voulu tester d’autres choses, j’ai évité de faire des copier/coller de riffs, de rajouter des variations, des subtilités, que ce soit à la batterie, au chant, à la guitare… C’est ce travail que je pense avoir ajouté en plus.

Et d’un point de vue personnel, elle se traduirait comment, ton évolution ?

Euh… J’essaie de ne pas me répéter, d’explorer d’autres choses. Il y a des riffs que j’ai déjà entendus quelque part, j’essaie de les faire différemment… Je n’ai pas mis de barrière spéciale, me disant que « non, c’est pas dans le style ». J’ai tenté d’autres choses…

Quelle est la signification du nom de ton… Projet ? The Dawn Razor, le « rasoir de l’aube », ça m’évoque Jack l’éventreur. Or, il n’assassinait pas que le matin…

Ah, ah, ah ! Je n’avais pas du tout pensé à ça du tout ! Ça évoque en fait la ligne d’horizon au moment du lever du soleil. Il n’y avait pas d’idée de meurtre du tout. Je trouvais que l’image de cette lumière, qui fait un contraste, collait bien à l’image que je veux avoir dans mes morceaux, le contraste entre parties très sombres et très lumineuse…

D’où le lien avec la pochette de l’album qui représente une montagne au lever du jour.

Tout à fait.

Donc rien à voir avec Jack l’éventreur…

Pas du tout, mais je vais m’y pencher pour voir si on peut creuser cette idée !

Il y a 14 titres sur l’album…

En fait, il y en a 10, le reste, ce sera des bonus.

Et ces bonus, ce sont des covers de Children Of Bodom, de Dimmu Borgir, de Samourai, aussi. Pourquoi avoir retenu ces morceaux – on connait sans doute plus les deux premiers que Samourai, d’ailleurs…

Déjà, je suis très fan des deux premiers qui sont de très grosses influences. Donc c’était un vrai plaisir de les reprendre, et j’espère que ça va donner des indices sur l’univers musical que j’ai créé. Pour Samourai… la musique est celle d’un groupe fictif d’un jeu vidéo, Cyber crime 2677, un jeu dont j’adore les personnages et l’histoire, et j’ai simplement eu envie de faire une cover de cet univers que j’ai adoré.

Parmi les autres titres -ceux-là ne sont pas de toi – si tu devais n’en retenir qu’un seul pour expliquer ce qu’est aujourd’hui The Dawn Razor, ce serait lequel ?

Je parierai sur Chiraoscuro italiano.  Parce que dès le début, on voit tous les contrastes dont j’ai parlé : dès le début, il y a un riff à la fois violent et harmonique qui s’enchaine avec un solo que j’aime beaucoup, sur lequel je me casse encore les doigts, d’ailleurs (rires) ! On enchaine ensuite avec la partie violente et la batterie. En très peu de temps, on a un aspect, une vision de ce que j’aime faire et qui va se développer par la suite.

Un projet rock, qui plus est metal, c’est aussi la scène (il confirme). Tout seul, ça parait un peu compliqué. As-tu pour projet de présenter ton album au public, sur scène ?

Oui, bien sûr. Je suis en train d’organiser ça, justement. J’ai déjà trouvé un bassiste et un batteur. Je suis en train de recruter le guitariste et on va pouvoir préparer des concerts, un pour la fin de cette année, un autre pour le début de l’année prochaine. Je confirmerai tout ça sur les réseaux.

Il y a donc aussi un projet de transformer ton projet en groupe ?

Oui. Déjà pour Renaissance, on avait tourné en France, en Belgique, en Suisse. Des moments très sympas.

Si tu devais maintenant penser à une devise pour ton projet, ce serait quoi ?

Comme un slogan de campagne politique (rires) ?

Non, c’est d’actualité, mais quelque chose qui représente The Dawn Razor…

Guitare metal en premier. J’aime le reste aussi, mais la raison pour laquelle je fais ça, c’est pour pouvoir faire de belles parties de guitare, en premier.

On sait tous qu’un groupe de rock ce n’est pas ce qui permet de mettre du beurre dans les épinards. As-tu une autre activité professionnelle ?

Bien sûr ! Je travaille dans l’informatique, je crée des applications, des sites web, des programmes.

Quels sont les 5 albums que tu as le plus écoutés dans ta vie ?

Bien sûr, d’ailleurs, je vais faire un article là-dessus sur mon site dans quelques temps. J’en ai fait un sur mes guitaristes préférés, il y en a un sur mes albums préférés bientôt… Je dirai : Dimmu Borgir, Puritanicaleuphoric misanthropia, Children Of Bodom, Hate crew deathroll, ensuite Train of thought de Dream Theater, From Mars to Sirus de Gojira et en cinquième… un live de Hypocrisy, celui qu’ils jouent en Bulgarie, Hell over Sofia.

THANATEROS: Tranceforming

Allemagne, Folk rock (Echozone, 2024)

Certes, Thanateros a une longue histoire derrière lui puisque le groupe s’est formé à Berlin au tournant du siècle, publiant son premier album, The first rite, en 2001. Depuis, le groupe a radicalement changé puisque du sextet d’origine il ne reste que le chanteur flûtiste Ben Richter. C’est désormais accompagné du guitariste Chris Lang, du violoniste Christophe Uhlmann (tous deux également présents sur le précédent opus, On fragile wings paru en 2022 et chroniqué ici même) et du bassiste Martin « MarT Moller » Müller que Thanateros publie aujourd’hui Tranceforming (sur lequel la batterie est assurée par Simon Rippin, également de nouveau producteur avec Richter de l’album). Ben Richter a toujours été intéressé par la magie, le shamanisme et la relation à la nature et ne déroge pas à la règle. Ses sources d’inspirations sont claires dès l’introduction de l’album, une sorte d’incantation démoniaque avant que le groupe ne se lance dans une pop folk aux intonations plus rock que metal. L’ensemble est à la fois chantant et dansant, une invitation à se laisser envoûter par mère Nature. Si l’on a envie de communier avec les éléments qui nous entourent, il manque cependant une réelle identité, que le groupe avait joliment ébauchée sur son précédent opus, pour que Thanateros se démarque de cette scène encombrée. Il y a pourtant de l’entrain tout au long de cet album de folk pagan villageois (l’effet du violon et de la flûte, sans doute) qui semble parfois lorgner du côté de la cold wave au chant clair qui se veut parfois parfois « evil ». Les sonorités varient, passant des rythmes tribaux à de l’électro hypnotique, une variété qui permet à Tranceforming de s’écouter aisément.

HEAVY WEEK END 2025: premières annonces !

Gérard Drout Productions vient de l’annoncer: la seconde édition du Heavy Week End aura bien lieu!

Les 6, 7 et 8 juin 2025, l’écrin de verdure du Zénith de Nancy accueillera dans le cadre du Nancy Open Air une nouvelle douzaine de groupes dont les gigantesques Slipknot qui viendront clore les festivités le dimanche soir. Un évenement quand on sait qu’aujourd’hui le groupe n’a annoncé que 2 dates en France Lyon et Nancy) l’année prochaine.

Plus de noms suivront sous peu.

PAINTED SCARS: Kintsugi

Belgique, Heavy rock (Autoproduction, 2024)

Rock’n’roll! Formé en Belgique en avril 2023, Painted Scars déboule avec Kintsugi, un premier mini album de 6 titres qui rentrent dans le tas. Mené par la chanteuse Jassy « Hyacen » Blue, le combo propose un hard rock varié et puissant bien qu’encore marqué du sceau de la jeunesse. Au démarrage de Glow in the dark, on à l’impression de retrouver un Girlschool au top de sa forme doublé d’une hargne digne des sœurs Turner (Rock Goddess). Ne serait-ce l’anglais moyennement maitrisé, on s’y croirait. Won’t give up se fait plus moderne et langoureux tandis que Knock knock (ces deux titres sont mal indiqués sur le tracklisting du CD, respectivement en quatrième et seconde position…) revient à un propos direct et enlevé. Le guitariste Kevin de Brauwer, secondé par Yannick Rottiers, ajoute quelques grognements discrets. La rythmique assurée par Jens Van Geel (basse) et Bram Vermeir (batterie) est plutôt efficace. Il y a ci-et-là quelques indicateurs musicaux des sources d’inspirations du groupe, comme ces premières mesures de Liquid gold qui (me) rappellent un jeune Metallica. Freedom se veut franc et direct avant que ce premier essai ne se termine avec Life and alive, titre qui fut le premier single de la carrière du groupe. Kintsugi, est une jolie carte de visite d’un groupe qui, s’il manque encore de maturité et n’a pas encore trouvé son identité musicale, pourrait voir son nom prendre de l’ampleur. On attend donc la suite.

Séance de rattrapage: DIESEL DUST: Just another day…

France, Rock sudiste (Brennus, 2024)

Après avoir mis le pied sur le frein pendant de nombreuses années – le groupe formé à Lyon en 2008 a publié deux albums en 2009 et 2011 – Diesel Dust est revenu aux affaires en 2021 avec Just before… et plus récemment (en mai de cette année) Just another day… un album de 11 titres aux évidentes influences sudistes. On y retrouve tous les éléments qui font la chaleur de cette musique et Diesel Dust ne cache jamais ses influences. Celles-ci vont, oh, surprise!, de Lynyrd Skynyrd aux Allman Brothers en passant par Blackfoot et autres Molly Hatchet. Just another day… voit les musiciens se faire simplement plaisir. Après tout, de vieux briscards comme eux n’ont sans doute pas envie de perdre du temps à prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, alors ils vont à l’essentiel. Ou presque, car les morceaux durent rarement moins de 5′ (seul Women est « expédié » en 4 petites minutes et 53 secondes) pour un total avoisinant les 70′ (le groupe conclue avec le morceau titre, véritable montée en puissance et en groove qui frôle les 10′), ce qui rend l’ensemble long, peut-être un peu trop. Si l’accent de Maxime Guichardant est correct, le chanteur est à mes oreilles souvent difficile à comprendre, mais la chaleur de l’ensemble, qu’on à plaisir à écouter en une ou plusieurs fois, est présente partout, des titres plus rock aux plus tendres moments. L’ajout de choristes ne surprend pas – elles sont 4. Si l’harmonica est un instrument (soufflé par Nicolas Ciolfi) partout présent, le groupe (les guitaristes David Benon et Raphaël Porcherot, également aux claviers), le bassiste Mickaël Duvernay et le batteur Denis Josserand), les titres sont naturellement orienté vers ces guitares qui remuent la poussière des routes américaines et ces rythmes qui donnent envie de jouer des poings. Sans révolutionner le genre, Just another day… remet le southern rock au goût du jour.

ODA: Bloodstained

France, Stoner/doom (Autoproduction, 2024)

La pochette de Bloodstained dit tout, ou presque: une nature morte qui évoque l’univers des frères Le Nain, décor éclairé à la bougie, on va invoquer je ne sais quoi. Lorsque résonnent les premières mesures de Children of the night, on se retrouve plongé dans un univers lent, sombre et froid. Le son, crissant et craquant, sonne et résonne comme si l’on se trouvait dans une crypte. Les guitares saturées et le chant trainant presque mélancolique de Thomas Féraud, la basse ronflante tenue par Emmanuel Brège, la batterie lourde frappée par Cyril Thommeret, tout évoque une sorte de rituel. Les participants ont consommé on ne sait quoi et parviennent à proposer des morceaux lourds proches du stoner et du doom. Une fois ce morceau d’ouverture passé – moins de 4′ – Oda nous entraine dans des décors plus étranges qu’oppressants. Avec ses 11′, Zombi suivi de Inquisitor (même lié à) dépeignent plusieurs tableaux, proposent diverses ambiances que ne renieraient pas les grands du genre. Rabid hole et sa basse ronflante, Succubus, hypnotique ou la (légère) montée en puissance de Mourning star parviennent à séduire même si Oda ne réinvente pas le genre. En revanche, le groupe nous offre un premier album prometteur qui mérite qu’on se penche sur son cas.