Interview SLEAZYZ

Interview SLEAZYZ – entretien avec Ileana « Pandemonium » Rodriguez – propos recueillis le 29 septembre 2023

Metal Eyes : Ileana, j’ai déjà publié la chronique de votre nouvel album, Glitter ghouls from hell, alors entrons dans le vif du sujet : que pourrais-tu dire au sujet de ce second album qui puisse convaincre l’auditeur d’aller acheter cet album directement ?

Ileana: Déjà, c’est un album qui a été fait avec beaucoup d’amour pour le genre, le glam metal. Tout au long de cet album, il y a des passages très glam, punk, horror punk… Il y a beaucoup de titres qui fonctionnent très bien en live – on en a déjà testé quelques-uns sur scène – et c’est surtout un album pour s’amuser. Il y a des guitares entrainantes, des refrains qu’on a envie de chanter… (à ce moment des bruits secs retentissent)

Excuse-moi, mais… les bruits qu’on entend… vous êtes en train de casser des cercueils ?

(Elle explose de rire) Non, non, c’est juste qu’il y a des travaux à côté ! Je suis sortie de la chambre, c’était infernal ! Mais on pourrait dire que c’est des pierres tombales qui tombent… Je te disais donc que c’est un album assez accessible.

C’est aussi le principe du glam, souvent plus accessible que le punk des origines. Vous avez plus un esprit punk américain qu’anglais d’ailleurs…

Oui, c’est ça, à la Ramones.

Tu viens de dire que vous avez déjà testé quelques titres sur scène et j’ai pu en voir quelques photos. Au-delà du maquillage et de la tenue vestimentaire, vous développez tout un décor et un univers visuel…

Oui, on fait attention à tout ça. Là, au Dropkick d’Orléans, on n’a pas pu faire de projection vidéo mais il y en a aussi. Mais sur certains morceaux, il y a des samples pour se mettre dans l’ambiance des films d’horreur. Mais c’est de la dérision bien sûr !

C’est aussi l’idée de base du groupe. J’ai l’impression que l’album est sorti un peu plus tôt que le précédent par rapport à la date de Halloween. Etes-vous en préparation de quelque chose de spécifique pour le 31 octobre ?

Pour l’instant, on a quelques dates début octobre, mais effectivement, on prépare les vidéos de films d’horreur, on va avoir un artiste qui va faire une performance pendant les concerts, donc oui, ça va être très Halloween (elle rit). Même si ce n’est pas le 31 octobre… Et c’est toujours rock ‘n’roll.

Glitter ghouls from hell est le second album de Sleazyz. Le premier était sorti en 2020, donc pas forcément à la meilleure période en pleine période de pandémie – d’ailleurs, ton nom de scène, c’est bien Pandemonium ?

Oui ! (rires)

Ce n’était pas du tout ma question… En revanche, comment analyserais-tu l’évolution de Sleazyz au cours de ces trois années ?

Je pense que le Covid a été très dur pour beaucoup de groupes. Il y a plein de collègues qui ont sorti des albums sans pouvoir les défendre. On a eu la chance de pouvoir faire pas mal de dates en 2021, dont le off du Hellfest (note : Ileana doit parler de 2022, le HF ayant dû annuler en 2020 et 2021). On a fait pas mal de scènes ce qui nous a permis de trouver nos marques. Pour le nouvel album, on a commencé à composer fin 2021 et tout 2022. On a aussi changé de batteur, ce qui nous a apporté un nouveau souffle. Musicalement, on a fait les choses dans notre style, des mélodies de guitares et dans les voix, je pense qu’on s’est améliorés musicalement. Cela malgré le fait que ce n’est pas facile pour Fred, notre chanteur qui est passé par un moment difficile dans sa vie. C’est lui qui arrive avec les compositions et malgré ces difficultés, il a réussi à venir avec des idées très joyeuses, le contraire de comment il était à ce moment-là. Un peu comme faisaient les groupes des années 80. On n’avait des vies pas forcément faciles mais la musique ne le reflétait pas du tout. On est super contents de ce nouvel album, et on a l’impression d’avoir vraiment évolué musicalement. Il y a des faiblesses, mais on a évolué.

Tu disais que vous avez eu un grand changement avec le remplacement de Dominique Speed par Kevin Shadows. Mais, il vient d’où ce monsieur ?

Eh bien, il vient lui aussi de la ville de Troyes. Musicalement, il a des goûts qui rejoignent les nôtres, mais il est plus fan de « grove metal », de Parkway drive, et ça s’entend dans ces morceaux. C’est un excellent musicien, on est super contents avec lui. Il est complètement investi avec notre projet, il est disponible. On a commencé avec lui en février et on a enregistré en mars…

Il n’a pas participé à la composition, mais il a apporté sa touche…

Oui, il a apporté sa touche personnelle, on lui a donné l’espace pour qu’il fasse ses parties de batterie.

Tu disais que Fred arrive avec les compositions, mais j’imagine que chacun apporte aussi sa personnalité dans le résultat final…

Bien sûr. Il a l’habitude de fonctionner comme ça. 2022 a été très compliqué pour lui, il a perdu sa mère et il a fallu qu’il délègue. On a revu, lui et moi, tout ce qu’il avait proposé, j’ai apporté ma touche dans la composition de pas mal de morceaux. David a aussi apporté beaucoup d’arrangement dans ses parties de guitares et dans sa rythmique, ce qu’il n’avait pas forcément fait sur le premier album – sur Monster a gogo et Hellbox. On a plus collaboré avec Fred, mais c’est toujours lui qui propose les compos de base.

Vous pensez poursuivre dans cette voie à l’avenir ?

Je ne sais pas… Fred est un excellent compositeur, il a une façon de faire qui nous plait bien. Là, on a collaboré un peu plus, mais… on verra pour la suite.

Si tu devais ne retenir qu’un seul des 10 titres de l’album pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est Sleazyz aujourd’hui, ce serait lequel ?

Ah ah ! Je dirais Halloween in Hollywood. Pourquoi ? Parce que c’est un titre qui montre tout l’esprit de l’album. Il y a des parties metal, d’autres plus glam, d’autres encore plus punk… C’est dans notre ligne horror metal.

Je ne suis pas surpris. C’est un titre qui est très cliché et votre album est bourré de clichés. J’imagine que c’est volontaire et pensé…

Bien sûr, et on les assume totalement (rires !)

En dehors de Romero, quels sont les autres auteurs/réalisateurs d’horreur qui vous inspirent ?

Il y a plein de film, comme Le retour des morts vivants. C’est plus Fred, ça, d’ailleurs, il aime beaucoup les films de série B. Moi aussi, mais je préfère les « vrais » films d’horreur (rires). Tob Hopper, Argento, Carpenter, il y en a beaucoup !

Si tu devais penser à une devise pour Sleazyz, ce serait quoi ?

Une devise? Fun, fear and rock n roll, ça nous ressemble bien!

Une dernière chose : on sait très bien que très peu de musiciens en France vivent de leur musique. Quels sont vos métiers dans l’autre vie ?

Je ne fais que ça, de la production, des concerts, j’ai aussi une association. Mais oui, on a plusieurs professions : notre batteur est livreur, Fred travaille dans le sport pour la mairie de Saint Ouen – il fait les allers-retours tous les jours entre Troyes et Saint Ouen à 4 heures du matin ! – et notre autre guitariste a plusieurs boulots.

Merci à Roger Wessier d’avoir organisé cet échange téléphonique. On s’est bien marrés!

SLEAZYS: Glitter ghouls from hell

France, Heavy rock (M&O music, 2023)

Il y a deux ans presque jour pour jour, nous avions découvert les glammers français de Sleazyz avec leur album March of the dead, son univers fun, gentiment punk et horrifique prévu pour animer la soirée d’Halloween. Le quatuor revient aujourd’hui avec Glitter ghouls from hell, armé des mêmes intentions. Toujours aussi glam, Sleazyz explore le monde des morts vivants, l’univers de Romero et en propose sa version musicale, rock, rugueuse et tout à la fois joyeuse et inquiétante. Au travers de ces 10 titres, le groupe crée une sorte de BO de soirée déguisée – qui s’adresse certes plus aux grands enfants qu’aux plus petits. La voix rauque de Fred Dee Ceased qui provient d’outre tombe, le visuel « 60’s horror film », les clichés volontaires des titres des chansons (Halloween in Hollywood, Party is not dead, Satan’s school of lust…) tout ici indique que l’on va passer un simple bon moment de détente. Sleazyz est un groupe d’entertainement qui cherche avec sérieux à s’amuser et à offrir du bon temps. Et comme halloween approche, vous savez quoi mettre en fond sonore lorsque la sonnerie de la porte retentira…

Interview: SLEAZYZ

Interview Sleazyz : entretien avec Speed (batterie). Propos recueillis par téléphone le 29 janvier 2021

Metal-Eyes : Votre album March of the dead est sorti en octobre dernier. Première question : pourquoi en faire la promo aussi tard ?

Speed : Ben, la crise sanitaire n’a pas facilité les choses, tu as pu le constater. Il y a un an jour pour jour, nous étions encore en studio, Âme du temple, à Troyes…

 

Metal-Eyes : A Troyes ? Mais vous êtes quatre…

Speed : C’est ça (rires) ! On est de Troyes, mais nous sommes 4 et l’album a été enregistré en 5 jours (rires). Joli coup, hein ! Vu que ce sont des morceaux relativement court, l’album ne dure que 33 minutes. Tu as pu l’écouter ?

 

Metal-Eyes : Oui, la chronique est déjà parue, ça a été une très agréable surprise.

Speed : C’est vrai, je l’ai vue en plus ta chronique. Pour nous, ce qu’on recherche, c’est que ça dégomme, que ça envoi, et l’esprit, c’est aussi de trouver des refrains qu’on va pouvoir retenir, dans un esprit un peu festif.

 

Metal-Eyes : Un peu festif et aussi un peu shock rock. D’autant plus que Marche of teh dead est sorti juste à la période de Halloween.

Speed : Oui, même si cet album aurait dû sortir plus tôt. Mais avec le Covid, on a repoussé, encore et encore, il devait sortir au mois de novembre, on devait même, grâce à la ville de Troyes et La Maison du Boulanger en faire la promo à la Chapelle Argens, une très bonne salle de concert, mais c’est aussi repoussé, pour l’instant au mois d’avril.

 

Metal-Eyes : Revenons cependant sur l’histoire du groupe que je découvre avec ce nouvel album. Peux-tu me raconter l’histoire du groupe ?

Speed : Alors, Sleazyz est un groupe d’horror metal qui a été créé en 2003 par Fred, le chanteur bassiste, à Saint Ouen, en région parisienne. Il y a eu deux albums single auto produits faits à cette période. En 2017, 2018, Fred est venu s’installer à Troyes et a reformé le groupe avec un nouveau line-up. Il y a donc Fred, l’auteur compositeur principal des morceaux, chanteur et bassiste du groupe, David « Ripper » à la guitare lead, « Pandemonium » Rodriguez, Illiana, aussi compositrice et arrangeuse, à la guitare rythmique et au chœurs, et moi à la batterie. Le premier album, une démo 12 titres, a été enregistré en 2014, et en 2016, Funhouse arrive, avant la reformation en région troyenne et l’enregistrement de March of the dead et 10 nouveaux morceaux.

 

Metal-Eyes : 10 nouveaux morceaux qui correspondent bien au nom du groupe, des morceaux assez glam rock aussi, mais pas que…

Speed : On a plein de monde autour de nous qui nous « au final, vous jouez du rock n roll ». Mais c’est la base, le rock ! Fred est fasciné par tout ce qui est horreur, films d’horreur des années 50 à 80. Sur scène, on a aussi toujours des montages de films de ces périodes-là. C’est super, parce que dans le public, les gens se font des petits quizz, c’est à qui reconnait tel ou tel extrait.

 

Metal-Eyes : Assez fun aussi, donc. J’allais te demander à quoi ressemble un concert de Sleazyz, mais tu viens d’en faire un rapide descriptif…

Speed : Oh, un concert de Sleazyz, tu as vu des photos, il y a du maquillage, un look, et le montage video avec, quand on le peut, sur des scènes un peu plus grandes, un visuel toujours en lien avec cet univers de l’horreur.

 

Metal-Eyes : Rock n roll, influences de film d’horreur… Mais si tu devais décrire votre musique à quelqu’un qui ne vous connait pas du tout, que lui dirais-tu ?

Speed : Oh, d’abord notre musique elle reste basée sur les influences que nous avons tous les quatre. On écoute du rock, du metal, du glam et aussi du speed et du thrash.

 

Metal-Eyes : Et si tu devais ne retenir qu’un seul morceau de March of the dead pour inciter la personne à écouter ce que vous faites, ce serait lequel ?

Speed : Pour l’inciter ? Je l’invite à regarder notre dernier clip, le morceau qui s’appelle Devil talking in my head. Je pense que ça retranscrit tout ce que je viens de te dire : ça commence avec un metal assez lourd, avec des saccades, un solo de guitare bien speed, il y a du groove, tout ça dans le même morceau. C’est assez représentatif de l’ambiance de Sleazyz. Même si, comme tu l’as écrit dans ta chronique, il y a des morceaux un peu plus glam, d’autres carrément punk ou indus. Mais en allant toujours droit au but. Ce qu’on cherche, c’est que le lendemain d’un concert, que quelqu’un se réveille en ayant toujours un ou deux refrains en tête.

 

Metal-Eyes : Ben ça, en ce moment, ce n’est pas gagné… Une question sur la pochette : à quoi correspondent les dates qui figurent sur le cercueil, au verso ?

Speed : Ah, alors là, c’est une bonne question ! Je ne pourrais pas te répondre… Je n’ai pas l’album devant moi….

 

Metal-Eyes : 1959, 1945, 1959 et 1968.

Speed : Je n’en ai aucune idée. Il faudra demander à Fred… C’est vrai que je n’avais pas tout décris sur cette pochette.

 

Metal-Eyes : Avais-tu eu l’opportunité d’écouter ce que faisait la première mouture de Sleazyz ?

Speed : Oui, reprenant certains de ces morceaux, j’ai écouté, et ça reste dans l’esprit de ce que fait Sleazyz.

 

Metal-Eyes : Alors comment pourrais-tu décrire l’évolution du groupe entre ces deux derniers albums ? Il y a eu un changement radical de line-up, mais en dehors de ça ?

Speed : Quand je suis arrivé dans le groupe, il y avait déjà 6 morceaux de composés par Fred. Les arrangements finaux se font aussi en studio, mais j’espère que pour le prochain on pourra apporter un peu plus notre patte. Mais c’est vrai que depuis un an et demi, tout se passe toujours super bien, il y a une vraie symbiose entre nous. On est toujours un peu comme des gamins, et jusqu’à présent, je traverse ce groupe avec une impression assez virevoltante, et j’ai joué dans maints et maints groupes…

 

Metal-Eyes : Vous avez travaillé avec un producteur, l’album a un gros son. Il est sorti en fin d’année dernière, alors, quels sont les premiers retours ?

Speed : Toutes les chroniques qu’on a reçues vont au-delà de ce qu’on pouvait espérer… « du son direct qui rentre dedans », « Fun, fear et rock n roll », des choses comme ça. Je pense que tout a été très positif. Le problème, c’est que la distribution de l’album c’est… AUJOURD’HUI ! Sur toutes les plateformes streaming…

 

Metal-Eyes : Avec tous ces retours encourageants, avez-vous envie d’enfoncer le clou et de ne pas faire attendre le public trop longtemps avant un nouvel album ?

Speed : C’est assez difficile de se voir en ce moment. Mais on commence à composer, on a quelques bribes de titres qui prennent forme.

 

Metal-Eyes : Quelle pourrait être la devise de Sleazys ?

Speed (il rit) : comme dit le morceau Sleazyz qui figure sur un autre album : « One, two, fuck you ! »

 

Metal-Eyes : Soyons clairs : « One, two », comme « un deux », ou « Want to » comme « je veux » ?

Speed : Non, non, « un deux », « One two » ! En plus, sur scène, le morceau marche bien sur scène, le public réagit facilement et le reprend direct. En plus, avec la période qu’on vit, on est en plein dedans.

 

Metal-Eyes : As-tu quelque chose à rajouter pour terminer ?

Speed : Je vais me répéter, mais « fun, fear, and rock n roll ».

 

 

SLEAZYZ: March of the dead

France, Sleaze (facile…) (La maison des boulangers, 2020)

D’abord, les indices contradictoires de la pochette: des faciès peints, des flammes, un titre limpide, une photo au verso avec des gueules irreconnaissables, une production Tenebras project et des titres comme Malleus maleficarum, Devil talking in my head, Orion conspiracy, bref, tout ce qui, à mes yeux, indique un groupe de black, mais une signature un peu trop lisible pour en être, et un album, March of the dead qui arrive juste avant Halloween… Allez, un peu de curiosité ne me fera pas de mal… Et quelle bonne idée que celle de glisser cet album de Sleazyz dans la platine! Les premiers sons de guitare de l’introductif Malleus  maleficarum sont clairement taillés dans le glam rock à la Blackrain. Mon esprit est en éveil et mes premières impressions à la benne: il n’est nullement ici question de black metal, bien au contraire. Tout au long de ses 10 titres, Sleazys provoque et s’amuse sur des airs punks et glam, dans un esprit festif et gentiment horrifique, genre The Misfits. On est souvent même plus proche de l’univers cinématographique d’un Romero, certainement une influence majeure, que de l’univers « evil » développé par certaines formations. Rien de malsain, ici, que du fun irrévérencieux, de la provoc « acceptable » dispensée par un rock énergique, entraînant et simplement efficace. On se prend vite, et facilement, au jeu des God, Chaos n’destruction, Psycho witch et de leurs refrains chantants et fédérateurs. Oui, en cette fin d’année quelque peu morose, Sleazys débarque avec son lot de bonne humeur communicative. A découvrir et consommer sans modération!