SUICIDE PUPPETS: Beyond the veil

USA, Metal (Ep, M&O, 2023)

S’il y a quelques points communs avec le black metal – le maquillage et le chant enragé et aigu – musicalement, les Américains de Suicide Puppets sont plus proches d’un metal bien heavy qui flirte avec le symphonique (Death note, Prey, Sinner) ou l’électro (1000 ways to die). Rythmiquement, ce Beyond the veil, Ep de 5 titres, tabasse sec, c’est sûr, mais est-ce suffisant? Car la batterie est assez répétitive et les riffs, s’ils sont efficaces, ne présentent que peu d’originalité. Alors, oui, il y a de l’envie et de la volonté, mais au final, je retiens quoi? Des influences Cradle of Filth, d’autres Amaon Amarth, d’autres, encore, plus proches de Nightwish. On passe un bon moment, certes, mais rien ne m’emporte vraiment… Il manque le quelque chose qui distinguerait Suicide Puppets de la masse. Dommage.

BLACK RIVER SONS: Skins

France, Heavy metal (Music records, 2023)

Formé en 2016 dans le nord de la France, Black River Sons a déjà à son actif un Ep suivi d’un album, Poison stuff, paru en 2019. Quatre ans plus tard, le combo revient avec Skins, un album heavy qui puise ses aspiration tant du côté du rock sudiste que du metal des origines. Les 9 titres de ce nouvel album démarrent avec le morceau éponyme qui, rapidement, évoque Black Sabbath, référence que l’on retrouve tout au long du disque. Mais il y a plus, BRS lorgnant aussi du côté de Black Stone Cherry ou de Lynyrd Skynyrd, deux références de deux époques du southern rock. Tout au long des No pain no gain, Birds and beasts, Don’t tell it twice… les guitares sont de sortie accompagnant un chant chaleureux bien que dans un anglais difficilement compréhensible… C’est sans doute la grande faiblesse de BRS qui pourtant alignent les bonnes idées. Ceci mis à part, les vieux briscards qui composent le groupe savent écrire des chansons qui donnent envie de bouger, et on a envie de les soutenir. Car, oui, tout au long de ce disque, c’est l’amour du rock hard, du heavy rock, du southern rock carré et bien fichu qui transpire. Black River Sons serait-il, comme le fut Stocks en son temps, le plus sudistes des groupes lillois? C’est bien probable. Il serait regrettable de passer à coté de ce petit bijou made in chez nous.

BARONESS: Stone

USA,Stoner (Abraxan hymns, 2023

Il y a Baroness et Baroness… Un groupe évolue, et c’est normal, et Baroness fait indéniablement partie de ceux-là. Jadis lourd, oppressant ou intriguant, la formation de John Baizley propose aujourd’hui, avec Stone, un album étonnant à plus d’un titre. Avec ses 10 morceaux (dont une intro quelque peu… ambiancée), Stone navigue de genre en genre sans jamais imposer une ligne directrice évidente. Aussi coloré et torturé que la pochette qui l’illustre, cet album s’apprivoise avec patience. C’est d’évidence ce qui en fait son intérêt et sa force. Déroutant pour les fans de l’ancien temps, novateur pour d’autres, Stone présente également la plus récemment arrivée – qu’on a pu découvrir live au Hellfest 2022 – qui pose son empreinte avec des backing discrets et nuancés et des lignes de guitares souvent étonnantes. Tout au long de Stone, Baroness explore, déroute l’auditeur, voire le décontenance. C’est à la fois la force et la faiblesse de ce disque qui nécessite bien plus qu’une écoute avant d’être apprivoisé. Le genre d’album qui hérisse avant qu’une nouvelle écoute, à froid, un appel à la curiosité, ne permette de le révéler totalement. Oui, définitivement, il y a Baroness et Baroness. Stone en montre une facette nouvelle et, par conséquent, encore inconnue du grand public. Stone fait partie de ces albums qui se révèlent totalement avec le temps.

SEEKERS ARE LOVERS: Nepenthes

Allemagne, Darkwave/Electro (Echozone, 2023)

Ma tête pendant les 45 premières secondes d’écoute de cet album! « Mais, Andreas, tu m’as envoyé quoi là? Du disco? » Passé le cap des claviers typiques de la musique de boite de nuit des années 80, l’arrivée de guitares furieuses, aux cordes maltraitées rassure et me replonge dans un univers plus proche de mes aspirations metalliques. Transform the urge, titre d’ouverture de ce Nepenthes est une sorte d’introduction à l’univers de du trio allemand Seekers Are Lovers. Un univers à la fois électro avec ses claviers hypnotiques et spatiaux, et metal avec des guitares rageuses et discrètes à la fois. Le chant, s’il manque un peu de puissance, est clair, bienveillant et presque tendre parfois, bien qu’émotionnellement tristement chargé, voire torturé. On a souvent l’impression que le groupe veut nous entrainer dans l’espace, ou en tout cas dans un film de SF, avec ses synthés et ses rythmes hypnotisants. Intriguant et surprenant, la grande force de Nepenthes est de ne sonner comme personne d’autre aujourd’hui. Hier, oui, mais Seekers Are Lovers le fait aujourd’hui. Le titre de clôture va en ce sens, puisqu’il s’agit de Smalltown boy, reprise des Bronski Beat dans une version très ralentie et sombre qui interpelle. Une agréable surprise et un groupe à suivre…

RIVAL SONS live à Paris (L’Olympia, le 27 octobre 2023) – Avec LA Edwards

Retrouvez ici la galerie photos du concert

Après m’être présenté 24 heures plus tôt pour le concert de ce soir (voir le report du concert de Sortilège au Bataclan), je reviens le bon jour pour assister – enfin – au concert de Rival Sons à l’Olympia. Mettons les choses au clair dès maintenant: la sécurité de l’Olympia, si elle reste courtoise et professionnelle, c’est du grand art dans le n’importe quoi… Ces derniers temps, les photographes sont accompagnés vers la sortie après les 3 premiers titres sauf s’ils ont une place. Mais ce soir, arrivés à la salle, les photographes ont l’agréable surprise de découvrir que, pour une fois dans ce lieu mythique, ils pourront shooter tout au long du concert. Deux groupes de dix, deux titres par groupe puis vous allez où vous voulez. C’est affiché à l’accueil et cela nous est confirmé par la manageure de Rival Sons tête d’affiche de ce soir. Seulement… Le groupe 1 peut shooter seulement 2 titres de la première partie, LA Edwards, avant de se faire éjecter par la sécu (on nous avait pourtant dit pouvoir shooter tout le set…) et se retrouve parqué à côté de la scène. Pas de second groupe de photographes pour la première partie… Ceux d’entre nous qui sont allés – espéraient en tout cas – prendre une bière ou aux toilettes sont rappelés par la sécu et concentrés dans un mini camp à coté de la scène. Stalag indiqué par une lampe torche par un autre agent… Avec un des mes collègues et amis, nous trouvons refuge dans le sas. Un des agents de sécu nous y retrouve, nous explique que nous sommes deux groupes de 10 photographes et que chacun, sauf si invité, sera raccompagné à la sortie après ses deux titres. « Euh, mais, le management nous a dit et confirmé et c’est écrit à l’entrée qu’on pouvait photographier tout le concert de la salle… » « Mais non, on n’a pas eu ces consignes. » Nous demandons si nous pouvons aller aux toilettes (!) et, OK, mais, il nous y accompagne. On est en taule ou quoi? On fait des prélèvement urinaires pour recherche de came? « On se retrouve dans 10 minutes dans le sas pour le briefing ». OK. Là, ce sont 20 photographes qui entendent les mêmes consignes. Rock Hard, My Rock, le Parisien, webzines, tout le monde réagit en expliquant que, à l’entrée, il est bien stipulé qu’on peut tout shooter. Quelqu’un envoie un SMS à la manageure pour lui expliquer la situation. Vérification de l’agent auprès de son responsable… (…) re… La manageure de Rival Sons passe devant nous et nous confirme que, oui, on peut tout photographier, d’où on veut, balcon inclus. l’agent de sécu n’a pas la même version: « OK, vous pouvez photographier tout le concert depuis le fond du hall » Hein? Vous allez vous mettre d’accord, bordel? Qui décide, le groupe ou la salle? Nous entrons dans le pit photo, et là, l’agent revient pour nous informer, bon et grand seigneur, que, oui, « vous pouvez photographier tout le concert d’où vous voulez ». Enfin! Oui, mais, après les deux titres, devine quoi? trois ou quatre d’entre nous nous rendons au balcon et là… « Non, les photographes vous ne rentrez pas »… Mais, mais, mais… Re vérification d’un autre agent de sécu (pas la sécu du public mais la sécu de la salle, va comprendre) qui revérifie avec son boss et… « Tout le concert? Même du balcon? Ok, c’est bon, vous pouvez y aller ». Alors, je ne suis pas dans le secret de l’orga des concerts, mais j’imagine qu’il y a un briefing avec les acteurs principaux, dont les représentants de la salle, de la prod et, peut être, éventuellement, possiblement mais c’est pas sûr, du groupe qui doit, possiblement peut-être donner ses instructions. Alors, merci à la sécurité de l’Olympia de nous avoir pourri un bon tiers du concert, d’autant plus nous qui nous chargeons de la photo et de la rédaction des reports. Ok, c’est écrit, pouvons nous maintenant parler du concert de ce soir?

LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Je serai bref sur la prestation de LA Edwards qui pratique un rock plus que teinté de country. Pendant 45′ les Américains donnent un set dont la musique ne me semble appropriée ni pour la tête d’affiche ni pour le public français. Trop « country western », trop club américain, et pas assez « chauffeur de salle » pour le groupe de rock bluesy enlevé qui assure la tête d’affiche. Les 45′ me semblent longues, d’autant plus en étant coincé dans le sas. La formation ne présente à mes oreilles que peu d’intérêt.

LA Edwards live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Le changement de plateaux se fait rapidement et, là encore, les informations sont contradictoires. On nous annonce, à l’accueil, l’arrivée de Rival Sons à 21h15, le running annonçait 21h, heure à laquelle le public commence à faire entendre sa voix.

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Quelques instants plus tard, la salle est plongée dans le noir et les enfants rivaux investissent la scène. Tous les regards se portent vers Scott Holiday (guitares), sa moustache, ses lunettes et son chapeau et Jay Buchanan, le chanteur aux pieds nus tout de rouge vêtu. Dave Beste (basse) se meut discrètement, avec son éternelle casquette vissée sur la tête, tandis que, derrière sa batterie juchée sur une belle estrade, Michael Miley frappe avec sourire et assurance.

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Parus à quelques mois d’écart, il n’est guère étonnant que Rival Sons axe sa setlist sur Darkfighter et Lightbringer dont 7 titres seront joués en tout. L’accueil du public, dès les premières notes de Mirrors est chaud et la température va monter en intensité tout au long de ces deux heures… Jay Buchanan est très en voix ce soir. Le hard rock bluesy teinté de soul fait des merveilles tout au long des Do your worst, Electric man, Rapture

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Le groupe semble ne vouloir laisser aucun temps mort jusqu’à ce solo de batterie comme on n’en fait plus qui permet aux autres musiciens, après Open my eyes, d’aller reprendre quelques forces. Un solo magistral, varié et superbement mis en lumières.

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Le groupe reprend avec un Sweet life soutenu comme jamais par un public déjà conquis malgré le manque de communication de Buchanan qui conclu d’un simple « Merci, c’est très gentil ». S’il était resté jusque là discret, le chanteur se lance dans une émouvante explication pour présenter Pressure and time: « c’est un titre que nous n’avons pas mis dans notre setlist pendant longtemps » et lance un message optimiste à tous ceux qui vont mal: « Vous n’êtes pas seuls, nous sommes là, avec vous! » puis c’est un temps plus posé qui monte en intensité, Jay invitant le public à participer sur la fin du titre, fin sur laquelle il s’arrache les cordes vocales avant d’entamer un superbe Jordan.

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Le groupe se lance dans des séances d’impro à l’ancienne, Scott Holiday sortant moulte guitares, simple et double manches, offrant au public solo électrique (sur Face the light) et acoustique (Shooting stars) avant que le groupe ne termine sur un superbe triplé composé de Too bad, Mosaic et d’un Keep on swinging qui retourne l’Olympia de fond en comble. Personne ne reste sans se dandiner sur cette fin de concert dont on ne pourrait qu’espérer qu’il s’étende sans fin. Royal Sons nous a ce soir offert un show magistral de bout en bout. Bravo et merci !

Rival Sons live @Paris Olympia, le 27 oct 2023

Merci à Valentin Gilet d’avoir rendu ce report possible

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RIVAL SONS live à l’Olympia: la galerie

Retrouvez ici le live report complet du concert

GRETA VAN FLEET: Starcatcher

USA, hard rock (Lava, 2023)

Le revival 70 sourit plus à certains, et Greta Van Fleet fait partie de ceux-là. Avec Starcatcher, son troisième album, il y a fort à parier que les Américains vont continuer de faire parler d’eux, avec des pro et des anti… Car dès Fate of the faithfull, il est clair que le groupe évolue dans sa formule tout en conservant ce son vintagequ’il affectionne et n’est pas près de renier ses influences. Impossible sur Waited all your life de ne pas entendre le mimétisme avec Robert Plant lorsque Josh Kiszka implore avec tristesse ses « Please stay » répétitifs ou sur l’outro Farewell for now... Alors oui, GVF sont les dignes héritiers de certaines légendes (Led Zeppelin, évidemment, mais également The Who (Runaway blues, morceau expéditif s’il en est!), évoque les grandes heures du funk (le très groovy The indigo streak). Cependant le quatuor apporte sa personnalité avec des sonorités plus modernes. La production, brute et fine à la fois, renforce cet esprit volontairement vintage d’une musique qui se veut aérienne et planante, sentiment renforcé par l’apport de discrètes touches de claviers ou d’harmonica (The falling sky). On pourra regretter que certains arrangements n’apportent rien de particulier et peuvent parfois sembler trop faciles mais le résultat est là: cet album s’écoute de bout en bout sans lassitude ou temps mort. Greta Van Fleet continue de creuser son sillon et atteint ce stade envié d’une reconnaissance publique qu’il doit maintenir et préserver. Ce très bel album y contribuera sans nul doute.

STUBORA: Écorché vif

France, Heavy metal (M&O, 2023)

C’est ça, la passion. Vaille que vaille, coûte que coûte, avec ténacité et persévérance, le labeur continue… Les trois compères de Stubora sont de cette trempe, celle de ceux qui œuvrent avec et par passion sans se laisser abattre par le manque de reconnaissance. Pourtant, les qualités musicales sont au rendez-vous, mais il manque sans doute, encore et toujours, ce petit quelque chose qui fera passer un cap aux Alsaciens. Depuis que je les ai découverts en 2015 avec l’album Résurrection, celui qui, de mémoire, accueillait le batteur Niala, Stubora propose des compos solides et actuelles. Alors, OK, on pourra prétexter que la doublette Horizon noir / Vision obscure (2019 et 2020) a dû traverser la période de crise sanitaire et que le groupe doit reprendre à zéro. Ce nouvel album propose dix titres solides, dix chansons qui donnent envie de taper du pied. Le chant partagé entre Cyril Beaudaux (guitare) et Mick Velasquez (basse, guitare) apporte une couleur particulière à l’ensemble. Les deux ont fait le choix, toujours depuis Résurrection, de s’adresser à l’auditeur dans la langue de Molière et traitent, au travers de Venin, Enfants de la haine, Ta Voie, Nouvelle génération, voire même Exode, de thèmes d’une cruelle actualité. Alors, maintenant signé par M&O et Season Of Mist, se pourrait-il que le groupe reçoive enfin l’attention qu’il mérite et que le grand public puisse enfin découvrir Stubora? Arrivé à son septième album, il serait temps, non?

EIGHT SINS: Straight to Namek

France, Thrash (Autoproduction, 2023)

Comme si les péchés capitaux, au nombre de 7, ne suffisaient pas, voici que les 4 brutes de Eight Sins (ouais, suivez ce décompte, on en reparlera!) en rajoutent un supplémentaire. En tout cas, rien qu’en regardant la pochette, on sait qu’on va bien se marrer avec ce Straight to Namek. Et quand tu ouvres le CD, tu les vois dans un caddie dans les rayons d’un supermarché… Je vous invite à lire les titres des chansons? Ok, trop sérieux, s’abstenir, svp! Seulement, voilà… Un clown, c’est un bosseur né, et ici, les apparences sont trompeuses. car les 10 titres (9 + 1 intro instrumentale) sont taillés dans un thrash metal qui dépote et qui arrache les têtes. Acid hole, Last action zero, San gueko, Street trash, Slice of doom… Ces titres d’un second degré assumé sont joués avec une brutalité et un sérieux irréprochables. Ca thrash sec et sévère, c’est efficace de bout en bout et ça fait secouer la tignasse. A ce niveau de qualité, un huitième péché est totalement bienvenu! Rock on!

Interview: Ayron JONES

Interview Ayron JONES (chant, guitare). Propose recueillis à l’Elysée Montmartre le 19 octobre 2023.

Ça fait plaisir de te voir de nouveau de retour en France. Comment vas-tu ?

Bien, je vais bien. On est arrivés il y a deux jours et j’ai pu me balader un peu, pas trop. Mais je profiterai de Paris demain.

Avant de parler de ce nouvel album, Chronicles of the kid, une remarque : le titre de ce nouvel album est similaire à celui du précédent, Child of the state (il acquiesce). Tu prévois une trilogie autour de l’enfance ?

Ah… C’est une surprise, mec ! Mais c’est une très bonne remarque. Child of the state, c’est le passé, Chronicles of the kid, c’est le présent.

Mais le gamin a grandi…

Absolument, il a grandi. C’est un peu un premier pas. Si je décide de créer quelque chose, ça doit être lié.

En tout cas, ces albums sont en lien avec ton enfance, l’environnement dans lequel tu as grandi…

Oui, et je pense que le prochain album traitera plus de là où nous nous situons aujourd’hui, un regard sur l’avenir…

« Là où nous nous situons » … La première fois que nous avions échangé tous les deux, c’était en 2019 par Skype pour parler de Child of the state. Tout comme sur ce disque, Chronicles of the kid démarre avec un titre heavy, nerveux, pour ensuite explorer toutes tes influences, funk, plus dansantes, rock, grungy… Tu as trouvé une forme de recette ?

Je crois que la recette, c’est ce que j’ai découvert, créé avant : un son qui uni tous ces genres. Pop, blues, rock… Je crois que cet album est encore plus abouti en ce sens que le précédent. Toutes ces chansons sont nouvelles. Sur les albums précédents, il y avait d’anciennes compositions, mais ici, c’est tout ce que j’ai pu écrire au cours de l’année passée. Oui, je pense qu’avoir pros du temps pour composer à l’instant présent m’a permis d’exprimer là où je me situe autour de ce son. J’ai travaillé avec des artistes grunges, avec des gens avec qui j’adore jouer et que j’adore écouter, et ça m’a permis d’avancer.

Child of the state était ton troisième album mais pour les Français…

Pour les Français c’est mon premier album, oui.

Sur Child of the state, il y avait une chanson, Supercharged, qui évoquait Lenny Kravitz (il confirme). Sur Chronicles of the kid, je trouve que Strawman évoque carrément Living Colour.

Carrément… Ce n’est pas une influence directe, mais j’ai grandi avec eux. J’ai grandi avec Cult of personality

C’est exactement le titre que j’ai en tête !

Vraiment (rires) ? Cult of personality passait toujours à la radio. Je l’écoutais mais je ne savais pas qui jouait… C’est le son de ma génération, c’est avec cette musique que j’ai grandi et je l’exprime aujourd’hui. Je ne cherche pas à sonner comme Living Colour ou d’autres, c’est simplement le son que j’ai en tête et que je veux exprimer…

Ça sort tout seul, et ensuite des gens te disent « ça, ça me rappelle…. »

Et je leur dis «t’as raison, mec, exactement ! » (rires)

Comment analyses-tu l’évolution d’Ayron Jones entre Child of the state et Chronicles of the kid? Tu viens de donner une partie de la réponse en disant que ce sont de nouveaux titres, mais à part ça ?

Je dirais que l’album m’a forcé à évoluer. Le précédent sonnait si bien ! Je savais que je ne pouvais pas faire moins… Ça m’a poussé à chercher d’autres choses, d’autres textures. Sur Child of the state, il y avait plus de guitares, alors on a pensé recruter un autre guitariste. Quand on a tourné avec Guns and Roses, on était deux guitaristes. Peut-être que l’étape suivante sera de travailler avec un guitariste qui sache jouer des claviers… J’évolue tout le temps. Vocalement aussi. Je demande beaucoup à ma voix et je dois apprendre à la préserver.

Si tu devais décrire Chronicles of the kid à quelqu’un qui ne connait pas Ayron Jones, que lui dirais-tu pour le convaincre d’aller acheter ton disque ?

Mmmh… Je pense que ça dépend de tes goûts musicaux (rires)… je dirai que c’est un album de rock pour des gens qui ne sont pas forcément amateurs de rock.

Que veux-tu dire ?

Pour moi, cet album est un pas de plus vers le mélange de genres. Il y a des chansons sur cet album qui pourraient figurer sur l’album d’un autre artiste. J’ai voulu enregistrer un album qui soit un disque de rock mais qui contienne aussi des éléments pop. Le genre de choses que les gens écoutent facilement, qui sont contagieux.

Et si tu devais ne retenir qu’un seul titre de ce disque pour dire ce qu’est Ayron Jones aujourd’hui, ce serait lequel ? Étant donnée la variété des genres, je sais que ce n’est pas facile, mais un seul titre…

(Il réfléchit) Je pense à Otherside, parce qu’est c’est là où je me situe aujourd’hui. J’ai appris à être aussi présent que possible et rester terre à terre. C’est facile de se perdre de vue avec ce que je fais, mais je garde la tête froide, je pense à ma famille et à mes gosses.

Les enfants, ce sont qui sont mentionnés dans le livret ?

Fais voir ? Oui, c’est bien eux. J’en ai un cinquième depuis, mais il n’était pas encore né quand l’album est sorti. Oui, c’est facile de se dire que tu pourrais faire-ci, ou ça, de choper la grosse tête. C’est compliqué de rester dans le réel, dans le présent, de savoir où tu te situes maintenant. Otherside parle de ça, du fait d’aimer et d’appréhender l’instant présent. Prendre conscience que la vie est trop courte pour se morfondre sur le passé ou stresser au sujet de l’avenir… De choses qui t’empêches d’agir ou de réagir maintenant. Cette chanson, pour moi, dit qu’il faut être présent, maintenant, et profiter du moment présent.

Lors de notre première entrevue, tu me disais que tu n’avais pas encore joué à l’étranger en dehors du frisbee.

Ouais, c’est vrai !

Depuis, tu as donné je ne sais combien de concerts en France, ta situation a vraiment changé et rapidement. La situation évolue-telle de la même manière dans d’autres pays ?

Euh, non… Pas vraiment. En Europe, il y a un public qui sort, on a donné de très bons concerts, mais en France, il y a quelque chose de spécial…

Peut-être que le « quelque chose de spécial » s’appelle Olivier Garnier ?

Oui, oui, c’est vrai (rires) !

Tu as donné en France de nombreux concerts, tu as ouvert pour les Stones, tu as joué dans de nombreux festivals, dont le Hellfest. Quels souvenirs en gardes-tu ?

Ah, ah ! J’adore ce genre de trucs, cette culture un peu dark, démoniaque, ce qui fait peur aux gens d’habitude. C’était très cool de pouvoir voir tout ça, ces décors… Et il faisait beau…

Comment pouvais-tu garder ton bonnet sur la tête ?

(Rires) Je ne sais pas ! En fait, il ne faisait pas si chaud que ça…

La première fois que nous avons échangé, Biden venait d’accéder à la présidence des USA 5 mois plus tôt. Il était alors trop tôt pour que tu puisses analyser des changements dans la vie américaine. Depuis, il a fait plus de la moitié de son mandat. Comment anaalyses tu l’évolution américaine depuis l’élection de Biden ?

Rien n’a vraiment changé, tu sais… On s’approche un peu du centre, la ferveur des gens depuis Trumps n’a pas vraiment changée… Il y a encore beaucoup de gens qui ne se sentent ni vus ni écoutés. Je crois qu’on avance dans le bon sens, mais on n’avance pas vite. La situation est plus ou moins identique… Biden essaie de nous réunir, d’aider tout le monde, mais politiquement, il n’a pas gagné le cœur de tout le monde, moins en tout cas que Barak Obama.

Ne crains-tu pas que Trump puisse revenir, ou de voir quelqu’un comme Kennedy être élu, malgré le nom qu’il porte ?

Nann, je ne suis pas inquiet. Trump revient ? Ben il revient, que veux-tu y faire ? On ne va pas s’inquiéter pour ce genre de choses. Je garde en tête ce que j’ai à faire, et la chose à faire, c’est d’aller voter. C’est tout ce que je peux faire…

J’imagine que tu es l’auteur de la pochette de Chronicles of the kid ? Je vois tes initiales partout sur ce cahier…

C’est exact… J’avais un paquet de chansons écrites dans un cahier comme celui-là, et le concept est sorti. Tout a commencé avec des histoires griffonnées dans un cahier…

Si tu devais penser à une devise, quelle serait-elle ?

Mmmhhh… « Sors et gagne »… « sois la meilleure personne possible », oui, c’est ça. Sois bon en tant qu’humain, en tant qu’époux, que père, qu’artiste…

La première fois que je t’ai posé cette question tu m’as répondu : « ne sois pas un trou du cul ».

Ah ouais ! Et ça se rejoint ! Ça ne sert à rien d’être un trou du cul, sois bon, c’est tout !

As-tu quelque chose à ajouter avant d’aller te préparer ?

Je voudrais seulement dire à quel point j’aime le public français, je suis très flatté qu’il m’ait adopté et intégré dans leur culture. C’est très particulier de pouvoir découvrir les Français de l’intérieur, d’habitude on ne voit que l’extérieur.

Justement, tu as donné différents concerts à Paris. Jusqu’à présent quel est la salle qui t’a le plus marqué ?

La salle ? Je dirais que ce théâtre antique, à Nîmes, était fabuleux…

Mais ce n’est pas à Paris…

Ah, tu parlais de Paris (rires) ? Désolé… Je ne sais pas… Sans doute, ici, on verra ce soir, c’est une nouvelle salle pour moi. Mais jusqu’à présent… le New Morning a été particulier comme endroit, la Cigale aussi, mais le New Morning garde une belle place dans mon cœur. On verra ce soir, cette salle est très belle. Je suis impatient !