STUBORA: Écorché vif

France, Heavy metal (M&O, 2023)

C’est ça, la passion. Vaille que vaille, coûte que coûte, avec ténacité et persévérance, le labeur continue… Les trois compères de Stubora sont de cette trempe, celle de ceux qui œuvrent avec et par passion sans se laisser abattre par le manque de reconnaissance. Pourtant, les qualités musicales sont au rendez-vous, mais il manque sans doute, encore et toujours, ce petit quelque chose qui fera passer un cap aux Alsaciens. Depuis que je les ai découverts en 2015 avec l’album Résurrection, celui qui, de mémoire, accueillait le batteur Niala, Stubora propose des compos solides et actuelles. Alors, OK, on pourra prétexter que la doublette Horizon noir / Vision obscure (2019 et 2020) a dû traverser la période de crise sanitaire et que le groupe doit reprendre à zéro. Ce nouvel album propose dix titres solides, dix chansons qui donnent envie de taper du pied. Le chant partagé entre Cyril Beaudaux (guitare) et Mick Velasquez (basse, guitare) apporte une couleur particulière à l’ensemble. Les deux ont fait le choix, toujours depuis Résurrection, de s’adresser à l’auditeur dans la langue de Molière et traitent, au travers de Venin, Enfants de la haine, Ta Voie, Nouvelle génération, voire même Exode, de thèmes d’une cruelle actualité. Alors, maintenant signé par M&O et Season Of Mist, se pourrait-il que le groupe reçoive enfin l’attention qu’il mérite et que le grand public puisse enfin découvrir Stubora? Arrivé à son septième album, il serait temps, non?

Interview: STUBORA

Interview STUBORA – Entretien avec Mick (basse, guitare, chant) le 11 octobre 2023

Mick, avant de parler du nouvel album de Stubora, Écorché vif, revenons en arrière. Vision obscure est sorti en 2020, juste un an après Horizon noir qui était sorti en 2019. Vous avez sorti Vision obscure un peu précipitamment comme me le disait Cyril (guitare et chant) pendant la crise sanitaire mais vous n’avez pas pu vraiment le défendre…

Un petit peu, mais tardivement… On l’a effectivement sorti Horizon noir fin 2019 mais on n’a pas pu le défendre. Dans la foulée, on a décidé de sortir un mini album, Vision obscure. On n’a pu reprendre un peu la route qu’en 2022. On a fait une petite tournée au printemps, on a fait quelques dates dans le sud de la France et quelques autres en automne dans l’est de la France. On a pu présenter l’album sur une petite dizaine de dates, et, c’est vrai, ça ne s’est pas déroulé comme on l’avait imaginé au départ.

En dehors de ces quelques concerts, comment avez-vous occupé ces trois années ?

2020, principalement avec l’élaboration du Ep qu’on a principalement composé à distance – la technologie nous permet de le faire. C’est un exercice qu’on a déjà rodé parce qu’on est éloignés géographiquement, donc, c’est un peu notre manière de travailler. Sauf que là tout avait été poussé à son paroxysme car on a tout fait à distance. Ça c’était l’année 2020. 2021, ça a été un peu plus compliqué musicalement… On a pu se voir de temps en temps, faire quelques répétitions et là on a décidé de se faire plaisir et, toujours pour garder le lien, on a enregistré quelques reprises pour lesquelles on faisait quelques vidéos autoproduites qu’on diffusait via les réseaux sociaux et YouTube. On a aussi commencé à emmagasiner quelques idées, quelques riffs. C’est à cette période qu’a commencé ce nouvel album, Écorché vif.

Justement, comment présenterais-tu cet album à quelqu’un qui ne vous connait pas encore ?

C’est toujours compliqué de définir sa musique… Je dirais que c’est un metal moderne, avec un son assez massif, des gros riffs mais aussi beaucoup de mélodie au niveau du chant, teinté de plusieurs influences mais, je pense, une sonorité qui reste moderne. Si je devais le mettre dans une catégorie, ce serait metal, metal alternatif… avec du chant en français, c’est important.

Je fais le lien entre Horizon noir et Vision obscure qui étaient liés par différentes choses, mais on va y revenir… Cependant, comment analyserais-tu l’évolution de Stubora entre ces deux albums et Écorché vif ?

Je pense qu’on a incorporé plus de mélodie au niveau du chant, et aussi que l’album est peut-être plus varié dans les différentes ambiances qu’on peut proposer sur les titres. Après, je considère qu’on a un album plus abouti, mais c’est un peu ce que disent tous les groupes pour leur nouvel album… On a été plus exigeants avec nous-mêmes, on est allés plus loin dans l’exigence qu’on pouvait avoir sur les différentes parties. Musicalement, tant qu’on n’était pas satisfaits à 100%, on n’a pas gardé des choses qu’on trouvait moyennes. Maintenant, sur les styles, ce n’est pas des choses qu’on analyse, on ne se fixe pas de but au départ, on n’imagine pas un concept. On compose et quand on a des choses qui correspondent à notre sensibilité, qui nous plaisent, on explore le filon et on y va à fond…

Vous explorez le filon… Au niveau des thématiques abordées, c’est très varié (il confirme) puisque vous parlez de l’actualité avec un peu de politique, il y a un regard sur ce que nous laissons à la nouvelle génération, et il y a aussi Again qui me semble traiter d’une addiction sans la nommer…

C’est tout à fait ça.

C’est quoi, cette addiction ?

C’est un thème général… ça peut être une addiction liée à l’alcool, aux drogues, chacun peut y trouver le sens qu’il voudra y trouver mais effectivement, ça traite de l’addiction de manière générale. Je n’avais pas une idée précise en tête quand j’ai écrit ces paroles, c’était plus pour traiter le thème des addictions de manière générale, et ça peut toucher plus de personnes qu’on ne le croit. Après, comme tu le disais, on aborde des thèmes en fonction de ce qui nous inspire dans l’actualité, de ce qui nous parle. On part d’un constat de ce qui nous entoure, c’est là qu’on puise notre inspiration.

Y a-t-il des thèmes que vous préférez ne pas aborder parce que vous considérez qu’ils n’ont pas leur place dans Stubora ?

Tu parlais de politique… On préfère éviter même si, tu me diras, on parle d’écologie, mais ce n’est plus vraiment de la politique. Ce sont des sujets qui concernent tout le monde, au-delà de la politique. La politique, c’est quelque chose qu’on ne veut pas aborder précisément parce que on n’a pas de leçon à donner sur le sujet, et on ne veut pas être assimilés à tel ou tel mouvement. Ce sont des sujets qu’on va éviter. On peut aborder des thèmes qui peuvent sembler politiques mais on les aborde de manière plus… sociétale.

J’ai les paroles de Exode sous les yeux et ça fait écho à une très cruelle actualité…

Oui, mais ça n’a aucun rapport à la base même si on peut faire de liens… En fait, quand j’ai écrit ce texte, c’est autre chose que j’avais en tête : il traite en particulier d’une histoire familiale : j’ai des origines espagnoles, mon grand-père et mon père ont vécu plusieurs exodes. Je l’ai écrit pour leur rendre hommage mais je voulais aussi que ça puisse résonner avec l’actualité. Que les ens puissent s’approprier les textes et y trouver ce qu’ils peuvent y trouver…

Il y a un autre lien que je fais, sans doute moins évident : Horizon noir et Vision obscure avaient un visuel commun, sombre avec un triangle – sont chaque côté représente chacun d’entre vous (il confirme). Là, vous avez radicalement changé de visuel avec des couleurs plus gaies. Toutefois, sur vos visuels de communication des albums précédents, vous étiez représentés sous forme de cranes à la place de vos visages. Sur Écorché vif, il ya ce personnage au visage écorché qui s’approche du crane.

Ah, oui, oui, c’est vrai…

Il y a un lien volontaire dans ce nouveau visuel ?

Non, pas du tout… les cranes dont tu parles, c’était pour des T Shirts, mais il n’y a pas de lien avec Écorché vif. Maintenant, c’est vrai, Vision obscure était une extension de l’album, on restait dans un visuel et une thématique assez similaire. Là, on voulu avoir un visuel différent, avec des couleurs qui changent, pour explorer quelque chose de différent. Quelque chose de plus lumineux mais différent. Maintenant, que ce soit au niveau graphique ou des paroles, on n’est pas dans des thèmes qui respirent la joie de vivre…

En fait, il fait très robot ce personnage. Je fais plus le lien avec un robot de SF qu’avec un humain écorché… Autre chose concernant le visuel : Niala, votre batteur,r essemble de plus en plus à Rob Halford…

Ah oui, c’est vrai ! Je ne m’étais pas fait la réflexion… Il faudrait que je lui dise de mettre des T shirts avec des chats (rires) ! Je ne pense pas que ce soit volontaire non plus.

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre d’Écorché vif pour expliquer ce qu’est Stubora aujourd’hui, ce serait lequel ?

Euh… je dirais Nouvelle génération. Parce que c’est un morceau dont les riffs ont été composés par Cyril, un morceau sur lequel le refrain n’était pas satisfaisant et sur lequel j’ai mis ma patte. C’est un travail, musicalement, qui illustre notre complicité dans la composition, un travail commun, et je trouve que c’est un morceau à l’image de ce qu’on veut proposer : il y a de la mélodie, mais en même temps, il y a un côté rentre dedans et assez entrainant.

Les derniers albums étaient auto-produits, là vous avez signé avec M&O. Ca vous apporte quoi de plus ?

Alors, sur toute la phase de production de l’album, rien n’a changé : c’est nous qui enregistrons tout de A à Z. Maintenant, travailler avec un label, ça va nous apporter, en tout cas on l’espère, plus de visibilité, un réseau de distribution puisqu’il travaille en partenariat avec Season Mist, donc une distribution nationale plus conséquente que ce que nous pouvions nous permettre sans label. Et on peut déjà le constater par rapport aux médias, il y a un œil plus attentif sur ce qu’on fait. Après, on espère que ça puisse permettre d’avoir plus de débouchés en matière de concerts, des premières parties et des festivals. C’est clairement notre but pour l’année prochaine…

Justement, avez-vous des choses en prévision dont tu peux parler ?

Oui, oui, on a déjà commencé à donner quelques concerts dans notre région, et on continue dès la semaine prochaine : on va jouer à Nancy, Barbache, au Luxembourg, à Saint Dizier, Bar-le-Duc… On a une date confirmée pour le printemps prochain à Reims et d’autres en cours de confirmation.

Quelle pourrait être la devise de Stubora ?

Une devise ? Qu’est-ce que je pourrais dire ? Allez, « ne rien lâcher », quelque chose comme ça…

Intéressant… J’ai posé la même question à Cyril lorsque je lui avais parlé et il m’a répondu « Ne lâche rien ». Vous êtes raccords, les gars !

Ben oui… On est passionnés, on essaie de passer une ou des étapes supérieures, donc on persévère…

Une dernière chose : on sait bien que, en France, un musicien ne vit pas de sa musique. Quels sont vos métiers dans vos autres vies ?

Cyril travaille dans les jeux vidéo, je suis fonctionnaire et Niala travail dans l’accueil d’enfants en difficulté, dans le social.

Merci à Roger Wessier pour l’orga de cette journée promo.

STUBORA: Vision obscure

France, Heavy metal (auto production, 2020)

A peine un an après avoir publié son dernier album, Horizon noir, les Français de Stubora reviennent avec un EP, Vision obscure. Reprenant les codes visuels du précédent méfait (un triangle équilatéral dont, dixit Cyril, chant et guitare, avec qui Metal Eyes s’est entretenu le 15 décembre dernier, « chaque côté représente un membre du groupe, chacun ayant la même importance que les deux autres. Chacun a son rôle, mais chacun a le même poids dans chacune des décision du groupe » et un fond sombre), ce 6 titres n’était au départ pas prévu aussi vite. « En novembre 2019, on pensait avoir du temps devant nous pour tourner et assurer la promo de Horizon noir. On a mis en place le set, le matos… on avait tout prévu, et là est arrivé le virus. Et ça fout tout en l’air. on se rend compte que les concerts ne vont pas reprendre (…) On s’est dit qu’il fallait qu’on reste actifs pour continuer de faire vivre cet album sur lequel on avait travaillé 2 ans. On a décidé de faire cet Ep, dans la continuité de l’album, comme une extension de l’album.Faire quelque chose pour continuer d’être présents« . Le titre lui même, Vision obscure, se veut dans la continuité de l’album, mais il a aussi été inspiré par la crise sanitaire. « Horizon noir, à l’époque, reflétait le futur qu’on envisageait, mais on était loin d’imaginer la situation à venir. Avec le confinement et tous les problèmes sanitaires, ce n’est plus l’horizon qui est noir, c’est le présent! » Musicalement, Stubora reste fidèle à lui même: du heavy mélodique mixé au rock et au thrash, deux chanteurs – Cyril et Mick – aux styles différents et complémentaires. Les 5 titres – plus une reprise – transpirent de cette « envie et de l’énergie » dont Cyril fait part, même s’il « n’y avait rien de prévu ou de déterminé avec cet Ep. »Pour autant, Stubora, bien que trio, n’a pas eu l’opportunité de se réunir pour l’enregistrement: « On habite à 2 ou 300 km les uns des autres, on a commencé à travailler à distance. On avait commencé pendant le confinement et, heureusement, les réseaux sociaux nous aident à vraiment travailler à distance! » Chacun a pu enregistrer dans son home-studio, ce qui a permis de développer de nouveaux modes de travail. « Quand ils ont commencé à annoncer la 2ème vague (…), on a mis en place tout un processus de production (…) On se retrouve vraiment bien dans ce qu’on voulait faire, et le seul challenge, ça a été de condenser tout ça en 4 mois« , le temps que s’est assigné Stubora pour réaliser cet Ep. Le trio a également décidé de reprendre Cerveau limité, un de ses propres titres qui figurait sur l’album précédent. Pourquoi ce choix? « On ne voulait pas d’un Ep avec un ou deux titres… Pendant le confinement, Mick avait repris Soleil noir en acoustique, et on s’est dit qu’on pouvait en effet faire une ou deux reprises. Mais de manière différentes. J’ai proposé de faire un remix de Cerveau limité, qui est un des titres forts de l’album, et de lui donner une autre couleur, laisser plus de place à des choses qui attirent peut être un peu moins l’oreille« . Mais il y a également des nouveautés qui marquent une évolution: « Atta, 451,  qui a un texte historique, ce qu’on n’avait jamais fait, un remix, nouveau aussi. » Tout en restant dans son univers, Stubora a en effet réussi à avancer et se réinventer quelque peu. Difficile cependant de ne retenir qu’un titre pour expliquer ce qu’est Stubora aujourd’hui… « Tu ne peux pas résumer Stubora à un seul titre, il en faut au minimum 2. Le coté un peu plus thrash de Atta 451 et celui un peu plus rock, heavy qu’il ya sur Vision« . A bien y réfléchir, c’est logique, chacun des chanteurs ayant un style différent, il faut bien que chacun soit représenté. Concluons donc avec la traditionnelle question: quelle serait la devise du groupe? « Ah! Ce serait « Ne lâche rien », parce que le groupe existe depuis 1996, a sorti son premeir album en 1998. En 2020, on est toujours là. On n’est pas un groupe international, mais on ne lâche rien et on est toujours là. Quand on commence, on ne se rend pas compte de tout ce qu’il faut faire, de tous les efforts pour rester. La passion qui nous tient, donc il faut se donner, et s’adapter – on le voit bien en ce moment! On a toujours le même état d’esprit depuis l’album Résurrection,en 2015« 

Interview: STUBORA

Interview STUBORA. Rencontre avec Mick (chant, basse). Propos recueillis au Hard Rock Cafe à Paris le 21 novembre 2019

 

Metal-Eyes : Comment se passe cette journée de promotion, Mick ?

Mick : Bien, très bien. De façon intensive, mais c’est toujours agréable de parler de sa musique…

 

Metal-Eyes : Ah ! C’est donc pour ça qu’on est là ?

Mick : C’est pour ça, je pense…

 

Metal-Eyes : Alors allons-y : Stubora s’est formé en 1996, dans la Meuse. Depuis le début de votre parcours, vous n’avez connu qu’un changement majeur de musicien…

Mick : Non, il y en a eu plus. En fait, il y a trois phases, pour résumer : Cyril, guitare chant, est à l’origine du groupe qu’il a formé en 1996. A cette époque le groupe était orienté hardcore. Première partie de l’histoire jusqu’en 2004-2005 où il y a des problèmes de line-up.

 

Metal-Eyes : Donc après l’album What we see is not what we wanna see ?

Mick : C’est ça, juste après. Cyril me propose alors de le rejoindre. On se connait depuis longtemps, depuis le collège, et on a déjà joué ensemble mais rien de sérieux. Il me propose de les dépanner pour deux concerts prévus – leur précédent bassiste s’est fait la malle. Je les dépanne, Cyril me demande de rester dans le groupe, il a envie de s’orienter vers un style plus metal rock, et moi, c’est aussi ce vers quoi je tends. Le hardcore ne m’intéresse pas. J’aime en écouter mais pas forcément en jouer. On commence notre partenariat musical, on compose tous les deux, on se partage le chant et on va comme ça jusqu’en 2012-2013, on sort un Ep et un album et on a des difficultés avec le batteur qui, dans un premier temps, a un accident de moto qui le laisse invalide pendant quelques temps. L’activité du groupe est un peu suspendue, et à la reprise, il est moins motivé et finalement il quitte le groupe. On reste quelque temps sans batteur, mais on recommence à composer, et en 2014, on trouve Niala par le biais d’une annonce. On trouve un super batteur, quelqu’un avec qui on s’entend bien, qui, lui aussi cherchait un groupe… On a la même démarche, à peu près le même âge, des goûts qui se rejoignent et il a un niveau technique qui nous permet tout de suite d’aller loin dans la composition. On ne se fixe pas de barrière… De là, on sort notre premier album avec ce line-up en 2015, Résurrection, le bien nommé parce que le groupe végétait. On a fait quelques concerts par la suite et in a entamé la composition de ce nouvel album, Horizon noir, qui sort hier (le 20 novembre, donc)

 

Metal-Eyes : Puisqu’on en est à l’histoire du groupe, quelle est la signification du nom du groupe, Stubora ?

Mick : A la base, ça vient de l’anglais Stuborn, qui veut dire entêté, têtu. A l’époque, il y avait beaucoup de nom en A, Cyril n’a pas voulu garder le mot en entier… Ça s’est transformé en Stubora, ça sonnait bien et on l’a gardé.

 

Metal-Eyes : Comment définirais-tu la musique de Stubora à quelqu’un qui ne vous connait pas ?

Mick : C’est toujours difficile de décrire sa propre musique… Avec Cyril, on est les deux principaux compositeurs – paroles ou musique. On se rejoint sur certains groupes, mais on a aussi des influences complètement différentes… Donc on fait des concessions, on apporte nos univers différents et on essaye de proposer, malgré nos facettes différentes, quelque chose d’homogène. On se situe dans un heavy rock, mais pas heavy comme dans les années 80. Plus dans le sens de ce qui peut se faire aux Etats Unis, c’est-à-dire rock avec des gros riffs, avec des mélodies de chant accrocheuses, et une musique pêchue et accrocheuse aussi.

 

Metal-Eyes : Une des particularités du groupe c’est que vous êtes tous deux chanteurs. Comment vous répartissez vous le chant ? Quelque part, ça parait assez évident : l’un se charge de ce qui est plus heavy, l’autre de ce qui est plus rock.

Mick : C’est en fait naturel puisque j’ai tendance à composer des choses plus rock, Cyril des choses plus metal, plus extrême. En gros, pour schématiser, les morceaux qu’il compose, c’est lui qui chante dessus et vice-versa.

 

Metal-Eyes : Ca peut arriver, justement, que l’un chante sur une chanson de l’autre ?

Mick : Oui, dans la phase de composition ou de production, on se rend compte que, pour servir le morceau, sur ce passage là, ce serait intéressant d’avoir une voix plus agressive, ce sera alors plus Cyril, sur tel autre passage, ça passerait mieux avec quelque chose de plus mélodique, donc, ma voix. On peut être amenés à chanter sur le morceau que l’autre a composé. Après, il y a aussi un vrai échange dans la composition, même si on apporte quelque chose de bien avancé. On peut proposer des changements, des arrangements, une mélodie de chant sur le riff d’un autre…

 

Metal-Eyes : Quelles sont vos influences ? J’ai l’impression qu’il y a du heavy typé Metallica, presque thrash mais pas que ça, et parfois, au-delà d’un côté rock, c’est parfois assez pop. J’avais fait, pour l’album précédent, une comparaison avec Niagara et l’album Quel enfer qui, en son temps était très typé hard rock à la Aerosmith.

Mick : Oui, c’est vrai. C’est certainement le résultat de nos influences très variées. Même si dans la composition je suis porté sur des choses plus mélodiques, j’aime aussi des choses très agressives et extrêmes. Je ne me fixe pas de barrières. Il y a de la bonne musique et de la mauvaise. J’aime autant des choses classique, rock influencé blues, que des choses plus extrêmes. Le côté pop des mélodies… Je n’irai pas jusqu’à dire « pop », mais un de nos but, c’est toujours proposer une mélodie accrocheuse, quelque chose qu’on retient, des bons riffs puissants et entraînants et des lignes de chant qui vont rendre le morceau accrocheur.

 

Metal-Eyes : Tant que ça passe, que ça accroche, que ça vous accroche, j’imagine.

Mick : C’est ça, c’est la base.

 

Metal-Eyes : Si on revient un peu en arrière, les albums avant Résurrection avaient des titres en anglais, et depuis, tout est en français. Je ne connais pas les albums précédents ; le chant était aussi en anglais ?

Mick : Alors, sur la période hardcore, le chant était intégralement en anglais…

 

Metal-Eyes : Donc sur Oropa’A et What we see…

Mick : C’est ça. Sur le Ep, Bleeding my world, aussi, et sur The almighty, on commence à intégrer des chansons en français. Pour Résurrection, on prend un virage complètement en français.

 

Metal-Eyes : Qu’est-ce qui vous a décidés à ce changement ?

Mick : L’anglais, même si c’est la langue qui colle le mieux au rock, il faut le maîtriser à 100%, rien que sur les sonorités. Alors, sur les deux premiers albums, quand c’est du chant hurlé, les problèmes de prononciation, on ne les entend pas. Quand on commence à attaquer sur de la mélodie, on n’a pas le droit à l’erreur. Et on se rendait compte qu’on n’avait pas une maîtrise parfaite de l’accent…

 

Metal-Eyes : Le problème principal des groupes français…

Mick : Oui, et ça revenait souvent dans des remarques, ça nous embêtait. En termes de composition et d’écriture, aussi, il n’y a que dans notre langue maternelle qu’on peut aller au bout des choses, avoir une palette de vocabulaire riche, avoir plus de possibilités dans l’écriture. Alors… c’est un risque de chanter en français mais on le prend parce que…

 

Metal-Eyes : La question qui s’impose, alors : est-ce que vous avez une carrière internationale ?

Mick : Non… On n’a pas ce type de carrière… Et on peut exprimer plus de choses, être plus personnels, plus riches en termes de paroles.

 

Metal-Eyes : Vos deux derniers albums sont donc en français, alors comment analyses-tu l’évolution de votre musique entre Résurrection et Horizon noir ? 4 ans ont passés, il y a une stabilité dans le line-up, le chant est en français, mais à part ça ?

Mick : L’évolution, elle est surtout au niveau technique… On est en autoproduction intégrale, on est dans une meilleure maîtrise technique, dans une expérience de l’enregistrement, de l’enseignement qu’on a pu tirer de nos erreurs d’un point de vue technique. Et on a développé une méthode de travail et je pense qu’on s’est améliorés en tant que compositeurs. La grosse différence ? C’est qu’on a été beaucoup plus exigeants envers nous-mêmes et envers les autres sur le dernier album. Dès le départ, on avait décidé qu’on devait être satisfait à 100% de l’album, qu’on allait présenter les meilleurs riffs, les meilleures mélodies et on n’a pas hésités à nous auto critiquer, à proposer des choses pour aller toujours plus loin. Si on sentait qu’un passage était plus faible, on n’hésitait pas à le dire.

 

Metal-Eyes : C’est sans doute lié au fait que c’est le second album avec le même line-up. Le titre de ce disque, Horizon noir, fait, je pense, plus référence à votre vision du monde actuel qu’au groupe d’Etampes qui s’appelle Black Horizon (il rit). Quel est le regard que tu portes aujourd’hui sur notre monde ?

Mick : On n’est pas des gens pessimistes… Mais lorsqu’on n’écrit des paroles, ça ne nous intéresse pas d’écrire sur ce qui va bien. La musique, c’est un exutoire, c’est proposer des choses qui vont nous toucher, des expériences de la vie, des constats de ce qui nous entoure. Effectivement, il n’y avait pas de thèmes, mais on s’est retrouvés, avec Cyril, à écrire sur des thèmes communs, liés à l’environnement, l’écologie, des thèmes qui, je pense, commencent à toucher tout le monde. On a des enfants, on est inquiets de voir que ça ne va pas assez vite, et pas dans le bon sens… Mais il y a toujours de l’espoir, sinon, on ne ferait pas d’enfants.

 

Metal-Eyes : Et quel regard portes-tu sur la scène metal française ? Vous en faites partie depuis quelques temps…

Mick : En France, on a vu une évolution, on n’a plus rien à envier aux scènes américaines ou européennes. On a atteint un niveau avec une vraie scène, des musiciens talentueux, des grosses productions, avec du niveau et de la qualité de composition… On n’a plus rien à envier aux autres, et il ne faut pas avoir peur de garder cette identité française, de proposer des paroles en français. Même si nos influences musicales sont anglo-saxonnes, je pense que la scène française se porte plutôt bien.

 

Metal-Eyes : Il faudrait quoi pour qu’elle explose cette scène française ?

Mick : C’est compliqué, c’est culturel… On n’est pas en Allemagne, en Angleterre… En Allemagne, ils ont des groupes qui font carrière chez eux parce qu’il y a un public, que les gens bougent. Le public metal français c’est vraiment un public de passionnés, il se bouge mais n’est peut-être pas assez nombreux pour vraiment soutenir nos groupes. On est quand même encore très ancrés dans la variété…

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un titre de Horizon noir pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Stubora aujourd’hui, ce serait lequel ?

Mick : C’est compliqué… Un seul titre pour expliquer ce qu’on est ? Je dirais peut-être Identité. Parce qu’on propose un mid tempo avec en même temps un côté sombre… Mais c’est difficile. C’est accrocheur, il y a du riff, oui, Identité peut être un bon choix.

 

Metal-Eyes : En parlant d’identité, vous avez un visuel qui est assez morbide (note : le visage de chaque musicien est remplacé par une tête de mort). Quelle en est la signification ?

Mick : Le titre et le visuel se sont imposés après la composition. Il s’est avéré que les chansons étaient assez noires en général, on s’est dirigés vers quelques chose qui illustre bien les paroles. Après, on est des metalleux, on aime bien les têtes de mort, les choses sombres (il rit).

 

Metal-Eyes : Une dernière chose : quelle pourrait être la devise du groupe ?

Mick (il réfléchit) : C’est compliqué… Je pense que c’est « Stay stuborn », on est entêtés, on ne lâche pas le morceau. Tous les problèmes qu’on peut rencontrer, malgré l’âge qui passe, la motivation et l’envie de proposer de bonnes chansons sont toujours là.

 

STUBORA: Horizon noir

Heavy metal, France (Autoproduction, 2019)

Mine de rien, Stubora, formé à Bar le Duc en 1996, propose, avec son nouvel album Horizon noir, rien moins que sa 6ème production. Ce nouvel album fait suite à Résurrection qui date déjà de 2015. Le trio semble ici particulièrement en forme. Distillant avec un réel bonheur un heavy rock entraînant, on retrouve les influences principales du groupe que sont AC/DC, Metallica, et, comme sur Résurrection, certains vocaux évoquent Renaud Hantson. Le chant partagé entre le guitariste Cyril Beaudaux et le bassiste Michael Velasquez apporte des nuances subtiles et offre une palette sonore riche, entre rugosité et douceur aux sonorités rock parfois pop. Les guitares sont puissantes et mélodiques (impossible de ne pas taper du pied dès l’introductif Ténèbres éternelles – et son texte enragé – ou Cerveau limité, Au pied du mur…) ou se laisser séduire par les ambiances plus nuancées de A en crever, plus lourdes  et orientales sur Identité. Cette variété des premiers morceaux se retrouve sur l’ensemble de l’album qui en comporte 13.

STUBORA – Résurrection

Stubora 2016 001

Hard rock, France (Auto production, 2016)

Formé dans le département de la Meuse, Stubora, après avoir subi un léger changement de personnel (le batteur Niala Sabel a récemment rejoint le guitariste Cyril Beaudaux et le bassiste Michael Velasquez, tous deux également chanteurs de la formation), nous propose son nouvel album justement intitulé Résurrection. Lire la suite