DELTA TEA: The chessboard

France, Prog (Autoproduction, 2020)

Dès les premières mesures de Chessboard, mon esprit est interpellé. Les ambiances imaginées par Delta Tea, groupe francilien formé en 2018, évoquent tout autant le Rush des grands jours (autant dire Rush, tout court…) que le jazz. Les envolées et harmonies de cette guitare légère et sautillante, joyeuse et entraînante, captent immédiatement l’attention et donnent envie d’en écouter plus. Si le CD ne contient que 5 titres, peut-on, pour autant le nommer Ep? En partie, The Chessboard totalisant 34 minutes, soit la durée d’un album d’antan, mais pas encore suffisamment long pour notre époque moderne. Ce premier titre ressemble à un long instrumental jusqu’à l’arrivée de chœurs vers 4’45. Complexe et envoûtant, tel est ce titre d’ouverture. Avec ses claviers planants et ses guitares d’un autre monde, Delocalised, le bien nommé, nous entraîne dans l’espace. La rythmique vient apporter une autre dimension. Les changements de tons et d’ambiances découpent chacun des titres de ce disque en une fresque grandiose, et pas forcément facile d’accès à la première écoute. Je verrai bien The chessboard joué sous la forme d’un ciné concert, tant à la mode ces derniers temps. Until dust continue dans une veine plus déterminée, avec toujours autant de tiroirs et de recoins. Le puzzle lorgne vers des sonorités hispanisantes, voire orientales, autant qu’occidentales. Delta Tea, avec ce premier disque signe une oeuvre complexe, peut-être même un chef d’oeuvre progressif, jazz, rock aux guitares aériennes et furieuses, un disque qui ne peut laisser les amateurs du genre indifférent. Jamais lassant, toujours intriguant, ce disque varié ne mérite qu’une étiquette: Musique. Ni plus ni moins. Une superbe découverte.

HYPNO5E – A distant (dark) source

Metal, France (Pelagic records, 2019)

Avec Shores of the abstract line, paru en 2016, Hypno5e avait réussi à surprendre, séduire, étonner l’auditeur en l’emmenant dans des univers inimaginés et des sonorités envoûtantes. Trois ans plus tard, les Montpellierains reviennent avec un album tout aussi travaillé et séduisant. A distant (dark) source continue d’explorer les univers musicaux variés et intrigants et opposant brutalité pure et douceur bienveillante. Les morceaux sont longs (dépassant souvent les 10′) et pourtant le temps passe vite, chaque instant étant réfléchi pour ne pas perdre l’auditeur. Long, mais efficace, ce nouvel album s’écoute d’une traite. On remarque que, comme d’autres avant lui, Emmanuel Jessua s’éloigne peu à peu du chant purement hurlé pour se découvrir de nouvelles possibilités vocales, et le groupe y gagne vraiment en efficacité. Avec A distant (dark) source, Hypno5e devrait ainsi  parvenir à séduire un plus vaste public, qu’il retrouvera très bientôt en live. Laissez-vous emporter par ce flot de sensations uniques.

JAN AKKERMAN: Close beauty

Progressif, Pays Bas (Music theories recordings, 2019)

Jan Akkerman est un guitariste de jazz/prog/fusion né en 1946 à Amsterdam. Il s’est distingué en faisant notamment partie de Focus avec qui il a connu un certain succès. Depuis, il enregistre encore et toujours, sous son nom ou en tant que musicien de studio. Avec Close beauty, son nouvel album, il démontre tout son savoir faire en matière de jazz progressif. Il m’est difficile de coller ici le terme de rock tant le musicien se laisse guider par ces construction particulières et si chères au jazz. Si l’on ne peut rien dire techniquement – le jeu de Jan est doux et léger, rapide et fluide – si des morceaux comme Spiritual privacy ou Beyond the horizon, qui ouvrent cet album, ont tout du prog avec leurs plus de 7′ (je sais, ce n’est pas à la durée qu’on reconnait le prog, mais c’en est une des caractéristiques, non?), je ne trouve guère de variété au cours de ces instrumentaux assez… contemplatifs, voire répétitifs. Le toucher est certes impressionnant, mais je ne parviens pas à accrocher sur la durée. Trop instrumental pour moi, sans doute, malgré cette intrigante relation avec la France que forme le triptyque Meanwhile in St. Tropez, French pride et Fromage. Mais d’où sortent ces nom de morceaux (même si le bougre a enregistré un Fromage à trois il y a 10 ans…) Bien fait certes, mais simplement pas assez rock pour moi. Les guitaristes apprécieront cependant.

JORDAN RUDESS: Wired for madness

Prog, USA (Music theories, 2019) – Sortie le 19 avril

Si Jordan Rudess est un des membres incontournables de Dream Theater, l’écouter en solo est une belle expérience. Car le claviériste laisse libre cours à ses délires et ses explorations musicales. Il nous propose aujourd’hui Wired for madness qui, dès le premier morceau – Wired for madness part 1 – le voit nous présenter tout son univers. Et celui-ci est étendu, allant de l’électro au metal progressif en passant par les années folles et le jazz. Tout est d’ailleurs dit sur la pochette: de la technologie futuriste et du rêve dans un univers coloré. Jordan Rudess surprend dès ce premier titre de plus de 11′, morceau qu’on croirait instrumental mais qui voit le chant n’apparaître qu’au bout de 9’30… Un long morceau tellement travaillé que le temps passe vite. Tant mieux, car la seconde partie du morceau titre, qui évoque le monde de Fritz Lang ayant flirté avec Pink Floyd, entre autres, dépasse les 20′. A la fois doux et rugueux, ce morceau explore encore d’autres horizons sonores. L’univers du cinéma – aventure autant que déjanté – n’est jamais très loin. La suite est composée de titres plus courts (4’10 à 6’03), permettant à l’auditeur de souffler un peu. Si les Off the ground (qui évoque par instants Ghost) et Just for today, légers et aériens,  Perpetual shine, un ovni prog mais parfois presque disco et souvent déjantées, Just can’t win très crooner et bluesy, l’ensemble est aussi varié, curieux que séduisant, intriguant ou surprenant.Chaque invité – dont James La Brie et John Petrucci (de Dream Theater), Vinnie Moore ou Joe Bonamassa – a son espace d’expression et en profite autant que possible. Les amateurs de sensations fortes en seront pour leurs frais, les esprits curieux et ouverts risquent fort de tomber sous le charme de cet album hors normes et hors du temps. Wired for madness est un album superbe qui porte bien son nom.

SKYHARBOR: Sunshine dust

Inde/USA, Rock progressif (2018, eOne)

A la fois puissant, léger et aérien, Skyharbor nous propose aujourd’hui un troisième album. Originellement formé en Inde, le groupe propose, après avoir stabilisé son line-up un premier album aux ambitions affichées: débuter avec un double, il fallait oser. Toutefois, le groupe parvient à travailler avec un certain Marty Friedman, qui apparaît sur deux titres, et… la machine est lancée. Sunshine dust puise son inspiration chez les grands du rock, et du metal, progressif. Rush, Dream Theater pour ne citer qu’eux, sont de la partie sans oublier, naturellement, les influences indiennes qui apportent cette légèreté et cette détermination toujours zen. Dim, Out of time, Disengage/evaluate, The reckoning… Chaque chanson réserve son lot de surprises. Skyharbor mérite qu’on prête un peu plus attention à son oeuvre. Un groupe à (re)découvrir.

VOLA: Applause of a distant crowd

Danemark, Prog (Mascot, 2018) – sortie le 12 octobre 2018

Il y a bientôt deux ans, Vola surprenait son petit monde avec la sortie de Inmazes, une réussite qui devait permettre aux Danois de se faire remarquer dans le select univers du rock progressif. Depuis, le groupe est resté assez discret – je ne crois pas que nous l’ayons vu en France – et c’est donc avec plaisir que je découvre ce Applause of a distant crowd, nouvelle galette pleine de jolies pépites. L’approche musicale n’a pas changé: on retrouve ce rock planant, cette voix claire, et ces mélodies aériennes à la fois sobres et d’une technicité de prime abord aisée. Car c’est la grande force de Vola, ne pas offrir un prog trop réfléchi qui ne s’adresse qu’à une élite. Non, les gars veulent séduire le plus grand nombre, et dès We are thin air (marrant de débuter avec ce titre alors que la pochette nous montre une nageuse sous l’eau…) il est clair que ça fonctionne. Ghosts, Alien shivers, Whaler font tout autant mouche grâce à des mélodies envoûtantes. Vertigo, plus « sombre » ou le morceau titre entraînent l’auditeur dans des contrées tout aussi attirantes. Maintenant, il est nécessaire de défendre cet album sur scène devant le plus large public possible si Vola souhaite franchir un nouveau cap.

Interview: STOLEN MEMORIES

Interview STOLEN MEMORIES : rencontre avec Baptiste Brun (guitares) et Antoine Brun (batterie). Entretien mené le 02 octobre 2017 au Hard Rock Cafe Paris

 

Stolen Memories

A l’occasion de la sortie de son nouvel album, (Paradox, sorti le 27 octobre et chroniqué ici-même), Metal Eyes est allé rencontrer les frères Brun, moelle épinière du groupe lyonnais qui nous dévoilent presque tout sur la conception de ce troisième album.

metal-eyes: Stolen Memories a été formé à Lyon en 2007, vous publiez aujourd’hui Paradox, votre troisième album, ce qui fait un album trous les 3-4 ans… Ce n’est pas très rapide comme rythme si vous voulez sortir du lot. Comment vous expliquez ça ?

Baptiste: C’est vrai… On est un peu fainéants (rires) ! Non, en fait, au départ on voulait enchainer les disques mais on a eu pas mal de soucis de label entre le premier et le deuxième album, ensuite, on a eu des soucis de line-up, ce qui nous a pas mal retardés. Et au bout d’un moment, à la suite de tout ça, on a décidé de faire un petit break. On a mis le projet en stand-by, on ne savait pas si on allait réattaquer, dans 6 mois, un an, 5 ans… Ce n’était plus du tout notre priorité, et finalement, ça nous a vite manqué, et c’est reparti de plus belle. Depuis, on ne s’arrête plus !

metal-eyes: Vous êtes justement passés de 5 musiciens dans le groupe à 3. Que s’est-il passé ?

Baptiste: Dès le départ, on n’a toujours été que 3 véritablement impliqués dans le groupe : nous deux, les frangins, et Najib, le chanteur. On avait déjà joué ensemble quelques années auparavant. Entre les 2 premiers albums, on s’est séparés de notre claviériste qui avait intégré le groupe juste avant l’enregistrement. Il n’avait de toute façon pas composé, il a seulement réarrangé ces parties. Sur scène, bien qu’on ai un clavier, on utilisait déjà des samples. On s’est dit que de toute façon, on pouvait simplement jouer avec des samples. Ça ne changeait pas grand-chose pour nous, vu que c’est moi qui composais cette partie, qui les enregistrait sur album… On a décidé d’adapter ça pour la scène. Sur le dernier, on n’est que 3 parque, avant l’enregistrement, on n’avait pas trouvé de bassiste qui nous correspondait. Je me suis occupé de la basse, ensuite, on a cherché quelqu’un pour les concerts.

metal-eyes: C’était donc le côté pratique ?

Antoine: Oui, parce qu’on avait envie de l’enregistrer cet album. On ne va pas se mettre des freins sous prétexte qu’on n’est 3 au lieu de 4, au contraire !

Baptiste: On avait vraiment besoin d’un bassiste pour les concerts, pas pour l’album. Là on a retrouvé quelqu’un qui, en plus, est très bien, qu’on a intégré au groupe rapidement et qui, je l’espère va rester. On verra bien !

metal-eyes: Si vous deviez décrire votre musique pour quelqu’un qui ne vous connait pas, qu’en direz-vous ?

Antoine: Il y a quand même une base metal non négligeable. C’est, à la base, le style qui nous a réunis, en plus du prog. On a des influences assez thrash par moment – on est des gros fans de Megadeth depuis qu’n est gamins, Testament, ce genre de thrash « sophistiqué » dirons-nous – et il y a des éléments progressifs qui se sont ajoutés. Baptiste avait fait un album solo, qui était une sorte de démo pour le groupe, la base de ce qu’on allait faire. Dans l’esprit d’un groupe. Et on a appelé Najib pour ça. C’est un metal prog assez accessible. On a voulu en faire quelque chose d’efficace.

metal-eyes: Accessible, oui, tout en ayant beaucoup de couleurs musicales. Un morceaux n’est pas linéaire. Si on parle de jazz, vous êtes d’accord pour dire que ça rentre un peu dans votre musique ?

Antoine: On peut dire, oui, du free jazz…

Baptiste: Moi, je parlerai plus de fusion que de jazz. Mais oui, il y a des passages sans doute orienté un peu jazz. Ça vient de ce qu’on écoute, on a beaucoup d’influences, on écoute beaucoup de musiques différentes, d’artistes différents, et forcément ça se ressent dans les compos e t l’interprétation.

Antoine: Influences diverses et variées, il n’y a pas que du prog…

metal-eyes: Si vous deviez maintenant décrire l’évolution de Stolen Memories entre les deux derniers albums – en dehors du changement de line-up, du passage de 5 à 3 – qu’en diriez-vous ?

Antoine: Il y avait vraiment une volonté de rendre notre son plus actuel : l’ajout de cordes à la guitare pour la rendre un peu plus lourde, dans les graves, avec quelques rythmiques un peu typées djent, un courant actuellement populaire dans le metal, tout en restant sur nos bases progressives. L’album est accessible à un plus large public. Même s’il est plus prog que celui d’avant, on a essayé de faire en sorte d’avoir une partie « chanson » importante : que le chant soit l’l’élément clé du disque. Il y a de bons refrains qui restent en tête, la mélodie qui prime sur la technique, ce qui n’était pas forcément le cas avant.

metal-eyes: Je ne suis pas forcément d’accord avec le fait que les refrains restent facilement en tête : il faut écouter plusieurs fois l’album pour vraiment s’en imprégner…

Antoine: Oui, ça reste du prog, donc, forcément… Quand je dis « restent en tête », c’est pas des refrains de pop, 3 mots qui sont tournés en boucle. Je ne veux pas négliger la pop, c’est ce qui fait la force de ce style-là : le côté très facile et entêtant.

Baptiste: Malgré tout, pour du metal progressif, ça reste accessible

metal-eyes: Visuellement aussi, je note que vous avez évolué : Blind conséquences a une pochette très sombre, et celle-ci propose plus de couleur. Il y a une volonté de repartir vers la lumière ?

Baptiste: oui, et il y a une volonté d’avoir une pochette, comme l’album, plus ambitieuse, avec plus de classe… C’est pour ça qu’on a fait appel à un pro du genre.

Antoine: On a fait appel à Stan W. Decker pour le graphisme et c’est pas du tout le même style que Blind consequences

metal-eyes: ce n’est d’ailleurs pas non plus son style de dessin habituel…

Baptiste: C’est vrai, c’est d’ailleurs ce que les gens ont dit quand il a posté la pochette sur son site. Tant mieux !

Antoine: Parce qu’au final, ça veut dire que ça marche bien, il a vraiment des possibilités.

metal-eyes: Que me diriez-vous pour me convaincre d’acheter Paradox?

Baptiste: Déjà, si tu veux écouter un album avec une bonne production, actuelle, un son moderne où persiste une certaine recherché dans les arrangements, que tu aimes le metal un poil sophistiqué mais avant tout mélodique… tu peux aller l’acheter sans soucis.

Antoine:

metal-eyes: Il y a une force supplémentaire, c’est la maitrise plus que correcte de l’anglais.

Antoine: ça, tout le mérite revient Najib, du coup il n’est pas là pour en parler… (rires) Faut dire qu’il chante depuis un paquet d’années, il maitrise bien cette langue, déjà, même si écrire des textes et parler c’est différent. Je lui ai donné quelques coups de main sur un ou deux textes, mais c’est lui qui a le plus gros du mérite. Et il a un bon accent, mais après tout, on reste Français… C’est dur d’avoir du recul.

metal-eyes: Je pars du principe que si un groupe chante en anglais, c’est pour viser le marché étranger, et ce n’est pas faisable avec un accent franchouillard trop prononcé.

Antoine: Totalement, il faut faire des efforts, et il en a fait, toujours. Et il s’améliore avec le temps.

metal-eyes: Quel a été votre premier choc musical?

Baptiste: Oh, ça remonte… Je dirais Queen…

Antoine: Oui, Queen. En fait, notre père écoutait ça à donf’ et il nous l’a inculqué… Moi, qui suis plus jeune, ça m’a bien marqué quand j’étais petit. Peut-être plus l’album Innuendo, c’était plus la fin… Mais, oui, tout Queen.

Baptiste: Tout Queen, mais c’est vrai, peut-être un peu plus les derniers albums, qui restent plus modernes.

metal-eyes: Et quel musicien ou groupe vous a fait dire « c’est ce que je veux faire plus tard » ?

Antoine: pour la batterie, c’est Nick Menza, de Megadeth. Il m’a vraiment donné ce déclic pour la batterie. Il a apporté ce groove que Megadeth n’avait pas avant… À partir de Rust in peace, il y a eu ce truc en plus…

Baptiste: Moi, il y a plein de guitaristes, mais je dirais peut-être Eddie Van Halen. Je me suis mis à la guitare petit à petit, et c’est devenu une passion. Il y a toujours le musiciens qui te fait dire « oui, j’ai envie de m’y mettre mais j’ai envie de savoir maitriser mon instrument ». Quand j’ai entendu ses solos, j’ai pris une claque. Je ne savais même pas qu’on pouvait jouer de la guitare comme ça ! ça a bouleversé mes codes, je me suis dit tout est à refaire…

metal-eyes: Si vous deviez ne retenir qu’un seul titre de Paradox pour expliquer ce qu’est Stolen Memories aujourd’hui, ce serait lequel?

Baptiste: Celui qu’on a choisi pour le clip…

Antoine: le morceau Exile, c’était une évidence pour nous! On voulait faire un clip, la phase suivante de l’album. On y pensait déjà en faisant l’album, et ensuite, c’est celel qui s’est vraiment démarquée. Elle résume bien ce que l’on fait aujourd’hui, elle a aussi un bon format single.

Baptiste: Puissante, mélodique, ambiance… et efficace

metal-eyes: Quelle pourrait être la devise de Stolen memories ?

Baptiste: Euh… « Patience et persévérance »

Antoine: Oui, restons passionnés, et patients.

Baptiste: On a les pieds sur terre, et on sait très bien qu’on ne s’en sort pas comme ça dans la musique. C’est un vieux rêve, on y croit quand même, donc on continue, à faire de la musique, essayer de proposer des albums de mieux en mieux, en étant patients parce qu’on sait qu’à chaque fois on doit évoluer, tout comme on peut exploser. Mais ça, c’est l’avenir qui le dira, le public qui choisit. Mais avant tout, on fait ça pour nous.

metal-eyes: Quelle est la meilleure question qui vous ai été posée aujourd’hui? Celle que vous avez préférée, qui vous a surpris ?

Antoine: C’est chaud…

Baptiste: Je m’en rappelle plus…

metal-eyes: C’est sympa pour ceux qui sont passés avant moi !

Baptiste: Il y en a eu un paquet..

Antoine: Il y a eu, forcément, un paquet de questions similaires, des bizarres aussi…

metal-eyes: Une bizarre, oui!

Antoine: la plus bizarre? (Au journaliste en question) : J’ai toujours pas compris donc, si tu lis ça, écris moi : on m’a dit « Si tu dois partir en mission avec 5 personnages fictifs, lequel tu choisis ? » j’ai choisi Jar-Jar Binks. Ne me demande pas pourquoi c’est sorti… Improbable. Il y avait Gollum et je sais plus qui, j’ai choisi Jar-Jar : il a l’air marrant, c’était mon critère ! (rires)

Baptiste: Et moi… Je pense que c’est « vous avez appelé l’album Paradox parce que c’est le fait qu’un groupe comme vous, passionné, qui persévère, soit encore obligé de travailler aujourd’hui ? » Et le mec a vraiment mis le doigt dessus. Ce n’est pas que pour ça, mais c’est un peu l’histoire du groupe : le paradoxe c’est qu’on adore ce qu’on fait mais on galère quand même.

metal-eyes: Qu’avez-vous prévu comme concerts pour défenre cet album ?

Baptiste: On commence avec une première date, le 24 novembre, à Décines-Charpieux, du côté de Lyon, ensuite, c’est en cours de bouclage. On attend des réponses…

Antoine: C’est la suite, on n’est pas que musiciens de studio, on veut aussi se frotter à la scène.

metal-eyes: Un dernière chose : vous avez choisi votre nom comment ? Pour que les initiales fassent « SM » ?

Antoine: Non, c’est une pure coïncidence !

Baptiste: En fait (il se racle la gorge)… C’est juste un loupé, ça. Ça n’a pas été calculé du tout et c’est pour ça qu’on ne fera jamais un logo avec le S et le M qui ressortent. C’est pas possible ! (rires)

 

 

 

Interview: SUPERSCREAM

Interview SUPERSCREAM. Rencontre avec Phil Vermont (compositeur, guitariste, producteur) et Eric Parriche (chanteur, auteur, scénographe…). Entretien réalisé à Paris, le 29 mai 2019

Metal-Eyes : Revenons un peu en arrière : Superscream avait été très remarqué avec son premier albm, Some strange heavy sound, mais depuis, 6 années se sont écoulées. Que s’est-il passé pendant cette longue période ? En dehors du changement de personnel…

Phil Vermont : Plein de choses… Ce qu’il faut comprendre, et à l’époque, on n’en a pas beaucoup parlé, c’est qu’à la base, Some strange heavy sound c’est un album qui a été conçu avec des side men, et, en gros, c’est moi qui délirait à l’époque sur mon ordinateur. Avec Eric, on travaillait dans un projet qui s’appelait Darjeeling, ça a très bien collé entre nous et on a eu envie de travailler ensemble sur ce projet-là, mais on n’avait pas prévu qu’il y ait une suite. On voulait juste sortir un disque pour se faire plaisir. Après, forcément, il a fallu monter une équipe live, répéter avec cette équipe, écrire de nouveaux morceaux, concevoir un show live… En gros, on n’avait pas du tout anticipé la charge de travail qu’il allait y avoir. Ensuite, on voulait ne pas reproduire les erreurs du premier album, et avoir tout de prêt pour ce nouvel album. Du coup, il y a eu des phases d’expérimentation, d’écriture, de choses comme ça…

Metal-Eyes : Quand tu dis « ne pas reproduire les mêmes erreurs », tu veux dire quoi ? Qu’est-ce qui représente une erreur pour toi ?

Phil Vermont : Je crois qu’il y a 8 morceaux sur Some strange heavy sound. Tout ce que tu entends, c’est tout ce que j’avais comme matière sonore. Sur The engine cries, ce que tu entends, ce sont des morceaux qui ont été sélectionnés dans une masse de morceaux que j’ai écris, ce qui veut dire que, potentiellement, on a de la matière pour enregistrer un album qui ne sortirait pas dans 6 ans. Par exemple ! (rires) Il y a aussi un DVD live qui est en cours, qu’on a enregistré avant  que l’album ne sorte, pour qu’il n’y ait pas trop d’écart entre la sortie de ce DVD et l’album. On a vraiment organisé les choses sur plusieurs années pour voir venir et entretenir l’énergie autour du groupe

Eric Parriche :  On a deux clips aussi qui vont arriver, qui ont été tournés en amont. Ça aussi, ça a demandé du temps. Il y en a un qui dure presque dix minutes, limite court-métrage, pour The engine cries, le morceau titre. Après, je ne verrais pas ça comme une erreur spécialement. Le premier album c’est fait comme ça, là n voulait juste procéder différemment. Maintenant qu’on prend les choses un peu plus au sérieux – ce n’est pas le bon mot – qu’on voudrait tourner, avoir une vraie équipe… Au début, ce n’était qu’un binôme, et c’est vrai que ça aurait pu s’arrêter là, et pour finir, on a décidé de continuer. Différemment.

Metal-Eyes : Vous étiez tous les deux, comme tu le rappelais, avec Darjeeling. Le fait qu’il y ait  eu un vrai impact positif avec Some strange heavy sound a fait que vous ayez décidé de laisser Darjeeling de côté pour vous concentrer sur Superscream ?

Phil Vermont : Darjeeling s’est arrêté avant la sortie de l’album. En fait, les tout premiers morceaux –Metal sickness par exemple – je en savais pas trop pour quoi ça allait être. Ça ne correspondait pas vraiment à Darjeeling. C’est Eric qui, à l’époque, gérait la direction artistique du groupe.

Eric Parriche : Musicalement, ça ne rentrait pas, ça ne fonctionnait pas avec ce que l’on faisait avec Darjeeling.  Pas vraiment metal, les textes étaient en français… du coup, ça engendrait une esthétique complètement différente. J’avais décidé d’arrêter ce projet, Phil avait ces quelques morceaux de côté… Phil, avec Darjeeling, a un peu renoué avec le rock et le metal qu’on ne faisait plus à l’époque et ça lui a donné l’idée de ce nouveau projet. Tu avais tes morceaux, je suis venu et je t’ai dit « allez, je vais te poser quelques lignes de chant, on va délirer un peu… » et c’est parti comme ça. J’ai mis le casque, j’ai improvisé et petit à petit, ça s’est construit dans sa tête.

Phil Vermont : Exactement. Sachant qu’on a procédé différemment pour le deuxième album.

Metal-Eyes : Justement, comment décririez-vous l’évolution entre ces deux albums ? 6 années, c’est pratiquement une vie pour un groupe…

Phil Vermont : Ca a évolué à tous points de vue. Concrètement, l’écriture a évoluée. Je voulais aller vers quelque chose de plus fédérateur, toujours avec ce côté world metal mais avec des chansons qui sont plus « existantes ».  Aujourd’hui, tu peux jouer quasiment tout The engine cries avec une guitare acoustique et Eric qui chante, ce qui n’était pas le cas de Some strange heavy sound On a évolué au niveau de la production qui, à mo sens, est bien plus réussie que sur le premier album. On a aussi procédé différemment pour l’écriture : j’ai pris en charge tout l’aspect musical et les lignes de chant, tandis qu’Eric a écrit tous les textes, à l’exception de deux. Maintenant, avec Eric, on se laisse des dossiers. Par exemple, il a complètement géré l’artwork, dont je suis très fier, il a géré complètement la production de l’album, tandis que j’ai géré la direction artistique et les aspects musicaux. Du coup, quand il tourne quelque chose en vidéo, je fais la musique… Tu vois, on est dans une vraie relation de confiance, encore plus qu’avant, et ça, ça fait avancer les choses.

Metal-Eyes :Il y a aujourd’hui une complémentarité qui s’est forgée avec le temps, donc.

Phil Vermont : Complètement ! Mais c’est vraiment du fait – je lui dis mais il ne le sait pas – c’est vraiment du fait d’Eric. Eric a vraiment vu où ça pêchait de mon côté et s’est simplement placé là pour faire telle chose. Forcément, ça booste l’affaire à 200% parce qu’on est bien plus complémentaires qu’avant.

Metal-Eyes :Tu parlais de la production, et c’est le seul point que j’ai relevé dans ma chronique : pour moi, elle n’est pas assez épaisse, grasse, pour ce type de musique…

Phil Vermont : Alors c’est complètement volontaire de notre part, et pour deux raisons. Déjà, il n’y a qu’un morceau joué à la 7 cordes, là où aujourd’hui, tout le monde joue à la 7 corde ou accordé très très grave pour avoir le son metal actuel. Moi, je ne suis pas hyper friand de ça parce que, du coup, tu as beaucoup de mal à sortir la basse du mix. Ensuite, dans beaucoup de morceaux qu’on fait, il y a des percussions. SI tu veux tout entendre et faire en sorte que tout fonctionne ensemble… Si tu retires les percus, il n’y a plus le truc qu’il faut. Pour que tout soit à sa place, il fallait une prod assez claire et brillante et qui n’aille pas trop dans un sens heavy metal actuel. Ça ne pouvait pas marcher. Avec un  morceau comme Evil cream, ça aurait pu marcher, mais pas avec le reste. Il y a autre chose, aussi : Eric a une très grande tessiture, et il ne faut pas oublier que si les groupes jouet très grave, c’est pour laisser la possibilité au chanteur de ne pas être obligé de monter dans les tours. Eric, lui, peut le faire, donc je n’ai pas de raison de m’accorder en Si.

Metal-Eyes (à Eric) : Tu couvres combien d’octaves ?

Eric Parriche : Euh, je ne sais pas du tout ! Excellente question… Je considère que l’important c’est de  bien chanter dans sa zone de confort, et peu importe la note la plus grave ou la plus aiguë qu’on peut atteindre. Maintenant, je comprends ta remarques sur la prod. Le choix de ne pas utiliser énormément d’effets, c’est vraiment (il s’adresse à Phil) une volonté de ta part. Je n’avais pas d’idée préconçue sur la question…

Phil Vermont : C’est complètement vrai, et c’est un constat sur le temps : les albums trop surproduits vieillissent souvent pas très bien. Tu prend l’album de Rage Against The Machine, Bombtrack : la prod n’est pas très saturée, les guitares sont hyper claires, ce qui fait que l’album traverse le temps. Nous, on a écouté ça dans les années 90, les mômes des années 2000, aussi, et ceux d’aujourd’hui continuent de l’écouter. C’est quelque chose qui peut  être très vrai avec les albums de Led Zeppelin. Alors que le son d’aujourd’hui se démode très vite… J’espère que The engine cries est un album qui vieillira bien et que dans 15 ans, les gens ne se diront pas qu’il a mal vieilli !

Metal-Eyes : On parlait du concept de l’Artwork tout à l’heure. C’est Stan W. Decker qui en est responsable mais, d’après ce que j’ai compris, c’est toi Eric qui a eu le concept en tête ?

Eric Parriche : Au départ, on ne savait pas du tout ce qu’on voulait. On a discuté de ce qu’on voulait mettre, quel type de pochette…

Metal-Eyes : Pour moi, c’est un peu Jules Verne rencontre Dali. Je suis oersuadé qu’il y a cependant beaucoup plus, qu’avez-vous voulu mettre dedans ?

Eric Parriche : Beau compliment… On avait un cahier des charges assez lourdement rempli – comme pour beaucoup de choses… –  et on avait envie que ce soit surréaliste, que ça fasse prog mais qu’il y ait une petite touche… humoristique. On s’est  inspiré de différents artistes. Un qui ressortait s’appelle (piste 13, 11’50 – rechercher nom) Caras Ionote (je crois que ça se prononce comme ça), qui fait des montages photos et d’autres choses. C’est un artiste de l’est. On  a essayé avec lui mais, malgré son talent, ce qu’il a fait ne nous convenait pas…

Phil Vermont : C’est un artiste, en fait, pas un gars spécialisé dans les pochettes, donc, du coup, il n’avait pas forcément le savoir faire d’un graphiste. Ça ne fonctionnait pas…

Eric Parriche :  Ca nous a donné l’impulsion de départ pour travailler avec Stan W. Decker qui a tout de suite compris ce qu’on voulait. On lui avait fait des montages avec nos moyens et avec des exemples de ce qui nous intéressait ou pas. J’avais envie qu’il y ait des remous, qu’il y ait de la matière liquide, aussi pour répondre à l’aspect de la Evil cream qu’on utilise dans cet album, et aussi en live. C’est une matière que j’ai inventée, un peu mystérieuse et dont je ne révèle pas  tous les effets…

Phil Vermont : Il vaut mieux pas, d’ailleurs !

Eric Parriche :  Non, on ne verra les effets en live. Pour révéler un petit truc, j’en consomme au début du concert. Ça a des effets… particuliers. Pendant tout le concert.

Metal-Eyes : Justement : un album, ça se défend sur scène : qu’est-ce qui est prévu ?

Phil Vermont : Le problème qu’on a avec cette question (rires), c’est qu’il y a des choses prévues mais qu’on ne peut pas y répondre ! Il n’y a pas de tournée prévue pour l’instant, mais quelques dates en première partie, mais on ne peut dire qui car rien n’est encore officiel. On va cependant essayer de tourner un maximum pour défendre l’album. On a réussi à mettre toute une équipe en place pour Superscream, mais on n’a pas encore de tourneur. Du coup, on essaye de gérer ça pour déléguer le tout à quelqu’un dont c’est le métier de gérer le booking. En fait, c’est notre politique : déléguer chaque chose à quelqu’un dont c’est le métier pour que ce soit fait le mieux possible. En tout cas, on pourra retrouver sur scène rapidement.

Metal-Eyes : E ce qui concerne  l’album lui-même : il y a beaucoup de choses : du rock, du prog, des influences orientales, metal. Qu’avez-vous voulu mettre dans The engine cries ?

Phil Vermont : Eh bien, tout ça ! Pour la petite histoire, c’est mon métier d’être musicien. ET j’ai  eu la chance de travailler dans plein de trucs différents, mais vraiment. De la bossa nova au metal, et j’avais envie de mettre tout ça dedans. Je suis aussi un amoureux des voyages – dès que je peux, je vais voir ailleurs comment ça se passe – et j’aime bien l’idée du voyage musical. Un album court où tu as envie de rappuyer sur play, qui te permette d’aller dans plein d’ambiances. Je crois que le premier qui m’a donné envie de faire ça, c’est Steve Vai avec un album live pour lequel il avait écrit un morceau par pays où il était allé. J’avais trouvé le concept génial. Après, le concept même de la musique de Superscram est né à Budapest, où j’étais en tournée. J’avais vu un gars qui jouait de l’accordéon avec des grosses guitares metal et j’avais trouvé ça génial. Je n’avais jamais entendu un truc pareil, même si aujourd’hui ça existe. Mais à l’époque, je m’étais dit qu’il y avait énormément de ponts entre les musique et qu’il suffit juste de bricoler un peu pour trouver le truc…

Eric Parriche : Au départ, j’aimais bien ce concept. On s’était d’ailleurs définis comme faisant du world metal et au final, on se rend compte que c’est plus du metal progressif, avec comme spécificités d’utiliser des musiques traditionnelles, etc…  Aussi, ça permet d’utiliser des voix différentes. Je me considère comme un chanteur à tout faire : selon les morceaux, je n’utilise pas forcément la même voix, parfois je chante plus nasal, d’autre plus metal ou plus clair, et ça m’allait bien de m’amuser un peu avec tout ça, de modifier ma voix. C’est ce qui est cool avec Superscream, la possibilité de ne rien se refuser. Parfois, ça engendre quelques complications…

Phil Vermont : Je rebondis là-dessus : « rien se refuser », ce n’est pas tout à fait le cas. Pour que ça marche, on est obligés de se refuser plein de choses. Par contre,  le truc que tu veux emboiter avec l’autre, ça ne marche pas toujours. Il faut le faire avec beaucoup de minutie et baliser le tout. On essaye d’expérimenter beaucoup, et là, on ne se refuse rien. Quand on monte le bazar en vrai, on est obligés de tailler dans le vif.

Eric Parriche : Le kazoo, on n’a pas encore réussi à le caser…

Metal-Eyes : Le triangle ?

Phil Vermont : Le triangle, Je crois qu’il y en a déjà !

Metal-Eyes : Si vous deviez ne retenir qu’un seul titre de ce disque pour expliquer ce qu’est Superscream aujourd’hui, ce serait lequel ?

Phil Vermont sans hésiter): The engine cries. C’est marrant d’ailleurs que tu nous pose cette question parce qu’on vient de faire un clip et on voulait vraiment que le premier morceau qui soit « clippé » soit représentatif de notre univers. Je le trouve représentatif parce que, déjà, il met en lumière tous les musiciens du groupe – et j’aime bien cette idée. Il y a la dimension world metal – c’est un morceau assez lourd, un refrain heavy, tu as tout le développement instrumental sur la deuxième partie – et, c’est un peu le bonus, tu as une fin qui reste en suspend, tu ne sais pas ce qu’il va se passer après.

Eric Parriche : Après ce n’est pas évident de décider d’un seul morceau représentatif. On a des morceaux tellement différents…

Phil Vermont : Mais il y a deux lignes directrices dans Superscream : le côté world metal dont on a déjà beaucoup parlé, et les morceaux de fans. Un titre comme Evil cream rentre dans les standards du prog, par exemple. L’idée de Superscream, c’est de développer les deux en même temps, de sorte que l’auditeur puisse trouver ses repères, qu’il connait déjà et qui nous ont fait tripper – et le feront tripper aussi, on espère – et cette dimension un peu plus expérimentale. On essaie de réunir le deux. En fait (il rit) la bonne question à nous poser ça aurait été « quels sont les deux morceaux ? »

Eric Parriche :

Metal-Eyes : Donc tu es en train de me dire que ma question n’est pas bonne…

Phil Vermont : Non, on, elle est très bien ! Mais pour Superscream, il en faut deux…

Metal-Eyes : Tu sais que la définition de « choisir » c’est « renoncer à » ?

Phil Vermont : Oui, mais, ça, j’ai du mal !

Eric Parriche : Beaucoup de mal…

Metal-Eyes : Aujourd’hui, vous considérez Superscream comme un grouoe à part entière ? Une entité ?

Phil Vermont : De ce point de vue, oui, clairement. Si tu viens nous voir en live, tu verras qu’on et branchés sur la même longueur d’ondes, qu’on travaille vraiment comme un groupe. Même pour tout le reste. On parlait tout à l’heure de nos rôles respectifs, Stéphane lui s’occupe de l’internet… On a tous plusieurs casquettes, tout le monde met les mains dans le camboui pour faire fonctionner le groue. Ensuite, là où certains ont des véléités pour composer ensemble, nous préférons déléguer. « Ca, tu sais bien faire, alors fais le ». On cherche à utiliser les capacités de chacun à son meilleur niveau et fédérer autour de ces projets. Et ça fonctionne plutôt bien.

Eric Parriche : Au début ce n’était pas une équipe fixe. Maintenant, on est ensemble depuis 4 ans, c’est quelque chose qui se précise.

Metal-Eyes : Alors quelle pourrait être la devisede Superscream aujorud’hui ?

Eric Parriche : Vers l’infini et au dela, non ? (rires) On nous l’a pas faite encore celle-là… (A Phil) C’est toi le leader, vas-y !

Metal-Eyes : Comment il se défausse !

Phil Vermont : Oui, ça me plait bien, le côté on est prêts à partir à la conquête du monde ! Il y en a plein qui pourrait convenir.  J’aimerai bien quelque chose qui aille vers les autres. Je voudrais bien développer un concept d’ouverture, en fait. Pas de fermeture que tu peux trouver chez certains metalleux qui ne se voient pas faire autre chose que ce qu’ils font. Très bien, mais nous, on veut aller vers les autres…

Metal-Eyes : Comme tu le disais tout à l’heure construire des ponts. Pas des murs…

Phil Vermont : Tout à fait. Et l’air de rien, on commence pas mal à se mordre la queu au niveau musical. On n’a jamais eu autant de productions et, paradoxalement, jamais autant qui se ressemblent. Et, à mon avis, la seule manière d’aller au-delà de ça, c’est de mélanger les genres. Haken, par exemple, ils ont plus loin, ils essaient d’amener le truc ailleurs que tous les clones de Dream Theater. Notre devise irait plutôt dans le sens de l’ouverture.

 

SOEN: Lykaia

SOEN_LykaiaMetal progressif, Suède (UDR, 2017)

Soen est un groupe à part. Pas seulement sur la scène suédoise, mais au niveau international. Une de ces formations qui semblent divinement inspirées, capables d’offrir des chansons envoûtantes et hypnotisantes. Lykaia, dans son ensemble, entraîne l’auditeur dans un voyages aux horizons multiples, des paysages sonores d’une irrésistible sensualité. C’est à la fois doux et lourd, brillant et agréablement oppressant. Le ton grave du chant de Joel Ekelöf complète la lourdeur d’une basse omniprésente, celle de Stefan Stenberg, qui, tous deux, voient s’opposer les guitares légères et joyeuses de Marcus Jidell. Tout au long des Sectarian, Orison, Lucidity, tout au long de l’album, en réalité, on retrouve des traces de Tool , de Pink Floyd, de Paradise Lost, même, voire d’Iron Maiden période Di’Anno (Paragon) ainsi que des accents jazzy ou des influences orientales. Après un Jinn qui, malgré une petite montée en puissance se veut léger avec son chant typé perse, Sister est un choc transitionnel brutal puis distant… Sur Stray, les guitares se font heavy et déterminées, fulgurantes même. God’s acre est une parfaite conclusion qui démarre avec un simple duo guitare/voix pour se conclure en un heavy rock explosif. Avec Lykaia, Soen s’impose parmi ces groupes progressifs et inclassables, ceux qui ne s’imposent aucune limite et force l’auditeur à se poser pour écouter, réécouter sa musique afin d’en découvrir les multiples subtilités. Un must du genre.

Note: 9/10

BRIEG GUERVENO: Valgori

brieg_guerveno-valgori-2016Progressif, France (Autoproduction, 2016)

Je vous vois venir avec cette question en rimes: Brieg Guerveno, Kesako? Arrivé de (presque) nulle part cet album est une des agréables surprises de cette fin d’année. Et pourtant, il tourne depuis quelques temps, le gaillard, qui nous propose aujourd’hui rien moins que Valgori,  son (leur?) troisième album. Brieg Guerveno c’est à la fois un musicien – auteur, compositeur, interprète dans la tradition – et un trio fasciné par le rock 70’s et progressif. En l’espace d’un heure et de 8 chansons, les Bretons se posent en nouvel espoir du genre. Hormis le fait de proposer une musique réfléchie, souvent complexe et enjouée, comme tout bon progressif qui se respecte, Brieg Guevorni chante dans sa langue régionale, apportant un touche « folklorique » totalement appréciable. La nouveauté de la langue, en effet, attire l’oreille du néophyte. Par ailleurs, si les chansons sont longues (de 5’05 à 9’02), tout est fait pour éviter l’ennui: une mise en son plus que correcte et des ambiances variées donnent envie d’écouter ce Valgori d’une traite – même cette bizarrerie qu’est Kelc’h, sorte de promenade (sous l’emprise de champignons qui font voir des choses) au travers d’une nature dénaturée… Cependant, comme souvent avec ce style musical, une écoute ne suffit pas pour appréhender pleinement cet univers ambitieux tout autant que remarquable. Un album à découvrir et à soutenir.

Note : 8/10

Titre que je retiens: An Hivizen