ULTRA VOMIT: Panzer surprise!

Metal délirant, France (Verycords, 2017)

Ultra Vomit, c’est qui? Ultra Vomit, c’est un groupe de metal dingue, formé en 1999 à Nantes et auteur de trois albums: M. Patate en 2004 et Objectif: thunes en 2008. Comment ça, ça fait que 2? Et ce Panzer surprise, qui est sorti le 28 avril, ça fait 3, non? Faut suivre un peu…

Panzer Surprise! ça donne quoi? Eh bien, c’est une collection de 22 titres complètement barrés. Si Ultra Vomit a, à ses débuts, souvent été assimilé à la scène grindcore, les Nantais proposent avec ce troisième album – 9 ans de réflexion, quand, même, un clin d’oeil au film avec Marilyn Monroe? – un metal qui ratisse large et, surtout, donne une patate d’enfer. Entre parodie et humour potache, le groupe se – et nous – fend la poire à coup de Kammthar (à la Rammstein, en allemand, svp), Un chien géant (on s’y trouve tous, après tout) ou japoniaserie assumée (Tokoyaki), voire référence du film de SF (E-Tron (digital caca)). Le groupe lorgne ouvertement du côté de Gojira et Calogero (Calojira), Pantera (le très punk Pink Panthera)… bref, sur fond de délires pas minces du tout, de thrash, punk, heavy, Ultra Vomit nous offre un album aussi délirant que les dessins animés d’où sa pochette est inspirée. Alors un conseil, ne ratez pas leur passage près de chez vous, Ultra Vomit tourne jusqu’en décembre. Rendez-vous est pris pour Metal Eyes au Hellfest le 17 juin!

Note: 7,5/10

Sortie: le 28 avril 2017, c’est écrit plus haut, mardalors!

Interview: ALCATRAZZ FESTIVAL fête ses 10 ans!

Entretien ALCATRAZ FESTIVAL. Rencontre avec Filip, co-fondateur du festival. Propos recueillis à Paris le 24 mars 2017

En août prochain, le festival belge Alcatraz célébrera son 10ème anniversaire. L’occasion pour Filip, un de ses fondateurs, de revenir sur l’histoire du festival situé à Courtrai, à 15’ à peine de Lille.

 

Metal-Eyes : Filip, tu es l’un des fondateurs du festival Alcatraz qui célèbre cette année son dixième anniversaire. Tout d’abord, quels sont tes principaux souvenir de ces dix années écoulées ?

Filip : La réponse de la part des groupes, je pense… Nous les avons toujours accueillis de la meilleure manière et ils parlent entre eux. Et ils reviennent. Ils adorent ce festival. Il y a quelques groupes qui ont joué au festival deux, trois ou même quatre fois, et ils sont toujours heureux de revenir.

Metal-Eyes : Quels sont tes souvenirs de la toute première édition?

Filip : La toute première? C’était très dur, vraiment! Commencer est toujours difficile… Nous avons investit un peu d’argent, mais c’était merdique, parce qu’il y avait environ 1000 spectateurs, pour 6 ou 7 groupes, en intérieur. Pas les plus gros groupes, mais nous avons tenté le coup. Avant, nous avions organisé quelques shows dans des clubs, et avec l’argent que nous avions, nous avons organisé ce festival. C’est parti d’une idée, nous avons tenté le coup et, après tout, ça fonctionne. Ça n’a pas été facile, mais on s’en est sortis. Après quelques années, encore plus difficiles financièrement. Organiser un festival exige d’avoir un budget. Il y a bien plus que le fait de s’occuper des groupes. On y est arrivés, et on a ensuite décidé d’organiser le festival en extérieur et c’était une bonne décision. La première année, nous avons doublé notre audience. Nous avons reçu une offre de Nightwish qui ne voulait pas jouer en salle. C’est ce qui nous a poussés à chercher un espace extérieur, que nous avons trouvé, grâce à mon collègue Matthias qui connait pas mal de gens. On l’a fait, point !

Metal-Eyes : Pendant ces dix années, quelles sont les difficultés principales que vous avez dû affronter et comment vous en êtes vous tirés ?

Filip : Il y a de grosses différences en salle et en extérieur. Par exemple, en salle, tu dispose d’installations, sanitaires et autres. En extérieur, tu dois tout apporter sur le terrain. Ce que nous avons fait. Ce qui est difficile, aussi, c’est de convaincre le public de revenir chaque année, au festival. C’est pourquoi nous cherchons à renouveler chaque année quelques choses. C’est encore le cas cette année, pour la 10ème édition.

Metal-Eyes : Alors que nous réserve cette édition, qu’y aura-t-il de particulier pour le public et pour les groupes ?

Filip : Il y aura plein de surprises, de décors sur le terrain pour le public, on aura des feux d’artifices. Nous aurons également notre seconde scène, ce qui est nouveau cette année, ainsi qu’une nouvelle tente où les gens pourrons se retrouver après le festival, boire un verre, ne pas avoir à rentrer directement après les derniers groupes. Il y aura le Marquee, avec plein de nouveauté, du black, du death, du stoner, ce que nous ne faisions pas avant. On n’en avait pas eu l’opportunité avant… Si tu dois placer un groupe stoner sur une scène principale en plein jour, ça ne peut pas fonctionner…Il faut créer une atmosphère. Là on va décorer une tente, créer une atmosphère qui sera cool, j’espère.

Metal-Eyes : Je ne suis pas encore allé au festival Alcatraz,

Filip : Pas encore ? Hou… honte à toi ! (rires)

Metal-Eyes : Que me dirais-tu pour me convaincre de prendre ma voiture et lme rendre au festival ?

Filip : Tu devrais tenter le coup, il y a plein de visuels et de groupe sympa. C’est un festival à taille humaine, ce n’est pas gigantesque, pas comme d’autres que j’adore. Tout est à portée de main…Ce n’est pas un mega festival.

Metal-Eyes : Quelle est la capacité maximale de l’Alcatraz ?

Filip : On peut accueillir jusqu’à 50.000 personnes par jour. On n’en attend cependant que 10.000 cette année. Pour l’affiche que nous avons, 10.000 / jour c’est faisable. Notre objectif est de devenir un festival de moyenne envergure, et accueillir 15.000 personnes par jour, ce qui devrait être réalisable dans les quelques années à venir.

Metal-Eyes : Comment sélectionnez-vous les groupes qui sont à l’affiche du festival Alcatraz ? Il y a eu de gros noms, d’autres plus obscurs, mais qu’est-ce qui vous fait décider de choisir tel ou tel groupe ?

Filip : En fait, ça dépend des offres que nous recevons. Quels groupes sont en tournée à cette période ? Ce n’est pas nous qui les contactons pour leur demander de venir, ce fut le cas au début, mais plus maintenant. Aujourd’hui, ce sont les agents qui nous contactent et nous disent avoir tels groupes en tournée à cette période « est-ce qu’on peut avoir une place à l’affiche ? » C’est faisables avec certains, pas avec d’autres, techniquement et financièrement… On n’est pas Grasspop, donc certains cachets sont hors budget ! Ils ont Rammstein cette année, nous n’en avons pas les moyens !

Metal-Eyes : Vous devez négocier, financièrement, avec certains groups pour réduire leur cachet?

Filip : Parfois, oui, c’est nécessaire. En règle générale, quand un groupe nous contacte, on leur demande de nous faire une offre, on voit ce que l’on peut faire, et ensuite on en parle. Soit les groupes peuvent le faire pour tel cachet, avec tels et tels besoins, soit ils ne le peuvent pas. C’est une négociation, mais en règle générale, ça fonctionne. Si un groupe veut jouer à l’Alcatraz, il doit être raisonnable. Mais c’est valable dans les deux sens.

Metal-Eyes : Je suis certain que tu connais le Hellfest (il confirme). Le festival communique beaucoup autour des quantités de bières écoulées en trois jours. Combien cela représente-t-il à l’Alcatraz ?

Filip : L’an dernier, il y a eu 38.000 litres de bière écoulés. On travaille avec des citernes de milliers de litres de bière et nous avons dû en commander plus que prévu !

Metal-Eyes : Quels sont les groupes que tu es vraiment fier d’avoir fait jouer à l’Alcatraz ?

Filip : L’un d’eux est Twisted Sister qui a donné son dernier concert européen l’an dernier. Ils avaient déjà joué à l’Alcatraz avant, on se connait, mais j’étais fier d’avoir ce dernier concert ; Le groupe aussi, on a organisé une fête avec un gros gâteau, ils ont adoré ! Saxon aussi, qui reste un de mes favoris, j’en suis fan depuis longtemps, ils ont déjà joué en 2009 et je suis content de les accueillir de nouveau. Ils sont encore excellents sur scène. Death Angel, aussi, ils sont un peu de la famille. Je crois que c’est leur quatrième participation…

Metal-Eyes : Une dernière chose : pourquoi avoir choisi le nom d’Alcatraz pour le festival ?

Filip : C’est une longue histoire : au début, j’avais un club à Gent. Je l’ai complètement rénové, y a i fait ajouter une scène, j’ai organisé plein de concerts avec des groupes locaux en tournée. On avait une capacité de 250 personnes, assez petit mais toujours complet quand il y avait des concerts, et ce club s’appelait Alcatraz. J’ai conservé le nom, nous avons organisé les « concerts Alcatraz » avant de tenter le festival. Le reste, c’est de l’histoire !

Metal-Eyes : Une dernière chose à ajouter pour les lecteurs français qui hésiteraient à venir ?

Filip : J’espère vraiment voir plus de spectateurs de France. Il y en a mais plus sera mieux, ils ne le regretteront pas !

 

BARE TEETH: First the town, then the world

Heavy metal, France (Autoproduction, 2017)

Avoir les dents longues et acérées, c’est normal pour un groupe de rock. Les Français de Bare Teeth l’ont bien compris pour intituler leur premier album First the town, then the world. Affichez votre ambition les gars! Et n’hésitez pas, en effet, à montrer les crocs à la concurrence histoire de la décourager. Pensez, au passage à ajouter quelques brûlots à cet album. Le morceau éponyme qui introduit donne une bonne idée de l’envie du quatuor: c’est explosif, assez punk limite thrash, et ça ne passe pas par quatre chemins. Les guitares sont aussi dynamiques que recherchées, la rythmique pose un mur sonore efficace, et le chant est puissant. Seulement, on n’y comprend rien sans avoir le texte sous les yeux! L’accent semble correct, mais cette voix n’est pas assez mise en avant, et se noie dans la masse sonore. Reste que l’ensemble puise ses guitares aussi bien du côté du punk US des années 90 que du metal classique d’Iron Maiden ou Metallica ainsi que, moins souvent mais plus remarquablement, d’AC/DC. Globalement, cependant, Bare Teeth veut se forger une identité  propre, et y parvient sans toutefois réussir à maintenir mon attention au delà des 4 premier titres. La suite donne l’impression de se répéter, de manquer d’aisance aussi, à l’exception du morceau bonus, une version acoustique de Behind the wall, dont l’original est explosif. Deux univers, en somme. Bare Teeth, s’il souhaite se distinguer, doit franchir un pas et trouver comment combler ce manque. En travaillant la voix, certes, mais aussi en osant être encore plus différent. De belle promesses qui n’attendent que leur transformation.

Note: 7/10

BABYLON PRESSION: Heureux d’être content

Punk, France (Autoproduction, 2017)

Formé en 2007 à Marseille, Babylon Pression revient avec Heureux d’être content, son 6ème album, taillé dans un punk explosif, enragé, aux paroles totalement décalées. Les guitares thrash évoquent naturellement le metal, mais la rage vocale et les propos je m’en foutistes sont clairement un héritage des Pistols et autres anarchistes de la fin des 70’s. Violent, direct, et, somme toute, distrayant – si je puis dire – on se laisse emporter par cet ensemble brut, brutal aux éructations et crachats (ah, ce glaviot qui introduit Toutes des mères sauf ma pute!) d’un autre temps! La production est, en revanche, totalement d’actualité, claire, grasse et d’une incontestable efficacité. Elle fait ressortir le côté crade et la volonté de Babylon Pression de déranger. Ca ne va pas bien loin, mais c’est globalement réussi.

Note: 7,5/10

DRAGONFORCE: Reaching into infinity

Power metal, Royaume-Uni (e.a.r. music, 2017)

Presque trois années séparent Maximum overload et Reaching into infinity, le tout nouvel album du « groupe le plus rapide du monde », les néanmoins joyeux DragonForce. Bien sûr, un album live est paru en 2015 (In the line of fire…larger than live), et le groupe a bien tourné. Mais ça reste toujours un plaisir que de découvrir les nouvelles œuvres speedées et vivante des Anglais (et Français, avec son bassiste Frédéric Leclercq dont vous découvrirez bientôt l’interview). Bien sûr, on ne se refait pas, et la vitesse d’exécution est toujours d’actualité même si l’on sent que le groupe vise une plus grande diversité. Etre rapide, chaque musicien a prouvé qu’il l’était, mélodique et technique, aussi, donc aucun intérêt de s’épancher sur ces aspects, toujours (quasi) omni présents. en revanche, DragonForce cherche plus de variété dans son propos qui évoque souvent la joie de vivre, le fun, Helloween et consorts. le groupe aborde aussi, remarquons le, des thèmes bien plus graves (le sombre et vindicatif WAR! – tout en majuscules pour accentuer l’impact de la chanson). L’ensemble est cependant entraînant, joyeux et rentre dedans, Marc Hudson ayant, en plus, parfaitement trouvé sa place avec ce troisième album en tant que vocaliste. Vivement la scène!

Note: 8,5/10

WORSELDER: Paradigms lost

Heavy metal, France (Autoproduction, 2017)

La grosse difficulté que nous, chroniqueurs de tous horizons, rencontrons souvent, c’est la profusion. De groupes « uniques », de CD « novateurs », « exceptionnels » ou doté de tout autre superlatifs hâtifs. Alors, quand on écoute un CD et que celui-ci fait vibrer certaines cordes, là, on se dit qu’on tient quelque chose. C’est le cas de ce Paradigms lost, nouvel album des Français de Worselder. Et ce qui me fascine, c’est que le groupe utilise un nombre conséquent de ficelles connues de tous sans que cela ne soit un instant gênant. Rien que le long Infighting qui ouvre ce disque est explicite: Worselder puise son inspiration au sein des 80’s (les lignes vocales, la guitare shreedée, les rythmes qui vont du metal à la Dio au thrash des premiers jours…) et des 90’s ou dela décennie contemporaine. N’hésitant jamais à casser le rythme ou à changer de thème, Worselder maintient l’auditeur en éveil, curieux . Le chant est puissant, rauque, parfois un peu hurlé. Alternant au sein d’un même titre différents styles, il est légitime de se demander combien de temps l’auditeur peut tenir. 54′, sans soucis, c’est la durée de ce disque qui regorge de surprises. Paradigms lost mélange avec bonheur heavy, power, speed ou thrash, glam, death… Bref, le groupe réussit aujourd’hui à créer un son non pas unique mais vraiment original qui donne envie de plonger en son sein. C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs plats, dit-on? Worselder se pose en véritable challenger du renouveau du metal hexagonal.

Note: 8/10

Interview: PYOGENESIS

Entretien Pyogenesis. Rencontre avec Flo Schwarz (chant, guitare). Propos recueillis à Paris le 28 mars 2017

 

Paru fin février 2017, A kingdom to disappear, le nouvel album des Allemands de Pyogenesis  le second volet d’une trilogie traitant de l’ère industrielle. Un appel à se replonger dans nos cours d’histoire que nous raconte Flo Schwarz, son chanteur, guitariste, compositeur et capitaine qui revient aussi sur les motifs d’une bien longue absence.

 

Metal-Eyes : Que se passe-t-il, Flo ? Il vous a fallu 13 ans entre A century in the curse of time et votre album précédent, mais seulement deux ans séparent A century et A kingdom to disappear, votre dernier né ?

Flo Schwarz : En fait, il ne s’est écoulé que 18 mois entre ces 2 disques… En 2002, j’ai créé une entreprise parce que je ne savais pas si Pyogenesis me nourrirait toute ma vie. Alors j’ai fondé Hamburg records qui est une entreprise de management de groupes. Nous avons ces connaissances du management grâce à toutes les erreurs que j’ai pu commettre avec mon groupe dans le passé, et je sais ce qu’il faut éviter avec d’autres groupes. Au début, ça m’a demandé beaucoup de temps – je faisais tout tout seul. Et l’entreprise a grossi, j’ai eu assez d’employés ce qui me permet de retrouver un peu d’activité avec Pyogenesis. Avec Pyogensis, j’ai gagné assez pour fonder Hamburg records, et aujourd’hui, Hamburg records me donne assez d’autonomie financière pour relancer Pyogenesis. Les deux avancent main dans la main.

Metal-Eyes : Une relation gagnant-gagnant, donc. Ce qui explique, j’imagine en partie, les divers changements de line-up…

Flo Schwarz : Il y a encore un ancien membre, et deux nouveaux,  oui. Notre guitariste, Peter, a changé de sexe, il est aujourd’hui Sophie, et quand nous avons commencé à envisager la reformation nous en avons parlé et elle nous a dit que ça ne convenait pas à sa nouvelle vie.

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu l’évolution du groupe entre A century in the curse of time et A kingdom to disappear ?

Flo Schwarz : Je ne crois pas qu’ils soient si différents. Il s’agit d’une trilogie, A kingdom en est la seconde partie. Tu sais, pour moi, un disque doit… Au fil du temps, j’ai écrit des morceaux qui ne sont pas sur un disque. Aujourd’hui, il me semble plus important que toutes les chansons aillent ensemble, qu’elles soient organisée, je cherche à avoir une dramaturgie théâtrale – une intro, de la tension, un relâchement – et c’est ce que nous avons fait avec ce disque. A la fin de la trilogie, je veux que les trois disques puissent être écoutés d’affilée. Bien sûr, ce n’est pas une copie du précédent même s’ils vont ensemble d’un point de vue de l’esprit musical, de la production… Mais ce ne sont pas les mêmes chansons.

Metal-Eyes : Ce qui signifie que le prochain album est prévu pour fin 2018 ?

Flo Schwarz : Je ne sais pas… (rires)

Metal-Eyes : Qu’as-tu mis dans ce disque? Qu’est-ce qui t’a inspiré, musicalement ?

Flo Schwarz : J’ai un studio, chez moi, et ma passion, c’est la musique. C’est un hobby de m’asseoir, de jouer de la guitare et de composer. Quand je joue, j’enregistre ce que je compose, tout. Alors le processus d’enregistrement correspond au processus d’écriture. On ne se dit pas « on a besoin d’un titre comme ci, d’une chanson comme ça, comment peut-on faire ça ? » Non, on s’installe, on va dans différentes directions et à la fin, on obtient certains sons communs, qui vont bien ensemble. C’est comme ça que nous travaillons notre musique ensemble.

Metal-Eyes : Certains groupes que tu écoutes, des livres que tu lis t’ont-ils inspirés ?  

Flo Schwarz : Des livres, oui, bien sûr, pour les paroles. Elles n’ont pas seulement été inspirées, en fait. On traite du changement de société qui a eu lieu au XIX° siècle, et ce dont je parle est vraiment arrivé. Le livre d’Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, est devenu une chanson, I have seen my soul. Ce fut une première approche dans la littérature d’horreur. Sur l’album précédent, je me suis inspiré d’un auteur français, Jules Vernes, 20.000 lieux sous les mers qui a été la première approche de la science fiction. Il l’a inventée, au XIX° siècle et aujourd’hui, la science fiction envahit le cinéma et la télé !

Metal-Eyes : Serais-tu d’accord pour dire que le logo a suivi l’évolution musicale du groupe ? Selon moi, et je ne connais pas toute l’histoire de Pyogenesis, votre musique est devenue… Pas plus calme, mais moins agressive musicalement que ce qu’elle n’était, bien qu’elle le reste toujours, et votre logo est devenu également plus « facile à lire ».

Flo Schwarz : Oui (il rit)… Je vois une analogie, mais… tu as sans doute raison, mais ce n’était pas volontaire. Je vois ce que tu eux dire… Il faudra que j’y pense plus, peut-être… Tu sais, au final, notre premier logo était une sorte de crachat, et nous étions à cette époque vraiment inspirés par d’autres groupes de ce style. Je crois que le logo devrait te permettre d’imaginer à quel type de musique tu as affaire. Je crois aussi qu’aujourd’hui, un logo doit être lisible (rires). Il doit être simple, reconnaissable…

Metal-Eyes : Bien qu’il s’agisse aujourd’hui d’une trilogie basée sur l’évolution de la société, y a-t-il des thèmes que tu refuses d’aborder avec Pyogenesis, et d’autres, au contraire dont tu souhaites toujours traiter.

Flo Schwarz : Un thème serait la politique. Nous traitons de politique, mais à travaers l’histoire, les faits. La politique actuelle n’a pas sa place, bien sûr dans la trilogie, mais en plus, je ne pense pas que ce soit un sujet ppour un groupe comme Pyogenesis. Dans Pyogenesis, on doit raconter quelque chose aux gens, leur raconter l’histoire, leur rappeler d’où ils viennent. En Allemagne, il y avait Helmut Khol, qui était chancelier à la fin des années 80 et qui était ami avec François Mitterrand. Il disait que si on ne connait pas le passé, on ne peut comprendre le présent et on ne pourra pas orienter le futur. Et c’est si vrai. Avec une phrase, il a rendu un concept si compréhensible. Un exemple : le conflit entre Israël et la Palestine : si tu ne connais pas l’histoire de ces territoires, tu ne peux pas comprendre ce qu’il se passe – quand je parle du passé, c’est 2.000 ans en arrière. C’est important d’expliquer ces choses à des amateurs de musique, par les faits. C’est un bon moyen de parler de notre histoire à tous.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de A kingdom to disappear pour expliquer ce qu’est Pyogenesis aujourd’hui, la quelle serait-ce, et pour quelle raison ?

Flo Schwarz (Il réfléchit longuement) : Ce serait soit Every man for himself and God against all ou I have seen my soul, ou encore Blaze, my northern flame. Toutes trois ont fait l’objet d’un clip (rires)! Elles incluent tout ce qui fait ce que nous sommes: elles sont heavy, mélodique, mélancoliques, et elles ont un aspect plus dur, comme de courts passages de blast beats – pas parce qu’il faut qu’on joue vite et fort, simplement utilisés comme un effet.

Metal-Eyes : L’une de ces trois chansons, alors…

Flo Schwarz : Prends les toutes les trois ! Prend tout l’album ! (rires)

Metal-Eyes : Une dernière chose, quelle a été la meilleure question qu’on t’a posée aujourd’hui?

Flo Schwarz : Tu n’as pas une autre question avant, que je puisse ensuite te dire que c’est celle là,

Metal-Eyes : Alors, si: j’imagine que vous allez défendre cet album sur scène. Quels sont vos projets de tournée ?

Flo Schwarz : On tourne en ce moment en Suisse, Italie et en Autriche. Ensuite on va aller jouer au Full metal cruise, ce festival sur un paquebot – oh, que je suis impatient d’y être ! C’est dingue – et ensuite, on a quelques festivals d’été mais je ne sais pas encore lesquels sont confirmés. On n’a pas envie de donner 120 concerts par an comme on le faisait avant le break. Moins de concert, mais on continue de s’amuser.

Metal-Eyes : Alors, quelle est la meilleure question qu’on t’a posée aujourd’hui ?

Flo Schwarz : Celle que tu viens de me poser ! (rires). Vraiment, et personne d’autre ne demande ça ! Des questions inhabituelles, j’aime, ça.

 

 

 

DAYSHELL: Nexus

Metal, USA (Spinefarm records, 2016)

Paru à la fin de l’année dernière, je redécouvre Nexus, le second album des Américains de Dayshell aujourd’hui. Et ce qui me semblait peu attirant se révèle au final assez efficace. Pour les plus jeunes en tout cas. Car Dayshell est parfaitement actuel, contemporain et moderne. En mélangeant des sonorités électro à des guitares aussi furieuses que parfois calmes, un chant doux à des hurlements hystériques, travail impressionnant de Shayley Bourget, et une batterie toujours énervée, Dayshell s’inscrit dans cette catégorie furieuse des formations metal actuelles qui réinventent le genre en incluant à la fureur ambiante des sonorités pop, RnB… Nexus propose un mix de metal rugueux et syncopé et de mélodies pop et chantantes sur fond de batterie syncopée et de guitares rageuses. Dayshell, t’es pas mon genre, mais t’es bien fichue !

Note: 7,5/10

THUNDER live à Paris (La Maroquinerie le 25 avril 2017)

Etrange soirée… depuis son retour discographique avec un doublé plus que réussi (Wonder days et le récent Rip it up) Thunder ne joue « que » à la Maroquinerie, une salle certes sympathique et chaleureuse mais, à mon goût, trop petite pour une formation de cette envergure. Mais bon, Thunder et la France, c’est compliqué, contrairement à son Angleterre natale. Alors que la salle annonce l’ouverture des portes à 19h, personne ne sait encore qui sera la première partie. Puis, Facebook annonce l’ouverture à 19h30. C’est un tout petit peu après que le public investit la salle souterraine pour y découvrir la batterie de Harry james, flanquée du dessin de couverture de Rip It Up. Bon, pas de première partie semble-t-il… 20h30, effectivement, le batteur prend place derrièrer son kit, Chris Childs (basse) et Ben Matthews (guitare, claviers) s’installent sur scène avant que n’arrivent Luke Morley et Danny Bowles (guitare et chant), les deux meneurs incontestables du gang.

Logiquement, Thunder tire sa première salve avec No one gets out of here alive, le titre introductif de son dernier album qui fait bouger le public avec une belle efficacité. La salle n’est certes pas complète mais est emplie de fans et amateurs de rock simple et direct, celui que propose Thunder depuis ses débuts en 1989. D’ailleurs, son premier album, Backstreet symphony, 1990) est largement plébiscité avec pas moins de 5 extraits : Backstreet symphony sur lequel Danny fait chanter le public, une première de nombreuses participations, Higher ground avec une ambiance de feu, Don’t wait for me, Love walked in et l’indispensable Dirty love. C’est dire l’impact, et l’importance, de ce disque bientôt quarantenaire qui n’a pas pris une ride ou presque!

Bien sûr, le dernier album est largement représenté avec également 5 titres (No one, déjà cité, Enemy inside, Right from the start, In another life et Rip it up), presque autant que Wonder days (Resurrection day, The thing I want, Wonder days et Serpentine). Les quelque 300 spectateurs présents en profitent jusqu’au bout, chose aisée pour un concert qui se termine avant 22h15 mais après un Dirty love et un Danny très taquin.

 

En alternant titres foncièrement rock et ballades (un peu trop, peut-être?), Thunder nous a offert un concert simple – la configuration de la salle ne prête pas aux excentricités – mais particulièrement chaleureux et familial. Une très belle soirée, en somme.

Merci à Veryshow d’avoir rendu ce report possible.

ANCIENT ASCENDANT: Raise the torch

Black/Death mélodique, Royaume Uni (Spinefarm, 2017)

Passez outre vos a priori, Ancient Ascendant a de quoi vous en convaincre! présenté comme un groupe puisant son inspiration au coeur du death et du black metal avait tout pour ne pas trouver sa place ici. Mais, grâce à un e saine curiosité, ce Raise the torch trouve son chemin vers la platine. Et… Après une intro aux sonorités religieuses et sacrées, Our way envoie ses riff forgés dans le plus pur metal, celui des Judas Priest et Metallica. Oui, mais… arrivent rapidement les growls typiques du death et les hurlements du black qui peuvent effrayer. D’autres ont cependant déjà démontrer pouvoir allier ces styles a priori incompatibles avec brio. Les guitares sont ici claires, les riffs acérés, la section rythmique se révèle très efficace. Si, vocalement, Ancient Ascendant s’adresse à un public plus réceptif que moi, musicalement, les Anglais réussissent leur pari et passent franchissent, avec ce troisième album, un nouveau cap.   Un album déterminé, brutal et mélodique à la fois.