Interview: SORTILEGE

Interview SORTILEGE. Entretien avec Christian « Zouille » Augustin (chant) et Olivier Spitzer (guitare). Propos recueillis au Crick Fest 3 de Cléry Saint André (45) le 13 avril 2024

Depuis le retour de Sortilège, avec tous les changements qu’il y a eu, il y a un engouement réel, une explosion d’intérêt pour Sortilège. Comment le vivez-vous ?

Zouille : « L’explosion », elle vient déjà du fait que le line-up a changé, et je pense que c’est bon pour le groupe. Le fait qu’on se trouve maintenant dans un groupe où il y a une vraie cohésion, une vraie fraternité et une bonne ambiance… ça change tout. A partir de là, on est tous dans le même bateau et on veut tous aller là où on voudrait aller, ensemble. On a aussi eu un peu de chance : il y a des gens qui nous ont vus, se sont occupés de nous, et on a aussi beaucoup, beaucoup travaillé. Et ça donne le résultat que tu vas entendre ce soir, ou que tu as déjà entendu. Il y a une nette différence entre les concerts qu’on faisait il y a un an et maintenant.

Olivier : La cohérence et la cohésion.

Pour toi, Zouille, c’est un peu le line-up de rêves ?

Zouille : Oui, oui, c’est la dream team pour moi ! J’ai beau faire tous les rapprochements avec les line-ups… Même le line-up de reprise qui était un peu brinquebalant…

Dans quel sens ?

Zouille : C’est-à-dire que la « reprise » s’est faite avec des gens que j’avais laissés il y a 35 ans. Il y avait déjà des problèmes et on se retrouve, 35 ou 40 ans après avec les mêmes problèmes ! On ne s’entendait pas à l’époque pour X raison, il y avait une sorte de jalousie, et surtout, ils ont des melons comme ça… Moi, des gens comme ça, ça ne m’intéresse pas. Je préfère les gens simples avec qui tu peux discuter, échanger, sans qu’il y ait une engueulade au bout de trois minutes.

Ce qui est dommage, surtout au regard de ce qu’est Sortilège par rapport au metal français aujourd’hui…

Zouille : Oui, c’est dommage, mais je pense qu’il fallait en passer par là pour avoir le résultat d’aujourd’hui.

Et pour toi, Olivier, est-ce que ce line-up de Sortilège est un peu celui dont tu aurais pu rêver avec Stators dans les années 80 ?

Olivier : Non, parce que chaque situation est unique. Ce line-up, il correspond à ce qu’il faut. Dans Stators, j’avais d’autres problèmes, c’est pas la peine d’en parler, c’est trop vieux… Mais, comme je le disais, c’est une histoire de cohésion. Il ne faut pas forcément les meilleurs joueurs pour faire la meilleure équipe, mais on prend ceux qui s’entendent le mieux et qui vont être les plus cohérents ensemble. Comme dans le sport.

Ce qu’on constate dans cet engouement, ce sont des concerts et des publications : Vauréal en janvier 2023, un autre en janvier dernier, je crois, Apocalypso en 2023, un live qui retrace le premier Vauréal, un autre limité qui vient de sortir hier… Vous n’avez pas peur d’inonder le marché avec toutes ces nouveautés ?

Olivier : Non, parce qu’il y a une demande ! On nous a demandé de sortir les morceaux supplémentaires du premier live qui manquaient et qui avaient été coupés pour des raisons d’image. Il fallait enlever 5 morceaux. Mais comme on avait bossé de manière globale sur le répertoire de Vauréal, il restait ces 5 morceaux qu’on a pu sortir avec le vinyle.

Donc ces nouveaux titres sont ceux qui manquent au concert du 27 janvier 2023…

Zouille : avec ceux du Hellfest.

Olivier : C’est-à-dire que les morceaux qui ne sont pas sur le CD ont été joués au Hellfest : D’ailleurs, Délire d’un fou et Marchand d’homme, par exemple – je ne me souviens plus des cinq… On les avait mis sur le DVD du Hellfest (NdMP : aucune idée de ce qu’est ce DVD, si quelqu’un peut m’éclairer…), mais pas sur le CD de Vauréal. Donc ce 33 tours, ce sont ces morceaux de Vauréal, plus un enregistré au Hellfest. Ce disque, il est limité à 1000 exemplaires, uniquement pour les fans. C’est la première fois qu’on sort quelque chose que pour les fans, d’ailleurs…

Il y a un autre concert dont je voudrais qu’on parle, c’est celui du Bataclan en octobre dernier… Comment avez-vous vécu ce concert ? Je m’explique : j’ai l’impression que l’affiche a été inversée et qu’il y a eu une erreur de communication (ils approuvent). Les fans présents semblaient être venus plus pour Stratovarius que pour Sortilège. Or, Sortilège était en tête d’affiche et, du balcon, je pouvais voir une désertion du public. Vous vous en rendiez compte, vous, depuis la scène ?

Tous deux : Oui, oui, oui…

Zouille : C’était pas énorme, non plus (NdMP : les bacons pleins se sont quand même retrouvés à moitié vides…) Le vrai problème, ça a été la communication : on n’est pas passés en tête d’affiche. On avait chacun le même temps de jeu. Pour tout te dire, Stratovarius, qui jouait avant nous, a eu des problèmes techniques. Ils ont commencé à jouer plus tard que prévu et ils ont raccourci leur setlist pour qu’on puisse commencer à l’heure. Les mecs, c’est des pros. Ce qui était convenu, c’est ça ; il y avait trois groupes, et, voilà, on a joué en dernier. Je ne sais pas si ça a été tiré au sort ou comment ça a été choisi…

Olivier : Non, non, ça a tété une volonté de la production de nous faire jouer en dernier. Ça devait attirer le public de Sortilège sur une date parisienne unique en 2023, et clairement, il y avait besoin d’un troisième groupe, comme nous, pour remplir le Bataclan. J’imagine que si Stratovarius et Sonata Arctica avait pu le faire sans nous, il l’aurait fait, sans nous, comme ils l’ont fait sur le reste de la tournée européenne. Il y avait peut-être un peu trop d’ambition sur la capacité du Bataclan, mais ça nous arrangeait bien puisqu’on n’aurait pas pu remplir le Bataclan seuls. Donc là, ça arrangeait tous les groupes puisque la salle était pleine, mais certains dans le public n’ont pas compris puisqu’il y a eu un problème de communication…

La disposition sur l’affiche était assez perturbante, aussi…

Zouille : Tout à fait, et on l’a dit… « Pourquoi nous mettre là ? On devait jouer en premier, on se retrouve en dernier… » Ça n’a jamais été clair, et même à la fin, on nous a dit qu’on jouait en dernier…

Même le chanteur de Stratovarius semblait confus quand il a dit vouloir jouer un peu plus longtemps « mais il y a un autre groupe après nous » …

Olivier : On va dire que c’était un bon compromis pour chacun des groupes, avec quelques insatisfaits, dont Sonata et Stratovarius qui, soyons clairs, n’en avaient rien à faire de Sortilège. C’est pas forcément le même public. On peut comprendre que certaines personnes du public aient été déçues. Déçues et énervées…

Ce soir, vous êtes en tête d’affiche. Qu’est-ce qui vous a amenés à signer pour cette date presque au milieu de nulle part ? Orléans n’est pas loin, mais il n’y a pas de transport autre que la voiture pour venir ici…

Zouille : C’est l’organisateur (NdMP: Chris, guitariste de Prisma et président de l’association Crick For Zik)… Il est fan de Sortilège, il voulait absolument nous avoir et on a simplement discuté, et on a dit OK. Pourtant, pour nous, ce n’est pas une date « énorme », mais on voulait le faire parce qu’on a besoin de jouer – on ne joue pas si souvent que ça – et ils sont si sympas qu’on ne pouvait que le faire.

Olivier : Ce n’est pas loin de chez nous en plus, c’est cool. Après, on joue chaque date avec autant de sérieux, en fonction de la capacité, du temps de jeu, de la taille de la salle – on rapporte plus ou moins d’effets spéciaux. Le décor de scène du Bataclan, on ne peut pas l’avoir aujourd’hui ! Tout est raisonnablement réfléchi mais chaque concert est fondamental.

En parlant de scène, on ne peut que remarquer qu’il y a aussi un vrai travail sur le look. Jusqu’il y a deux ans, vous aviez un look cuir très metal, là ça évolue, un peu dans l’esprit de la video de Vampire…

Zouille : Dandy vampire, oui. C’est dû au clip de Vampire, et puisqu’on a fait un clip avec un costume particulier, je me suis dit « pourquoi pas le reproduire sur scène ». Tout le monde m’a dit qu’il était super, classieux, que ça fait moins metalleux, alors je l’ai fait et ça m’a plu. Maintenant, on va essayer d’aller plus loin. Tu verras ce soir, j’ai toujours ma chemise à jabots…

J’espère bien le voir ce soir, je ne vais pas partir juste après l’interview ! Donc vous allez sortir de ce look tout cuir qu’on a pu remarquer, un peu comme pour Judas Priest, d’ailleurs. Puisque nous parlons de concerts, il y en a quelques-uns de prévus jusqu’à la date du Heavy Week End de Nancy. Vous avez été super excités de l’annoncer… J’ai l’impression que ça a été une sorte de libération pour vous…

Olivier : Oui, ça faisait un bout de temps qu’on savait qu’on allait le faire et que, effectivement, il fallait le feu vert pour l’annoncer. Les têtes d’affiches avaient été annoncées… Pour nous, c’est vraiment l’évènement de l’année 2024. Si quelque chose d’autre arrive, tant mieux, mais pour le moment, c’est « Ze concert » !

On parle de votre passage ? Vous n’auriez pas préféré jouer le dimanche, le même jour que Judas Priest, qui correspond un peu plus à votre style ?

Zouille : Si, bien sûr, ça correspond plus à notre musique, mais on n’a pas eu le choix… On ne peut pas dire non. Quand on te propose une telle date…

Olivier : Au début, c’était prévu comme ça, on devait jouer le même jour. Mais je crois que c’est le planning de Ayron Jones qui n’était pas dispo qui a fait qu’on a dû switcher les dates.

Zouille : A un moment, ils avaient même annoncé Europe, qui s’est désisté… ça a chamboulé complètement leur planning ce qui fait qu’on se retrouve le samedi…

Avec Pretty Maids, Megadeth et Deep Purple, ce qiu fait une belle journée, variée et éclectique (Tous deux approuvent). Toujours au sujet des concerts, vos prochaines dates sont des samedis. On le sait pertinemment, il est très difficile pour un groupe, qui plus est de rock ou de metal, de vivre de sa musique en France. Quels sont vos métiers à tous les 5 dans vos autres vies ?

Olivier : Je suis consultant en informatique de gestion. Clément est prof de batterie à Fontainebleau, Bruno est gestionnaire d’un site de cinéma à Tarbes et Sébastien fait du montage vidéo, de la prestation post video.

Zouille : Et moi, je suis coach sportif… à la retraite. Depuis un an et demi.

Donc tu profites à plein de cette retraite pour Sortilège. Parlons maintenant de musique puisque Apocalypso est sorti il y a quelques mois. Les retours ont été dans l’ensemble très bons. C’est le premier album de compositions originales puisque Phoenix était un mix entre des reprises d’anciens morceaux de Sortilège et deux nouveaux titres. Comment avez-vous abordé la composition de cet album ?

Zouille : Ça a été à la fois simple et compliqué… Déjà, il nous a fallu 18 mois pour le pondre, et on a pris des risques. Parce qu’on se demandait si le public allait bien accepter ces morceaux qui sont plus durs, comme Attila ou La parade des centaures, des morceaux plus rugueux… A côté, on a aussi donné au public du Sortilège parce qu’on fait ce genre de musique. Mais on était assez confiants.

Olivier : Et on a pris beaucoup de temps pour les maquettes et prémaquettes, on a eu beaucoup de soutien de Mehdi El Jai de la maison de disques qui nous a amenés à bien cerner le répertoire qui allait faire la continuité. C’est un mélange de ce travail d’équipe qui fait que le résultat a été apprécié.

Zouille, au niveau des textes, tu n’as pas eu trop de difficulté à renouer avec cet esprit « heroic fantasy » ?

Zouille : Non, c’’est venu tout de suite, dès que je m’y suis mis. Même au niveau de la voix, j’ai eu l’expérience de Phoenix et des 18 mois de studio, ça m’a permis de fortifier ma voix et de pouvoir chanter pratiquement le répertoire que je voulais.

Concernant les compositions, vous avez procédé comment ?

Zouille : 90% des morceaux sont réalisés par Olivier, et moi, je mets des textes et une mélodie dessus.

Olivier, tu avais des consignes, des idées ?

Olivier : J’avais plein d’idées, oui, j’avais 12 milliards d’idées !

Il a fallu faire le tri, là-dedans !

Olivier (désignant Zouille) : C’est ce qu’il fait. C’est lui qui décide si tel morceau va fonctionner ou pas. Et puis, il y a les laissés pour compte… Ce n’est pas parce qu’on croit que ça va marcher que ça marche… Pour Apocalypso, je crois qu’on a une dizaine de ratages. Ou d’évités, d’évincés, on va dire…

Zouille : Et puis, il y a les « commandes ». J’ai demandé des trucs à Olivier, je lui ai demandé un doom, parce que j’adore ça. J’aime beaucoup un groupe qui s’appelle Sorcerer, que tu connais peut-être, et je suis fan de doom. C’est comme ça qu’est né Apocalypso. J’aime bien aussi les morceaux qui pêchent, Attila et La parodie des centaures, un peu « hardcore »…

Je n’entends pas la même chose avec hardcore…

Olivier : Des mélodies metal avec l’identité Sortilège…

Zouille : Dans le prochain album, il y aura des surprises comme ça, avec des mélodies et du chant puissant. Je ne pourrais pas faire de growls, par exemple, je ne sais pas faire, c’est une technique particulière, et, pour moi, il n’y a pas de mélodie. J’ai besoin d’avoir une mélodie, besoin qu’on comprenne les textes. On raconte des histoires, il faut que les gens comprennent, qu’ils rêvent…

Olivier : Ce qui n’empêche pas d’écouter des groupes comme Messhugah, d’entendre un riff de batterie et de dire que j’ai envie d’un morceau avec ce type de batterie…

Un groupe de rock, c’est aussi la scène. Olivier, tu parlais tout à l’heure de ratage, c’est aussi « le piège » de la scène : y a-t-il des morceaux que vous allez moins jouer sur scène, ou les retirer, parce que vous vous êtes aperçu que la réaction du public n’était pas là ?

Zouille : Oui, on va moins jouer Apocalypso, par exemple. Quand tu l’écoutes, c’est un morceau extraordinaire, mais sur scène, il est moins efficace. Paradoxalement, on avait un peu évincé Derrière les portes de Babylone, on pensait qu’il n’allait pas fonctionner, mais les gens nous l’ont demandé et il marche mieux, et, sur scène, on s’éclate davantage avec un morceau comme ça. A Vauréal, on avait joué Apocalypso, au Bataclan, on a joué Derrière les portes de Babylone… On avait joué la ballade d’Apocalypso, mais on la met de côté pour l’instant parce que les gens nous demandent Délire d’un fou

C’est difficile de faire sans Délire d’un fou… (Grand silence, Zouille et Olivier sont interpelés par le chant de Poy qui fait ses balances et vocalises sur scène) Revenons… Si vous deviez, chacun, ne retenir qu’un seul titre d’Apocalypso pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est Sortilège aujourd’hui, lequel serait-ce ?

Olivier : Poséidon, je pense… Il est rapide, compact et efficace. Il y a tout ce qu’il faut dedans, un riff qui va bien, une rythmique, un texte top…

Zouille : C’est difficile, il y en a plusieurs… Pour moi, le morceau le plus aboutit, c’est Apocalypso. Celui qui a demandé le plus d’arrangements, qui est le plus fantasmagorique. J’aime aussi beaucoup Vampire

Mais si tu devais n’en retenir qu’un seul, un qui soit représentatif de l’esprit de Sortilège aujourd’hui…

Zouille : Ahhhh ! Le sacre du sorcier. Parce que c’est du vrai Sortilège : il y a de la speederie, du chant, de la mélodie, des « ohohoh » qui collent au groupe, et c’est un morceau fédérateur ! Quand on l’a fait au départ, les gens ont été surpris. Mehdi nous a dit : « il est particulier ce morceau, mais il faut le faire, ça va plaire ». Il nous a beaucoup aidé dans l’élaboration des morceaux, la suppression ou l’éviction d’autres… Il nous a beaucoup aidés, vraiment.

Quelle pourrait être la devise de Sortilège aujourd’hui ?

Zouille : On pourrait dire « n’abandonne jamais ». Sinon, on ne serait pas là aujourd’hui…

Tu parlais tout à l’heure d’un futur album. 18 mois aujourd’hui, c’est rapide, alors, il est prévu pour quand ?

Zouille : 2025. On ne peut pas dire quand, mais 2025 c’est l’échéance.

Une idée du nombre de titres ?

Olivier : On ne sait pas… On en a une vingtaine de prêts

Zouille : Presque maquettés, il ne reste qu’à trouver les textes…

Avez-vous quelque chose à rajouter pour conclure notre entretien ?

Zouille : Je veux juste remercier les fans qui font, pour certains, des kilomètres pour venir nous voir… il y a ce soir un gars qui vient de Marseille, on voit des gens qui nous suivent partout… Je ne sais pas quoi dire, c’est… trop mignon, c’est des gens qui nous aiment vraiment beaucoup, alors on les fait rentrer plus tôt pour passer du temps ensemble.

Olivier : On peut aussi parler de la soirée spéciale qui est organisée le 24 mai à Levallois Perret. Une soirée spéciale « fans », un concert gratuit. Il faut juste s’inscrire via le numéro de téléphone qu’il y a sur notre Facebook (https://www.facebook.com/SortilegeWithZouille). On prévoit quelque chose de spécial pour que ce soit un concert différent. Trois petits points…

Zouille : Il y a une double raison, aussi : c’est un concert qui est organisé par notre ancien manager, Frank, qui est aujourd’hui gérant de cette salle, et qui va terminer sa carrière. Il veut boucler la boucle avec Sortilège. C’est grâce à lui qu’on a pu faire ce qu’on a fait, les premières parties de Def Leppard, de Viva, Balard… C’est lui l’instigateur de tout ça, on n’aurait pas fait tout ça sans lui, et on ne serait sûrement pas là aujourd’hui non plus ! Donc, on lui rend hommage avec ce concert. Il y aura d’autres surprises…

Merci à Sabrina Cohen-Aielllo (Verygroup) et Marc pour l’organisation de cette interview.

CRICK FEST 3: SORTILEGE live à Cléry St André (45) – avec hellXHear et PrismA

HellXHear @Crick fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Retrouvez ici la galerie photos du concert

Il y a des dates comme ça, tu sais que tu ne peux pas les rater… Si Sortilège a le vent en poupe depuis sa reformation, le groupe sait devoir continuer d’aller vers son public, où qu’il se trouve. C’est ainsi que, après avoir échangé avec Chris Dannacker, président de l’asso Crick For Zic et instigateur du Crick Fest, les Parisiens, séduits par le propos et le projet artistique, on accepté de venir donner un concert à l’Espace Loire, une salle plus que des fêtes de Cléry St André, commune plus connue pour sa basilique médiévale et pour son son et lumières estival et qui accueille ce soir la troisième édition du Crick Fest.

Située juste à la sortie de la ville, la salle de Loire peut accueillir quelques 350 personnes, dispose d’une vraie scène et d’éclairages dignes des plus grands clubs. Toute une équipe de bénévoles s’affaire à préparer les lieux, loges, merch… pour cette soirée qui s’annonce plus que chaleureuse.

Si les préventes ont permis de compter sur une salle aux 2/3 remplie, c’est finalement un quasi sold out qui sera annoncé en cours de soirée. Oui, il y a des dates à ne pas rater et ce 13 avril en fait clairement partie et le public multi générationnel l’a bien compris.

HellXHear @Crick fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Je découvre ce soir HellXHear, une formation qui propose un hard rock puissant et mélodique. Formé du côté de Blois en 2020, le batteur Manu recrute ses compères afin de proposer des compositions taillées pour la scène. HellXHear déniche une double arme secrète: le guitariste Tim, qui a notamment collaboré à General Lee et High Scream et le chanteur Poy qu’on a pu écouter au sein de Fairyland, Voodoo Smile ou, également High Scream. La formation tient cependant la barre grâce au second guitariste Gulch’ mais a du mal à trouver un bassiste stable…

HellXHear @Crick fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Reste que le heavy proposé par le combo fait mouche, et même si le public n’est pas encore très dense, les présents en profitent totalement. Ces cinq là, c’est clair dès les premiers instants du concert, sont allés à bonne école et vantent ouvertement les 80’s avec un son résolument moderne.

HellXHear @Crick fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Comme d’autres plus tard, Poy n’a de cesse (ou presque) d’exprimer sa fierté d’être là ce soir et de pouvoir jouer avec Sortilège. Le gaillard n’hésite jamais à aller chercher le public et impressionne avec son chant clair qui se révèle aussi puissant qu’il peut monter haut. Heureusement qu’il y a ce contact, car Lolo, concentré comme jamais, reste trop peu mobile, ce qui peut casser quelque peu l’énergie musicale et scénique de la formation…

HellXHear @Crick fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Au delà de compos originales, HellXHear propose deux reprises dont la première ne sera plus jouée par le groupe. « Vous connaissez Squealer? On a l’habitude de jouer des titres de groupes qui ne sont plus là, mais eux, ils se reforment », c’est ainsi que le chanteur présente Suicide girl (extrait de l’album de 1991 This is what the world is all about). Puis, avant de clore le concert, c’est un furieux Youth gone wild, reprise du premier album de Skid Row (qui n’arrive pas à stabiliser son chanteur, soit dit au passage…) qui vient finir de convaincre un public conquis. Le chanteur en profite pour disparaitre tandis que le public scande les « oh, oh ohoh oh, oh » pour se glisser dans la foule, revient sur scène pour un dernier titre explosif. Une belle découverte et une plus que très agréable mise en jambes et en voix en somme !

HellXHear @Crick fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Après un rapide changement de plateau, c’est au tour de PrismA, groupe dans lequel sévit le guitariste Christophe Dannacker, par ailleurs président de l’association Crick For Zik et organisateur de la soirée, d’investir les lieux.

PrismA @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Avec PrismA, on retrouve un style quelque peu différent bien que tout aussi pêchu. une seule guitare et des claviers font la différence. Si tout le monde s’applique, le chanteur Philippe Sanfilippo (c’est un critère de fratrie, le chant, les gars?) est très à l’aise et entraine le public avec lui.

PrismA @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Dès les premiers titres, Freedom or war et Crazy night, ça groove sec, PrismA semblant décidé à choper le public par la gorge. Les morceaux sont clairement taillés pour la scène, à la fois festifs et entraînants.

PrismA @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Sans doute une question de génération ou de perception… il y a aussi des groupes qui, heureusement, semblent soutenir le travail des autorités, forces de l’ordre, sécurité et PrismA l’exprime au travers de Heroes of the night.

PrismA @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Puis arrive le temps calme du concert avec la ballade No more tears. malheureusement, avec le titre suivant, le public semble moins réceptif, se fait plus épars, et le concert connait une baisse d’intensité avant que D Day memories ne vienne rebooster l’ensemble.

PrismA @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Le final, composé d’une triplette rock énergique qui démarre avec un Rock now sur lequel le public est mis à contribution, redonne la patate avant que Prisma ne cède les planches à la tête d’affiche du soir, à qui un nouvel hommage est rendu par Philippe qui, lui aussi, exprime tout son bonheur de jouer ce soir.

PrismA @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Tranquillement mais surement, la salle se rempli. Clairement, le public présent – beaucoup « d’anciens », certes, mais de nombreux jeunes également – attend la venue de la légende Sortilège. Car, malgré les déboires connus de sa reformation, le line-up actuel affiche une forme, tant scénique que créative au top (Apocalypso, le dernier album en date, et son pendant live Coram populo font plus qu’en témoigner).

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Alors qu’Olivier Spitzer, l’un des guitaristes, signale un problème de retour rapidement remplacé, la bande son d’intro annonce le début imminent du concert. Le public se masse devant la scène et hurle son contentement à l’arrivée d’un élégant Zouille, chateur, fondateur du groupe et instigateur de cette version d’un Sortilège qui mérite amplement son succès actuel.

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Est-ce le fait de jouer dans une « petite » salle qui donne au groupe tout entier, en plus de son énergie naturelle, ce sentiment d’un contact encore plus facile et relax avec le public? Les enjeux ne sont certes pas les mêmes que lors du concert du Bataclan en octobre dernier ni même que pour le Heavy Week End de Nancy qui arrive au mois de juin.

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

En tout cas, le public est à fond, reprenant en chœur Amazone et Phoenix, deux titres après lesquels Zouille commente: « Ok, vous connaissez les paroles par cœur Voyons si c’est pareil avec le dernier album!« . Ben, oui… Il y a des fans qui chantent à l’unisson ces mélodies imparables tant sur les nouveaux titres que les plus anciens – en l’occurrence Le sacre du sorcier et Chasse le dragon.

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

La formation actuelle est solide et unie comme jamais, le duo Bruno Ramos et Olivier Spitzer étant complice et parfaitement soutenu par la section rythmique qui tient toute cette architecture composée du bassiste Sébastien Bonnet et du batteur Clément Rouxel.

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Les titres de bravoure défilent et c’est un Zouille, dans une resplendissante forme vocale, qui se montre de plus en plus en forme et détendu. Le gaillard fait plus que sourire, il blague (se moquant gentiment des musiciens qui se ressourcent après Toujours plus haut: « Il faut laisser le temps à nos musiciens de s’hydrater… Et pendant ce temps, je brode…« ), se marre bien et danse même semblant se surprendre lui même. « Faut être complètement dérangé pour danser comme ça » lance-t-il fort à propos en guise d’introduction de Délire d’un fou de nouveau chanté par la foule après un magistral et lourd Marchand d’hommes et un inquiétant Vampire.

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Sortilège propose ce soir un concert sans aucun temps mort, Zouille et ses comparses tenant le public dans le creux de la main grâce à une bonne humeur communicative, une complicité réelle au sein d’un groupe plus en forme que jamais.

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

On approche de la fin du concert, et les deux titres sur lesquels intervient (sur l’album) Stef Buriez sont de sortie – Attila et La marche des centaures – avant que deux classiques n’annoncent les rappels, D’ailleurs et Mourir pour une princesse.

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Plutôt que de conclure ce concert haut en couleurs de manière « normale », Zouille interpelle le public: « on pourrait sortir, vous nous rappelez, et on revient, alors on ne va pas sortir… mais vous pouvez nous appeler quand même! » ce que le public ne manque pas de faire à « la grande surprise » du chanteur. Et c’est parti pour le final composé de Civilisations perdues et de l’incontournable hymne Sortilège.

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Ce soir, devant une foule compacte – la salle affiche « complet » à une vingtaine de places près – Sortilège a donné un superbe et plus que chaleureux concert, efficace de bout en bout. Inutile de préciser que le public sera gâté sur les quelques dates qui arrivent et qu’il serait dommage de rater ces concerts. Un public heureux qui reste pour rencontrer le groupe qui se présente de longues minutes durant dans la salle allant de stand en stand, s’offrant aux demande de photos et signatures diverses. Une très belle soirée que nous a concocté et offert Crick For Zik dont le président annonce que « c’est sûr, il y aura un 4ème Crick Fest l’an prochain« . Yes!

Sortilège @Crick Fest 3, Cléry St André (45), 13 avril 2024

Merci à l’asso Crick for Zik et son président, Christophe Dannacker, à Veryshow et sabrina Cohen Aiello et Marc du management de Sortilège d’avoir rendu ce report possible et l’interview à suivre.

Retrouvez ici la galerie photos du concert

SORTILEGE tête d’affiche du Crick fest 3: interview avec l’orga

Interview Chris Dannacker (Association Crick for zik). Propos recueillis le 14 décembre 2023

Dans tout juste deux petits mois (au moment de la publication de cette interview), le 13 avril prochain, la petite commune de Cléry Saint André, dans le Loiret, recevra la visite en tête d’affiche la légende Sortilège. Metal Eyes s’est entretenu avec Chris, le président de l’association Crick for zik et instigateur de ce petit évènement qui nous explique tout, de la genèse à l’organisation de ce concert qui s’annonce dores et déjà exceptionnel. Amateurs, attention: il n’y aura pas de places pour tout le monde, et les préventes affichent déjà un joli 50% des quelques 350 billets disponibles.

Avant de parler de la prochaine édition du festival Crick for zik qui se tiendra le 13 avril à Cléry Saint André (45), commençons par un peu d’histoire. J’ai découvert ce festival par hasard, mais c’est votre troisième édition qui accueillera Sortilège. Quelle est la genèse de ce mini festival ?

J’ai créé cette association fin 2019 – j’ai eu une bonne idée, juste avant le covid (rires) ! Pour quelle raison ? Je suis musicien depuis pas mal de temps maintenant, et je n’imaginais pas à quel point c’était compliqué de pouvoir se produire avec le groupe que j’avais à l’époque. Les salles normalement accessibles aux groupes locaux, d’Orléans, malgré énormément d’échanges, de mails…, il n’y a jamais eu de retours. Pareil avec d’autres endroits où on pensait que ce serait plus facile de se produire… De mon côté, j’ai du matériel son, un domaine que j’adore et dans lequel j’ai beaucoup investit, alors je me suis simplement dit « pourquoi ne pas monter une asso et mettre ce matériel et des locaux à disposition des groupes du coin ? » Le matériel, mes compétences techniques, et j’ai eu la bonne idée de créer mon propre studio d’enregistrement. L’idée étant aussi de pouvoir monter des évènements dans le coin pour les groupes de hard et de metal. A l’époque, il n’y avait pas encore le Dropkick à Orléans…

Oui, mais il y avait ses prédécesseurs, le Blue Devil’s et, avant, l’Infrared.

Oui, mais l’Infra a fermé quand ? En 2015. Mais à cette époque, aucun n’était actif comme le Dropkick qui organise des concerts à taille humaine. 200, 300 personnes. Quand la musique est bonne, ça ramène du monde…

« Ça ramène du monde » : Cléry Saint André, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est où ?

Cléry se trouve entre Orléans et Blois, c’est à 20 km d’Orléans, le long de la Loire. On a une belle basilique à Cléry… Voilà donc la genèse de l’association. Je me suis entouré de potes, qui sont également des musiciens, au sein de Prism A, et des bénévoles qui se chargent de l’organisation, de la logistique… La première chose qu’on a faite avec l’asso, c’est l’enregistrement du premier Ep de Prism A, mon groupe actuel, dans le studio, ce qui est gage d’un certain confort puisqu’on enregistre quand on veut, il n’y a pas de pression financière. Ensuite, on a imaginé ce festival dont la première édition a eu lieu le 1er février 2022. Prism A y a participé, évidemment, ainsi que deux autres groupes de potes : Broken Arms qui a disparu, et nos amis de Dark Revenges. C’est une édition qui a moyennement marché en termes d’affluence – on n’avait pas non plus beaucoup communiqué. Le son était cependant excellent, les gens ont bu de la bonne bière et ont mangé de bons sandwiches ! On est à peine rentrés dans nos frais, mais on savait qu’il y aurait une seconde édition. Un jour, j’ai découvert le groupe Heartline qui correspond à mes amours de jeunesse, du hard fm/AOR, et je les ai contactés. On les a reçus sur la seconde édition que nous avons décalée. Au départ, elle était prévue en février, mais il faisait un peu trop froid. On l’a donc décalée au mois d’avril, ce qui nous semblait être une bonne idée, les festivals n’ont pas encore démarrés. Hors de question de se faire de l’ombre les uns les autres. La première chose que je regarde, c’est si d’autres déjà présents, ont prévu une date à ce moment. On ne va pas se tirer la bourre entre potes de festivals…

Tu penserais par hasard au Rock In Rebrech ?

Par exemple, mais pas dans ce cas précis. A l’époque des Iron Troopers, il nous était arrivé un truc avec Arno (Arno T. Walden, chanteur et guitariste de divers projets) : le Troopers fest a généralement lieu au mois d’avril. A l’époque, on avait bloqué une date très en amont et on s’est aperçu qu’une autre association faisait venir, de mémoire, Vulcain, aussi dans une salle des fêtes. On s’est dit que ce n’était pas malin d’avoir un tribute Maiden face à Vulcain. Ce qui était bête, c’est qu’aucune des deux asso n’a voulu modifier la date, et on a chacun fait moitié de salle. Si on avait décalé d’une semaine, les deux structures auraient pu faire salle pleine… Je me mets aussi à la place du fan qui peut avoir envie de voir Vulcain et assister au Troopers Fest…

Revenons maintenant au Crick fest, puisque tu as fait venir l’an dernier Heartline…

Oui, en 2023, on a en effet fait venir Heartline, il y avait aussi Prism A, évidemment, et on a fait jouer des copains, Warm Up qui a des compos originales et fait des reprises. Là, on a fait un peu mieux. Ce n’était pas blindé, mais on a rempli aux deux tiers. Tout le monde était ravi, déjà par la découverte de Heartline qui a assuré un show de qualité. Je suis carrément fan de ce groupe, depuis le mois d’avril, je les ai vus 5 fois en concert !

Avant que nous ne parlions de la prochaine édition qui se tiendra le 13 avril, peux-tu nous présenter cette salle Espace Loire ? Quelle est sa capacité ?

C’est une salle polyvalente, une salle des fêtes, assez grande puisqu’elle peut accueillir jusqu’à 400 personnes. Elle dispose d’une scène, l’acoustique est plutôt bonne. Et on a l’avantage en tant que résidents de Cléry Saint André de bénéficier de tarifs de location plus intéressants. Il n’y a pas que la salle, il y a aussi l’équipe composée principalement des Cléricois. Il y a une sorte de deal avec la mairie et les habitants qui aident à distribuer des flyers dans les boites aux lettres. Même la Police municipale donne un coup de main…

Pourquoi ça s’appelle « Crick fest » ?

Ah, ah ! Très bonne question ! L’asso s’appelle Crick for zik. Le but de l’asso, c’est d’aider les groupes locaux à s’élever, avec tous les moyens possibles. Je me souviens très bien de ma jeunesse avec ma R5 et le cric dans le coffre… Et ce cric, tu vois sa forme, servait à lever la voiture. Je savais déjà que tous les ans j’allais refaire une édition, d’où le fait de l’appeler directement Crick fest.

Vous faites venir un groupe de Heavy mélodique qui se nomme Hell X Hear, un nom assez courant dans le metal. Prism A à nouveau, et, surtout, vous avez décroché Sortilège. Comment une petite structure – je vais être un peu provocateur – totalement insignifiante et peu connue comme la tienne peut décrocher un groupe aussi légendaire que Sortilège, Rappelons pour les lecteurs qui ne les connaissent pas que Sortilège a marqué les metal français dans les années 80 avec un mini album et 2 albums avant de disparaitre, que le groupe s’est reformé avec pas mal de mouvements de personnels avant de trouver sa forme « définitive » avec laquelle il a enregistré deux albums remarqués et un live qui vient de sortir.

En octobre, j’ai regardé Facebook, j’ai vu que Sortilège commençait à vraiment revenir en force. Je me suis simplement dit que j’allais tenter le coup. J’ai d’abord échangé avec Zouille qui a très bien compris la politique de l’asso, je lui ai expliqué qui on est, notre vision et il m’a dit qu’il nous suivait à 100%. Alors, oui : ce sont des professionnels, ça a un coût, mais il y a eu un accord avec des personnes qui comprennent la démarche. Et aussi, je lui ai avoué que j’étais amoureux de ce groupe que j’avais vu en 83 à Orléans. A l’époque, j’avais même prêté au groupe de première partie du matériel de guitare parce qu’ils étaient en rade… En fait, je me suis simplement dit que Sortilège avait peut-être envie de revenir jouer à Orléans. Et quelle joie de partager la même scène !

Quelles sont les conditions d’accueil des groupes ? Que leur proposez-vous et que mettez-vous à leur disposition ?

Comme pour tout artiste, un côté tranquille en arrière-scène qu’on appelle une loge. Au niveau technique, il y a des minimums, au niveau son, on a du lourd, et, enfin, tout le monde apprécie au niveau culinaire notre spécialité locale (il se marre) : j’adore le chili con carne, mais maison. Pourquoi ça me fait rire ? Heartline, à chaque fois que je les vois, il me demande pourquoi je ne leur ai pas rapporté un chili ! Maintenant, il y a du personnel de sécurité, des bénévoles qui sont aux petits soins pour tout le monde. Et on évolue d’année en année. La première année, je ne comptais pas le nombre de spectateurs, maintenant on a mis en place ce qu’il faut. Il y a des obligations vis-à-vis de la municipalité pour la sécurité. C’est pour ça que les préventes sont très importantes ; d’une part, ça nous permet de savoir à l’avance à quelle affluence s’attendre, ça nous permet aussi d’avoir un peu d’argent pour financer certains frais, et enfin, ça garantit d’avoir sa place. Si je vends en avance les 350 places, je ne pourrais pas faire entrer plus de monde.

Justement : où peut-on se procurer son billet et à quel tarif ?

En allant sur la page Facebook de Crick for zik, tout simplement. Ou en scannant le QR Code qu’il y a sur nos flyers et qui envoie directement vers le site de l’asso, ou en tapant directement crick-for-zik.s2.yapla.com. Pour les préventes, les tarifs sont de 15€ pour les adultes et 12€ pour les enfants de moins de 16 ans. Sur place, s’il reste des places, ce sera 18€ pour les adultes et 15€ pour les enfants.

Ce n’est pas une destination accessible en bus ou en tram, on est obligés de venir en voiture. Quelles sont les conditions de parking ?

Il y a un grand parking avec possibilité de se garer sur d’autre parkings juste à côté. Tous ces lieux seront surveillés notamment par des maitres-chiens. On est à côté de la salle, à peine à 5’ de marche. La nouveauté, c’est une de mes volontés mais pas encore certain : il devrait y avoir une petite exposition de véhicules d’exception. Également, je ne l’ai pas encore mis en place, mais je voudrais bien que ce soit fait pour la prochaine édition : s’il y a une preuve de covoiturage, il pourrait y avoir une boisson gratuite, par exemple. Mais il faut développer une application pour le prouver. En plus ça m’arrange : ça ferait moins de véhicules sur le parking, donc moins de surveillance, et c’est bon pour la planète. Mais ce sera pour la quatrième édition, je n’ai pour le moment absolument pas communiqué là-dessus. On a besoin de faire un partenariat avec des organismes et ce ne sera pas possible pour cette année…

Un concert, c’est aussi des consommations. Tu prévois aussi des contenants écolos ?

Bien sûr ! Tout est en mode écocup, avec consigne. Cette année, il y aura des formats en 30 cl et 50cl avec notre sponsor, le V and B. Je tiens absolument à faire bosser les entreprises locales : il y a donc le V and B de Baule qui nous aide beaucoup. Après si les gens viennent avec leur propre gobelet, on les servira aussi !

Un festival en général, c’est un peu plus que trois groupes. Là, on est plus sur le format concert… As-tu pour ambition de faire grandir sur la journée le Crick fest et mobiliser du public sur une journée complète ?

C’est une possibilité. Ça a déjà été évoqué, et dès la première, on aurait dû avoir un quatrième groupe sur une autre scène, un format « podium » avec un groupe acoustique reprenant des morceaux hard/metal en inter-plateaux. Malheureusement, au dernier moment, ça n’a pas pu se faire. Maintenant, en faisant venir des groupes pros, c’est un autre budget et donc, j’ai préféré rester sur le format 3 groupes. En revanche, il y a un autre projet, plus sur un format extérieur, à un endroit différent, avec plus de groupes sur une journée, voire deux journées. Mais ce n’est pour le moment qu’un projet…

Que souhaites-tu ajouter pour conclure, Chris ?

On est une association loi de 1901, on n’est pas une grosse structure qui vend toutes ses places sans annoncer personne… Même si certains ont démarré petits et ont grandi. Je pense à d’autres structures à100 km de chez nous… nous, on est entourés de bénévoles, on ne peut pas fonctionner sans eux. Franchement, ils me rendent très fier et heureux en tant que président de l’asso. Ils sont toujours la banane, la motivation, et très souvent, les gens sont surpris que les bénévoles ne soient pas adhérents de l’asso… Non seulement ils donnent de leur temps pour l’asso, mais il faudrait, en plus, que je leur demande de l’argent pour l’asso ? Ça va pas, non ? Nous, notre leitmotiv, c’est de se faire plaisir, et si le public peut avoir du plaisir, alors c’est une mission réussie.

Aujourd’hui, Crick Fest c’est environ 200 personnes, alors espérons que cette année, ce soit 400 et que le festival grandisse pour aller vers l’extérieur !

Je tiens aussi à rappeler que nous avons des partenaires. Il y a la boite dans laquelle je travaille, Equens Inéo, dans les énergies renouvelables, il y a aussi V and B qui nous file une tireuse de compétition à un super tarif, la Mareuse de Mareau, avec Pascal Aubry qui nous prépare toute la boulangerie, le pain pour les sandwiches… on a un fournisseur de matière électrique, HMV. Ils sont de lyon, mais ils sont tombés amoureux de la première édition avec Prism A et ils nous ont dit qu’à chaque fois que le groupe serait sur un festival, ils viendraient. Il y a aussi une boite de peinture tenue par un Monsieur Phil San Filippo, aussi chanteur de Prisma, et des magasins locaux, Intermarché, Bricomarché, des gens qui nous aident tous les ans. On les remercie parce que, au final, ce sont les petites sommes qui permettent d’éponger pas mal ! Par contre, je ne suis pas certain que les gens puissent imaginer le montant de la redevance que nous réclame, à nous et aux autres orga de concerts/festivals, la SACEM… Pour l’organisation, c’est un budget qui représente à peu près le cachet d’un groupe… Si encore ils rétribuaient à leur juste valeur les artistes présents… Mais non, la répartition se fait en fonction des diffusions radio. Et qui sont les 10 premiers artistes diffusés en radio ? C’est pas du metal… Maintenant, venir voir Sortilège pour le tarif que nous proposons, ce n’est vraiment pas cher ni donné à tout le monde ! (Note: à ce jour, près de 50% des places ont trouvé preneur, il en reste donc un peu moins de 200)

Et pour les avoir vus récemment, je peux dire qu’ils sont en forme, grande forme. Sans doute le public aura-t-il même droit à des surprises sur cette date, qui sait ?

Euh… oui. Il y a quelque chose qui se prépare, mais je ne peux rien dire à ce sujet. Il y a des choses en cours…