SNAP BORDER: Alternative current box

snap-border-2016Metal, France (Autoproduction, 2016)

Parfois, il y a des surprises « qu’elles sont bonnes », comme c’est le cas avec cette découverte de Snap Border. Formé à Nancy, les Lorrains ratissent large. La puissance est, sur ce premier album, Alternative current box, mêlée à des mélodies efficaces, rentre dedans et entraînantes tout au long de ces 13 chansons dont je ne regrette qu’une chose: un anglais peu compréhensible. Ceci mis à part, le chant de Franck Poinsot, grave et profond, vient de la gorge, et s’il est rugueux à souhaits, n’est ni guttural ni hurlé.  Les guitares de Olivier Siedlecky et Eddy Bouvot peuvent être légères et devenir de véritables machines de guerre, saillantes, tranchantes, toujours complémentaires comme la paire Downing/Tipton ou Murray/Smith (besoin de revoir vos classiques???) et lorgnent parfois du côté de Slash, première période. On est loin d’une saturation maximale, et bien plus proche d’une alternance de sonorités qui, finalement, ne cherche pas à se faire plus démonstrative que d’aller droit au but. La section rythmique – Adam Tognazzolo à la basse et Christophe Szczyrk (ça doit se prononcer « cirque ») savent construire des structures solides autour desquelles tout peut s’arranger. Si les trois premiers morceaux expliquent « qui nous sommes » (Regrets, Unusual gifts et le très enjoué Get away), Ghost lève un peu le pied avant une reprise de vitesse avec le speedé Sparkles in the dark. Le morceau titre est un instrumental et on trouve les premiers et rares growls sur Woman and children. Mary sells et Slide, très rock, ne peuvent laisser indifférent, et Snap Border s’offre un répit pour guitare et voix – qui évoque Tracy Chapmann – sur le très doux Social network (malgré deux énervements), avant de nous proposer une petite explosion sonore, On the road et Draw the borders , plus léger, qui  viennent conclure ce disque que je place volontiers parmi les découvertes 2016. Varié, rock, simplement rock, ce Alternative current box pose un regard ouvert sur notre univers musical en en explorant diverses facettes. Au fait: heureusement qu’on continue à avoir de bonnes surprises, non?

Note: 8,5/10

Titre que je retiens; On the road

SIDILARSEN et Severny Flot Live (Paris, le Divan du Monde, le 11 octobre 2016)

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Commençons par le désagréable: on va les remplir quand, ces salles de concerts? A peine plus de 250 personnes présentes au concert de Sidilarsen à Paris, c’est presque un scandale. Ce groupe mériterait amplement de jouer sur de scènes plus grandes, un Trabendo au minimum, un Elysée Montmartre, un Trianon, un Bataclan, aussi. Bougez-vous, ou alors, ne venez pas, demain, vous plaindre qu’il ne se passe plus rien à Paris!
SONY DSCDonc, peu de spectateurs se présentent pour assister au concert des moscovites de Severny Flot. Le quatuor s’installe tranquillement sur scène, et dégaine rapidement un metal couillu et varié. Le quatuor puise son inspiration dans de nombreux styles, et déménage bien grâce à un guitariste soliste impressionnant (et un claviériste d’une « discrétion » telle qu’il en est invisible…) Les influences slaves sont, évidemment, au rendez-vous, tout autant que du thrash, du punk ou du metal plus fin. Si on tape du pied, j’ai rapidement l’impression que Severny Flot a plein d’idées mais ne parvient pas à les exploiter à fond. Souvent, le milieu des chansons se fait lassant, navigant entre deux eaux… Hormis cela et quelques problèmes de guitare, le set est efficace, le chanteur remerciant le public en français, anglais, espagnol ou allemand… et se termine par deux titres carrément punk/thrash.

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SONY DSCSidilarsen subit un retard de 15′ à cause de difficultés lors du changement de plateaux. Mais dès l’arrivée sur scène des Toulousains, c’est la guerre! Le public pogote et saute en tous sens. deux écrans encadrent la batterie et seront utilisé efficacement tout au long du concert. Didou, atteint d’une bonne crève, arrive encapuchonné dans un sweat shirt qui cache son visage le temps des premiers morceaux, au cours desquels il saute et s’offre même une session de stage diving. Viber, qui partage le chant en plus de tenir la guitare, accompagné de Berben (guitare), Fryzzer (basse) et Sam (batterie) donnent également tout ce qu’un groupe de rock devrait donner à son public: de l’énergie, de la rage, de la sueur. Sidi convie même Poun, un des vocaliste de Black Bomb A, à venir partager le chant quelques instants sur Walls of shame avantSONY DSC d’organiser un (mini) wall of death afin de « casser ce mur de la honte ». Suit un solo de batterie aux accents électro comme les aime Sidi, qui n’hésite jamais à se faire aussi rugueux que dance. Tiens, justement, c’est Dancefloor bastards, leur dernier album, qui est à l’honneur. Le public est invité à chanter sur le morceau éponyme et (au moins) six morceaux sont extraits (Spread it, Dancefloor bastards, Guerres à vendre, Walls of shame, Méditerrannée damnée, 1976) de ce dernier et
superbe disque. Trop tôt arrive le rappel. Le public reprend à l’unisson le chorus de Des milliards. Les musiciens posent tour à tour leurs instruments, laissant le public terminer ce concert: « Nous sommes des milliards contre une élite / Impossible qu’ils nous évitent » alors que des visages défilent par milliers, milliards, sur les écrans. Impressionnant, tout simplement. Un superbe concert, malheureusement desservi par un public trop peu nombreux.

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NEW MODEL ARMY: Winter

nma-2016Rock, Angleterre (e.a.r. music, 2016)

New Model Army fait partie de ces formations à la carrière accidentée, ces formations portées au firmament par un public aussi passionné que parfois, souvent, infidèle. Formé en 1980 par Justin Sullivan (chant et guitare), New Model Army a rapidement été comparé à la scène punk, mais un punk mourant désigné aujourd’hui comme post-punk. Sa musique a également été assimilée à la vague new wave / gothique. Between dog and wolf, paru en 2013 a remis NMA sur les rails de la reconnaissance. Ce nouvel album, Winter (paru au mois d’août!) porte quant à lui bien son nom: l’album débute avec un Beginning oppressant et continue sur des sentiers sombres et froids. Oui, l’esprit gothique est présent, dépressif parfois, et, personnellement, ne parvient pas à me séduire. Les titres qui suivent confirment ce sentiment d’oppression, de gêne, voire de mal-être. Cependant, mon esprit vise le contraire, l’ envie de sentir le côté festif d’un album, la célébration de la vie. En ce sens, Winter atteint certainement un de ses objectifs puisqu’il ne me laisse pas indifférent. Au point que je décroche avant la fin. D’autres y trouveront leur compte…

Note: 7/10

Titre que je retiens: euh…

PARIS METAL FRANCE FESTIVAL, le retour !

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Ils sont bien tous pareils! Status Quo, Scorpions, Judas Priest… et maintenant Phil ‘Em All… Tous avaient annoncé « la der des ders », une retraite méritée, et chacun est revenu sur sa promesse. Phil ‘Em All comme les autres. Pff! Aucune parole…

Le fondateur du PMFF avait annoncé à corps à cris que l’édition de 2013, la cinquième, best of des éditions précédentes, sur 3 jours, serait la dernière. Nous, dans l’ombre, on ne pleurait pas. On se gaussait. Nous savions. Respections cette décision car nous savions que cet engagement ne serait pas tenu. Et kicékavairaizon? Il a retourné sa veste. Et c’est tant mieux pour nous.

Phil ‘Em All avait organisé le premier PMFF à la locomotive le 7 janvier 2007 histoire, modeste qu’il est, de fêter son anniversaire – 40 ans, à l’époque – avec des copains. Pour l’occasion, ADX, tête d’affiche, voyait revenir Betov et le groupe redevenait un des plus sérieux acteurs français. Puis, année après année, Phil s’est fait une spécialité de convaincre certains groupes des années 80 de se reformer. L’argument: vos enfants pourront vous voir jouer live. Et ça a marché: Still Square (anciennement Square), Blasphème, Demon Eyes, Squealer, Der Kaiser, Shakin’ Street, Attentat Rock, tous ont répondu à l’appel. Même Dum Dum Bullet, Stocks et Ocean, malheureuses reformations de la seule édition annulée, furent remis au devant dela scène.

Cette nouvelle aventure s’étalera sur 3 jours, les 6, 7 et 8 janvier 2017 et on ne sait pas encore combien de groupes y participeront. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que le PMFF se délocalise pour se resituer à Ris Orangis au nouveau Plan, qui a lui même déménagé. Cette opération permet à la salle d’augmenter sa capacité d’accueil en passant de 400 personnes à presque 900, là où le Divan du Monde, qui a accueilli les PMFF IV (2012) et V (2013), ne pouvait recevoir que 500 personne – si le balcon est ouvert au public. La salle, qui disposera de deux scènes, se trouve juste à côté d’un restaurant et deux buvettes seront à disposition.

Les noms commencent à tomber, et cette affiche est prometteuse. On retrouve les anciens, ceux qui ont déjà été programmé une fois (Thrashback, Witches, Existance, Conscience, Hürlement, Misanthrope et Ocean), un qui n’a pu jouer pour cause d’annulation (Mystery Blue), et une ribambelle de nouveaux noms, des plus prestigieux et attendus (Lonewolf, Yorblind, Désillusion, Face To Face, Yann Armellino & El Butcho – bien qu’à l’affiche du PMFF V avec d’autres projets, Gang) aux moins connus (MF Crew, Boisson Divine, Idensity, The Morganatics, Tentation, Freaky Time, One Last Shot) en passant par de formations prometteuses (Pat O’May, Furies, Asylum Pyre).

24 noms et ce n’est pas fini. En tout cas, ce n’est pas assez pour satisfaire Phil. On peut légitimement imaginer que, ayant été à l’affiche de chacune des éditions précédentes, ADX sera de la partie. Reste les surprises: quelle(s) reformation(s) Phil nous prépare-t-il? Sortilège? H-Bomb? High Power? Fisc? Présence?Quel(s) gros coup(s), quelles surprises, quelles têtes d’affiche? Phil aura-t-il enfin réussi à faire obtenir son Graal – faire  jouer Vulcain? Patience, ça vient! Et il ne fait aucun doute qu’il y en aura pour tous les goûts .

Vous trouverez régulièrement des infos sur la page du PMFF ainsi qu’ici même, chez Metal Eyes, partenaire officiel du PMFF. Les pass 3 jours sopnt dès à présent disponibles au tarif de 65€ (+1€ de frais d’envoi pour la France) – en ligne uniquement: http://pmff.bigcartel.com/. Notez dès à présent que les 100 premiers acheteurs de pass 3 jours se verront offrir des goodies, dont un CD live d’ADX inédit et un T shirt. Les pass 1 jour suivent!

 

A suivre…

HANSEN & FRIENDS: Three decades in metal

hansen-2016Heavy metal, Allemagne (e.a.r. music, 2016)

Kai Hansen. Monsieur Kai Hansen, responsable de Helloween et Gamma Ray, deux des fleurons du Heavy Metal teutons (auxquels on peu rajouter le plus récent Unisonic), speed, mélodique qui a inspiré tant de musiciens et initié tant de vocations. Le gaillard n’a plus rien à prouver, et c’est sans doute la raison qui le pousse aujourd’hui à tenter l’aventure en « solo ».  Si son nom est mis en avant, il est accompagné de noms d’importance: Alex Dietz, Eike Freese et Daniel Wilding et a invité une pléiade de copains et relations à venir taper le bœuf sur ce XXX – Three decades in metal. On note ainsi la présence d’un Ralf Scheppers (que l’on pourrait confondre, sur Enemies of fun avec Udo Dirckschneider), Dee Snider, Tobias Sammet, Roland Grapow, Hansi Kirsh, Michael Weikath, Michael Kiske… Tout ce petit monde nous offre une dizaine de chansons toutes forgées dans le metal le plus traditionnel qui soit, puissant, efficace, mélodique. Born Free, hommage à la ville de naissance de Kai Hansen, sonne comme un futur hymne et se place comme un message de liberté dans ce monde qui part en vrille. On retrouve d’ailleurs souvent ce constat de l’état du monde (Enemies of fun, Fire and ice, Your world), constat sombre heureusement illuminé par l’éclat de ces douze pépites entraînantes, joyeuses et finalement optimistes. Notons également qu’une des versions de l’album propose un second CD avec les mêmes chansons en version de travail, démo brutes avec Kai au chant. Intéressant, donc, de pouvoir constater l’évolution de ces chansons. Se pourrait-il que tout ce petit monde se retrouve un jour sur scène???

Note: 8,5/10

Titre que je retiens: Born free

THE ANGRY CATS: Outmonster the monster

the-angry-cats-2016Rock, Europe (Autoproduction, 2016)

The Angry Cats, un avatar du jeu avec des oiseaux? En tout cas, les cochons voleurs d’œufs sont ici remplacés par un chien. Voila. Maintenant que vous connaissez l’étendue de ma culture en matière de jeux, entrons dans le vrai sujet: The Angry Cats est un groupe européen (ses membres sont Français, Suédois et Hollandais) formé en 2010 par le guitariste chanteur Fred Alpi, le bassiste Tom Decaestecker et le batteur Chris Gianorsi. Le trio explore diverses facettes du rock, celles avec lesquelles il a grandi. Ce premier album, Outmonster the monster, reflète autant les influences rock basique que d’autres plus sombre ou piochées dans la new wave, et m’évoque par instants les Français de No Man’s Land. Le chant, grave et profond, ajoute à une certaine lourdeur oppressive qui se dégage de l’ensemble. « Fun » parfois, en tout cas d’apparence (A piece of steak, inspiré d’une nouvelle de Jack London), lent et lourd à d’autres moments (Outmonster the monster), l’énergie presque punk est toujours présente. Les 11 titres (plus une intro) explorent différent thèmes, la production est sobre, le livret complet pour un résultat général assez réussi. Certains morceaux ne sont pas à écouter si l’on a un coup de blues (Information, lent, lent et lourd et qui monte en puissance). Une jolie découverte qu’on espère voir se transformer. reste une question: qu’a-t-il de si « monstrueux », ce chien???

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: A piece of steak

Site web: www.theangrycats.com

Interview: SONIC SYNDICATE

Rencontre avec Nathan Biggs (chant) (SONIC SYNDICATE). Propos recueillis à Paris, le 27 septembre 2016

Quel changement chez Sonic Syndicate! Karin, la bassiste partie, le groupe se fait moins death et rugueux et plus catchy, poppy. Lien de cause à effet ou évolution naturelle, nouvelles aspirations? Nathan nous dit tout au sujet de ce nouvel album.

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Metal-Eyes : Comment vas-tu Nathan ?

Nathan : Assez bien, malgré une journée très chargée. Je me suis levé ce matin à 4 heures pour me rendre à l’aéroport et venir à Paris, depuis Stockholm, et je me rends demain à Londres pour vous parler de notre nouvel album !

Metal-Eyes : Nous allons en parler, mais revenons un peu en arrière : en 2014, Son ic Syndicate a publié un album éponyme, ce qui pouvait laisser croire à une sorte de renaissance du groupe. A quel point avez-vous changés pendant cette période. 

Nathan : Oui, 2014 est l’année de cet album qui porte le nom du groupe. C’était une sorte d’hommage à notre passé. Une célébration des racines du groupe, celles d’où nous venons, ce metal suédois… Ca incluait beaucoup de choses, Soilwork, In Flames, Dark Tranquillity… ce son de Göteborg, d’où nous venons. Nous savions que le groupe ne suivrait pas toujours cette voie, et nous avons voulu boucler la boucle dans ce genre musical. Simplement pour prouver que nous y sommes toujours liés, que nous faisons toujours partie de cette scène. C’était une manière d’honorer cette période, tandis que ce nouvel album regarde dans une autre direction, regarde l’avenir dans les yeux.

Metal-Eyes : Confessions est donc votre nouvel album, le 6ème depuis 2005. Le groupe a connu quelques changements, le plus récent étant le départ de Karine, votre bassiste, en 2015. Qu’est-ce qui, selon toi, pourrait aider Sonic Syndicate à stabiliser son line-up ?

Nathan : Ce nouvel album résume bien où en est le groupe aujourd’hui : un nouveau point de départ. Un nouveau label, un nouvel album. On est vraiment dans le présent. Karin était un membre très important du groupe, mais sur la dernière tournée, nous avons accueilli un nouveau frère d’armes, Michael, à la basse, et désormais, c’est nous trois, Robin, Michael et moi. Nous avons trouvé une nouvelle stabilité dans la mesure où nous sommes tous trois à 110% impliqués. Je n’ai jamais ressenti une telle cohésion, une telle éthique de travail au sein du groupe avant. Robin et moi avons été inséparables depuis que je suis arrivé dans le groupe en 2009. Nous avons cette relation particulière et, bien que nous ayons eu de grands moments de complicité avec les membres des line-ups précédents, Michael est sur la même longueur d’onde que nous, et ça, c’est génial.

Metal-Eyes : Cela signifie que, même s’il est le dernier membre du groupe originel, Robin n’a pas toute la charge de travail sur ses épaules, toute la responsabilité musicale, il s’agit vraiment d’un travail collectif à trois ?

Nathan : Oui. A vrai dire, depuis que je travaille avec Robin, nous avons toujours été comme une équipe. Pour tout ce que nous avons écrit. Ce nouvel album sonne vraiment comme une création de nous tous.

Metal-Eyes : J’ai pu écouter une partie de Confessions. Sonic Syndicate est généralement présenté comme un groupe de metalcore, or je n’ai rien écouté qui se rapproche du « core ».

Nathan : Non, tu sais nous avons toujours été assez autonomes malgré nos racines. Il y a toujours eu des éléments plus mainstream, catchy, d’autres plus foncièrement rock. L’album éponyme était plus un retour aux sources. Mais nous avons déjç fait cela, nous connaissons tous les aspects de ce genre musique, metalcore, comme les gens aiment appeler ça, ou death mélodique, d’où nous venons. Nous sommes vraiment fiers de ce que nous avons fait, mais pour rester créatifs et toujours être… amoureux de la musique, nous avons voulu,Robin et moi, ainsi que Michael aujourd’hui, trouver de nouveaux défis en tant que musiciens, et rester vrais envers nous-mêmes. Nous écoutons toujours plein de styles différents, du metal, de la house, du hip-hop, du rap, du rock… Notre palette musicale est si variée. Je pense que si nous restions sur ce chemin « metalcore » nous n’apporterions rien de neuf. Il y a plein de groupes dans ce domaine, et je pense que c’est un genre qui commence à se répéter. Il n’y a rien de vraiment neuf dans le style, il commence à se répéter. Or, pour pouvoir avancer en musique, si tu veux en faire ta carrière, tu dois aimer la musique et trouver de nouveaux défis, les relever. Autrement, tu te retrouves avec un certain confort, à avancer sur le même chemin et tu commences à te répéter. En cela, je pense que, si tu es dans cet esprit-là, jamais tu ne pourras ressortir ton meilleur album, tu rendras simplement hommage à ce que tu as déjà fait. Sans doute auras-tu quelques hits en chemin, ou ton son deviendra simplement plus actuel, mais on a déjà fait ça. Aujourd’hui, nous voulons simplement repousser nos limites en tant que groupe, voir jusqu’où nous pouvons aller tout en restant honnêtes vis-à-vis de nous-mêmes.

Metal-Eyes : Il ne s’agit donc pas d’enterrer votre passé – comme tu l’as dit, Sonic Syndicate est un hommage à votre histoire – simplement vous explorer en restant intègres. Et votre public, comment va-t-il réagir face à ce changement radical d’après toi ?

Nathan : Nous savons qu’il va y avoir des divisions… Tu sais, la communauté metal peut être très dure… Les fans ultimes… Si tu es fan de death, ce sera à vie… Certaines personnes sont dans cet esprit  et mon message à leur encontre est « profitez des anciens albums de Sonic Syndicate et si vous pouvez trouver dans ce nouvel album quelque chose que vous appréciez, tant mieux, on cherche simplement à écrire de bonnes chansons. » Mais, nous, nous grandissons. Nous avons commencé avec in Flammes, Pantera, Slayer, comme n’importe quel autre metalhead. La musique évolue, aujourd’hui. Les gens écoutent tant de choses différentes et sont influencés par un tel nombre de groupes… Je pense qu’il s’agit avant tout de comprendre notre manière d’écouter et de consommer la musique. Nous ne sommes que des fans de musique qui faisons de la musique. Nous ne sommes pas différent de n’importe quel auditeur de musique, nous créons simplement notre truc en utilisant ce qui nous influence. Et faisons ce que nous aimons. Dans les faits, j’ai parlé à des fans de Sonic Syndicate, ils évoluent aussi. Avant, tu économisais et tu te rendais chez ton disquaire pour acheter un album que tu passais en boucle, avec tes potes. Aujourd’hui, tu es chez toi, on t’envoie un lien, tu écoutes, puis tu t’interresse aux artistes similaires proposés par la plate-forme… Et au final, tu t’écartes de plus en plus de ce que fait le groupe originel. Le neuvième morceau que tu vas écouter ne seras pas ton préféré, mais sans doute vas-tu te dire « j’aime vraiment cette chanson ». Et avant même de t’en rendre compte, tu te retrouves avec un playlist de genres complètement diversifié. C’est ce que nous faisons : être un groupe moderne qui diversifie ses horizons. Il y a de la place pour ça dans l’industrie musicale aujourd’hui.

Metal-Eyes : C’est ce qu’on appelle être ouvert d’esprit, je pense. Comment décrirais-tu ce nouvel album à ceux qui découvrent Sonic Syndicate avec Confessions ?

Nathan : C’est un album très mélodique. Nous avons cherché à écrire de bonnes chansons de rock. Au départ, nous sommes un groupe de metal et il y aura toujours de traces de cela, dans nos chansons ou dans nos performances scéniques. En gros c’est de la musique moderne pour les amateurs de musique moderne qui aime le rock et le metal.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retrenir qu’un seul morceau de Confessions pour illustrer ce qu’est Sonic Syndicate aujourd’hui, ce serait lequel ?

Nathan : Je dirais That’s why we really start a war, le premier single qui donne le ton de l’album mais aussi qui a un sens plus profond que le reste de l’album. L’album traite d’honnêteté vis-à-vis de soi, de nos carrières, de faire ce qui te plait. Mais, nous avons découvert que la vie est courte et qu’il est primordial de faire ce que tu aimes. Comme je l’ai dit plus tôt, nous trouvons tous un certain confort à marcher le long du même chemin. Cela peut être moi, dans la musique, ou toi, dans ton travail quotidien, tu ne vis pas ta vie à fond, tu n’es qu’un passager de cette vie. Parfois, tu peux te rendre compte que tu ne fais pas exactement ce que tu veux faire. Il faut avoir une sorte de révélation pour pouvoir  sortir du moule , être heureux et prendre les rennes pour aller où tu veux te rendre. Autrement, ce sont les autres qui prennent le volant pour toi. That’s why we really start a war, c’est nous, dans nos guerres interieure et exterieure, simplement en tenatnt de faire ce que nous rend heureux. Ce message s’adresse à n’importe qui, pas satisfait : la vie ne fait que passer devant nous, si vous voulez  changer, la seule personne qui le puisse est vous-mêems, à la condition de commencer cette guerre.

Metal-Eyes : Vous allez tourner avec Amaranthe en France. Comment avez-vous monté cette affiche commune ?

Nathan : Nous les avons simplement contactés… Nous sommes amis, à Helsinki nous trainions ensemble backstage, nous avons joué sur quelque festivals ensemble en Suède, et nous nous sommes découverts des points communs: notre cursus “metal”, par exemple, et chacun ose faire son propre truc. Eux écrivent des chansons très catchy, dansantes, appelles ça comme tu veux… Je ne pense pas que les étiquettes aident l’auditeur… Et nous faisons pareil, ce que nous voulons, et nous savons que nos fan-bases aiment explorer différents types de musique. Les fans d’Amaranthe ne vont pas écouter seulement du Slayer, ils s’intéressent aussi à Katy Perry, Brintney Spears, mais aussi Soilwork, Mnemic… C’est pareil pour les notres, et je pense que ça va être un super package pour les spectateurs.

Metal-Eyes : Quels sont vos projets à l’issue de cette tournée ?

Nathan : La tournée va durer jusqu’à Noël, nous prendrons un break, et j’espère pouvoir passer du temps en famille en Angleterre, et ensuite, on a déjà des dates prévues pour 2017 : une petite tournée en Finlande, les festivals d’été commencent à arriver aussi… Notre label a un bon réseau de distribution – Sony gain – et ils nous poussent vraiment à nous investir aux USA. J’étais à Los Angeles il y a quelques semaines, et nous voulons vraiment tenter d’y percer. C’est un de nos gros objectifs.

Metal-Eyes : Une dernière chose, puisque nous parlons de lieux que vous souhaitez connaitre : y a-t-il des endroits où tu voudrais vraiment pouvoir te produire, ou simplement visiter ?

Nathan : Tu peux facilement voir où les gens écoutent notre musique, via Facebook, par exemple. On a des contact au Mexique, en Amérique du Sud, et tout le monde dans le groupe voudrait vraiment aller en Amérique du Sud et voir comment ça se passe là-bas. J’adore aller dans des endroits différents, les fans sont différents partout, en France, en Allemagne… Nous n’étions jamais allés en Chine, et nous y étions le mois dernier. Une belel expérience. La première fois que nous sommes allés en Russie, ça a été une vraie claque. Oui, l’Amérique du Sud serait vraiment bien !

 

TWISTED SISTER: Metal meltdown

twisted-sister-2016Hard rock, USA (loud & proud, 2016)

Twisted Sister a décidé, après le décès de son batteur, AJ PERO, de faire ses adieux à la scène. 40 ans de carrière, des millions d’albums vendus, des départs, des splits des reformations, mais, toujours, Twisted Sister a fonctionné avec les mêmes membres. AJ disparu, forcément, TS n’a plus lieu d’être. Pourtant, le groupe a tenu à lui rendre un dernier hommage avant de « définitivement » disparaître. Ce Metal Meltdown – un combo CD/DVD/Blu ray – retrace le premier concert donné de cette tournée mondiale hommage au batteur disparu. AJ aurait, selon le groupe, exprimé le souhait qu’en cas de disparition, ce soit Mike Portnoy qui le remplace. Lui seul, et personne d’autre. Dont acte. La tournée, dont un superbe passage au Hellfest, se fait donc avec Portnoy sur le tabouret. Le document a été capté lors du premier concert post Pero au Joint de Las Vegas. Tous les hits et plus encore y passe. Le groue est puissant, le son parfait, la setlist irréprochable. Une palanquée de morceaux imparables que les fans connaissent sur le bout des doigts sont accompagnés de morceaux plus obscurs. We’re not gonan take it, Under the blade, I am I’m me, I wanna rock, Stay hungry… ça vous parle? Bien sûr, en tout cas si vous étiez ados dans les années 80. Imparables, simplement. Le groupe affiche une forme resplendissante, d’autant plus en images. Le DVD montre une formation au top de sa forme dont les scène de concert sont entrecoupées d’interviews et de divers témoignages. Premier constat: Mike Portnoy est partie prenante de tout. Le batteur est sujet de nombreux plans live et partie prenante des interviews. Considéré, semble-t-il comme membre à part entière du groupe. On s’amuse de voir Dee, extraordinanire frontman, s’amuser sur I wanna rock ou de voir cette caricature de bimbo repérée par un cameraman avisé, sur We’re not gonna take it (dont on retiendra aussi le témoignage de Mark Metclaf se souvenant du tournage de cette même video) tout autant qu’on s’émeut de cet hommage à AJ sous la forme d’un solo diffusé en video, tous les membres ayant quitté la scène. Impeccable prestation filmée complétée par un reportage historique de l’histoire de Twisted Sister. Tous les acteurs de la vie du groupe y passent, du recrutement du bassiste Mark « the animal » Mendoza au propriétaire du club Emmett qui s’en fiche que « tout soit détruit tant que les lieux sont blindés » ou qui ne paye les musiciens que s’ils boivent avec lui. La confrontation avec JJ French est superbe. Cette partie du DVD est truffée d’anecdotes, de tensions, de témoignages indispensables à tout fan, dès les débuts du groupe. Une seule chose peut paraitre surprenante: si l’histoire des trois premier albums est relatée, on fait un saut dans le temps entre Stay hungry (et son histoire de la session photo ayant aboutit à la couverture) et la reformation du groupe à l’occasion d’un concert de charité pour les victimes des attaques du 11 septembre 2001. Quid de Come out and play et/ou Love is for suckers? Un superbe document, cependant, à voir absolument. Et à écouter, car on n’entendra plus Twisted Sister en live. Soit disant…

ZODIAC, RAVENEYE, et HONEYMOON DISEASE à La Flèche d’Or, le 3 octobre 2016

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Les amoureux de sonorités 7O’s sont servis ce soir, avec la présence de trois formations typées Roots qui se livrent à la Flèche d’or, pour une soirée européenne.

Honeymoon Disease

Honeymoon Disease

Les Suédois de Honeymoon Disease ouvrent le bal à 19h30 et nous livrent une bonne demi-heure durant un set énergique qui évoque autant AC/DC que le boogie chaleureux de Status Quo. La chanteuse/guitariste, Jenna, s’exprime souvent dans un Français plus que correct, présentant le nouveau bassiste du groupe, Cédric, un français, justement, qui accompagne l’autre guitariste, Acid (à la Flying V presque plus grande qu’elle) qui n’hésite pas à venir fendre le public – seulement freinée par un cable bien trop court pour s’écarter de plus d’un mètre de la scène! – et le batteur Jimi une demi heure durant. Un set efficace et une mise en bouche très agréable.

RavenEye

RavenEye

J’avais rencontré Oli (chant et guitare) et Aaron (basse) lors du dernier Hellfest, et ai, ce soir, pu interviewer le groupe au complet (avec, donc, le batteur récemment arrivé, Adam). RavenEye vient de publier son premier album, Nova, et est très en forme au moment de le présenter au public. Pendant près de 45′, le trio assène son hard rock 70’s teinté de relents de ce grunge qui a accompagné les musiciens qui le forment. Olie pose sa guitare, laissant, le temps d’une chanson, Aaron s’occuper de l’aspect « cordes » avec sa seule basse, puis, plus tard, monte sur les épaules d’un Aaron décidément très sollicité afin de faire, eux aussi, une petite escapade dans le public. Même si ce premier album ne reflète pas encore toute la personnalité de RavenEye, les Anglais sont parfaitement à l’aise sur scène.

 

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Zodiac

Cette dernière est rapidement débarrassée de la batterie des premières parties, laissant plus de place aux maîtres de cérémonie, Zodiac. A 21h30, les Allemands investissent les lieux sur une intro à la Terminator. Puis démarrent sur les chapeaux de roues avec un Rebirth by fire à deux voix rentre dedans. Cinq ou six morceaux durant, les gars rentrent dans le lard, Staphen Gall s’entrainant, dès que possible et de manière fort sympathique, au français qu’il maîtrise plus que bien. Animal, Free, Ain’t coming back… cèdent la place à Blue jean blues, une reprise de ZZ Top, un… blues qui ralentit le tempo permettant à chacun de souffler un peu. Horror visison, plus roots et rageur suit avant que Zodiac ne freine de nouveau avec une autre reprise: Cortez the killer, originellement écrite par Neil Young. Cette ballade qui monte en puissance offre aussi quelques longueurs, mais c’est bien le seul faux pas de ce concert qui repart de plus belle avec le très rock Diamond shoes, sur lequel deux couple se mettent à danser un rock endiablé. Le quatuor dépoussière ensuite Upon the stone, un titre de son premier album, avant de faire le grand écart et conclure avec le morceau éponyme de son dernier album, Grain of soul, dont pas moins de 6 titres auront été présentés ce soir. Enfin, après un long rappel (Coming home), Zodiac salue ce public  venu trop peu nombreux. Encore une fois, les absents ont eu tort car non seulement l’affiche valait le détour, mais en plus, découverte pour moi ce soir, la Flèche d’Or est une salle très agréable.

 

 

SAXON: Let me feel your power

saxon-2016Heavy metal, Angleterre (UDR, 2016)

Bon, c’est clair: il faut absolument que j’arrête de demander aux membres de Saxon, quand j’ai l’opportunité de les rencontrer, s’il est raisonnable de publier autant de nouveautés puis de remarquer que ça s’est calmé. En réalité, non, le rythme est toujours soutenu car Saxon est hyper actif. Jamais un moment de répit, hors de question de se faire oublier. Et si l’on fait les comptes, ces cinq dernières années, Saxon aura joué, en France – et hors festivals – devant plus de monde qu’Iron Maiden. J’en vois qui sourient? Faites les comptes: Saxon tourne en France très régulièrement là où la vierge de fer ne se contente plus que d’une date à Paris… Mondialement, c’est pareil. Alors, de nouveau, ça valait bien un petit live, non? Let me feel your power se trouve être un doublé, puisque la bande à Biff profite de cette opportunité pour nous offrir deux concerts distincts, tous deux captés lors de la tournée Battering Ram, dernier album en date. Le produit proposé est composé de deux CD et d’un DVD. Le CD 1 retrace le concert de Saxon à Munich sur la tournée commune avec Girlschool et Motörhead (saloperie d’en….s de daesh qui nous auront empêchés d’assister à la date parisienne!) et comporte 13 titres plus 3 enregistrés à Brighton. Le second CD a été enregistré à Chicago, et propose 18 titres. Ceux qui ont assisté ces dernières années à un concert de Saxon le savent: Biff et ses gars sont dans une forme resplendissante et personne ne peut les prendre en défaut sur scène. Avec une ribambelle de classiques, il serait facile de rester fidèle à une setlist. Mais non, Saxon offre au public américain, outre ses indispensables standards que sont Wheels of steel, Denim and leather, Motorcycle man, Strong arm of the law, Heavy metal thunder ou Princess of the night, et quelques extraits plus récents (Battering ram, Sacrifice) des pépites qu’on n’a pas entendues depuis des lustres. On se délecte donc des This town rocks dont on avait oublié l’explosivité, Rock the nations, Just let me rock ou Solid ball of rock proposés lors de ce concert particulier. Une indication de ce qui nous attend lors de la future tournée européeenne? Le DVD quant à lui est la mise en image de ces deux concerts. Les images sont propres, le groupe visiblement heureux (Biff et Nibbs vont se décrocher la tête un jour, Paul, toujours appliqué, sait aussi aller chercher le public), les Anglais continuent de prendre leur pied sur scène. Non, ce n’est pas qu’un simple boulot. Malgré un incroyable nombre de sorties , Saxon ne se moque pas de ses fans qui peuvent, les yeux fermés, se procurer ce nouveau témoignage d’un dinosaure de la NWOBHM et du metal moderne.

Note: 8,5/10

Titre que je retiens: Just let me rock (avec en bonus non négociable un gros doigt pointé à la face de ces ignorants barbares qui veulent nous empêcher de vivre. Simplement vivre, merde!)