Interview: WELCOME-X

Interview WELCOME-X : entretien avec Sam Kün (chant). Propos recueillis par téléphone le 5 juillet 2021

Photo promo

Metal-Eyes : On s’est rencontrés la première fois au Hard Rock cafe en janvier 2019 pour la sortie du premier album que j’avais qualifié de « barré » (il rit). Qu’avez-vous fait depuis, avant Covid ? Il s’est passé une bonne année entre la sortie du premier album et l’arrivée de la pandémie…

Sam : On avait commencé à le défendre sur scène, on a eu quelques dates, des festivals, mais on a été arrêtés en plein élan par l’arrivée du Covid… On a continué à écrire. Cet album s’appelle Vol. 2 parce qu’il est dans la continuité du premier. En fait, les morceaux étaient déjà pensés, et certains étaient même déjà écrit au moment de la sortie du premier album. La plupart des morceaux étaient composés avant le confinement. Covid free, si tu veux (rires) ! Pas un album de confinement. On a juste eu à aller en studio. Le processus n’a pas été impacté par le Covid.

 

Metal-Eyes : Si on prend un peu d’avance, ça sous-entend que votre prochain album ne s’appellera pas forcément Vol. 3…

Sam (il rit) : Alors, je vais te dire… On a composé plusieurs morceaux dont un qui n’apparait ni sur le Vol. 1 ni sur le Vol.2 et qui est dans la continuité. Donc il apparaitra forcément sur le volume 3…

 

Metal-Eyes : Vous avez 7 titres plus un instrumental. On retrouve la même folie que sur le premier. On ne peut pas parler de fusion, les choses sont assez distinctes, et comme tu l’as dit, c’est dans la continuité du premier album. Qu’avez-vous mis dans ce nouveau disque et comment se distingue-t-il du premier album ?

Sam : Déjà, il y a une personne qui est venu enregistrer cet album, Martin Antiphon (Note de MP : analysez l’étymologie de ce nom – « Contre le son » –  Un merveilleux non-sens, sinon un oxymore, pour quelqu’un chargé de la réalisation sonore et du mixage) qui s’est chargé de la prise de son de tous les instruments, qui a tout mixé, donc c’est une oreille extérieure à nous. Il a mis sa patte sur l’album, et c’est déjà beaucoup. Il y a aussi le fait qu’il y ait un nouveau batteur, Julien Charlet. Après, l’album a été enregistré presque en conditions live – les instruments ont été enregistrés ensemble, moi j’ai enregistré mes voix juste après – on était tous les 5 en studio pendant 6 jours. Voilà les différences par rapport au premier et, en plus, on était tellement contents de pouvoir se retrouver, tous, en studio, que tu sens peut-être une sorte d’explosion…

 

Metal-Eyes : La différence principale c’est donc d’avoir travaillé avec une oreilel extérieure et un nouveau membre ?

Sam : Tout à fait.

 

Metal-Eyes : Il y a la même variété que ce que l’on trouvait sur le premier album sans que ce soit une redite. Il y a quelques moments qui me marquent comme la partie introductive de Thalacyne blues, très courte avec des intonations qui évoquent à la fois AC/DC et du doom, une rage vocale sur Inevitable collapse. Qu’avez-vous voulu mettre dans cet album ?

Sam : Il est construit en trois parties, en fait. Une première partie très rentre dedans avec les deux premiers titres, et cette respiration au milieu avec Everesting light prelude, Sent of Sakura et Everesting light part II, qui sont en fait un même morceau, un peu plus aérien, et une troisième partie plus brut et mélodique, assez années 90 qui se termine par un instrumental.

 

Metal-Eyes : Vous avez aussi, sur les photos promo, développé un look assez terreux…

Sam : Ben écoute… C’est comme ça qu’on est tous les jours (il explose de rire) !

 

Metal-Eyes : Le livret aussi est assez riche, même s’il est petit. Qui en est à l’origine ?

Sam : C’est Paul, Paul Emagalaï. Il avait déjà travaillé avec nous sur le premier album. On a cette pochette un peu sobre… La première était très brute, métal, là le bleu fait penser au lit d’une rivière, il y a des éléments qu’on aime beaucoup, et l’intérieur tu découvres ce qui illustre les morceaux. On a fonctionné de la même manière : il venait nous voir en répète, on lui fournissait les morceaux et il nous a proposé ces croquis. Il a tout fait à la main, avant de numériser et de coloriser.

 

Metal-Eyes : Et ça colle bien à l’esprit visuel que vous développez depuis le début. Puisqu’on parle du visuel, il y a une dédicace au dos du CD « à James ». De qui s’agit-il ?

Sam : Il s’agit de James Mac Gaw qui a été guitariste de Magma pendant très longtemps, avec qui Philippe (Bussonnet, basse) a beaucoup travaillé. C’est un de ses amis d’enfance. James était là depuis les débuts de Welcome-X, il nous a toujours soutenus, est venu nous voir en répète. Il aurait dû participer au deuxième album mais sa maladie a été diagnostiquée et il nous a quittés. C’est un peu un autre membre à part entière de Welcome-X même s’il n’a jamais joué avec nous. Je conseille à tout le monde d’aller écouter James Mac Gaw, que ce soit avec One Shot ou avec Magma, il a toujours été fantastique.

 

Metal-Eyes : Il y a beaucoup de choses sur votre album. Comme tu l’as expliqué, il y a trois parties distinctes. Ces ambiances, vous en parlez entre vous ?

Sam : On n’en parle pas du tout… Philippe s’occupe des compositions, je m’occupe des paroles et chacun apporte sa patte ensuite, mais il y a un ressenti naturel qui se fait sur scène. S’il y a quelque chose qui ne passe pas, on mettra le morceau à la trappe. Philippe connait par cœur le jeu de guitare de Joe et de Tom, donc il leur propose des parties de guitare qui leur correspondent. On se connait tellement par cœur, on aime tellement jouer ensemble que les choses viennent naturellement. C’est du ressenti.

 

Metal-Eyes : Est-ce qu’on peut considérer, comme nous en avions parlé pour le premier album, que ça se fait dans un esprit de jam continuelle ?

Sam : Oui, d’une certaine façon, mais… Il y a le côté improvisation sans improvisation. Bizarrement, c’est étrange, mais tout est écrit… C’est un peu paradoxal d’avoir ce côté ressenti de liberté et d’improvisation, mais c’est aussi comme ça qu’a été conçu le groupe. On s’est connus en jammant. Joe, le guitariste, est un bluesman, c’est ancré, c’est en lui…

 

Metal-Eyes : Un chose que j’ai remarquée : sur le premier album, pas un titre ne durait moins de 6’. Là, la moitié des morceaux n’atteint pas les 5’. Vous avez voulu le pied ? Il y a ce temps calme au milieu avec des titres de 3’ environ…

Sam : En fait, comme je te le disais, ces trois morceaux n’en font qu’un, que nous avons découpé sur l’album pour une question pratique. Mais sur scène, tu retrouveras Sent of Sakura et Everesting part II en un seul et même morceau.

 

Metal-Eyes : Finalement, il ne reste que 5 titres plus un instrumental…

Sam (il rit) : voilà ! Un instrumental qui a été composé par Tom (Thomas Coeuriot), qui est notre titre d’intro sur scène.

 

Metal-Eyes : Parlons en un peu : cet instrumental, 32GE, est très sabbathien, très doom, je trouev (il confirme). Il y a cette lourdeur indéniable qui correspond aussi à votre esprit. Mais 32GE, c’est quoi ?

Sam : Ah ! Alors, c’est comme ça qu’il l’a appelé au départ, ce qui était provisoire, mais c’est resté comme ça. 32GE, c’est le symbole chimique du germanium, qui est un composant qu’on retrouve dans les pédales de fuzz, pédales qu’on retrouve et qui a servi à faire ce morceau-là. On a décidé de garder ce titre parce qu’on voulait avoir cette résonnance de guitare, avec ce riff qu’on entend au départ et qu’on retrouve à la fin. Pour nous, c’est quelque chose de très organique, donc on a gardé ce côté « élément ».

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de ce Vol 2 pour expliquer ce qu’est Welcome-X aujourd’hui à quelqu’un qui ne vous connait pas, ce serait lequel ?

Sam : Ah, c’est difficile… Pour quelqu’un qui ne nous connait pas ? Je dirais Thylacine blues parce que c’est sans doute celui dans lequel tu retrouves tous les éléments, ou alors ça pourrait être…

 

Metal-Eyes : Non, non, un seul, Sam ! Ne jouez pas l’enfant, un seul titre !

Sam (il se marre) : Ok, je ne joue pas … Ce sera Thylacine blues, alors.

 

Metal-Eyes : Ce n’est sans doute pas pour rien qu’il est placé en début d’album… Une dernière chose : quelle pourrait être la devise de Welcome-X aujourd’hui ?

Sam : Notre devise ? C’est toujours « bienvenue dans l’inconnu, bienvenu à tout le monde ». On ne se met pas de barrière, alors ne vous en mettez pas non plus, soyez curieux, entrez et écoutez. Ce n’est pas du jazz, du rock, ce n’est pas avant-gardiste, c’est ouvert à tout le monde. On n’a pas de route prédéfinie, on prend celle qu’on veut, alors, faites la même chose.