POLARYS: Cosmic singularity

France, Heavy metal (Autoproduction, 2024)

Les Parisiens de Polarys se font rares… Après The Va’adian chronicles, un premier album puisant dans la SF paru en 2013, après 2 singles sortis de temps à autres, le groupe revient avec ce Cosmic singularity, un simple EP de 5 titres… « Simple », mais les titres sont longs, touffus et vraiment travaillés. La superbe pochette (signée Slo) donne le ton: Polarys évolue dans cet univers SF et propose un metal épique, puissant et enjoué. Comme un message au public à reconquérir, Back to war introduit cette galette en proposant divers tableaux, à la fois déterminés, inquiétants et épique. Le chant grave du guitariste Douchan est entrainant à souhaits. Le morceau éponyme démarre avec une évocation de Metallica avant d’aller explorer des sonorités plus spatiales et orientales. Certains sons me font même penser chant des baleines avant que le titre ne reparte en trombe avec une réelle efficacité. L’instrumental The long dark permet à la formation de proposer diverses ambiances dans des tiroirs aussi bien heavy que progressif. Deux termes qui résument l’esprit de Polarys qui ne cède pas à la facilité, varie les plaisirs comme sur le très enlevé Trapped in the hub, un des singles paru en… 2017 ou le plus que martial The warrior’s pledge. Il y a des coins à explorer et des découvertes tout au long de ce trop court Cosmic singularity dont on n’espère qu’une chose: qu’il soit le disque de la remise en forme, celui qui annonce un retour ou un redécollage.

QAMELTO: Scotoma

France, Rock (Autoproduction, 2024)

Qamelto nous avait interpelés avec son premier Ep, Sors, paru en 2020. Le groupe revient avec Scotoma, un album qui sonne et donne beaucoup. Démarrant avec L’hôte, le groupe semble vouloir régler des comptes et nous offre des textes qui sonnent comme une délivrance sur des mélodies qui, si elles paraissent simples, se glissent dans la tête. Qamelto varie par la suite ses plaisirs avec des morceaux plus lents, speed, s’oriente vers des atmosphère plus aériennes, lourdes ou sombres. Le chant déterminé et rugueux accompagne des guitares incisives et une rythmique directe. Qamelto nous offre un album dynamique et entrainant, rafraichissant même. Parfois, la « simplicité » reste ce qu’il y a de plus efficace.

TAGADA JONES: Trnt – best of 1993-2023

France, Rock/Hardcore (At(h)ome, 2024)

Que de chemin parcouru par les Bretons en trois décennies! De confidentiel, à force de tournées, d’albums toujours de meilleure qualité, d’un engagement clairement revendiqué doublé d’un esprit festif, de concerts explosifs et fédérateurs, Tagada Jones le quatuor punk/hardcore est devenu une des valeurs sûres du rock énervé français. pour fêter ça, nous en parlions il y a peu avec Fred Duquesne, producteur (et guitariste de Mass Hysteria), Tagada Jones a décidé de réenregistrer certains de ses titres les plus emblématiques. Ce Trnt – best of 1993-2023, est un rapide résumé de la carrière de Niko et ses comparses qui permettra aux plus anciens fans d’avoir une relecture de ces chansons et aux plus jeunes de mieux connaitre ce passé qui a mené les Rennais là où ils sont aujourd’hui. Si les albums les plus récents sont mis en avant (plusieurs extraits de La peste et le cholera et A feu et à sang), certains, sans doute plus « obscurs » et moins populaires, manquent à l’appel, mais peu importe. Car en revisitant, parfois accompagné des Bidons de l’An Fer (Le dernier baril, Vendredi 13, Nation to nation, Mort aux cons), chacun des 15 morceaux prend une autre dimension, dégageant tout autant de puissance et d’énergie. Si c’est la set-list qui nous attend lors de la tournée à venir, ça va dépoter et pogoter grave! Tagada Jones est aujourd’hui un des piliers incontournables du Rock français, et ce Trnt – best of 1993-2023 est là pour nous le rappeler. Superbe.

FIFTY ONE: Love/hate

France, Punk/Thrash (M&O, 2024)

En ouvrant son album avec l’instrumental Adios motherfucker, le groupe de punk rock Fifty One (à ne pas confondre avec la formation hard rock Fifty One’s kidnapée au début des années 2000 après quatre albums) se pose comme une formation thrash explosive. Pourtant, dès Stroke of midnight, le groupe s’oriente vers ce punk rock US festif et télévisuel. Ne serait-ce – encore une fois, comme trop souvent avec les groupes hexagonaux – ce ridicule accent anglais qui vient gâcher mon écoute, la Californie, le soleil et la fête sont au rendez-vous. On cite les influences? Fifty One s’inspire directement de ses ainés, Sum 41, The Offspring ou Green Day en tête. Musicalement enjoué, ce Love/hate bénéficie d’une production soignée qui rend justice au genre. Le groupe ne réinvente rien mais met tant de cœur à l’ouvrage que l’on a envie de les soutenir. On a envie de sauter, chanter et surfer… Reste un détail à travailler pour séduire un public étranger.

Interview BLOOMING DISCORD

BLOOMING DISCORD (Photo promo)

Interview BLOOMING DISCORD. Entretien avec Sam (guitare) et Vincent (guitare rythmique) le 26 février 2024

Je découvre le groupe avec ce premier album, donc commençons avec la traditionnelle question : quelle est l’histoire de Blooming Discord ?

Vincent : L’histoire du groupe ? C’est bien que tu en parles avec nous parce que nous sommes un peu à l’origine de ça. Le groupe a débuté en 2015. Alors, on part de quoi, là ?…

Sam : A l’époque, j’avais un groupe de rock. On faisait des reprises et ça ne me suffisait pas. Je voulais faire quelque chose qui ressemblait plus à ce que j’écoutais, ce qui me faisait rêver quand j’avais 14 ans, Bullet For My Valentine, ce genre de groupes. Un soir, je vais à un anniversaire avec ma guitare et quand j’arrive, Vincent, que je ne connaissais absolument pas, était là et il avait aussi sa guitare. Il jouait toutes les musiques que je kiffais… Depuis, c’est l’amour fou !

Vincent : On a passé la soirée à jouer les musiques de nos répertoire communs. Ca a super bien matché musicalement. L’anecdote, c’est qu’on a passé toute la soirée ensemble, elle se termine, tout le monde s’en va. A l’époque, je dormais sur place. Sam part, puis revient parce qu’il avait oublié sa veste (NdMP : après « l’amour fou » mentionné précédemment, ça commence à ressembler au coup de la panne cette histoire, non ?). Là, il me dit que c’était cool, qu’il a passé une bonne soirée, me dit « je monterais bien un groupe ». Moi aussi, j’en avais envie. On s’est promis de se contacter à la fin de l’été, on avait tous les deux des choses à faire. A la fin de l’été, on s’est retrouvés, on a commencé à répéter tous les dimanches avec notre batteur de l’époque. A partir de là, on a créé le groupe, on a recruté un bassiste… plusieurs bassistes avant de rencontrer Antho. Lui, était à Paris à l’époque, il venait en vacances à Marseilels, d’où il est originaire. Il ne vient pas du tout du metal, à la base, il fait de la tektonik (rires es 2). Il est DJ, aucune connaissance dans le metal.

Sam : D’ailleurs, il n’aimait pas ça, il avait des a prioris sur le metal à la base… On lui a fait écouter nos groupes fétiches et il s’est rendu compte que, en fait, c’était vraiment lui ! Il ne jouait pas du tout de basse à l’époque. Il nous a dit : « les gars, attendez moi, je finis mes études à Paris, et dans 3 moi, je reviens et je veux être votre bassiste ! » On lui a dit qu’on n’avait pas le temps d’attendre, on a vu plusieurs autres personnes et, au final, le temps est passé, et il est revenu… Ce qui était assez frappant quand on s’est rencontrés, Vincent et moi, c’est que lui vient de la musique classique, moi, du rock, et un DJ qui arrive. Les trois se retrouvent et font du metal (rires) !

Oui, maintenant, les mélanges de genres, la fusion, elle donne souvent les résultats qu’on connait…

Sam : Exactement. Blooming n’est pas forcément dans les clous du metal, dans ce qui « est à la mode » aujourd’hui…

Avant de parler de la musique de Blooming Discord, j’ai vu sur un site internet qu’en 2015 vous aviez un autre look que sur les actuelles photos, et d’autres noms de scène. On parle bien du même groupe ?

Sam : Oui, ça a bien évolué aussi ! A l’origine, il y avait une sorte de concept album. L’idée était de sortir un album, pas 2 Ep. Pour des raisons logistiques, d’apprentissage, aussi, on a décidé de scinder les choses : avoir une première expérience en studio pour apprendre, puis une autre pour progresser. On s’est rendu compte que s’était bien d’avoir fait comme ça parce que ça nous a permis de faire ce premier album avec un peu plus de qualité. L’esthétique à la base était très tournée vers nos influences, il y avait un concept, une histoire… Entre temps, on a grandi, on s’est détachés de nos bases, de la dissonance… On a décidé de se recentrer sur quelque chose de plus essentiel. Juste faire de la musique pour kiffer avec le public.

Vincent : Pour bien comprendre, à part Sam qui avait déjà une expérience avec des groupes de reprises, les autres, c’était vraiment notre première expérience. Le groupe s’est formé en 2015 et il y a eu beaucoup de temps d’apprentissage du travail de groupe, de la définition de la direction artistique… A la base, on disait « on aime la dissonance, Tim Burton et on veut créer quelque chose d’assez théâtral ». Ça a beaucoup évolué pendant ces années d’apprentissage. Finalement, ces 2 Ep qu’on a sortis ont été l’aboutissement de tout ce travail de quelques années. Savoir quelle était notre choix artistique. C’est pour ça que notre premier album sort 8 ans après. Il nous a fallu du temps pour apprendre. Toutes les erreurs d’un groupe, on est tombés dedans…

C’est aussi comme ça qu’on apprend et qu’on grandi. Quelles sont vos principales influences aux uns et aux autres ?

Vincent : Ça évolue aussi avec le temps ! En ce moment, je suis assez branché par While She Sleeps, Bring Me The Horizon, il y a beaucoup d’influence de ce qu’on écoutait dans les années 2000, Slipknot, Korn, Steel Panther aussi (rires).

Steel Panther, je l’entends moins !

Sam : A la base, dans le groupe, on est tous, individuellement et profondément amoureux de chaque artiste qui peut transmettre quelque chose à sa manière. Que ce soit dans l’interprétation, dans la sincérité de son discours ou juste avec un concept particulier. C’est pour ça qu’il a dit Steel Panther, mais ça peut même être Queen, Michael Jackson, Elvis… Dès qu’il se passe quelque chose, on a envie de retranscrire cette sensation qu’on a pu éprouver en écoutant, en voyant des artistes en live. C’est ça qui nous anime. C’est une démarche d’authenticité, retranscrire ce qu’on aime chez ces artistes-là. Je pense que tu as pu le voir sur cet album, ce qui nous unis, la musique qui nous fait rêver, c’est celle des années 90/2000. Il y a quelque chose de grunge dans cet album, presque comme si on était nostalgiques de ces années-là, du Grunge, du metalcore. On a voulu reprendre tout ça en se disant qu’on avait envie de rendre hommage à tout ça tout en y ajoutant une touche de modernité.

Rendre hommage à la musique des années 90/2000… Si vous deviez décrire votre musique à quelqu’un qui ne vous connait pas, que diriez-vous ?

Vincent : J’aime bien définir le groupe comme jouant du rock metal. Le mot metal vient après. Il y a vraiment cet esprit rock dans ce qu’on fait. Je pense que quelqu’un qui n’écoute pas de metal peut apprécier. Ça peut être une porte d’entrée d’écouter ce qu’on fait parce que notre musique est assez ouverte. On a du mal à nous définir dans un style, même si en ce moment il y a une tendance très metalcore… C’est un milieu qui a des codes très précis, et nous, on se trouve un peu entre deux. Il y a des choses metalcore, mais en même temps, notre metal est plutôt gentil… C’est pour ça que je dis que c’est une porte d’entrée, les gens qui découvrent ça peuvent se dire qu’en fait, le metal c’est aussi ça…

Ce que j’ai noté en écoutant l’album c’est une variété dans les morceaux. Il y en a qui sont bruts de décoffrage, d’autres plus soft – j’ai noté que Idolies est un titre « tendre » même si derrière il y a des guitares très heavy. Vous ne vous contentez pas de ne faire que du metalcore. Il y a une variété d’influences que vous intégrez dans votre musique.

Vincent : Exactement, et c’est la force d’un album : avec un produit « complet », on peut montrer toutes les facettes de nos influences. C’est très bien d’avoir un morceau très « brut de décoffrage » comme tu disais, mais Blooming Discord, ce n’est pas que ça. C’est bien d’avoir aussi un titre comme Unlive, beaucoup plus… On va sortir les briquets pendant le concert ! Il y a des moments plus émotionnels, tristes ou nostalgiques. On essaie vraiment de faire ressortir toutes nos influences.

Sam : Au-delà de ça, c’est aussi dans la personnalité de chaque membre du groupe, tant dans les influences que dans ce qu’il peut se passer pendant le processus d’écriture. Par exemple, tout le monde a des hauts et des bas dans la vie. Unlive, c’est un moment qui pouvait être difficile dans la vie du bassiste – c’est lui qui l’a écrit. Sur le moment, on n’a pas forcément compris mais on s’est dit que si c’était important pour lui d’écrire cette musique. A la base on se disait que la musique était très belle et ensuite, on a tous traversé des moments difficiles et on a tous chialé sur cette musique. Elle est forte et elle signifie quelque chose pour nous.

Qui sont les musiciens qui composent aujourd’hui Blooming Discord ? Je suis allé vérifier votre site internet et il n’y a rien concernant votre ou line-up sur votre bio…

Sam : Disons que nous sommes dans un collectif où chaque personne apporte quelque chose. Ça part vraiment de la personnalité de chacun.

Vincent : On avait un premier batteur, Sébastien Papillon, qui a quitté le groupe après le premier Ep, et on l’a remplacé par Sébastien Lanthelme, donc on a gardé le « Seb » (rires). C’est quelqu’un qui est arrivé après la fondation du groupe, avec qui on s’entend super bien. C’est comme une famille. Quand on recrute – on a eu des phases de recrutement au début et au milieu quand on cherchait un nouveau batteur – on avait besoin des compétences et du côté technique, mais on avait aussi énormément besoin du côté relationnel, « famille ». Avant de recruter Seb, on a eu plusieurs batteurs qui avaient le côté technique mais avec qui ça ne matchait pas… On ne s’entendait pas suffisamment pour continuer dans le bon sens. Quand on a rencontré Seb, ça a collé directement, amicalement ou au niveau des compétences. Ca fait maintenant trois ans qu’il est avec nous. Il y a donc Seb à la batterie, Sam, guitariste soliste et fondateur du groupe, moi-même, fondateur également et guitariste rythmique, Anthony Scavenger, le fameux bassiste qui voulait rentrer dans le groupe et qui a acheté une basse pour ça, et Karim, alias Cage, le chanteur qui est entré dans le groupe aux tous débuts.

Parlons un peu de Karim, justement. Je suis très exigeant sur le chant anglais. Vous avez fait le choix de chanter en anglais et, pour une fois, j’ai la très agréable surprise d’écouter quelqu’un dont l’anglais est parfaitement compréhensible.

Sam : Alors… Karim il parle toutes les langues du monde (rires) ! Il est « multilingue », il parle français, arabe, italien, espagnol, c’est un don qu’il a… Il est trop fort !

Mais son anglais, il le travaille d’une manière particulière ?

Sam : Il a vécu une grosse partie de sa vie en Egypte et il me semble que l’anglais, là-bas, est assez parlé. Et il a beaucoup voyagé, aussi.

Vincent : Il faut aussi savoir que Karim est également champion du monde d’orthographe en français ! A 8 ans ! On crèche chez sa sœur à Paris qui nous a confirmé que c’est vrai. Bon, il n’avait pas 8 ans, elle nous a dit qu’il avait 13 ou 14 ans, il a été dans un concours d’orthographe, un concours mondial. C’est une compétition où il n’ya avait que des vieux, et c’est lui, à 14 ans, qui a gagné et devenu champion du monde d’orthographe. Voilà… Il a un côté littéraire très poussé et son don de pouvoir parler plusieurs langues doit venir de là.

Et c’est très agréable de pouvoir enfin écouter un groupe français dont le chant anglais est passe partout. Je pars du principe que si tu décides de chanter en anglais c’est que tu envisages de pouvoir exporter ton groupe hors de frontières francophones. Vous le féliciterez de ma part ! Maintenant, j’ai aussi l’impression qu’il y a parfois deux chanteurs : du chant clair, du chant guttural beaucoup plus brutal… C’est lui qui s’occupe de tout le chant ?

Vincent : En studio, oui, à 98%. Il y a quelques parties qui sont chantées soit par Sam soit par nous en clair. Les back, en live, ce n’est pas lui qui les fait, normal, mais en studio, c’est lui, oui.

Si l’un et l’autre vous deviez ne retenir qu’un seul titre de Memories from the future pour décrire à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est Blooming Discord aujourd’hui, ce serait lequel ? Pas le meilleur, pas votre préféré, vous avez trois minutes pour convaincre avec un titre…

Sam : S’il y a trois minutes pour convaincre, disons qu’avec Latch tu auras une bonne idée. Il y a cette volonté d’être une porte d’entrée vers le metal

Vincent : Il y a ce côté festif…

Sam : Festif et fédérateur, il y a du chant clair, du chant saturé, il ya de l’énergie. Je dirais Latch. Après, personnellement…

Ce n’est pas ma question (rire général) ! Tu as dit Latch, ça me va. Vous êtes tous les deux d’accords, sur ce titre ?

Sam : Oui, après, personnellement je pense qu’on est aussi tous les deux d’accord (rires) !

 Mais ce n’est pas ma question, je m’en fous de ça ! Vous m’avez parlé de 2 Ep ; j’ai trouvé Bramble and bones, mais pas le second, comment s’appelle-t-il ?

Sam : A la base, ça devait n’être qu’un album comme on l’a dit, qui s’est transformé en 2 Ep : le premier Bramble and bones, et le second Chamble and stones.

Le titre de l’album, Memories from the future, est assez dystopique. Vous traitez de thèmes particuliers ?

Sam : Ce qu’on aime bien, c’est ne pas donner de réponses aux sujets qu’on traite. Il y a un côté très philosophique… C’est Karim qui écrit la plupart des textes. On ajoute des petites choses de temps en temps, mais c’est principalement lui qui s’occupe de tout. Il faut savoir que Karim, c’est une âme…

Vincent : Torturée.

Sam : Voilà, torturée, qui, comme on le disait tout à l’heure est très orienté littérature. On aime ce côté-là de Karim qui aime poser beaucoup de questions sans apporter de réponses…

Vincent : Au-delà de ça, Karim a un côté très mystérieux, on ne le connait vraiment que quand on écoute et qu’on lit les paroles. Les paroles de cet album sont profondément introspectives. Il parle vraiment de choses qui lui sont propre et on peut en interpréter pas mal de choses sur, par exemple, des pulsions émotionnelles, qui sont contrastées. Le fait de s’avouer qu’on aime des choses, par exemple « tu ne te souviens pas de moi mais je me souviens de toi » (« you don’t remembrer me but I remember you »), ça ne s’adresse pas à quelqu’un en particulier, ça s’adresse à lui-même… Il ya beaucoup de contrastes dans Blooming Discord. Rien que dans le nom, déjà : Blooming, c’est la floraison, Discord, la discorde, le chaos. D’un point de vue instrumental aussi, il y a beaucoup de montées, de tensions, de détentes…

Y a-t-il des sujets que vous estimez, aujourd’hui, ne pas avoir leur place dans Blooming Discord ?

Sam : Politiquement… On est un groupe qui parle des difficultés de la vie, de la difficulté de gérer ses émotions, certaines situations. On n’a pas forcément envie de s’engager politiquement. Non pas qu’on n’a pas envie de prendre de risques, c’est juste que ce n’est pas le but aujourd’hui…

Si vous deviez penser à une devise pour Blooming Discord, ce serait quoi ?

Sam : Lanister paye toujours ses dettes (rires) ! Non… On peut prendre une seconde ? Ce serait « faire la fête et niquer des mères » (rires des deux ».

Vincent : En fait, on a la volonté de vouloir unifier les gens dans la fête…

Donc il y en a un qui est plus foncièrement rock n roll et l’autre qui cherche à rattraper le coup (les deux se marrent) ! Vous avez quelque chose à ajouter pour clore cet entretien.

Sam : Simplement que les gens qui vont lire cette interview aillent écouter Blooming Discord, qu’ils soient novices ou pas dans le metal. Il ne faut as penser que ça ne va pas vous plaire, chacun peut se reconnaitre dans pas mal de chanson. Et on est chauds pour venir faire la fête avec eux.

Quels sont justement vos projets de concerts ?

Vincent : On a quelques concerts de prévus : il y en a un le 23 mars à Avignon, à l’Aquabar, en compagnie de Scarlean et d’autres invités. On a fait notre release party le 7 février, sold out sur préventes et il y a beaucoup de gens qui n’ont pas pu rentrer… Du coup, on a réussi à trouver une date « de secours » pour ceux qui voudraient venir, ce sera le 29 mars au Jazz road de Mirabeau, à côté de Marseille, ensuite, le 31 mai pour un tremplin pour le Metaldays (NdMp : en Slovénie) de 2025.Quatre groupes vont jouer, l’un des quatre sera sélectionné par un jury pour aller jouer au Metaldays en 2025. On a aussi nos premières dates européennes : une à Milanet une à Bologne, en Italie, les 3 et 4 mai. On prépare ensuite une tournée pour l’automne 2025. On voudrait traverser la France en ligne droite, on ferait Marseille, Lyon, Paris, Lille, Bruxelles…

C’est pas tout à fait une ligne droite…

Vincent :… Quasiment (rires) ! on aimerait bien sortir un peu plus, aller en Allemagne…

Merci à tous les deux, j’espère pouvoir vous voir sur cette tournée si vous passez par Orléans

Sam : Avec plaisir ! On y a joué il n’y a pas très longtemps, c’est une très belle ville. On a été épatés par la beauté de la ville et on a envie de revenir !

SIDILARSEN au Rock In Rebrech 13: entretien avec l’orga

Entretien avec Arno T. WALDEN, organisateur du festival Rock In Rebrech. Propos recueillis le 3 février 2024.

Les 25 et 26 mai prochains se tiendra la nouvelle édition du festival Rock In Rebrech. La petite commune voisine d’Orléans accueillera pour l’occasion un plateau 100% français avec la présence des locaux de La Jarry, la venue des Princesses Leya et une très belle tête d’affiche avec les Toulousains de Sidilarsen. Arno nous explique tout de cette 13ème édition – et plus encore… Visitez dès à présent le site pour obtenir vos billets: Rock In Rebrech 13 ou avec le lien Helloasso

Arno T. Walden – Rock In Rebrech

Pour commencer, Arno T. Walden… Qui es-tu ?

(Rires) Je suis un musicien qui a fait ses premières armes sur le secteur d’Orléans. Ensuite, je suis allé à Paris, j’ai suivi des formations dans une école de chant, je suis parti en Angleterre, j’ai pas mal voyagé, en fait, avant de revenir m’installer dans la région. A une époque, j’étais intermittent mais après j’ai cessé. Et j’ai remis le pied à l’étrier parce que ça me manquait… Quand j’ai repris la musique, d’abord pour me distraire, puis, de fil en aiguille, il y a des gars qui m’ont fait me reconnecter. A l’époque, c’était un peu plus long parce qu’il n’y avait pas internet… J’ai fait un album avec un premier groupe, ensuite je suis parti sur un projet plus perso sous mon nom, j’ai fait deux albums, j’ai monté les Troopers (NdMP : The Iron Troopers, tribute band à Iron Maiden, qui sera en concert à Rebréchien le 20 avril prochain). Là, dernièrement, j’ai rejoint Trafic Jam (groupe fondé par Valentin Labani). Je suis musicien professionnel, et depuis quelques temps, je fais aussi du chant classique.

J’ai cru comprendre qu’à un moment tu travaillais aussi pour la municipalité…

J’étais élu. Comme tout bon citoyen, tu peux faire partie du Conseil municipal. J’ai trouvé ça intéressant, et je faisais partie de l’équipe, on a remporté le mandat précédent et j’ai été délégué à la culture. Déjà, avant, en tant que bénévole, je m’occupais du Rock in Rebrech. Là, en étant à la mairie, j’étais encore plus impliqué.

Peux-tu nous parler de l’histoire du Rock In Rebrech ? Ce n’est pas la première édition…

Ouh là ! Non, c’est la 13ème édition ! En tout, ça fait 15 ans que le festival existe, avec deux années d’interruption…

Lesquelles ? Je ne vois pas de quoi tu parles…

(Rires) Wasted years… On va éviter de parler de ces mauvais souvenirs… Comment est né le Rock In Rebrech ? Il y a 15 ans, un élu la mairie, Ludovic Langlais, est venu me dire qu’il avait envie de monter un… ce n’étais pas un festival, un tremplin rock sur Rebrechien. Il savait que j’étais musicien, et il voulait que j’utilise mon réseau pour développer son projet. En tant que musicien, ça m’intéresse de voir comment tout ça se passe de l’autre côté de la scène. Mon réseau, il était déjà essentiellement rock, hard rock, metal, donc l’identité « esthétique » du tremplin était toute trouvée. Je n’allais pas faire venir des groupes de reggae ou de pop, ce n’était pas mon domaine. Je ne connais personne là-dedans… On fait une première édition à la salle polyvalente, ça se passe super bien. On remet le couvert l’année suivante, sous la formule « tremplin ». J’étais un peu… frileux, parce que je n’aime pas vraiment cette idée de « compétition » en musique, dans l’art. En sport, OK, mais faire un « concours de musique », c’est tellement subjectif, ça dépend des envies de chacun… Donc, la seconde année, on le refait, mais ça merdouille. Notamment au niveau des votes du public, on n’était pas organisés, certains ont voté 72 fois… Troisième année, on remet le couvert et je suggère de faire venir une tête d’affiche pour rameuter du monde. Mon idée, c’était aussi de promouvoir mon style de musique auprès des gens. Déjà en France, le metal n’est pas très médiatisé, alors en ruralité, on n’imagine même pas ! Je me suis un peu posé comme « pasteur du metal » (rires). On est quand même assez bizarres, nous les métalleux : on a envie que tout le monde connaisse mais en même temps, on veut garder ça pour nous (rires).

On le voit avec les grands festivals. Beaucoup de personnes disent que « c’était mieux avant quand il n’y avait que 2.000 personnes ». Oui, mais derrière, il y a aussi une ambition !

Une ambition, une économie… On n’est jamais contents. Mais c’est un peu les Français… Donc, on fait venir Satan Jokers. Et là… C’est un peu le binz dans l’organisation, on arrivait à la fin du mandat, il commence à y avoir des tensions au sein de l’équipe municipale – je n’étais pas au fait de tous ces aspects-là à l’époque. Je fais venir Satan jokers, mais je jouais aussi. Donc, j’avais une double casquette. Au final, ça se passe super bien et c’est à ce moment qu’il y a la rupture avec le tremplin rock. L’année suivante, je fais partie de l’équipe municipale qui est élue. On remet le Rock In Rebrech sur la table de travail et j’impose en quelques sortes le Rock In Rebrech. On continue avec nos têtes d’affiche, il y a eu Elmer Food Beat, carton phénoménal. On a fait ça dans la salle polyvalente qui peut accueillir, je crois, 300 personnes. Là, on était largement au-delà (rires) !

Donc, il y a eu trois années de tremplin puis la volonté de transformer l’évènement en festival avec une vraie tête d’affiche. A l’époque le festival était gratuit.

Oui, il n’y a que l’an dernier où il soit devenu payant. Mais on va en reparler… Avant, il a toujours rencontré du succès, on a reçu, de beaux noms…

J’ai noté Cock Robin, Vulcain, Chris Slade Timeline, Marco Mendoza (NdMP : respectivement ex-batteur notamment d’AC/DC et ex-bassiste de Whitesnake, The Dead Daisies et d’autres). Comment te débrouilles-tu pour entrer en contact avec gens-là et les convaincre de venir à Rebréchien. Parce que Rebréchien, ce n’est pas Orléans, c’est rural…

On est d’accord ; il y a trois axes fondamentaux : d’abord, en tant que musicien, je connais beaucoup de programmateurs, de boites de booking… j’ai des amis que je contacte, à qui je pose des questions. Je réseaute beaucoup, en direct… Ensuite, comment convaincre les artistes de venir ? il y a le passif : quand ils voient les photos, entendent le bouche-à-oreille… la réputation les convainc. Et le truc « bassement mercantile », l’argent : un artiste a besoin de se nourrir. On lui propose un tarif, il est d’accord, il vient. Ils sont dans cette démarche de promotion, de « capter » des gens qu’ils ne toucheraient pas autrement…

J’imagine que pour des gens comme ceux que nous avons cités, des fines gâchettes reconnues, les tarifs ne sont pas les mêmes. Pour un festival gratuit, comment trouvez-vous les finances ?

Je t’explique en deux temps : premier temps, c’est « l’époque mairie ». A cette époque-là, c’est organisé par la mairie. Il y a une enveloppe globale pour gérer la mairie, et à l’intérieur, un budget pour la culture, entre autres. Sur mon mandat, il avait été choisi de prioriser le festival qui était l’évenement culturel de l’année pour la commune. Il y avait d’autres postes un peu moins couteux, comme des cérémonies. On globalisait tout ça. Le Rock In Rebrech étant gratuit, beaucoup de gens venaient et on se rattrapaient sur la buvette et la restauration. Il y avait aussi un partenariat avec Super U, V and B, des entreprises qui faisaient un peu de mécénat. S’il y avait un déficit, la mairie faisait un jeu de chiffre. Tous les ans, il y avait une compensation de déficit. Naturellement, quand tu fais des entrées gratuites, tu ne peux pas espérer entrer dans tes fonds… De toute façon, la culture n’a pas vocation à être excédentaire. La culture fonctionne aussi avec tous les à-côtés, il faut le comprendre. La culture, la santé, l’éducation… ce ne sont pas des secteurs pour gagner de l’argent. Ils sont là pour apporter de la cohésion dans un peuple, de la matière grise, générer des richesses par ailleurs. Si on prend l’exemple du Hellfest : si le festival s’arrête demain, ce sont tous les Clissonnais qui vont faire la gueule. Parce que le festival permet aux restaurants, aux hôtels, aux Air BnB, aux commerces de faire leur chiffre d’affaires pour l’année. C’est grâce à la culture, il faut vraiment avoir cette vision un peu plus large que le seul concert. Le maire de l’époque avait cette vision. Il avait bien compris cet intérêt de fédérer. Et on parle de Rebréchien ! Ça ne choquait personne, ce déficit. Six ans plus tard, le maire en place – il avait cumulé trois mandats et voulait passer à autre chose, ce que je comprends – se retire. Changement de municipalité, je décide de ne pas me représenter sur une liste. Traffic jam commence à décoller, on est signés sur un gros label, Rockshots records, et je me dis que je n’aurais jamais le temps… Entre ma formation de chant lyrique, les cours de chant que je donne, les Troopers, Trafic jam… « comment je vais faire ? » Je n’aime pas m’engager à la légère, donc j’arrête la mairie. Mais le nouveau conseil me demande de reprendre le Rock In Rebrech, avec l’asso dont je fais partie, No Mad Musik. La nouvelle municipalité a commencé juste avant le covid. L’an dernier, c’était la seconde édition avec eux. La libération arrive, en 2022 on fait venir Marco Mendoza. On a fait un vrai carton, je crois qu’on a eu 3.000 personnes ! Enorme !

Vous avez déplacé le festival en extérieur il y a quelques années. C’est une autre capacité que la salle polyvalente. Vous pouvez accueillir combien de personnes ?

J’ai envie de te dire que c’est presque illimité. Il y a un terrain de foot et tout un espace vert autour de la salle polyvalente. C’est là qu’on installe la scène. Je pense qu’on pourrait accueillir facilement 10.000 personnes. Après, c’est Rebréchien qui aurait des difficultés pour stocker les bagnoles (rires) ! Donc, après cette date avec Marco Mendoza, on s’est dit « c’est bon, c’est parti ! » En plus, on commence à attirer des stars internationales ! Classe. On bosse sur une autre édition, on attire des noms comme Krashkarma, Jelusick… là, on a quelque chose d’intéressant qui commence à se construire. En décembre 2022, je me fais pirater tous mes réseaux : mon compte Facebook, Instagram, mail, le site internet… tout ça pète. Impossibilité de retourner sur les anciens comptes – je suis banni… Je n’arrive à joindre personne, la panique totale… En janvier je crée un nouveau compte, je repars de zéro…

J’ai comme le sentiment que tu vas nous parler de la communication qui a foiré… On en vient donc à cette édition de l’an dernier, 2023, qui a été une grosse déception avec peu de monde…

Voilà… En plus, on a mis un moment à réagir. Tous les comptes connexes, et j’en assume la responsabilité, tous ces comptes, les Troopers, le festival, etc, tout était relié à mon compte sans autre administrateur. Donc tout ça… Terminé ! On aurait dû avoir un autre administrateur, et là, on aurait pu récupérer les comptes. En février, mon ancien partenaire son m’appelle en me disant qu’il n’a pas les reins assez solides pour assurer le son sur deux journées de festival. J’appelle des pros, je vois les montants… On a déjà signé les contrats avec les artistes, on ne peut plus faire machine arrière… Donc là, on devait faire payer les entrées, pas d’autre possibilité. On a fait 3.000 personnes l’année d’avant, faire payer les entrées, même si on ne fait rentrer que 2.000 personnes – là, on était dans nos délires – on fait les calculs, la buvette… L’objectif c’est d’être à zéro… En mars, on enclenche la com physique. Je contacte mon imprimeur qui m’annonce avoir mis la clé sous la porte… Il me donne un contact, un tuyau crevé, j’appelle partout… On fini par trouver quelqu’un en avril. Tu imagines ? En avril ! Le festival il est un mois après ! On n’a pas une affiche, pas de com’ sur internet et là… Coup de grâce : j’apprends qu’il y a un concert qui est organisé, un concert gratuit, à Saint Lié la Forêt, le même jour, avec des food trucks, qu’il y a autre chose un peu plus loin… je n’ai pas eu le temps de rentrer en contact avec eux, mais je suis prêt à parier que tout ça est dû au fait que nous n’ayons pas eu le temps de communiquer. Ils n’ont pas fait exprès d’organiser ça le même jour que nous, ils ne le savaient tout simplement pas ! Avant que ça ne commence, j’étais persuadé que ça allait être la merde. Les gens qui gueulent parce que c’est payant… 8€, quoi ! Comment c’est possible d’avoir ce genre de mentalité aujourd’hui ? Mais quand tu y réfléchis, ça a été gratuit pendant 11 ans, la musique, c’est gratuit – tu as un abonnement à 4€ et tu as tout à portée de main…

Aujourd’hui, on le voit : les groupes, c’est la scène et le merchandising qui les font vivre. Le guitariste de Black Stone Cherry disait il y a peu que la scène, c’est la seule chose que le public ne peut pas pirater ! Tu veux voir un groupe en vrai, tu dois y aller…

Je trouve ça bien. La scène, c’est l’endroit où doit être un musicien.

L’an dernier, il y a eu cette grosse découverte : Krashkarma. Ceux qui ne sont pas venus ou qui ont fait demi-tour peuvent le regretter…

Ah, oui ! Krashkarma, j’ai des nouvelles d’eux très régulièrement, ça faisait un moment que j’avais un œil sur eux. Qu’ils puissent faire cette musique à deux, c’est incroyable ! Je les ai découverts grâce au manager de Trafic Jam. C’est un malin, lui, il déniche des talents…

Ça veut dire que Trafic Jam c’est un groupe talentueux ?

(Rires) Je ne peux pas le dire ! Mais, bon… Mais chez Rock World, sa boite, il va y avoir des trucs intéressants. Jelusick, Krashkarma, tout ça, c’est lui ! Marco Mendoza aussi…

Là, on a toute l’histoire du Rock In Rebrech, dont l’an dernier avec la défection non seulement du public, mais également, le second jour, celle de 50% des food trucks…

Ouais, alors ça… Ils sont là pour faire du business, d’accord, mais ils ont signé un contrat. Tu l’honores, le contrat que tu signes. Je suis musicien, je signe un contrat avec une salle, qu’il y ait 10 ou 10.000 personnes, je joue. Il m’est aussi arrivé de jouer dans des endroits, de festivals ou autre, où il n’y avait pas assez de monde, et je n’ai pas été payé… Tu sais, il y avait un des food trucks, il était tenu par un gars qui venait du monde du cirque. Il me disait « je vous comprends. Parfois, on allait dans un village, on faisait 4.000 personnes, le lendemain, on s’installait ailleurs et il y avait 10 personnes. On donnait quand même notre spectacle. » C’est le jeu… Quand tu acceptes de faire partie d’un évènement, tu en fais partie s’il gagne, mais aussi s’il perd. C’est trop facile de dire « j’accepte d’en faire partie s’ils gagnent » ! On est tous embarqués dans la même aventure. Là, ce qu’il s’est passé, c’était très, très limite. Les food trucks, c’est fini ! Il n’y en aura plus un seul sur le festival. On va faire comme avant : du bénévolat, on va mettre les friteuses, les barbecues, et c’est reparti ! Ce n’est même pas la peine de penser à un food truck ! Non… Le V and B, oui, c’est notre partenaire historique et je les remercie, ils sont incroyables. Le patron des enseignes de Chécy, Ingré et Olivet, Richard Facen, est devenu un ami depuis. V and B est une chaine qui a été lancée dans les années 2000. Leur concept, c’est de vendre de l’alcool, vin et bière, et ils font un peu pub, lieu de détente « afterwork ». Tu peux aller boire un pot jusqu’à 20h, après ils ferment.

Dans un premier temps, lors de la soirée soutien au Rock in Rebrech, tu as annoncé les trois groupes du 25 mai : La Jarry, une formation locale, les Princesses Leya, un groupe humoristique – très sérieux en même temps parce que pour atteindre ce niveau d’humour, il faut y aller – et les Toulousains de Sidilarsen (qui viennent d’annoncer la sortie le 19 avril de leur huitième album Que la lumière soit). Tu as par la suite annoncé que le festival continuerait le 26 mai. Les deux jours seront en extérieur ?

Oui, tout se passera dehors. En fait, ça va ressembler exactement à ce que tu as vu l’année dernière…

Avec plus de monde…

Ben, oui. J’espère bien ! Le samedi, ce sera la journée des « spécialistes », ou des « pros » avec les groupes que tu as cités. Le lendemain, je suis en train de monter la programmation, on va proposer une « scène découvertes » avec des groupes locaux, des gens du coin qui veulent monter sur scène. Je ne peux pas le faire le samedi, j’ai vu comment ça se passe : tout le temps, les gens arrivent vers 18 heures, 19 heures. Faire venir des groupes à 16 heures pour les balances – la tête d’affiche sait sa balance avant les premiers groupes – c’est toute une organisation. Alors faire venir la tête d’affiche le matin pour la mise en place et pour que des groupes locaux jouent devant peu de monde, ça n’a pas de sens. Du coup, on fait le samedi avec les « têtes d’affiche », on va proposer une solution de camping avec vestiaires, douches, des gites… tout ce qu’il faut. Le lendemain, dimanche, ce sera un esprit scène ouverte avec entrée gratuite.

Donc le 25 sera payant. Tu as une idée des tarifs ?

Les préventes sont à 18 euros, ce sera plus cher – environ 20 euros – sur place le samedi (les préventes sont disponibles sur le site du festival: Rock In Rebrech 13 ou avec le lien Helloasso). On fait plus cher, oui. Cependant, j’ai regardé tous les festivals qui accueillent Sidilarsen cette année, le moins cher est à 17 euros. Partout où ils vont, c’est ce tarif. Et puis, j’écoutais il y a quelques jour un économiste qui disait – ça a résonné en moi – « ce qui est gratuit n’a pas de valeur ». Ce qui signifie que, aux yeux des gens, comme c’est gratuit, ce n’est pas respectable. Mais si tu payes, tu y donnes de la valeur… (NdMp: signalons également que l’achat d’un billet en prévente donne également droit à une boisson gratuite)

Tu ne veux pas faire la bière gratuite ?

(Rires) Ça, il faut voir avec Richard !

On est donc bien sur 2 journées, la première payante, avec pour objectif d’amortir, et la seconde, gratuite.

Exactement. Le dimanche, on laisse à disposition les barbecues, les gens pourront même faire leurs propres grillades. En revanche, la buvette reste payante.

Puisque tu parles de restauration : aujourd’hui, nous sommes dans une époque très écoresponsable. Vous allez fonctionner avec le système ecocup, des couverts et emballages recyclables ou bio dégradables ?

Alors, les couverts, je reconnais que je n’y ai pas encore pensé mais on va tendre vers le plus propre possible. Depuis quelques années, chaque année, on voit les choses évoluer. Au début, on ramassait des déchets de tous types, maintenant, le rangement se fait en une journée. Le soir, c’est nickel. Les écocup, ça a vraiment changé beaucoup de choses. Pousser plus loin, maintenant, c’est logique.

Parlons maintenant de la campagne de communication. Autant l’an dernier, vous avez pris une douche froide, là, elle a déjà commencé. Il y a des flyers et des affiches qui circulent. Quid des affichages, annonces presses, médias ?

Déjà il va y avoir une annonce dans Rock Hard, dans quelques jours on va au Hellfest corner à Paris pour essayer de monter avec eux un partenariat. Je voudrais pouvoir faire un « event » avec des places à gagner. On a aussi fait faire un logo qui représente Baphomet… Il va y avoir une campagne d’affichage, j’ai été interviewé sur France Bleu, et on passe par la Fédération des musiques métalliques qui existe depuis 2 ans. Pascal Guegue travaille avec des institutionnels, l’Adami, la Sacem… Il cherche à promouvoir le metal en France, c’est un peu le pèlerin du metal, il va partout… Maintenant, je crois que j’ai fait le tour… On s’est pris un râteau l’an dernier, ça ne nous empêche pas d’aller de l’avant. On a pu récupérer un peu avec la soirée de soutien mais on continue. Et on a une super affiche.

Je vais découvrir live les deux premiers groupes, cependant, Sidilarsen, je les ai vus à plusieurs reprises, et à chaque fois, c’est une claque. On passe un super moment. Leur musique est aussi metal qu’électro, et ça dépote ! En même temps, on revient à une affiche 100% française, ce qui doit, j’imagine générer des coûts un peu moins importants…

J’aime beaucoup leur côté crossover. Maintenant, pour les coûts, oui, même si, au début, j’ai contacté Rage tour et quand ils m’ont annoncé les tarifs de Mass Hysteria, j’ai dit non, ce n’est pas pour nous. Ils m’ont dit qu’ils avaient aussi Sidilarsen, qui fête ses 20 ans et sort un nouvel album. Ouh… là, oui, ça m’intéresse ! Je leur ai proposé de prendre deux groupes, « est-ce que vous me faites un prix ? »… Bref, les négociations mercantiles ! Donc, on aura aussi Princesses Leya, un groupe humoristique moins « crado » qu’Ultra Vomit. Moins caricatural… J’aime pas qu’on se moque de mes jouets en plus… C’est comme quand, pour résumer le Hellfest, tous les ans, Quotidien qui ne montre que des culs… C’est pas ça le Hellfest, c’est du spectacle, de la musique, une ambiance ! Si tu n’as vu que ça… Fais ton boulot de journaliste quoi !

As-tu quelque chose à rajouter concernant le Rock In Rebrech ?

Je crois que nous avons fait le tour, il y a déjà beaucoup de choses. Merci beaucoup !

Pour obtenir vos billets: Rock In Rebrech 13 ou avec le lien Helloasso

ANTHARES: After the war

France, Thrash (M&O, 2024)

Ils sont sérieux, ces Bretons? Comment ça thrashe sévère ce After the war, quatrième album d’Anthares ! C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs plats, dit-on. On dit aussi que ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. Anthares entre dans ces deux catégories. Le groupe se forme en 1994 à Morlaix, en Bretagne, publie Eps et album, tourne avant de se séparer au tournant du millénaire. Le trio d’origine, Fanfan (guitares), Fanch (batterie) et Phil (basse) décident de remettre le couvert en 2013 et sont rejoints par Julien (chant) et Tanguy (guitare). Ensemble, ils publient To my last breath en 2014 et Addicted to chaos en 2019, se produisent en 2014 au Hellfest et se forgent avec le temps et les concerts une solide réputation. C’est encore plus déterminés que les cinq d’Anthares se rappellent aujourd’hui à notre bon souvenir avec After the war qui prend l’auditeur à la gorge du premier au dernier riff – sans parler de cette pochette plus démoniaque que tout ! C’est simple: la fureur ne subit qu’un « temps calme » au milieu de Lost (plus heavy que thrash, avec un peu de clarté dans le chant. Mais tout est relatif) tant l’ensemble est puissant. Les riffs, directs, incisifs et tranchants, le chant agressif, hargneux et déterminé, la rythmique dans ta face qui pilonne comme une batterie de missiles, tout est réuni pour que se cassent les nuques. Circle pits assurés ! De Arise the war cry à After the war, aucun des neuf titre ne laisse indifférent. On se demande simplement pour quelle raison Anthares se fait aussi rare…

SHAKA PONK : The final f*cked up tour à Orléans, le Zénith, 22 février 2024

Parfait. Shaka Ponk a ce soir, 22 février, offert au public du Zénith d’Orléans, complètement électrisé et survolté, le concert parfait de bout en bout. Difficile de croire que ce groupe exemplaire ai vraiment décidé de quitter la scène – on en a vu d’autres qui se sont depuis reformés… En tout cas, si The final f*cked up tour devait vraiment être cette dernière tournée, c’est par la grande porte que Shaka Ponk fait ses adieux. Retour sur un des plus mémorables concerts qu’il m’ait été donné de voir.

Ce soir, le Zénith d’Orléans affiche complet. C’est une foule bigarrée qui se masse devant l’entrée dans un froid glacial. Des jeunes, des plus expérimentés, des amateurs de rock, de meta ou autre, le public est à l’image de la population: varié. On a hâte de se retrouver au chaud. Le Zénith est déjà bien rempli lorsque nous arrivons et les lumières s’éteignent assez rapidement.

Ina-Ich a la lourde tâche de mettre le public en appétit. Le duo parisien propose un rock soft qui peut dénoter avec le ton de la soirée. Difficile en effet de chauffer une salle lorsque l’un est coincé derrière sa batterie et l’autre, la chanteuse Kim-Thuy Nguyen, est entourée de claviers.

Si c’est proprement fait et exécuté, si le public applaudi poliment, ce dernier ne s’emballe guère. La musique proposée par Ina-Ich ne me parle pas beaucoup et je constate qu’il y a beaucoup de monde aux bars et au merch de la tête d’affiche. Une première partie trop intimiste qui fait de son mieux mais ne risque pas de voler la vedette.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Etonnamment, les coursives du Zénith se vident pendant l’entracte, le public préférant trouver sa place dans la salle. Les lumières sont encore allumées lorsqu’une clameur retentit, la foule se tournant vers les passerelles du Zénith et pointant du doigt… Quoi donc? Sam et Frah, les deux chanteurs de Shaka Ponk, et C.C, le guitariste, arrivent dans la salle par derrière en traversant le public, descendent tranquillement les marches avant de se faufiler à travers la foule du parterre et trouvent enfin place sur une petite plate-forme au cœur du public.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Là, Frah annonce simplement que « comme il s’agit d’un concert spécial, on a décidé de faire les choses différemment« . Les lumières se tamisent laissant le trio entamer avec douceur ce show avec des versions acoustiques de I’m picky suivi de Gung ho (qui m’évoque le Black velvet d’Alanah Myles) et Run run run, les trois se tortillant tant bien que mal afin de pouvoir regarder le public où qu’il se trouve avant d’attaquer une version quelque peu plus électrisée de The house of the rising sun, Frah interrogeant avec douceur les public – « ça va, mes petits singes? » (référence à la mascotte du groupe) et de rejoindre la scène en traversant tranquillement la foule qui fraye un chemin aux trois.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Dès lors, Shaka Ponk – au complet – entraine son public dans un tourbillon aussi visuel qu’énergique et dansant. La scène est superbement décorée avec ces tas de livres qui sont comme un appel à renouer avec le papier et la culture, la connaissance. Une bibliothèque, et son salon (un canapé et une lampe), sur les murs de laquelle apparaitront plus tard des choristes qui se montreront totalement partie prenante du spectacle.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Un spectacle magnifié par des lumières exceptionnelles avec ces spots individuels qui trouvent diverses positions et orientations tout au long du concert, ici lampions intimistes, là éclairage sophistiqué.

Le show, cependant, c’est le groupe dans son ensemble qui le donne, chacun des musiciens se démenant comme un beau diable envouté. Mais tous les regards restent braqués sur le duo de chanteurs, un duo qui va chercher le public, qui serre des mains et qui danse, invite, incite à la fête.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

On ne compte pas le nombre de fois où Frah plonge dans le public et se laisse porter par lui tout en continuant de chanter. Le gaillard est partout, tout le temps, Sam occupant la scène de long en large et ne laissant personne sans contact.

Même sa « provocation » est calculée lorsqu’elle annonce : « J’aime pas qu’on m’dévisage… Non, j’aime pas les gens. Mais toi, Orléans, j’aime bien » tout en allumant un clope parce que « j’fais une pause« ! Puis, assise sur son fauteuil, elle entame le très engagé Tout le monde danse alors que sont projetées des images de nos chers politiques internationaux copieusement sifflés par le public.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Comme si l’ambiance et le show n’étaient pas assez intenses, Frah annonce « qu’il est temps de monter le spectacle au niveau supérieur » et se fraye un chemin vers le podium central d’où il fait un nouveau discours plein d’humour prévenant le public qu’il va danser. « Mais c’est dangereux de tourner, tu peux tomber. Alors on t’écrase. Tu peux te casser le bras, et ça fait mal… Mais tu peux mourir, aussi. Ou, pire… tu peux perdre ton téléphone portable! C’est pire que de mourir, non? » Et c’est parti pour un gigantesque Circle pit qui voit une foule sautillante tourner autour de ce podium.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Puis, sur cet espace réduit, deux jeunes femmes rejoignent le chanteur. Calins et consignes sont donnés tandis que, sur scène, Sam occupe le public. puis un jeune homme monte aussi sur le podium sur fond de Smells like teen spirit. Il se laisse pousser et est récupéré par une foule de bras tendus qui l’accompagne dans cette séance de crowd surfing? Frah accompagne dans cette même séance chacune des jeunes femmes qui, visiblement, vivent là leur première expérience en la matière!

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Le chanteur quitte ensuite son podium pour aller rejoindre les gradins, sous le regard ébahi du public, grimpe les marches, serre des pognes, fait le tour, redescend les escaliers, câline un homme en chaise roulante, s’arrête, repars… Bref, s’occupe des relations publiques avec un sourire jusqu’aux oreilles avant de se retrouver sur scène, de lonnnngggguuues minutes plus tard!

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

On le sait, Shaka Ponk a son engagement ancré en lui. Un engagement politique qui passe par le soutien à Sea Sheppard (« qui nous accompagne sur cette tournée. Nos dirigeants veulent faire changer les choses d’une certaine manière, Sea Sheppard veut aussi faire changer les choses, d’une autre manière. A chacun de choisir…« ) par l’éducation (avec un discours sur ce que les enfants devraient tous entendre de la bouche des parents).

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Le groupe est alors rejoint sur scène par l’ensemble des 16 choristes qui proposent un superbe tableau de vie et de mort sur 13.000 heures. Alors que chacun chante et danse avec bonheur, tous tombent soudainement, les corps jonchés au sol évoquant une scène de guerre. Le réveil se fait sur fond d’engagement pour la cause humaine – le message est d’être qui tu es, hétéro, homo, peu importe – la cause de l’amour et de l’humanité, les deux chanteurs arborant un gigantesque drapeau multicolore, celui de la cause LGBT.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Shaka Ponk, après la présentation des musiciens, quitte la scène pour un long rappel. On en veut encore! Quelques minutes plus tard, les choriste réunis au milieu de la scène, plongés dans un simple éclairage, entament un gospel émouvant avant de s’écarter, laissant place à Sam et Frah, installés sur le canapé du salon de la bibliothèque. Mais ils ont la bougeotte et Rusty fonky vient clore cette soirée explosive avec l’incontournable plongeon final de Frah dans le public.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Près de 2 heures 30 se sont écoulées avant que le public ne retrouve le froid extérieur. Mais les cœurs sont chauds et les esprits conserveront longtemps les images de cette soirée exceptionnelle. Shaka Ponk nous a offert le concert parfait. Vivement le Hellfest en ce qui me concerne!

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Merci à Cheyenne productions d’avoir rendu ce report possible.

Interview: ROLLYWOODLAND

Interview Rollywoodland. Entretien avec Rolly Wood (chant, basse) le 19 février 2024

Nous éviterons les détails du démarrage de cette interview totalement dans l’esprit de ce que le trio propose avec son nouvel album, Dark fate for judgement day, donc décalé et fun. Il y a des dossiers qu’on ne dévoile pas… Sauf si… Mais pas aujourd’hui. En plus, j’ai pas les images. Discutons, plutôt!

Rollywoodland

Le premier album de Rollywoodland est sorti il y a 12 ans. Que s’est-il donc passé depuis ? Ne me fait pas le coup de « la crise sanitaire » !

Ça en fait partie, mais pas que ça (rires). Disons qu’on a commencé à bosser sur cet album en 2013 et au moment où on allait commencer à enregistrer, ben… on s’est séparés. On a eu un break entre 2015 et 2018. On a retravaillé sur cet album, ensuite, il y a eu (il rit)… la crise sanitaire…

Il m’a fait le coup !

En fait, on habite assez loin les uns des autres, donc on ne pouvait pas se voir et ça a ralenti les choses…

Alors, justement, revenons en arrière. C’est la première fois qu’on discute, alors peux-tu me raconter l’histoire de Rollywoodland ?

A la base, c’était un projet solo que j’avais en tête en 2010 qui a débouché sur l’album Appetite for seduction qui est sorti en 2012. Il y a ensuite eu un changement de line-up et, ensuite, j’ai repris avec Ben Dog, le batteur d’un groupe que j’avais avant. On a commencé à bosser sur cet album et très rapidement on a eu 14 titres prêts. On a commencé à enregistrer la batterie et la basse en 2015. On a eu ce break dont je te parlais, on a recommencé à travailler dessus en 2018. Entre temps, il y a eu famille et bébés, donc tout était un peu en suspend sans être aux oubliettes…

Donc ce n’était pas la priorité non plus…

C’est ça, malheureusement. Si ça ne tenait qu’à moi, cet album serait sorti en 2015. La vie de groupe fait que parfois tu ne fais pas les choses quand tu veux, ou comme tu le veux. Ça nous a menés en 2020… J’ai réenregistré tout le chant chez moi pendant le Covid, les guitares de Yo Godon ont été enregistrées chez le guitariste entre 2020 et 2022. Entre temps, on a enregistré tous les instruments annexes, comme les shime, les percussions, les synthés… Ça faisait beaucoup de choses sur un album qui dure presque une heure, et, quand tu pars un peu de rien, ça fait beaucoup de travail ! Mener à terme un tel projet, c’est énormément d’investissement personnel et ça peut vite prendre du temps quand tu n’as pas de deadline. C’est un peu notre Chinese democracy, mais bien de chez nous (rires) !

D’où le groupe est-il originaire ?

On est en Rhône-Alpes. J’habite à côté de Genève, le batteur vit à Lyon et notre guitariste est en Savoie. On se retrouve à un point central pour répéter ;

Comment décrirais-tu la musique de Rollywoodland à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

C’est du hard rock, tout simplement. Avec des influences diverses, Maiden, Mötley, Scorpions, Priest, Offspring, Kiss, beaucoup…

Donc on est bien ancrés dans les années 80.

Tout à fait. C’est un peu l’époque où j’ai découvert le monde. Ce qui sort, ce n’est pas réfléchi, c’est naturel et un processus spontané. On arrive à avoir des morceaux mid-tempo, des ballades, des titres plus rapides et au final, ça rejoint cette époque.

Il y a une touche supplémentaire : un côté humoristique, un peu décalé, mais pas un humour trash à la Ultra Vomit. Plutôt du détournement de références, comme les deux titres de vos albums – inutile de citer les références, je pense ! La pochette de ce dernier album, on sait tout de suite à quoi ça fait référence, on glisse le CD, le premier titre est limpide – le thème d’un fimm que tout le monde connait (il rit)… Il y a plein de références plus ou moins humoristique. Il y a une volonté de marquer les esprits ?

En même temps, on est sérieux dans notre démarche ! Pour moi, ce n’est pas qu’humoristique, c’est la vraie vie, les vrais films… C’est ce que je regarde et que j’aime. Je pense que l’autodérision est dans le sérieux de la situation. Pour moi, ça va au-delà de l’humour. Je l’annonce clairement, c’est ce que j’aime et ce qui fait foi pour moi. Ce sont de vrais hommages !

C’est pour ça que je parle autant d’humour que de référence, il y a un esprit bon enfant comme le hard rock des 80’s à la fois bon enfant et festif.

Souvent, en marchant dans la rue, j’ai une mélodie qui me vient à l’esprit, je siffle et ça me ramène à une scène d’un film, un moment de bravoure d’un héros… Du coup, je me mets naturellement à écrire un titre comme First blood, last cut en pensant à Rambo.

Dans ce cas, qu’est-ce qui t’a inspiré No dog shit (on the sidewalk) ?

Là c’est clairement une chanson engagée ! C’est le mal français, toutes ces merdes de chien qu’on ne ramasse pas ! Et il y en a marre.

J’imagine bien ce qui t’a inspiré dans la rue en marchant, alors !

Ah, putain ! tu sais, quand tu rentres de voyage et que tu essaies de slalomer entre toutes ces crottes avec ta valise, tu calcules l’espace en espérant que les roulettes vont passer entre et la valise au-dessus… Derrière, il y en a plein d’autres…. Marre, quoi (rires) ! Après, il y a d’autres morceaux engagés : Heaven for paradise ressemble à une ballade américaine, mais, en fait, c’est une chanson anti Jihad. Je l’ai écrite en octobre 2011, juste après les premiers attentats contre Charlie Hebdo. A l’époque, j’étais loin de me douter de ce qui allait se passer par la suite. Derrière le côté enfantin et doux du morceau, il y a des paroles qui sont très violentes.

Sachant que le Jihad, la « guerre sainte », c’est avant tout le combat intérieur mené pour lutter contre ses propres démons…

Ouais, moi, c’est clairement contre eux, contre tous ces mecs… Ce qui est fou, c’est de penser que ce titre date de bien avant tout ce qui allait suivre. Il y a aussi d’autres morceaux plus introspectifs comme Militaerritory, We all come from outerspace ou Love me, des thèmes plus personnels, des chansons d’amour, sur la place de l’humain dans le règne animal. Une façon un peu pudique pour moi de me dévoiler. C’est plus facile pour moi de chanter dans une autre langue parce que mon message sera moins compris par les gens de mon entourage.

Maintenant, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de dark fate for judgement day pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Rollywoodland aujourd’hui, lequel serait-ce ?

Je pense que ce serait Nunchaku, parce que c’est un morceau qui a un côté heavy, de bonnes parties instrumentales et qu’il reste facilement dans la tête. C’est pour ça qu’on l’a choisi en premier extrait. C’est un morceau assez court qui peut s’adresser à tout le monde. Même si aujourd’hui, je ne peux plus l’écouter (rires) !

Tu parlais de Rambo, mais il y a une autre référence évidente, et c’est un copain de Stallone, c’est JCVD…

Oui ! En fait, c’est tout con : c’est un morceau que Ben, notre batteur, a composé, et, un jour, j’étais en randonnée en montagne, je réfléchissais aux lignes de chant, aux paroles. Et le nombre de syllabes du refrain correspondait au nombre de syllabes de Jean-Claude Van Damme. Ça m’est apparu comme une évidence ! j’en ai parlé aux autres, ils étaient d’accord, du coup, j’ai écrit ce titre sur lui.

Vous lui avez fait écouter ?

Pas encore. C’est prévu, je réfléchi juste au meilleur moyen de procéder pour que ça ne tombe pas aux oubliettes… Je pense que c’est quelqu’un de très sollicité, donc je réfléchis à la meilleure manière de le faire… J’aimerai beaucoup tourner un clip avec lui, aussi, ce serait génial !

Ce serait un bon coup de marketing pour vous ! Un groupe c’est aussi la scène. Quels sont vos projets pour défendre cet album ?

On travaille dessus, on démarche pas mal. Après, ça demande beaucoup de temps et d’énergie pour faire bien les chose. Je pense qu’on va se tourner vers une boite de prod pour travailler ça pour nous. C’est très énergivore. Et je pense que quand tu passes trop de temps à faire ce genre de choses, tu t’éloignes de la musique… Si j’avais tout mon temps pour nous manager, je le ferais avec plaisir, mais je dois aussi gagner ma vie !

Justement, quels sont vos métiers respectifs dans vos autres vies ?

Ben travaille chez Enedis, Yo est ingénieur informatique à Genève où je travaille aussi, je suis conducteur de train pour les Chemins de Fer Fédéraux. En gros, la SNCF suisse…

Mais qui fonctionne plus souvent !

Oh, oui, nous on carbure ! Il y a des trains tout le temps !

J’ai bien circulé avec les trains suisses lorsque je travaillais pour Swissair. Les formations se passaient à Genève ou à Zurich, et je circulais souvent en train entre ces villes.

Ah ! J’habite dans le pays de Gex, pas loin de l’aéroport. Entre Ferney et Gex.

Revenons à vous. Quelle pourrait aujourd’hui être la devise de Rollywoodland ?

Ah, putain… Je sais pas, je dirais « fun rock ». « Rock and fun »

Est-ce que je garde le « putain » ?

Ouais, tu le gardes aussi (rires) !

Comment se traduit ce Rock and fun sur scène ?

Je pense qu’on dégage une énergie assez positive. Dans les vidéos que je peux voir – je n’aime pas trop regarder des vidéos de nous sur scène mais, bon… – globalement c’est ce qui ressort. On cherche à retranscrire l’énergie de l’album sur scène.

C’est pourtant un bon exercice pour corriger ses erreurs.

Oui, mais c’est tout un processus. C’est pas facile de se voir ou de s’écouter chanter. Maintenant, j’ai un peu franchi le cap, mais je n’aime pas ça.

Mais ça te permet de préparer l’avenir…

Oui, on devrait rentrer en studio en fin d’année, on a déjà assez de matériel pour le futur album. Une bonne partie des titres tourne déjà, donc j’espère qu’on aura quelque en fin d’année prochaine. J’ai déjà deux albums d’avance dans ma tête !

On en reparlera plus tard, alors ! As-tu quelque chose à rajouter pour conclure ?

Non, je ne sais jamais quoi répondre à ça… Si, que les gens achètent l’album, vraiment ! S’ils ne l’achètent pas, ils vont passer une journée de merde (rires) ! Ne pas l’écouter, ne pas l’acheter, c’est forcément perdre son temps. C’est le seul conseil que je puisse donner, un conseil avisé, hein ! Je l’ai déjà, donc je sais de quoi je parle…

ROLLYWOODLAND: Dark fate for judgement day

France, Hard rock (M&O music, 2024)

Ca commence avec une intro que les amateurs de SF – et des concerts d’Airbourne – connaissent bien. Le thème générique de Terminator ouvre ce Dark fate for judgement day des Français de Rollywoodland dont le premier album, Appetite for seduction, avait vu le jour en… 2012. Les voici donc qui reviennent, plus d’une décennie plus tard, avec un nouveau méfait sous les bras, un album de 15 titres (Judgement day, l’intro, inclus) dans un esprit potache et décalé. On sourit au démarrage avec les Ugly, No shit (on the sidewalk) – un coup de gueule personnel comme nous l’explique le leader du groupe (interview à suivre) – ou autre Nunchaku qui évoquent aussi bien Steel Panther (sans les références sexuelles) que les plus récents Princesses Leya. L’ensemble fleure bon l’amour du heavy rock 80’s, du hair metal, certes, seulement voilà… Rapidement la recette retombe comme un soufflé qu’on aurait trop fait attendre. Même si Rollywoodland n’a pas la prétention de renouveler le genre, et malgré la chasse aux références distillées tout au long de cet album, il manque ce petit grain de folie, cette étincelle, qui (me) donnerait envie d’écouter ce disque d’une traite. Même si le tout est très correctement produit, et réserve quelque très agréables surprises (comme cette reprise de Michael Jackson, Another part of me), je passe un bon moment sans que pour autant quoi que ce soit ne m’envahisse l’esprit. Dark fate est un album de pure détente qui donne envie d’être réécouté, et, finalement, on ne lui en demande finalement pas plus.