HOPES OF FREEDOM : Light, fire and iron

France, Metal épique (2021)

Nous avions rencontré les Rouennais de Hopes of Freedom en avril 2016 pour parler de leur second album, Burning Skyfall. Il aura fallu pas moins de 5 ans au groupe pour proposer une suite, Light, fire and iron, parue en fin d’année dernière. Pour un jeune groupe, 5 ans, c’est une éternité. le chanteur guitariste Lucas s’en explique: « Le covid a rajouté presque une année, mais on est toujours un peu long… Il y avait déjà presque 4 ans entre nos deux premiers albums. Pourquoi? Je ne pourrais même pas te l’expliquer… Il y a beaucoup de choses dans ces morceaux et il nous faut du temps en préparation, en répétition. L’album devait en réalité sortir en 2020, puis en 2021 et ensuite on s’est dit qu’on arrêtait de repousser… » Un groupe évolue aussi avec le temps. Pour le coup « il y a eu deux changements de line up: Thibault a été remplacé à la guitare par Charles – qui a enregistré l’album – puis a été lui-même remplacé par Grégoire Maille qui est guitariste dans un groupe de folk mais très fan de power. Il arrive à un moment qui nous donne une belle bouffée d’air frais« . Du temps a passé alors comment le groupe analyse-t-il son évolution entre ce nouvel album, Light, fire & iron et son prédécesseur? Loris estime que ce nouvel album « est un condensé des deux premiers: il contient les riffs joyeux du premier et la puissance et le côté plus rentre-dedans du second ». Lucas confirme: « On s’est vraiment posé la question de comment conclure cette trilogie. Le but était de garder certains thèmes mais en allant plus loin. On a 9 choriste cette fois au lieu de 4, 3 invités au lieu de 2… Il y a eu beaucoup de débrouille, on a réussi à convaincre pas mal de personnes de participer« . Clément également abonde en ce sens ajoutant que « dans les orchestrations, il y a plus de choses qu’on ne trouvait pas avant ou qui n’avait pas forcément leur place« . En effet, on retrouve sur ce nouvel album les ingrédients qui font Hopes Of Freedom: un esprit heroic fantasy, du power metal enjoué mais avec plus de luminosité. Là encore, Lucas confirme avoir eu « envie de plus de lumière, même si quelques morceaux pouvaient être assez sombres. Mais on a eu envie de revenir à quelque chose de plus léger, dansant, fun« . Il s’agit donc de la fin d’une trilogie. La suite est-elle déjà envisagée? Pas encore, selon Loris qui pose la question « est-ce qu’on va continuer dans cette voie là? Aucune idée… Pour le moment, on fait vivre ce nouvel album et on va le défendre sur scène« . Au delà des évolutions musicales, le groupe a également visuellement changé. Si Lucas est désormais très chevelu et barbu, vestimentairement « on a travaillé avec une costumière qui nous a fait des costumes sur mesure. Si on avait eu mes moyens, on aurait pu faire des décors mais pas encore. » Car oui, la musique de HOF est très visuelle, l’auditeur pouvant aisément créer un univers cinématographique avec cette bande son. Mais HOF n’a pas encore les moyens financiers ou logistique de pouvoir s’offrir des décors de scène. Pour s’en convaincre, « il suffit de l’écouter sur les plateformes. Spotify, Deezer… L’écouter, c’est l’adopter!« . Lucas continue en précisant que « on a vraiment le côté power metal qui va chercher le côté mélodique avec des sonorités folk entrainantes. On a rajouté toute une imagerie celtique avec de la cornemuse et d’autres choses. Pour nous, ce sont deux univers qui se marient très bien. On voit cet album comme la BO de n’importe quel jeu de rôles, bouquin ou film de cet univers« . Pas faux, j’ai même parfois l’impression d’écouter un groupe qui a su rester, dans le bon sens du terme, naïf, garder son esprit d’enfant dans cette musique joyeuse. Mais cette fois, contrairement au démarrage bucolique et léger de Burning Skyfall, ce nouvel album va droit au but avec une prise à la gorge dès les premières salves de Lost humanity. Une batterie qui tabasse, une rythmique enlevée avant un retour à des temps plus calmes. Quel titre serait selon chacun le plus représentatif de ce qu’est aujourd’hui Hopes Of Freedom? Lucas n’a aucune hésitation: « pour moi, ce serait Light, fire & iron. C’est le morceau le plus long, 15′. un morceau long permet de prendre le temps de raconter des choses, d’expliquer tout. Il y a aussi des rappels aux autres albums. » Pour Clément, « ce serait le premier morceaux, Lost humanity. J’aime bien ce principe de mettre le CD et que ça rentre dans la tête directement. » Joris, lui, opte pour « The heroes line. C’est un morceau joyeux, qui reprend un peu la formule de The call, avec les aspects folks, orchestrations… » Hopes Of Freedom nous propose donc un album riche, enjoué et complet qui s’adresse à un public plus large que les simples fans de Powerwolf ou Freedom Call. 10 titres qui viennent conclurent une trilogie lumineuse et efficace. Alors, avec un espacement de 4 puis 5 ans… rendez-vous en 2027 pour la suite?

Entretien Skype avec Loris (basse), Lucas (chant et guitare) et Clément (batterie), le 21 janvier 2022

EXCEPT ONE: Broken

France, Death/Black metal (Autoproduction, 2022)

Amis de la poésie, bonjour. Janvier n’est pas encore échu, il est donc encore temps d’accompagner cette nouvelle chronique de nos vœux les meilleurs, vous souhaitant une année 2022 chaleureuse et douce. Tout le contraire de ce que nous promettent les Français d’Except One avec leur nouvel album, le très brutal Broken. Les ambiances sombres cachent une forêt d’explosions et de règlements de comptes en bonne et due forme. Mais attention, sous cette apparente brutalité gratuite se cachent d’autres choses. Le groupe travaille incontestablement ses mélodies autour de nombreux changements de rythmes, passant d’une sombre lenteur à une lourdeur et une vélocité sans pareils. Jouant sur les thèmes imposés par certains titres (In nomine et ses chants de monastère, Silent scream qui est tout le contraire de silencieux, Still alive qui nous rassure en presque fin de parcours…) le groupe fait preuve d’une parfaite maitrise musicale, et parvient à faire en sorte que les pied frappent le sol tel des marteaux piqueurs cadencés. Estelle hurle à s’en décrocher les poumons et les amateurs du genre sauront apprécier. Quatre ans après Fallen, Broken vient brutalement rappeler que Except One est bien vivant. Ni tombé, ni cassé.

JaCOB: Metamorphosis

France, Rock (Grey cat records, 2022)

2021 vous a paru une année morose? Alors ce nouvel album de JaCOB va illuminer ce qui reste de 2022! Rien que le nom du groupe – Jaypee & the Cannibal Orgasmic Band!) est une invitation à se plonger dans l’univers pas si déjanté de Jaypee Japar, déjà auteur de 3 albums (On my way en 2015, Sinner en 2016 et Meet me again en 2019) mais qui pour la première fois décide d’un effort de groupe. Le chanteur guitariste s’est ainsi entouré de Fred Brousse (guitare et harmonica), Jean Joly (Basse et contrebasse), Marie Caparros (violoncelle) et Rémi Dulaurier (batterie). Le résultat de cette variété d’instruments? Une ambiance folk western imparable. Si la pochette m’évoque Bergman et son Septième sceau (Igmar, donc, pas Ingrid), le contenu musical interpelle dès Prayer qui nous plonge dans le son des bayous. Une voix grave, profonde, rauque et sombre et des cordes sèches nous entrainent dans l’univers de Déliverance. Non, ce n’est pas une bande originale mais la musique de JaCOB m’inspire ces références cinématographiques tout au long des 10 titres. Il y a du western (I’m coming for you) du West side story (Lonesome bastard) du Tarantino (The loser song) le tout fabriquant un univers hypnotique et irrésistiblement attirant. On pourrait continuer avec des Oh brother ou autres tout au long de cet album, certes. Cinématographiquement, OK, il y a des références, mais musicalement, on a quoi? Du blues gras, du heavy mitonné – oui, j’ose – à la sauce doom, de la country qui dépote… Chacun y trouvera de quoi sa satisfaire. Ce Metamorphosis est une réussite de bout en bout qui mèle rock, blues et folk dans un univers à la fois inquiétant et familier qui donne envie de se lancer dans une chevauchée fantastique. Top!

Interview: TRANK

Ils ont osé! Après à peine un (superbe) premier album, ben… vous savez quoi? Les quatre Trank, ils (oh, facile le jeu de mots pourri, mais j’assume!) ressortent The ropes en une version dite Monolith composée de l’album original pour ceux qui l’auraientt raté et d’un second sur lequel on trouve des remixes version généralement électro (mais pas que) de certains titre dudit premier effort. Même si Metal Eyes est revenu sur cette édition (chro ici), une question se pose: pourquoi aussi tôt? Il fallait en découvrir le pourquoi et le comment, ainsi que le comment du pourquoi , chose qui se fit avec Johann, le batteur le 20 décembre dernier qui nous explique que « l’idée de faire une version deluxe, on l’avait dès le départ, avant la sortie de l’album. On se disait que de moins en moins de gens achètent des albums physique alors tant qu’à faire, offrons leur quelque chose qui soit le plus riche possible, une version un peu plus élaborée (…) Pour le CD bonus, on avait plusieurs options, dont faire des versions acoustiques des morceaux. Et, ne fait, assez rapidement après la sortie de l’album, on a été contactés par des producteurs électro nous disant avoir entendu tel titre et vouloir en faire un remix. On dit quoi par rapport à ça? Bien évidemment, on a dit Oui! Au final, 4 producteurs extérieurs ont retravaillé les morceaux et quand on a entendu le résultat, ça nous a beaucoup plu, ça donnait une relecture différentes des versions originales et ça marchait très bien. On s’est dit qu’on n’allait pas refaire un album entier de remixes faits par d’autres – déjà il faut les trouver les autres, et jusque là, c’est les autres qui sont venus jusqu’à nous et ça nous allait bien – donc on s’est dit qu’on pouvait s’y mettre. Michel, notre chanteur, est un énorme fan de tout ce qui est claviers, électronique, etc. Il s’est mis aux manettes, et on a commencé à travailler en se disant qu’un jour, ce serait pas mal de faire une version comme ça de ce titre. Si ça marche, on garde, sinon, on passe à autre chose. En tout cas, ça n’était pas un calcul, ça s’est fait naturellement. Quand on nous a proposé de faire des remixes, chose à laquelle on ne s’attendait pas du tout, on a trouvé l’approche intéressante. La plupart des gens qui nous écoute a une culture musicale très variée, et ça nous va très bien de ne pas être catalogués dans une case restrictive, on s’est dit qu’on pouvait pousser le curseur plus loin. »

Quel regard les musiciens de Trank ont-ils porté sur la création de ces nouvelles versions? « Les gens sont venus à nous nous disant être intéressés par tel morceau. On a eu une ou deux discussions avec eux pour avoir une idée de ce qu’ils voulaient en faire, une idée vague. Mais chacun a fait à sa sauce. Les 4 qui nous ont proposés des remixes, à chaque fois, la première version, on leur a dit qu’on adore. C’est plutôt bon signe. » Ok, c’est bien beau, mais y a-t-il eu des morceaux que Trank ait refusé parce que ça ne le fait pas? » Non, en revanche il y a un remix, la première version qui nous a été proposée on lui a dit qu’il pouvait aller encore plus loin, s’écarter encore plus de l’original. Au final, si la musique fonctionne, peu importe si ça ressemble à notre musique d’origine. Si ça marche, ça marche! »

En effet, certains remixes sont totalement exploratoires, mais l’ensemble reste surprenant. « C’était le but du jeu… Si c’est pour faire une version où on change deux trucs, ça ne sert pas à grand chose. Que ce soit nous ou des producteurs externes, on a pris les pistes de base et on est repartis de zéro en nous demandant comment on pouvait retravailler le son, les ambiances. C’était un travail intéressant. L’électro, il n’y a pas beaucoup de guitares, ou de batterie, il y a du rythme et c’est souvent « basique » – et je dis ça dans le bon sens du terme. Une fois que tu enlèves ça, il reste quoi? Comment garder l’intérêt de l’auditeur afin qu’il ne se dise pas « j’aurai bien aimé un peu plus de ça » mais qu’il prenne le morceau tel quel. » Force est de constater que le projet est une réussit. Quiconque a craqué pour l’album original se penchera sur les nouvelles versions et devrait se laisser emporter par ces versions électro et revisitées.

Chacun remarquera que seuls certains titres sont remixés, certains deux ou trois fois. « Les titres finalisés sont sur l’album, d’autres ne sont pas terminés parce qu’on pensait que ce nouveau traitement n’était pas assez bon pour finir sur l’album. Mais on travaille comme ça sur les albums dits classiques. On ne va pas composer 50 chansons, les enregistrer pour n’en garder que 15 sur album. L’écrémage se fait au fur et à mesure. Il y a certains morceaux qui sont toujours dans les tiroirs depuis 3,4 ou 5 ans. Il y en a certains, il y a une idée intéressante mais on n’a toujours pas trouvé le truc. On les met de côté, on les réessaye plus tard. Pour les remixes, comme pour les originales, si au départ il y a un peu de prise de tête pour se demander ce qui marche c’est probablement que, au départ, l’idée n’est pas bonne….Les bons morceaux, chez nous, se composent assez vite. Je ne dit pas que c’est facile, simplement que ça nous inspire tous les 4. »

On ne pourra que remarquer que, au-delà des chansons, c’est tout le visuel qui a subit un lifting. La pochette passe du blanc au noir, comme un effet de négatif. Apparaissent même quelques signes « cabalistiques » qui ne sont pas sans évoquer Led Zep. Levons le mystère sur la signification de ces symboles: « Les deux design sont l’œuvre d’Alban Verneret, notre directeur créatif qui travaille avec nous depuis 4 ans, qui nous a fait 5 clips. Il avait créé ces 12 icones, une par chanson, mais elles étaient un peu cachées dans le livret de la version originale. De façon assez discrète. On s’est dit, pour la version Monolith, que ce serait sympa de les voir plus. J’aime l’idée de pouvoir (il sourit) créer un alphabet pour Trank… Vous avez 12 symboles qui, aujourd’hui, représentent l’univers de Trank. Il y en aura d’autres par la suite – en tout cas, des chansons, c’est sûr, des symboles, on ne sait pas, mais l’idée nous plait bien« . Lorsque je lui suggère l’idée de remplacer les titres des chansons de leurs setlists par ces symboles, ce qui serait sympa pour ceux qui les photographient au début des concerts, Johann se marre. « C’est une très bonne idée, je n’y avais pas pensé… « Ils parlent quoi comme langue ces gens »… »

Un remix qui puisse être représentatif de ce Trank version remix, un titre qui convaincrait un non amateur d’électro de se plonger dans ces versions? « C’est une question difficile… Je dirai Shining. J’ai un faible pour cette version. D’une part parce que c’est Michel, notre chanteur, qui l’a faite à peu près du sol au plafond, et aussi parce qu’il y a un côté assez électro mais pas agressif comme on peut parfois l’avoir dans l’électro. Un truc sur lequel on peut sautiller mais pas forcément quelque chose qu’on doit écouter à 4h du mat’ en rave party avec 18 grammes dans le sang! Je vais même me permettre une entrave à ta règle: le dernier morceau, Refugee, qui lui aussi a été fait par Michel, pour les gens qui n’aiment pas l’électro, c’est une version assez orientale. Au départ, Refugee, c’est des samples de gens qui communiquent par radio des années 70, les boat people, au même type de communication en 2015 avec les migrants. 40 nas d’intervalles et les mêmes discussions. Je trouve qu’avoir ajouté ces arrangements orientaux, avec des instruments africains, nord africains, ça donne une couleur supplémentaire, et j’aime beaucoup celle-là. »

Question finale désormais habituelles, quelle devise Johann peut-il imaginer pour Trank? « Alors… La devise que nous avons, qu’on utilise avant de monter sur scène, c’est une devise des samouraïs qui disaient « on n’a rien à perdre, on est déjà morts ». Je sais que c’est un peu morbide, mais ça me convient parfaitement. On est déjà là alors on y va à fond! » Je le rassure en lui rappelant que lors de notre précédente rencontre (oui, une interview en vrai, ça remonte…) c’est déjà ce que Michel avait dit. Ces gars sont fidèles à eux mêmes, même si « on reçoit pas mal de demandes d’interview par mail, souvent d’Angleterre. Parfois, il y a des questions qui se répètent et, souvent, c’est Michel qui y répond. Je vois, au fil du temps, qu’il prend de plus en plus de liberté avec la réponse et maintenant, ça me fait bien rire. » Fidèles à eux-mêmes et fun, Trank est vraiment un groupe à suivre de très très prêt. Vivement la scène! Johann confirme en ajoutant « qu’il y a des nouveaux morceaux déjà prêts, pas encore un album, mais on avance. 2022 devrait, si tout va bien, être une année plutôt sympa. »

 

 

VOLBEAT: Servant of the mind

Danemark, Metal (Universal, 2021)

Même si j’avais, à sa sortie en 2019, apprécié Rewind, replay, rebound, force est de reconnaitre que les aspects moins metal manquaient. Avec Servant of the mind, son nouvel opus, Volbeat revient à ses amours et ses racines. La puissance du metal, ses rythmiques, ses riffs de guitares côtoient avec bonheur – c’est bien ce qui fait la spécificité du groupe de Michael Poulsen, les mélodies rock des débuts du genre, 50’s et 60’s. Si l’accroche est moins évidente sur Dagen for, un duo chanté avec Stine Bramsen (vocaliste pop danoise qui sévit avec Alphabet) car trop sirupeuse, les Temple of Ekur, Say no more, Step into light ou Shotgun blues, single imparable, se font irrésistibles de puissance et de mélodie. Tout n’est pas parfait (Step into light a ce refrain prenant mais un couplet qui peine parfois, Wait a minute girl stagne quelque peu, dommage, c’est le second titre…) mais on ne pourra que saluer cette gnaque retrouvée, cette pêche renouvelée (cette patate sur l’intro de Becoming!), ce sens de la mélodie doublée d’accents orientaux (Temple of Ekur, Lasse’s Birgitta) et ces chœurs imparables qui nous manquaient quelque peu. Les effets de la pandémie? Oui, Volbeat renoue avec ce qu’il proposait avant son dernier live, retrouve puissance et efficacité. C’est simple, après une période de semi flottement, Volbeat parvient à retrouver cette flamme magique qui caractérise sa musique, une alchimie entre genres parfaitement compatibles. On attend quoi maintenant? Le retour de Poulsen et sa bande sur les routes!

Interview: BALLS OUT

On s’est bien amusés avec les deux Ep entrecoupés du premier album des Frenchies de Balls Out. Du rock sérieux sans jamais se prendre au sérieux, une musique brute, directe et sans fioriture qui valait bien quelques échanges avec le guitariste du groupe, Yann. Balls Out « est né des  cendres d’un groupe que j’avais avec Pat, le chanteur. Le groupe s’appelait Outrages. On a fait ensuite des choses chacun de notre côté et en 2015 on s’est dit que ce serait sympa de refaire quelque chose ensemble. On a rencontré Sonny, notre autre guitariste qui nous a amené Pierre, le batteur, deux amis d’enfance. On a fait une première répète tous ensemble ça  fonctionné et Balls Out est né comme ça« . Rien de plus simple, finalement… Le groupe se retrouve autour d’un hard rock simple et fédérateur. On entend du AC/DC, du Motörhead, mais quelles sont les influences de chacun? « Tous les 4, on a les mêmes influences, chacun avec ses madeleines de Proust. Pat est un fan  des Beatles, Pierre aime plein de choses qui vont de Jeff Buckley à Kiss, Sonny est plutôt branché Black Sabbath, Zakk Wylde, moi je suis plus hard rock basique traditionnel. On arrange tout ça à notre sauce et ça donne Balls Out. En fait, on fait ce qu’on aime, et on aime ce qu’on fait« .

Le résultat, c’est un premier Ep bientôt suivi d’un album à la pochette déjantée. Avec ce Let me in (I know someone inside), on a découvert un groupe fun et sans prétention. Quels en ont été les retours? « On a eu des retours très positifs, la presse l’a aimé, ce qui nous a vachement motivé pour donner encore plus, ça nous a boosté pour faire ça. »

Le dernier Ep du groupe, Get dirty vol. 1 vient de sortir et il est bien sous titré « Vol. 1 », ce qui laisse penser qu’il y aura une suite. C’est aussi la seconde fois que le groupe sort un Ep. Pour quelle raison choisir ce format? « On voulait revenir à ce format parce que ça va nous permettre de continuer à bosser sur une trilogie, de proposer quelque chose régulièrement et faire en sorte qu’on parle de Balls Out sur une période relativement longue et de bosser, de se retrouver en studio. J’aime beaucoup le studio, c’est là que naissent les idées de dernière minute. On trouvait bien de faire une trilogie avec une ligne complémentaire, d’autant plus qu’on est dans une période assez compliquée en ce qui concerne les concerts. Comme on ne sait pas trop où on va, ça nous permet de nous mettre à fond dedans. Continuer à ne pas faire de musique comme ça a été le cas ces deux dernières années, ce n’est plus possible. » Un des quatre titres, Get dirty (wild and nasty), est chanté en duo avec Rusty Brown, le chanteur des Australien d’Electric Mary. Comment est née cette collaboration? « On a joué avec Electric Mary en 2019 au Grillen à Colmar, le courant (NdMP: Oh, le jeu de mot avec le nom du groupe!) est tout de suite passé, surtout entre Pat et Rusty. on est resté en contact. On avait envie d’avoir un guest sur un titre et on lui a demandé. Et ça s’est fait comme ça. Ca tombait bien parce qu’à ce moment-là, il était en studio« .

Comment le groupe compose-t-il? Est-ce un travail collaboratif où chacun apporte des idées ou est-ce l’un des membres qui propose? « Non, c’est u  travail vraiment collaboratif même si c’est Pat qui se charge des paroles. C’est son boulot. Pour la musique, c’est nous 4, même si c’est nous, les guitaristes qui apportons les idées de riffs, mais on finalise à 4. Parfois, on arrive en répète avec une idée et on se rend compte que ‘est de la merde tout comme on peu gratter un truc et se dire que ça ferait un bon morceau, et on bosse dessus tous les 4. Chacun a son avis, on ne veut pas d’un seul qui gère tout. Chacun donne son avis. Même le batteur, on est sympa! » (rires).

Justement, quel titre Yann me ferait-il écouter pour me convaincre de découvrir Balls Out? « Je dirais Big load, parce qu’il y a un peu de tout dedans. Des breaks de batterie, des solo de guitares et un bon rif sur un accord de La qu’on adore. Je le trouve assez représentatif de notre esprit. Et puis Big load – je ne vais pas vous le traduire… Il y a plein de sous entendus dans ce morceau et ça entretient le fait qu’on s’éclate sans se prendre au sérieux. Une musique qui fait bouger la tête quand on l’écoute. »

Il s’agit d’une trilogie, le groupe voulant travailler sur la durée. La suite est-elle déjà composée? « Le 2, oui, le 3 est en démo. On ne veut pas répéter la même chose sur les 3 volumes, mais les suivants devraient sortir l’année prochaine. On va bientôt entrer en studio pour le volume . On aimerait bien avoir des invités, il faut voir si c’est faisable et si les gens sont OK pour participer. »

Lorsque je rappelle à Yann que d’autres groupes ont voulu tabler sur le format Ep pour travailler sur la durée et que le résultat s’est soldé par « on n’a pas fini » (je pense notamment à Skid Row dont on attend toujours, depuis 2014, le dernier volet de United world rebellion, ou encore aux copains de feu Wild Dawn qui prévoyaient la même chose depuis leur Bloody Jane’s Shore), sa réponse est hésitante: « Ne parlons pas de malheur, nous ne sommes pas – heureusement ou malheureusement, je ne sais pas – Skid Row. Mais il n’y aura pas de souci là-dessus, il n’y a pas de raison, tout va bien. Et on ne sait pas trop où on va au niveau des concerts. Donc on en profite pour travailler. On n’a donné qu’une date de concert, le 24 mai à Lyon en première partie de Nashville Pussy au Rock and Eat. On croise les doigts pour que d’autres se rajoutent. »

Terminons avec l’incontournable question copyrightée Metal-Eyes: quelle pourrait être la devise de Balls Out? « La devise du groupe? Sortons nos couilles les gars et montrons que nous aussi on en a! » Déception pour moi qui pensais que Yann me dirais ce qu’il y a au dos de cet Ep « We gonna rock forever, we gonna roll or never »… « Ca rejoint un peu ça, quand même. Ce sont les paroles de El guapo gonzo qui rejoignent un peu ça » veut-il me rassurer.

En attendant que les concerts reprennent, guettons les dates de concerts et régalons nous de ce premier volume de   pour une belle déflagration de rock’n’roll pur jus!

Entretien effectué via Skype le 0 décembre 2022.

EMIGRATE: The persistence of memory

Allemagne, Rock (Sony music, 2021)

Il y a 3 ans, en 2018, Richard Z. Krupse nous avait épaté avec A million degrees, l’album précédent de Emigrate, son projet hors Rammstein. La force  de cette formation est de ne pas proposer une répétition de ce son groupe principal mais bien une musique travaillée pour séduire un vaste public, amateur de rock et de pop, avec des mélodies léchées et passe partout, sans pour autant être sirupeuses ou faciles. The persistence of memory à la pochette aussi sombre que la précédente était brillante propose 9 chansons accrocheuses et efficaces dont une reprise – Always on my mind – chantée avec son complice de Rammstein Till Lindeman – aisément reconnaissable sur le refrain mais bien moi sur le reste. Une version originale qui s’intègre parfaitement aux Rage, Hypothetical, You can’t run away ou autre Freeze my mind. 9 chansons, 9 ambiances et 9 moments de plaisir auditif. Si la période actuelle n’a pas souri à Krupse et l’a plutôt même déprimé, il a su relever la tête et trouver l’inspiration pour composer ces nouvelles chansons et nous proposer un album enjoué pour nous accompagner tout au long des mois qui viennent.