Hommage à Martin BIRCH

Martin Birch – photo: ?

Martin Birch, un des plus importants producteurs de l’univers hard rock/metal est décédé le 9 août 2020 à l’âge de 71 ans.

Né le 27 décembre 1947 à Woking, ville située au sud ouest de Londres et aujourd’hui connue pour abriter, entre autres, les usines de l’équipe McLaren, Martin Birch grandit avec le rock, milieu dans lequel il évolue en tant qu’ingénieur du son puis producteur à part entière.

Ses premiers faits d’armes marquants sont signés avec Deep Purple. Si le mythique groupe anglais est producteur de certains de ses albums mythiques, Martin Birch est crédité en tant qu’ingénieur du son sur rien moins que Concerto for group and orchestra,  Machine Head, In rock ou Burn. Des albums qui lui permettent, à la fin des années 70, de se faire un nom et une réputation.

Ritchie Blackmore l’embarque dans ses valises lorsqu’il forme Rainbow dont il produit le premier album Ritchie Blackmore’s Rainbow en 1975, avec Ronnie James Dio au chant. Il s’occupe également des albums suivants, produisant Rising, l’immense double live On stage et le fabuleux Long live rock ‘n’ roll qui marque le départ de Dio pour Black Sabbath.

Entre temps, Martin Birch suit David Coverdale dans son projet Whitesnake dont il produit le tout premier essai, Snakebite, en 1978, avant de s’attaquer aux albums suivants. Impossible de ne pas citer les œuvres indispensables que sont Trouble ou Lovehunter, deux albums de heavy blues chaleureux qui arrivent en pleine vague punk… Mais ce sont surtout les années 80 qui vont en faire le producteur incontournable qu’il devient rapidement. Sa carrière continue, bien sûr avec Whitesnake, dont on retiendra le sublime double Live… in the heart of the city, et les albums studio Ready and willing, Come and get it, Saints and sinners ou le plus « discutable » Slide it in.

Revenons à Dio et son intégration au groupe de Tony Iommi: Martin Birch transforme, au tout début des 80’s, la bête Black Sabbath en un monstre d’efficacité avec deux albums, une fois encore, indispensables: Heaven and hell et Mob rules. Deux « petites » collaborations qui poussent Black Sabbath au panthéon du rock avant que le départ de Dio ne voit le groupe se perdre…

Comment, aussi, passer à coté de sa collaboration, sa complicité même, avec Iron Maiden? Le groupe de Steve Harris lui accorde sa confiance dès 1981 et son second album, Killers. Birch ne quittera plus les manettes du son de la vierge de fer en engendrant une palette d’hymnes du genre jusqu’au début des années 90 . Soit la période la plus créative du groupe, celle de ses classiques incontestés: The number of the beast, Piece of mind, Powerslave, Somewhere in time, Seventh son of a seventh son, No prayer for the dying (le moins bon de tous, sans doute…) et Fear of the dark, sans oublier deux live, le chef d’oeuvre Live after death et Live at Donnington. Bref, toute la première période « dickinsonnienne ». Ainsi que toute celle avec Adrian Smith…

Si la carrière de Martin Birch semble notamment marquée par ses collaborations avec des groupes anglais, d’autres lui accordent également leur confiance, à l’instar des Américains de Blue Oÿster Cult qui semblent chercher un second souffle. Le groupe fait donc appel au producteur très en vue pour son album de 1980, Cultösaurus erectus, et le rappelle pour le suivant, l’année suivante, pour Fire of unknown origin. Un univers quelque peu différent qui pourtant séduit le public.

Il collabore également avec l’ange blond, surdoué de la guitare, Michael Schenker et son MSG pour qui il produit le troisième album, Assault attack, en 82, mais ce sera là leur unique collaboration.

Martin Birch aura illuminé de son les années 80. il décide de prendre sa retraite en 1992 après avoir finalisé son travail avec Iron Maiden pour Fear of the dark. Pour eux comme pour d’autres, après son passage, plus rien ne fut comme avant. Tous les groupes qui ont collaboré avec Martin Birch ont vécu avec lui leur moments de plus grande créativité. Passer après Birch? Une tâche plus que compliquée, semble-t-il.

Merci, Martin, si tu nous as quittés, ton oeuvre, elle, sera là pour l’éternité. RIP.

Interview: AVATAR

Interview AVATAR: entretien avec John Alfredsson (batterie). Propos recueillis par téléphone, le 10 juillet 2020

Photo promo

Metal-Eyes : Comment ça se passe en Suède, d’un point de vue sanitaire, ces jours-ci ?

John : Bien… enfin, « bien » est tout relatif. Mais… Nous survivons…

 

Metal-Eyes : Votre dernier concert était à Saint Petersbourg, le 14 mars. N’était-ce pas un peu étrange de vous retrouver entre deux états, « on va devoir rentrer » et « on doit continuer » ?

John : Oui, la Russie était, je crois, un des derniers pays à avoir fermé ses frontières. Quand nous jouions en Russie, nous ne pouvions que constater que tous les autres pays du monde fermaient, les uns après les autres, et tous les groupe que nous connaissons, qui étaient en tournée, annulaient. Nous, on était là à se demander si nous étions censés continuer de jouer… C’était étrange, vraiment…

 

Metal-Eyes : J’imagine aussi que vous ne pouviez prendre la décision d’annuler de votre propre chef pour des questions d’assurances…

John : Oui, mais d’un autre côté, nous n’avons donné que 3 concerts en Russie, en ouverture de Sabaton. Et au bout du compte, l’endroit le plus sécure est sur scène. Nous n’étions pas inquiets pour nous, plus pour le public. Nous espérions simplement que quelqu’un savait ce qu’il faisait avec cette foule, tu me comprends ? Je ne crois pas que nous, en tant qu’artistes, devons dire aux politiciens ce qu’ils doivent faire. Je ne supporte pas d’entendre des artistes demander à ce qu’on les laisse jouer, pas dans ces conditions. C’est aux autres de nous dire quand il sera temps de rouvrir, ou de fermer si c’est nécessaire.

 

Metal-Eyes : Parlons du groupe maintenant : le cycle Avatar country se termine. Que vas-tu en retenir ? A part le Covid…

John : Euh… Je crois que je me souviendrai de ce cycle comme l’un des plus amusants que nous avons vécu. Nous ne nous sommes jamais autorisés à nous permettre autant de choses que sur Avatar country. Tout était permis.

 

Metal-Eyes : Même Hellzapoppin…

John : Oui, même eux ! Ce genre de choses ! C’était très… comment dire ? « Relaxant » de pouvoir nous laisser aller. Quand nous programmions cette tournée, nous nous demandions quelle était la chose la plus dingue qu’on puisse faire, et nous avons fonctionné comme ça tout le temps. Nous ne le referons plus dans un avenir proche. C’est ce dont je me souviendrais de ce cycle, faire des choses comme accueillir Hellzapoppin sur la tournée, faire apparaître le roi sur un trône… ou faire un film !

 

Metal-Eyes : Faire un film qui ferme ce cycle. J’imagine que tu parles de The legend of Avatar country (il confirme). Ceci signifie donc que le pays d’Avatar était en réalité une légende, il n’existe pas du tout ?

John : Il existe dans nos cœurs, à jamais.

 

Metal-Eyes : Donc, « longue vie au roi » ?

John : Oui, « longue vie au roi » !

 

Metal-Eyes : Vous étiez également censés ouvrir pour Iron Maiden, dont un passage à Paris demain, 11 juillet. Etait-ce toujours sur le thème Avatar Country ou alliez-vous proposer quelque chose de neuf ?

John : En réalité, nous devions donner ce soir un concert secret dans un club de Paris. Qui aurait été le dernier show de Avatar country. Et demain, avec Iron Maiden, nous devions donner le premier concert de la tournée Hunter gatherer

 

Metal-Eyes : Un nouveau cycle s’ouvre avec Hunter gatherer. C’est un album très sombre, à l’opposé de Avatar country. Qu’est-ce qui vous a fait passer de la lumière aux ténèbres ?

John : Avatar country n’était pas supposé être un album au départ. Il devait être un Ep entre deux albums « normaux ». Quand nous avons commencé à composer, nous avions tellement de matériel que je ne parvenais pas à écarter une chanson. Alors « merde ! on fait un album ! » Ça a commencé comme une blague entre nous. Nous avons eu le sentiment à l’époque que nous devions sortir ces chansons. Et ça nous a simplement soulagés de le faire. Nous n’avons jamais eu pour vocation d’être un groupe rigolo… Avatar country, tu peux le voir de plusieurs manières : tu peux le considérer comme une comédie, mais aussi comme une critique de la société du moment. Il s’est passé tellement de choses en 2016, quand nous l’avons écrit… Nous ne parlons jamais de politique dans Avatar, mais nous avons choisi de commenter. Nous nous sommes vraiment amusés à faire cet album, et quand la tournée a commencé, c’était si plaisant de simplement pouvoir proposer des concerts aussi gros ! C’était super fun… la première semaine. Ensuite, il y a eu 150 concerts supplémentaires ! Nous parlons beaucoup et dans le tour bus, on écoutait de la musique, on échangeait et quand l’un d’entre nous a demandé ce que nous allions faire ensuite, la réponse a fusé : pas un putain d’album de comédie ! » Nous savions tous que notre prochain album devait être sérieux. Sinon, nous courions le risque d’être catalogué comme un groupe de comédie, et ce n’est pas ce qu’est Avatar. Ce ne fut qu’un petit détour.

 

Metal-Eyes : Hunter gatherer est un album plus sombre, plus heavy et plus colérique. Qu’avez-vous mis dedans ?

John : C’est certainement l’album le plus sombre que nous ayons enregistré. Une sorte de contre réaction à Avatar Country

 

Metal-Eyes : Justement, vous avez acquis tant de nouveaux fans avec Avatar country… Ne crains-tu pas la réaction de ces nouveaux fans lorsqu’ils découvriront cette autre facette d’Avatar ?

John (il réfléchit) : Non… Non. Je suis sûr à 100% qu’il va y avoir un paquet de fans qui ne va pas aimer cette facette, qui dira préférer « l’ancien » Avatar. Mais c’est toujours le cas, à chaque album… et au bout du compte, nous ne pouvons y prêter attention. Nous aimons nos fans, nous les aimons vraiment, ce sont les meilleurs fans du monde, mais on ne fait pas les choses pour eux : nous faisons les choses pour nous. Avatar, c’est réaliser ce que nous souhaitons. Si les gens aiment ça, c’est un bonus et ça nous permet de continuer. Si personne n’achète nos t-shirts ou nos disques, nous ne pourrions pas payer nos loyers, la situation serait plus complexe. Mais concernant la musique, nous la plaçons en priorité. La vente de T-shirts vient après. Quand nous composons, tant que nous sommes satisfaits, c’est le principal. Si personne n’aime ça, je pourrais me tenir debout fièrement et dire « désolé si ça ne vous plait pas, moi j’en suis fier ! Allez vous faire foutre, je ne compose pas pour vous ! » Mais oui, je suis sûr qu’un paquet de fans n’aimera pas cet album. Ils peuvent continuer d’écouter Avatar country (rires) ! L’album ne disparaitra pas…

 

Metal-Eyes : Et j’imagine qu’il est également possible que certains de ces fans les plus récents soient séduits et cherchent à découvrir votre passé, Hail the apocalypse, Feathers and flesh, Black waltz voire même avant…

John : Oui, aussi, c’est possible.

 

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu l’évolution d’Avatar entre vos deux derniers albums, Avatar country et Hunter gatherer ?

John : Mmh… De toute évidence, nous avons changé de voie entre Avatar country et celui-ci ! Plein de choses se sont produites ces deux ou trois dernières années. Ça m’a surpris de voir autant de personnes monter dans ce train. Avatar est devenu une sorte de phénomène. Incroyable de voir ça, et comme je l’ai dit, nous avons les meilleurs fans du monde. Comment on a évolué ? Naturellement… Nous faisons ça depuis presque 20 ans. C’est assez difficile pour moi d’analyser ces dernières années parce que notre évolution s’est faite depuis le début. Nous vieillissons, devenons plus sage.

 

Metal-Eyes : Avez-vous changé votre manière de composer pour ce nouvel album ?

John : Nous avons commencé par discuter, beaucoup. Quelle sera le cadre, de quoi allions nous parler ? Dès le départ, nous étions d’accord sur le fait que ce serait l’opposé, qu’il serait très sombre, qu’il ne devrait y avoir aucune blague…Et ce ne serait pas un album conceptuel, comme c’était le cas avec Avatar country ou Feathers and flesh. Il nous fallait retourner vers des terrains inexplorés. Avatar country était une sorte d’hymne au heavy metal. A tout ce qu’on aime dans cette musique : un roi, du fantastique, tout tient dans une boite, petite. Pour Hunter gatherer, nous avons décidé de prendre une grande boite, sans limites. Il y a Silence in the age of apes, très violente, brutale, Colossus, très sombre, une autre avec du piano… Nous avons beaucoup écrit, quelque chose comme 40 chansons… et nous avons passé beaucoup de temps à réfléchir à la meilleure manière de les lier, d’en faire quelque chose de cohérent, qui tienne la route. Et nous avons passé beaucoup de temps à répéter aussi…

 

Metal-Eyes : Vous avez beaucoup tourné, comme tu l’as rappelé. Quand avez-vous trouvé le temps d’écrire et de composer autant ?

John : Un des luxes que nous devons au fans, et c’est la première fois que ça nous arrive en 20 ans, c’est que nous pouvons recevoir un petit salaire. Ça aide beaucoup. Jusqu’à Avatar country, nous étions tous dans l’obligation de travailler à côté, et c’était difficile parce que nous ne pouvions nous voir qu’une heure par-ci, une heure par-là. Quelqu’un avait un empêchement… Cette fois, nous avons pu bénéficier de temps et dès que nous n’étions plus sur la route, nous nous attelions au travail. Comme nous le faisons depuis toujours au sein d’Avatar, nous voyageons ensemble. Nous avons quelques lieux de rencontre : la famille de notre chanteur a une maison dans la forêt, j’ai une maison dans la forêt, notre guitariste, Jonas, le roi, vit sur une île en dehors de Göteborg. Alors nous y allons ensemble, restons sur place une semaine, isolés dans un endroit où il n’y a rien d’autre à faire que de travailler.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de Hunter gatherer pour explique à quelqu’un ce qu’est Avatar aujourd’hui, ce serait laquelle ?

John (il réfléchit) : … A secret door. Je pense qu’elle résume bien l’album. Hunter gatherer explore différentes voix, très dures, très mélodiques, très industrielle, et je crois que A secret door contient tout cela. Bien sûr, je pourrais aussi dire Colossus, qui est le premier extrait. L’une ou l’autre est représentative.

 

Metal-Eyes : Colossus, la vidéo, vient d’être dévoilée au public. Quelles sont les premières réactions ?

John : Je suis en train de suivre en direct et je vois qu’il y a… 6.000 pouces levés, donc j’imagine que c’est positif. Mais je ne lis pas les commentaires. Je ne lis pas les chroniques, je suis une de ces âmes fragiles (rires). Si les gens aiment, tant mieux, mais je ne me plonge pas dans les critiques. Parce que, le pire qui puisse arriver, c’est de lire 100 chroniques qui encensent l’album et une, une seule, donne un avis différent, et ça peut être blessant… Rien que pour cette raison, j’ai décidé d’arrêter de les lire. Je sais, je dois aller voir un psy…

 

Metal-Eyes : Quelle pourrait être la devise d’Avatar pour ce nouveau cycle ?

John : Euh… « Soyez gentils » dans le sens généreux, bons.

 

Metal-Eyes : Une dernière chose : la Suède est aujourd’hui un des plus important pays du metal. On a beaucoup parlé de la scène death metal au début des années 90, maintenant, c’est un des pays qui propose les groupes les plus mainstream et variés avec des groupes comme Sabaton, Amon Amarth, Royal Republic, Ghost, vous et tant d’autres qui développent de vrais spectacles visuels. Comment expliques-tu ce phénomène ?

John (il rit) : J’adore ça ! Nous sommes assis tranquillement et tu parles d’Amon Amarth comme d’un groupe mainstream !

 

Metal-Eyes : En dehors du chant, c’est aujourd’hui plus du metal…

John : Ouais, mais si tu retournes 20 ans en arrière, tu n’en parlerais pas comme ça ! Même aujourd’hui, c’est très rapide, avec des doubles grosses caisses, des growls… Je crois que c’est plus l’époque qui change que la musique. Mais c’est vrai, il y a du spectacle, c’est très visuel. Et j’adore les fans capables de parler d’Amon Amarth, que j’adore, comme d’un groupe « mainstream » (rires).

 

Metal-Eyes : As-tu une dernière chose à rajouter ?

John : Gardez la tête froide, votre cœur ouvert et vos mains propres ! Nous sommes vraiment très impatients de vous retrouver sur la route, surtout en France. Vraiment, nous adorons la France !

 

Metal-Eyes : C’est pour ça que vous y aviez prévu un concert secret sans doute…

John : Oui, oui, absolument.

 

ROBERT JON & THE WRECK: Last light on the highway

Rock sudiste, USA (autoproduction, 2020)

Le rock sudiste a cette force de savoir être un genre transgénérationnel. Pour peu que l’on aime le rock, le blues, la soul, alors il est aisé de se laisser emporter par des riffs simples et vraies. Robert Jon & The Wreck (RJTW) viennent encore nous le prouver avec Last light on the highway, leur Xème album. Voici encore une formation obscure connue des seuls initiés et qui mérite vraiment de trouver un plus large public… Mais ces mecs en veulent! Ce nouvel album sort un an à peine après leur dernier effort, Take me higher. Les 11 titres évoquent toute l’histoire du Southern rock surprennent par instants en évoquant Phil Collins ou John Cougar Mellencamp. Tant dans le chant que musicalement, d’ailleurs, le groupe puisant dans le royaume du bon gout populaire, entraînant, rythmé et joyeux. Avec ses inspiration soul, rock et pop, ses guitares qui craquent ici et se font légères, ses chœurs chaleureux, ses claviers discrets et sa rythmique directe et efficaces, RJTW va plus loin que le simple rock sudiste et s’adresse à un large public avec l’envie de le faire bouger. Impossible de rester de marbre… Un album sans autre prétention que de se faire et de faire plaisir, Last light on the highway s’écoute au volant sur une longue route et aide à faire défiler les paysage. Un disque pour s’évader.