INTERVIEW: TARJA

Interview Tarja TURUNEN. Propos recueillis à Paris le 7 juin 2019

 

C’est une Tarja joviale et vraisemblablement fière de son nouvel album, qui paraîtra à la fin du mois d’août sur Ear music/Verycords, qui a reçu Metal Eyes dans le cadre d’un hôtel parisien. La Finlandaise, désormais installée en Espagne, nous dit tout au sujet de In the raw, et plus encore.

Metal-Eyes : Tarja, tu es ici pour parler de ton nouvel album In the raw, mais juste avant, si tu permets, il y a une question que j’ai voulu te poser depuis 3 ans…

Tarja : Vraiment ? Waow !

Metal-Eyes : Nous n’avions pas eu l’occasion de parler pour la sortie de The shadow self. Cet album me semble avoir été une réaction à Colours in the dark à plus d’un titre : tout d’abord le côté visuel, en noir et blanc, alors que Colours était très coloré. Certaines chansons semblent aussi être une réaction à d’autres figurant sur Colours. Par exemple : 500 letters dénonçait le harcèlement de certains fans (elle confirme) et  j’ai l’impression que Diva a été écrite en réaction à la réaction qu’aurait pu avoir un fan blessé par 500 letters, t’accusant de n’être qu’une diva capricieuse…

Tarja : Vraiment, c’est ton sentiment ? C’est très intéressant ! Fantastique, même ! C’est ce que j’adore, et tu es le premier à me faire part de ce sentiment ! C’est absolument fabuleux que tu aies eu cette impression, parce que c’est ton propre ressenti. Je dois te dire que c’était complètement différent pour moi, mais c’est exactement ce que je recherche avec mes chansons en général. Quand j’écris les paroles, encore plus avec le nouvel album qui est le plus personnel que j’ai écrit. Je fais attention à ne pas trop expliquer les paroles, afin que chacun puisse y réfléchir, y trouver ce qu’ils veulent. Tu as trouvé cette connexion, ce qui juste incroyable, je ne l’ai vraiment pas écrite dans ce sens…

Metal-Eyes : Et tu comprends le lien que je peux faire ?

Tarja : Oui, totalement ! Je peux tout à fait imaginer et comprendre. C’est superbe, c’est la magie de la musique ! C’est comme ça que ça devrait être pour chacun de nous : interpréter différemment les chansons. Ecouter de la musique est une expérience unique. Tu peux discuter des goûts, ne pas aimer la saveur de cette eau ou la musique que je fais.

Metal-Eyes : Ce qui est OK

Tarja : Oui, ça me convient parfaitement. Tu sais, avant tout, j’écris de la musique pour moi. Si mon travail me satisfait – et le mot « satisfaction », pour une perfectionniste comme moi… – eh bien, pour ce nouvel album j’ai pris du recul. J’avais besoin de casser mes filtres, de me confronter à mes peurs, mes doutes, tout à mon sujet. J’ai composé seule, j’avais tout ce monde de doutes face à moi et je savais que je devais m’y confronter. Je souhaitais voir si j’avais la capacité à me dépasser.

Metal-Eyes : Ce qui est le cas selon moi, après une écoute de ce disque dont nous allons parler dans un instant. Cependant, tu habitais en Argentine et tu as récemment déménagé en Espagne. Quelle en est la cause ?

Tarja : Je voulais raccourcir les distances. Je passe la majeure partie de mon temps en Europe, professionnellement. Alors les vols long courrier, depuis Buenos Aires, d’autant plus maintenant que nous avons une petite fille, et aussi vivre dans une aussi grande ville, j’avais un peu peur de laisser ma famille derrière moi dans cette ville de chaos. C’était trop me demander, je ne voulais pas ce poids là. Alors nous avons décidé de chercher un logement en Europe, et nous avons trouvé un superbe endroit en Andalousie, nous y sommes très heureux. Je crois que tout cela se ressent dans mon nouvel album. Parce qu’il s’agit de moi. Tout ce que je fais artistiquement est lié à moi. Tu peux ressentir, j’espère, la paix, principalement dans une chanson comme Golden chamber (elle rit).

Metal-Eyes : Juste avant de parler de ton nouvel album, comment décrirais-tu ton évolution musicale entre The shadow self et In the raw ?

Tarja : J’ai beaucoup tourné pour The shadow self, et je déplorais en même temps de ne pas être avec ma famille. Il y a eu un grand changement avant la production de l’album : ma fille de 4ans ½ est rentrée à l’école. Avant, elle a été un bébé en tournée, je l’emmenais partout avec moi. Ce changement m’a affectée, et soudain, elle entre à l’école. Elle n’est plus là, mon mari non plus, je me retrouve seule, ce qui a été un grand changement. Me retrouver dans cette nouvelle situation – qui n’a plus rien de neuf, je te rassure ! – m’a affecté de telle sorte que j’avais besoin de m’ouvrir et de sortir de ma zone de confort, de me débarrasser de mes craintes. Quand j’ai commencé à composer In the raw, la musique m’est venue très facilement : elle était puissante, et à chaque fois que je rentrais de tournée, je composais, au piano, j’ai enregistré beaucoup de démo, sans paroles, et j’avais le sentiment que la musique était très progressive. J’ai arrêté de tergiverser – « est-ce bon ? est-ce mauvais ? est-ce que je peux le faire ? oui, je le peux ! » – Je me suis libérée en matière de composition.

Metal-Eyes : Cela s’entend dès le premier titre, qui est vraiment très heavy. Tu y es accompagnée de Bjorn Speed Strid, chanteur de Soilwork, qui a cette voix particulière et puissante. Etait-il nécessaire selon toi d’ouvrir In the raw avec Dead promisses ?

Tarja : Quand j’ai mis toutes les chansons à plat, j’ai voulu que cette guitare puissante soit le guide de l’album. J’adore le son de la guitare électrique. J’aime composer les chansons avec mon guitariste. Alex et moi avons cette complicité. La raison pour laquelle je voulais ce titre est que j’avais besoin d’une chanson qui me soutienne, qui soutienne ma voix, m’entraine. Pas seulement la guitare, mais tout le groupe. Comme avec un orchestre symphonique. Tu es devant un orchestre de 68, 70 personnes et je sais qu’elles sont là pour me soutenir, et je veux ressentir la même chose avec un groupe de rock, toute cette amplification… Le son n’est pas naturel, on a des retours internes, c’est complètement différents de l’acoustique. Avoir cette puissance qui me soutient, juste là derrière moi, avec cette certitude que, si je me plante, ils sont là… Voilà pourquoi Dead promisses se trouve à cette place.

Metal-Eyes : Et que sont ces promesses éteintes ?

Tarja : C’est une histoire que j’ai écrite au sujet d’une personne très proche qui… qui s’est égarée. J’ai écrit cette chanson pour lui – ou elle – pour lui faire comprendre que la porte est toujours ouverte. C’est une chanson d’espoir. J’ai toujours cru en l’espérance… Il y a un moment dans ma vie, il y a longtemps de cela – tu sais de quoi je parle, ce moment où j’ai perdu tout espoir en l’humanité et l’amitié, quand j’ai tout perdu et que je ne savais plus comment faire confiance aux gens, j’ai eu le sentiment de trahison. Je ne savais pas où recommencer, mais j’ai retrouvé cette confiance, et je crois de nouveau en de belles choses. Je suis peut-être naïve en disant ça, mais je préfère voir le bon côté des choses.

Metal-Eyes : Concernant la musique, cet album me semble scindé en deux parties : un coôté très pop rock, ton chant y est pour beaucoup, et, je connais ton intérêt pour la musique de films, et il y a un bon nombre de chansons, You and I, The golden chamber, Spirits of the sea, par exemple, qui sont très cinématiques. Ce sont aussi les chansons les plus longues, les plus progressives. Avais-tu la volonté d’avoir cet esprit ciné dans tes chansons ?

Tarja : La musique de film est aujourd’hui une de mes plus grandes sources d’inspiration. Oui, cela me renvoie à mes premières amours musicales, avec la musique classique, le grand amour de ma vie. La musique de film y est lié. Et tout est si émotionnel, ça te transporte dans différents endroits, et parfois des lieux effrayants. Tu n’as pas forcément besoin d’images, mais si tu rajoutes des images à la musique, tu n’auras sans doute pas le même film…

Metal-Eyes : J’ai ce sentiment avec Spirits of the sea qui est très sombre et inquiétant et aussi Shadow play qui m’évoque un film de heroic fantasy à la Seigneur des anneaux ou Game of thrones. De la puissance suivie de temps calmes, des hauts et des bas…

Tarja : Oui, et ça fait beaucoup de bien d’entendre ça… Ces derniers jours, je commence à peine à avoir des avis, vos avis, sur ces nouveaux titres que personne n’a encore entendus. Ca me fait vraiment plaisir, et c’est exactement ce que je recherche. Je peints des tableaux quand j’écris des chansons, c’est très colorés, et je souhaite que les gens voient ces couleurs et puissent emplir leurs esprits de ces images. Mes chansons ont en effet beaucoup de lien avec le cinéma. Mes albums ont toujours été diversifiés. C’est comme ma culture musicale est ma main droite, ma culture rock, la main gauche, et elles sont en parfaite harmonie.  Mes albums changent la donne, aussi. Prends The golden chamber : il n’y a aucune guitare, pas de solo, c’est un superbe morceau d’orchestre.

Metal-Eyes : Deux notes, au piano, qui se répètent.

Tarja : Oui, la paix, la tranquillité. Tu peux la trouver en toute chose, si tu regardes bien, quelque chose de vraiment beau. Si tu observes bien, tu la trouveras

Metal-Eyes : Comment as-tu choisis les invités et quels musiciens t’accompagnent sur l’album en dehors des fidèles Alex Scholpp à la guitare et de Christian Kreschtschmar aux claviers et Max Lilja au violoncelle ?

Tarja : Il y a aussi mon équipe de rêve qui joue : Doug Wimbish, Kevin Chown sont là aussi. L’équipe est la même que d’habitude, en dehors du batteur. Il s’agit de Tim Schreiner qui joue avec moi depuis deux ans, sur les concerts. Un excellent batteur, c’est un vrai plaisir que d’avoir enregistré cet album avec lui. C’est très sympa de voir comment il travaille. Il fait partie de ces personnes qui me font oublier le travail au clic. Quand il joue, c’est simplement fantastique, il fait de la musique plus que de la puissance. En ce qui concerne les invités, ils sont tous très distincts, et j’ai été fan de chacun d’eux depuis longtemps. Nous sommes amies avec Cristina Scabbia depuis de longues années, et nous avons évoqué la possibilité de faire quelque chose ensemble. Il fallait simplement la bonne chanson. Tu sais, j’écris les chansons pour ma voix, je ne pense pas à qui pourrait interpréter telle ou telle partie. Alors quand il s’agit d’imaginer un chanteur, un homme, qui pourrait interpréter mes chansons… tadaaaa ! (Rires) C’est un vrai challenge. Björn et Tommy Karverik (Kamelot) m’ont tous deux dit « Euh… ça sort vraiment de mon champs habituel ! » mais ils ont fait un travail fantastique. Les chansons me parlent, je sens que j’aurais envie d’avoir un « partenaire de crime » pour celle-ci. Avec Cristina, c’est aussi rock que possible : guitare, basse et batterie. Et je l’ai laissée ainsi parce que la voix de Cristina mérite d’être vraiment mise en avant.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de In the raw pour expliquer à quelqu’un qui ne connait pas ton travail ce en quoi consiste Tarja, ce serait laquelle ?

Tarja : Oh… Ce n’est pas évident, comment choisir ? Ca doit être un des morceaux symphoniques, avec ces orchestrations qui sont vraiment qui je suis, et ce font rock. Je pense à la dernière chanson de l’album, Shadow player. C’est une chanson que j’ai écrite entièrement seule. Au piano, l’instrument que j’utilise habituellement quand je compose. Quand j’ai terminé au piano, j’ai écouté le morceau dépouillé et j’ai entendu toutes ces orchestrations, explosives, se mettre en place, tout semblait déjà être en place. J’ai dit à mon mari que ça devait être la dernière chanson de l’album (rires). Un disque doit se finir ainsi !

Metal-Eyes : Tu as joué dans plusieurs salles à Paris – l’Elysée Montmartre, le Zénith, Bercy, le Bataclan, le Casino de Paris. Quelle est ta salle préférée ?

Tarja : Wouf, c’est difficile ! Toutes sont différentes. J’ai vraiment aimé le Casino, avoir les gens assis, aussi près. C’est vraiment différent. Comprend moi bien : j’adore voir les gens sauter, devenir dingues devant moi, dès que je fais quelque chose, j’ai un retour immédiat, et j’adore ça ! Mais j’aime aussi me donner à fond pour qu’une audience assise apprécie l’expérience et vive un concert rock différemment. Il faut aller chercher le public. Je crois que pour les spectateurs, c’est une expérience… choquante. C’est inhabituel, et les gens sont obligés de faire plus attention. Le Casino étant le dernier concert que j’ai donné à Paris fut une belle expérience.

Metal-Eyes : C’était vraiment une expérience étonnante pour un concert de rock. Et c’est vraiment sur les derniers morceaux que l’ambiance rock est arrivée, lorsque le public, enfin, s’est levé et s’est mis à bouger. Y a-t-il un endroit au monde, en revanche, où tu ne te reproduirais jamais ? Parce que l’organisation, parce que les conditions, ou parce que les gens sont stupides… (elle pouffe de rire)

Tarja : Waow… Tu en as encore des cures comme ça ? Quand l’expérience est mauvaise, tout disparait généralement avec le début du concert. Le public vient voir le groupe et transforme toute la merde en quelque chose de positif. C’est toujours ainsi. Bien sûr j’ai joué dans des endroits merdiques, dans des conditions chaotiques, avec des problèmes électriques et ce genre de chose. Mais le show commence et tout va pour le mieux ! (rires) Je ne me souviens pas d’avoir fini un concert en me disant que je ne reviendrais pas. A l’époque de Nightwish, quand on se battait tout le temps avec le matériel, les déplacements… Il y a des concerts en Finlande où je n’entendais même pas ma voix, le matériel n’était pas bon, j’avais peur de perdre ma voix. Mais c’est aussi comme ça que tu apprends. D’ailleurs, je suis toujours là ! (rires)

Metal-Eyes : Une dernière chose : quelle pourrait être la devise de Tarja en 2019 ?

Tarja : Oohh… Ma devise serait, toujours : « bats toi pour tes rêves ». Il faut aller au bout des choses…

Festival Un autre monde à Orléans

Les 28, 29, 30 et 31 août 2019, l’association Défi fêtera ses 30 ans au cours d’un festival gratuit qui se tiendra au cœur du parc Pasteur.

Au cours de ces journées, les spectateurs pourront assister à des concerts, expo photos et animations de quartier.

Le festival débutera avec des apéros-concerts les 28 et 29 août à 18h30.

Côté musique, ce sont pas moins de 9 concerts qui seront proposés sur deux scènes. Vous retrouverez ainsi, le vendredi à partir de 18h, le Gobson Groove Gang, Christian Olivier (Les Têtes Raides), Cigagny Möhawk, Faut Qu’ça Guinche ainsi qu’un retour sur les 30 ans de l’Asso et ses différentes réalisations.

Le samedi 31 août, l’Aselqo proposera des animations Quartiers en scène avec les jeunes du quartier (break dans, foot, rencontre avec des artistes en herbe…) suivi des concerts de Les Frères Smith, Bob’s Not Dead, The Dizzy Brains et le Famous Unimate Crash Karaoké. Des concerts à l’esprit punk, festif et fun, en somme.

L’asso Défi exposera également les photos de Justine Boudot.

Le festival est, rappelons le, proposé gratuitement. Alors, rendez-vous sans hésiter au Parc Pasteur du 28 au 31 août prochain.

Interview: NOVA TWINS

Interview NOVA TWINS. Entretien avec Amy Love (chant, guitare) et Georgia South (basse). Propos recueillis à la Taverne de l’Olympia à Paris le 8 août 2019.

Trois heures à peine avant de monter sur la scène de l’Olympia, les deux membres fondatrices de Nova Twins accordent quelques interviews au sous sol d’un bar situé juste derrière la mythique salle. Un cadre agréable, au frais pour une courte rencontre plus que sympathique.

 

Metal-Eyes : C’est la première fois que nous nous rencontrons, je vais commencer par une demande habituelle : quelle est l’histoire de Nova Twins ?

Amy Love : Ca fait longtemps que nous sommes amis… Je suis allée au collège avec le frère de Georgia, sa famille m’a en quelques sortes adoptée

 

Metal-Eyes : C’est ce que je me disais,  vous êtes jumelles, mais vous ne vous ressemblez pas…

Georgia South : Exactement ! (rires)

Amy Love : Voilà ! On a toujours joué de la musique ensemble mais sans réellement monter un groupe. Parfois Georgia jouait mes chansons, parfois je jouais ce qu’elle composait. Un jour, nos projets respectifs semblait atteindre leurs limites et on était toujours fourrée l’une chez l’autre. Un jour, on s’ennuyait, et on s’est simplement dit « Ecrivons une chanson ». C’est ce que nous avons fait. C’était il y a 5 ans environs. (A Georgia) : tu avais ta basse, tu jouais quelque chose de groovy, j’ai ajouter un riff qui déchire, (à moi) et on a commencé à chanter l’air de Bad bitches, qui est devenue notre première chanson. Notre voyage a commencé ainsi, on est devenu un groupe à ce moment là.

 

Metal-Eyes : Un groupe de 2…

Amy Love : Ouais !

Georgia South : A cette époque, on était 2 et une boite à rythme. Maintenant, on a un batteur.

 

Metal-Eyes : D’après ce que j’ai pu lire, vous mélanger punk, hip-hop et autres influences. Comment décrirez-vous votre musique à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

Georgia South : Oh, bonne question… Je ne sais pas trop, c’est du Nova sound… On mélange rave, rock, pop, punk. C’est heavy, mais pas que ça

 

Metal-Eyes : J’en ai quelques unes…

Amy Love : Il y a des riffs heavy, avec un chant assez dingue, perché. C’est juste un mélange de différents sons.

Georgia South : Avec beaucoup de groove, très entraînant.

 

Metal-Eyes : Votre musique est très énergique, mais votre look semble très important aussi. Etes-vous influencées par Shaka Ponk ou (à Georgia) la reine Amidala dans Star Wars ?

Georgia South : La reine Amidala ? Non ! Je ne suis pas fan de Star wars en fait ! Pourquoi ? Je ressemble à la reine Amidala ?

 

Metal-Eyes : Regarde les photos, avec ses coiffures et maquillages.

Georgia South : Quand j’étais à l’école primaire, un garçon m’avait dit que je ressemblais à Jar-Jar Binks. J’ai dit OK, mais je ne connaissais rien à Star Wars.

 

Metal-Eyes : Tant que tu n’es pas stupide comme lui… Votre look est important, mais quelle importance lui accordez-vous dans votre performance scénique ?

Georgia South : On aime se sentir à l’aise, alors on porte les vêtements dans lesquels nous sommes à l’aise et qui ressemblent à notre musique.

Amy Love : Très colorés, un peu DIY. On les fait nous-mêmes.

 

Georgia South : Au début, on n’avait rien à se mettre, alors on a pris un T Shirt, une bombe de peinture et on l’a peint. Ca ressemblait un peu la cellule de notre vidéo, Devil face. On ressemblait à un mur (rires) !

 

Metal-Eyes : J’espère que vous ne ressemblerez pas aux murs ce soir ! Quelles sont vos principales influences musicales ?

Amy Love : Nos goûts sont très variés. Il y a des choses que nous aimons toutes les 2, du RnB, Missy Elliot, on aime beaucoup la nouvelle scène féminine. J’ai grandi dans une ville qui s’appelle Essex où il y avait de tout : du rock, de la pop, du garage, de la dance, des choses comme MC5, du punk, les New York Dolls, Deep Purple. Plein de choses plus modernes aussi…

Georgia South : Je partageais en quelques sortes un ipod avec mon frère. Il y avait des choses comme Eminem, Kayne West, Missy Elliot, Justin Timberlake. Tout ça, mélangé, nous a permis de créer le son qui est le notre.

 

Metal-Eyes : Donc une sorte de mélange entre le groove, le rythme et l’énergie ?

Amy Love : Oui, avec ce « swag » qui caractérise le hip-hop.

Georgia South : Si on peut danser dessus…

Amy Love : Il y a la lourdeur de certaines tonalités qu’on utilise, mais on veut pouvoir chanter et danser dessus.

 

Metal-Eyes : Y a-t-il des sujets que vous privilégiez et d’autres, au contraire, dont vous ne souhaitez pas traiter dans vos chansons ?

Amy Love : Ah, ah ! C’est une bonne question !

 

Metal-Eyes : Je t’ai dit que j’en avais quelques unes…

Amy Love : En gros, on parle de  nos expériences, de ce que nous vivons. Parfois, de ce qui nous inspire au cinéma, comme ce fut le cas avec le film Thelma et Louise qui nous a bien marquées..

 

Metal-Eyes : Justement, c’est le titres d’un de vos Ep, alors qui est Thelma et qui est Louise ?

Georgia South : On avait dit quoi ?

Amy Love : Euh… tu es Thelma…

Georgia South : Je suis Thelma ? On s’en fout…Je ne sais plus.

 

Metal-Eyes : Tant que vous ne finissez pas comme elles…

Amy Love : Non ! On parle de ce que nous avons vécu, deux filles qui ont grandi à Essex. On ajoute ça à l’énergie de notre ressenti dans notre musique, on parle de ce qui est arrivé. On ne parlera pas de choses trop personnelles, de détails, mais on peut aborder le sujet d’un point de vue musical

Georgia South : On ne parle jamais de nos peines de cœur ou de victimisation. « Oh, ce gars m’a brisé le cœur, le méchant ». Non, ce serait plutôt : « Putain, on va le flinguer cet enfoiré ! »

 

Metal-Eyes : C’est un peu plus punk.

Amy Love : On pourrait écrire une chanson d’amour tordu aussi…

 

Metal-Eyes : Vous avez récemment joué au Hellfest, quels souvenirs en gardez-vous ?

Amy Love : 22.000 personnes en face de nous, et c’était épique (elle affiche un large sourire)

Georgia South : Tant de monde, et on jouait à 11h30. On n’attendait rien, en fait… On jouait si tôt, les gens devaient encore cuver… On s’est retournées et il y avait cet océans de gens, cette marrée humaine, on ne pouvait voir le fond… Cette énergie qu’ils nous ont apportée, on l’a vraiment sentie et appréciée. C’est étonnant à cette heure là, le public est vraiment impliqué.

 

Metal-Eyes : Ce qui me surprends, c’est que la plupart des groupes avec lesquels je parle et qui ont joué tôt au Hellfest ont l’air étonné de voir autant de monde le matin. Or, au Hellfest, depuis quelques années, le public est matinal et se fait de plus en plus nombreux.

Georgia South : Et ça, c’est super.

Amy Love : Je crois aussi qu’il y a cette attitude, en France, ce comportement envers la nouveauté. Les gens semblent très ouverts à la découverte de nouveautés. Alors ils se lèvent et viennent découvrir.

 

Metal-Eyes : Crois-tu qu’il s’agisse simplement du fait que les gens sont curieux de découvrir de nouveaux groupes, ou qu’ils ont envie de voir un nouveau groupe composé de filles ? Un peu sexiste comme question, mais ça peut jouer…

Amy Love : Je crois qu’il y a un peu des deux, c’est vrai.

Georgia South : Nous sommes vraiment minoritaires à l’affiche, il y a peu de femmes. Ca joue certainement, en effet…

 

Metal-Eyes : Vous avez pu rencontrer des fans et discuter après ?

Georgia South : On a dû partir juste après… On avait un avion à prendre. On voulait tant voir certains groupes, discuter avec le public, rester et profiter de l’ambiance…

 

Metal-Eyes : Comment vous êtes-vous retrouvées à l’affiche de ce soir, avec Prophets Of Rage ?

Georgia South : On a joué avec eux il y a deux ans au Zénith à Paris, Nous sommes restés bons amis, Tom Morello nous a invitées pour sa tournée solo aussi au Royaume-Uni.

Amy Love : Ils sont super encourageants, ils nous soutiennent vraiment

Georgia South : Ils ont toujours été derrière nous. C’est super !

 

Metal-Eyes : Une dernière question : quelle pourrait être la devise de Nova Twins en 2019 ?

Les deux : La devise ? Waow…

Amy Love : En 2019 ?

Georgia South : « Continue d’avancer »

Amy Love : Oui : « débarrasse toi de ce qui t’emmerde et continue d’avance »

 

Metal-Eyes (à Georgia) : Je préfère ta version, elle est plus élégante ! (rire général)

Amy Love : Je ne suis pas très élégante, désolée ! (rires)

 

Metal-Eyes : Merci pour ces instants, et je vous vois tout à l’heure sur scène.

Georgia South : J’adore cette salle, il faut que je la voie plus…

 

Metal-Eyes : Tu dois y retourner, maintenant… Vous avez votre sound-check

Amy Love : Oui, on y va. Merci à toi, à tout à l’heure !

 

 

 

PROPHETS OF RAGE live à l’Olympia le 8 aôut 2019 (avec Nova Twins)

C’est un concert exceptionnel à plus d’un titre auquel je me rends ce soir: 1/Prophets Of Rage revient en France sans grosse campagne de com’, et 2/ un concert de cette envergure en plain mois d’août, c’est rare! Et franchement, en cette période estivale, seconde semaine du mois où Paris est la plus vide de l’année, ben… l’Olympia est complet ou presque.

Après un petit moment de doute (les photographes accrédités ne seront pas autorisées à rester après les 3 premiers titres de POR) vite réglé par l’ami Roger, nous découvrons les Anglaises de Nova Twins qui avaient  déjà ouvert pour Prophets au Zénith de Paris il y a moins de 2 ans, le 10 novembre 2017 et qui se sont fait remarquer lors de leur passage au dernier Hellfest, jouant tôt face à plus de 20.000 spectateurs. D’autres les auront déjà vues en 2017 au Zénith de Paris en ouverture de… Prophets Of Rage. Seraient-elles devenues, en quelque sorte, les protégées des Américains? Et si j’ai pu apprécié la surprenante courtoisie et gentillesse des deux jeunes femmes qui se réclament, entre autre, du punk au cours d’une interview deux heures plus tôt (à découvrir bientôt), je n’ai pas encore eu l’occasion d’écouter leur musique.

Georgia South (basse) et Amy Love (chant et guitare), accompagnées d’un discret batteur, montent sur scène habillées d’une improbable tenue vert fluo. Concentrées au départ, les filles proposent un rock électro groovy à la fois dansant et hargneux. Un style qui emprunte autant au funk qu’au rock, au heavy ou au punk. Indéfinnissable, la musique de Nova Twins est à l’image de ses musiciennes: un ovni indéfinissable.

 

Annoncés à 20h50, Prophets Of Rage ne démarre finalement son concert que 15 bonnes minutes plus tard. Et c’est DJ Lord (Public Enemy) qui se charge de chauffer le public avec un set… de DJ rappant et scratchant sur divers airs du metal ou US et populaires (de l’hymne américain à Slayer en passant par La marche impériale de Star Wars). Mais que cette intro est longue! 20 bonnes minutes qui finissent par lasser et laisser penser que le groupe ne fait que rogner sur le vrai temps de jeu. Car le public attend tout un groupe, et certains commencent à siffler cette trop longue prestation.

Enfin, la salle est replongée dans le noir pour accueillir Prophet Of Rage dont les musiciens se postent devant la scène, poing levé à la manière de Tommie Smith et John Carlos. Mais personne, ce soir, ne disqualifiera B-Real (Cypress Hill, en survêtement, comme à la maison…), Chuck D (Public Enemy), Tom Morello et Tim Commerford (Rage Against The Machine, Audioslave). Puis la machine se met en branle et les gaillards s’énervent, font sauter un Olympia qui se transforme rapidement en un gigantesque trampoline tant le sol bouge et rebondit.

Si le groupe avait retourné le Zénith deux ans auparavant, il est sur le point de faire de même ce soir. L’efficacité de la setlist imparable fait son oeuvre. Setlist sont on pourra simplement remarquer que 8 titres au minimum sont identiques à celle d’il y a deux ans (dans le désordre: Testify, Living on the 110, Fight the power, Unfuck the world, Guerilla radio, Know your enemy…).

La recette est efficace, un medley en milieu de set permet de caser d’autres titres… Un gimmick que l’on retrouve parmi d’autres comme ce message plaqué derrière la guitare de Morello (pour la France c’est « Soutenir les gilets jaunes », pour les autres pays, ce sera quoi?) L’énergie est présente, l’entente entre musiciens parfaite. On ne regrettera finalement que ce manque de communication avec le public, communication qui aurait pu transformer cette soirée en communion. Mais on ne chipotera pas plus loin, tant ce concert fut explosif de bout en bout.

Le groupe prend congé sur l’indispensable Killing in the name of (bon sang, que c’est encore d’une cruelle actualité!) avant de revenir pour un unique rappel avec le non moins incontournable Bombtrack. Prophets Of Rage n’est pas prêt à dire son dernier mot, c’est une évidence!

 

Merci à Gérard Drout Production et à Roger Wessier (Replica promotion) d’avoir rendu ce report possible

SABATON: The great war

Heavy metal, Suède (Nuclear Blast, 2019)

En quelques années, grâce à des albums impeccables et des concerts exemplaires, Sabaton s’est imposé comme un des fers de lance de la scène metal actuelle, ce malgré une carrière  qui voit la bande à Joakim Broden et Pär Sundstrom célébrer cette année son 20ème anniversaire. Force est cependant de reconnaître que les deux fondateurs ont pris la décision qu’il fallait en remodelant complètement le groupe avant l’enregistrement de Heroes. Depuis, Sabaton navigue de succès en succès et sa double prestation en roue de secours du Hellfest (on rappelle pourquoi?) ne fera qu’embellir encore l’aura des Suédois. Après avoir conté des épisodes de bravoures au cours de l’Histoire avec The last stand, Sabaton se plonge aujourd’hui, avec The great war, dans la première guerre mondiale. Toujours sur fond de ce metal joyeux, enjoué et entraînant, le groupe nous emporte dans ces sombres années de la grande guerre. The future of warfare, qui introduit l’album, déroute quelque peu par ses aspects lents et sérieux. Les touches plus prononcées d’électro – qu’on retrouve de façon plus importante que dans les derniers albums – y sont pour beaucoup. Heureusement, dès Seven pillars of wisdom – qui traite d’un certain Lawrence d’Arabie – on retrouve la recette qui fait mouche. La suite est une fête non stop composée de ces refrains imparables (The attack of the dead men et son refrain saccadé, Devil dogs et ses choeurs…) The red baron (de son vrai nom Manfred von Richtofen, pilote de légende) explore avec efficacité de nouveaux horizons et ses claviers typés orgue d’église et un rythme qui accélère subrepticement. L’album se conclue avec le mélancolique et lourd The end of the war to end all wars mais surtout avec le superbe chant In flanders fields. Une prière émouvante qui vient clore un album qui, sans conteste, divisera de nouveau; les anti vont le détester – il y en a encore, qu’ils passent leur chemin – les fans vont adorer – il y en a de plus en plus. La preuve? The great war est déjà entré dans les char(t)s mondiaux. On notera aussi, comme ce fut déjà le cas sur l’album précédent, la richesse des notes qui accompagnent chaque chanson. Alors pour le metal, le show et le fun: vivement le Zénith à Paris! Pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez retrouver l’interview que Joakim a accordée à Metal Eyes ici: Interview Sabaton