EPICA: The holographic principle

epica-2016Metal symphonique, Pays-Bas (Nuclear Blast, 2016)

Plus qu’une confirmation, The holographic principle, le dernier album d’Epica, est un aboutissement. Avec aujourd’hui 5 compositeurs dans le groupe, on aurait pu croire que les Bataves se disperseraient; il n’en est rien. Au contraire, on sent une plus grande maturité et une unité sans doute jamais atteinte par Epica dont les compositions sont riches, ingénieuses et percutantes. Variées, aussi. Avec des durées allant de moins de 3′ à plus de 11′ (Eidola et The holographic principle – a profound understanding of reality, respectivement en ouverture et en fermeture de l’album), Epica ne vise pas les radios. Le groupe cherche au contraire à ravir de nouveaux fans, en proposant des compositions à la fois familière et novatrices. En ceci, l’appel à de vrais instruments est remarquable car la différence avec les samples est nette. On retrouve certaines marques de fabrique d’Epica, les growls de Mark Jansen, la grandiloquence vocale de Simone Simons… En travaillant autour du thème de la réalité virtuelle (le principe holographique nous est expliqué par Mark dans cette interview), Epica continue dans la veine scientifique entamée plus tôt.  Sans être spécialement calibré pour séduire les radios, The holographic principle s’adresse au plus grand nombre, (on pense aux accents orientaux de A phantasmic parade, par exemple)en dépit d’une légère perte de vitesse à mi parcours (deux trois morceaux, à partir Divide and conquer) ou le morceau de cloture, sans doute trop long pour être vraiment digeste. une telle oeuvre aurait sans doute bénéficié d’un temps raccourci et Epica aurait certainement évité le côté parfois fouillis de la chose. Reste que ce The holographic principle est suffisamment varié pour qu’Epica ne perde pas l’auditeur en cours de route et que cet album remplit parfaitement son rôle: faire avancer Epica d’un grand pas.

Note: 8/10

Titre que je retiens: Tear down your walls

 

Bun E. CARLOS: Greetings from Bunezuela

bun-e-carlos-greetings-from-bunezuelaRock, USA (SPV, 2016)

Bun E. Carlos fait partie de ces icônes que seuls les USA sont capables d’offrir au monde. Musicien passionné, amoureux de la vie, le batteur est avant tout célébré pour sa vie passée au sein de Cheap Trick. Mais un groupe n’a jamais été assez, et le gaillard a passé sa vie à frapper ses fûts pour qui le souhaite. La carte postale de vacances qu’il nous offre aujourd’hui avec Greetings from Bunezuela est une bouffée de fraîcheur bienvenue. Bien qu’offerte en début d’été, cette escapade permettra à chacun de prolonger un peu ses vacances. Car un mot s’impose comme unique fil conducteur tout au long des 13 chansons : fun. Avec une pléiade d’invités certainement de marque (je ne connais que Hanson…) ce sont des rythmes universels qui viennent égayer notre quotidien. Jamais sérieux, comme avec son groupe « de tous les jours », les bons mots flirtent avec de jolies mélodies, simples, directe, entraînantes. Ce n’est ni hard, ni rock, ni rien, c’est un peu tout, et surtout, c’est pop et passe partout. Les Français s’amuseront naturellement de cette hilarante reprise de Jacques Dutronc, Les cactus, dans un français à l’accent charmant et hilarant. Bun E. Carlos se fait plaisir sans chercher plus. Ce Greetings est un moment de plaisir pur. Il se délecte, mais ne dure qu’un moment. A écouter entre potes en grignotant une pizza.

DIVE YOUR HEAD: Le prix du sang

dive your head 2016Metal, France (Autoproduction, 2016)

Qu’on se le dise (en tout cas, pour ceux qui ne connaissent pas mes goûts): j’aime pas quand ça gueule. J’aime les chanteurs. Pas les hurleurs. Pas ceux qui passent leur vie à faire des vocalises, non, ceux qui chantent. Alors je reste quelque peu mitigé avec Le prix du sang, premier album des Français de Dive Your Head (euh… ça signifie quoi « plonge ta tête???) Le groupe, formé en 2012, s’oriente dans une veine neo metal revendicative. Et son vocaliste, Luca, décide de jouer sur les deux tableaux, chant clair (et agréable à mes oreilles) et cris d’une rage non contenue. Musicalement, rien à dire, pour ceux qui apprécient ce style: les gars savent où ils vont, et y vont avec envie. Littérairement, les textes sont réfléchis et foutrement actuels (Avaritia, IRA) ou partent dans des délires d’amateur de jeux vidéo (l’histoire du gaming revisitée et un autre regard posé sur le monde avec Inviola). Donc, oui, il y a beaucoup à découvrir sur cette carte de visite ensanglantée, et l’énergie vocale s’explique aussi par la colère des propos. J’aime pas ça, mais je le comprends. Et d’autres y trouvent leur compte aussi.

Note: 7,5/10

Titre que je retiens: Avaritia

BARB WIRE DOLLS: Desperate

Barb-Wire-Dolls-2016Metal/Punk (?), Grèce (UDR, 2016)

Barb Wire Dolls, un nom qui vous est sans doute déjà familier? Le groupe formé en Grèce vient de publier son 3ème album, Desperate, après Fuck the pussies en 2011 et Slit en 2012. Il aura donc fallu 4 années à Isis Queen et sa troupe, repérés par Mr Lemmy himself, pour nous offrir cet album paru chez UDR qui, décidément, a décidé de se diversifier. Personnellement, je ne sais pas si c’est la meilleure politique commerciale, mais cela, l’avenir nous le dira. Revenons au sujet principal: ce Desperate nous présente des aspects grungy , Isis adoptant un chant punkisant, hargneux, qui se veut quelque peu irrespectueux. Le look des musiciens est à l’identique. Jusque là, BWD n’invente rien. Musicalement… non plus, l’ensemble manque de pêche, reste dans une veine pop rock ou gentiment punk. Si Drown est une ouverture joliment entraînante, la suite évoque ici Police (Surreal), un sombre Nirvana (Desperate, ça tombe bien!). C’est sympathique, mais… il faut attendre Darby crash, qui suit une ballade 1000 fois entendue (I will sail), pour qu’enfin les choses commencent à bouger sérieusement avec ce titre ouvertement punk. Dommage, c’est le 8ième… Quelque chose cloche, car, dans le fond, les guitares sont bien présentes et cherchent à tout ravager, et le groupe veut marquer. Mais, quoi? C’est sans doute la faute à une production qui rend cet album quelque peu trop « radio friendly ». Dans l’ensemble, ce Desperate se laisse donc écouter aisément sans toutefois être vraiment marquant. Sans être un faux pas du label, c’est un pari qui me semble sans grand intérêt.

Note : 6/10

Titre que je retiens; Darby crash

Photo de la semaine: EPICA

SONY DSC

Oui, bon, je sais: encore une photo de festival! Et? L’avantage d’un tel événement est justement de pouvoir capter un maximum d’images et de décibels en un temps record. Et quand en plus Epica est sur scène… Simone Simons, au-delà d’être une grande vocaliste, est également une frontwoman efficace, qui sait jouer de sa longue chevelure sans pour autant se démonter la tête. Ce jour-là, 21 juin 2015, pour mon troisième Hellfest, le soleil radieux permet de capter, avec mon Sony A450, ce cliché à 1/500 de seconde, la sensibilité étant alors réglée à 400 ISO, et l’ouverture se calant à F/8. Si certains peuvent reprocher le cadrage qui coupe une bonne partie des cheveux de la belle, c’est justement une des choses qui me plaisent. L’autre étant cet équilibre qu’elle cherche avec ce pied de micro. Le visage de Simone, également, est détendu, la chanteuse visiblement très à l’aise, ne subissant aucune pression. On pourrait même croire qu’elle est en train de dormir… Simple, et efficace.

Interview: KISSIN’ DYNAMITE

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Rencontre avec Hannes Braun (chant) et Andy Schnitzer (batterie) de Kissin’ Dynamite. Propos recueillis à Paris, le  1er juillet 2016

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Metal-Eyes : Megalomania est sorti il y a moins de deux ans et vous revoici avec un nouvel album. D’où proviennent cette énergie et cette créativité ?

Hannes : La créativité peut provenir de partout… Tu es comme une antenne, tu écoutes attentivement, observes attentivement ce qu’il se passe et tu n’as pas besoin d’être trop réceptif à ce qui t’entoure tellement il se passe de choses, politiquement, les médias sociaux… On peut parler de mégalomanie. Tout ça se retrouve sur Generation goodbye en matière d’e thèmes et d’idées. Il n’a jamais été question de réaliser un concept album, bien que ça y ressemble. Il y a eu comme un fil rouge qui nous a traversés, et nous sommes très fiers du résultat qui est très organique. Pour la première fois , nous avons tout fait nous-mêmes, de la composition à la pochette, la production…

Andy : Je crois que si tu as le contrôle de ce que tu fais, si tu aimes ce que tu fais, ça te donne l’énergie, et tu paux encore mieux travailler. Si tu n’es pas satisfait de ce qu’il se passe, parce que quelqu’un a pris le contrôle, cette énergie disparait. Mais nous sommes vraiment contents du résultat.

Metal-Eyes : Comment décrirez-vous votre évolution depuis Megalomania, qui était déjà très bien accueilli ?

Hannes : Tout d’abord, Megalomania était très important à nos yeux parce qu’il nous a vraiment permis de comprendre nos limites en ce qui concerne ce que nous pouvons mélanger entre nos influences 80’s, d’où nous venons, et la musique moderne avec laquelle nous vivons. C’était un cheminement naturel. Pour trouver la balance, le juste équilibre, tu dois parfois pencher plus à droite, d’autres fois, plus à gauche jusqu’à trouver cet équilibre. Pour nous, je pense que cet équilibre est Generation goodbye, parce qu’il y a moins de sonorités électroniques. Il y en a encore, si tu écoutes Hastag your life ou  She came she saw, il y a des parties industrielles, mais plus aussi agressives, elles sont plus en arrière plan. La construction est plus organique…

Andy : Ca fait partie des morceaux, mais vraiment en fond, en soutien des chansons.

Metal-Eyes : Vous êtes revenus à quelque chose d’un peu plus rock’n’roll basique ?

Hannes : On peut dire ça, oui. Mais sans renier ce que nous avons fait avec Megalomania. Megalomania a été très important pour nous, Nous avons soudain joué dans des salles 5 fois plus grandes qu’avant, nous avons eu de plus nombreux fans… Certains de nos fans les plus anciens ont dit qu’ils ne pouvaient pas accepter ça, les plus conservateurs, et ça arrive. Mais ce qui est important à nos yeux est que nous ne cherchons jamais à satisfaire les attentes des fans. Si nous faisions cela, nous enregistrerions toujours le même album ! Les fans ne sont pas si ouverts que ça, ils veulent que leurs groupes préférés, ceux qu’ils aiment le plus, restent les mêmes, toujours –

Metal-Eyes : Il y a AC/DC pour ça !

Andy : Oui, mais AC/DC est comme ils sont. Nous sommes ce que nous sommes aujourd’hui, mais nous ne pouvons en dire autant de notre passé, il y a 4 ans à peine.

Metal-Eyes : C’est ce qu’on appelle généralement « évolution ».

Hannes : Oui. Tu sais, on a une image, ce que j’appelle notre « boussole interne », ce qui te montre toujours la bonne direction. Il suffit d’observer, de sentir ce que cette boussole t’indique. Nous écrivons toujours nos chansons en tenant compte de ce que notre boussole nous indique pour combler au mieux NOS désirs. Le pire qui puisse arriver, c’est d’écrire une chanson pour les fans, chanson que nous n’aimons pas vraiment et que nous imaginons puisse leur plaire. Mais si tu n’aimes pas profondément ce que tu fais, tu peux être 100% certain que les gens ressentirons la même chose.

Andy : Tu ne peux pas toujours tout aimer, mais tu ne peux pas satisfaire tout le monde

Hannes : Tu peux seulement être juste envers toi-même. Si tu célèbres totalement ce que tu fais, si tu es à 200% dedans – et c’est mon cas, j’écoute en permanence notre CD dans la voiture, ce qui est bon signe, car si je n’en étais pas fier, je me cacherai – c’est ce qui peut t’arriver de mieux. Si tu aimes vraiment ce que tu fais, tu peux être certains qu’il y aura des gens pour l’apprécier aussi !

Metal-Eyes : Quelle est la signification du titre, Generation goodbye?

Andy : Cela reflète juste notre époque et notre génération… C’est devenu un sujet important à nos yeux, comme une ligne rouge pour cet album, qui au final traite du même thème. Notre génération, dispose de tant de possibilités aujourd’hui, en matière de médias, réseaux sociaux, streaming – en un clic, tu peux écouter des millions de chansons – Youtube, les avions, la mondialisation… Tout est possible, mais nous pensons que c’est trop pour nos cerveaux. Les gens ne sont pas plus heureux, mais ils sont plus nerveux, stressés, car ils voient toutes ces possibilités et pensent « mince, j’ai peut-être raté quelque chose… » Tu vois ce gars sur cette plage et tu te dis que cette plage est mieux que celle que tu as choisie…

Hannes : L’herbe est toujours plus verte chez le voisin…

Andy : Ce n’est pas bon, si cette technologie te rend nerveux… Nous rappelons simplement aux gens, avec cet album, ce qu’est la vie, Carpe diem, prenez votre temps, vivez le moment présent, on ne peut se trouver à deux endroits en même temps. Faites ce que vous faites à fond et ne cherchez pas à gagner de l’argent, de la célébrité, du pouvoir sur tout… C’est inutile, aveugle et stupide ! Dites simplement bonjour à la vie.

Metal-Eyes : Hannes, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, tu me disais que, généralement, on vous demandait si vous pensiez pouvoir faire mieux pour votre prochain album. J’inverserai donc la question en te demandant si tu es à 100% certain que Generation goodbye est meilleur que Megalomania ?

Hannes : oui, oui, sans l’ombre d’un doute, et voici pourquoi: Generation goodbye ne perd pas cet esprit accrocheur, cette énergie qui définit Kissin’ Dynamite. Il y a de grosses mélodies qui rentrent dedans, que lles gens chantent… Nous avons travaillé comme toujours, mais le feeling qui émane de ces chansons est tellement plus vrai, sincère que nous avons vraiment le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’important.

Andy : Nous voulons diffuser un message avec cet album, c’est volontaire. Avec les disques précédents aussi, mais c’était vraiment un objectif cette fois-ci, ce qui est cool pour un artiste, je pense.

Hannes : Et je ne pense pas qu’on puisse faire de la musique sans message. Je suis radical, oui. La musique est un art, et l’art devrait toujours porter un message. Nous avons composé des chansons avec un message dans le passé, mais pas aussi poussé, profond. Je pense qu’un message doit être transmis, pas simplement « quelque chose que le monde doit savoir » pas une simple pensée. Nous ne sommes bien sûr pas les seuls, et je crois que ce qui se passe dans le monde n’est pas équilibré, et il y a beaucoup de personnes qui le disent. Nous le faisons avec notre propre langage, celui de Kissin’ Dynamite.

Andy : Pour moi, le message n’est pas simplement compose des paroles, mais aussi par notre musique. Quand Hannes m’envoie ses idées musicales, il y a comme une vibration et je sais quel type de paroles je dois écrire pour coller à l’esprit.

Hannes : Andy et moi avons souvent des conversations philosophiques, ce que nous adorons. ET nous sommes tous deux à 100% convaincu que quoi que tu fasses dans ta vie sera meilleur si c’est sincère, authentique et si ça vient de manière organique, sans pression ou stress. Il faut sentir cette magie qui te fait avancer, qui fait glisser les choses naturellement. C’est pourquoi je crois vraiment que Generation goodbye est l’album le plus accrocheur et authentique, celui qui sera retenu de tout notre travail.

Metal-Eyes : Si vous deviez choisir, chacun, une chanson de Generation goodbye pour décrire ce qu’est aujourd’hui Kissin’ Dynamite, laquelle serait-ce?

Hannes : Ouh, c’est un décision difficile! Choisir un seul titre ? Tu sais, c’est comme une photo pleine de détails… Kissin’ Dynamite est toujours un groupe d’entertainement et notre message n’est pas négatif, nous ne disons pas que le monde est en feu que tout va mal, ne sortez plus jamais de votre chambre ! Nous sommes là pour dire aux gens que le monde actuel n’est pas équilibré mais que l’on peut s’en sortir, et nous sommes là pour leur montrer. En tout cas, avec nos moyens. Tout commence avec l’humain. Le monde ne brûle pas, il se fait brûler par les hommes. Je choisirais Generation goodbye, je ne sais pas pour toi, Andy ?

Andy : Oui, je choisirai le même morceau, pour ce que tu viens de dire, mais aussi parce que cet album est composé de ballades et de titres plus rentre-dedans et que Generation goodbye est un bon mix des deux. J’aime cette chanson, c’est une de mes préférées, car elle a cet esprit doux amer.

Hannes : Elle traite du fait, ce que nous vivons tous, de quitter ce que tu connais, et ce n’est pas facile de quitter ce qui n’a jamais changé, qui est devenu une habitude. Ça, c’est le côté amer, tandis que la douceur, c’est se dire que nous pouvons réaliser de nouvelles choses, meilleures, si l’on regarde ce qu’il y a au-delà de l’horizon, des villes, des murs. Avoir l’espoir de pouvoir commencer quelque chose de neuf, d’avoir le courage de ne pas accepter ce qui est tel que c’est. C’est un sujet totalement rock’n’roll. Ne pas accepter ce que tu es, ce qui est, si tu as le sentiment qu’il y a quelque chose de mieux.

Metal-Eyes : Vous êtes actuellement en voyage promo, et c’est le première fois pour toi, Andy. Trouvez-vous le temps de visiter les villes où vous vous arrêtez ?

Hannes : Non (rires) ! Mais nous sommes déjà venus 5 ou 6 fois à Paris, et nous avons pu voir la superbe tour Eiffel. Hier, nous allions en voiture à notre hôtel et nous avons pu apercevoir, rapidement l’Arc de Triomphe, style « oh, l’Arc de Triomphe… trop tard ! »  Mais malheureusement, nous ne faisons pas de tourisme… MAIS : nous allons au restaurant et mangeons fabuleusement bien !

Andy : Et on s’installe aux terrasse et regardons les femmes passer.

Hannes : Nous sommes toujours épatés par la beauté de femmes françaises ! Il y a tant de jambes !

Andy : Des jambes jusqu’au ciel…

Metal-Eyes : Bien que le temps ne soit pas le meilleur pour ça.

Hannes : Que se passe-t-il par beau temps ???

Metal-Eyes : Les tenues se raccourcissent! Kissin’ Dynamite est le titre d’une chanson d’AC/DC. Que pensez-vous des derniers événements dans la vie du groupe ?

Andy : J’ai toujours été un grand fan d’AC/DC et, d’un côté, ce qui s’est passé l’an dernier est dingue, et Generation goodbye aborde aussi ce thème, nos héros les plus anciens qui disparaissent… J’ai vraiment aimé le chant d’Axl qui m’a vraiment scotché, mais d’un autre côté, je suis triste parce qu’il n’y a plus Brian Johnson qui distille la joie de vivre. Il a toujours le sourire, je crois qu’il a toujours pris son pied avec AC/DC. Je crois qu’Axl est un bon musiciens, un bon chanteur, mais il n’est pas aussi heureux. Ce n’est pas ainsi que devrait être AC/DC.

Hannes : Je crois que tous les débats qu’il y a eu sur internet et les réseaux sociaux étaient inutiles, car qui sommes nous pour juger d’une décision que prend un groupe comme AC/DC? Nous sommes les fans, et, naturellement, les fans aiment leurs repères. Mais nous n’avons aucun droit de juger une décision. Nous pouvons la critiquer, oui, mais j’ai lu tant de choses « ils devraient arrêter plutôt que de monter sur scène avec ce gars ! »… En fait, j’ai été beaucoup plus attristé par la situation de Brian, qui m’a toujours semblé vivre pour le rock, être terre à terre, et il a un vrai problème de santé. On doit toujours prendre sérieusement ces soucis de santé. Jai été heureux il y a quelques semaines lorsque j’ai appris qu’il avait trouvé un spécialiste qui pourrait l’aider et qu’il pourrait revenir sur scène. J’espère qu’AC/DC le laissera revenir. Je suis jeune, et je n’ai jamais eu le sentiment que Brian Johnson était le « nouveau » chanteur d’AC/DC. Il a tété leur chanteur pendant 40 ans, il est LE chanteur d’AC/DC ! Je ne dis rien de mauvais au sujet d’Axl Rose qui a prouvé qu’il pouvait le faire…

Andy : Et je suis simplement content d’avoir pu voir AC/DC à plusieurs reprises, et si j’ai des enfants et des petits enfants, je pourrais leur raconter !

Noise Lebt! BMG célèbre le label allemand

Noise

Quel rapport existe-t-il entre Helloween, Kreator, Tankard, Sinner, Running Wild et Grave Digger? Jusque-là, ok, on imagine bien: ces groupes sont allemands. Mais si l’on rajoute Kamelot (Usa) et Skylad (GB)? Quel rapport, hein? Dites? Musical? On navigue du speed au thrash, du heavy au folk metal… Non, ce n’est pas ça. Cherchons donc ailleurs.

Le seul point commun est que ces groupes ont débuté grâce au légendaire label Noise records. En 2016, BMG a décidé de célébrer chacune de ces formations en publiant une série de 8 doubles compilations. Une par groupe. La matière est là. L’histoire aussi. Petit retour en arrière.

Après avoir forgé ses armes via son premier label – Modern music records et sa division Agressive Rock Producktionnen (principalement axée punk US et allemand), Karl-Ulrich Walterbach fonde le label Noise International en 1983 et se spécialise dans le heavy metal et le thrash. Il décide d’apporter soutien et ressources à la scène allemande, alors dominée par Scorpions et Accept qui a enfin explosé les compteurs avec deux albums incontournables (Breaker en 1981 et Restless and wild en 1982, ça vous dit quelque chose?) Parallèlement, le monde du metal prend une gifle énorme avec la sortie du premier album de Metallica, laçant le mouvement thrash. Si au départ Karl-Ulrich se lance dans l’aventure avec des groupes allemands, il élargira les frontières au niveau européen (même ADX et Agressor ont trouvé refuge chez Noise, pas forcément, malgré de gros espoirs, avec les résultats escomptés… ) puis international. Il publiera ainsi,jusqu’à la disparition de Noise, un peu moins de 400 disques et réussira, souvent, à fidéliser ses groupes.

Outre ceux qui font l’objet de ces compilations, Noise International s’est occupé des affaires de Bathory, Celtic Frost/Hellhammer, Coroner, Destruction, DragonForce, Exciter, Gamma Ray, Grinder, Heavenly, Iron Saviour, London, Messiah, Mordred, OverKill, Pissing Razors, Rage, Sabbat, Scanner, Stratovarius, Silent Force, Thor (c’te blague!), Virgin Steele, Voïvod, Warhead, Witchtower, parmi de très nombreux autres… Et, oui, certains de ce groupes se sont fait une place au soleil en écrivant quelques jolies pages de l’histoire du metal.

Avec un telle richesse, il semble naturel que certaines de ces formations soient de nouveau célébrée pour ce passé. Qu’ils soient enjoués, foncièrement metal et heureux de vivre (Helloween, Running Wild, Kamelot), heavy et plus « sérieux » (Sinner, Grave Digger), violemment thrash (Kreator), imbibés et fiers de l’être (Tankard) ou folklorique (Skylad), cette série de compilations nous offre un véritable voyage culturel au pays de l’oncle metal. Notons tout d’abord que chaque coffret est agrémenté d’un livret de 16 pages, résumant les parcours individuels, le tout agrémenté de quelques photos d’époque. Certes, plus de visuels aurait été bienvenus, mais l’objectif reste bien de remonter le temps et de comprendre les origines de ces formations. C’est chose faite grâce à la plume de Malcolm Dome, journaliste anglais passionné de metal, connu pour ses écrits chez Kerrang!, Metal Hammer ou encore Classic Rock, mais également ses ouvrages consacrés à AC/DC, Metallica, Van Halen, ou Aerosmith. Il signe ici 6 des 8 livrets (tous, donc, sauf ceux de Tankard, rédigé par Xavier Russel, et Kamelot signé Kylie Olson). Un indicateur de plus de la qualité de cette série.

Ces doubles albums totalisent 242 chansons (environ 30 titres par groupe), couvrant une période allant de 1983 à 2003. Concrètement – et chronologiquement – on retrouve l’histoire de la joyeuse piraterie de Running Wild de 1983 à 1995 couvrant donc sa discographie de Gates to purgatory à Masquerade , celles des amoureux du heavy traditionnel (contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire…) Grave Digger (1984-1986), soit ses 3 premiers albums (Heavy metal breakdown en 84, Witch hunter en 85 et War games en 86 plus un clin d’œil du coté de Digger et de son Stronger than ever de 86). Sinner, tout aussi puissant et mélodique, se voit remémorer son passé de 1984 à 1987, période qui, de Wild and evil à Dangerous charms, vit naître deux indispensables albums (Touch of sin et Coming out fighting en 86 et 87. Kreator, l’un des géants du thrash made in Teutonie bénéficie pendant 7 ans du soutien de Noise à partir de 1985, et sa première déflagration que fut Endless pain, premier méfait d’une sainte trilogie, suivies d’autres réussites jusqu’à Renewal en 1992, tandis que Helloween, maitres du speed mélodiques sont restés fidèles au label  de 1985 à 1998, de Walls of Jerricho à Better than raw. Les buveurs de bières que sont Tankard, proches de la mouvance thrash et pas sérieux pour une pinte, ont presque célébré une décennie de gaudriole, entre 1986 et 1995, soit 7 lp de Zombie Attack à The Tankard.

Noise s’oriente ensuite vers d’autres contrée et dégote, entre autres les américains de Skylad, parmi les créateurs du folk metal, qui signent, entre 1991 et 1995, pas moins d’un album par an dont le très remarqué premier essais – The wayward sons of mother earth ou, en 1994, le superbe Prince of poverty line. Egalement Américain, Kamelot voit ses débuts de 1995 à 2003, soit de Eternity à Epica (tiens donc, E en initiale… Un signe?), permettant de noter la progression d’un grand du power metal. Naturellement, le son nous replace rapidement dans l’esprit de ces différentes périodes, et l’auditeur se rend compte, à nouveau, des progrès technologiques au cours de ces 3 décennies. Surtout, de l’ouverture d’esprit du fondateur de ce label mythique, qui, en véritable passionné, sait aller chercher en dehors de sa zone de confort. Un pari risqué, certes, mais un pari réussi, témoignage d’une époque où « oser » signifiait encore quelque chose. (hein??? Nostalgie??? Meuh non…)

Noise lebt! indispensable dans toute bonne discothèque? En tout cas, chacun y trouvera de quoi satisfaire ses envie de décibels, d’énergie ou de furiosité. Et si ça pouvait donner des envies à d’autres (je sais pas, moi, des compilations Devil’srecords, ça vous tenterai???) En attendant, chacun pourra se faire plaisir tout en se cultivant. Et étaler sa science du metal en bonne société!

JOE BONAMASSA: Blues of desperation

Bonamassa 2016Hard rock, USA (Provogue, 2016)

Oh, ce bonheur d’écouter Blues of deperation! This train, qui ouvre l’album, est une véritable locomotive entraînant dans son sillage les 10 wagons de ce train de rock, de blues, de tripes et de vie. Cette introduction au rythme endiablé est une ouverture sur la suite, plus nuancée, qui nous ramène au pays du blues rock. Pas celui sec et plat, non, celui gras et généreux. Mountain climbing, plus foncièrement rock, est suivi de Drive qui ralentit un peu la cadence, mais le message est clair: ce disque est varié et, surtout, propose un paquet de soli que seul des grands de cet acabit sont capables de nous offrir (ah, ces passages sur No good place for the lonely et Blues of desperation!). Joe Bonamassa nous entraîne donc dans un voyage au(x) pays du blues, de Memphis, Tenessee, aux bayous de Louisiane. Le décor change donc régulièrement, se faisant ici rock (toujours), puisant là dans la soul ou le gospel (la ballade The valley runs low, ainsi que la plupart de choeurs), ou encore dans l’esprit rock des 60’s (You left me nothin but the bill and the blues). Pas un morceau n’est ici plus faible que l’autre, démontrant, s’il en était besoin, que la bonne musique n’a pas d’âge et n’est jamais dépassée quand elle sait rester simple et venir du fond de ses tripes ou de son âme. Ca, Joe l’a bien compris et c’est un grand, très grand disque que nous propose maître Bonamassa. Malgré son titre, ce Blues of deperation est lumineux, ensoleillé et enchanteur.

Note: 9,5/10

Titre que je retiens: This train

THE BROWNING: Isolation

browning 2016Thrash, USA (Spinefarm, 2016)

A la base, The Browning, c’est pas mon truc. Le chant hurlé de Johnny MacBee, fondateur et seul rescapé de la formation originaire de Dallas, Texas, a tout pour me rebuter. Mais il y a, sur ce troisième album, Isolation (précédé en 2011 de Burn this world et en 2013 de Hypernova) ce petit quelque chose qui me pousse à écouter au-delà de ce chant. Car The Browning ne fait pas que bourriner et taper dans le tas. En intégrant à son thrash sans concession, proche du death, des tonalités électro totalement assumées, en modulant le chant avec des sons « robotisés », The Browning parvient à créer un univers sonore organique que je définirais volontiers comme, permettez-moi – modeste que je suis – d’inventer un mot, de l’electhrash. Le mariage des deux univers peut sembler surprenant, certes, mais s’inscrit parfaitement dans l’esprit explorateur du rock et du metal. On ne pourra pas accuser The Browning de ne pas renouveler le genre. Simplement, à trop vouloir se distinguer, il est probable que le quatuor perde de vue la nécessité d’accrocher son auditeur sur la durée. Là, je décroche, et n’ai guère envie d’écouter plus de trois chansons d’affilée. Un album qui ne s’apprivoise pas facilement, et qui nécessite plus d’une écoute, Isolation fait partie de ces albums d’une repoussante séduction: une bête à apprivoiser.

Note: 7/10

Titre que je retiens: ?

VICIOUS RUMOURS : Concusion protocol

vicious rumours 2016Heavy Metal, USA (SPV, 2016)

Dans la famille « Tenace », je demande le père (fondateur)!  Lorsque le guitariste Gary Thorpe fonde Vicious Rumours à la fin des années 70, il ne s’imagine certainement être encore présent en 2016. Encore moins que son groupe sera un lieu de passage encore plus « ouvert » qu’un moulin. On ne compte en effet plus le nombre de ses collaborateurs. Cependant, Vicious Rumors a, dès ses débuts, proposé un heavy metal rentre dedans, direct, qui s’est retranscrit, entre 1986 et 1991, au travers de 4 albums remarqués, ensemble conclu par l’enregistrement à Tokyo d’un live, Plug in and hang on en 1992. Ensuite, ce fut la bérezina… Le public s’est orienté vers d’autres sons, le groupe, sans doute à cause d’un manque de stabilité du line-up, a perdu en créativité, s’est cherché, mais Thorpe, vaille que vaille, a maintenu le cap. Seule une lueur d’espoir vient rassurer le fondateur avec l’explosif Warball (1996), mais le groupe connait une nouvelle longue période de veille de 5 ans. pourtant, depuis 2011, la confiance semble revenue, la créativité également, grâce à 2 albums remarquables, Razorback killers en 2011, puis Electric punishement paru en 2013, qui voit l’arrivée du vocaliste Tilen Hudrap. Aujourd’hui, en 2016, Concusion protocol vient nous rassurer quant à l’efficacité de Vicious rumors. les Américains optent ici pour une variété sonore dont le point commun reste l’énergie. En alternant entre titres (très) rapides (Concusion protocol, Chasing the priest, 1000 years, Every blessing’s a curse) morceaux plus heavy mid tempo (Victims of a digital world, Bastards sans doute le morceau le moins efficace de l’album) voire popisant (Last of our kind), en s’offrant la heavy ballad « obligatoire » (Circle of secrets) ainsi que LE titre prévu pour faire chanter le public en concerts (Take it or leave it), en évoquant en filigrane les grands de sa génération (en vrac, Accept, Iron Maiden Slayer, Metallica) ou de plus jeunes (on croirait entendre le chanteur des Dannois de Serpent Saints), Vicious Rumors s’adresse à un large public. La production, sobre et tranchante, rend honneur à l’ensemble car elle n’en fait jamais trop. Concusion protocol est taillé pour lefficacité et ne doit désormais plus passer que l’épreuve de la scène. Et Vicious Rumors doit enfin s’imposer et trouver sa vraie place.

Note: 8,5/10

Titre que je retiens: Chasing the priest