Interview: LIV SIN

Entretien Liv Sin. Rencontre avec Liv JAGRELL (chant). Propos recueillis à Paris le 17 mars 2017

 

Fraîchement arrivée de Londres, Liv Jagrell, chanteuse de feu Sister Sin, vient défendre son nouveau projet, Liv Sin. C’est à Paris que nous la retrouvons autour d’un café et il ne faut pas la forcer à parler tant elle a de choses à dire. Aussi charmante que bavarde…

Metal-Eyes : Avant de parler de ton album, je voudrais revenir un peu en arrière afin que tu nous expliques les raisons qui t’ont poussée à mettre un terme à Sister Sin et celles qui t’on motivées à revenir avec Liv Sin

Liv : Nous avons splittés parce que nous étions épuisés par les tournées. Certains plus que d’autres… Le batteur et moi, nous étions constamment en tournée avec Sister Sin. Pendant pratiquement 10 ans. En 2015, nous avons tourné avec UDO en Europe, sommes allés au Mayhem festival en Amérique. Lorsque nous sommes revenus de ce festival, nous étions tous épuisés, mais, deux d’entre nous, le guitariste et le bassiste n’avaient plus envie de repartir en tournée. Tu ne peux pas forcer les gens à reprendre la route. Après deux semaines à la maison, j’ai besoin de repartir, mais eux nous ont fait comprendre que non « je ne veux plus partir ». C’est la raison pour laquelle nous avons splitté, car au final il y avait moi, et David, le batteur qui étions partant. Trouver deux nouveaux membres, qui s’intègreront parfaitement au groupe demande beaucoup d’énergie… Et ça ne ressemblerait pas à Sister Sin s’il n’y avait que nous deux.

Metal-Eyes : il semblait plus logique à tes yeux de splitter et de te lancer avec Liv Sin ?

Liv : Oui, car au départ, David et moi avons été pris par surprise. On croyait que ça durerait toujours. Les deux autres avaient sans doute déjà en tête cette décision mais ils ne nous ont rien dit avant d’en avoir vraiment marre. Au départ, je ne savais pas trop quoi faire… j’étais perdue pendant quelques mois. Sister Sin était toute ma vie, j’avais monté ce groupe, y ai mis ma personnalité en tant que chanteuse et quand tu perds ça, c’est comme… « que fais-je maintenant, qui suis-je ? » J’ai été instable pendant un certain temps et ne savais pas… Bien sûr, je voulais jouer de la musique mais je ne savais pas par où commencer. A zéro ? Avais-je l’énergie de reprendre à zéro ? Où trouver un label ?

Metal-Eyes : Et des musiciens…

Liv : Et des musiciens ! Il m’a fallu quelques mois de réflexion avant de décider si je voulais vraiment le faire, et comment le faire. J’avais déjà en tête quelques musiciens. Le batteur, qui est mon petit ami et nous avait déjà dépannés au sein de Sister Sin, quand David a eu un enfant, il ne pouvait plus tourner autant. Je savais que ce batteur (Per Bjelovuk) serait le bon. Je lui ai dit : « ok, je lance un nouveau projet, tu en seras le batteur et tu ne peux pas dire non ! » (rires). J’ai un peu d’autorité (rires). C’était sympa parce que nous avons pu prendre le temps de nous asseoir, d’en parler et nous avons une vision commune du projet. C’est là que ça a commencé, mais je devais écrire et composer des chansons, trouver les musiciens… Plein de choses, mais j’avais mon manager, de Sister Sin, qui continue de travailler avec moi car il croit aussi qu’il y a encore des choses à faire. J’ai essayé d’écrire les chansons moi-même – je joue un peu de guitare mais je ne suis pas très bonne – j’ai donc attrapé ma guitare et commencé à composer. ça faisait, quoi ? 15 ans que je n’avais pas composé, mais rien à foutre ! Allons-y ! Je me suis vite rendue compte que les riffs que j’avais en tête ne trouvaient pas leur chemin avec mes doigts, ni avec mes capacités à jouer… Je devais donc trouver quelqu’un qui comprenne les idées que j’avais en tête et qui puisse le retranscrire à la guitare. L’un de mes amis connaissait un bon guitariste, qui avait joué dans des groupes punk, rock mais rien de très metal, ce qui m’a fait hésiter. Mais je lui ai demandé s’il était intéressé à l’idée de m’aider à écrire, mais ai insisté sur le fait que ça devait être metal. Donc je l’ai renvoyé chez lui et il devait écouter tous ces vieux trucs qui ont fait le metal… De là, il est arrivé avec le riff de Let me out qui est le premier single. Et c’est ce que j’avais en tête ! J’ai donc compris qu’il serais le bon guitariste pour ce poste. J’avais déjà les trois membres principaux, ceux qui ont composé l’album. Juste avant d’entrer en studio, j’ai pensé à la possibilité d’intégrer un guitariste solo – Patrick Ankermark est très bon avec les riffs, en lead – mais j’avais besoin de quelqu’un plus orienté mélodie, Arch Enemy et ce genre de choses que j’avais en tête. Juste avant d’entrer en studio, j’ai pensé à ce gars que j e suivais sur Instagram – il me suivait aussi sur Instagram, je crois que c’est parce qu’il était fan de Sister Sin – et je l’ai contacté. Je regardais ses solos, et il est vraiment bon shredder. Je lui ai demandé s’il était partant, prêt à entrer en studio et il a immédiatement répondu oui. J’avais donc mes deux guitaristes. L’un d’eux s’est chargé de la basse en studio puisque je n’en avais pas encore trouvé. L’album a donc été enregistré par nous 4, et c’est ensuite que nous avons recherché un bassiste. Quand le single est sorti, on devait faire une vidéo, des sessions photos, et il fallait un groupe ! On a demandé ci et là, et en Suède, Hardcore Superstar nous a dit connaitre un bassiste. « Eh, notre roadie est bassiste ! » Nous leur avons donc piqué leur bassiste (rires). Je lkeur en suis très reconnaissante.

Metal-Eyes : Comment expliquerais-tu aux fans de Sister Sin les différences entre Sister Sin et Liv Sin ? Il y a toujours ta personnalité, mais quels sont les grands changements ?

Liv : C’est définitivement plus metal : Liv Sin est plus rapide, plus agressif… Je crois qu’avec Sister Sin il y avait plus d’influences rock n ‘roll et punk, tandis que maintenant, c’est plus proche du black metal et du thrash… Je ne pense pas qu’il reste beaucoup de rock. Nous avons été plus influencés par les groupes modernes, naturellement, comme Arch Enemy, Amon Amarth, des groupes de la fin des 90’s.

Metal-Eyes : Schnmier (Destruction) est invité sur Killing ourselves to live. As-tu invite d’autres musiciens?

Liv : Oui, il y a Jussi, le batteur de The 69 Eyes sur Immortal Sin, qui est une reprise, la seule de l’album, un titre de Fight, le groupe de Rob Halford quand il n’était pas dans Judas Priest (NdMP : ce morceau figure sur War of words, le premier album de Fight, en 1993). Ce sera notre prochain single. J’aime collaborer avec d’autres, on apprend beaucoup !

Metal-Eyes : De ce que j’ai pu écouter de l’album, il semble qu’une personne soit une grande influence dans ton chant, c’est Doro. Est-ce le cas ?

Liv : Oui, bien sûr ! Mais il n’y a pas qu’elle.

Metal-Eyes : Qu’as-tu mis d’autre dans ce disque, alors ?

Liv : Robert Halford ! C’est une grosse influence. Quand nous étions en studio  avec mon producteur, Stfan Kaufaman, ancient batteur d’Accept, le theme pour l’enregistrement des voix était que je devais chanter et sonner comme Rob Halford. Comment Robert Halford chanterait-il cette ligne, Dans les cris, il fallait que je pense : « Halford… Halford… comment s’y prendrait-il ? » Mon chant est plus influencé par lui que par Doro, en fait. Mais j’adore Doro, vraiment !

Metal-Eyes : Ils jouent tous deux le même type de musique, du metal pur jus… Maintenant, que peux tu me dire pour me convaincre de foncer acheter ton premier album ?

Liv : Ah, ah! (Rires) C’est une très bonne question, je ne sais pas comment tu t’y prends… Pour moi, j’aime le vinyle, j’aime accrocher mes disques sur les murs, chez moi. Tu le trouveras donc en Vinyle qui est beau.

Metal-Eyes : Mais musicalement ?

Liv : Il est très orienté guitares, avec beaucoup de riffs « à l’ancienne », avec du chant et pas des hurlements. J’adore ce genre de musique, le black metal, le death, mais je voulais mettre plus de mélodie dans le chant. Je ne suis pas une hurleuse, donc…

Metal-Eyes : Si tu voulais hurler, growler, tu ne citerais pas Rob Halford…

Liv : Non, en effet. Il ne hurle pas, lui.

Metal-Eyes : Donc c’est un album qui s’adresse vraiment aux fans de metal, celui des guiatres et du chant. Si tu devais ne retenir qu’une chanson de cet album pour que je comprenne ce qu’est Liv Sin…

Liv : Ce serait la première, The fall. Elle est directe, il n’y a pas de chichi, ça fonce, ça hurle au départ et c’est du pur metal. Si tu écoutes cette chanson et que tu es en colère, ça défoule !

Metal-Eyes : Et si tu n’es pas en colère mais que tu as besoin d’énergie…

Liv : Exactement, tu en trouveras!

Metal-Eyes : Tu es une musicienne de scène, comme tu l’as rappelé. Quels sont vos projets de tournée pour promouvoir l’album ?

Liv : L’album sortant maintenant, il est un peu tard pour une tournée printanière. On partira donc en automne…

Metal-Eyes : Entre le printemps et l’automne, il y a quand même l’été. Vous prévoyez des festivals ?

Liv : Oui, principalement en Scandinavie et en République Tchèque. J’aurais espéré un peu plus de choses en Europe, mais ce n’est pas maintenant. Mais j’ai demandé à mon agent et à notre manager de nous prévoir le plus longtemps possible en Europe car nous devons vraiment soutenir ce disque. On doit sortir et rencontrer les fans le plus possible.

 

UNANSWERED RIP: Whisperin’ monsters

Thrash, France (Autroproduction, 2017)

Originaire de Bergerac, les thrasheurs d’Unanswered RIP nous proposent aujourd’hui leur premier album, le très explosif Whisperin’ monsters. Amis de Slayer, passez votre chemin… Le quintettes puise son inspiration auprès de formations plus « expressives », punk, hardcore et foncièrement violentes. Le black metal n’est jamais loin dans les vocaux, et les guitares, si elles évoquent naturellement l’héritages des ainés que sont Metallica ou Slayer, revisitent également l’oeuvre de Napalm Death, Dark Angel, Sepultura, Cradle Of Filth, voire même Iron Maiden (oui, écoutez donc l’introduction de Ravaged, si elle ne vous évoque pas la période Powerslave…) Sept titres sont ici jetés en pâture comme un ping dans la gueule, genre amuse-bouches pimentés et déterminés. Si l’on excepte le chant trop orienté metal extrême, musicalement, Unanswered atteint son objectif: brutal et direct, les titres sont une porte ouverte au « neck breaking »!

Note: 7,5/10

HE IS LEGEND: Few

Metal, USA (Spinefarm, 2017)

Mine de rien, He Is Legend poursuit son petit bonhomme de chemin. Fondé en 2003 en Caroline du Nord, les Américains encore méconnus en France, nous proposent Few, leur 6ème album studio, qui s’éloigne du hardcore originel qu’ils affectionnaient. Aujourd’hui, la voix rageuse de Schuylar Croom se fait parfois, comme les guitares d’Adam Tanbouz, plus douce et « crooneuse »et douce (Silent gold, Gold dust qui se fait plus explosif sur la longueur), mais reste cependant toujours déterminée. L’ensemble est entraînant et rageur, vengeur parfois (Air raid, Beaufort), et d’une efficacité que ne renieraient pas certaines formations des années 90, l’ombre d’Alice In Chains n’est jamais vraiment loin. Il y a dans  ce Few, de la rage et de la colère (Jordan), une douceur bienveillante (Call ins) ainsi qu’une détermination sans faille puisée dans le hardcore et le punk que l’on sent pourtant s’éloigner dans un passé, cédant la place à une maturité plus adulte. Malgré quelques flottements, quelques légères faiblesses, l’ensemble reste assez efficace et sombre.

Note:7,5/10

MERZHIN: BabeLive

France, Rock (Verycords, 2017)

Voici déjà 20 années que Merzhin tourne partout dans le monde et enregistre ses albums. 6, au total, auxquels il convient de rajouter 2 live. Deux décennies, déjà, et je ne découvre qu’aujourd’hui ce groupe breton grâce à ce nouvel enregistrement public qui n’est, parmi ceux que je connais, rien moins qu’un des meilleurs albums live français de tous les temps. Quelle claque! Des premières notes de Babel à la conclusion Nains de jardins, je découvre un groupe à la fois rageur et festif, engagé et convivial, chaleureux et direct. Les titres évoquent (beaucoup) Noir Désir et piochent du côté du rock celtique et de la rage déterminée d’un Tagada Jones. 15 titres aussi enjoués qu’entraînants composent ce nouveau témoignage live qui célèbre une carrière ininterrompue. Les Brestois ont d’ailleurs décidé de célébrer cet anniversaire en grandes pompes puisque cet album sort également en version « coffret » contenant un DVD supplémentaire, bourré à ras la gueule de live, clips et autre documentaires. BabeLive est un album à découvrir d’urgence, et pour ceux qui, comme moi, n’en connaissent rien, Merzhin est un groupe à découvrir encore plus urgemment! Une pure merveille d’authenticité.

Note: 9,5/10

Sortie: le 14 avril 2017

ROYAL THUNDER: Wick

Hard rock, USA (Spinefarm, 2017)

Revival 70’s not dead! Royal Thunder, encore quasiment inconnu en France, propose sa quatrième production, Wick, taillée dans le rock psyché des années 70. A la fois simple et complexe, ce  disque mélange avec brio les influences variées. Ca va de Patti Smith à Black Sabbath, en passant par le rock engagé de la fin des années 60. Burning trees est une introduction lente et lourde, presque doom, qui contraste avec les guitares claires de April showers ou la rapidité d’un Tied tandis que le mid tempo Plans, sur fond de guitares acoustiques et de batterie lourde, offre une alternance à des titres plus rock – le rapide et colérique The sinking chair et le direct Anchor. Non content de proposer un album varié et efficace, le quatuor d’Atlanta se distingue également par l’excellence de l’instrumentalité et de la voix rauque, étouffée, puissante et parfois douce de Mlny, qui place, semble-t-il, l’amour au cœur de ses paroles (Tied, We slipped, Plans…) quand elle n’est pas, comme les guitares déterminées, enragée et hargneuse (April showers). Wick est un album certes vintage mais également difficilement descriptible et qui ne peut être classé que dans la catégorie Rock. S’il est un peu difficile de tenir sur la longueur, on saura apprécier chaque chanson à sa juste valeur, rasade par rasade. Une belle découverte qu’on attend de voir live!

Note: 7,5/10

 

Interview: DEFICIENCY

Entretien DEFICIENCY. Rencontre avec Laurent (chant, guitare), Sébastien (guitare) et Vianney (basse). Propos recueillis à Paris le 11 avril 2017

 

 

Metal-Eyes : Quatre années séparent vos deux derniers albums, The dawn of counsciousness qui vient de sortir et The prodigal child paru en 2013. Que s’est-il passé depuis 2013 ?

Laurent : Beaucoup de choses… The prodigal child, comme tu viens de le dire, est sorti en 2013, ça a été un peu l’album tremplin pour nous afin de nous faire un peu plus connaitre en dehors de notre région. Il nous a vraiment donné la possibilité de tourner un peu plus intensément à notre niveau, en France, mais aussi en Belgique, au Luxembourg, en Espagne, en Allemagne… Que du bonheur, sur ces deux trois années de tournées avec des dates mémorables pour le groupe.

Metal-Eyes : Comme, par exemple ?

Vianney : Première partie de Machine Head, à la Laiterie, à Strasbourg, la première date de leur tournée…

Laurent : Première partie de Testament, le Motocultor.

Jérôme : Testament, aussi. En plus, sur cette date, il y avait Evile, qui est un groupe, jeune, il s ont notre âge, mais c’est un groupe anglais de thrash que j’adore.

Metal-Eyes : Comment décririez-vous, tous, l’évolution du groupe entre ces deux derniers albums ?

Vianney : Ben… déjà, il y a eu des changements de line-up puisque notre ancien batteur, Anthony Thomas, a décidé de changer de vie – il est parti s’installer en Nouvelle Zélande avec sa copine pour faire un road trip. Ensuite, notre style de musique est sensiblement resté le même. On a tous un peu évolué au niveau de nos compos, de ce qu’n écoute, aussi, et ce qu’on inclut à notre musique. Mais je pense qu’on a gardé les mêmes bases que sur le précédent album, avec des structures un peu moins compliquées et des mélodies un peu plus accrocheuses. Et catchy.

Laurent : Je rejoins ce que dit Vianney. Après, on a aussi évolué dans nos vie perso, ce qui joue aussi, indirectement, sur la préparation d’un album, le temps qu’on y consacre et la manière dont on voit les choses aujourd’hui. C’est un tout, il n’y a pas que la musique.

Jérôme : Il y a l’expérience de la scène, aussi. Avant The prodigal child et après, il y a une grosse différence.

Vianney : Des connaissances par rapport au milieu. Comme le dit Laurent, c’est un tout, il y a beaucoup de facteurs qui forment un ensemble et qui véhiculent le groupe de telle ou telle façon.

Metal-Eyes : Après avoir écouté The dawn of cousciousness, ce que j’entends est un mélange de thrash traditionnel et d’influences plus extrêmes. Etes-vous d’accord avec ça et qu’avez-vous mis dans ce disque ?

Vianney: Oui, je pense que nous sommes d’accord avec ça: on part d’une base thrash old school, c’esr de là que partent nos influences. Pour ma part, je suis venu au metal en écoutant Slayer, Metallica, etc. Mais on n’est pas fermés sur un seul style. Je suis assez ouvert dans ce que j’écoute, et je pense que mes collègues partagent cet avis. On est assez éclectiques. Que ce soit dans ou hors metal. Il peut y a voir du death, du djent…

Laurent : Du progressif, du hardcore,du metal symphonique, et je pense que ça se ressent dans ce qu’on fait.

Metal-Eyes : Et vous avez réussi à mélanger toutes ces influences sur ce nouvel album ?

Laurent : Franchement ? Je trouve que le résultat de toutes nos influences transparait au gré des morceaux.

Jérôme : Et c’est naturel pour nous, on ne se force pas à faire comme ci ou ça. On écoute des choses qui nous influencent sans qu’on y pense. C’est inconscient.

Metal-Eyes : Alors, comment avez-vous abordé la conception de ce nouvel album ?

Laurent : de manière assez classique, comme pour les précédents : c’est-à-dire que l’essentiel du travail se fait en amont, avant les répètes. J’apporte souvent le gros des squelettes des morceaux, et ensuite on les bosse ensemble. Pendant les répètes, chacun apporte sa pierre à l’édifice, et  on finalise les morceaux ensemble. Chacun participe, même si c’est parfois peu parce que j’arrive avec de grosses structures de morceau, mais chacun participe aux arrangements, aux idées qui s’imbrique les unes dans les autres pour avoir un résultat dense et, je pense cohérent. En tout cas, cohérent par rapport à ce qu’on cherche.

Metal-Eyes : Donc c’est toi, Laurent qui arrive avec les idées de base, mais il y a un fonctionnement démocratique dans le groupe ?

Laurent : Est-ce qu’on peut parler de démocratie ? pour moi, le groupe n’est pas une entité politique, c’est juste qu’on est quatre dans le groupe et chacun a son mot à dire. Ils n’hésiteront pas à dire que mon riff est dégueulasse, que ça, ça n’a pas sa place là…

Metal-Eyes : Et c’est pour ça que tu les mets dehors après?

Laurent : non, non (rire général).

Metal-Eyes : Au niveau scénique, que prévoyez-vous maintenant? Vous avez pas mal tourné pour The prodigal child, vous remettez ça pour The dawn of cousciousness ? 

Vianney : On a déjà fait la release party le 1er avril, donc samedi dernier, on a encore 2 dates, les 7 et 8 en Alsace, on en a deux autres qui arrivent dans le Sud, le 21 et 22 avril…

Metal-Eyes : Pardon: par rapport à l’Alsace, le sud, c’est vaste…

Vianney : Oui (rires), Sud Est! J’y venais : Marseille, enfin, Miramas, juste à côté, et Fréjus. On jouera également au Lions Metal Fest près de Lyon, à  Montagny, où seront, parmi d’autres, en tête d’affiche, Onslaught et Darkhain, deux groupes qu’on affectionne particulièrement. Ça nous fait très plaisir de fouler les planches avec eux. Il y a encore quelques dates prévues pour l’été et un rythme un peu plus soutenu pour la rentrée en septembre.

Metal-Eyes : Si chacun d’entre vous ne devait retenir qu’un titre de The dawn of counsciousness pour expliquer ce qu’est Deficiency aujourd’hui, lequel serait-ce?

Vianney : Je dirais Newborns awakening, celui qu’on a utilisé pour le clip, dans la mesure où c’est un morceau assez rentre dedans et qui représente bien Deficiency ; on sent vraiment la patte de notre groupe. Autrement, un autre morceau qui me tient à cœur, c’est Another fail to come, qui est aussi assez représentatif de ce qu’on fait.

Laurent : The post knowledge day, l’avant dernier morceau… Je trouve que c’est un des morceaux les plus aboutis de l’album, avec son intro symphonique, les passages thrash, super mélodiques, des refrains accrocheurs… pour moi, c’est un des meilleurs titres du groupe, avec Newborn’s awakening.

Jérôme : Newborn’s awakening, pour moi, c’est le titre qui nous représente le mieux. Thrash, direct, et en ouverture d’album…

Metal-Eyes : C’est peut-être pour ça qu’il est en ouverture de l’album…

Laurent : Oui, d’entrée on annonce la couleur!

Metal-Eyes : A part lorsqu’on a pris votre commande aujourd’hui pour le déjeuner, quelle a été la meilleure question qu’on vous ai posée depuis ce matin?

Vianney (Rires) : Quelle sauce? (Rire général)

Laurent : Ah, j’en ai une pas mal, je en sais plus qui c’était… Mais c’était “si tu devais partir  sur une ile déserte avec tout un tas de nom genre le lapin d’Alice au pays des merveilles et Jar-Jar Binks ? ”, j’ai choisi Jar-Jar Binks. On risque de bien se fendre la gueule.

Vianney : je ne sais pas, j’ai pas eu de question farfelue pendant les interviews…

Metal-Eyes : Celle qui t’a le plus marqué alors?

Vianney : C’est un peu difficile… Je ne sais plus comment elle était formulée, mais… demande à Jérôme, ça va revenir…

Jérôme : Pas une question, c’était une sorte de portarait chinois, un peu différent et plus personnel.

Metal-Eyes : Ca t’est revenue, Vianney?

Vianney : Non, mais une autre m’est revenue: on nous demandait trois termes à chacun pour décrire le groupe. C’était assez difficile et les réponses de chacun étaient assez intéressantes, en fait.

 

THE T.A.W.S.: Beyond the path

the taws 2017Hard rock, France (M&O music, 2017)

The T.A.W.S. ? Derrière ce mystérieux acronyme (qui signifie Travel Across  the Windmills State – donc littéralement « Voyage à travers le pays des moulins à vent ») se cache une jeune formation hexagonale de Hard rock grandement influencée par le rock pop énergique contemporain. Tout au long des 11 titres de Beyond the path, le quintette (Elodie Jouault au chant, Rémy Baty et Ben Pubert aux guitares, Pierre-Yves Sabirou à la basse et Alexandre Bonnet à la batterie) nous offre un voyage non pas en Hollande – malgré la référence évidente du patronyme et de l’illustration qui sous entend que le groupe, comme tant d’autres, se bat contre des moulins à vent afin de tenter de survivre – mais bien une échappée aux pays des guitares. Rapides, rageuses, elle ne sont adoucies que par le chant plus popisant d’Elodie, pourtant déterminé et volontaire, parfois limite punk (Welcome to hell). Les riffs et échappées guitaristiques évoquent autant les groupes actuels (Avenged Sevenfold, parmi d’autres) que plus anciens (on pioche dans le thrash de Metallica?) et impose une ambiance à la fois joyeuse et explosive. Certes, The T.A.W.S. ne cherche pas à transmettre un négativisme musical mais simplement sa vision de la joie de vivre. C’est une bonne surprise, entraînante et joviale qui (même si ce n’est pas mon style musical de prédilection, avouons le!) parvient à se démarque de nombre de groupes que l’on peut « découvrir » ici et là qui se disent « différents ». The T.A.W.S.? Un groupe à suivre.

Note: 7,5/10

Sortie: le 31 mars 2017

THE ONE HUNDRED: Chaos + bliss

the one hundred 2017Metal extrême, Royaume-Uni (Spinefarm, 2017)
A priori, ce disque n’est pas fait pour moi… Dreamcatcher est explosif, le chant criard, hurlé… mais, va savoir pourquoi, je pousse un peu plus loin et là, surprise : The One Hundred intègre à son metalcore des sonorités electro qui virent au chant rapé. Avec ce Chaos+Bliss, le premier album des Anglais, The One Hundred est déterminé à faire parler de lui. En passant du metal extrême à des tempi plus calmes et autres influences rap et/ou electro, ces 12 chansons sont une invitation à la syncope. Âmes sensibles, s’abstenir. Les autres, invitez-vous dans des univers aussi bizarres que dérangeants. Un album intrigant.

Note 7/10

DEEP PURPLE: InFinite

deep purple 2017 Royaume-Uni, Hard rock (e.a.r. music, 2017)

Eh, si ce InFinite doit être le chant du cygne de Deep Purple, alors soit! Mais quand un groupe cinquantenaire affiche une telle forme, il est dommage de penser qu’il entame sa dernière tournée cette année. Rassurons nous, il ne s’agit que de tournée, Pruple ne parle pas de mettre un terme à un concert de temps à autres, ni même ne parle de dernier album! D’ailleurs, le titre lui-même est en contradiction avec l’idée de fin: Infinite…  Plus en forme que jamais, Deep Purple nous offre quelques surprises : malgré l’arthrite qui le paralyse de plus en plus, Steve Morse est plus imaginatif que jamais. Sans doute la maladie qui le handicape l’oblige-t-elle à travailler la guitare d’une autre façon? La guitare, sans être omni présente, apporte une dimension sans pareille à l’ensemble (Time for Bedlam, Birds of prey, Johnny’s band…). Don Ayrey, qui ne parvient pas, en concert, à faire oublier Jon Lord, offre des moments mémorables avec ses claviers (All I got is you). La voix de Gillan, si elle ne peut certes monter autant qu’il y a quelque décennies (mais quelle rage il s’en dégage sur All I got is you!), est partout magnifique. Et, enfin, on le sous estime souvent, mais le rôle de Roger Glover dans le groove de la section rythmique est ici immense, et la complicité avec l’exemplaire Ian Paice sans équivoque. La variété de styles apporte une fraîcheur à l’ensemble (ah, ce The surprising au titre si bien choisi, clin d’œil, en partie, à Jeff Buckley et/ou Pink Floyd, et ses instants fantomatiques rappellent également Vincent Price qui figurait sur l’album précédent), et évoque le Purple des années 70, celui du retour de 84 autant que ce dernier « mark » du groupe, qui propose sans doute son meilleur ouvrage depuis l’arrivée de Morse. InFinite se déguste et l’on s’en délecte sans modération. Pourtant, une surprise moins bonne est à relever: pourquoi une formation aussi assise que Deep Purple a-t-elle fait le choix de conclure ce qui pourrait être son dernier album avec une reprise des Doors? Va savoir… Reste que, comme Gillan le chante si bien sur le morceau d’ouverture, parce qu’avant ce ne sera pas possible (pour moi): « see you in hell »(fest)!

Note: 9,5/10

GHOST live à Paris (L’Olympia, le 11 avril 2017)

ghost paris 2017

C’est la foule des grands soirs qui investit la mythique salle parisienne de l’Olympia. Une foule venue assister à sa grand messe, à un concert subversif, spécialité de Ghost… Sur scène trônent la batterie et les claviers masqués par des larges draps sombres. Devant, un petit set de batterie et des claviers attendent Zombie, le groupe de première partie. A 20h00, le batteur et le claviériste prennent tranquillement possession de leurs instruments. Dès les premières notes, l’influence de Rush se fait sentir, puis viendra celle de Jean-Michel Jarre, parmi d’autres. Pas de chant, et pas d’autre musicien… Zombie, ce n’est qu’un duo qui balance un variété un peu rock qui s’inscrit dans l’optique de cette tournée de Ghost intitulée le Popestar tour. Difficile à deux de remplir l’espace, ce qui ne semble pas être l’idée du jour même lorsque le pianiste s’empare d’une basse (bien trop forte à mon goût). Malgré le groove  et un accueil dans l’ensemble positif et sympathique, une bonne partie du public préfère se retrouver au bar. C’est simple, l’antichambre offre le spectacle d’une foule dense et bigarrée, qui assit et qui debout, mais une foule qui piaille, saute, s’assied, boit, partage, rit, s’écoute et se sourit dans un joyeux brouhaha qui se fait l’écho d’une certaine vision de la vie.

Lorsque Zombie termine à 20h45, les rideaux se referment sur la scène (chose rarement vue lors d’un concert rock ici). Petit à petit, la salle se remplit de nouveau. Le public est familial et multi-générationnel (de 6 à 77 ans, à l’aise!, mais rappelons-nous que les Parisiens sont en vacances). La musique d’entracte prépare l’ambiance: sonate au piano puis chants liturgiques et chœurs sacrés.

Enfin, les lumières s’éteignent. On aperçoit les pieds de Ghoul qui prend place derrière ses claviers puis arrivent ses compagnons de jeu. Les premières notes de Square hammer résonnent et des lumières de fond de scène éblouissent le public afin d’offrir une entrée soudaine et magique à Papa Emeritus III, vêtu de sa tenue des grandes occasions. C’est une forêt de mains levées qui l’accueille, des mains qui ne seront remplacées tout au long du concert que par les sauts cadencés du public ultra réceptif. On aperçoit même Steph Buriez, leader de Loudblast, headbangant comme pas deux. Les plus belles offrandes défilent comment autant de d’hosties noires (From the pinnacle to the pit, Secular haze, Body and blood, Devil church, Absolution, Cirice, He is…) Le chanteur se rendant compte de la présence de nombreux enfants promet de faire attention à son langage, promet, bienveillant, de ne pas jurer et de contrôler le nombre de « fuck » et « shit ». Bien sûr, Ghost propose un show assez similaire à ce que l’on a pu voir ces derniers mois, Papa changeant de tenue une fois, discutant paisiblement avec ses ouailles, Ghoul (basse) et Ghoul (guitare) s’offrant un pas de deux tandis que le pape noir invite deux jeunes nonnes à venir sur scène, informant le public des premiers rangs qu’elles vont venir faire une offrande. « Prenez ce cadeau, mais rien de plus! On ne lèche pas les doigts… » Mais une chose est évidente: même si le spectacle reste assez similaire et sans surprise, ça marche! C’est carré, hors du temps et passe partout. Au rappel, Papa seul sur scène énonce toutes les villes où Ghost a joué en France. Nombreuses… Et demande qui a déjà vu le groupe live. Tout le monde semble-t-il. Puis qui n’a pas vu Ghost. une personne, semble-t-il à laquelle papa explique toujours terminer par la même chanson. Monstrance clock annonce donc la fin du show, à l’ambiance explosive et chaleureuse. Une très belle soirée!

Devant le nombre important de demandes, Metal-Eyes n’a pu être accrédité pour les photos. Ce live report est donc sans illustration. Merci cependant à Olivier Garnier d’avoir rendu ce report possible.