PARPAING PAPIER: Croire au printemps

France, Rock/Punk/Metal (Autoproduction, 2021)

Ils sont de retours nos Frenchies frapadingues de Parpaing Papier! De retour avec un album complet, le très bien nommé Croire au printemps, qui débarque le 18 juin. « Très bien nommé » parce que 1/ le mois de mai a été si pourri qu’on espère vraiment que le beau temps va revenir et 2/ parce que la vie elle même, paralysée par la crise sanitaire, à besoin de retrouver un printemps, un nouvelle jeunesse. Sont-ce là les préoccupations premières de PP/PP? Certes non! Nous avions eu droit à une belle carte de visite avec l’Ep Tester des casques et les gars continuent dans cette veine d’un rock furieusement entraînant aux textes d’un humour fin et recherché. Rien ne peut ici laisser indifférents, le sourire pointe à chaque riff et chaque parole. Démarrant avec le morbide imparable et impayable de Entrée plat décès que ne renierait certainement pas Hannibal L. Parpaing Papier donne le ton. Son mélange de rock, de punk et de metal fait mouche. Et derrière un fun apparent se cache un sérieux sans pareil. Oui, il semble aisé d’écrire des « débilités » comme Acheter un œil, Dans ma fusée (clin d’œil – justement ^_^ – à Thomas Pesquet?), Cadeau de cowboy, ou après les casques, ce sont maintenant le vestes que le quatuor veut tester, mais il y a beaucoup plus que ça. « Metal marrant »? A rapprocher d’Ultra Vomit ou des Princesses Leya? Non, même si PP/PP ne dénoterait nullement sur une affiche avec ces deux groupes. Fun, sérieux et efficace en diable, ce Croire au printemps est une vraie bouffée d’air frais et de bonne humeur dans le paysage actuel.

TETRARCH: Unstable

Neo metal/Metalcore, USA (Napalm, 2021)

Nous avions discuté de cet album avec Josh, un des fondateurs et surtout chanteur et guitariste de Tetrarch, groupe fondé à Atlanta (cf. interview), en Georgie, depuis installé à LA. Freak, le premier album, fut une carte de visite pour Tetrarch, principalement aux USA. Aujourd’hui, avec Unstable – et un espoir de retour à une vie plus normale – la réputation des Américains devrait franchir les frontières et traverser les océans. Dès I’m not right, le ton est donné: il y a de la rage et de la gnaque. L’ensemble propose un mélange de neo metal avec des touches électro – évoquant aussi bien Korn que Ministry ou Limp Bizkit. Une forte influence du metalcore plus récent flotte également partout. On se prend rapidement au jeu tant les titres sont efficaces de bout en bout. Slipknot n’est jamais très loin comme le démontre le premier single au clip très réussi Negative noises. Même si la puissance est toujours présente, Tetrarch propose aussi des moments plus « calmes » offrant ainsi un disque varié et aéré. Autre force de l’album, sa production riche et grasse, signée Dave Otero. Unstable, c’est 10 titres qui font mouche et prennent l’auditeur pour ne plus le lâcher. Une superbe découverte que d’aucun présentent déjà comme la future grosse sensation, « the next big thing ». Si Tetrarch trouve son public, nul doute qu’il va grossir rapidement!

Interview: PRIMAL AGE

Interview PRIMAL AGE : entretien avec Benoit (guitare). Propos recueillis par téléphone le 7 juin 2021

Metal-Eyes : Benoit, Primal Age, en 2021, c’est quoi ?

Benoit : Déjà, en 2021, Primal Age c’est un groupe qui est toujours là, qui n’a pas succombé à la pandémie. C’est la sortie d’un nouvel album. C’est surtout les précurseurs du metal hardcore en France, un groupe qui a apporté le mix entre ces deux genres…

 

Metal-Eyes : Mais ça c’était hier. Tu viens de le dire, votre nouvel album sort ce mois-ci. Il s’appelle Masked enemy, ce qui se traduit par Ennemi masqué. Il sort un an après le début de la pandémie. Question quelque peu évidente : s’agit-il d’un hasard, d’une coïncidence une y a-t-il une volonté de votre part de l’intituler ainsi ?

Benoit : C’est un pur hasard… Il faut savoir que la composition a démarré il y a 3 ou 4 ans, que les textes et les titres ont été trouvé en amont. On nous le dit à chaque fois, mais, non, c’est un pur hasard…

 

Metal-Eyes : En même temps, vous parlez d’un ennemi masqué alors qu’aujourd’hui, c’est nous qui sommes masqués… Quels thèmes abordez-vous sur cet album ?

Benoit : Comme depuis les débuts du groupe : on aborde les thèmes de l’écologie, de la cause animale, de la politique, tout ce dont on a pu parler sur les albums précédents, on reste sur ces thèmes.

 

Metal-Eyes : Vous abordez également le thème du végétarisme (il confirme), ce qui est assez contradictoire avec le nom du groupe qui signifie « âge primaire ». Nos ancêtres étaient assez peu végétariens ou végétariens…

Benoit (il rit) : C’est sûr… Il y a 3 végé/végan dans le groupe, ce n’est pas moi qui pourrait le mieux t’en parler…

 

Metal-Eyes : Alors tu leur diras que le nom n’est pas cohérent par rapport à l’histoire du groupe. Tu es arrivé en 2015 avec Flo, le batteur. Tu as enregistré A silent wound et The light to purify avant celui-ci.

Benoit : Exact. Sur A silent wound, c’est Sylvain des Seekers of the truth, un ami de longue date, qui nous a dépannés sur la tournée japonaise – il a pris la place de Yohann à la guitare sur la tournée japonaise et m’a remplacé sur la tournée brésilienne.

 

Metal-Eyes : Comment me vendrais-tu Masked ennemy ?

Benoit : Je pourrais te dire que c’est un bon mix de tous les genre metal edge hard core à l’ancienne, qu’on a pu retravailler pour le moderniser, avec un bon gros son de Guillaume Doussaud au mixage et Alan Douches au mastering. On a beaucoup de retours médias positif et on attend avec impatience les retours des personnes qui ont précommandé l’album. Pour nous, c’est certainement le meilleur album produit par Primal Age ?

 

Metal-Eyes : Le meilleur album, de quel point de vue ? Compositions, production, efficacité… ?

Benoit : A tout point de vue !

 

Metal-Eyes : OK, on va faire simple, alors…

Benoit : On va faire simple et efficace ! Il y unanimité là-dessus.

 

Metal-Eyes : Comment analyserais-tu l’évolution de Primal Age entre The light to purify et Maked enemy, toi qui a justement participé aux deux ?

Benoit : Beaucoup de modernité due aux nouvelles technologies qui ont pu arriver, dans mon cas, en ce qui concerne les amplis de guitare, mais aussi dans les micros, les techniques d’enregistrement… On s’est un peu servis de tous ce qu’on aime en matière d’effets par exemple. Je pense que notre arrivée, à Flo et moi, ça a aussi apporté un coup de « refresh » aux composition. Mais le groupe continue avec la même rage.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de ce nouvel album pour expliquer ce qu’est le groupe aujourd’hui, ce serait lequel ?

Benoit : Euh… Je vais te dire I warn you, mon titre préféré. Pour le côté bien pêchu de certains riffs, mais aussi pour le côté très technique de certains sons. Il y a aussi le côté un peu punk, c’est un peu un mix de plusieurs genres, mais que du meilleur.

 

Metal-Eyes : ça veut dire que les autres sont moins bons.

Benoit : Ah, non ! Non, ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dit (rire) ! Je vais me faire taper sur les doigts après ! C’est sur ce titre-là, qu’on répète toujours en studio, que j’ai vraiment envie de sortir de mes gonds !

 

Metal-Eyes : Ça fait 6 ans que tu es dans ce groupe qui s’est formé en 1993. Comment décrirais-tu la musique de Primal Age à quelqu’un qui ne vous connait pas ?

Benoit : Je dirais que c’est avant tout une musique de passionnés, une musique qui transmet… Je compare ça à un défouloir, pour certains c’est le sport, nous c’est la musique. Les retours que nous avons, c’est que les gens nous disent qu’on sent qu’on vit la musique quand on la joue, c’est sincère. Même entre nous, on a beau être de plusieurs générations, on est en osmose, tous ensemble sur un même bateau. Une déferlante de rage, mais de rage positive.

 

 Metal-Eyes : Depuis sa formation, Primal Age a donné 700 concerts, a tourné au Japon, au Brésil, au Mexique, a joué en festivals mais au regard de l’ancienneté du groupe, ça fait un nombre de concerts trop peu nombreux pour que le nom de Primal Age s’impregne dans l’esprit des gens (Il approuve). Que manque-t-il à Primal Age pour passer à l’étape supérieur ?

Benoit : Ça, c’est une bonne question ! Je vais te donner mon avis : pour moi, ce serait la communication et augmenter notre présence sur scène, plus de dates, de festivals. On n’est pas un groupe professionnel, on a tous un boulot, on doit s’adapter… Peut-être que le manque de communication via les médias ou les réseaux sociaux, pas assez fait depuis le début, a freiné certaines choses. On essaye de se rattraper. Depuis que je suis arrivé dans le groupe, j’ai proposé de gérer les médias. Je suis le plus jeune du groupe – je vais avoir 24 ans – je pense connaitre un peu mieux que Didier ou Dimitri le fonctionnement des réseaux. Pour l’instant, ça porte ses fruits, même si on ne pourra jamais rattraper le temps perdu.

 

Metal-Eyes : Ce que je constate aussi c’est que, malgré un gros trou dans votre parcours, vous semblez avoir trouvé un rythme dans la sortie de vos productions avec une nouveauté tous les deux ans environ. Sans doute, en effet, que le nom du groupe s’ancrerait plus avec la communication dont tu parles.

Benoit : Oui, c’est sûr.

 

Metal-Eyes : Ce qui pourrait être un message, comme d’autres le font, c’est de repartir de zéro avec un album auto nommé.

Benoit : Oui, c’est vrai, toute idée est bonne à prendre, je n’y avais pas pensé…

 

Metal-Eyes : Si tu devais envisager une devise pour Primal Age, quelle serai-elle ?

Benoit : Mmmmhhhh…. Alors là… tu me poses une colle, terrible… J’y réfléchis, je vais te dire dans un instant…

 

Metal-Eyes : On va y revenir. Parlons de l’illustration de ce nouvel album : il s’intitule Ennemi masqué, nous voyons un cadavre dont les yeux sont bandés – on aperçoit aussi un troisième œil – et au-dessus de lui, une créature cornue qui a une capuche qui lui couvre la tête. Lequel des deux est le véritable ennemi ?

Benoit : Ça … c’est à chacun de l’imaginer après écoute de l’album… C’est Greg, de Visual Injuries, qui travaille avec nous depuis 2015. Il fait notamment des designs pour le Hellfest et il connait très bien le groupe. On lui donnait des directives, on lui demandait quelques modifications, mais pour cet album, on lui a laissé carte blanche. On lui a envoyé les textes, les sons, il nous a fait un premier envoi et ça a été du one-shot. Il nous a dit qu’il s’était senti vachement inspiré. Quand tu lis les paroles, que tu écoutes certains sons, tu fais tout de suite le lien avec certains détails.

 

Metal-Eyes : Cet album a été finalisé en pleine période de pandémie. Comment avez-vous procédé pour son enregistrement ? Vous avez modifié vos habitudes ?

Benoit : Oh, oui… Oui. Comme je te le disais, la composition a commencé il y a 3 ou 4 ans On avait encore Mehdi à la batterie, on a repris le tout premier batteur avec qui on a tourné mais quand on a commencé à penser nouvelles compositions, il nous a expliqué qu’avec son changement de travail, ça allait être compliqué. On a retrouvé un batteur, Toki de The Arrs (Note : Vincent Bertuit), qui a fait une tournée avec nous. Mais arrivés à la composition, on n’était pas sur la même longueur d’ondes. Là, on a cherché une solution, on a envoyé quelques sons à notre pote, Rudy, d’Explicit Silence, en lui demandant si ça lui parlait. Il nous a envoyé un premier son et ça l’a fait direct. On lui a proposé d’enregistrer l’album avec nous et ça nous a enlevé une grosse épine du pied. Tout ce qui est compositions, Dimitri, le bassiste, avait écrit une bonne moitié de l’album. Quand il a un son e n ête, il l’a en entier – chant, basse, guitare – et Flo a su s’imprégner de l’univers de Primal Age et il a composé l’autre partie des sons.

 

Metal-Eyes : La situation sanitaire semble commencer à s’améliorer : est-ce que vous avez commencé à ré-envisager des dates ?

Benoit : Oui, absolument. Notre tour manager a commencé à en caler quelques-unes. Si tout se passe bien, on devrait faire notre rentrée scénique en octobre. Après, je ne peux pas encore parler des projets de 2022, mais tout commence à se décanter. Ça commence à sentir bon.

 

CHEAP TRICK: In another world

 USA, hard rock (BMG, 2021)

En ces temps bizarres, moroses, étonnants, l’arrivée de ce nouvel album de Cheap Trick, le très bien nommé In another world, fait un bien fou. On dit que ce n’est pas au vieux singes qu’on appren. à faire la grimace? Eh bien, ce n’est pas aux vieux rockers qu’on apprend à composer des chansons qui font systématiquement et immédiatement mouche. Cheap Trick nous propose une de ces oeuvres simplement rafraîchissantes qui ne peut laisser de marbre. En plusieurs décennies d’existences, la bande menée par Rick Nielsen et Robin Zander en a vu passer des groupes, des styles et des modes. Les influences sont nombreuses, allant des Beach boys avec le très festif The summer looks good on you aux Rolling Stones (Boys & girls & rock n roll) en passant par Kiss période Destroyer (Here’s looking at you) ou Alice Cooper (The party), toujours en apportant sa propre marque de fabrique: cette joie de vivre et de jouer, d’entraîner l’auditeur dans une ronde envoûtante. Imparable de bout en bout, on notera également cette originalité qu’est Another world, présentée en deux versions différentes: d’un côté ballade, de l’autre rock festif, chacun a le choix de sa version. Cheap Trick propose avec In another world un des meilleurs albums rock, tous genres confondus et en profite même pour annoncer un retour scénique en France après 40 ans d’absence. Avec un tel album, il est certain que ce sera l’événement à ne pas manquer! Ce sera à l’Alahambra de Paris le  9 février 2022

AYRON JONES: Child of the state

Rock, USA (Big machine, 2021)

Discuter avec lui fut l’occasion de découvrir Ayron Jones (cf. l’interview ici). Un gars simple, ouvert, bavard doublé d’un musicien de talent. Child of the state, son premier album, nous présente toutes les facettes de son talent. Au travers de 12 titres, Ayron fouille ses inspirations musicales, les retranscrit à sa sauce, les réinvente. Et elles sont vastes, variées, allant de Rage Against The Machine pour les plus dures à Michael Jackson (cette voix! On croirait entendre the king of pop à plus d’une reprise…), Prince ou encore Lenny Kravitz (cette guitare! on croirait entendre… hein, je me répète? ^_^) en passant par Jimi Hendrix. Se faisant tour à tour très rock, soft, tendre ou direct, le Child of the state – ça pourrait bien devenir son surnom – nous offre un premier album franchement emballant qui laisse espérer une belle carrière. Vivement qu’on puisse le voir live. une belle et franche réussite pour un coup d’essai! Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, le gaillard sera présent au Hellfest 2022!

BLACKBERRY SMOKE: You hear Georgia

USA, Southern rock (3 legged records, 2021)

Enfin ! Oui, il est enfin là ce nouvel album des Américains de Blackberry Smoke. You hear Georgia, le successeur d’un Find a light (2018) qui finissait de placer le groupe de Charlie Starr et son rock sudiste chaleureux parmi les cadors du genre. Ce nouvel album, trois années et une pandémie plus tard, est celui de la consécration. En bon sudistes qu’ils sont, les gars nous proposent un rock à la fois authentique, débridé et entrainant. Composé de 10 titres pour un total de 40’ – ni trop ni trop peu – You hear Geogia est une invitation au voyage, un voyage musical dans ce sud profond, dans ce blues et ce rock simples et vrai. Le morceau titre, d’ailleurs, est une vraie déclaration, Starr et les siens clamant indirectement et fièrement leur identité et revendiquant la fierté de leurs origines (bien au-delà des JO de 94 ou de l’Etat d’origine de King, Martin Luther King). Tout ici respire la sincérité et l’envie de vivre, simplement et réellement. Moins durs que leurs voisins de Black Stone Cherry (eux aussi ont sorti un album portant le nom de leur Etat d’Origine, Kentucky…) et plus empreint de country, Blackberry Smoke, avec ce huitième album s’inscrit définitivement parmi les incontournables groupe du genre. C’est frais, et ça fait du bien !

Interview: BLIND CHANNEL

Une quinzaine d’années après la victoire d’un groupe monstrueux, la Finlande envoie une nouvelle salve métallique la représenter sur les planches de l’Eurovision. En arrivant 6ème, Blind Channel s’est joliment fait remarquer et a pu avancer de très belle manière ses pions sur l’échiquier mondial. C’est donc avec un réel plaisir que Metal Eyes a pu s’entretenir avec Niko, un des deux chanteurs au cours d’une interview plus que sympathique. Une très jolie découverte!

Interview BLIND CHANNEL : entretien avec Niko (chant). Propos recueillis par Skype le 10 juin 2021

Metal-Eyes : Niko, tout d’abord, Blind Channel, c’est quoi ?

Niko : Blind Channel est un groupe de metal qui a vu le jour en Finlande en 2013. Nous décrivons notre musique comme de la pop violente (« Violent pop »)

 

Metal-Eyes : Ce qui est le titre de votre dernier album…

Niko : Oui, c’est son titre.

 

Metal-Eyes : Vous vous êtes donc formés en 2013… Comment décrirais-tu votre musique à quelqu’un qui ne connais pas le groupe, au-delà de simplement Violent Pop ?

Niko : C’est là qu’est justement née l’idée de pop violente : nous avions plusieurs démos de prêtes que nous devions envoyer à des radios locales. « Nu metal » nous paraissait trop ancien, démodé, « rock alternatif » nous semble être la manière la plus ennuyeuse de décrire ta musique, tu ne sais pas quoi en dire… Nous voulions quelque chose de court et catchy. C’est alors que j’ai suggéré cette idée de Violent pop, ce qui est le moyen le plus court de nous décrire. C’est du rock direct avec une touche mainstream. Nous sommes clairement un groupe de rock, mais nous aimons tout ce qui est mainstream : nous adorons la pop, le rock, le rap, le hip hop, l’électro. Si nous aimons une chanson à la radio, nous avons envie de faire la même chose en y apportant une touche de rock. Nous sommes un groupe de 6 musiciens, chacun apporte sa touche, nous mélangeons tout et nous voyons ce qui en ressort. Voilà ce qu’est la pop violent.

 

Metal-Eyes : Violent pop est sorti en 2020, c’est votre troisième album. Avant, vous avez publié Revolutions en 2016, trois ans après la formation du groupe, puis Blood brothers en 2018. C’est un bon rythme que de sortir un album tous les deux ans ?

Niko : Oui, c’est bien.

 

Metal-Eyes : Comment décrirais-tu l’évolution de Blind Channel entre Blood brothers et Violent pop ?

Niko : Notre premier album, Revolutions, c’était la découverte, la première fois que nous enregistrions un disque. Tu peux entendre que c’est assez sauvage, sans retenue… Il y a certaines de mes chansons préférées, et on entend bien l’orientation musicale. Blood brothers, nous avions un peu plus d’expérience. Les paroles étaient plus personnelles, plus osées. Après cet album, nous avons écrit beaucoup de chansons et avions le sentiment que ce concept de pop violente avait atteint ce que nous recherchions. Nous avons donc appelé cet album ainsi, et si quelqu’un nous demande « mais c’est quoi cette idée de pop violente », on peut lui tendre l’album et lui dire d’écouter.

 

Metal-Eyes : Donc, l’évolution entre les deux derniers albums, c’est la réelle définition de votre identité musicale de pop violent.

Niko : Oui, définitivement. Et, aussi, nous étions assez jeunes lorsque nous avons enregistré les deux premiers albums, et entre Blood brothers et Violent pop, il s’est passé beaucoup de choses, nous avons eu des moments sombres. Nous avions la vingtaine, et il se passe de choses pas toujours drôles à cet âge. J’écris les paroles, et j’ai abordé des choses très personnelles. Je vivais des moments sombres, et c’est là que j’ai pu composer. « Putain, ouais, c’est Violent pop tout ça ! » Nous voulions écrire de chansons vraiment catchy… Beaucoup de choses nous sont arrivées depuis…

 

Metal-Eyes : Nous ne vous connaissons pas vraiment en France (il confirme). Comment vous êtes-vous rencontrés et réunis, tous les 6 ?

Niko : Nous fréquentions la même école de musique dans le nord de la Finlande. Je savais qui était ces gars, mais je ne les fréquentais pas. C’était des rockers, moi, un rappeur. Les gars jouaient dans des groupes, tournaient dans des bars en Finlande, leurs groupes se sont séparés… Ils voulaient former un nouveau groupe. Et il y a eu cette fête où nous étions tous, ils m’ont dit monter un groupe mais ne voulaient pas être un simple groupe de rock. Ils voulaient faire quelque chose de frais, neuf. Ils savaient que j’évoluais dans le rap et ont pensé que je pouvais apporter quelque chose de neuf. Je me suis dit : « pourquoi pas ? », on s’est retrouvé au local de répétition et là, tout s’est mis en place tout seul. C’était génial, ça sonnait nouveau. Nous avons commencé à composer. Alexis, le dernier arrivé, le 6ème membre, est un de nos vieux amis qui a une réputation en tant que DJ ici, en Finlande. Il est assez connu. Il est tombé amoureux de notre musique et, il y a environ un an, il nous a dit : « de toutes façons, je suis coincé ici, pourquoi ne pas m’intégrer au groupe ? » Il est officiellement le sixième membre et nous avons enfin le sentiment que Blind Channel est au complet.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un titre de Violent pop pour expliquer à quelqu’un ce qu’est votre musique, laquelle serait-ce ?

Niko : De Violent pop ? Sans hésiter, ce serait Over my dead body. C’était le premier single, et une des premières chansons que nous avons composées pour cet album et celle qui nous a permis de nous faire un nom.

 

Metal-Eyes : Es-tu fatigué de parler du concours Eurovision ou pas encore ?

Niko : Eh bien… (il agite la main et rigole). Allez, on peut parler de l’Eurovision si tu le souhaites.

 

Metal-Eyes : Certains vous ont découverts lors de votre passage à l’Eurovision. Comment un groupe comme Blind Channel se retrouve-t-il impliqué dans un tel concours ?

Niko : Ben, on ne savait pas quoi faire d’autre (rire général). Nous avons sorti Violent pop, avions une grosse tournée européenne prévue et, soudain, tout a été annulé…Nous savons tous pourquoi. Nous étions dans notre local et nous nous sommes dit que nous avions construit quelque chose pendant 7 ans, et n’avions aucune envie d’attendre. Notre guitariste nous a dit : « les gars… On devrait aller à l’Eurovision ». La plupart d’entre nous lui a dit que nous sommes un groupe de rock, que nous n’avons rien à faire là-bas…et on a commencé à y réfléchir : « et pourquoi pas, ça pourrait être top ! » Nous connaissions l’Eurovision, mais aucun de nous ne l’avait jamais regardé. Il fallait que nous y allions pour savoir ce que c’était. Et c’était une super fête, une des plus belles expériences de ma vie ! Je pourrais en parler quand je serai un vieil homme. Et ça a propulsé notre carrière : maintenant, l’Europe entière connait Blind Channel. Même si nous étions sceptiques au départ, je crois que c’est la meilleure chose qui pouvait nous arriver cette année.

 

Metal-Eyes : Je peux l’imaginer. Te rends-tu compte que depuis la création de l’Eurovision en 1961, la Finlande a presque toujours été représentée mais que seuls 12 groupes ou artistes ont fini dans les 10 premiers du classement. Parmi eux, seuls 2 viennent du rock/metal : vous cette année et Lordi qui est arrivé premier en 2006. Tu crois que le concours Eurovision devrait plus se tourner vers le rock que la variété ?

Niko : Absolument, regarde qui a gagé : Maneskin, un groupe rock. C’est la meilleure chose qui puisse arriver : qu’un groupe de rock gagne ce concours, et que nous soyons parmi les 10 premiers ! Les gens ont besoin de rock ! Ce n’est pas que le rock, peu importe le genre : une bonne chanson est une bonne chanson, que ce soit du jazz, de la musique classique, de l’électro… C’est avant tout un concours de pop, avec de bonnes chansons. Mais s’il y avait un spectre plus large, une plus grande représentativité des genres… Une chanson pop et une autre et une autre encore… ça devient vite lassant. Tu ne peux pas regarder ça pendant deux heures !

 

Metal-Eyes : En 2006, lorsque Lordi est rentré en Finlande, ils ont été accueillis en héros. Comment s’est passé votre retour ?

Niko : C’était très cool… un peu comme des héros aussi, bien que nous ne soyons partis que 48 heures. Mais nous étions saouls de fatigue ! A part cela, je crois que les gens étaient très contents de notre position. Un moment historique pour la Finlande qui n’a pas tant de top 10 que ça. Les gens étaient sceptiques au départ « ces gars ne vont jamais y arriver, l’Eurovision n’est pas faite pour ce genre de groupe… » ! On était content de pouvoir leur prouver le contraire. Oui, l’accueil a été assez héroïque, mais je ne m’en souviens pas tant que ça. C’était fun !

 

Metal-Eyes : Vous êtes arrivés 6èmes. Il y a 6 membres dans le groupe. Que ce serait-il passé si tu t’étais débarrassé des 5 autres membres ?

Niko : Oh, mon dieu, je n’y avais pas pensé sous cet angle… Merde, je sais que j’aurais dû le faire en solo (rires) !

 

Metal-Eyes : Le concours Eurovision a permis à Blind Channel de grossir et de toucher un plus vaste public à travers les stations de streaming ou les ventes en lignes. Comment allez-vous gérer votre image à l’issue de ce concours ?

Niko : Eh, bien… nous allons proposer de la nouvelle musique, et surtout un nouvel album. Pendant l’Eurovision, nous avons signé un gros contrat de disque, alors nous devons enregistrer un super album qui sortira l’année prochaine. Nous n’allons pas nous arrêter là. Comme je l’ai dit, l’Eurovision n’a jamais été un rêve, mais ça représente une étape dans notre carrière, un peu décalée, mais nous n’avions rien d’autre à faire. Maintenant, nous sommes vraiment reconnaissants envers tout ce que l’Eurovision a pu nous apporter, nous avons plus de followers, de fans. Mais le travail continue, notre rêve était de tourner à travers le monde avec notre musique. C’est toujours notre but. L’Eurovision fait que les attentes du public sont importantes, et c’est une bonne chose, on a faim, et on va prouver aux gens ce dont nous sommes capables !

 

Metal-Eyes : Tu disais que tout avait été annulé en 2020 alors que vous aviez une grosse tournée prévue. Où deviez-vous vous produire ?

Niko : Nous devions jouer partout en Europe. Nous étions en pleine tournée qui a commencée en janvier. Nous étions en train de tourner quand nous avons commencé à entendre parler de ce truc, « le coronavirus ». On se demandait « Mais de quoi ils parlent ? » et alors que nous faisions route vers la Finlande, il semble que toutes les frontières fermaient les unes après les autres juste derrière nous ! Là, nous avons pris conscience que ce coronavirus était réel. On pensait que ça n’arriverait jamais en Finlande, non, c’est trop loin la Finlande (rires). Nous nous préparions à la sortie de l’album avec un gros concert en tête d’affiche quand nous avons reçu cet appel nous annonçant que ce concert était annulé… On s’est sentis vraiment mal… Nous recommençons à prévoir de tourner, doucement.

 

Metal-Eyes : Tu nous a dit que tu viens du rap, mais quelles sont tes influences en matière de rock ?

Niko : Linkin Park, c’est le point commun à tous les membres du groupe. Notre amour pour Linkin Park est ce qui nous a réunis à cette fête. Je n’aimais pas les mecs qui écoutent du rock, ils n’aimaient pas les mes qui écoutent du rap et un jour, quelqu’un nous a conseillé d’couter Linkin Park. Ça nous a tous mis d’accord ! Maintenant, j’aime beaucoup Bring Me The Horizon, ils sont extra. Sur la scène pop, j’aime beaucoup Pauls Malone (ndMP : pas sûr de l’orthographe…), j’aime beaucoup depuis quelques années. Il ne fait pas que du rap, il mixe beaucoup de choses et j’aime vraiment le résultat. Plus jeune, j’écoutais Eminem, le king of rap…

 

Metal-Eyes : La Finlande figure déjà sur la carte du rock avec quelques groupes mondialement célèbres. Comment comptez-vous faire pour monter sur le podium ?

Niko : Simplement en cherchant à faire toujours mieux, repousser les barrières. Si tu te contentes de ce que tu as fait, ça ne sert à rien : va plus loin, donne-toi des défis et relève-les ! Tu as donné un super concert ? Le prochain doit être meilleur encore. Tu as écrit une bonne chanson ? Fais mieux encore ! Nous sommes nos premiers critiques. Ce n’est pas une compétition avec d’autres groupes, c’est une compétition avec nous-mêmes. Nous voulons simplement faire toujours mieux. Jusqu’à présent ça fonctionne, et nous allons continuer ainsi. Peut-être un jour en récolterons-nous les fruits. Tu sais, nous venons d’une petite ville de Finlande, et toute notre carrière a été rythmée par l’industrie de la musique, des maisons de disques, des représentants… Personne ne croyait que quoi que ce soit de bon puisse venir de Finlande… On leur dit d’aller se faire foutre et de nous regarder…

 

Metal-Eyes : Quelle est alors ta définitions d’une « bonne » chanson et d’un « bon » concert ?

Niko : Une bonne chanson, c’est celle dont tu ne te lasses pas, que tu as envie d’écouter encore et encore. Peu importe le genre… Un bon concert… Nous sommes un groupe de scène, il faut nous voir live. Nous bougeons tout le temps, nous voulons vraiment avoir un show marquant, avec de la pyrotechnie, des explosions, que le public se demande ce qu’il se passe… Qu’il ait quelque chose à voir et écouter.

 

Metal-Eyes : Une chanson comme Dark side (présentée à l’Eurovision), pourrait-elle devenir un hymne à reprendre live, en chœur ?

Niko : Beaucoup de gens le disent, je ne sais pas, je suis trop proche de cette chanson (rires) !

 

Metal-Eyes : Une dernière chose : quelle pourrait être la devise de Blind Channel ?

Niko : Nous avons une devise, mais c’est en finnois… En anglais, ça donnerait quelque chose comme « mets-toi au boulot ! »

 

Metal-Eyes : Ce qui va de pair avec votre esprit de dépassement. As-tu quelque chose à rajouter pour le public français ?

Niko : Disons… Merci pour votre soutien, et si vous ne nous connaissez pas encore, allez découvrir notre musique et rejoignez la « violent pop revolution ».

HELLFEST 2022: le plus grand festival du monde?

Ça y est, c’est officiel: la rumeur circule depuis quelques jours, Hellfest Production vient de confirmer que le Hellfest 2022 se déroulera sur 2 week-ends! un total de 7 jours de festival entre le vendredi 17 et le dimanche 26 juin avec pour point d’orgue le rêve qui deviendra réalité puisque Metallica envahira Clisson! 7 jours avec 350 groues (dont très peu de doublons)

Bien sûr, certains commençaient à râler disant que Metallica devrait être programmé le premier week end pour remercier tous ceux qui n’ont pas revendu leur billets, mais le HF a trouvé une autre solution: une journée de prévente pour tous ceux encore en possession de leurs achetés en 2019. Cette prévente durera 24 heures et débutera le 6 juillet à 13h. Dès le lendemain, le solde de places sera à disposition du public également à partir de 13 heures.

Délectez-vous de l’affiche, purement monstrueuse, et faisons, ensemble, tout ce qu’il faut pour que ce soit la réalité!

Toutes les infos sur www.hellfest.fr

Un conseil pour les non campeurs: jetez-vous sur les hébergements, déjà rares…

 

ARTILLERY: X

Thrash, Dannemark (Metal Blade, 2021)

Si seulement… Si seulement les Danois avaient, en première partie de carrière – le groupe s’est formé en 1982 – daigné prendre le risque de tourner intensivement, ils auraient pu se positionner aux côtés de Sodom ou d’un Kreator en gestation. Mais, non… Résultat évident: la formation de Michael Stützer courre inlassablement derrière le lièvre en proposant pourtant des albums de haut niveau. X, le bien nommé dixième album, pourrait-il repositionner Artillery sur le devant de la scène? Sans avoir la prétention de réinventer le genre, le groupe se montre sous un jour des plus flatteurs: mélodique, rapide, puissants, les 11 titres (plus 2 bonus sur l’édition limitée) foncent dans le tas, puisant dans le thrash direct et sans concession, se faisant ici porteur d’un hymne et leitmotiv brandissant fièrement le drapeau du genre (In thrash we trust), explorant des sonorités orientales (The devil’s symphony, Silver cross), développant des riffs obsessionnels (In your mind). Le mid tempo The ghost of me vient calmer le jeu à mi-parcours et, même si le thème musical des couplets est sympa, le titre aurait sans doute pu être absent car dénote trop avec le reste de l’album. Mais ce n’est là qu’un détail tant le reste se tient et défouraille comme il faut. Le chant haut perché de Michael Bastom Dahl est d’une rare efficacité même si son timbre haut perché pourrait en rebuter certains. L’ensemble évoque aussi bien les géants du genre qu’on ne citera pas (mais on peut parler de la reprise de Trapped under ice de Metallica, le second titre bonus qui suit The last journey, titre hommage au frère de Michael Stützer, Morten, décédé en 2019) que les moins chanceux (il plane une grosse ombre des Américains de Trauma, dernière période). Speed, déterminé et rageur, avec X, Artillery nous offre un album de thrash comme on l’aime.

 

VULCAIN: C’est la fin…

 

C’est avec ce post sur Facebook que Marc Varez, batteur de Vulcain, a annoncé le 10 juin 2021 la triste nouvelle:

« C’est avec un pincement au cœur que nous vous annonçons que Vulcain arrête son activité.

Depuis plusieurs mois, Daniel Puzio (chanteur et guitariste), a des problèmes de santé qui ne lui permettent plus de monter sur scène sereinement. Il a donc décidé de cesser son activité musicale et nous respectons et comprenons tous sa décision.
Nous remercions tous nos fans de nous avoir soutenus toutes ces années, les organisateurs de concerts qui nous ont fait jouer et toutes les personnes qui se sont investies dans la grande aventure qu’a été Vulcain.
Nous ne participerons pas aux festivals prévus… »
Formé en région parisienne en 1981, Vulcain s’est rapidement fait remarqué par son heavy metal gras et puissant, rappelant, notamment par le chant de Daniel Puzio – guitariste, chanteur et fondateur du combo avec son frère, le bassiste Vincent – rugueux. Rapidement surnommé le Motörhead français, le quatuor (Didier Lohézic à la guitare de 1981 à 1989, décédé le 26 avril 2020 à l’âge de 61 ans), Vulcain se positionne dans le peloton de tête des jeunes loups de la nouvelle scène française. Son nom brille aux côtés de ceux d’ADX, H-Bomb, Sortilège, Blasphème, High Power…
La sortie de son premier album, Rock’n’roll secours, en 1984 permet au combo, alors accompagné de Franck Vilatte à la batterie, de tourner intensivement, notamment avec… Motörhead et de séduire un public croissant. Un passage par le premier France festival à Brétigny sur Orge confirme sa position de challenger sur qui il faut compter.

France Festival 1985

Dès Despérados (1985), Marc Varez récupère la place de batteur, poste qu’il conservera tout au long du parcours de Vulcain. Nouvelle tournée dont un passage plus que remarqué au France Festival de Choisy le Roi qui, pourtant, marque le désintérêt du public pour le metal hexagonal (à peine 2.000 spectateurs par jours…)

France Festival 1985

France Festival 1985

Big brother (1986) voit le groupe se lancer dans une intensive tournée française – Vulcain ouvre même pour Iron Maiden sur la tournée Somewhere on tour devenant le premier groupe français de la famille hard/metal à jouer à Bercy – qui se solde par deux dates à la Locomotive de Paris qui donneront naissance en 1987 au témoignage live Live force. 1986 c’est aussi la première cérémonie des Osc’hard au Théâtre du Forum des Halles qui voit Vulcain recevoir une pluie de récompenses…

Paris, Cérémonie des Osc’hards 1986

Mais… Le départ de Didier Lohézic force les frangins Puzio et Marc Varez à dégoter une nouvelle fine gâchette. Les ennuis commencent… Frank Pilant n’enregistre que Transition (1990) qui déroute les fans. Derrière les cartes frappe certes fort, mais la suite présente un groupe qui prend des risques sans parvenir à convaincre son public. Même constat avec Big bang (1992) avec, cette fois, la participation de Marcos Arieta à la guitare. Look plus « in », compos réfléchies, là encore, malgré la puissance du morceau titre ou de Faut faire la guerre, le public ne suit pas, pire: il déserte. La route est longue avant que Vulcain ne réussisse à séduire de nouveau son public.
La décision de devenir trio est sans doute la plus judicieuse qui soit. La nouvelle formule revient avec un album autonommé, comme un nouveau départ, un retour aux sources. Vulcain parait en 1994 et renoue avec le metal rugueux qui a fait la renommé du gang. Mais là encore, malgré le soutien de la presse spécialisée qui reconnait unanimement les qualités de ce nouvel album, le public ne suit guère. Question de confiance perdue que même Atomic live, le très bien nommé, ne parvient pas à retrouver.
Les tensions montent au sein du groupe qui enregistre en 1998 Stoppe la machine. Signe du hasard ou message évident, au delà du titre de l’album c’est son illustration qui interpelle: totalement inspirée de celle du premier album, la noirceur est sans équivoque. Une nouvelle tournée et, sans surprise, le trio jette l’éponge.
Jusqu’en 2010… Depuis quelques temps, le public, qui a vu revenir sur le devant de la scène, notamment grâce au travail de Phil ‘Em All, initiateur et animateur des différentes éditions du Paris Metal France Festival, nombre de groupes disparus. ADX, Blasphème, Killers (bien que n’ayant jamais vraiment arrêté) et même Océan… Ne manque plus que de voir Vulcain revenir. Mais en 2008, lors du PMFF II, rien n’est moins sûr. Marc Varez et Daniel Puzio se faisant toujours la gueule évitent de se croiser dans le couloir de la Loco (j’en suis témoin…) Heureusement, la hache de guerre est finalement enterrée et Vulcain officialise son retour en 2010.
Une vaste tournée est mise en place et le trio enregistre et filme son concert du 13 novembre de cette même année au Trabendo de Paris offrant au public le témoignage de son retour avec En revenant… La salle est comble, et le public aux anges. Notamment en découvrant l’invité le plus spécial qui soit sur les rappels: Didier Lohézic.

Trabendo, Paris 2010

La suite, ce sont des dizaines de concerts à travers la France, au Canada, en Europe, le Hellfest, de nouveaux albums – qui tardent, certes, mais qui séduisent: V8 en 2013 et, un dernier pour la route, Vinyle, en 2018.

Divan du Monde, Paris 2011

Divan du Monde, Paris 2011

Rebrechien, mars 2014

Rebrechien, mars 2014

Rebrechien, mars 2014

 

en revenant…

Vulcain cessant son activité, ce sont des souvenirs par dizaines qui refont surface: ma première rencontre avec le gang lors du France Festival de 85, le forcing auprès de leur manager d’alors, Elie Benalie, qui avait oublié m’avoir accordé un pass photo pour le concert de l’Eldorado avec Rogue Male, photos finalement prises du balcon… des interviews en pagaille, l’honneur d’avoir mes clichés (pris avec un simple bridge) retenus pour illustrer la pochette de En revenant…, le live du come back, Dan qui signe la préface de ma tentative de recueil « Fils de la haine », des concerts à Paris, à Orléans, Olivet, Rebrechien, Chateauroux, le Hellfest… Combien de fois nous sommes nous croisés, combien d’interviews dans les loges, un bar, le HRC ou dans un van? Depuis que j’ai découvert le groupe, Vulcain ça a toujours été une source de plaisirs, d’échanges simples et de rock pur et direct.

Rebrechien, mai 2014

Hellfest 2015

Olivet 2017

Olivet 2017

Olivet 2017

Merci Messieurs pour ces années de « Bon rock » comme l’écrit sur ses dédicaces l’ami Vincent, prenez tous les trois soin de vous. On ne se verra plus « sur la route » mais je continuerai d’écouter vos brûlots finalement indémodables.

Châteauroux 2020