Concerts from home: WHITESNAKE

Faire le tour du monde sans bouger de chez soi, sans passeport ni frontières, c’est l’invitation de Metal Eyes à travers la (re)découverte de ces albums live, mythiques ou moins connus, décortiqués en cette période sans concerts. Cette semaine, Concerts from home vous emmène au pays de sa Gracieuse Majesté, outre-manche. On est partis? Lire la suite

Concerts from home: ANTHEM

Faire le tour du monde sans bouger de chez soi, sans passeport ni frontières, c’est l’invitation de Metal Eyes à travers la (re)découverte de ces albums live, mythiques ou moins connus, décortiqués en cette période sans concerts. Cette semaine, Concerts from home vous emmène au pays de Soleil Levant. On est partis?

ANTHEM – The show carries on ! 

Japon, Heavy metal (1987, Nexus)

1980 n’est pas que l’année de la renaissance du heavy metal en Angleterre. Un peu partout, le genre semble se refaire une santé, que ce soit aux USA ou en Europe qui voit naître nombre de nouvelles formations. Plus étonnant, sans doute parce que nos esprits n’y sont pas préparés, c’est l’extrême orient, le pays du Soleil levant qui entre dans la danse, donnant naissance à des Loudness, Earthshaker ou autre Anthem qui voit le jour en 1980, à Tokyo. La formation répète, se forge une identité sonore, visuelle, un caractère musical, et, là aussi, quelque chose se passe. Ce n’est cependant qu’en 1985 que Anthem, alors composé des fondateurs Naoto Shibata à la basse et Takamasa Ohuchi à la batterie, accompagnés du chanteur Eizo Sakamoto (arrivé fin 1984) et du guitariste Hiroya Fukuda, véritable arme secrète du quatuor, publie son premier album autonommé qui lui apporte une certaine exposition internationale. Deux ans plus tard, les nippons publient Bound to break, leur remarquable troisième album. Sans doute est-il temps d’aller faire du pied aux Américains ? Il y a peu de traces des concerts donnés par Anthem cette année là, mais voilà : le groupe pose ses flight cases au récent Country Club de Reseda – autant dire Los Angeles – le 5 juin 1987. Dans ses bagages se trouve le producteur Chris Tsangarides dont la renommée n’est plus à faire (il a notamment travaillé avec Thin Lizzy, Tygers of Pan Tang, Anvil et bien d’autres). A l’extérieur, le studio mobile Record Plant. L’enregistrement sera ce soir piloté par Bill Fresh. D’abord boite de nuit, la salle, d’une capacité de 1.000 personnes, fut inaugurée en 1980 et ses activités se diversifient jusqu’à sa fermeture en 2000. Et en ce 5 juin, Anthem joue en tête d’affiche, se faisant accompagner par Racer X, en vue, et les plus jeunes Commander. Et l’on serait tenté de croire que les deux groupes ont fait leur job de chauffeurs de salle tant l’accueil réservé à Anthem est explosif. Le quatuor ne se fait, au fil des 10 morceaux retenus, pas prier pour donner de la voix, de l’énergie et se mettre se public dans la main ! Et ce n’est pas que parce que le groupe sait charmer avec ses paroles mélangeant anglais et japonais, non… Si le son est brut, Tsangarides, qui mixe ce The show carries on !, le restitue comme il se doit : vrai, franc et direct. Fou de bout en bout, Anthem, dès l’explosif Machine made dog ne lâche rien. La voix surpuissante et enragée de Eizo dit clairement sa volonté d’en découdre, la guitare de Hiroya fait des merveilles. C’est remarquable sur son solo qui mixe Beethoven et Malmsteen (ok, néoplpasme…) sur Empty eyes. Les influences du groupe vont bien plus loin, Lay down – la rage vocale ne laisse aucun doute quant aux intentions du chanteur – lorgne volontiers du côté d’Accept. La puissance est telle que le pont calme sur Soldiers est bienvenu. C’est d’ailleurs le seul moment de repos du concert ! Clairement plus heavy que ses confrères, Anthem veut s’imposer dans le paysage musical mondial. D’abord paru sur le label Nexus en septembre 1987, la prestation fut amputée de quatre titres (Tightrope dancer, Headstrong, Night after night et Rock n roll stars) ainsi que du solo de batterie. Même la réédition en CD de King records, en 2001 les laisse de côté. Il faudra attendre 2005 pour retrouver le show dans son intégralité sur le double album The show carries on ! Complete version, toujours proposé par King records. Malgré ses productions d’un niveau remarquable, malgré la puissance de ce live dantesque, Anthem ne parviendra cependant jamais à percer internationalement et se séparera en 1992, avant de revenir en 2000 pour ne plus s’arrêter, devenant un des groupes japonais les plus productifs de l’histoire. Puisqu’on n’a que peu de chances de les retrouver, rattrapons-nous avec ce The show carries on ! dédié à « tous les heavy metal kids, passés, présents et à venir ». Imparable, une grosse claque, en tous les cas.

Concerts from home: VULCAIN

La série Concerts from home continue et reviens en terres hexagonales avec l’un des plus puissants albums en public des 80’s, offert par les forgerons de l’enfer. Retour sur la naissance de Live force. 

VULCAIN – Live force (Musidisc, 1987)

Alors que la majeure partie des groupes français a plié bagages après, disons, le France Festival de Choisy le Roi, Vulcain, les forgerons du metal made in France, publie en 1986 son troisième album, Big brothers. Si le quatuor (Daniel Puzio au chant et à la guitare, son frère Daniel à la basse, Didier Lohézic – récemment disparu – à la seconde guitare et Marc Varez à la batterie), trop souvent comparé, souvent mais pas toujours à tort, à un Motörhead français, affine son son, il reste politiquement engagé, remplaçant quelque peu un Trust ayant jeté l’éponge au milieu de l’été 85. En récupérant la place de leader du heavy rock français, Vulcain a même l’honneur d’être le tout premier groupe hexagonal du genre à jouer au POPBercy en ouverture du Somewhere on tour d’Iron Maiden, devant un public chaud bouillant, le 29 novembre 1986. Une très belle fête pour célébrer la sortie de ce Big Brothers, non ? Battant le fer tant qu’il est chaud, Vulcain – et son manager / mentor d’alors, Elie Benalie, mettent en place une tournée digne de ce nom, selon les critères français d’alors… Une vingtaine de dates est ainsi planifiée entre le 13 mars 1987 au Palais des Sports de Joué les Tours (37) et le final des 2 et 3 mai 1987 à la Locomotive de Paris (ancêtre de la désormais Machine, mais configuration identique). Une tournée qui verra Vulcain sillonner l’Hexagone (Nantes, Montpellier, Nice, Orléans, Lyon, Besançon…) et s’offrir une petite escapade chez nos voisins suisses, belges et italiens. Et partout, les salles affichent complet. Autant dire que les dates parisiennes, dont seule la première, le 2 mai, est retenue pour l’enregistrement d’un album live, sont attendues de pied ferme par l’ensemble des musiciens, des techniciens et même Chariot, les Anglais invités en première partie, inclus, pour faire de ce final une fête mémorable. Et c’est le cas, la Loco, blindée comme jamais deux soirs de suite, accueille sans doute plus que les quelques 800 personnes que sa capacité autorise… Tant mieux, car le public est au taquet, transformant cette salle et son long couloir/bar en une étuve digne des chaleurs des enfers. Véritable cinquième homme de ce 2 mai 1987, ce public porte Vulcain aux nues de bout en bout du concert. L’ensemble des trois albums est passé en revue tout au long des 11 classiques que propose le groupe, au top de sa forme. Rock’n’roll secours, Fuck the police, La dame de fer, Comme des chiens côtoient le plus récent Khadafi. Étrangement, Vulcain propose même une reprise de Hell ain’t a bad place to be (AC/DC) pour un pré-final dantesque où le quatuor est accompagné de tout Chariot, Pete Franklin se chargeant – heureusement, quand on connaît l’accent de Daniel ! – du chant avant de conclure avec l’incontournable Digue du cul. Bien qu’un peu court (il aurait alors été risqué pour un groupe français, même le numéro un du metal, de sortir un double live), Live Force qui parait fin 1987, témoigne de la puissance de feu et de la popularité de Vulcain, alors au sommet de son art. Live force a été remasterisé par Marc Varez et réédité en 2004 chez XIII bis records sous format CD agrémentés de 4 titres complémentaires (Faire du rock, Les damnés, Le soviet suprême et Soldat) offrant ainsi une expérience un peu plus complète de ces concerts d’anthologie. Les choix futurs – départ de Didier remplacé par Franck Pilant pour un album déroutant, le bien nommé Transition, suivi de Marcos Arrieta sur le non moins étonnant Big Bang) – verront Vulcain se perdre et se noyer dans le doute avant sa dissolution à la fin du siècle dernier puis sa reformation de 2010 et un nouveau live explosif ( En revenant…,  2011) remettant quelque peu Vulcain sur les rails.

Concerts from home: SCORPIONS

Parce que nous sommes privés de concert jusqu’à… seul le diable le sait, et encore… Metal Eyes, au travers de Concerts from home,  vous invite à revivre les grands ou plus obscurs moments live que la vie discographique nous a offerts. Cette semaine, allons chez nos voisin d’Outre Rhin célébrer les immenses Scorpions.

SCORPIONSTokyo tapes (RCA, 1978)

Made in Japan, le double album live de Deep Purple paru chez EMI en 1972 a fait un tel effet que nombreux sont les groupes souhaitant marcher dans les pas des Anglais. Scorpions, qui vient, après deux premiers albums un peu remarqués, de publier un indispensable triptyque (In trance en 1975, Virgin killer en 1976 et Taken by force en 1978) s’est hissé parmi les plus grands groupes du rock international. Un exploit pour un groupe allemand à une époque dominée par les Anglais et les Américains. Mais le groupe a le vent en poupe, tant à domicile où il a, en 1977, été élu meilleur groupe allemand, qu’en Europe que Scorpions sillonne intensivement. Sollicité de partout, la formation, alors composée de la solide base Klaus Meine (chant) et Rudolf Schenker (guitare), les fidèles Francis Buchholz (basse) et Uli Jon Roth (guitare) et Herman Rarebell (batterie, arrivé dans le groupe au mois de mai 77 en lieu et place de Rudy Lenners) se lance, au mois d’avril 78, dans une tournée japonaise en 1978. Taken by force est paru quelques mois plus tôt, en décembre 1977, lorsque les Allemands s’envolent. C’est la première fois que les teutons se rendent au pays du soleil levant, alors immortaliser l’instant semble une évidence. En fait de tournée, le groupe donne un total de 5 concerts à Nagoya, Osaka et Tokyo entre le 23 et le 27 avril 1978. Deux des dates de Tokyo sont ainsi immortalisée – les 24 et 27 avril – au Sun plaza hall. Deux dates qui deviendront Tokyo Tapes, produit par Dieter Dierks, fidèle producteur du groupe depuis 1975 et responsable des 3 albums mentionnés plus haut (et des suivants, jusqu’à la fin des 80’s). Ce témoignage été enregistré à l’aide du studio mobile Tamco par Tomotsu Yashida. Et le rendu est simplement à la hauteur de la folie des prestations du groupe, dont les musiciens sont encore capables de se contorsionner et de se muer en pyramide humaine. Forcément, seul un double album peut rendre justice à la puissance de ces prestations, nerveuses et épineuses à souhaits. Naturellement centré sur son dernier né avec 4 extraits, à égalité avec In trance, tandis que 3 morceaux honorent Virgin killer. Soit 11 titres sur les 18 de ce live. Le public japonais, qu’on dit habituellement sage, est ici bruyant même si on a parfois le sentiment qu’il ne reconnait pas immédiatement les chansons, qu’il attend les premières paroles pour clamer son approbation. Et Scorpions fait tout pour le séduire, alternant entre titres rock et ballades – une spécialité de toujours pour ceux qui n’ont découvert le groupe qu’en 1984… Les photos intérieures de ce double album montrent des musiciens heureux. Imitant les Beatles traversant la rue (il y a un peu plus de monde dans les rues de Tokyo que celles de Liverpool), et quelques tranches de vie et de concert ne sont malheureusement pas assez pour assouvir la curiosité du fan. Mais c’est aussi l’époque qui veut ça. Ce sera pourtant la dernière participation du lunaire Uli Roth qui sera par la suite remplacé (d’abord temporairement, puis définitivement, mais c’est une autre et longue histoire !) par le discret et sympathique Matthias Jabs. La carrière de Scorpions, alors au sommet de sa forme, n’a pourtant pas encore atteint les sommets créatifs et populaires que lui réservent les années 80. La bête va bientôt devenir un monstre sacré. Tokyo tapes lui en ouvre le chemin, le disque rencontrant un succès plus que mérité partout dans le monde. Ce premier live de Scorpions fut plus tard réédité sous format CD, remasterisé en 2001 par EMI (et se vit alors amputé de Polar nights par manque de place sur un CD simple) puis en2015 par BMG. Cette dernière version propose un CD supplémentaire regroupant Tokyo tapes dans son intégralité ainsi que 3 morceaux supplémentaires (Hell cat, Catch your train et Kimi Ga yo) ainsi qu’une seconde version de Polar nights, He’s a woman, she’s a man, Top of the bill et Robot man dans un packaging valorisant cette œuvre indémodable.

Concerts from home: MANIGANCE

Parce que ce 28 octobre le groupe de François Merle aurait dû retrouver les planches de l’Elysée Montmartre en ouverture de Sortilège (le concert est – de nouveau – repoussé au  21 octobre 2021), Concerts from home revient sur leur album live enregistré, principalement, à Paris en 2004. Et ceci est tout sauf un dernier hommage!

MANIGANCEMémoires… live France, hard rock, (Replica records, 2004)

C’est en 1995 que naît, à Pau, Manigance, de la volonté de François Merle, ex-guitariste de Killers avec qui il a fourbi ses armes entre 1987 et 1994. En 2004, Manigance a déjà 3 albums à son actif et la formation paloise fait partie de ces challengers de la scène hexagonales, riche et florissante, en qui le public place de très gros espoirs. La qualité et la puissance de ses compositions séduisent d’ailleurs, et à juste titre, jusqu’au public japonais pour qui ce premier album live a été enregistré. Pour un groupe français, on peut se permettre de parler d’exploit tant s’exporter semble mission impossible ! Déjà, tourner en France est loin d’être évident… Peut-on même simplement parler ici d’une tournée ? Le premier concert de soutien à D’un autre sang, le dernier album en date, est donné le 12 février 2004 à Lyon (au Rail théâtre) pour s’étendre jusqu’au 21 du même mois au Manège de Lorient (on peut rajouter quelques dates éparses en mars, mai et juillet). En moins de deux semaines, ce sont 9 villes que Manigance aura visitées au détour desquelles le sextet, solide et fidèle (Didier Delsaux au chant, François Merle et Bruno Ramos aux guitares, le discret Marc Duffau à la basse, Daniel Pouylau à la batterie et Florent Taillandier aux claviers) se livre enfin à l’exercice de l’album live. Enregistré le 17 février 2004 à l’Elysée Montmartre de Paris (sauf le sublime Dernier Hommage qui a été capté à La Laiterie de Strasbourg le lendemain) devant un public chaud bouillant, Mémoires… live est d’abord destiné au marché japonais afin de remercier le public nippon de l’accueil extraordinaire qu’il a su réserver aux Palois. La France découvre donc ce témoignage en import avant que ne lui soit livrée une version amputée d’un titre de cet album qui reflète sa fort remarquée discographie passée, mettant logiquement l’accent sur son dernier opus en date puisque 8 morceaux (sur 14, version européenne) en sont issus ; 5 proviennent de Ange ou démon et un seul (malheureusement un des morceaux que j’aime le moins), L’ultime seconde, est issu de Signe de vie. Ce concert commence pied au plancher, Manigance ne laissant pas le temps au public, qui vient de s’enquiller Adagio et Malédiction en chauffeurs de salle, de reprendre son souffle. Et, exception faite du temps calme imposé à mi-parcours avec La mort dans l’âme, le groupe fonce comme si sa vie en dépendait. Le public parisien a toujours eu la réputation d’être difficile et exigeant, mais là, il semble prêt à manger dans le creux de la main de Didier Delsaux qui communique avec beaucoup d’aisance avec ce public, public auquel il s’adresse de la même manière que Bernie Bonvoisin (Trust), en le tutoyant. Il manque cependant à cet album un très léger brin de simplicité, de vérité. Le son, puissant, ne semble pas toujours venir de ce concert… et à lire les crédits de la jaquette (trop peu fournie, pourquoi ne pas avoir proposé un peu plus de 4 pages ???), on constate, le groupe ne s’en cache pas, qu’il y a eu des retouches de faites (« overdubs recorded at Manigance studio, Pau, France »), ce qui explique peut être qu’il ait fallu une bonne année avant que cet album ne rencontre son public. Overdubs, soit, mais point trop n’en faut. Or, ici, il semble qu’il y en ait eu un peu partout, ôtant cette humanité rare que l’on peut trouver dans les concerts. Mais ce n’est, au final, qu’un détail tant Manigance semble prendre du plaisir à être face à ce public qui le lui rend bien. Un autre détail qui, à l’époque de sa sortie en 2005, ne pouvait que passer inaperçu mais qu’aujourd’hui on remarque le sourire aux lèvres : parmi les photographes crédités se trouve une certaine Carine Pinto, aujourd’hui chanteuse de Manigance. Le monde est petit, non ?

Concerts from home: MOTÖRHEAD

C’est désormais une habitude… Toujours privés de concerts, Metal Eyes continue de de revisiter certains albums live au travers de la rubrique nouvelle rubrique « Concerts from home ». Cette semaine, c’est un monstre sacré qui est décortiqué. Enjoy !

MOTÖRHEAD : Live ! 1978-1999 (Castle music, 2003)

Quoi, quoi, quoi ??? C’est quoi ce live ? Et pourquoi pas le chef d’œuvre No sleep ??? Hein ? Parce que ! voilà ! Les amateurs de Motörhead le savent et le connaissent bien ce Live ! 1978-1999 puisqu’il s’agit du cinquième disque de Stone deaf forever, l’indispensable coffret retraçant la carrière de Lemmy et de ses divers complices depuis la création du groupe. Et c’est bien dans cet esprit qu’il faut aborder ce CD qui contient 21 titres allant d’un On parole brut et rock n roll sous speed et du classique Train kept a rollin’, tous deux extraits du premier live What’s words worth paru en 1978 à trois extraits de Everything louder (On your feet or on your knees, I’m so bad baby I don’t care et un explosif Born to raise hell) datant de 1999. OK, jusque là, que du connu, me dires-vous… Certes, et chacun peut encore aisément trouver ces albums. L’intérêt est ailleurs, donc… Dans ces pépites, ces raretés que nous propose Lemmy parmi lesquelles 6 inédits soit piratés (la reprise de Nadine – prononcé Naydeene – et sa charmante introduction –« this is a French name after all » et Silver machine) ou récupérés auprès de la BBC dont le travail d’archivage sonore est plus qu’exemplaire (Too late too late, (I won’t) pay your price, Steal your face) ainsi que cette version de Metropolis parue sur un 45t grec et, pour l’occasion, renomée Acropolis. Rien que pour ça, ce live vaut plus que le détour, même si le râleur pourra se plaindre que les autres titres restent aisément trouvables puisque figurant déjà sur d’autres live officiels (l’incontournable No sleep ‘til Hammersmith dont nous reparlerons ici, The birthday party, Live at Brixton et les deux autres déjà mentionnés). Mais comment ne pas se délecter de la fureur de Mean machine, suivi par la hargne de ce No class avec Wendy O’ ? De ces deux décennies, on se rend compte que, toujours, Motörhead sur scène cassait la baraque. De plus, le groupe ne tombe pas dans le piège du live facile, celui qui reprend les classiques parmi les classiques (pas besoin de les nommer, n’est-ce pas ?) Non, il parle ici aux fans, ceux qui veulent de la matière, et il y en a dans ce coffret d’un réel intérêt historique puisque les 4 autres CD retracent tout le parcours de Motörhead, des débuts en 1975 jusqu’à 2002 au travers de 78 autres titres ! Le tout est agrémenté d’un superbe livre(t) de 60 pages, bourré d’info et de photos rares, d’une bio signée Mick Wall, d’illustrations de l’incontournable Joe Petagno et d’une reproduction d’une affiche de concert avec Morbid Angel en première partie… Si le groupe a continué avec beaucoup de matière jusqu’à la disparition de Lemmy, ce coffret apporte son lot de headbanging à n’importe quel motörheadbanger digne de ce nom. Indispensable ? Oui ! They are Motörhead and they play rock’n’roll !

 

Concerts from home: AEROSMITH – Live! Bootleg

C’est désormais une habitude… Toujours privés de concerts, Metal Eyes continue de de revisiter certains albums live au travers de la rubrique nouvelle rubrique « Concerts from home ». Cette semaine, un nouveau grand classique vous est proposé.

Pour ce nouveau volet, restons aux USA. Plus précisément dans le Massachusetts dont la capitale, Boston, a vu naître un des plus gigantesques groupe de tous les temps avec Aerosmith. Revenons alors sur leur premier album live, le mythique Live! Bootleg

AEROSMITHLive Bootleg ! (Columbia, 1978)

En 1978, alors que le groupe se noie dans la dope et l’égo, Aerosmith (son label et son management aussi) décide qu’il est temps de sortir son premier album live. Le groupe de Boston a déjà 5 disques à son actif, le dernier en date, très justement ou ironiquement nommé Draw the line (1977) n’ayant pas rencontré le même succès (double platine aux USA, quand même) que ses deux prédécesseurs, les remarquables Toys in the attic et Rocks (1975 et 1976) qui ont transformé Aerosmith en un monstre sacré du rock made in USA. Steven Tyler (chant), Joe Perry et Brad Whitford (guitares), Tom Hamilton (basse) et Joey Kramer (batterie), soit la version idéale –idéalisée ? – du groupe, s’embarquent alors dans une tournée qui démarre le 27 juin 1977 à Fort Worth, à côté de Dallas, au Texas. Elle prendra fin une centaine de dates plus tard, le 23 juillet 1978, lors du Day on the green festival d’Oakland en Californie. Aerosmith aura principalement sillonné le territoire américain, malgré une rapide escapade en Europe (2 semaines en août 1977 qui, après l’Allemagne et la Belgique, se concluent au festival de Reading le 27 août) et quelques dates en décembre de cette même année au Canada. Mais le reste du monde ? Le succès du groupe est cependant tel que de nombreux albums « pirate » viennent polluer le marché, ce qui pousse les 5 à publier ce Live ! Bootleg à la pochette épurée et tenter de lutter contre ce marché parallèle, qui, sans doute, leur ôte de précieux deniers qui, plus encore que de payer leurs factures, pourraient bien mieux les alimenter en substances prohibées (les Toxic twins, ça vous dit quelque chose ?). 16 titres sur 4 faces composent ce premier live dont les chansons ont été enregistrées en divers lieux au cours de la tournée Draw the line, à l’exception, cependant des reprises I ain’t got you (Calvin Carter) et Mother popcorn (James Brown), qui, elles, remontent à 1973. Le son des clubs est particulièrement notable sur la reprise de Brown, étonnamment couplée sur le tracklisting à Draw the line qui, lui, fut enregistré 5 ans plus tard, en mars 78 à Philadelphie… Plus étonnant encore, ce dernier n’est même pas mentionné sur la pochette (originale ou réédition). L’album, une nouvelle fois produit par Jack Douglas, véritable 6ème membre, surprend par son intensité et la variété des publics. Clairement, le groupe est, sinon en forme, plein de gnaque et de tensions. C’est palpable par instanst, tant le groupe semble parfois en roue libre sur certains de ses titres emblématiques (la version de Dream on peut étonner). Mais ces tensions se traduisent bien souvent par une énergie sans pareille – la quasi séance d’impro sur Lords of the things est impressionnante – Tyler s’égosillant au point que l’on peut se demander comment il a pu préserver sa voix tout au long de la tournée… Euh, en fait, non, certaines substances l’y ont sans doute aidé! Et que penser de cette « baston » que se livrent Tyler et Perry sur l’explosive version de Walk this way ? Si Aerosmith implose quasiment en pleine gloire en 79 avec le départ de Joe Perry (après l’enregistrement de l’album suivant, Night in the ruts), ce live, publié à sa sortie par Columbia aux USA et par CBS en Europe s’inscrit bientôt parmi les classiques du genre, les indispensables de toute discothèque qui se respecte. S’il fut naturellement réédité en format CD (simple), le disque –vinyle et CD – propose son lot de photos en divers lieux, d’infos et d’affiches qui occupent le lecteur autant, ou presque, que les 75 minutes de ce rock explosif et entraînant. Certains préfèrent les Classics live parus plus tard ? Qu’importe ! En 1977/78 Aerosmith en impose, point. Dream on ? Non, rock on !

Concerts from home: VAN HALEN

Eddie Van Halen, guitariste de génie, vient de nous quitter. Puisque nous sommes encore privés de concerts, et que, c’est désormais certain, Van Halen ne sera plus jamais tête d’affiche où que ce soit, replongeons nous dans ce premier live du quatuor US. RIP, Eddie.

VAN HALEN – Live : right here, right now. (Warner, 1993)

6 octobre 2020, la nouvelle tombe : Eddie Van Halen vient de mourir. Nouvelle victime de ce cancer qu’on n’ose pas appeler autrement que « une longue maladie ». Il n’avait que 65 ans. Pour autant, l’héritage musical et guitaristique qu’il laisse derrière lui est immense. Mais il existe malheureusement peu de témoignages des performances live du quatuor. Après la scission d’avec Diamond Dave, le groupe se réinvente avec le Red Rocker (qui, visiblement, a mis ce dada coloré de côté), Sammy Hagar avec qui les 2 premiers albums – 5150 et OU812 – font sensation mais seulement pour un temps. Le suivant, For Unlawful Carnal Knowledge replace VH parmi les groupes les plus importants de son époque. Il est grand temps, sans doute, de proposer un live aux fans, chose aisée puisque Van Halen n’a de cesse de tourner. Ou presque… Pour l’occasion, le quatuor sillonne son pays de long en large. La tournée F.U.C.K. démarre le 16 août 1991 à Atlanta, en Géorgie, et s’étire jusqu’au 24 mai 1992 avec deux date à Mexico city, avant de reprendre, l’année suivante, juste après la sortie de ce Live : right here right now qui parait le 23 février 1993 et qui donne son nom à ce nouveau segment. Puisque le groupe a décidé de tourner en soutien à son album live, le public connait par avance la setlist, sans surprise véritable…C’est toutefois, pour Van Halen, une bonne occasion de se refaire un nom sur le vieux continent. C’est le 30 mars 1993 (après un concert de reprise au Whisky a Gogo de LA le 3 mars) que, sous le nom de Right here right now tour, Van Halen retourne en Europe pour une quinzaine de dates, démarrant à Munich, en Allemagne, et se terminant en Angleterre par un Wembley arena de Londres le 29 avril. Le groupe retrouve sa terre natale qu’il revisite jusqu’au 28 août 1993. Mais revenons en arrière, sur la première partie de cette tournée…En 1992, le quatuor fait une halte de deux jours à Fresno, en Californie, et investit le Selland arena les, 14 et 15 mai. Construite en 1966, et depuis agrandie, la salle est, pour un groupe de l’envergure de VH, de capacité moyenne puisqu’elle peut accueillir, dans sa configuration « concerts », 11.000 spectateurs. A l’extérieur, se trouve un studio mobile, le Westwood one manipulé par Biff Dawes. La salle est comble, le public, qu’on devine légèrement retravaillé au mixage, chaud. Et le groupe se donne autant que possible, principalement, c’est dommage, sur l’ère Hagar, le chanteur étant plus que mis en avant. Hell ! il y a même certains de ses morceaux (One way to rock et Give to live). De l’ère David Lee Roth ? Impossible de faire l’impasse sur Panama ou Jump, issus de 1984 ou de Ain’t talkin’ bout love et de la reprise des Kinks, You really got me, des débuts du groupe. Van Halen surprend également en jouant When it’s love, semblant de ballade aux quelques relents enjoués, en guise de troisième morceau… A peine on chauffe la foule qu’il faut ralentir le tempo ? Etonnant choix… Cependant, chacun des musiciens a droit à son moment, Eddie, naturellement, avec ses envolées sans pareil, joue les maîtres de cérémonies, même si l’on souhaiterait parfois un peu plus de risque, de pêche aussi. Son frère Alex est à la fête avec un solo de batterie tel que seul lui sait (savait) les concocter – d’ailleurs, pourquoi n’y a-t-il pas une seule photo correcte de lui dans le livret ? – et Michael Anthony nous offre un moment d’Ultra bass. Répartis sur deux CD (avec respectivement 13 et 11 titres), l’album a clairement été réarrangé, réorganisé. Les setlists qui circulent sur le net de ces deux soirées n’ont pas le même ordonnancement. Que penser, dès lors ? Que comme tant d’autres formations, Van Halen veut se montrer sous son meilleur jour, et cela, c’est le résultat du travail commun réalisé entre le groupe et son producteur Andy Johns (décédé en 2013), qui a notamment travaillé sur le F.U.C.K de VH ainsi qu’avec les Rolling Stones, Led Zeppelin, Chickenfoot (tiens, un autre projet de Sammy H.) et, chez nous, Trust. Bref, un CV long comme le bras mais voilà… Sans doute, certainement, pas assez axé sur la première période de Van Halen (DLR, donc) le disque peine à vraiment trouver son public. Pas que Sammy ne plaise pas, au contraire, il a même parfaitement su trouver sa place, mais il manque cette petite flamme qui transforme un concert en un moment mémorable et magique. Il reste un musicien sérieux, là où David Lee Roth, même en solo, a toujours laissé exploser plus qu’un brin de folie. Right here right now est certes un album plaisant qui se laisse facilement écouter mais, ne serait-ce la flamboyance de Monsieur Eddie, il ne se démarque guère d’autres productions. D’autant plus qu’en 1991 la concurrence est rude, et le deviendra plus encore, discographiquement, en 1993 : Metallica a sorti son Black album et, décidé à conquérir le monde, n’a aucune pitié pour les anciens. Van Halen, en 1992/1993 n’a simplement plus cette même aura séductrice qui a émaillé ses jeunes années. Eddie Van Halen fait simplement désormais parties des légendes, des fondateurs, des incontournables pour tout amateur de rock et, plus encore, pour tout musiciens. Son héritage est immense, rien de moins.