RUNNING WILD: Rééditions

Heavy metal, Allemagne (BMG, 2017)

Souvenez-vous: en 2016, BMG publiait une série de doubles compilations de groupes qui figuraient, au cours des années 80, sur le mythique label allemand indépendant Noise. Intitulées Nosie lebt! ces compilations résumaient la carrière de groupes aussi variés que Helloween, Kreator, Grave Digger, Tankard, ou encore Running Wild. Eh, bien, les inventeurs du metal pirate sont aujourd’hui à l’honneur puisque BMG a décidé de rééditer pas moins de 5 albums aussi légendaires que le label qui mit au jour le groupe de Rock n Wolfe. 5 albums dans des versions expanded – rallongées, donc – bénéficiant chacun de titres supplémentaires et d’un lifting du livret, dont les notes retracent en profondeur la genèse de l’album et l’histoire du groupe. Under Jolly Roger, sans doute l’album le plus marquant puisque inventeur du genre, est le seul présenté sous la forme d’un double CD – et dispose sans doute du livret le moins attractif du lot . On se délecte à l’écoute – la redécouverte pourrait-on dire – du metal fortement influencé par Maiden, Priest ou Motörhead, légèrement diabolique aux débuts jusqu’à ce coup de génie qui vit le groupe devenir les pirates du metal. les versions réenregistrées de certains morceaux valent au moins autant que leurs versions originales, et sont au goût du jour. Aucun fan ne passera à côté de ces documents dont on regrette seulement le manque d’enregistrements live inédit ou d’un bonus vidéo/DVD. N’empêche, vous savez ce qu’il vous reste à faire, moussaillons!

HOGJAW: Way down yonder

Rock sudiste, USA (Snakefarm, 2018)

Amoureux de rock sudiste, offrez donc une oreille à ce Way down yonder, septième album des Américains de Hogjaw, littéralement traduit par « mâchoire de porc ». Rien que ça, ça a du mordant, version le supplice que promet Mason Verger à Hannibal Lecter. Revoyez vos classiques. La guitare est sautillante, trépidante, évoque parfois sans complexe le ZZ  Top des 70’s/80’s, le Blackfoot première période, et pioche volontiers du côté des Allman Brothers, Lynyrd Skynyrd et autres Molly Hatchet. On ne la fait pas aux gars de Peoria, en Arizona. Leur rock sent le soleil, le mauvais whiskey, le crottin de cheval, bref, ça sent le vécu, le vrai, les tripes. Si Dark horse se démarque avec un tempo ralenti comme un cheval essoufflé et un chant à la Michael Poulsen (Volbeat, oui, la comparaison est osée!), si l’on se demande ce qu’est ce North Carolina way (vu par des gens de l’Arizona, ça intrigue), si l’on se plait à parler pêche (Talk about fishin’) ou de Redemption et donc de religion, Hogjaw nous offre simplement un album « nature », varié et dépouillé. Pas de gros effets, pas de frime, du direct, de la gratte, une basse et une batterie et c’est tout. Efficace, sobre, Way down yonder est une réussite qui enchante ce début d’année.

SAXON: Thunderbolt

Heavy  metal, Royaume-Uni (Silver lining, 2018)

Saxon reste sans aucun doute le dernier grand représentant de la NWOBHM. Je vous vois déjà vous offusquer et hurler: « Et Maiden, alors? » Si ces derniers sont le symbole même de cette vague qui fit renaître le genre, ils ont aujourd’hui une image et un style qui n’a plus grand chose de commun avec cet esprit prolo qui caractérise toujours Saxon. Donc, je reprends: Saxon reste sans doute le dernier grand représentant de la NWOBHM. L’attitude scénique et/ou musicale continue de rattacher Biff, Paul et la bande à cette époque. A quelques innovations près, Thunderbolt ne déroge pas à la règle qui fait le succès de Saxon. Un peu plus de deux ans après la publication du plus que remarqué Battering ram, les Anglais reviennent avec un nouveau méfait. Soyons clairs, si Thunderbolt ne surprend pas, il apporte toute satisfaction au fan. La marque de fabrique des 5 est reconnaissable – une intro idéale pour les concerts, une déflagration, une explosion, un peu de nostalgie… tous les éléments que  Saxon maîtrise à merveille. En revanche, ce sont les thèmes abordés qui surprennent: rarement Saxon avait exploré le champs du fantastique ou du mythologique. Ici, le pas est brillamment franchi avec Nosferatu, Sons of Odin ou encore A wizard’s tale. Les hommages sont également de la partie: bien sûr, Lemmy, disparu juste après la publication de Battering ram, est au centre de They played rock and roll, mais pas dans le sens premier, puisque ce morceau raconte l’histoire de la première tournée que firent ensemble, en 1979, ces deux groupes devenus légendaires depuis. Predator est une grosse surprise avec le doublage vocal: Biff est accompagné d’un growleur à l’esprit death metal. Et ça marche! On note également ce clin d’oeil à We are the road crew – sans être aussi marquant – qu’est Roadie’s song. Saxon est en grande forme et Thunderbolt en est la preuve. Ce n’est pas demain la veille que nos guerriers de la route préférés diront leur dernier mot!

THE WIGGAR OVERDOSE: 4’22 with Faye Reagan

Fusion, France (2018, Autoproduction)

Rappelez-vous: début décembre, je vous disais tout le bien que je pensais de The Wiggar Overdose, groupe de rap metal évadé de New York sous Bois qui nous présentait son premier Ep, Bwesh (cf. http://metal-eyes.com/the-wiggar-overdose-bwesh). Et maintenant, qu’est-ce-que-voici-qui déboule? Tout simplement un premier album qui risque de faire du bruit. 17 titres, dont ce 4’22 with Faye Reagan dont on se demande (à peine) de quoi il traite… Bon, ils sont rapides, les gars, pas de temps à perdre! 4’22, une affaire expédiée version banlieue pas rose et morose… L’extrait ci-dessous, de l’album NYSB rapcore club, vous donnera une belle idée du feu rap metal qui anime ce groupe dont vous pourrez découvrir la suite avec le fun Captain Caste dès lundi 29 janvier prochain grâce aux amis du Rock à Kiki et Ultrarock. Ben ouais, on a décidé de se mettre à plusieurs sur ce coup là (oh, je vous arrête: ce « coup-là », c’est pas Faye Reagan, c’est le groupe, hein… On est d’accord? Même si forcément on imagine que « le » Kiki aurait bien dit 2 ou 3 mots à Faye… Perso, j’aurai préféré l’autre Faye. Dunaway, version Bonnie. Chacun son truc, et c’est le leur…).

Je vous invite donc à prendre rendez-vous régulièrement sur nos différents médias pour tout connaître de The Wiggar Overdose en commençant par ce trailer au son explicite.

SATAN JOKERS: Symphönïk kömmandöh

Heavy metal, France (Brennus, 2018)

Je ne suis pas étonné… Que Renaud Hantson veuille revisiter les grands morceaux de son Satan Jokers pour en proposer des versions symphoniques semble d’ailleurs naturel. Pourquoi les grands de ce monde l’auraient-ils fait et pas les légendes hexagonales? Ce Symphönïk kömmandöh (faudra m’expliquer les trémas, un hommage à Motörhead, peut-être?) revisite ainsi 16 morceaux de la carrière de SJ, toutes époques confondues. Accompagné de son groupe actuel (Michael Zurita à la guitare, Pascal Mulot à la basse et Aurélien Ouzoulas à la batterie), Hantson fait appel à l’orchestre symphonique Phocéen (Marseille, donc) pour réinterpréter sa vie d’avant (les glorieuses années 80 avec 4 chansons) et son monde actuel, celui du dévoilement de ses addictions et de son travail psychiatrique avec le Dr Metal, Laurent Karila. Je me jette sur les deux derniers titres, les classiques parmi les classiques que sont Pas fréquentables et Les fils du metal. Verdict: la voix de Hantson est toujours puissante, et le résultat est globalement intéressant. Mais il n’est pas évident, même pour un guitariste aussi talentueux que Zurita de reproduire le travail de Stéphane Bonneau, guitariste originel du combo. Si l’apport d’arrangements classiques offre une autre couleur à l’ensemble de ces morceaux, il n’en révolutionne pas totalement l’esprit originel. La sélection des chansons de sa période « je me confie en musique » (Ma vie sans, Substance récompense, Appétit pour l’autodestruction, Club 6 sex 6, Milfs, Phobies) résume bien cette psychothérapie musicale. Même si on aurait préféré être plus surpris, cet album est un plaisir que s’est fait Satan Jokers et qui séduira sans aucun doutes les fans.

LOUDNESS: Rise to glory

Heavy metal, Japon (Ear Music, 2018)

Il y a deux ans, j’ai redécouvert Loudness lors de leur passage au Hellfest. Le groupe avait alors marqué quelques esprits et c’est avec un réel plaisir que je découvre Rise to glory, le premier album que j’ai l’occasion d’écouter depuis… Non, pas Thunder in the east, mais depuis le moyen Engine paru en 1999. Cette fois, les Japs’ ressortent l’artillerie lourde et lorgnent autant du côté shRedder d’un Eddie Van Halen que du thrash et du speed metal. En variant les sonorités et les genres, Loudness parvient à maintenir l’attention au top. Malgré l’accent anglais presque comique de Minoru Niihara, on appréciera sa puissance vocale, son chant rauque et rageur tout autant que le jeu toujours exceptionnel du guitariste Akira Tagasaki, un des meilleurs du genre dans son pays et peut-être dans le monde. La preuve? Ecoutez l’instrumental Kama sutra, et on en reparlera. Ce Rise to glory est une véritable bouffée de puissance et de chaleur, qui nous fait remonter le temps, au milieu des années 80, lorsque Loudness ouvrait pour Saxon dans un Zénith de Paris rempli de curieux. Ça rock, ça booste et ça fait du bien!

INSOLVENCY: Antagonism of the soul

Metal, France (Send the wood, 2018)

C’est un album puissant que nous proposent les Parisiens de Insolvency. Antagonism of the soul, leur premier essai, s’inscrit dans la droite lignée d’un metal moderne, aux facettes multiples. Si le groupe se dit inspiré par le metalcore (cf l’interview de Bruno Blackstard), le projet est en réalité un peu plus complexe et fouillé. Le mélange de voix (3 par instants) donne des résultats intéressants, d’autant plus lorsque celles-ci sont agrémentée d’un duel entre des guitares claires et aériennes et une rythmique genre tir de barrage de la seconde guerre. Jour et nuit, puissance et mélodie, cet album joue en effet sur les antagonismes sonores ainsi que littéraires. De ce point de vue, les chansons abordent différents aspects de la psychologie humaine, des côtés optimistes aux aspects les plus pessimistes et auto destructeurs.  La production fait ressortir les différentes couleurs de ce projet ambitieux. La naissance d’un gros espoir?

Interview: INSOLVENCY

Interview INSOLVENCY. Entretien avec Bruno Blackstard (guitare). Propos recueillis au Hard Rock Cafe de Paris le 12 janvier 2018

Insolvency, Paris, 12 janvier 2018

 

Metal-Eyes : Antagonism of the soul est votre premier album, alors commençons par le traditionnel : peux-tu nous raconter l’histoire du groupe ?

Bruno : A l’origine, je n’étais pas présent dans le groupe qui a été fondé en 2012, le line up actuel date de 2014. Insolvency a été fondé par Valentin (Gondoun, guitare et chant) et un autre guitariste, et plus tard Mickael (Tamario, batterie) et Pierre (Challouet, basse et chant) les ont rejoint, et j’ai intégré le groupe en 2014 au départ de l’autre guitariste.

Metal-Eyes : Donc Valentin est le seul membre originel.

Bruno : Membre fondateur, plutôt, oui.

Metal-Eyes : Quelles ont été les grandes étapes depuis ton arrivée ?

Bruno : L’enreistrement de l’Ep – j’avais une petite expérience de l’enregistrement avec un précédent groupe. On a partagé nos expérience, on s’est super bien entendus et, du coup, on a décidé d’enregistrer cet Ep ensemble. Ensuite, on a vite voulu passer à autre chose, un album plus pro.

Metal-Eyes : Album qui est ce Antagonism of the soul. Je l’ai écouté, et je trouve qu’il est plein d’antagonismes : le chant, d’une part, qui est très agressif mais qui a 3 voix – une death une autre enragé et une plus douce. Et il y a cette violence rythmique de la batterie qui rencontre des guitares plus légères et aériennes, bien que déterminées. Qu’aviez-vous en tête en composant cet album ?

Bruno : On a tous des influences différentes, on aime différents styles de metal : du metal core, du heavy, certains aime le death, et d’autres choses qui n’ont rien à voir avec le metal. On essaye de tout combiner et de faire plaisir à chacun… Pierre et Valentin ont apporté le plus gros des compos et ensuite on arrange ensemble, on fait des tests, on voit ce qui colle ou pas, ce qu’il faut modifier et on avance.Chacun apporte des ingrédients pour apporter une variété, un mix de styles pour ne pas rester cantonné à un style en particulier.

Metal-Eyes : Ca se sent, puisqu’on entend du heavy du death, aisni qu’un peu de prog, voire du jazz…

Bruno : Effectivement, à partir du moment où c’est cohérent avec la musique. Il y a des parties qui évoluent, auxquelles on ne s’attend pas. C’est venu assez naturellement, on a voulu faire plaisir à chacun et aussi se faire plaisir.

Metal-Eyes : Vous avez choisi un nom de groupe qui est plutôt financier – insolvabilité – et un titre d’album plutôt psychologique – antagonisme de l’esprit. Vous savez où vous allez ?

Bruno (il sourit) : En fait, le nom du groupe – Insolvency – a été pensé par Valentin et son pote. Mais on n’avait aucune notion de tout ce qui est financier ; en tous cas, ce n’est pas notre volonté de faire référence à ça, même si ça y fait référence indirectement. On est plutôt philosophes, comme l’indique le titre de l’album. S’il faut retenir quelque chose, ce sont les contradictions de tous les jours, qui nous animent et qui font partie de la vie en général.

Metal-Eyes : Quel a été ton premier choc musical, ce qui t’a amené à la musique?

Bruno : J’avais des potes au collège qui m’ont fait écouter du rock et du metal. J’ai découvert The Offspring à 13 ou 14 ans et j’ai commencé à m’intéresser à d’autres choses que ce qui passe à la radio ou la télé. Ensuite, ça a été Slipknot, Nightwish, Children of Bodom et je suis tombé amoureux du metal, et du rock en général.

Metal-Eyes : Quel est le musicien ou le groupe qui t’a fait dire “voilà ce que je veux faire”?

Bruno : ça a pas mal évolué: au départ j’adorais Nightwish, notamment l’album Oceanborn – j’aimais bien le côté gothique, metal. Après, à la guitare, ce qui m’a donné un coup de peps c’est Children Of Bodom. Bullet For My Valentine, aussi… J’adore le côté à la fois technique et mélodieux des guitares. Mon groupe préféré, c’est Children Of Bodom, ce qui doit s’entendre dans mes solos…

Metal-Eyes : Quand vous avez travaillé la composition de l’album, est-ce que quelqu’un arrive avec des compos toutes prêtes ou chacun vient-il avec ses idées que vous mélangez et testez ensemble ?

Bruno : Il y a un peu des deux. Pour cet album, Pierre et Valentin avaient déjà la structure de la plupart des morceaux. Eux ont proposé leurs idées et les structures, qu’on a ensuite retravaillés ensemble, peaufiner les détails, on a modifié quelques riffs et deux trois choses ; au fil des enregistrements, chacun apporte sa touche, on voit ce qu’il faut réarranger, refaire.

metal eyes : Ce qui n’empêche pas qu’à l’avenir tu puisse arriver avec un morceau bien structuré et que vous décidiez de travailler dessus ?

Bruno : Bien sûr, aucune porte n’est fermée. Simplement, ça va dépendre de l’inspiration de chacun et du style du groupe. Il faut que ça colle. Pendant une dizaine d’année, j’étais très heavy et metal symphonique, du coup, j’ai composé mes solo, apporté mes riffs. Mais ce que j’avais de mon côté ne collait pas, je ne pouvais pas intégrer des trucs de ce style-là. De manière mesurée, ça aurait pu le faire, mais pas sur les structures principales. Mais, effectivement, la porte est ouverte et chacun peut librement apporter ses idées. On prend les meilleures idées de chacun.

metal eyes : Je devrais peut-être poser la question à Pierre : y avait-il des thèmes que vous souhaitiez aborder d’un point de vue textuel ou littéraire sur cet album ?

Bruno : C’est assez général, les textes illustrent des sentiments de la vie et nous, on a exploré un peu plus le côté sombre, notamment Death wish, En fait, dans la vie, on traverse tous des moments plus ou moins facile et nous, on aime bien mettre en illustration le côté un peu… dark de la vie.

metal eyes : Comme un exutoire ?

Bruno : C’est exactement ça. Sans no plus en faire une fatalité… Il y a le côté obscur, mais aussi le bon côté, l’espoir, la volonté de s’en sortir, notamment dans Death wish où, on le voit dans le clip, le gamin maltraité par son père n’arrive pas à se suicider, il repense à ses souvenirs de gamin et c’est ce qui le rattache à la vie et l’empêche de passer à l’acte. On aime bien illustrer ce genre de choses, tout simplement.

metal eyes : Y a-t-il des sujets que vous souhaitez, au contraire, ne pas traiter ?

Bruno : Pas directement, mais tout ce qui est économie, politique, on ne veut pas rentrer dedans. On veut faire de la musique, on ne veut pas être porte-parole de quoi que ce soit. Le but, c’est de se faire plaisir : on fait de la musique, ok, il y a un côté exutoire, mais on veut rester… Il y a toujours un message, indirectement, mais on ne veut pas être porte-parole d’un parti politique, d’une cause en particulier.

metal eyes : Si tu devais expliquer à quelqu’un qui va découvrir votre album la musique que vous faites, tu lui dirais quoi ?

Bruno : Musique à la fois metal core et heavy metal. Celui qui aime le côté technique, les riffs, qui aime la variation devrait se retrouver dans notre musique. On aime combiner différents styles, Arch Enemy, Children Of Bodom ou Architects et mélanger le tout.On essaie de combiner tout ça dans notre musique, c’est un style assez ouvert.

metal eyes : Si tu devais trouver les mots pour me convaincre de sortir d’ici et d’aller acheter l’album ?

Bruno : Si tu as pu voir nos clip, Black moon et Death wish, l’album devrait te plaire parce qu’il est dans la continuité.

metal eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul morceau de l’album pour expliquer ce que vous êtes, ce serait lequel ?

Bruno : Personnellement, mon titre préféré c’est Black moon. Ce qui revient assez souvent… Ce titre, c’est un des derniers qu’on a composes. Les autres étaient déjà pas mal avancés, alors que Black Moon a été concocté avec une autre approche. Du coup, il apporte plus de modernité sans doute que les autres : il y a à la fois des riffs assez lourds et une mélodie à la guitare, et le sentiment qui s’en dégage est plus metal core que les autres, qui, du coup, sonnent sans doute plus heavy.

metal eyes : Quelle est la meilleure question qu’on t’a posée aujourd’hui?

Bruno : Franchement, c’est pas évident… Surtout que tu poses la question à quelqu’un qui incarne la contradiction…

metal eyes : Si tu devais trouver une devise pour le groupe, ce serait quoi?

Bruno : Persévérer et vivre ses rêves, tout en gardant les pieds sur terre.

metal eyes : Une dernière chose: un album, ça se défend sur scène. Vous avez des projets de tournée ?

Bruno : Oui, on organise une release party le 16 février à Paris, au Klub, on a également prévu de jouer à Reims, à Nancy, et à Troyes. On essaie d’organiser des dates un peu partout en France et après, il y a un projet de tournée, encore au stade de discussion.

 

MAGNUM: Lost on the road to eternity

Hard rock, Royaume-Uni (SPV, 2017)

Si le titre de ce nouvel album de Magnum se veut prémonitoire, son contenu pourrait bien transformer ce rêve en réalité. De bout en bout, en effet, ce Lost on the road to eternity, enthousiasme, entraine ou/et émerveille l’auditeur. Les mélodies sont simplement toutes d’une simplicité et d’une efficacité à nulle autre pareille, avec des airs immédiats, des mélodies et des refrains qu’on s’amuse à siffloter en choeur sans prendre le temps de se demander ce qu’il se passe. La légèreté de l’ensemble confirme tout le talent de ce groupe qui, tout en restant fidèle à ses origines, taille de véritables hits en puissance. C’est que depuis sa création en 1972, Magnum en a vu et vécu des choses… De Preachers and cream – très réaliste – à King of the wold – très optimiste et positif – chacune des 11 chansons de ce disque fait mouche. A une époque où la violence est à chaque coin de rue, Lost on the road to eternity choisit le chemin de la bienveillance, tant dans ses constructions musicales que dans ses propos. Une totale réussite qui s’adresse à tous les amateurs de belles mélodies.
A noter : SPV propose une version de l’album agrémentée d’un CD bonus contenant 4 titres live enregistrés en 2017. Certes, c’est court mais en attendant un nouveau live intégral, on s’en contentera!

Hommage à Fast Eddie CLARKE

Fast Eddie, le guitariste avec lequel Motörhead est devenu une légende est décédé dans la nuit du 10 janvier 2018 des suites d’une pneumonie. Après Philthy Animal Taylor (décédé le 11 novembre 2015) et Lemmy (le 28 décembre 2015), c’est le dernier membre du Motörhead légendaire qui disparaît. Cet article est mon hommage à ce guitariste d’exception, ainsi qu’au groupe que fut ce Motörhead, bviereux et dangereux au possible. 

Source: internet

Motörhead est à la musique ce que son fondateur était à la médecine : une énigme. En quatre décennies d’existence, Motörhead a connu tant de revers, de trahisons, de coups bas, d’incompréhension, de changements de line-up, s’est retrouvé à la rue on ne sait combien de fois… que le groupe aurait dû, s’il y avait une réelle logique aux choses, disparaître depuis bien longtemps. La vie en a décidé autrement.

1975. Ian Fraser Kilminster, alias Lemmy, retrouve sa terre natale anglaise après s’être fait éjecter de Hawkwind pour possession de drogues (« des mauvaises drogues », dira-t-il plus tard) lors d’un contrôle douanier à la frontière canadienne. Il en faut plus pour démotiver l’ancien roadie de Jimi Hendrix qui décide de monter son propre groupe, qu’il souhaite d’abord appeler Bastards. Mais un management avisé le persuade qu’avec un tel patronyme, Lemmy ne passera jamais à Top Of The Pops. Le bassiste/chanteur choisi alors le nom de la dernière chanson qu’il a écrite pour Hawkwind Motörhead. Le groupe est alors composé, outre son fondateur, du guitariste Larry Wallis et du batteur Lucas Fox, le trio étant managé Dave Edmunds.

Ce dernier s’attèle à la promotion de son nouveau poulain et parvient à faire entrer Motörhead dans l’écurie de United Artists. Le trio entre alors en studio pour enregistrer son premier album qui ne satisfait pas le label, United décidant de ne pas commercialiser On Parole. La carrière de Motörhead commence mal, d’autant plus que Lucas Fox se fait virer pendant les sessions d’enregistrement et se voit remplacé par Phil Taylor, bientôt surnommé « Philthy Animal » Taylor.

Le groupe répète intensément et Lemmy pense qu’un second guitariste est nécessaire. Eddie Clarke – ou Fast Eddie, né 5 octobre 1950 à Twickenham – entre en scène en 1976 au grand dam de Larry Wallis qui décide de retrouver sa liberté. L’efficacité du dernier arrivé est telle que Motörhead demeurera un trio.

En 1977, les choses n’avancent pas. Alors que le trio est au bord de l’implosion à cause du manque évident de succès de leur entreprise, les musiciens profitent de deux journées dans un studio pour jeter les bases de onze morceaux qui tous se trouveront sur le premier album officiel de Motörhead que le label Chiswick commercialise au mois de septembre. Illustré par un certain Joe Pentagno qui crée War-Pig, le célèbre monstre qui suivra à jamais Motörhead, ce premier album démontre simplement que la rage est là, teintée de ce Blues dont jamais Lemmy ne se départira. Le public est sous le choc de la puissance de l’ensemble. Comment un trio peut-il atteindre ce niveau de violence ? Sous le choc aussi de cette voix née de la rencontre d’une râpe à fromage et de papier de verre. Le résultat, c’est la vigueur de Motörhead, le blues de la reprise Train kept a rollin, le prémonitoire White line fever ou Iron horse/Born to lose. L’album atteint bientôt la 43ème place des charts, pourtant Motörhead décide de mettre un terme à sa collaboration avec Chiswick .

L’arrivée de Douglas Smith comme manager de Motörhead en 1978 marque un véritable tournant dans la carrière du groupe qui se professionnalise vraiment. La première tâche à laquelle s’attelle Smith est simple : trouver un foyer pour son groupe. Motörhead signe alors avec le label Bronze, entame une tournée anglaise de 18 dates, et savoure un premier passage à Top Of The Pops. Puis il est temps de proposer du concret aux fans. Le trio retourne en studio alors que le monde vit sous le joug du punk depuis bientôt deux ans. Mais la brutalité et la spontanéité de Motörhead parvient, comme l’a démontré la tournée, à réunir tout type de public, du simple hardos qui commence à ressortir au skinhead en passant par le punk ou le mod’s. Des jeunes à la recherche de virilité et de décibels.

Overkill parait en mars 1979. Le choc est réel. Dès l’introduction à la double grosse caisse du morceau éponyme, le public et les médias savent que le Rock est en train de vivre un grand moment. Sale, violent, puant la transpiration, la bière tiède et les cendres froides, Overkill , grâce à une collection d’hymnes intemporels (Stay cleanI’ll be your sisterNo classTear ya downMetropolisCapricorn…) permet à Motörhead d’élargir son public à travers l’Europe. Soutenu par deux singles, l’album monte à la 24ème place des charts. Bronze se frotte les mains. A peine Motörhead a-t-il le temps de souffler que le label renvoie les musiciens en studio au mois de juillet. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud…

Dès le mois d’octobre, le public retrouve le nouveau groupe le plus dangereux du monde grâce à Bomber qui grimpe à la 12ème place. Oui, trois petits mois auront suffit pour concevoir cet album, qui malgré son succès et malgré la puissance de morceaux comme Dead man tell no tales ou l’éponyme Bomber semble très légèrement moins inspiré que son prédécesseur. Si l’esprit rock direct est partout présent, si Motörhead cherche un peu à se renouveler, une certaine lassitude semble s’installer. Cela transparait avec Lawman ou l’inquiétant Sweet revenge, titres lents et lourds mais joués sans réelle conviction. Pourtant, le succès commence à attiser les convoitises… Rappelez-vous : United Artists avait refusé de sortir On parole en 1976. Trois ans plus tard, le label n’hésite pas à le faire.

Motörhead n’a pas le temps de s’inquiéter de l’accueil reçu par Bomber ; déjà le trio part en tournée pour conquérir le continent en compagnie de Saxon (onze dates en Hollande, Allemagne et France) tandis que le Royaume-Uni commence à céder aux coups de boutoirs de ce phénomène que l’on nommera bientôt la New Wave Of British Heavy Metal. Nous sommes en 1980 et le monde du Rock connait une nouvelle mutation. Motörhead en tirera largement profit, comme le démontre l’énorme succès rencontré par Ace Of Spades qui parait en novembre. Cette fois, point de faiblesse. Motörhead signe l’album parfait de Rock sur lequel rien n’est à jeter… Produit par Vic Maile, rendant hommage aux hommes de l’ombre (We Are The Road Crew), parlant des plaisirs de la vie (Ace Of SpadesThe Chase Is Better Than The CatchLove Me Like A Reptile…) Ace Of Spades est bientôt certifié disque d’or, et entre dans le cercle fermé des indispensables classiques du genre.

Motörhead repart sur les routes. Sillonnant sa terre natale, le trio enregistre ici et là ce qui deviendra son premier album live. Mais avant, Lemmy and Co. s’offrent un petit plaisir et enregistrent un maxi single de trois titres avec les nouvelles copines de GirlschoolSt Valentine’s day massacre est propulsé n°5, confirmant le capital sympathie acquis par le trio. Tout va pour le mieux, et avant de s’envoler pour le nouveau continent (vaste territoire qui reste encore à conquérir, les disques de Motörhead n’y étant pas distribués) afin d’ouvrir pour Ozzy Osbourne, Motörhead savoure le plaisir des sommets du podium. No sleep ‘til hammersmith est le parfait témoignage de l’efficacité dévastatrice de Motörhead face à son public au début des années 80. Enregistrés sur plusieurs dates au cours de sa dernière tournée en date, les 11 morceaux figurant sur cet album démontrent que Motörhead n’a pas usurpé son titre de groupe le plus dangereux du monde. Et ce groupe se hisse à la première place des charts ! Plutôt bien pour une formation qui était au bord de l’implosion quatre petites années auparavant, non ?

Un tel succès ne se mérite qu’à force de travail et d’implication. La tournée ne s’est pas passée sans heurts, Eddie et Phithy se battant régulièrement. Lorsque sonne de nouveau l’heure d’enregistrer, il y a de réelles tensions au sein du groupe qui décide de produire lui-même son futur album. Fast Eddie est donc en charge de donner forme au son de Iron fist. Le guitariste verra plus tard dans ce choix l’existence d’un piège destiné à trouver une raison pour le remplacer. Car, oui, Iron fist ne satisfait pas autant les fans lors de sa sortie en avril 1982. Sans être désastreux, les retours sont mitigés. Certes, des morceaux comme Iron fistLoser ou (Don’t need) Religion sont du pur Motörhead . Mais l’ensemble pêche par manque de dynamisme sonore sans doute. Le 14 mai, Fast Eddie quitte Lemmyet Philthy, et part fonder, en compagnie de Pete Way (bassiste de UFOFastway.

Rapidement, les gaillards sont en désaccord, et le bassiste fonde son propre groupe, Waysted. Fast Eddie s’entoure d’une fine équipe et enregistre un premier album, un Fastway remarquable et remarqué et à l’opposé de Motörhead. L’album lorgne plus du côté des Led Zeppelin que de la brutalité lemmyesque. Malgré toutes ses qualités, et malgré le fait que Fastway vende plus que Motörhead ne l’a jamais fait jsuqu’alors aux USA, le disque ne parvient pas à devenir disque d’or: « seulement » 400.000 exemplaires sont vendus. Chiffre qui encourage le groupe à continuer.

C’est confiant que Fastway réintègre les studio afin d’y accoucher de l’excellent Waiting for the roar. Le groupe est en forme et cela se ressent sur chacun des morceaux de l’album qui peine cependant à séduire les acheteurs. Pas grave, c’est aussi ça le rock. Mais mal conseillé ou mal inspiré, Fastway va voir le public déserter par la suite à cause de choix aventureux et pas forcément judicieux.