Interview: DIESEL DUST

Interview DIESEL DUST. Entretien avec Raphaël (guitariste) le 23 décembre 2024

L’abum est sorti au mois de mai, mais ce n’est pas votre premier album. Le groupe s’est formé du côté de Lyon vers 2006, avant même…

Oui, le groupe existait déjà avant que ne l’intègre, c’était un groupe de reprises. J’ai rejoint le groupe en 2006.

Et en 2006, un album, Ghost dance, est sorti, suivi d’un autre en 2010, Second life, et après… plus rien… jusqu’à 2021/22. Que s’est-il passé pendant ce long break ?

Eh bien, on s’est mis en pause parce que notre chanteur était parti et quand on change deux fois de chanteur en peu de temps… ça m’a fatigué, et j’avais envie de monter autre chose. J’ai monté un théâtre et j’ai pris neuf années de repos psychologique, physique et moral pour travailler dans mon théâtre. C’était un repos musical, surtout !

Qu’est-ce qui a motivé le retour de Diesel Dust ?

Il y a plusieurs choses : je commençais à manquer de scène, de guitare… Après, le Covid est arrivé et mon père est décédé durant cette période et c’est là que je me suis remis à écrire. J’avais des choses à dire à mon père, j’ai écrit des textes mais sans musique, pour moi, les textes ne veulent rien dire, donc j’ai aussi composé la musique. J’en avais deux ou trois de prêtes et j’ai rappelé Nico, l’harmoniciste en lui proposant de reprendre. Il a hésité à peu près deux secondes et demie avant de me dire « oui ».

Il y a d’autres membres des « origines » ?

Non, il n’y a que Nico et moi.

Donc, le Diesel Dust 2021, c’est une version 3.0 puisque tu es arrivé après les débuts du groupe. C’est vraiment le renouveau de la formation…

Carrément. Notre ancien batteur a des soucis de santé et ne peut plus jouer, notre bassiste a des problèmes personnels… C’est pour ça qu’on a cherché d’autres membres. Le batteur, je jouais avec lui dans un groupe qui s’appelait Dead Cause, il connaissait le bassiste qui nous a rejoint. Le chanteur, je l’ai rencontré par hasard en écoutant des gens parler disant qu’il avait une belle voix mais pas de groupe, alors je l’ai contacté. Ça a été relativement simple et l’entente est tellement bonne que ce n’est plus un groupe, c’est carrément une famille !

L’album du retour, c’était Just before, suivi assez rapidement après par Between before and after, qui est un titre assez mystérieux. Peux-tu nous l’expliquer ?

Il annonçait en fait que les musiciens changeaient… Donc c’était après le début du groupe… et avant la fin…

Et maintenant, on n’est pas encore à the end, c’est Just another day… juste un autre jour. Quels sont les retours que vous avez eus de ce… On doit dire le troisième album ou le cinquième ?

Oh, je dirai plutôt le troisième, c’est vraiment le troisième que j’écris. Et ce sera la dernière mouture de Diesel Dust, il y aura d’autres albums si, comme c’est prévu, on reste ensemble. Je pense qu’on a gagné en maturité grâce à l’apport de chacun : notre batteur fait du metal dans un autre groupe, notre guitariste fait du Satriani, le bassiste joue dans un groupe de jazz rock et de punk et le résultat de toutes ces influences, c’est qu’on a fait un album que je trouve plutôt riche. La fan base qui nous suit depuis le début, tout le monde dit que c’est le meilleur album qu’on ait fait… Ça me va bien pour l’instant (rires) !

Toutes les influences dont tu parles, on ne les ressent pas vraiment parce qu’on sent surtout une culture très imprégnée de rock sudiste…

Ben… c’est le but ! Diesel Dust est un des cinq ou six groupes de rock sudiste français qui soit référencé. On ne voulait pas non plus quitter ce domaine-là, on peut tout mettre dedans. Le rock sudiste c’est une musique qui est généreuse, et aujourd’hui encore, on peut se permettre sur scène de faire des chorus de 8’ sans que personne ne trouve à y redire. Je pense qu’on a modernisé le style sur cet album, mais il reste un style aux grandes effluves 70’s. Tu peux te permettre d’allonger un morceau avec le public sans que ça ne gêne qui que ce soit, on n’est pas prisonnier des séquences… Il n’y a jamais un concert qui ressemble à un autre.

Quels sont les thèmes que vous abordez ? A la lecture des titres, on sent que c’est très culture US, les pochettes sont toujours en lien avec la culture indienne également…

Sur tous les albums, j’aborde tout le temps la culture amérindienne, dans le sens « défendre les Indiens d’Amérique ». J’ai lu les écrits de Sitting Bull, et je suis tombé raide de surprise devant la qualité de la poésie qu’il pouvait donner alors qu’il était en train de se faire massacrer. Je parle aussi beaucoup de la planète parce que notre génération est sans doute celle qui a commencé à prendre conscience qu’on mettait tout en l’air et que nos enfants allaient souffrir. Chaque album a sa chanson sur le thème, là, c’est Walking alone qui parle d’observer nos enfants marcher là où il n’y a plus rien… Après je parle beaucoup d’actualité ou de sujets qui me touchent, comme le décès de mon père. Just another day est une chanson très spéciale puisqu’elle parle du suicide de mon frère de sang et après il y a la violence faite aux femmes ou d’autres choses encore. Women est une chanson humoristique où j’inverse les rôles et je demande ce que c’est que ce monde où la violence envers les hommes est telle que tu ne peux même plus faire un compliment à une femme sans te faire engueuler (rires). Tu ne peux même plus dire « bonjour »… On va peut-être se faire lyncher. We ill never die aborde le thème de ce souhait d’immortalité, et nous, les musiciens, on a cet avantage que, même dans deux siècles, peut-être que quelqu’un retrouvera nos albums et nous écoutera, nous fera revivre. C’est une forme d’immortalité.

Il y a aussi N.I.C.O (Now I Carry On). Est-elle en rapport, est-ce un hommage à ton harmoniciste ?

Oui, c’est exactement ça, parce que, quand je l’ai appelé, il a mis deux seconde et demie pour me dire « oui, j’attendais que tu m’appelles » ! Même si le groupe s’est arrêté, on tapait souvent le bœuf tous les deux. Oui, c’est un hommage, jouer avec lui, c’est du bonheur, on est toujours du même côté sur scène et on reste les deux piliers de ce groupe…

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Just another day… pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas ce qu’est Diesl Dust aujourd’hui, ce serait lequel ?

Ah… C’est compliqué… Mais je ferai peut-être écouter We will never die parce qu’il y a de la mélodie, du pseudo metal et beaucoup de recherche harmonique dans les chorus de guitares. Ça représente assez bien ce qu’on est.

Il y a un autre titre qui m’épate, c’est le morceau titre qui clôt l’album : il commence tranquillement et c’est une longue montée en couleurs. Comment l’avez-vous travaillé, parce qu’il est assez complexe ? J’ai l’impression que c’est un patchwork d’idées qui fonctionnent très bien ensemble…

J’ai voulu raconter la vie de mon ami qui s’est suicidé, et tout le texte est une sorte de prière, de regret de ne pas avoir été là au bon moment. Quand quelqu’un fait quelque chose comme ça, on regrette toujours de ne pas avoir été là… En fait, j’ai voulu résumer se vie… C’était quelqu’un qui avait des colères mémorables qui nous faisaient rire. La montée du chorus, c’est un peu sa colère – et je suis persuadé que c’est dans la colère qu’il a eu ce geste. La fin du morceau, un peu à la Pink Floyd, c’est vraiment un cri qui annonce la fin de l’album, la fin de vie, la fin de tout… La dernière phrase est dite par une femme, c’est sa veuve qui la prononce. C’est un morceau qui a été écrit comme un roman.

Ça monte plus en intensité qu’en puissance ou en couleurs… Non, c’est un morceau qui monte en gravité, je dirai…

C’est ce qu’on cherchait, et si tu le ressens comme ça, c’est parfait, c’était le but…

J’imagine qu’un groupe comme le votre ne gagne pas sa vie, alors quelles sont vos autres activités à chacun ? Tu as ton théâtre, et les autres ?

Il y a deux électriciens, le batteur et le bassiste – ils travaillent dans le même domaine, alors ils se comprennent très bien en musique aussi (rires) – notre chanteur est forestier, il travaille dans la recherche d’essences futures pour contre-carrer le réchauffement climatique, notre harmoniciste a son entreprise dans les fruits de mer, il forme les gens à respecter, comprendre et bien vendre les fruits de mer. Notre guitariste est prof de musique et je dirige un théâtre.

Si tu devais maintenant penser à une devise pour Diesel Dust, ce serait quoi ?

Euh… « Toujours honnête, toujours droit ». C’est exactement à l’image de notre musique et de nos textes, sincères jusqu’au bout.

Pour terminer, quels sont les 5 albums que tu as le plus écouté, le plus usés, dans ta vie ?

Ce n’est pas dans l’ordre précis mais je dirai : Physical graffiti de Led Zeppelin, made in Japan de Deep Purple, les System Of A Down, tous, parce que je trouve ce groupe d’une créativité et d’un niveau fabuleux… Agents of fortune de Blue Öyster Cult – mon jeu de guitare est très inspiré, à 80%, par Buck Dharma, et… Last rebel de Lynnyrd Skynyrd. C’est sans doute ceux-là que j’emmènerai sur une ile déserte…

C’est pour ça que je ne pose pas cette question d’ile déserte : si elle est déserte, il n’y a pas d’électricité, alors prendre des albums… As-tu quelque chose à rajouter pour terminer ?

Pas grand-chose sauf qu’il est temps que la France se réveille un peu… Il y a beaucoup de groupes en France qui mérite de vivre de leur musique – notamment Diesel Dust mais on est loin d’être les seuls… C’est dommage de voir ces groupes disparaitre et être remplacés par des « musiques » qui ne ressemblent à rien… Je ne citerai personne…

Interview DEATH DECLINE

Interview Death Decline. Entretien avec Fab (guitare) le 25 octobre 2024

Nous allons parler de votre nouvel album, Patterns of an imminent collapse. Mais d’abord, commençons avec ceci pour les observateurs : il s’agit de votre quatrième album – sortis en 2015, 2018, 2021 et cette année. Un album tous les 3 ans donc. C’est un rythme que vous vous êtes donné ?

Ouais, exactement (rires) ! Non, pas du tout, c’est surtout lié au rythme auquel on parvient à produire les albums, le temps qu’il nous faut pour composer assez de titres. C’est le rythme qu’on arrive à assurer plutôt qu’un « plan ». Toujours est-il qu’on essaye d’être régulièrement présent et d’avoir toujours quelque chose à proposer, de ne pas se faire oublier trop longtemps de manière à rester dans la tête des gens…

Trois ans, même si c’est un peu long, ça reste un rythme qui permet aux gens de savoir quand attendre de la nouveauté…

Après, comme tu le dis, nos quatre albums sont sortis avec ce délai, mais ce n’est pas quelque chose à quoi on tient particulièrement. Peut-être que vous aurez des surprises à l’avenir…

Que peux-tu nous dire au sujet de ce nouvel album pour nous convaincre d’aller l’acheter ?

Si tu aimes le thrash moderne avec une pointe de death metal, avec un son bien catchy et puissant… Eh bien, écoutes : cet album peut te plaire… Ça décrit un peu cet album.

C’est vrai que vous êtes dans une veine thrash très costaud, plus proche même du death. Tu aurais d’autres termes à utiliser pour décrire votre musique à quelqu’un qui ne vous connait pas ? Quand j’écoute cet album, ce n’est pas que du « bourrinage », il y a des aspects un peu plus… « mélodiques » …

Tu peux le dire, on a toujours incorporé dans nos albums des éléments qui peuvent être taxés de « mélodiques ». En soit, ce n’est pas une insulte. On tient toujours à amener ce côté, ça fait partie du son de Death Decline d’apporter des riffs mélodiques et des passages plus cools. Le but, ça n’a jamais été de proposer des albums qui bourrinent du début à la fin… Ce ne sera jamais dans l’optique du groupe, et comme tu le dis, il y a encore sur cet album pas mal de passages mélodiques qui alimentent des moments plus durs, pour les mettre aux standards de Death Decline.

Comment analyses-tu l’évolution de Death Decline entre A silent path, votre album précédent, et Patterns of an imminent collapse ?

Entre les deux, je pense que nous avons une évolution assez constante et logique. On ne force pas les choses, ça se passe assez inconsciemment. On a du mal à analyser les choses de manière plus techniques, on compose comme on le sent, pas en pensant à un moule ou un style musical en particulier. A partir du moment où on aime bien un riff, on compose un morceau à partir de ce riff. Ça amène des palettes vocales différentes, en fonction des morceaux et des sujets qu’on traite. C’est quelque chose d’assez naturel… Au niveau sonore, aussi, on a encore évolué un peu. C’est vrai que l’album peut paraitre plus direct et en même temps plus mélodique… En tout cas, on est totalement satisfait de l’évolution du groupe et de ce nouvel album.

Il y a un certain équilibre puisque le groupe n’a pas changé de line up ces trois dernières années. En revanche, The silent path est sorti en pleine crise sanitaire qui peut avoir eu un impact. Cette dernière a-t-elle eu un impact sur votre façon de faire ?

Je ne pense pas, pas dans les titres qu’on compose… Je pense plus dans notre méthode de travail et de composition : on avait dû s’adapter à l’époque et on a conserver certaines façons de faire. On s’est rendu compte qu’il y avait des choses qu’on avait mises en place pour The silent path qui fonctionnait plutôt pas mal – entre autres le fait de travailler les préproductions chez nous, bien avant l’album, chose qu’on ne faisait pas sur les deux premiers albums. On s’est un peu formés sur le sujet, on a investi dans du matériel pour faire des préprods chez nous et ça nous apporte quelque chose qu’on n’avait pas avant : une idée plus précise de comment el morceau va sonner avant d’entrer en studio.

Quels sont les sujets dont vous traitez ? Un titre comme celui de cet album (Les signes d’une chute imminente) c’est très positif, très enthousiasmant comme notion…

(Rires) Ben, écoute, j’ai envie de te dire qu’on ne fait pas du funk non plus (rires) ! Les sujets qu’on abordent ? Globalement les comportements humains, dans leurs mauvais côtés… Ça peut être au niveau social, écologique, des sentiments… On brosse un portrait qui peut paraitre pessimiste, nous, on a plutôt l’impression qu’il est réaliste. Comme je sais qu’Alexis, au chant, a tendance à écrire des paroles pour quelles soient libres d’interprétation pour l’auditeur. Il va composer se paroles d’une manière ouverte à l’interprétation.

Y a-t-il des thèmes qui selon toi, selon le groupe, n’ont absolument pas leur place dans Death Decline ?

Je pense que pour traiter d’un sujet il faut déjà qu’on soit tous à peu près raccord pour le traiter. On est plutôt ouverts à parler de tout, il n’y a pas de tabou. Je n’ai pas un sujet en tête qu’on n’évoquerait pas… On n’évoquera pas frontalement la politique. On n’est pas apolitique mais on ne donnera pas notre avis, ce n’est pas la vocation du groupe. Ce n’est pas le propos du groupe de partager des opinions politiques.

On parle de la pochette un peu ?

Oui…

Je pense que personne n’a dû vous le dire, mais elle m’évoque un peu celle de Quadra de Sepultura, surtout le verso qui représente un crane. Il y avait une volonté de faire un clin d’œil à Sepultura ?

Alors, vu que Sepultura a annoncé sa fin de carrière après ce dernier album, c’était purement volontaire pour prendre leur place sur la scène internationale (rires) !

L’ambition est là, claire et précise !

Tu parles au futur Andreas Kisser (rires !) Non, non, pas du tout ! On a déjà dit à Alexis, notre chanteur, qu’il ressemble à Max Cavalera, ça reste raccord ! Plus sérieusement, on reste clients et fans de Sepultura mais on n’a pas pensé à cet album au moment de faire faire l’artwork par Stan W. Decker, qui s’occupe de nos pochettes depuis le premier album. L’idée, c’était d’avoir quelque chose de thématique, une sorte d’écusson, une plaque de marbre… Quelque chose de frontal, un emblème… On n’avait pas, au départ, évoqué la pièce de monnaie mais ça rentrait dans les codes. Quand Stan nous a proposé cet artwork, on l’a trouvé tellement efficace qu’on est resté dessus, on n’a pas changé. On se doutait bien que le rapport avec Sepultura se ferait mais il n’y avait pas une volonté de s’influencer d’eux…

Surtout que le personnage que l’on voit de profil est identique à celui de The silent path – j en’ai pas les autres pochettes sous les yeux. C’est une sorte de mascotte ce personnage cornu ?

Oui, si tu regardes les deux premiers albums, tu verras qu’il est également présent, de façon plus humaine, plus… distinct. Sur The silent path, il est plus comme une statue, une divinité qui s’élèverait au-dessus des hommes. C’est un peu une mascotte et c’est une volonté de notre part de conserver ce personnage avec des cornes qui peut apparaitre sous plusieurs formes. C’est quelque chose d’assez classique sur la scène metal que d’avoir un personnage récurent qui apporte une identité visuelle.

Au verso, à la place du cou, il y a une sorte de mappe monde qui est, j’imagine, en lien avec le titre de l’album…

Euh, ouais… alors là, si tu veux… On a donné toute notre confiance à Stan qui a travaillé de concert avec Alexis pour créer toute une identité visuelle qui comme vraiment aux sujets abordés.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce nouvel album pour expliquer aux gens ce qu’est aujourd’hui Death Decline, ce serait lequel ?

Elle n’est pas facile, ta question, parce que l’album a été composé pour que chaque morceau soit complémentaire, du coup, chaque morceau apporte quelque chose au spectre sonore de Death Decline et de cet album… C’est vrai que ce n’est pas une question facile…

Tu as 5’ pour me convaincre d’écouter le reste de l’album…

(Rires) Alors, sur Towards void and oblivion tu trouves beaucoup d’éléments qu’on aime développer : de la mélodie, des changements de rythmes, d’ambiances, des riffs thrashy bien rentre dedans… C’est un morceau qui est catchy, brutal, en même temps mélodique et incisif. Je pense qu’il représente plutôt bien ce qu’on est capables de faire… Sinon, tu as aussi un morceau comme…

Non, non ! Je n’en ai demandé qu’un ! Ne cherchez pas à négocier, Monsieur, ça ne marche pas ici !

(Rires) Alors Towards fera l’affaire !

Quels sont les 5 albums que tu as le plus « bouffés », usés jusqu’à la corde dans ta vie ?

Il y aura, concrètement, en premier lieu Ride the lightning de Metallica – ça reste mon album fétiche tous groupes confondus – Il y a aussi Bonded by blood d’Exodus…

On est dans les origines du thrash…

Ouais, exactement. Je suis plutôt fan de thrash, on va dire que c’est moi, le « parrain thrash » du groupe… Ensuite, il y a Defenders of the faith de Judas Priest. Après, qu’est-ce qu’il pourrait y avoir ? Le premier Led Zeppelin ? Oui, carrément… Il y a aussi… Leprosy de Death, et sans doute Killers d’Iron Maiden que j’ai énormément écouté étant jeune…

Ça en fait six…

Ouais, ben… tu choisiras (rires) !

Monsieur est dans la négociation aujourd’hui ! On le sait, un groupe de rock en France, d’autant moins de metal et encore moins dans votre style, ne vit pas de sa musique, ou très rarement. Quelles sont vos autres activités dans vos autres vies ?

Moi, je suis électricien du bâtiment, Alexis est chef cuistot, il tient une cave à bières et une taverne rock/metal sur Châlons sur Saône. Alex, à la basse, est mécanicien de formation, Jordan, à la guitare, est informaticien, et Arnaud, notre batteur, est pour l’instant ouvrier viticole.

Vous avez des concerts prévus pour les mois à venir ?

Là, on a pas mal enchainé… On était le week end dernier à Martigues pour une super date, on a fait la Vapeur à Dijon, le Ferrailleur à Nantes pour la release party… On bosse d’arrache-pied pour composer une tournée digne de ce nom pour 2025… Vous allez pouvoir nous voir aux quatre coins de la France en 2025 !

Il n’y a pas que les coins, en France, il y a tout l’intérieur ! Moi, je suis carrément dans le Centre…

Tu veux qu’on joue où, du coup ?

Je suis à Orléans.

Ça fait partie des villes qu’on essaye de faire depuis un moment. Ça devrait se faire…

Pour terminer, si tu devais penser à une devise pour Death Decline, ce serait quoi ?

Je ne sais pas… C’est peut-être classique mais je dirai « Strike hard, strike fast »

Interview: KLOGR

Interview KLOGR. Entretien avec Rusty le 14 octobre 2024.

Rusty, tu appelles pour parler du nouvel album de Klogr…

Oui, le nouvel album, Fractured realities, sortira le 31 octobre. On a commencé à l’enregistrer pendant le confinement. C’était une période étrange parce que nous avons commencé à écrire de nouveaux morceaux mais avec la mauvaise énergie… Personne ne savait si ça fonctionnerait, si un jour le monde tournerait de nouveau. Mais nous croyions toujours en la musique et nous avons, j’ai, commencé à composer. Après ça, certains membres du groupe ont eu des difficultés, avec leur « vrai » boulot et d’autres choses. Le process a vraiment repris en 2023 lorsque l’opportunité de remonter sur scène s’est présentée. Nous nous sommes alors dit que nous devions terminer nos compositions. Il y avait des choses différentes de ce que nous avions déjà fait, nous avons retrouvé la bonne énergie et nous avons terminé l’album au début de l’année 2024.

Tu as dit qu’un des membres du groupe avait des obligations personnelles. Cela signifie-t-il qu’il y a eu un changement de line-up ?

Non, on a eu un changement avec l’album Keystone, en 2017, parce qu’un des membres ne pouvait nous suivre en tournée. Pour certains d’entre nous, Klogr n’est pas le travail principal, alors c’est difficile de mixer la « vraie vie » avec la vie d’une tournée. Pendant la période de la pandémie, certains d’entres nous ont rencontré des problèmes avec le travail normal, et ce ne fut pas facile. Je ne veux pas parler de « dépression » mais les sentiments étaient au plus bas, rien n’était réuni pour que nous puissions composer de la bonne musique. Nous avons perdu une partie de notre enthousiasme vis-à-vis de la musique.

Comment avez-vous retrouvé cet enthousiasme ?

Je suis entré dans le studio, et j’ai dit : « les gars, on se réveille ! Nous avons la possibilité de partir en tournée, alors on se réveille et on compose ces putains de chansons ! » Et c’est ce que nous avons fait. Retourner sur scène était important… Nous ne sommes pas un groupe internet, de streaming, nous avons besoin d’être sur la route, avec un vrai public, nous devons prendre le temps de partager avec d’autres. On ne veut pas avoir un écran entre le public et nous ! Quand nous avons eu la chance de pouvoir reprendre la route, nous avons retrouvé la bonne énergie. Maintenant, nous avons 46 concerts prévus en 52 jours, ce qui est la bonne dimension pour Klogr.

Keystone était votre précédent album, c’est à cette époque que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre ces deux albums, Keystone et Fractured realities, sachant que, bien sûr, 2020-2022 c’était la crise sanitaire…

Keystone a été produit par une sorte de dieu, qui a produit deux albums de Godsmack… C’est un de mes mentors dont j’ai appris beaucoup, notamment grâce au temps passé en studio avec lui en 2017. Après, nous avons passé beaucoup de temps à tourner, entre 2017 et 2019. Après, j’ai passé deux ans à travailler sur mon projet solo, j’ai réarrangé des covers – de Soundgarden, Alice In Chains, Johnny Cash… – avec des influences Nine Inch Nails. J’avais besoin de découvrir d’autres styles musicaux aussi, d’autres atmosphères. Quand on a commencé à composer pour le nouvel album de Klogr, j’ai dit aux autres membres du groupe qu’on devrait inclure, dans notre musique, ces éléments et instruments électroniques. Notre musique est une forme de metal grunge des 90’s. On devient vieux, on a besoin de fraicheur. On doit trouver quelque chose de plus moderne. Nous ne sommes pas un groupe de metalcore, ni indus, mais nous pouvons ajouter certains de ces éléments dans notre musique. Et ça marche, notre autre guitariste, Crivez, aime aussi beaucoup de groupes qui font partie de mes influences. On a commencé à écrire ensemble, et la plus importante différence entre nos deux derniers albums, c’est notre approche : nous sommes plus expérimentés, et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai décidé de produire cet album, de mettre la main dessus en tant que producteur. En 2011, j’avais produit le premier album, j’ai développé de l’expérience depuis, en tant que producteur avant d’être musicien ou front-man. Maintenant, il est temps de prendre ma revanche (rires) ! Me mettre en première ligne n’a pas été facile, mais je remercie tous les producteurs qui ont travaillé avec Klogr avant. Je me dis que j’ai vraiment fait du bon boulot, parce que je trouve que c’est vraiment un bon album.

Il y a aussi un défi avec cet album : il y a dix chansons, et tu veux pouvoir proposer dix vidéos différentes… Peut-on imaginer que, mises bout à bout, ces vidéos donneront une histoire ?

Tu sais, ce n’est pas un album typique de rock, et il n’y a pas d’histoire racontée. Il y a différentes photos, chacune représentant un état émotionnel différend, une lutte intérieure, un désordre mental, un désordre alimentaire… Des choses que chacun peut vivre au quotidien, de diverses manières. Certains peuvent en user, d’autres en être victimes. Pour les vidéos, j’ai demandé à Joe et Jumpy, deux anciens membres du groupe qui sont aujourd’hui vidéastes, de travailler avec moi. Je leur ai expliqué ce que j’avais en tête, dans mon esprit tordu : décrire ces émotions au travers de vidéos. Il y a une artiste qui débute chaque vidéo en ouvrant une valise dont elle sort un ustensile : le premier, c’est un masque couronné qu’elle place sur son visage. Elle est aussi devenue le clown effrayant… à la fin de la chanson, elle enlève le masque qu’elle place dans une boite. A la fin des dix vidéos, elle trouve un dernier objet, et… et… la question se pose. Il faut regarder la dernière vidéo pour comprendre les infos et pouvoir les interpréter.

Le thème principal de l’album porte donc sur ces dysfonctionnements, alimentaires, psychologiques, émotionnels…

Oui. Oui, parce qu’un des aspects que nous voulons expliquer dans l’album est que nous vivons ce genre de dysfonctionnement. Selon nou, 80% de ces troubles sont le fait de la société actuelle. Des parents jusqu’à l’acceptation par la société… Nous sommes en 2024, nous sommes sans doute libres de déclarer nos préférences sexuelles mais ce n’est pas normal, chacun devrait pouvoir être libre de vivre sa vie comme il l’entend ! Le second aspect, c’est que ta liberté ne peut pas nuire aux autres libertés. Nous devons en parler parce qu’il y a encore tant de gens qui vivent avec des sentiments négatifs, avec la peur sans pouvoir mettre un nom sur ces sentiments. Quand tu sais les nommer, peut-être peux-tu les accepter et leur faire face. Nous ne sommes pas médecins, nous n’avons de leçons à donner à personne, c’est juste notre point de vue que nous exprimons. Et expliquer comment, dans le passé, certains d’entre nous ont pu faire face à ces problèmes.

Vous n’êtes pas médecins… Quels sont vos autres métiers dans la vie ?

Je suis producteur, j’ai mon studio. Je dirige aussi une école de musique et d’autres choses. Le batteur est prof de musique, et il peut trouver un remplaçant pour animer ses cours quand on part en tournée. On espère vraiment que la réponse à cette question, en 2025, sera « on n’a pas besoin d’autres jobs ! » (rires). On croise les doigts.

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de l’album pour me convaincre d’aller acheter l’album, la chanson qui vous représente le mieux aujourd’hui, tu retiendrais laquelle ?

Je vais te faire une réponse étrange : Whale fall est la chanson la plus bizarre de l’album. Alors peut-être qu’elle ne représente pas bien le son de l’album, mais elle peut clairement éveiller quelque chose en toi qui t’amènerais à plonger dans la musique de Klogr et penser que si ces gars peuvent jouer ce genre de choses, peut-être peuvent-ils jouer d’autres trucs étranges.

Fractured realities évoque un peu la pandémie, car tout le monde vivait dans une forme de réalité fracturée. Tu as aussi évoqué une forme de retour de la dictature avec des autorités d’extrême droite qui reviennent au pouvoir. Ces réalités fracturées sont elles aussi liées au monde actuel ?

Oui, je le pense et, peut-être plus que « fracturé », nous devrions parler de « fragile » parce que nous avons vécu une très belle période dans les 70’s, 80’s, 90’s, nous pouvions penser au bien-être et nous pouvions faire toujours plus. Maintenant, nous avons sans doute trop dans certains pays du monde et nous avons perdu de vue nos objectifs initiaux, nos émotions. Nous avons oublié le pourquoi je fais ci ou ça. On s’est encore plus perdus pendant la pandémie : de nombreux couples, familles ont explosé parce qu’incapables de vivre dans un même appartement pendant tout ce temps. C’est pareil dans le reste du monde, il y a maintenant de plus en plus de guerre partout. La crise que nous visons remonte à 2000 ans déjà, parce qu’on n’apprend pas de nos erreurs, on n’est pas capables de faire des choses glorieuses comme notre architecture ou d’avoir de belles actions pour l’humanité sans être, en même temps, plus que stupides. Si nous prenions plus de temps à observer la Nature, et les animaux, soit disant moins intelligents que nous par ce que nous sommes des « homo-sapiens », mais en fait, ils sont plus intelligents que nous parce qu’ils agissent naturellement, sans trop de réflexions ni d’objectif destructeur. On pêche 90% des poissons de l’océan et on en gâche énormément en jetant. L’homme a envie d’avoir toujours plus de tout, et crée un déséquilibre.

Comme nous arrivons à la fin de cette interview, peux-tu me dire quels sont les 5 albums que tu as le plus écoutés dans ta vie ?

Okay… alors… Ce n’est pas une question difficile : I, the mask de In Flames. Ten thousand days, de Tool. Diamond eyes de Deftones, Half of the bowl de Shovel et Staind de Staind. Je garde toutes ces infos sur mon profil Spotify…

Quelle pourrait être la devise de Klogr aujourd’hui ?

« Soyez authentiques ». Si tu veux partager ta musique avec le public et sans chercher à être rock star, alors pose toi et reste authentique…

As-tu quelque chose à rajouter pour conclure ?

Oui, je pense vraiment que Fractured realities est notre meilleur album à ce jour. Ca fait prétentieux, mais on a beaucoup travaillé dessus et clairement, il surpasse le reste. Nous sommes impatients de le présenter en concert et de pouvoir ensuite aller discuter avec le public au stand de merch. On verra si j’ai tort ou raison ! J’espère qu’on pourra se voir à un de ces concerts !

Interview BONE RIPPER

Interview Bone Ripper. Entretien avec WD Glashouwer (chant). Propos recueillis par Zoom le 10 octobre 2024.

Comme c’est la première fois que nous échangeons, peux-tu me raconter l’histoire de Bone Ripper ? D’où venez-vous, quand vous êtes-vous formés, pour quelle raison ?

WD : Beaucoup de questions ! Nous venons du nord des Pays-Bas, nous sommes originaires de Harlingen. Bone Ripper est né il y a maintenant deux ans, mais le groupe n’est pas si jeune que ça. Nous faisions partie d’un groupe avant, Manu Armata, un groupe hardcore qui a démarré en 2007. Le groupe était composé de 4 personnes – un batteur, un bassiste, un guitariste et moi au chant. Le guitariste a décidé d’arrêter et on s’est demandé si on cherchait un autre guitariste pour continuer avec Manu Armata ou si on décidait de laisser tomber le groupe pour faire autre chose…  Ce que nous avons décidé, c’est d’intégrer deux nouveaux guitaristes, il y a toujours le batteur, le bassiste et le chanteur d’origine. Pour nous, il s’agissait d’une nouvelle opportunité puisque nous avions passés 15 ans avec seulement un guitariste, nous avions développé une certaine forme de hardcore et là, nous avons eu l’occasion de faire les choses… pas différemment, mais avec plus de possibilités puisque nous avons choisi de travailler avec deux guitaristes. On peut explorer d’autres horizons. Aussi, le guitariste de Manu Armata était un membre fondateur, alors on a décidé de ne pas continuer sous ce nom. On ne veut pas finir comme ces groupes qui n’ont plus qu’un membre original et continuent d’utiliser le même nom. Donc, on a choisi de devenir Bone Ripper. Le groupe n’a certes que 2 ans d’existence mais dans la réalité, nous avons près de 17 ans d’expérience !

Comment décrirais-tu la musique de Bone Ripper ?

Nous, on appelle ça du hardcore metallique ! C’est toujours du hardcore mais il y a plus d’éléments, d’influences metal, comme les riffs de guitares, la double grosse caisse… Avant, on était plus dans l’esprit direct des groupes de hardcore new-yorkais.

Quand j’ai écouté votre album, j’ai perçu beaucoup d’influences thrash, Exodus, Metallica, Slayer, tout ce metal de la Bay Area mélangé au hardcore…

Oui, je vois ce que tu veux dire. Je pense que pour beaucoup de ces groupes, le chanteur a une influence sur le genre. Je suis un chanteur hardcore, et j’ai le sentiment d’avoir un certain flow, je cherche des airs sur lesquels le public peut chanter avec nous, on fait souvent ça dans le hardcore. Si tu écoutes le metal plus classique, il y a plus de cris, moins « d’hymnes ». C’est une chose fondamentale dans le hardcore. Notre guitariste vient du metal, et je pense qu’il est très inspiré par ces groupes de thrash old school, comme il est attiré par des groupes plus modernes, bien sûr. Il y a une vraie combinaison de tout ça chez nous, et j’entends souvent les gens me le dire. Je ne peux le nier, il y a des influences thrash. Mais, tu sais, pour moi, il est toujours difficile de placer une étiquette sur ta musique.

C’est en tout cas de l’énergie pure. Cet album est rapide, puissant, énergique et direct. Il dure à peine 25’.

Je sais ! Il y a beaucoup d’albums metal avec de chansons qui durent 5 ou 6’. Dans le hardcore, on peut même avoir des titres qui ne durent qu’un ou deux minutes (rires) ! L’album n’est pas long mais il dure selon moi juste ce qu’il faut.

La première fois que je l’ai écouté, j’en attendais plus. Je me suis dit : « quoi ? Déjà fini ? » J’en voulais plus !

C’est plutôt un bon signe, non ? Je veux quitter les gens quand ils en veulent un peu plus. Je l’ai vécu aussi, il y a des disques dont tu voudrais entendre plus de choses. Mais il y a aussi ceux où, après six ou sept chansons, tu décroches. Il y a tant d’album avec, quoi ? Huit chansons, plus une intro, un interlude, donc il y a dix titres mais seulement huit chansons. Les gens, quand ils aiment, ils en veulent toujours plus, et c’est toujours bon à entendre.

D’après ce que je sais, il y a 3 frères dans le groupe.

C’est exact, oui.

Comment travaillez-vous ensemble ?

Ça va tout seul. Visiblement, je suis un de ces frères (rires) ! L’un des guitaristes est mon frère, et le batteur est mon plus jeune frère. Il était également l’un des fondateurs de Manu Armata, donc je jouais déjà avec lui depuis 15 ans. Avec mon autre frère, je jouais dans un autre groupe en tant que bassiste quelques années. Tu sais, quand il y a ce genre de fratrie, on écoute souvent le même genre de musique, on fait partie de groupes. On n’a jamais vraiment eu l’occasion de faire quelque chose ensemble alors on s’est dit que ça pouvait être l’occasion de pouvoir, enfin, jouer ensemble entre frères ; Le truc marrant, c’est que le guitariste qui a quitté Manu Armata est revenu un an plus tard, a réintégré le groupe parce que le guitariste qui jouait dans Bone Ripper avec mon frère a fait un burn-out et il ne pouvait plus continuer. Donc j’ai demandé à notre ancien guitariste… Tu sais, j’ai bossé avec lui dans deux ou trois groupes, on a commencé ensemble quand j’avais 13 ans, j’en ai aujourd’hui 44… On fait de la musique ensemble depuis près de 30 ans et, en fait, c’est un peu comme si lui aussi était un autre de mes frères.

C’est donc plus une fratrie qu’une dictature, Bone Ripper…

Exactement. Il n’y a pas le big boss du groupe. Quelqu’un doit s’occuper du business et tout le monde suit. Mais si quelqu’un n’est pas d’accord, nous en discutons. Il n’y a jamais de clash, ça marche très bien comme ça.

Un groupe de rock, est aussi destiné à jouer sur scène. Quelle est la situation de Bone Ripper de ce point de vue ? Est-ce que le nom de Bone Ripper a fait son trou et avez-vous la possibilité de donner des concerts et quels types de shows donnez-vous ?

Manu Armata était un nom assez connu sur la scène métal des Pays Bas, on a aussi beaucoup joué en Europe. Maintenant, ce n’est pas comme si on l’avait simplement remplacé, mais c’est plus facile pour nous, en tant que groupe, de ne pas avoir à tout recommencer et jouer dans des pubs ou au bar du coin de la rue devant trois personnes. Non, ça a plus été : « oh, ils ont un nouveau groupe ? Qu’ils viennent jouer ici ! » Ça a donc été relativement plus facile, et on a déjà donné beaucoup de concerts par ici, dont des festivals, mais aussi en Allemagne… Les gens commencent à citer le nom de Bone Ripper grâce à ces concerts.

Avec un album qui ne dure que 25’, j’imagine que vous intégrez aussi quelques titres de Manu Armata dans vos sets ?

Non, non ! En fait, si, on en joue un (rires) ! Mais c’est juste parce que l’ancien guitariste est revenu. En gros, ce que nous sommes aujourd’hui, c’est Manu Armata avec un guitariste de plus ! Lorsqu’il est revenu, nous avons décidé d’intégrer une chanson de notre ancien groupe. Mais nous avons aussi sorti l’an dernier, en janvier, un Ep de 6 titres, donc on a celles-ci et le 8 titres de l’album. Quand on s’est lancé dans l’aventure Bone Ripper, nous devions nous assurer d’avoir suffisamment de nouveau matériel pour pouvoir donner des concerts. Nous ne voulions pas nous retrouver en studio de répètes pendant deux ans avant de pouvoir jouer. Quand on a commencé, on avait déjà des chansons composées et on a décidé de faire un Ep qui permettait aux gens de découvrir le groupe avant de venir en concert. On a immédiatement commencé à travailler sur notre album, World ablaze, immédiatement après.

De quoi traitent les paroles de l’album ? Son titre est déjà très explicite…

Je parle de beaucoup de choses… Le titre de l’album est, comme tu le dis, un message en soi. Les guerres qu’il y a dans le monde, les politiques de droites qui montent partout, le réchauffement climatique, la discrimination… Je travaille ces thèmes individuellement et il y a une autre partie de mes paroles qui sont assez négatives mais je ne veux pas que les gens ne voient que le côté négatif. Alors j’écris aussi des textes au sujet de victoires dans nos vies, de victoires dans nos combats, face à l’adversité. Ce ne sont que des choses que je vis et rencontre, des évènements qui se produisent autour de moi, dans le monde…

Y a-t-il des paroles ou des thèmes qui n’ont pas leur place chez Bone Ripper ?

Non, je ne crois pas. J’écris sur des thèmes qui me concernent. Je n’évite rien, je ne me dis pas que je ne peux aborder tel sujet… J’écris avec mon cœur.

Et les autres membres du groupe, de cette fratrie, ont-ils un mot à dire s’ils ne sont pas d’accord avec les paroles ?

Oui, bien sûr, s’ils ne sont pas d’accord, on peut en parler. Mais jusqu’à présent, ils sont d’accord avec ce que j’écris. Aussi, lorsque j’écris, on se retrouve et je leur explique le thème, ce que les paroles signifient pour moi, le pourquoi et le comment de ce texte. Tu sais, on est 5 dans ce groupe et chacun, naturellement, a son opinion. Nous allons cependant dans le même sens, ce n’est pas comme si dans le groupe il y avait quelqu’un d’extrême droite et quelqu’un d’extrême gauche. Il y a des perceptions différentes, mais on a des idées communes à la base. Depuis tout ce temps, ils me connaissent et savent ce que je pense. Bien sûr, si je commençais à écrire des texte sur la suprématie blanche, ils me demanderaient tous « mais c’est quoi cette merde ? »  (rires) !

Pour quelqu’un qui ne vous connait pas, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de World ablaze pour expliquer ce qu’est Bone Ripper aujourd’hui, ce serait lequel ? Celui qui vous représente le plus.

Je pense que ce serait Fear of death. Il y a tous les éléments musicaux qu’on trouve chez nous, et, en ce qui concerne les paroles, elles semblent sombres mais dans l’ensemble c’est une chanson assez positive. L’un dans l’autre, c’est un choix qui montre ce qu’on cherche à faire la plupart du temps.

Je ne connais pas la situation musicale aux Pays-Bas excepté pour certains groupes. Vous vivez de votre musique ou avez-vous d’autres métiers à côté ?

Bien sûr, on travaille à côté. Personnellement, j’ai un studio d’enregistrement à côté, c’est ma principale source de revenus, mon occupation principale. Les autres ont aussi un travail régulier. Notre batteur est graphic designer, il travaille pour une agence marketing, il réalise des logos et des sites web. Eric, notre guitariste, travaille pour une entreprise qui fabrique des gros appareils frigorifiques. Mon frère, l’autre guitariste est un manager pour une industrie agro-alimentaire, des produits laitiers…Le bassiste fait différentes choses : on partage le studio d’enregistrement, il fait aussi du commerce en ligne dans la fabrication de mobilier en bois, et il travaille en free-lance pour une entreprise qui fabrique des gobelets en plastique, ceux que tu trouves en festivals. C’est une entreprise qui collabore avec la plupart des grandes équipes de foot aux Pays-Bas et de grands festivals.

Quels sont maintenant les 5 albums que tu as le plus écoutés dans ta vie ?

Waow ! Pour moi, tout a commencé avec Madball, Demonstrating my style. Un autre album qui m’a beaucoup influencé, c’est In this defiance de Strife. Ensuite… j’écoute beaucoup de hardcore des 90’s, mais ces 2 dernières années j’ai vraiment craqué pour Straight From The Path, Lionheart est aussi un des groupes que j’apprécie. Comme je fais beaucoup de production, j’écoute beaucoup d’albums dont j’aime le son. Oh, c’est une question difficile (rires) !

Je l’aime bien ! Retourne dans ton passé, c’est là qu’on les trouve généralement…

Oui… Il y a bien les premiers albums de Terror… Hatebreed, aussi, j’écoute beaucoup Hatebreed. Mais j’écoute aussi beaucoup de punk et de skate punk… Maintenant, le plus important pour moi reste Madball, c’est le groupe qui m’a donné envie de me lancer.

Quels sont les projets de Bone Ripper pour 2025 ?

Le principal, comme toujours, c’est de pouvoir donner de bons concerts et rencontrer des gens. Nous sommes 5 avec chacun des obligations, ce qui nous empêche d’organiser une grande tournée. Mais pour 2025, on voudrait faire quelques festivals, ce qui est en cours, et on voudrait aussi pouvoir tourner en Allemagne, au Danemark, un peu plus à l’étranger, un ou deux week-ends.

Vous avez signé avec une agence de booking ?

Non… Manu Armata avait signé avec un label français je crois, mais avec Bone Ripper, nous avons décidé de tout faire nous-mêmes. Nous avons simplement recruté Mike (Mike de Coene, Hard Life Promotion) pour s’occuper des relation médias pour nous. Pour le reste, c’est nous qui faisons tout.

As-tu quelque chose à rajouter ?

Non, merci pour cette interview, c’était une conversation sympa. J’invite simplement les gens à écouter notre album – on peut le trouver sur Spotify…

Et achetez l’album !

Oui, achetez-le, mais si vous ne le pouvez pas, écoutez-le sur Spotify, ça nous rapportera 0,0001 euro. Si les gens apprécient l’album, c’est le principal. Si vous pouvez venir nous voir en concert, si vous pouvez nous booker pour un concert aussi, nous serons là !

Interview: ASYLUM PYRE

Asylum Pyre: Fabien, Ombeline, Yohann, Clément et Thomas

Interview Asylum Pyre. Propos recueillis au Dropkick Bar d’Orléans le 27 septembre 2024. Entretien avec Ombeline Duprat (chant), Yohann Cadot (guitare, chant), Thomas Calegari (batterie) et Clément Botz (Attractive Chaos, remplaçant exceptionnel de Pierre Emmanuel Pelisson, guitare) et, à la fin, Fabien Mira (basse)

La dernière fois que nous avons échangé, c’était pour la sortie de votre précédent album, N°4. Le nouvel album, Call me inhuman est sorti il y a quelques mois. Quels sont les retours que vous en avez eus ?

OD : Globalement, très positifs et enthousiastes. Les gens étaient vraiment très contents…

« Ils étaient »… Ça veut dire qu’ils ne le sont plus ?

OD : Si, si, ils le sont toujours (rires) ! La sortie de l’album remonte déjà à l’année dernière. On a eu de très bonnes chroniques dans la presse, donc ça a été un succès critique.

YC : Album du mois dans Rock Hard, Italie et Allemagne, et quelques classements dans les meilleurs albums de l’année aussi… On n’a jamais eu ça avant…

Et on se sent comment dans ces moments-là ? Je ne le demande pas à Clément… (rire général)

YC : Ah… L’égo est satisfait, au moins du point de vue « travail bien fait ».

La suite est pour quand, alors ?

OD : Justement, ce matin encore, on était en train de travailler sur le prochain. Pas de date à annoncer parce que ça reste compliqué pour nous de se voir et d’avancer sur l’album… Mais qui sait ? L’enregistrement sera sans doute l’année prochaine ? On n’a jamais vraiment arrêté… De toutes façons, Yohann… On a coutume de dire qu’une fois qu’on en termine un, il a déjà dix autres albums prévus derrière. Un poil moins, mais il y en a trois ou quatre (rires)

YC : Oui, c’est un peu ça… Après, aujourd’hui se pose la question du format… Album ou pas ? Petite partie par petite partie ? Moi, je suis amoureux du format album, autour de 45/50’… Est-ce que c’est la bonne chose aujourd’hui ?

Aujourd’hui, peut-être pas, mais dans votre cas, il y a une histoire qui se suit, donc le format album parait logique…

OD : Oui, ça parait logique mais derrière… C’est la question de la pertinence de sortir un album… S’il n’y a pas de tournée derrière, un album a deux semaines de durée de vie, et encore ! Ça veut dire travailler dessus pendant 3 ou 4 ans sur quelque chose dont, au final, tu ne fais plus rien deux semaines plus tard…

Justement, vous avez fait quoi depuis la sortie de Call me inhuman ?

JC : On a donné quelques concerts, on n’a pas eu l’occasion de faire une vraie tournée de 10/15 dates, pour des raisons financières, d’organisation, de support… Sinon, on serait partis avec plaisir.

Visuellement, sur N°4, il y avait une princesse qui se protégeait avec un masque à gaz. Là, il s’agit de la même princesse devenue carnivore, anthropophage même ?

JC : Depuis le début, en fait, cette image féminine, c’est celle de Gaïa, Mère Nature. Elle est représentée avec le masque… D’ailleurs, on le rappelle à chaque fois, c’était bien avant Covid (rire général)…

OD : On aurait dû mettre un pangolin…

YC : Cette femme, c’est notre « mascotte » qui vit différentes aventures. Elle est plus apeurée sur N°4 tandis que sur Call me inhuman, on sent qu’elle s’énerve un peu.

Vous abordez quoi comme thèmes sur ce dernier album ? Toujours l’environnement, mais j’ai aussi l’impression que vous mettez un peu plus le doigt sur notre inhumanité…

YC : C’est ça. Déjà, c’est la suite des albums précédents puisqu’il y a une histoire depuis le début, on installe les personnages petit à petit. Il y a une sorte d’armée de résistants, les Fighters, avec d’autres gens autour qui nous aident. Là, le « inhuman » est résumé avec le dernier titre de l’album, Call me inhuman, dans lequel il y a cette phrase : « si tout ce que je vois est humain, alors je veux être inhumain ».

En gros, si Dieu a fait l’homme à son image, on peut se poser des questions…

YC : Voilà, exactement…

Il y a eu Covid entre temps, cependant, comment analysez-vous l’évolution du groupe entre ces deux derniers albums ?

TC : Je trouve que N°4 a défini une sorte de nouveau départ. Je suis arrivé pour défendre l’album en tournée et au niveau des gens qui sont restés dans le groupe, ça a amené Yohann à écrire la musique un peu différemment, lié avec les gens qui étaient là. Là, ça fait deux albums de suite avec une formation plutôt stable. Ça s’est affiné autour d’un noyau de gens qui sont là. Personnellement, j’amène ce que je peux, ce que je sais faire et Yohann se dépatouille pour faire quelque chose. Au final, ça donne deux albums cohérents avec une évolution. Il y avait une patte avant, il y a quelque chose de neuf sur N°4 qui reste sur Call me inhuman. Qu’est-ce qu’on va faire sur le suivant ? Yohann nous a parlé de séances de travail basse/batterie en plus de ses séances avec Ombeline, donc nous aussi on va faire des choses, se laisser porter.

Ombeline, on a suivi tes aventures bosniennes. Est-ce que ça a eu un impact sur l’écriture, la composition ou l’enregistrement de cet album ?

OD : Mmhh… Non, pas du tout je pense.

YC : Pour le prochain, probablement un peu, oui…

OD : Oui, parce qu’il y a des thématiques qu’on va évoquer, on va faire des parallèles avec des vies de personnes qui existent vraiment, mais en soit, non, ça n’a pas changé grand-chose.

Je trouve qu’il y a musicalement quelques influences de ce côté…

OD : Pour le coup, ça, ce sont mes propres influences musicales mais que j’avais bien avant d’aller vivre en Bosnie. Comme le disais Thomas, on vient chacun avec un bagage musical particulier, ensuite, on dit à Yohann « je voudrais essayer ça » et il se débrouille ! Parfois ça colle, d’autres fois, non…

TC : Il est plutôt preneur de propositions… Il fait avec et on voit ce que ça donne…

Donc, il y a une sorte de pot commun d’idées (Ombeline approuve) avec une sorte de chef d’orchestre qui met le tout en forme. Dictateur ou pas ?

Tous : Non… non…

Vous avez un discours très écolo, avec un discours proche de l’Homme. Y a-t-il des sujets particuliers que vous avez abordés sur cet album ?

YC : Oui, et qu’on va encore plus aborder sur le prochain album. Maintenant, c’est très, très compliqué d’en parler juste comme ça en quelques mots… Globalement, dit comme ça, ça peut paraitre simple : si tu prends The nowhere dance qui parle de gens qui vont être happés par certaines choses complètement futiles en dansant sur de futurs cadavres, c’est un peu ça la thématique. Maintenant, il y a une note d’espoir sur Virtual guns ou Fighters. Je ne suis pas super optimiste dans l’ensemble, mais il y a quand même des gens bien (il sourit). Autant essayer de construire avec ces gens.

Il y a un certain engagement dans les textes… Tout le monde participe à l’écriture des paroles ?

OD : Là aussi, c’est ouvert (rires) !

YC : C’est pareil, on discute beaucoup. Parfois on est d’accord, parfois pas, donc ça alimente les thématiques. Pour le prochain album, Ombeline m’a parlé de certaines personnes qu’elle a rencontrées, ce qu’elle disait tout à l’heure. Ça peut être vraiment inspirant de parler d’histoires ancrées dans le réel, de parler de vrais fighters…

D’autant plus avec des cultures différentes…

YC : Oui, il y a ce pont entre différentes cultures, c’est quelque chose d’imoirtant pour nous.

OD : Ça fait de vraies histoires à raconter. Ce qui a été écrit, cette espèce de dystopie, ça fait une histoire qu’on raconte depuis plusieurs albums, sauf que là on commence à varier avec des choses qui se passent dans la vie réelle. Alors, ce n’est pas dit tel quel, mais il y a une vraie inspiration, il y a des gens qui font des choses, vraiment. On trouvait intéressant d’ancrer ce réel dan la musique, de parler, de rendre hommage à ces personnes-là qui, du coup, risquent leur vie.

YC : Parfois, lorsque j’écris certaines choses qui peuvent être vues par certains comme extrêmes, je demande à Ombeline si elle se sent de chanter ça…

OD : Ah, c’est moi la caution ?

YC : Ouais (rire général).

Y a-t-il, au contraire, des thèmes que vous n’aborderez pas, qui n’ont pas leur place dans le groupe ?

YC : Ouais… des trucs à la con, « I love you machin, mon amour machin »…

OD : Tu vois, il est très optimiste !

YC : Des choses qui ont été faites 50 milliards de fois, des love ballads…

Il y en a qui marchent encore…

YC : Oui, mais ça a été fait et très bien fait par d’autres. On ne va pas refaire ce qui existe déjà. On veut faire quelque chose avec notre propre identité. C’est une thématique dont on pourrait se demander ce qu’elle vient faire chez nous…

Vous avez cet engagement sur disque. Est-ce qu’il se traduit aussi à l’extérieur ?

OD : Je l’ai fait pendant des années, avec le WWF et d’autres, et c’est vrai que je n’ai pas repris depuis que je suis partie en Bosnie.

YC : Encore une fois, c’est difficile à expliciter. Oui et non, on a tous nos contradictions… pour moi, c’est la limitation de la viande, des déplacements, même si ce sont des choses à faible impact. J’ai un travail scientifique à côté et je bosse sur des projets qui ont pour objectif de limiter certains impacts. On peut avoir des discours extrêmes, mais il faut aussi avoir des discours de réalisme. On ne peut pas dire demain aux gens que l’avion ou la voiture, c’est fini. Si on doit continuer de les utiliser, on peut peut-être le faire d’une autre façon, d’une meillleure façon, en limitant l’impact. Modestement, dans mon travail, j’essaie d’inclure ces limitations…

TC : Moi, je fais régulièrement des maraudes la nuit avec les gens de ma ville. On bosse avec une asso et on distribue de la nourriture, des boissons. Ça s’est présenté, et ce qui est marrant, c’est qu’il y a une grosse liste d’attente de gens qui veulent aller aider. C’est même pas évident de pouvoir aller faire ces maraudes !

Et toi, Clément ?

CB : J’ai un certain engagement dans la vie de tous les jours, plutôt vegan, et de façon générale, je fait tout en télétravail pour limiter au maximum mes déplacements (NdMP : à ce moment, le soudcheck baterie redouble) Ah, ouais, on entend bien la batterie, tu va pouvoir enregistrer ?

Normalement, oui, mais je ferai le tri si nécessaire, j’ai eu pire !

CB : Je fais donc en sorte de limiter l’impact de mes déplacements.

YC : Je voudrais rebondir là-dessus, parce que c’est vrai que la thématique sociale est peut-être moins évidente dans les paroles. Elle est liée aussi aux gens qui n’ont vraiment aps eu de pot… Si on pouvait aussi citer l’association Chapitre 2 qui œuvre pour les gens qui sont en très grande précarité. J’ai eu l’occasion de les côtoyer, ils sont vraiment très investis.

On a commencé à aborder le sujet, quelles sont vos autres activités ? Un groupe comme Asylum Pyre ne vit pas de sa musique.

OD : Je suis journaliste, et j’ai aussi d’autres projets à l’étranger, en Bosnie, dans le secteur culturel.

YC : Je suis architecte système et systémique.

TC : Je suis musicien professionnel, je fais des installations techniques vidéo et je bosse pour une municipalité, je gère le local de répètes.

CB : Je suis chef de projet numérique et développeur.

Concernant l’album, qui est sorti il y a quelques temps, si vous deviez ne retenir qu’un seul titre de Call me inhuman pour expliquer ce qu’est l’esprit de Asylum Pyre à quelqu’un qui ne vous connait pas, ce serait lequel ? Pas le meilleur, pas votre préféré mais le plus représentatif ? Et ce n’est pas forcément le même pour tous…

OD : Le plus représentatif ? J’aime bien The true crown (I seek your war), parce que d’un point de vue musical, il y a un peu de tout. Maintenant, je vais parler en tant que chanteuse, mais c’est aussi là que j’ai pu expérimenter différentes voix. J’ai une affinité particulière aussi avec ce titre, le fait que je vive en Bosnie, avec des gens qui ont tous connu la guerre… « I seek your war », je me le suis approprié différemment. Être avec des gens qui ont souffert, avoir des amis proches, je l’interprète différemment. Il y a une réalité qui s’est greffée sur ce titre qui n’était pas présente au début.

YC : Aujourd’hui, je vais dire Sand paths. Il est assez varié, un peu prog, il y a des passages plus soft, un passage plus dur. Il ne se sufift pas à lui-même pour l’ensemble de l’album mais il y a un peut tout…

TC : Pour moi, ce serait – on ne l’a pas jouée hier à Paris, d’ailleurs – There, I could die. Juste parce que je la trouve super belle. L’ambiance, la voix, c’est un titre un peu différent des autres, peut-être un peu moins violent, mais il y a une ambiance…

Il a fait l’objet d’un clip aussi.

TC : Absolument. C’est un titre très chouette, vraiment.

CB : Je trouve que celui qui est le plus représentatif, c’est Virtual guns. Il y a plein de choses, entre les ambiances, les riffs…

YC : Excellent choix, excellent ! Et Fabien, le bassiste est arrivé…

Alors, Fabien, je ne vais pas reprendre toutes les questions, simplement, quel est pour toi le titre le plus représentatif de l’album ? 5Ombeline se marre) Alors… Fabien s’en va…

YC : Attends, Fabien, reprend les titres !

OD : Bonjour Fabien !

FM : Virtual guns évidemment. C’est le plus varié, plein d’influences, le début est très tribal et après, ça s’énerve… C’est un condensé de tout l’album.

Profitons maintenant du silence qui revient pour une question plus personnelle : quels sont les 5 albums que vous avez le plus écoutés dans votre vie ?

TC : Iron Maiden, Killers, Queensrÿche, Rage for order, un album de Yes dont j’ai oublié le titre… (il le retrouvera plus tard : Big generator), King Crimson, Thrakattak et un des deniers lives de Frank Zappa, The best band you never heard.

YC: Cradle Of Filth, Cruelty and the beast

OD: Ah… Je voulais le citer aussi…

YC : Tu peux. Helloween, Keeper of the seven keys part 2, Blind Guardian, ah… j’hésite entre Somewhere far beyond et Imaginations from the other side… Loreena McKennitt, The book of secrets et Mistral gagnant de Renaud.

OD: Ben… Je ne connais pas le nom des albums… En gros : Mylène Farmer, Goran Bregovic, Champagen for gyspies, Cruelty and the beast aussi de Cradle Of Filth. J’aime beaucoup aussi Honeymoon de Lana Del Rey. Après, il y a des influences diverses, beaucoup de musique classique, surtout du baroque, mais je ne sais même pas quoi citer…

CB : Master of puppets de Metallica, euh… Ah, j’avais tout en tête, j’ai tout oublié (rire général) ! Images and words de Dream Theater, The perpetual motion de The Old Dead Tree, L’école du micro d’argent d’Iam et Sonder de Tesseract.

FM : Moi, c’est principalement helvétique, avec l’album qui s’appelle The origins (NdMP : va trouver de seul groupe il s’agit avec un titre aussi peu courant…), Epica avec The Quantum enigma, Nightwish avec Once, après, c’est différentes parties de vie… Il y a une époque j’écoutais énormément System Of A Down, Toxicicty, Bullet For My Valentine…

Maintenant, si vous deviez penser à une devise pour le groupe, ce serait quoi ?

YC : Ah, ben on l’a!

OD: Harder, faster, lourdeur (elle explose de rire) ! On en a plusieurs…

YC : Et celle qu’on écrit partout : Tree your mind.

OD : Ça, c’est la devise sérieuse !

Interview: THE DAWN RAZOR

Interview The Dawn Razor. Entretien avec Sylvain Spanu, le 27 septembre 2024

C’est la première fois que nous échangeons, Sylvain, alors peux-tu commencer par me présenter l’histoire de The Dawn Razor ?

Bien sûr : The Dawn Razor, c’est un projet solo que j’ai créé en 2016. La musique est une espèce de death/black avec quelques influences de musique classique. Le premier album, Renaissance, est paru en 2018, et aujourd’hui parait In sublime presence, disponible sur toutes les plates-formes

Pourquoi un projet solo ?

Juste avant, j’étais dans un autre groupe, dans le même style de metal. C’était très bien sauf que les compositions se faisaient à plusieurs et c’est très compliqué de terminer les morceaux en mettant tout le monde d’accord. A la fin, personne n’était content parce que tout le monde avait fait des compromis et personne ne pouvait aller au bout de ses idées. C’était dommage, mais au bout d’un moment, j’ai décidé de partir parce que j’avais les idées claires de ce que je voulais écrire en musique.

En d’autres termes, tu es le dictateur en chef de ton propre projet…

(rires) Ah, oui, là il n’y a pas de problème. Je suis totalement libre de ce que je fais, je dois simplement tout composer et m’occuper de tout. Ça prend simplement plus de temps, mais c’est ce que j’ai choisi.

Dans la bio, il est écrit que tu es « inspiré par les peintures du mouvement sublime de l’époque romantique » (il confirme). Peux-tu nous en dire un peu plus parce que c’est un mouvement qui ne me parle pas du tout…

Déjà, « sublime » n’est pas quelque chose de très beau, ce n’est pas dans ce sens qu’il faut comprendre le terme. Ce qui est sublime, comme les peintres et les poètes l’utilisaient à l’époque, c’est à la fois quelque chose qui fiat peur et qui rend admiratif, des choses que l’humain ne peut pas contrôler, comme les montagnes, la jungle, la traversée de l’océan en solitaire… Ce sont des éléments sur lesquels nous n’avons aucun contrôle. On a du respect et de l’admiration pour eux. Le « sublime » c’est donc à la fois ce sentiment de respect, de peur et d’admiration, le tout mélé.

En quoi ça se traduit dans ta musique ?

En fait, que ce soit sur le premier ou le deuxième album, chaque chanson que j’ai écrite, je l’ai considérée comme un tableau qui représente un thème sublime. Je parlais de l’océan, le premier single, Point Nemo, parle de la traversée en solitaire de l’océan par un navigateur qui passe par le point Némo, un endroit au milieu de nulle part, perdu dans le Pacifique sud… On le suit donc à travers les tempêtes, ses remises en question…

Quels sont les autres tableaux qui t’ont inspiré ?

Il y a la renaissance italienne, avec ce morceau Chiraoscuro italiano qui parle de cette période riche artistiquement et en même très troublée puisqu’il y avait beaucoup de guerres en Italie, des assassinats entre princes, des choses pas très reluisantes… C’est une chanson qui met vraiment en contraste ces deux aspects de cette époque.

Comment décrirais-tu ta musique pour quelqu’un qui ne connait pas The Dawn Razor ?

Je dirais qu’il y a des influences death/black – les groupes qui m’ont inspiré comme Dimmu Borgir, Children Of Bodom ou Gojira – et une musique toute en contraste, aussi bien au niveau de la rythmique que du chant ou la guitare. Il y a des parties que je veux rendre très lumineuses en contre partie de passage très sombres et violents.

Le coté black, on le ressent un peu dans le chant, mais ce n’est pas non plus un chant extrême de… comment dire ? de « cochon qu’on égorge ».

(Rires) Je vois ce que tu veux dire !

Il y a une certaine forme de… finesse, presque. Il y a différentes ambiances, puissantes… Qu’as-tu voulu mettre dans ta musique ?

C’est vrai qu’au niveau du chant, par rapport à l’album d’avant, j’ai testé d’autres choses. Il y a un peu plus de variété, avec certains passages où je crie un peu différemment – c’était d’ailleurs très drôle à faire à l’enregistrement – et un peu plus de parties chantées. J’ai testé des effets d’harmonies à la voix, des superpositions, des échos… Histoire de ne pas faire, comme tu dis, que du cri, un peu simple, un peu bête.

On est d’accord, il n’y a que toi qui joue sur les deux albums ?

Oui.

Alors comment analyses-tu ton évolution musicale entre Renaissances de 2018 et ce nouvel album, In sublime presence ?

Au niveau du chant, il y a ces variations dont on vient de parler. Renaissance était sans doute in peu plus brutal que In sublime presence. Il y avait pas mal de passages avec des blasts, des parties bien denses et sombres. In sublime presence est, je dirais, un peu plus aéré, un peu plus respirable. Et j’ai fait attention à ne pas toujours respecter la structure classique des morceaux, couplet/refrain.  J’ai voulu tester d’autres choses, j’ai évité de faire des copier/coller de riffs, de rajouter des variations, des subtilités, que ce soit à la batterie, au chant, à la guitare… C’est ce travail que je pense avoir ajouté en plus.

Et d’un point de vue personnel, elle se traduirait comment, ton évolution ?

Euh… J’essaie de ne pas me répéter, d’explorer d’autres choses. Il y a des riffs que j’ai déjà entendus quelque part, j’essaie de les faire différemment… Je n’ai pas mis de barrière spéciale, me disant que « non, c’est pas dans le style ». J’ai tenté d’autres choses…

Quelle est la signification du nom de ton… Projet ? The Dawn Razor, le « rasoir de l’aube », ça m’évoque Jack l’éventreur. Or, il n’assassinait pas que le matin…

Ah, ah, ah ! Je n’avais pas du tout pensé à ça du tout ! Ça évoque en fait la ligne d’horizon au moment du lever du soleil. Il n’y avait pas d’idée de meurtre du tout. Je trouvais que l’image de cette lumière, qui fait un contraste, collait bien à l’image que je veux avoir dans mes morceaux, le contraste entre parties très sombres et très lumineuse…

D’où le lien avec la pochette de l’album qui représente une montagne au lever du jour.

Tout à fait.

Donc rien à voir avec Jack l’éventreur…

Pas du tout, mais je vais m’y pencher pour voir si on peut creuser cette idée !

Il y a 14 titres sur l’album…

En fait, il y en a 10, le reste, ce sera des bonus.

Et ces bonus, ce sont des covers de Children Of Bodom, de Dimmu Borgir, de Samourai, aussi. Pourquoi avoir retenu ces morceaux – on connait sans doute plus les deux premiers que Samourai, d’ailleurs…

Déjà, je suis très fan des deux premiers qui sont de très grosses influences. Donc c’était un vrai plaisir de les reprendre, et j’espère que ça va donner des indices sur l’univers musical que j’ai créé. Pour Samourai… la musique est celle d’un groupe fictif d’un jeu vidéo, Cyber crime 2677, un jeu dont j’adore les personnages et l’histoire, et j’ai simplement eu envie de faire une cover de cet univers que j’ai adoré.

Parmi les autres titres -ceux-là ne sont pas de toi – si tu devais n’en retenir qu’un seul pour expliquer ce qu’est aujourd’hui The Dawn Razor, ce serait lequel ?

Je parierai sur Chiraoscuro italiano.  Parce que dès le début, on voit tous les contrastes dont j’ai parlé : dès le début, il y a un riff à la fois violent et harmonique qui s’enchaine avec un solo que j’aime beaucoup, sur lequel je me casse encore les doigts, d’ailleurs (rires) ! On enchaine ensuite avec la partie violente et la batterie. En très peu de temps, on a un aspect, une vision de ce que j’aime faire et qui va se développer par la suite.

Un projet rock, qui plus est metal, c’est aussi la scène (il confirme). Tout seul, ça parait un peu compliqué. As-tu pour projet de présenter ton album au public, sur scène ?

Oui, bien sûr. Je suis en train d’organiser ça, justement. J’ai déjà trouvé un bassiste et un batteur. Je suis en train de recruter le guitariste et on va pouvoir préparer des concerts, un pour la fin de cette année, un autre pour le début de l’année prochaine. Je confirmerai tout ça sur les réseaux.

Il y a donc aussi un projet de transformer ton projet en groupe ?

Oui. Déjà pour Renaissance, on avait tourné en France, en Belgique, en Suisse. Des moments très sympas.

Si tu devais maintenant penser à une devise pour ton projet, ce serait quoi ?

Comme un slogan de campagne politique (rires) ?

Non, c’est d’actualité, mais quelque chose qui représente The Dawn Razor…

Guitare metal en premier. J’aime le reste aussi, mais la raison pour laquelle je fais ça, c’est pour pouvoir faire de belles parties de guitare, en premier.

On sait tous qu’un groupe de rock ce n’est pas ce qui permet de mettre du beurre dans les épinards. As-tu une autre activité professionnelle ?

Bien sûr ! Je travaille dans l’informatique, je crée des applications, des sites web, des programmes.

Quels sont les 5 albums que tu as le plus écoutés dans ta vie ?

Bien sûr, d’ailleurs, je vais faire un article là-dessus sur mon site dans quelques temps. J’en ai fait un sur mes guitaristes préférés, il y en a un sur mes albums préférés bientôt… Je dirai : Dimmu Borgir, Puritanicaleuphoric misanthropia, Children Of Bodom, Hate crew deathroll, ensuite Train of thought de Dream Theater, From Mars to Sirus de Gojira et en cinquième… un live de Hypocrisy, celui qu’ils jouent en Bulgarie, Hell over Sofia.

INTERVIEW: Parallyx

Interview Parallyx. Entretien avec Lina (chant), Corentin (basse) et Adrien (guitare), le 16 septembre 2024.

Je vais commencer avec une question qu’on ne vous a certainement pas encore posée…

L : Ah ?

Vous pouvez me raconter l’histoire de Parallyx ?

L (rires) : Ah, c’est la première fois qu’on nous le demande ! Parallyx, c’est moi qui l’ai créé, je t’en avais certainement touché un mot l’année dernière au Hellfest. C’est venu de ma volonté de raconter des histoires et de créer une musique que j’aimerai moi-même écouter à la salle. Parce que j’écoute beaucoup de musique quand je suis à la salle de sports et que je cours. Pour une fois, j’avais envie de faire cette musique que j’aime beaucoup. De fil en aiguille, j’ai rencontré Robin qui a été le premier membre à rejoindre Parallyx et qui a ramené avec lui son copain Corentin avec qui ils avaient collaboré sur d’autres projets.

C : Quand j’ai rejoint Parallyx, on cherchait un guitariste et j’ai proposé Adrien avec qui j’avais déjà fait d’autres projet. Ensuite, Matthis (NdMp : j’imagine qu’il s’agit du guitariste…), on avait fait des plateaux ensemble.

La formation est née quand ?

L : Sous ce format, elle existe depuis janvier 2024. L’idée et l’identité officielle de Parallyx, c’était en aout 2023, donc à peine plus d’un an, mais la formation actuelle existe depuis plus d’un an.

Vous sortez un album, le processus de composition a été assez rapide, alors…

L : Oui. On a travaillé en résidence, en fait. On a travaillé pendant une semaine dans une grande maison en Suisse, on avait déjà deux morceaux et on a écrit les 7 restants pendant cette résidence. On est revenus et on a utilisé les deux mois suivants pour fignoler tout ça. On sortait les morceaux en même temps parce que ce qu’on voulait, c’était avoir des choses fraiches qui nous représentent sur l’instant… On n’avait pas envie de faire comme tant d’autres groupes en proposant un album 2 ans après l’avoir composé.

L’album s’intitule The cult – donc à ne pas confondre avec le groupe du même nom qui pourrait sortir un album intitulé Parallyx… Que pouvez-vous nous en dire ?

L : The cult s’adresse non seulement aux personnes qui s’intéressent à la musique mais aussi à celles qui s’intéressent aux paroles. Ce que je voulais, c’était raconter des histoires. Sur cet album, je raconte l’histoire d’une secte, la secte Magdalena Solice. Cette secte a une particularité : Magadalena Solice a été embrigadée par ses frères comme prostituée. Les frères sont arrivés au Mexique en se disant qu’ils allaient se faire de l’argent sur le dos des gens en faisant croire qu’ils avaient trouvé la réincarnation d’une déesse inca. Les gens de ce village sont très croyants et très crédules parce que peu éduqués. Ils ont donc mis en place ce système où les gens donnent de l’argent contre faveur sexuelle de Magdalena. Sauf que peu a peu, elle s’est mise à disjoncter et à croire à ces histoires, elle se pensait vraiment être la réincarnation d’une déesse inca. Dans The cult, je parle de cette descente aux enfers et de l’emprise qu’elle a eu sur les fanatiques de la secte, du moment où la secte a commencé à prendre forme jusqu’au jour où Magadalena a été emprisonnée. Il faut savoir qu’à ce jour, Magdalena a purgé sa peine mais elle a disparu… On ne sait pas où elle est !

Rassure-moi, ce n’est pas autobiographique quand même ? (Rire général)

L :  Non, non, pas du tout !

Ceci dit, il y a un côté qui résonne cruellement avec l’actualité puisqu’on parle énormément du procès des viols de Mazan… Il y a 9 titres sur l’album. Vous avez déjà testé cet album sur scène puisque vous avez pas mal tourné cet été. Il y a eu le festival 666 à Cercoux et le Furious Fest en aout. Quels ont été les retours de ces prestations ?

A : On les a très bien vécus. Le projet étant assez jeune, c’était notre première saison de concerts et de festivals et c’était un peu un challenge, techniquement… Il fallait composer les morceaux, les produire, finir de les enregistrer et en même temps préparer un show, ce qui est un travail complètement différent ! Il fallait faire tout ça en même temps et ça s’est plutôt bien passé…

C : On l’a très bien vécu parce que c’était nos premiers concerts, les retours de ces prestations on été très positifs, ce qui n’annonce que du bon pour la suitre, ce qui nous a donné envie de continuer à travailler notre live. 

A : De très bonnes expériences sur scène, avec le public au rendez-vous à chaque fois. C’est difficile parce que ce n’est pas parce qu’il s’agit de premières scènes d’un groupe qui sort un peu de nulle part que les gens n’applaudissent pas. Ça peut être risqué mais on s’est rendu compte que les gens on vraiment bien réagis au show. On a pu rencontrer les gens après les concerts. Ça a été de très belles opportunités, que ce soit le festival 666 ou le Furious fest, ou même les autres concerts qu’on adonnés…

L : En fait, notre nombre d’écoutes et de followers a doublé en moins de deux semaines. On le prend comme un bon indicateur.

Vous le dites tout les trois, un concert se prépare. Lina, on se connait déjà donc je ne te le demande pas, mais Adrien et Corentin, vous venez d’où ?

C : Moi, pour faire court, je viens du conservatoire classique. J’ai commencé très jeune et à l’adolescence, je suis passé de la contrebasse à la basse, j’ai monté mes premiers groupes de rock avec les copains et petit à petit, j’ai monté de plus en plus de projet tout en continuant le conservatoire. A un moment, je me suis dit que ce serait sympa d’en faire mon métier. J’ai monté plusieurs projets avec Robin, le batteur avec qui j’ai pu rencontrer Parallyx. J’ai donc pu travailler dans divers projets de types différents, du reggae, du ska punk, de la… Mais finalement, tous les chemins mènent au metal !

A : Moi, c’est un peu pareil : j’ai commencé au conservatoire où j’ai fait de la clarinette pendant quelques années. Ensuite j’ai fait de la trompette avant de découvrir la guitare vers 14 ans. J’ai continué tous ces instruments et j’en ai appris d’autres… Je suis multi instrumentiste ce qui me sert parce que je fais aussi de la composition pour d’autres dans d’autres styles. J’ai aussi la casquette d’ingé son en live et en studio. Toutes ces expériences me sont bine utiles pour monter le show de Parallyx, par exemple.

Vous avez déjà réalisé quelques clips, je crois…

A : Oui, je crois qu’on a déjà sortis 4 clips… Avec des esthétiques assez différentes. On voulait explorer des univers différents…

Il y a du feu, de la technologie pixélisée, des choses en effet différentes…

A : Oui, on voulait donner de l’importance à chacun de ces morceaux en leur donnant une esthétique particulière, ce qui va aussi bien avec le fait de sortir ces morceaux en singles plutôt qu’en album uniquement.

Comment décririez-vous chacun la musique de Parallyx pour quelqu’un qui ne vous connait pas ?

C : On va mettre en premier l’étiquette de « metal moderne », qui est en fait un mélange de metalcore, de djent sur certains aspects…

Quels aspects ? Dans ce que j’ai pu écouter, je ne le trouve pas…

C : Il y a quelques passages. Il n’ya pas de morceau purement djent, on retrouve des touches à quelques endroits dans Pandémonium, quelques lignes de basse…

A : C’est vrai que ce n’est pas ce qui ressort le plus de l’album… Il y a du metalcore, du hardcore aussi et tout un coté plus éthéré et pop avec les arrangements et les refrains un peu grandiloquents, de synthés et de couches de voix différentes.

L : On est entre énergie et mélodie, avec plein de choses dedans.

Le chant hurlé, c’est toi aussi, Lina ?

L : C’est moi ! Je fais toutes les voix et tous les bruits bizarres qui sortent par la voix…

Donc il y a une belle palette vocale aussi.

L : Merci !

A : Ce qui était très pratique pour la composition puisqu’on n’a pas eu à se mettre de barrières. Si on voulait un couplet très calme et un refrain qui screame, ou inversement, on pouvait tout faire… En fait, ce type de voix, c’est très pratique, très cool…

Varié et riche, mais ça ne doit pas être évident sur scène…

L : Non ! Je confirme ! C’est fatigant, et c’est très fun…

Si vous deviez, chacun, ne retenir qu’un seul titre de The cult qui soit le plus représentatif de ce qu’est Parallyx, ce serait lequel ?

A : Pour moi, ce sera Pandemonium…

L : Pour moi aussi !

C : Probablement moi aussi… Ou peut-être Matriochka… Est-ce que ça défini ce qu’est Parallyx ?

A : Non, il n’y a pas tous les éléments…

L : On adore le jouer sur scène, mais ce n’est pas celui qui regroupe tous les éléments. Pandemonium recouvre tout : le metalcore, le djent, l’aspect mélodique, un refrain super mélodique…

A : Ca screame sur certaines parties, il y a une petite partie en arabe, ça chante, il y a du gros riffing, des refrains qui font pleurer…

Justement, le côté arabisant vient d’où ?

L : De moi (rires) ! Il vient du fait que je suis Marocaine et du fait que je me dise que c’est dommage : le metal, au Maroc, et dans la communauté maghrébine… Il commence à se développer mais au niveau des femmes, j’ose dire que je tire une certaine fierté d’être une des seules femmes marocaines à faire du metal, en tout cas à mon échelle. S’il y en a d’autres, je voudrais bien qu’on me les présente. Je suis sure qu’il y en a… Mais je voulais faire quelque chose pour mettre cet aspect-là en valeur…

En matière de groupe de metal maghrébin, tout le monde connait Myrath, mais ce n’est pas du tout le même style.

L : Exactement, mais ce sont des garçons !

Il y a donc le côté féministe (elle approuve) mais ce n’est pas une musique propagandiste…

L : Non, pas du tout ! On essaye de véhiculer… Rien du tout en fait, on ne parle pas de nos valeurs, on raconte seulement des histoires. On se tient loin de toute forme de propagande.

Et, à toi toute seule, tu représentes déjà 3 femmes du metal avec tous tes projets…

L (elle rit) : Oui, mais Parallyx reste quand même celui que j’ai fondé… Les autres existaient déjà avant que je n’arrive. Là, Parallyx, on peut dire que c’est moi qui gère la stratégie du groupe, même si on est tous au même niveau dedans. Mais je gère le groupe…

On sait très bien, d’autant plus pour un jeune groupe, qu’on ne vit pas des activités du groupe. Quelles sont vos activités à tous les 5 ?

A : En fait, on vit tous de la musique. On est tous intermittents ou très proche de le devenir. On est à 100% dans la musique, que ce soit avec nos projets annexes, de l’événementiel, des prestations un peu partout…

L : Moi, c’est un peu à part puisque je suis prof de chant – j’ouvre d’ailleurs une école de chant avec des collègues, je donne des cours depuis quelques années. J’enseigne à pas mal de gens qui sont dans des groupes de metal. C’est ma principale source de revenus.

Quelle pourrait être la devise de Parallyx ?

L : J’en ai une, je peux la proposer, les gars me diront s’ils sont d’accord.

Ils peuvent en proposer une autre…

L : Oui. Moi, ma devise c’est « de l’égo mais pour le projet ». On aime bien dire que pour être musicien, et pour avancer dans ce milieu, il faut avoir de l’égo. Notre but c’est avant tout de servir le projet, donc pas d’égo mal placé. Il faut des idées pour des compos, mais si au final on ne le retient pas, il ne faut pas le prendre mal, c’est que ça ne sert pas le projet. On ne se met pas de limites non plus.

On termine avec ceci, et là, c’est vraiment individuel : quels sont les 5 album que vous avez le plus écoutés dans votre vie ?

L : Je sais qu’il y en a d’Avenged Sevenfold – City of evil et Nightmare, ça en fait déjà 2 – le premier album de Bloodywood, Rakshak, Welcome to horrorwood de Ice Nine Kills et… Techno, de Electric Callboy.

A : The way of all flesh, de Gojira. Peut être un album de Whitechapel. Ensuite… We like it here de Snarky Puppy dans une veine jazz. Il y aura aussi un album de reggae… ça va être dur de choisir ! sans doute un album de Max Romeo, Words from the brave. Ensuite, une petite OST de Ori and the blind forest.

L: Oh oui!

C: C’est dur… Je vais commencer avec Meteora de Linkin Park. The second law de Muse, l’intégralité des albums de Against The Current – je dirais Fever. Il m’en reste 2, c’est ça ? Sans doute Misery de The Amity Affliction et pour terminer… un album de Insane The rainy Music qui s’appelle Sinovation (Lina se marre). C’est un album d’arrangements, c’est un peu perché mais j’adore ça

Avez-vous quelque chose à ajouter avant de terminer ?

A : Oui, abonnez-vous, dans un premier temps, et, surtout, venez nous voir le 8 novembre à Anthony pour notre release party. On a des invités super cool et on va jouer tous les titres de l’album. Ecoutez l’album, on y a mis beaucoup de tripes, de cœur…

L : D’argent aussi !

A : Et pour cet argent, achetez notre merch, ça aidera pour le prochain album. Ecoutez le et dites ce que vous en pensez, même si vous n’avez pas aimé. Ecrivez le, dites que vous avez trouvé ça nul !

L : Carrément, on prend toutes les critiques ! Maintenant, ce n’est que le début !

Interview: TARAH WHO?

Tarah Who? au Hellfest 2024

Interview Tarah Who ? Entretien avec Tarah (chant), Nico (batterie), Ash (basse) et Vincent (claviers, percussions). Propos recueillis au Hellfest le 29 juin 2024.

Ça a donné quoi votre concert d’hier sur la Hell stage ?

T : C’était bien fun…

Même si un peu en retard ?

T : Mais, c’est pas nous !

A : Il y a eu un peu de retard sur la journée, mais c’était bien cool d’être présents sur la Hell stage, vraiment !

Une question pour toi, Tarah, puisque la dernière fois qu’on s’est rencontrés, ici-même, le groupe n’était pas du tout le même. Alors que s’est-il passé et comme as-tu déniché ces quatre musiciens ?

T : En fait, on était toutes les deux à Los Angeles et Coralie est rentrée en France. Moi, j’avais écrit un nouvel album, The collaboration project, et quand on a eu la tournée avec Life Of Agony, je cherchais déjà quelqu’un à la batterie. J’ai demandé à Ash s’il voulait tenir la basse, le sortir un peu de son projet personnel… Explique lui, Ash…

A : Ça fait des années que je connais Tarah, on bossait ensemble, on s’est rencontrés, sur d’autres projets il y a plus de dix ans, moi à la basse et elle à la batterie. On a tout de suite accroché et on a continué de jammer ensemble avec des projets qui ont plus ou moins abouti. On est restés en contact et, quand elle est repartie aux Etats-Unis, elle m’aproposé de venir aussi et c’est comme ça que j’ai intégré la première fois Tarah Who ? Mais à ce moment, j’avais aussi mon projet et elle a trouvé un autre bassiste à ce moment. Et Nico…

Ben… Nico va parler de lui alors… (rires)

N : Ce qui est drôle, c’est que Tarah et moi on a joué ensemble il y a une dizaine d’années, mais on s’est un peu perdus de vue. On s’est recroisés au Hellfest – c’est pour ça aussi que c’est un festival un peu particulier pour nous – elle jouait au Off il y a deux ans, et je faisais des verres avec Kraken, entre autre au VIP et on s’est recroisés à ce moment-là et on a gardé contact. Dans l’évolution de nos projets, on a pu recommencer à jouer ensemble.

Et toi, Vincent ?

V : On s’est rencontrés il y a un peu plus d’un an, Tarah et moi. On est partis en tournée ensemble en mars 2023. Je suis batteur à la base et ils avaient besoin d’un batteur, donc j’ai été sorti de mon groupe du jour au lendemain et j’ai eu 7 morceaux à apprendre en un week-end. On a répété 3 jours et on est partis en tournée pendant deux semaines. Après ça, j’avais du travail à la rentrée et je n’ai pas pu assurer la tournée avec Life Of Agony et Prong. C’est Nico qui a absolument assuré…

T : Et L7 aussi…

V : Aussi… Après, j’ai toujours voulu pouvoir jouer des synthés, et Tarah aime bien ma présence, mon humour douteux et je ne sais pas quoi d’autre… (Tarah confirme) et elle m’a proposé de rejoindre le groupe sur des sets un peu plus longs. Il y a eu une tournée à la fin du mois d’avril 2024 et je suis venu en support avec des claviers, des textures pour les morceaux. Une tournée qui s’est terminée assez magnifiquement par un plateau Tarah Who ? Patron et Alain Johannes au Petit Bain à Paris (NdMP : le 30 avril 2024) et maintenant… I’m around s’il y a besoin !

L’actualité c’est aussi un album à venir, The last chase, qui sort le 20 septembre. Tarah, comment analyserais-tu l’évolution musicale de Tarah Who ? entre The collaboration project et The last chase ?

T : The collaboration project, je l’ai beaucoup plus fait toute seule, Coco étant partie. Même quand delle était encore là, je travaillais beaucoup plus en amont les démos parce qu’elle était à côté. Je lui présentais ce que je voulais à la batterie, et quand on arrivait en studio, tout était déjà prêt. Là, on a tout fait à distance : je leur envoyais les démos, Vince ou Ash me renvoyaient leurs versions avec des idées qu’ils avaient eues en plus. Ensuite, on les jouait pour la première fois en studio. La patte d’Alain a beaucoup joué aussi, Alain Johannes. Après The collaboration project, je voulais travailler avec une productrice, et finalement, avec l’écriture, je me suis rendue compte que ce que je voulais c’était plus un style que je savais qu’Alain allait comprendre. Quand je l’ai contacté pour demander quand on allait pouvoir le faire, c’était trop loin – il était en tournée, nous, on avait des dates en Europe… Donc on a fait quelques jours là et là, à Lisbonne et Barcelone. Le courant passe vraiment entre nous, c’est très naturel. Il a tout de suite compris ce que je voulais faire et rester fidèle aux démos. J’avais suffisamment confiance en lui pour le laisser faire, et c’est vraiment un poids en moins pour moi. Sur The collaboration project, quand Coco est partie, j’ai dû me mettre à la guitare, batterie et la basse, et c’était trop. En plus, il fallait que je sorte l’album à une certaine date… Là, le fait d’avoir Vince et Ash m’a vraiment permis de me décharger.

C’est sans doute la plus grosse évolution, ce travail partagé…

T : Oui, complètement. Parce que je n’ai pas eu à m’occuper des basses, de la batterie. Alain, je savais que je n’avais pas besoin d’être là…

Je n’ai pas pu écouter l’album dans son intégralité, mais ce que j’ai entendu est à la fois très rock et très varié. Comment décririez-vous la musique de The last chase ?

T : J’écris toujours au ressenti, je n’ai pas d’intention au départ. Si ça sort punk ou grunge… Par exemple, il y a une chanson que j’avais plus écrite en pensant à la tournée qu’on va faire avec The Exploited parce que je ne veux pas jouer que des anciennes chansons, il faut qu’on soit un peu plus punks dans notre approche pour cette tournée. Finalement, ce qui est sorti, c’est un album beaucoup plus rock que punk… J’aime beaucoup la direction que ça a pris naturellement…

Vous rejoignez ce que dit Tarah ? Vous aviez connaissance de ce qu’elle faisait précédemment, j’imagine…

A : Oui, et comme le dit Tarah, on ne se soucie pas vraiment du genre qu’on fait. Ce qui est important, c’est ce qu’elle a envie de sortir comme émotion sur ses chansons, de se fier à ça. Si c’est du punk qui se transforme en grunge ou un autre style de rock… Moi, je dis qu’on fait du rock, du rock énervé et ça, ça englobe beaucoup de choses. Je préfère que les autres jugent du style.

T : De toute façon, à la base je ne me suis jamais sentie punk dans le sens où on ne fait pas du poum-tchack poum-tchack… On a été catégorisés punk juste parce que quand on nous voit live, c’est beaucoup plus vénère, mias ce qui est enregistré, pour moi, ça n’a jamais été punk UK…

Ce n’est pas non plus le premier mot qui me serait venu à l’esprit…

T : Pourtant, les reports de nos concerts, ce n’est que ça.

A : Je pense qu’il n’y a jamais une voloté de jouer un style en particulier quand tu fais de la musique. Effectivement, ça s’inscrit dans une veine rock, parfois grunge, parfois punk…

N : Et sur scène, il y a une énergie différente. Tarah, effectivement, s’entoure de gens qui ont des expériences différentes, et quand ça fonctionne bien, ça délivre une énergie au-delà d’un message ou de ce qu’il se passe sur scène. Je pense qu’il n’y a jamais une volonté de vouloir correspondre à tel style ou rentrer dans telle case.

En tous cas, pas en ce qui vous concerne. Pour certains, c’est une marque de fabrique…

A : Oui, mais dans notre cas… Nous, on fait de la musique, si ça doit partir dans un autre sens, on ne va pas se freiner sous prétexte que ce n’est pas ce qu’on voulait…

Justement, est-ce que vous avez eu chacun votre mot à dire dans le processus d’enregistrement et de finalisation de ce disque ? La matière brute, c’est toi, Tarah, qui la crée et l’envoie (elle confirme). Est-ce qu’ensuite, pour les arrangements ou différentes choses, vous dites « ça, ça ne va pas passer, on pourrait le faire comme ça » ?

T : Juste avant, je peux dire un truc ? S’ils sont là, ce n’est pas par hasard, c’est parce que j’aime leur personnalité en tant qu’humains, mais aussi, quand ils jouent, j’entends vraiment la différence. Ils sont là, pour une raison…

Ecoutez-bien, hein ! C’est là qu’on cite La Fontaine : Tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute (rire général, l’un d’eux ajoutant « du coup, on l’écoute ! »)

A : maintenant, on la connait, on sait à quoi s’attendre. Il n’y a pas d’égo de musicien en mode « si j’enregistre, il faut que j’ai mes lignes et ce sera comme ça ». En revanche, elle propose des démos, on les écoute, on essaie de reproduire et si on a des idées par rapport à ça on lui présente. Ensuite, c’est elle qui nous dit « oui », « non », « ça c’est cool », « ca, on verra », « peut-être pas » ou d’autres un non catégorique. L’idée, c’est qu’on échange, qu’on puisse proposer des trucs mais en tant que musicien, sur la partie studio, enregistrement, on est là pour reproduire ce qu’elle veut et ce qu’elle entend. On propose, il y a un échange, mais on ne cherche pas à imposer parce qu’on pense que c’est mieux ou que…

Sur The last chase, si vous ne deviez retenir qu’un titre pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Tara Who ?, ce serait lequel ?

T : Je dirai Safe zone, parce que c’est un message qui dit : « venez comme vous êtes et éclatez vous ». En fait, tous les messages de Tarah Who ? c’est plus ou moins pour expliquer qu’il faut arrêter de se cogner dessus, c’est débile…

A : Je suis d’accord, et c’est un titre qui représente bien la musique du groupe

V : j’aime bien Do you believe in Santa Claus parce qu’est c’est très fun. Mais c’est vrai que j’aime beaucoup Safe zone pour ce que ça veut dire… Live, Santa Claus va être très fun à jouer !

N : Je dirais aussi Safe zone, c’est un morceau très rock, avec des parties très énervées, mais au final, il y a des parties presque disco à la batterie, quelques éléments presque électroniques qu’il y avait déjà dans d’autres titres. Je pense que ça couvre très largement l’univers de Tarah Who ?

Avez-vous quelque chose à rajouter avant qu’on ne termine ?

A : Simplement, continuez à nous soutenir en venant nous voir en concert et en achetant nos albums. Dont The last chase

Interview: LAST TEMPTATION

Interview LAST TEMPTATION – Entretien le 11 septembre 2024 avec Peter Scheithauer (guitares)

Avant de parler de votre nouvel album, Heart starter, je voulais commencer par ta santé. Lorsque nous nous sommes vus à Nancy, lors du Heavy Week End, tu me disais avoir récemment subi une opération à cœur ouvert, quelques semaines avant…

Même pas, un mois avant à peine…

Que s’était-il passé et, surtout, comment vas-tu aujourd’hui ?

Je vais très bien, merci. Ce qu’il s’est passé, c’était un problème de naissance : une valve qui était dysfonctionnelle de naissance. Je pensais que j’avais encore du temps devant moi et, pour des raisons médicales que personne ne connait – c’est comme ça – ça s’est calcifié un peu plus vite que prévu parce qu’elle travaillait un peu plus qu’une valve normale. Je pensais que je me ferai opérer vers 70, 80 ans, pas grave. Je suis revenu des Etats-Unis, j’ai fait des tests et le médecin m’a dt que je devais me faire opérer. « Oui, d’ici dix ans… » Il me répond que non, « c’est dans les deux mois » (rires)

Ça a dû te mettre un coup de pression…

Oui, en plus, il y a quelqu’un qui rentre dans la salle et qui me dit : « ah, la douche froide, hein ! » (rires). Super… En même temps, je n’avais pas trop le choix. Ça a repoussé tout ce qu’on avait de prévu pour l’été, mais c’est pas grave. C’est des choses qui arrivent et le plus important, c’est que je sois en forme.

Ce qui est intéressant aussi, ce sont tes tatouages sur les avant-bras. Je n’y avais pas fait attention : Heaven et Hell. Tu es passé par les deux, là…

Ouais (rires). Mes tattoos, ils sont tous un peu en face à face, un effet de miroir. Mais pour ces deux-là, tu ne peux pas les avoir à l’envers. Ce sont deux opposés.

Venons-en au groupe : Last Temptation a radicalement changé. Que s’est-il passé ?

Oui, c’est vrai… Disons que je voulais aller dans une certaine direction qui n’était pas commune à tout le monde – je voulais un retour aux sources – et j’ai décidé de continuer ailleurs et de ne pas… (Peter reste évasif). C’est comme ça que ça s’est passé, aussi simple que ça, on n’allait plus dans la même direction.

On ne peut pas parler de divergences musicales, simplement de visions différentes (Il confirme). Tu viens de parler de « retour aux sources », quelles sont-elles, ces sources ?

Ah ! J’ai grandi avec Van Halen, Kiss… Il y en a tellement, mais tous les groupes des 70’s, de ZZ Top, Cheap Trick à Kiss, un peu plus tard, aussi, Pantera…

Un peu plus brutal aussi…

Oui, mais ils ont commencé avec ces mêmes sources. Il y avait des choses plus rock aussi, Aerosmith, Bryan Adams, Foreigner, des trucs plus heavy, Black Sabbath, bien sûr, même s’ils sont Anglais. Mais il y a énormément de musique américaine qui m’a influencé, notamment, je viens de le dire, Van Halen qui, lorsque le premier album a paru, a foutu une claque à tout le monde. Tu sais, j’ai grandi avec Ted Nugent, Billy Gibbons, Ace Frehley, de très grands guitaristes dans leur style. Mais Van Halen, même s’il était influencé par ces gens-là, a mis la guitare tout à fait ailleurs, à un autre niveau. Il a autant révolutionné que Jimi Hendrix à son époque.

Heart starter est votre troisième album. Avant que nous ne parlions de son contenu, comment définirais-tu la musique de Last Temptation à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

Ah, ah ! Heavy rock, hard rock au départ, même à tendance rock parce qu’il y a des choses similaires. Rock et hard rock sont très proches. Si tu écoutes Def Leppard et Bryan Adams, il y a plein de similitudes…

On fera le lien avec des gens comme Jim Vallance et Mutt Lange, des producteurs communs…

Oui, bien sûr. Maintenant, je voulais retrouver ce côté fun des débuts. Il y a aussi l’influence de Black Sabbath, mais je pense qu’on le ressent moins sur cet album que sur les deux précédents. On est un groupe de hard rock, même si je n’aime pas les étiquettes. On n’est pas metal, même si on peut jouer dans des festivals metal…

Vous l’avez déjà fait, d’ailleurs…

Oui (il sourit). Je dirai qu’on est simplement un groupe de hard rock, ça va de AC/DC à Van Halen, en passant par Cheap Trick.

Quand et où avez-vous composé et enregistré Heart starter ?

Toutes les batteries ont été enregistrées en Italie, chez Flavio Alessandrini, toutes les voix ont été faites à Toulouse où vit Loup Maleville, le chanteur, les prises guitare et basse ont été faites chez moi, dans mon studio.

Il y a dix titres sur cet album. J’aime bien le titre d’ouverture : Get on me… Vous auriez très bien pu l’appeler Turn me on (excite moi), mais là, vous passez directement aux affaires avec « grimpe moi dessus » (il rit). Pour moi, ce titre est purement rock’n’roll, il est direct avec ses trois syllabes qui accrochent et vont droit au but. Qu’as-tu voulu mettre dans cet album ?

Tu parles de Get on me : on a tourné le clip aux Etats-Unis et Loup est très influencé par la country. Il est à moitié Canadien et sa voix m’a tout de suite parlé dans la mesure où tu as l’impression d’écouter du classic rock. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais c’est une des choses que j’ai aimé dans cette voix : tout de suite, elle m’a renvoyé à mon enfance de radio US. Même si c’est vintage, il y a du fun et du renouveau dans notre musique, plutôt que de simplement vouloir être… je sais pas, brutal. On essaie d’apporter un peu de fraicheur.

Ce que je ressens en écoutant l’album, c’est une musique très festive, très… « highway song music » : tu es au volant de ta voiture, tu glisses le CD dans le lecteur – quand il y en a un… – et tu roules.

C’est ça, exactement ça…

On ne va pas faire un titre à titre, mais il y en a un qu’on ne peut pas éviter, c’est Born to be alive (il rit). Vous avez transformé, malaxé ce titre en version rock. Pourquoi avez-vous décidé de participer à la continuité des royalties de Patrick Hernandez ?

(Rires) Pas mal ! En fait, on voulait quelque chose qui représente une époque qu’on aime beaucoup, énormément, même, et qui soit festif. C’est un titre que tu ne peux pas louper, il fait taper du pied, que tu sois dans ce style de musique ou pas. On avait envie de faire une reprise, et en en parlant, on se disait qu’il n’y a aucun intérêt à reprendre un morceau rock. Même si les musiciens sont meilleurs, ça ne veut pas dire que la reprise soit meilleure que l’originale. On voulait quelque chose de français, mais anglais. Ça commence déjà à être un peu plus rare. Il fallait quelque chose que tout le monde connait. J’ai regardé des interviews de Hernandez et, je ne le savais pas, mais ce titre était rock en 1974, et personne n’en voulait. Par la force des choses – et, je pense, des producteurs qui l’ont un peu poussé – il a fini par devenir disco. Au départ, ça n’a pas pris comme il le voulait, mais c’est parti ensuite d’un coup. Il y a ce côté festif qu’on retrouve dans le rock, et on a voulu l’adapter pour que ce soit Last Temptation qui interprète Born to be alive et pas une interprétation un peu trop proche de l’originale. Ça ne nous aurait pas collé, ce côté paillettes, même si c’est festif.

Ça démontre simplement, un nouvelle fois, qu’une chanson, quand elle est bonne, quelle que soit l’interprétation, ça passe.

C’est ça, tu peux faire tout ce que tu veux, du rock, du thrash, du rap, de la pop… tout repose sur les morceaux. Si tu as un bon morceau, il est bon. Tu peux avoir un super batteur, un super guitariste, c’est le morceau en lui-même qui est important. On peut aussi parler des albums de 15 ou 20 titres qui ne servent pas à grand-chose : dans le rock, je préfère un album de 10 titres que j’ai envie de remettre plutôt qu’un album où au bout de 15 titres tu te dis « ouais, OK, il est bien, mais on aurait pu se passer de certains morceaux… »

Nous qui avons grandi avec les vinyles, un album de rock c’est maxi 40’. Sur deux faces… Sur Heart starter, justement, il y a dix titres. Si tu devais n’en retenir qu’un pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Last Temptation, ce serait lequel ? Pas ton préféré, celui qui vous représente le mieux aujourd’hui…

Ce serait Get on me… Tu en as parlé, c’est pour ça qu’il ouvre nos concerts et l’album. Les deux premiers même, ils sont très représentatifs de là où on veut aller. Plus que d’autres… Ah, c’est dur, très dur comme question… C’est comme si tu demandais à un père lequel de ses enfants il préfère !

C’est la question « choix de Sophie » !

Ah, ah ! Je reste avec Get on me, alors !

Revenons au groupe : comment as-tu dégoté ces musiciens ? Fabio est connu pour avoir sa participation, entre autres, avec Jeff Waters dans Annihilator, mais Loup et Franz ?

Franz était déjà notre bassiste sur la tournée 2022. C’est Loup qui me l’a présenté en me disant qu’il ne pourrait pas assurer toutes les dates de 2022. Il avait un choix à faire. Je ne savais pas que je serai hors compétition six mois plus tard, on a fait des tests, et c’est venu très naturellement avec Franz. Fabio, ça fait très longtemps qu’on se connait, qu’on parle, on avait déjà fait des démos beaucoup plus heavy. Ça ne s’est pas fini comme on voulait puisqu’il y a eu le Covid… mais on voulait faire des choses ensemble. Loup, en fait, c’est une vidéo que j’ai vue. J’ai fait « waow, je voudrais bien que ce groupe soit en France ! » Je ne savais pas qu’il était ici, de par l’accent de Loup. J’ai découvert qu’il vit à Toulouse, on s’est appelé, il est venu ici, on a vite accroché et on a commencé à bosser ensemble.

Je sais que de toute façon – Butcho me l’avait dit lors de la promo de votre premier album – que tu voulais un chanteur français mais qui soit parfaitement bilingue, sans accent. Ce qui reste la grande faiblesse de nombreux groupes français qui chantent en anglais…

Dans des styles plus heavy, ça peut passer, mais si tu veux chanter une ballade… Scorpions, il a un accent Klaus Meine, et c’est aussi ce qui fait le charme de Scorpions, on ne peut rien dire, ça a marché (rires) ! Mais à la base, c’est très dur quand tu entres dans le hard mélodique : s’il y a le moindre petit accent, ça passerait très mal, même en Allemagne où on dirait que ce n’est pas un groupe de rock… On n’a pas encore démontré avoir un groupe comme Scorpions. On a Gojira, certes, mais on n’a pas Scorpions.

Gojira, ce n’est pas le même chant… Tu écoutes sans comprendre les paroles, comme dans ce genre-là…

Ça n’a rien à voir… Et tu ne distingues pas si c’est anglais ou non. C’est très bien fait, c’est une grosse machine, mais ce n’est pas du tout le même genre.

Je crois que c’est Doro qui disait avoir adoré Trust, mais uniquement en français, elle trouvait les versions anglaises affreuses…

Oui, Anthrax aussi, d’ailleurs… (rires) C’est difficile.

Tu parlais plus tôt du clip de Get on me. Où a-t-il été tourné ?

Il a été filmé dans une ghost town à 30’ de Las Vegas. On a trouvé cette place absolument fabuleuse. Même si c’est dans le désert, quand on l’a filmé, il faisait super froid (rires). On l’a filmé en janvier, il y avait du soleil, mais c’est tout ce qu’il y a de « chaud » dans ce clip….

Ça, on ne le ressent pas sur la vidéo. En revanche, ce qu’on constate, c’est qu’il y a une chorégraphie : l’angle change mais les gestes sont les mêmes, synchronisés… Quelle était la volonté derrière cette chorégraphie ?

Simplement de voir que le décor change, pas le groupe. Les décors, on est sur la même place, tout le temps.

J’ai l’impression que vous avez à peine tourné la caméra.

Exactement. En fait, on ne le savait pas à l’époque, mais il y a des films qui ont été tournés là-bas. On a discuté avec les propriétaires, déjà pour leur demander si on avait le droit de tourner là. Ils nous ont dit que oui, que d’autres avaient tourné ici. Kevin Costner, je crois, il fait exploser un avion, des clips, des séances photos de Journey… On a essayé d’utiliser toutes les scènes présentes. On n’a pas tout fait, mais c’était vraiment impressionnant. On voulait différentes scènes, mais que ça reste le même groupe. C’était marrant à faire.

D’autres clips sont prévus ?

Oui, mais pas avant octobre. Il y aura des clips, et d’autres surprises. Peut-être un clip de Born to be alive, on verra…

La pochette de Heart starter est rose foncé, il y a une boule à facette… C’est tout sauf rock’n’roll…

Elle est rouge en fait… Mais non. Elle est au milieu du désert, il y a cet objet que tout le monde connait mais qui n’a rien à faire là. C’est presque une affiche de film de science-fiction. Elle dit « c’est là, mais c’est pas forcément là »…

On pourrait en effet penser à une lune qui n’est pas tout à fait à sa place. Elle m’évoque un peu Rencontre du troisième type…

C’est un peu ce qu’on voulait. Un peu décalé.

Autre sujet : tu as décidé de travailler cette fois avec Angie de NRV promotion qui s’occupe plus, habituellement, de groupes émergents. Or, c’est votre troisième album. Pourquoi ce choix ?

On a discuté, on a bien aimé ce qu’elle nous a proposé, ce qu’elle envisageait de faire. Après, cet album c’est un peu un renouveau. D’ailleurs, Heart starter n’a rien à voir avec ce qui m’est arrivé, mais tout est un renouveau. On va relever de nouveaux challenges, pour l’instant ça marche bien, très bien même, mais on avait envie de quelque chose de frais. Elle ne s’occupe que de la promo, en France, pas du management ni de la promo internationale.

Un groupe de rock, c’est aussi un groupe de scène. Même si tu ne peux pas tout dire- j’imagine que tu as interdiction de dire que vous allez refaire le Hellfest (il sourit) – mais il y a des projets de tournées ?

Oui, en France, mais on a aussi eu des opportunités pour tourner en Europe, Allemagne, Suisse, Autriche… En plus avec un groupe – je ne peux pas dire qui, mais un groupe des années 80 qui était connu – le tourneur travaille avec eux et il nous a demandé si ça nous convenait de tourner avec eux dans des pays où on n’a pas encore joué. Ce sont des marchés très rock, comme la Suède et les pays nordiques, mais ça, ce sera plus tard. On commence par Suisse Allemagne Autriche parce que le label est basé là-bas, en Allemagne. Et la France, on est impatients de jouer en France aussi. Peut-être avec ce même groupe, d’ailleurs… Les premières dates confirmées sont en mai, mais ça vient à l’envers, donc on devrait en avoir avant… Ce qui nous permet aussi de travailler la logistique, une tournée comme ça, ça se prépare, pas comme une première partie de dernière minute…

En même temps, le mois de mai, c’est la période où débutent les festivals européens. Ça peut s’enclencher… On vous verra à Nancy ?

J’espère… ah, ah, ah ! Oui, oui, j’espère !

De ton point de vue, en dehors du changement de line-up, quelles sont les évolutions principales de Last Temptation entre Fuel for my soul, paru il y a deux ans, et Heart starter ?

Déjà, l’interprétation. Fabio apporte énormément au niveau batterie. Il a cette frappe forte très seventies mais il a aussi une vraie finesse. Il a l’intelligence de ne pas trop en mettre, mais d’en mettre là où il faut. Loup amène une grosse différence au niveau mélodies vocales. Ça vient aussi du fait que les riffs sont un peu différents. On avait repris sur scène Fuel for my soul quand on a ouvert pour Hollywood Vampires, donc il peut mettre ce genre de titre à sa sauce. Il y a moins de lourdeur, il est plus… je n’aime pas dire « joyeux » …

Je le trouve très festif.

Voilà, « festif », c’est le bon mot.

En dehors du groupe, avez-vous d’autres activités professionnelles ?

Loup est intermittent, Fabio aussi, il ne fait que ça. C’est pour ça qu’on le retrouve dans d’autres groupes, Bonfire, d’autres… Hanz est photographe de métier. Et moi, je ne fais que de la musique aussi.

Quels sont les 5 albums que tu as le plus écouté dans ta vie ?

Waow… Pour commencer, sans doute celui qu’on n’attend pas : Wish you were here, de Pink Floyd. Cet album m’a emporté… Quand tu l’écoutes, tu ne peux pas n’écouter qu’un morceau, tu es obligé de tout écouter… C’est ce que j’aime avec ce disque. Après, l’album qui m’a vraiment donné envie de faire de la musique, c’était Kiss Alive ! La folie qu’il y a sur cet album, même s’il n’est pas vraiment live… Tu sens qu’il y a derrière quelque chose, un vrai groove… Je pense que c’est le début de tout le hard rock américain qui a suivi. Même Aerosmith n’était pas aussi fou ! Troisième… Ah, c’est dur… Très très dur (rires). Je dirais l’album 4 de Foreigner. Il n’y a pas de « bon » titres, ils sont tous excellents, il n’y en a pas un – même si tout le monde connait Urgent et Juke box hero – pas un qui ne passerait pas en radio. Et la voix de Lou Gramm… Van Halen, forcément. Woment and children first

Bien, j’adore cet album !

Moi aussi, on retrouve… Il est encore plus réel que le premier, je ne sais pas comment l’expliquer. Au niveau rythmique, il y a quelque chose de phénoménal… Et le dernier… Ouais… J’écoute quoi dernièrement qui est vieux ? Même si je l’écoute moins aujourd’hui, je dirai le deuxième Ozzy Osbourne, Diary of a madman. Il y avait des morceaux dessus…

Pour terminer, quelle pourrait être aujourd’hui la devise de Last Temptation ? Et ne me dis pas le dollar américain, s’il te plait !

Ah, ah, ah ! Il faut aller voir les concerts. Mais avoir du fun dans ce qu’on fait et dans ce qu’on veut. Si tu écoutes cet album, c’est pour être de bonne humeur. Allez voir les concerts et amusez-vous ! Et soutenez les groupes. En une devise ? Get on me ou Get it on !       

Interview: FIREMASTER CONVENTION

FIREMASTER CONVENTION 2024 : Entretien avec Joffrey, Directeur programmateur de Tonnere Live (propos recueillis le le 31 mai 2024)

Cette année, Metal-Eyes est fier d’être partenaire de la nouvelle édition de la nouvelle édition de la Firemaster Convention, qui quitte Châteauroux (36) et se relocalise à Issoudun (36), siège de Tonnerre Live, l’asso organisatrice. Joffrey, son directeur et programmateur nous dit tout sur cette nouvelle convention qui se tiendra au Palais des Expositions et des Sports d’Issoudun (PEPSI, ça ne s’invente pas !) du 25 au 27 octobre 2024 et qui accueillera en concerts pas moins que GBH, Gorod, AirForce, Nightmare, Tagada Jones et d’autres encore.

Avant de rentrer dans le vif du sujet de la Firemaster Convention qui revient en octobre prochain, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bien sûr : je suis directeur de Tonnerre productions qui est une association basée à Issoudun et qui existe depuis 2012. L’objet de cette association est l’organisation et la promotion d’évènements culturels, notamment de musiques actuelles. Depuis 12 ans, on organise des concerts principalement sur le Cher et l’Indre. A l’époque on était très éclectiques, c’est-à-dire qu’on pouvait organiser des événements aussi bien reggae qu’electro, metal ou rock, et depuis quelques années on porte un nouveau projet, la Firemaster Convention, sur lequel j’interviens en tant que programmateur musical mais aussi sur d’autres activités qu’il y a sur cette convention. On en parlera après j’imagine. En tant que directeur, je gère une équipe de permanents, d’intermittents et de bénévoles. J’essaie de fédérer, de faire en sorte que tout ça fonctionne. Je suis une pièce importante mais je ne suis pas seul sur le bateau, il y a toute une équipe derrière moi.

Une équipe de combien de personnes ?

Sur la structure, nous sommes 5 permanents – même si on ne fait pas que de la production musicale, on fait aussi d’autres choses. Après, en fonction des événements, on peut monter à 15/15 salariés avec une centaine de bénévoles. Une équipe qui s’agite principalement le jour du montage et du démontage, mais c’est ce que j’aime bien : gérer un projet sur ses différentes étapes jusqu’au jour où tout s’agite et où on partage avec le public.

Tu t’étais occupé des précédentes éditions qui avaient eu lieu à Châteauroux ?

Tout à fait, oui.

Pourquoi avoir changé de lieu, être passés de Châteauroux à Issoudun ?

C’est principalement pour une question, logistique. On a l’habitude de travailler avec plusieurs villes, plusieurs lieux sur les départements de l’Indre et du Cher, donc on n’a pas de problématique particulière. Ça n’a rien de politique, on travaille avec tout type de villes sans contraintes particulière. La question principale c’était de gérer la logistique de ce genre d’évènement, comment rendre la gestion plus facile. La structure est basée à Issoudun, une ville de15.000 habitants pas très loin de Châteauroux, mais à une trentaine de kilomètre, donc, d’un point de vue logistique il fallait tout déplacer. On a pas mal de scénographie, de structures à aménager pour cette convention, donc c’était assez complexe. Après, le hall des expositions de Châteauroux est une très grande salle, difficile à exploiter…

… et à chauffer. Ceux qui ont assisté à la première édition s’en souviennent…

(Rires) Oui, difficile à chauffer. En plus, la première édition a eu lieu au cœur de l’hiver et c’était un peu absurde un lieu aussi grand… On n’avait pas non plus beaucoup d’alternative, on voulait que la première édition ait lieu à Châteauroux, qui est la préfecture de l’Indre, une ville moyenne avec 100.000 habitants. La salle est très grande, elle est difficile à aménager et, comme tu le dis, il y a d’autres contraintes : la chauffer, mettre en lumière la scénographie, etc. Là, à Issoudun, il y a une salle qu’on connait bien puisqu’on y a déjà travaillé, qui s’appelle le Pepsi – le Palais des Expositions et des Sports d’Issoudun – une salle un peu plus petite. On va limiter la capacité à 1.000 personnes par soir, mais on a déjà organisé des choses avec 2.700 personnes ou même 3.000 personnes sur une autre esthétique.

Ce qui permet aussi de voir la convention grandir et pouvoir accueillir un public croissant.

Oui, ce qu’on veut avant tout, c’est proposer un bel accueil. Ce qu’on veut organiser, c’est un peu ce qu’on voudrait trouver en tant que festivalier ou public. Ce qu’on regrette un peu sur certaines grosses machines, c’est parfois la trop forte affluence et le fait de ne pas pouvoir assister aux spectacles et aux activités dans de bonnes conditions. Alors on n’a pas la prétention de faire une salle pleine dans tous les cas, on est aux débuts du projets. Mais même si on pouvait accueillir une grosse affluence de 2.000 personnes, on n’accepterait pas forcément tout le monde. Notre objectif, c’est de proposer une expérience de festivalier de haute qualité.

Une première édition avait eu lieu à Châteauroux, en hiver, en février 2020. Une seconde édition a été quant à elle quelque peu tronquée par une certaine crise sanitaire et qui s’est faite à distance. Un retour au live en 2022 toujours à Châteauroux. Sur chacune de ces éditions, vous avez eu au minimum un groupe, un artiste international, le reste étant consacré à la scène française. Comment sélectionnez-vous les artistes qui vont jouer à cette convention ?

Déjà, on essaie d’avoir des artistes internationaux. On a la chance de pouvoir travailler sur une esthétique très dynamique à l’échelle internationale – et qui nous vient, aussi, de la culture anglo-saxonne. C’est normal d’avoir des groupes mythiques anglais, américains… Pour nous, c’est important d’avoir une diversité d’origines au niveau des groupes. Bien sûr, il y a une majorité de groupes français, il y a une scène actuelle très créative, surtout sur la scène djent, hardcore… on essaie d’avoir une programmation équilibrée entre la scène française et la scène internationale. Ce n’est pas toujours très facile de programmer des artistes internationaux parce que ça coûte cher de les faire venir en France, surtout quand ils sont hors tournée. La programmation se fait aussi en fonction des esthétiques : on essaie de programmer une soirée avec une thématique – hard, heavy, death sur une soirée et un peu plus punk, hardcore, metal core sur une autre. La scène punk est aussi très marquée et reconnue en France, on n’a pas trop de mal à trouver des artistes dans cette mouvance (rires). Il y a aussi l’Angleterre qui n’est pas trop loin et qui est un vivier historique…

Tu parles de l’Angleterre. Cette année, vous faites venir AirForce. Le point marketing principal, parce qu’il reste un groupe assez peu connu sauf d’une frange un peu plus « pointue » – c’est le groupe du tout premier batteur d’Iron Maiden. Pourquoi les avoir sélectionnés eux plutôt qu’un autre groupe – sachant que sur la troisième édition, il y avait Phil Campbell, presque le guitariste historique de Motörhead, en tous cas, celui qui aura passé le plus de temps dans le groupe, l’année d’avant il y avait le gigantesque dans la taille Chris Holmes, premier guitariste de W.A.S.P. Il y a un lien qui se fait avec les groupes d’origines de ces groupes qui viennent…

Tout à fait. Il est important pour nous de faire venir des personnes, des personnalités, qui ont eut un impact non négligeable dans le développement de cette musique. C’est déjà un plaisir d’accueillir ces légendes, ensuite, d’un point de vue musical, c’est l’histoire de beaucoup de choses, et, surtout, on n’est pas sur du tribute band. Il peu y avoir  de temps en temps des reprises, mais ce sont surtout des artistes qui composent et qui ne sont pas restés figés sur leur passé de « musicien de… » C’est ça qui est intéressant : on a des artistes qui sont passés dans des groupes qui sont mythiques, mais qui ont aussi leur carrière, qui ont eu mleur propore histoire et qui continue de la faire vivre. C’est hyper important pour nous. Je ne pense pas que, dans le cadre de la Firemaster, on fasse venir de tribute band. Même s’il y a eu des réflexions autour de ça. Peut-être à l’extérieur de la convention mais pas dans son cadre. On cherche avant tout de la création originale, et on a vraiment plaisir à accueillir ces icônes-là.

En parlant d’icône… Il y a Tagada Jones qui, au-delà d’être un des groupes phares de la scène punk/rock alternatif français, célèbre cette année ses 30 ans d’histoire. Sais-tu si certaines choses particulières sont prévues pour fêter cet événement avec eux ?

Ça… il faudrait demander au groupe s’ils préparent quelque chose de spécial. Nous, on n’a rien prévu si ce n’est que de les faire jouer. C’est un groupe qu’on a déjà reçu dans la programmation « traditionnelle » de Tonerre, et c’est un groupe qu’on a toujours grand plaisir à accueillir. Ce sont de personnes humaines, qui ont des thématiques touchantes et d’actualité – ils ont sortis des albums revendicatifs contre les conflits, et en ce moment, c’est pire. Malheureusement le groupe est encore plus d’actualité, et c’est un groupe dont la carrière s’est faite progressivement.

A la force du poignet…

Exactement ! Ce n’est pas un groupe qui est arrivé comme ça en haut de l’affiche comme on peut en voir aujourd’hui – on ne sait pas d’ailleurs si la longévité sera là pour ces groupes… Tagada Jones, c’est vraiment l’histoire, du punk, du metal. C’est un style hybride, un peu compliqué à catégoriser. On appréciera aussi toujours ce chant en français de Niko, avec cette plume qu’on lui connait bien. C’est un groupe qui fait partie du patrimoine français.

Tu n’as naturellement pas répondu à ma question, et c’est normal, j’imagine que certaines choses restent confidentielles. As-tu cependant des anecdotes concernant des demandes surprenante, étonnantes, inavouables de certains artistes qui venaient participer à la convention ?

Eh bien, écoutes : dans le metal, pas forcément, pas trop de choses surprenantes. Bien sûr, il y a de la logistique un peu compliquée comme aller chercher tel artiste à telle heure à tel aéroport… La scène metal est de plus en plus végane, donc ce sont aussi des choses à gérer, mais c’est normal.  

Pas de « caprice de stars » sous prétexte d’être la tête d’affiche, donc…

Non, non. La Firemaster est jeune, il y a des trucs un peu particuliers, comme des artistes qui ont signé un contrat et, finalement, le jour même, il faut les payer en liquide… Ils annoncent ça avant de monter sur scène « sinon on ne joue pas ». C’est gênant sur le moment parce que ce sont des choses qu’ils auraient pu prévoir avant. Des choses complètement illégales, d’ailleurs. Je ne citerais personne, mais c’est surtout les artistes étrangers…

Ça limite déjà le nombre !

(Rires) Oui, ça limite ! Sur d’autres productions, ça nous est déjà arrivés, avec des artistes reggae, Jamaïcains, qu’un bon quart soit donné dans une mallette. C’est souvent désagréable, surtout quand ils le disent au dernier moment. Maintenant, on connait la règlementation sur le paiement en liquide des choses… on a quand même globalement des artistes qui sont respectueux. C’est pour ça que j’aime travailler des projets metal, parce que les choses sont relativement franches : on a à faire à des gens qui n’ont pas peur de dire les choses, qui sont peut-être un peu moins… hypocrites que dans d’autres styles de musique.

Depuis le démarrage de la convention, y a-t-il des groupes que tu es particulièrement fier d’avoir accrochés à ton palmarès ?

Oui, complètement ! Déjà, je suis très fier de tout ce que nous avons fait. Venom Inc., pour moi, était très important. Déjà d’un point de vue qualitatif – les albums qu’ils ont sortis sont de haute volée, et là aussi, c’est l’histoire des origines du black metal. Les artistes sont d’une gentillesse incroyable – Démolition Man, le bassiste était tellement heureux d’être avec nous qu’il s’est même fait tatouer le logo de la Firemaster sur le bras ! Sur l’événement, on a une tatoueuse, Lucette, il est allé la voir en lui disant qu’il était très content parce que c’était leur premier concert post-Covid, et que pour lui, c’était important, et il se faisait tatouer les concerts, les festivals, les dates où il était bien accueilli, où il était heureux. Effectivement, il y avait sur son bras tout un tas de concerts et de festivals, et il s’est fait tatouer le logo de la Firemaster et celui du Hellfest ! Il est reparti avec son bras tatoué, on en a une photo. Quand on voit ça, on est aux anges : non seulement il nous a marqués en venant sur place, mais nous aussi, on l’a marqué, Tony !

Cette année, yves Campion, le bassiste fondateur et seul membre originel de Nightmare, va jouer le jour de son anniversaire.

(Il rit) Il va donc falloir lui préparer un gâteau !

Ce genre de chose, vous le savez, j’imagine qu’un truc sympa peut se produire…

Oui, il y a des choses qui peuvent se faire. On est en contact avec les groupes, il y a des choses à voir ensemble. Evidemment, on ne peut pas tout dire, il y a des choses qui vont se passer pendant la convention qui restent un peu secrètes. On veut créer quelque chose d’un peu inattendu.

La convention se passe sur 3 jours. Pour les personnes qui viennent, y-a-t-il des solutions d’hébergement que vous allez proposer ?

Il y a des infrastructures hotellières non loin de la salle. Il n’y aura pas de camping parce que je ne pense pas que ce soit très demandé et il n’y a pas d’espace pour pouvoir accueillir du monde. On l’avait fait sur un événement où il y avait 3.000 personnes, seulement 50 ont campé. Donc là, non, ça ne vaut pas le coup, pas au mois d’octobre. Mais il y a un énorme parking en face de la salle, donc les camions aménagés peuvent facilement s’y installer.

En matière de condition d’accueil la Firmaster se distingue depuis les débuts en proposant 2 tarifs : un « jour » et un « nuit » permettant pour le second d’assister à tous les concerts, le premier permettant d’assister à tout sauf les 2 ou 3 concerts du soir.

Absolument. Pourquoi ? Simplement pour pouvoir faire son programme à la carte. On peut être fan de metal mais pas forcément apprécier la prog de la soirée. Donc on peut profiter de toutes les activités de la journée, d’autant plus que le programme de la journée est varié. On peut faire son petit parcours de… non, pas festivalier, comment on pourrait dire ? Conventionneur ?

Allez, oui, un néologisme, il sonne bien.

Les gens qui ont pris leur place pour le soir, on met la journée dans le pack, on ne va pas les faire attendrez dehors pour n’entrer que pour le concert ! L’idée c’est que chacun puisse profiter de la journée complète.

En revanche, le public « jour », qui est déjà à l’intérieur, doit quitter les lieux. Comment faites-vous sortir les gens qui n’ont que le pack journée ? Je me souviens que la première édition, vous aviez fait sortir tout le monde pour faire re-rentrer le public « soir »…

Oui, on a rectifié la chose sur seconde édition avec des bracelets. Les gens qui avaient le bracelet journée étaient invitées à sortir. On fera pareil. Ceux qui auront le bracelet « soir » seront invités à aller patienter dans une autre zone, avec bar et tout, on ne va pas les parquer ! Des bracelets, tout simplement.

Quelles sont les activités prévues pour l’édition 2024 ?

Comme les années précédentes : de la masterclass, des ateliers, des conférences, des tables-rondes, des rencontres, des projections et des animations. Ça va être un gros calendrier d’animation, dont le bingo du dimanche avec des lots sympa à gagner. Le thème de l’édition de cette année, c’est arts visuels et metal avec des animations et des ateliers qui traiteront de l’influence des arts visuels sur le metal et l’inverse.

As-tu quelque chose à rajouter sur cette édition qui se tiendra à Issoudun les 25, 26 et 27 octobre prochains ?

Je crois qu’on a fait le tour, on peut trouver toutes les informations sur le site www.firemaster-convention.fr