Interview: HRAFNGRIMR

Interview HRAFNGRIMR. Entretien avec Christine (chant) le 14 juin 2024

Pour commencer, Christine, peux-tu me répéter la prononciation du nom du groupe ?

Christine : Bien sûr : ça se prononce Raven Grimer. Une fois qu’on le sait, ce n’est pas compliqué (rires) !

Ce qui signifie « celui qui porte le masque du corbeau ». De quel masque s’agit-il, celui porté pendant la grande épidémie de peste ou s’agit-il d’autre chose ?

Christine : Non, c’en est un autre. Il s’agit plus du folklore scandinave et de toute la symbolique du corbeau qui était plutôt un oiseau messager.

Peux-tu me parler de l’histoire de Hrafngrimr ?

Christine : Le groupe a commencé en 2020, juste avant le Covid, je crois… C’est Mattjö qui est à l’origine du projet – je n’en fait partie que depuis 2 ans.

Mattjö étant un ex-membre de Skald.

Christine : Tout à fait. Quand Skald a été fini pour lui, il a monté Hrafngrimr avec des personnes qu’il avait dans son cercle de connaissances musicales pour créer un collectif. A la base, il voulait ce collectif avec des musiciens qui puissent aller et venir en fonction de leurs disponibilités et proposer un projet neo-nordique. C’est ce qu’il voulait à la base, mais il s’est vite rendu compte que ce choix n’était pas le plus opportun parce que ces personnes qui étaient dans le collectif n’étaient pas toujours là pour les bonnes raisons. Je ne connais pas tout l’historique, mais ces gens-là étaient dans le collectif et la difficulté principale était que plus il y a de monde, plus il y a de difficultés. On ne connait pas vraiment les gens et on découvre au fur et à mesure les personnalités de chacun.

Et toi, tu es arrivée dans ce « chaudron » il y a 2 ans…

Christine : Oui. J’avais fait quelques jams avec eux. Mattjö et moi, nous sommes en couple depuis 3 ans. J’ai d’autres projets à côté, je ne suis pas issue du monde pagan, je viens plus du punk, du rock et du metal. Du coup, c’est un univers qui m’était inconnu, je regardais ça de loin. Un jour, on a eu l’occasion de faire une jam après un évènement, ils m’ont fait intervenir, et après ils ont décidé, tous, d’un commun accord, de m’intégrer au groupe. 0 partir de là, on a travaillé les chants de manière différente avec Mattjö pour que ça devienne un duo vocal, et à partir d’août 2023, le collectif s’est transformé en groupe. Ça m’était très mal à l’aise, ce collectif, parce que je ne conçois pas qu’on puisse être interchangeable, aller et venir… Pour moi, il était important qu’il y ait un engagement personnel et que chaque membre du groupe soit un ingrédient obligatoire pour que ça devienne un cockatail réussi…

Qu’il y ait une complémentarité entre chacun…

Christine : Tout à fait ! On a, depuis août 2023, un groupe vraiment soudé. On a travaillé une nouvelle esthétique, on a bossé sur l’album, et là, on a travaillé tous ensemble. Avant, c’est Mattjö qui composait tout, mais là le processus a été tout autre puisque chacun a donné un bout de soi, on a coconstruit ensemble cet album, et chacun a mis un peu de son émotion dans l’album. Mattjö et moi avons beaucoup travaillé sur l’album, mais on a aussi travaillé avec Mustapha Kebal (Arkan) pour la compo et l’écriture des textes.

Dans ce groupe il y a aussi une particularité : un groupe, habituellement, ce sont les musiciens, mais sur votre bio, vous présentez également Sam et Clara qui sont deux danseuses. Elles font partie intégrante du groupe ?

Christine : Oui, principalement pour les festivals, quand la scène s’y prête. Parce que ça prend beaucoup de place ! Elles ne sont pas musiciennes, mais quand on fait des résidences, elles nous accompagnent pour répéter et intégrer leur danse à la prestation.

Comment déifierais-tu la musique de Hrafngrimr ? Pourquoi cette dénomination de « ,eo-nordique » ?

Christine : Alors… on est tous issus du metal et à l’époque il y a eu le Nu metal, neo metal. Au regard de la recrudescence des groupes pagan, dark folk… on a décidé de mettre en avant un style spécifique. Dans cet album, il y a des influences diverses, et c’est un métissage de nous tous. On ne se donne aucune limite, aucun protocole.

Alors comment décrirais-tu votre musique à quelqu’un qui ne vous connais pas de manière à l’inciter à vous écouter ?

Christine : Je la décrirais comme une musique très onirique et immersive, qui nous fait voyager à travers de multiples cultures, un peu comme les vikings lorsqu’ils parcouraient le monde… C’est une musique qui invite à la découverte de multiples cultures et horizons, une musique qu’on souhaite moderne. On a aussi décidé d’écrire nos propres textes – la plupart des groupes pagan s’inspire d’un livre ancien, pas nous – des textes qui font le constat de notre monde actuel à travers la symbolique et le folklore scandinaves, mais aussi avec le prétextes que  « nous sommes des êtres venus de Niefelheim, nous observons ce qui se passe dans Midgard » – le monde de s hommes. Dans la mythologie scandinave, il y a 9 mondes, on a choisi de venir de Niefelheim parce qu’il y a très peu d’écrits dessus. On s’est dit que c’est un bon terrain de jeu pour pouvoir y créer des choses. C’est donc un bon prétexte pour pouvoir apporter notre regard sur le monde, sur notre civilisation et ce qu’elle est en train de devenir…

C’est d’actualité…

Christine : Oui, totalement ! On veut aussi pouvoir aborder des moments qui nous traversent dans la vie, comme des joies ou la mort…

Cette mythologie scandinave, vous vous l’êtes appropriée comment ?

Christine : Je ne suis pas forcément la bonne personne pour en parler parce que j’ai découvert cette culture il y a peu de temps, il y a deux ans (rires). Mattjö , lui, est baigné dedans depuis tout petit, c’était un intérêt qu’il a depuis le plus jeune âge, la culture scandinave, les vikings, la reconstitution historique, c’est vraiment une de ses passions. Il me l’a transmise quand on s’est connus. Il est féru de toute cette culture, il a beaucoup de bagage littéraire autour de ça, et ce qui était assez marrant, c’est que quand il m’en a parlé, c’est venu à moi parce que j’ai des origines scandinaves. Ma grand-mère m’a laissé, avant de mourir, une broche qu’on lui a léguée : un drakkar de viking. Elle faisait partie d’une longue lignée de vikings. Dans mon puzzle, il me maquait toute cette partie qu’elle n’a pas eu le temps de me raconter.

Ce qui est une justification supplémentaire de ta présence dans le groupe.

Christine : Oui, mais ce qui justifie également ma présence c’est ma signature vocale qui est aussi totalement différente de ce qu’on trouve habituellement dans le pagan. J’ai une voix bien plus grave et rocailleuse, plus rock, et cette touche-là apporte aussi une couleur différente.

Vous allez cette année participer au Hellfest. Comment on prépare une date comme celle-là qui est importante dans la vie d’un groupe ?

Christine : Absolument. C’est énormément de travail. Ça fait plusieurs mois qu’on travaille sur ce concert. Ça demande beaucoup de rigueur, une hygiène de vie particulière, du sport pour être dans la meilleure condition physique parce que on va jouer 40 minutes, mais ces 40minutes, on veut qu’elles soient les meilleures possible, on veut se donner à 300% ! On fait aussi des résidences pour travailler ce concert qui aura lieu dans deux semaines maintenant.

Vous travaillez aussi le visuel, j’imagine ?

Christine : Oui, on aura des costumes beaucoup plus modernes. Il y aura cette touche pagan avec des os et des plumes, des choses qui font référence à la nature, mais il y aura aussi un côté plus contemporain, plus moderne à l’image et à l’esthétique visuelle durant le concert. Donc nos costumes seront beaucoup plus… 2024 (rires) !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de votre album pour expliquer à quelqu’un ce qu’est l’esprit du groupe, ce serait lequel ?

Christine : Waow… C’est compliqué comme question, parce que chaque titre de l’album a une histoire différente, un tonalité émotionnelle différente…

Maintenant, tu n’as que 3’ pour convaincre, tu choisis quel titre ?

Christine : Euh… le premier, Niu bylgjur parce que c’est un mélange de tout ce qu’on va découvrir dans le reste de l’album.

Il y a un mystère sur votre dossier de presse que tu vas pouvoir m’expliquer : il y a, sur cette photo très sombre, une femme qui porte une sorte de masque métallique. De quoi s’agit-il ?

Christine : Alors, déjà, la femme c’est moi (rires)…

C’est un peu ce que je pensais…

Christine : Et il s’agit d’un masque, en effet. Un masque que j’ai commandé. On souhaitait que l’esthétique soit plus moderne, tout en gardant l’essence du folklore scandinave et ancestral. Ce que je remarquais dans les visuels des groupes pagan c’est que les femmes, ou les hommes, sont grimés de maquillage souvent du même type. Je ne souhaitais pas me maquiller de la sorte pour éviter d’ennuyer les gens et donner une touche un peu plus moderne. J’ai trouvé qu’il serait plus intéressant de porter ce masque, fait de métaux précieux. Il est orné de pierres. Il fait le lien entre l’ancien et le moderne, je trouve, tout en gardant les codes du passé. La photo de l’album, c’est mon costume de scène. J’ai une robe noire, très longue, mon masque et des dreads que je me fais poser et enlever pour les concerts… J’ai aussi des bijoux, des plumes, plein de petits trucs et gri-gris…

On sait qu’un groupe de rock, d’autant plus avec un premier album, ne vit pas de sa musique. Quelles sont vos autres activités dans vos autres vies ?

Christine : Mattjö est graphiste, Mus, aussi. Nicolas Derolin est intermittent du spectacle, donc il ne fait que ça. Hindrick est, je crois, programmateur en cybersécurité. Et moi, je suis psychologue clinicienne. Je suis vraiment dans l’humain, au quotidien. Je travaille avec des autistes, avec des enfants qui sont dans un autre monde, aussi (rires).

Quelle pourrait être la devise de Hrafngrimr ?

Christine : Je pense que… ça pourrait être la solidarité, la bienveillance, le respect et l’humanité…

C’est d’actualité aussi. En tout cas faisons en sorte que ce soit d’actualité.

Christine : Oh, oui ! C’est important.

Interview RED MOURNING

Interview RED MOURNING. Entretien le 31 mai 2024 avec JC (chant) et Seb (basse)

Red Mourning revient deux ans après Flowers and feathers avec ce nouvel album, Acoustic. Avant que nous n’en parlions, que s’est-il passé ces deux dernières années, comment avez-vous défendu votre précédent album sur scène ?

JC : Ce cinquième album électrique, metal a été un gros jalon dans la vie du groupe. Il y a eu les concerts, le Hellfest, des clips… C’était vraiment une super réussite pour le groupe. Derrière ça, on a développé notre facette acoustique. Sur Flowers and feathers, il y avait des morceaux entièrement acoustiques et on s’est décidé à se lancer dans ce filon qui nous plaisait. On a sorti un Ep de 5 titres acoustiques, et on a décidé d’aller au bout de l’exercice. On adore cette possibilité de nous exprimer comme ça, donc on est allés au bout de cette envie.

Flowers and feathers a reçu un accueil important, tu viens de le rappeler. Pourquoi avoir voulu sortir cet album acoustique maintenant ? Vous aviez besoin de vous ressourcer, de retourner vers vos racines blues et les faire sortir du bayou ?

Seb : Non, il n’y avait pas de volonté absolue de sortir un album acoustique, mais, comme le disais JC, on a sorti un Ep, juste avant Flowers and feathers, il n’est sorti qu’en streaming. On était plutôt contents du résultat et on trouvait qu’il n’était peut-être pas suffisamment mis en valeur. On a décidé d’enregistrer 5 titres supplémentaires qu’on allait rajouter à cet Ep pour avoir un album complet. Ce qui s’apparentait jusque-là à une sorte de parenthèses dans la carrière du groupe est devenu un album à part entière, aussi importante que les autres albums. C’est une phase de Red Mourning qu’on a poussée un peu plus loin comme on avait pu le faire sur d’autres aspects sur les albums précédents, en termes de prod, par exemple. La démarche est toujours la même, il y a une volonté de nous dépasser artistiquement et de donner un sens un peu inattendu à la démarche finale.

De surprendre le public. Il s’agit en fait de deux Ep que vous avez réunis…

Seb : Disons qu’on a élargi l’Ep précédent. On n’a pas sorti un deuxième Ep, on a complété le précédent. Mais, comme je te le disais, à part le streaming et quelques plateformes, il n’avait aucune visibilité. Là, on l’a sorti en physique, un vrai CD qui le met à égalité avec les autres albums du groupe.

Comment avez-vous sélectionné les titres que vous avez repris ?

Seb : C’est le fruit de différents tests, d’essais, de pertinence par rapport au résultat en acoustique. Par exemple, Come to bury : il y a eu plusieurs versions proposées par différents membres du groupe avec des réussites plus ou moins heureuses. En fonction de ce qui était proposé et des résultats, on sélectionnait ce qui nous plaisait. Le fil conducteur, c’était de faire des morceaux suffisamment originaux et indépendant de leurs sources électriques pour en faire de vraies entités qui soient écoutées telle quelle, sans forcément faire référence à la version électrique. Si tu ne connais pas le groupe, tu peux très bien supporter de les écouter et même les apprécier.

J’aime bien le terme de « supporter » … JC, tu as quelque chose à rajouter ?

JC : Il y a le fait de surprendre le public, mais c’est aussi plus la volonté de notre part d’explorer d’autres choses, de nous challenger, de garder des bols d’air frais en faisant de nouvelles choses, des choses originales, nous réinventer plus que de dire qu’on va surprendre le public ou lui plaire. On est très content de trouver des gens qui aiment ce qu’on fait, mais on le fait avant tout pour nous. Si quelque chose ne marche pas pour nous, on le met de côté.

Tu as retravaillé ta voix aussi, JC, elle est beaucoup moins agressive, beaucoup plus blues. As-tu dû fournir un travail vocal particulier ?

JC : C’est sûr que c’est une manière de chanter totalement différente. On a travaillé en studio avec Francis Caste qui nous aide beaucoup, sur chacun de nos albums, et qui m’a beaucoup guidé et poussé à découvrir une façon de chanter que je n’avais jamais utilisée. Il me disait de moins forcer, de mettre moins de grain, de chanter moins fort… et c’est vers ça qu’on s’est orientés. Je lui suis reconnaissant parce que c’est vraiment ce que je trouve beau, et c’est une vraie nouveauté dans ma manière de chanter.

Il y a beaucoup d’émotion dans ce que tu dis !

JC : Oui, mais une émotion contenue, par petites touches, avec moins de lâcher prise. Ou un lâcher prise différent, parce que quand on hurle dans le micro, on a certaines habitudes, on peut tout lâcher, tandis que là, c’est totalement différent.

Il y a une fidélité au producteur, Francis Caste, mais également au label, Bad Reputation…

JC : Oui, on est toujours avec le même label. Eric (Coubard, responsable du label) nous est fidèles, on lui est fidèle aussi. C’est comme ça qu’on envisage la musique : la vie du groupe, c’est des collaborations avec des gens de confiance, on a aussi croisé tout un tas de gens pas forcément recommandables qu’on a abandonnés au fil des années. On bosse avec des gens qu’on aime bien et qui bossent bien…

En gros, On ne change pas une équipe qui gagne.

Ensemble : C’est ça.

JC : Et de gens humains, des gens sympas, aussi.

Un groupe de rock, c’est aussi la scène. Comment envisagez-vous de défendre ces nouvelles versions tout en en proposant des versions plus rugueuses ?

Seb : En fait, ça fait déjà deux ans qu’on travaille le versant acoustique du groupe sur scène. On a fait pas mal de concerts, dont une grosse dizaine de concerts acoustiques. On a bossé notre son, on a accordé nos instruments un peu différemment, et on arrive à quelque chose d’assez concluant. On a fait une date pour la release party au Hellfest corner qui était plutôt concluante. Jusque-là, on était dans un processus amélioratif et là on est assez satisfaits de notre prestation. On va enchainer pas mal de dates qui nous permettront de pousser encore plus loin : plus d’émotion, la voix de JC, le feeling dans les cordes et les perçus…

Est-ce que, sur scène, vous vous dites parfois que tel morceau ne fonctionne pas aussi bien que ce que vous aviez prévu et vous le retirez de votre setlist ?

Seb : Oui, bien sûr. On s’y est accoutumés au fil des années, c’est un échange avec le public et avec nous-mêmes. On se rend bien compte s’il y a des choses qui marchent ou pas. On retente, parfois on réadapte et là, pour l’acoustique, c’est pareil : il y a des morceaux qu’on a déjà écartés et d’autres qu’on met plu sen avant. On va continuer de le faire à l’avenir. La dynamique humaine d’un concert acoustique n’est pas du tout la même que celle d’un concert metal. Le rythme est différent, on peut faire des pauses et papoter… C’est comme le reste, on est tout le temps en train d’expérimenter, de découvrir de nouvelles choses, d’apprendre…

Même si cet album acoustique ne représente qu’une parenthèse dans la vie du groupe, si vous deviez, chacun, ne retenir qu’un seul titre d’Acoustic pour expliquer ce qu’est Red Mourning aujourd’hui, ce serait lequel ?

JC : J’ai mon idée… Il y a un titre que j’adore, c’est White line. J’adorais la version électrique, mais je trouve cette version acoustique très réussie. Je trouve que c’est très relativement original d’un point de vue instrumental, il y a les guitares, l’harmonica et beaucoup d’émotion.

Seb : Moi, je dirai Come to bury parce que c’est un titre qui figurait sur le premier album et c’est un morceau, en électrique, relativement sauvage, qui ne baisse pas d’intensité du début à la fin. Ce qu’on en a fait en acoustique est tout aussi intense mais avec un versant totalement différent, avec un ajout de clarinette, et c’est assez inattendu. C’est un morceau qui fonctionne très bien sur album et en live. Il y a un mariage d’harmonies vocales qui lui rend vraiment justice. Je ne sais pas laquelle des deux versions est la plus intense…

Un groupe de rock, on le sait, ne vit que très rarement de sa musique. Quelles sont vos activités dans vos autres vies ?

JC : Je vais commencer par la blague : dans le groupe, il y a un acousticien. C’est Aurélien, notre batteur.

Seb : Il y a un coach sportif, Alexandre, notre guitariste, un électricien, JC, et moi, infirmier en psychiatrie.

Des métiers assez variés…

JC : Oui, mais c’est ce qui nous permet d’assurer un minimum de finance dans ce projet assez couteux en temps, en énergie et financièrement. C’est pas avec ce que Red Mourning nous rapporte qu’on pourrait ne pas bosser…

Question classique, JC, tu y as déjà eu droit : quelle pourrait être la devise de Red Mourning ?

JC : Euh… pour vivre heureux vivons cachés ? Non, c’est ma devise personnelle. Pour le groupe, il y a une recette pour la longévité du groupe, c’est qu’on se dit franchement les choses. En devise, on pourrait dire Pour vivre heureux, disons les choses.

C’est à peu près ce que tu me disais il y a deux ans : Soyons fidèles à nous-mêmes… C’est dans le même ordre d’idées.

JC : Oui, c’est vrai, et c’est ce qui fait qu’on fait quelque chose d’un peu différent.

Seb : Pour moi, « le roseau plie mais ne casse pas » !

Souhaitez-vous ajouter quelque chose à ajouter pour terminer ?

JC : Soutenez l’Ukraine !

Je ne sais pas si on a la solution, maintenant, si tu vas sur le site, tu verras que le logo est aux couleurs de l’Ukraine.

JC : Ah super ! Merci pour eux. Je ne suis pas Ukrainien, mais il faut les soutenir.

Interview: ORKHYS

Orkhys 2024 – Photo promo

Interview ORKHYS. Entretien avec Jean-Yves Châteaux (batterie) le 6 juin 2024.

Jean-Yves, la dernière fois que nous nous sommes vus, c’était pour votre concert au Dropkick d’Orléans. Depuis, vous avez publié Legends, votre nouvel album. Quels sont les premiers retours que vous avez eus ?

Il est sorti le 26 avril. Pour l’instant, les retours sont plutôt positifs. On a eu une chronique d’une personne qui n’a pas trouvé ça bien, il en faut aussi. D’ailleurs, c’est une chronique qu’on a partagée parce qu’on est preneurs de tout ce qui est constructif. Dans l’ensemble, ça a été bien perçu, il se vend plutôt bien. On essaie de le défendre sur scène et ça marche plutôt bien aussi (NdMP : depuis, deux dates ont été annulées indépendamment de la volonté du groupe).  Le merch n’est pas encore fait – on n’a pas encore trouvé le graphisme qu’on souhaite, mais ça ne va pas tarder.

C’est un album qui s’appelle Legends et qui contient 9 titres. Quelles sont-elles, ces légendes et qu’est-ce qui vous a poussés à faire un album autour de ces légendes ?

Il y en a plusieurs… En fait, Brice (guitares) s’occupe des compositions et nous soumet les morceaux. Quand il nous les soumet, on les écoute plein de fois pour voir ce que ça nous inspire. Là, Laurène, notre chanteuse qui s’occupe des textes, a proposé ces thèmes-là. On a tous trouvé que ça collait bien à la musique et on a gardé toutes ces thématiques.

Laurène est allée chercher ces légendes pas toutes très connues où ?

Elle est bretonne d’origine, avec une culture celte assez forte, culture qu’on retrouve dans la plupart des morceaux, à part le Draugar qui lui vient de chez les vikings. Ce personnage viking, on le retrouve dans une grande série qu’on a vue il n’y a pas longtemps dans laquelle on parle des marcheurs blancs (NdMP : il s’agit bien sûr de Game of thrones)

Avez-vous changé votre façon de travailler sur cet album, notamment parce que vous avez accueilli un membre supplémentaire : Henri, second guitariste.

On n’a pas fondamentalement chané la façon de travailler. Le seul truc que la présence d’un nouveau guitariste, dans la préparation de l’enregistrement, il a fallu que les deux guitaristes se mettent d’accord entre eux pour savoir exactement qui fait quoi. Brice se sent beaucoup plus confortable sur de la rythmique et Henri se sent mieux en lead. Donc la façon de s’organiser est venue assez spontanément. A part ça, le mode de travail est resté le même : Brice se charge des compositions, chacun échange et propose de changer des choses lorsqu’il pense que c’est nécessaire, la chanteuse définit les thèmes et les textes, et ensuite, on met tout ça dans le même bol pour voir ce qui se passe quand on mélange tout ça. Au fil des petits arrangements, on va enregistrer pour proposer ce qui, on l’espère, va vous plaire.

Brice s’occupe de la grande majorité des compositions. Orkhys présente aussi la particularité d’avoir une harpe. Comment ces arrangements sont-ils envisagés ? Brice pense-t-il d’office aux passages de harpe, Laurène propose-t-elle de l’inclure à tel ou tel moment ou est-ce un travail de groupe ?

Brice s’occupe de 99% des compositions, et il inclut aussi la harpe quand il pense que ça sert le morceau. Il cherche à construire quelque chose et si dans un morceau il y a besoin de la harpe, il compose la ligne de harpe. Parfois, il propose des choses qui sont difficilement jouables à moins d’avoir douze bras et, à ce moment-là, il y a une refonte de ces passages pour que ça fonctionne. Le principe de composition c’est ça : il compose des morceaux, nous les soumets et nous, on fait des propositions de changement si on estime que c’est nécessaire ou techniquement impossible à jouer. On part de là pour voir comment on va structurer les textes et la structure de l’album.

A part l’arrivée de Henri, le second guitariste, il y a une autre différence avec le premier album : vous avez inclus un titre en français. Pourquoi ce choix ?

Laurène, quand on préparait ce morceau, elle a senti que, sur ce morceau, c’est le chant en français qu’il devait y avoir. Au niveau de la prononciation de la langue, de son rythme, de ses sonorités, c’est ce qui collait, ce qu’elle percevait. Et je trouve que sa perception était juste, ça fonctionne bien.

Vous avez testé en anglais ?

Non, parce qu’on sentait que ça ne s’y prêtait pas du tout.

Comment analyserais-tu l’évolution d’Orkhys entre vos deux albums ?

Je pense que nous avons progressé au niveau précision et de la maturité des compositions. On a plus facilement trouvé notre place, et notre  rôle dans la structure. On a su tirer des enseignements de ce qu’on considérait être des petits travers, des petites erreurs sur le premier album. Ça n’est peut-être rien pour quelqu’un qui écoute l’album, mais nous, on se dit « ah, oui, il y a ce truc qu’on aurait pu faire comme ça. » Alors on a retravaillé tous ces éléments sur le nouvel album pour qu’on ne retrouve pas ces mêmes erreurs dans nos interprétations.

Ce qui a aussi permis une meilleure cohésion de groupe. Quel a été l’apport d’Henri ? Pour l’avoir vu sur scène, j’ai l’impression qu’il a une sacrée personnalité aussi !

(Rires) Ah, oui, oui ! Quand il est sur scène, il prend de la place ! Mais son jeu, qui vient surtout du death et du thrash, a permis de construire des riffs et des structures dans ces styles. Il y a un peu plus de passages black ou thrash qui n’étaient pas présents sur le disque précédent.

Le côté sombre se retrouve également sur les illustrations de vos pochettes très monochromes et sombres. J’imagine qu’il y a un choix artistique également ?

On était parti d’une page blanche… Brice avait gribouillé un arbre sur la gauche, un lac au milieu avec ce qui avait l’air de ressembler à une forme de cheval mais on n’était pas trop sûrs… On s’est dit qu’on n’allait pas mettre ça directement sur la pochette et on l’a confié à quelqu’un qui savait faire du dessin. Je pense que le résultat correspond à ce qu’on voulait : une pochette sur laquelle il y a plein de petits indices au sujet des légendes qu’on va raconter. 2Videmment, il y a les deux indices principaux au milieu de la pochette, c’est dur de les louper ! Mais il y en a d’autres sur les côtés. On avait même posté un truc sur Facebook où on disait que ceux qui trouverait tous les indices, on leur filait un disque. Personne n’a tout trouvé ! Il y a eu des personnes très proches… mais pas suffisamment.

C’est un album qui contient 9 titres. Si tu devais n’en retenir qu’un seul pour expliquer ce qu’est Orkhys aujourd’hui, ce serait lequel ?

Oh, la, la ! C’est très, très difficile…

C’est pas marrant de n’avoir que des questions faciles…

Ah… si, c’est mieux (rires) ! Je pense que je choisirai le dernier morceau, The infernal Kelpie, parce qu’il commence très gentiment, comme une ballade, et, tranquillement, il fini par s’énerver. Il y a de la harpe, quelques orchestrations, des parties plus énervées, un peu de black, un peu de thrash… C’est un mix relativement soft qui peut plaire à pas mal de monde. Et surtout, il y a dans ce morceau un des contrastes que je trouve vraiment trop bien : le chant est extrêmement doux, posé, calme, et quand on lit le texte, il n’y a que des horreurs (rires) !

On sait bien que, aujourd’hui, un groupe de rock, qui plus est de metal, en France vit très rarement de sa musique. Quelles sont vos autres activités, hors Orkhys ?

A part Laurène qui est prof de chant, prof de harpe et qui vit de la musique, tous les autres avons un job. Je fais le job extrêmement passionnant de responsable informatique. Ça fait maintenant 42 ans que j’use des claviers, et j’en ai un peu marre… Je réfèrerai faire de la musique à temps plein… Brice, lui, travaille pour une petite boutique qu’est la RATP en tant que, je crois, responsable de chantier. Henri, lui switche de job et je ne sais pas trop ce qu’il fait en ce moment, mais ça ne lui plait pas. Julien, notre bassiste est ingénieur dans une entreprise qui fabrique des machines qui servent à faire des prises de mesures.

Si tu devais maintenant penser à une devise pour Orkhys, ce serait quoi ?

Euh… « Libre quoiqu’il en coûte ». C’est d’ailleurs le thème du premier titre de l’album.

As-tu quelque chose à rajouter avant de terminer ?

Je vais dire ce que je dis souvent et que j’estime qu’on ne dit pas assez : je remercie tous les gens qui sont présents lors des concerts, qui achètent nos CD, du merch, qui parlent de nous… Sans eux, on ne serait pas là, et on leur doit le fait d’être là. Donc, oui, c’est normal de les remercier, ainsi que tous ceux qui, comme toi, prennent le temps d’échanger avec nous sur une journée comme aujourd’hui.

On prend aussi du temps sans doute parce qu’on apprécie aussi ce que vous faites…

Oui, mais ce n’est pas un dû, et ça ne coûte rien de dire « merci ».

Interview: SIDILARSEN

Interview SIDILARSEN. Entretien avec Viber (chant, guitare), Didou (chan) et Marvyn (batterie). Propos recueillis au Rock In Rebrech’ 13 le 25 mai 2024.

Commençons avec l’actualité : après 15 années passées au sein de Sidilarsen, Samuel a décidé de quitter son poste de batteur. Non seulement était-il un membre originel du groupe, mais il est également le frère de l’un d’entre vous (Didou) et l’ami d’enfance de l’autre (Viber). Que s’est-il passé ? La crise sanitaire l’a amené à faire ce choix ?

Didou : Déjà, c’est au bout de 25 ans parce que, avant Sidilarsen, on avait commencé sous un autre nom. Donc on a vécu une très longue aventure ensemble. Le Covid a sans doute accentué certaines choses, mais il était arrivé au bout de cette vie sur la route. S’il avait pu faire Sidilarsen à la maison, il aurait certainement continué… Il avait besoin de faire ce choix, très douloureux pour lui, mais c’était une question de santé physique et mentale. Ça a été dur pour nous aussi, mais tout s’est passé en bonne intelligence et en bonne amitié. Il n’y a pas de rancœur, mais ça a été difficile. C’est un choix qui n’est pas tout blanc, même s’il a fait ce choix, il y a des moments où il en est triste et en même temps, il en est content. Aujourd’hui, il va mieux.

Je m’adresse à tous les deux – et je te poserai la même question après, Marvyn – comment avez-vous fait la connaissance de Marvyn et qu’est-ce qui a fait la différence entre lui et d’autres batteurs ?

Viber : Le talent ! (rires)

Ça, c’est du fayotage ou je ne m’y connais pas !

Viber : On a passé des annonces, en fait. On a fait u appel à candidatures pour voir qui avait envie de jouer avec nous et commencer à sélectionner. Quand Marvyn est arrivé, on lui a demandé de nous envoyer une vidéo avec une reprise d’un morceau. Ça nous a beaucoup plu et il y a une chose qui nous a marqués : quand on a discuté avec lui, ça s’est bien mieux passé que ce à quoi on s’attendait.

Didou : Il n’y a pas eu d’efforts à faire, on a joué un peu, et c’était naturel…

Donc d’un point de vue musical autant qu’humain…

Didou : C’est ça qui n’est pas forcément évident… Ça peut aller d’un point de vue mais pas de l’autre, bien que je pense que quand ça colle artistiquement, c’est qu’il y a quelque chose qui passe. Des connexions dans les choix artistiques, dans les envies, on se retrouve facilement.

Viber : La charte est assez complexe : il nous fallait quelqu’un qui ait un bon niveau technique, qui aime ce qu’on fait, capable de jouer au clic.

Didou : Il faut être carré pour faire du Sidilarsen…

Marvyn, comment as-tu connu Sidilarsen, comment as-tu découvert ce poste ? Déjà, quel âge as-tu ?

Marvyn : J’ai 25 ans. Je suis né après le groupe.

Didou : Et ça, ça nous plaisait.

Reprenons : comment as-tu découvert le groupe ?

Marvyn : C’est une bonne question, je ne sais pas si on m’a déjà demandé comment j’ai découvert Sidilarsen… J’ai toujours connu le nom qui est un de ceux récurrents en France. Mais je ne saurais pas te dire comment j’ai découvert. Je les suivais, mais je ne les avais jamais vus avant.

Maintenant, tu ne vois que leurs culs…

Marvyn : Oui, littéralement ! (rires)

Viber : Il faut préciser une chose : Marvyn est de Montpellier, donc il ne risquait pas de voiur Sidilarsen…

Marvyn : Vous y avez joué… quoi ? Une fois en 25 ans ? Montpellier, ce n’est pas forcément l’endroit le plus simple. Après, la candidature était sur les réseaux. J’ai postulé mais sans penser à une suite possible… je me disais que c’est un gros groupe, il va y avoir plein de gens qui vont postuler…

Viber : Il y a eu 60 candidatures…

Marvyn : Ah ouais ! Heureusement que je l’ai su après ! Ça a matché, on s’est rencontrés et ça a matché direct. On s’est rencontrés, on a pris décision qu’on passe l’été ensemble pour voir en condition réelles comment ça se passait, aussi bien sur la route qu’humainement.

Didou : Ça a été un peu dur pour Marvyn, cette sorte de « période d’essai », un peu comme dans une entreprise. On n’est pas une entreprise mais il y a des engagements. Si, on est un peu une entreprise, et il y a des choses bien dans les entreprises, aussi.On avait déjà eu des changements de line-up, on savait qu’on ne pouvait pas remplacer Sam comme ça. On voulait prendre du temps et Marvyn était d’accord avec ça. On part sur plusieurs dates, c’est pas simple, il y a une pression très forte, tu ne sais pas encore si tu vas rester ou non dans l’aventure… C’est particulier.

Viber : Nous, on avait vraiment besoin de cette garantie-là, on ne pouvait pas prendre ce type de risque, notre avenir en dépendait pas mal. On ne voulait pas faire comme certains groupes où le line-up change souvent… Un batteur tous les ans, non… On avait besoin de reconstruire une stabilité.

Il y a aussi un bassiste qui a changé en 2019, puisque Sylvain Sarrobert est arrivé dans le groupe. Vous pensez avoir enfin retrouvé cette satbilité ?

Didou : Complètement ! On a fait du bon boulot et on a appris à se connaitre. On s’est dit très tôt que Marvyn est la bonne personne, mais on s’est obligés à prendre du temps.

Et toi, aujourd’hui, tu te sens complètement intégré, Marvyn ?

Marvyn : Totalement. Et comme ils l’ont dit, il ne fallait pas s’emballer. C’était pareil pour moi, et c’était difficile parce que même avant les premières dates, je me disais que ça marchait trop bien. C’était génial, musicalement, humainement. Il fallait que ça continue comme ça, même si je voulais faire comprendre à tout le monde que ça pouvait ne pas continuer… On a très vite attaqué sur des émotions fortes, on a fait des festivals, il y avait des niveaux de concerts que je n’avais jamais atteints – j’avais des groupes locaux avant, mais rien de comparable ! Garder la tête froide. Mais (il s’adresse à Didou et Viber) quand on a fait un point au milieu de l’été, vous m’avez aidé à garder la tête froide.

Didou : Il y a cette simplicité aussi, on ne veut pas de ces gens qui se prennent la tête…

Revenons un peu en arrière : 2019 voit la sortie de On va tous crever. Avec le recul, on peut se dire que c’est un titre un peu prémonitoire puisque, quelques mois plus tard, il y a eu un confinement. Mais… hasard du calendrier, au début du mois de mars 2020, vous sortez la vidéo du titre On va tous crever. Coup sur coup… Vous n’avez pas un peu l’impression d’être responsables de tout ce merdier ?

Didou : Si, si, si, et on le dit : On vous a sauvés (rires) ! J’ai beau expliquer aux gens que c’est nous qui avons lancé le virus, ils ne me croient pas !

Pourtant, c’est vrai que tu as une tête de pangolin (rire général) !

Didou : Tout était calculé…

Vous étiez en relation avec la Chine…

Viber : Et au niveau du management, ça a été du haut niveau.

Donc vous assumez complètement cette responsabilité.

Didou et Viber : Oui, totalement (rires)

Plus sérieusement, la crise sanitaire est passée par là, elle a dû vous contraindre à annuler une partie de la promo et des concerts aussi… Quel impact est-ce que ça a eu sur les ventes de l’album ?

Didou : Bizarrement, pour Sidi, on a eu de la chance, contrairement à ceux qui ont sorti un album pile au moment de la crise. Nous, l’album est sorti 6 mois avant, donc il a eu une petite existence. Et comme tu l’as expliqué, paradoxalement, la crise a collé avec la thématique de l’album, et du clip. Bizarrement, le groupe a grossi pendant la crise sanitaire. Au final, on n’a pas trop ressenti de baisse. On a été très angoissés comme tous les artistes (Viber confirme), on se disait que peut-être on ne ferait plus notre métier. Il y a eu quelques mois où les artistes, tous, même les plus gros, se disaient que c’était peut-être fini. Et ça, ça laisse des traces, il y a des traumas qu’on sous-estime.

Les interviews que je pouvais faire à cette période, à distance, ce n’était pas du tout la même ambiance…

Didou : On est d’accord qu’on n’était pas bien, tous… Peur ou pas peur du virus, c’est pas ça, c’est l’ambiance globale qui était malaisante. Sans se lamenter parce que tout le monde était concerné à ce niveau-là, pas que les artistes… Mais, en tant qu’artistes, je parle de ce que je connais, on a eu très peur. Mais Sidilarsen… On a été très soutenu par notre public : les gens ont acheté du merch en ligne comme jamais. On a halluciné, on voyait qu’on n’avait plus rien, et, en fait, ça nous a tenus. On a trouvé de nouveaux modèles, on a même fait une bière Sidilarsen, on est devenus brasseurs… on a fait des trucs, on n’y pensait même pas. Et finalement, on a réussi à redémarrer la tournée On va tous crever comme si rien ne s’était passé… On a eu plus de monde dans les concerts, plus de monde qui chantait nos paroles et, ensuite, l’arrivée de Marvyn a continué d’alimenter cette dynamique.

 Donc, d’une certaine manière, vous avez tiré un bénéfice de la crise sanitaire…

Didou : Ça s’est passé comme ça…

Viber : On ne sait pas ce qui se serait passé sans le covid.

Didou : L’album On va tous crever avait très bien démarré…

Il y avait une dynamique en route, d’ailleurs, avec l’explosion de Dancefloor bastards, vous avez passé différents paliers.

Didou : Oui, il y avait déjà une dynamique, et là, on sent encore quelque chose de plus fort.

On va tous crever était un album assez pessimiste, entre le titre, les couleurs ternes et cette personne en train de s’enflammer aussi… Vous revenez avec Que la lumière soit, un esprit peut être un peu plus SF – la pochette m’évoque l’univers de Star Wars. Il y a cependant toujours cet engagement qui a toujours collé à la peau de Sidi. Qu’avez-vous voulu mettre dans cet album ? Un peu plus de lumière ?

Viber : Oui. Quand on a choisi ce titre, on avait décidé qu’on voulait mettre de la lumière…

Ça veut dire que votre engagement a changé ?

Viber : Non, ça n’a pas changé mais il y a peut-être une conscience sociale… On est sensibles à ce qui nous entoure, à la société dans laquelle on évolue – on évolue avec elle. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont accumulées, personnellement, je me disais « c’est bon, il y en a assez ». Et il y a la guerre en Europe, au Moyen Orient, et plein d’autres endroits dont on parle moins. Donc on voulait un peu de lumière, parler de ce qui nous tient à cœur, de ce qu’on veut changer dans la société mais pas en accumulant de la violence et pas… plus de name-dropping, désignation. Tout est, aujourd’hui, très polarisé, et on ne voulait pas de ça sur l’album, on voulait vraiment que ce soit ouvert, que les gens puissent rentrer dedans. Il est sombre, mais je trouve aussi qu’il est rassembleur.

Didou : Si on se plonge dans les textes, souvent il y a des couplets très sombres et des refrains plus lumineux, positifs. Il y a plus de célébration, d’espoir : « on est tous ensemble et on va pouvoir se relever ». Il y a quand même une partie très dark… « Que la lumière soit » c’est aussi très ironique, ça évoque la part sombre de la lumière, mais aussi, on a pris le contre-pied total de On va tous crever… Quand on a choisi le titre, Que la lumière soit, ça m’a fait le même effet que quand on a choisi On va tous crever : Ouais, c’est bon ça ! (tous se marrent)

Justement, par rapport à ça, quel a été l’apport de Marvyn, un nouveau batteur au jeu certainement différent de celui de Sam, selon vous deux et aussi, selon toi Marvyn ?

Viber : Il y a effectivement un apport, même si Sam est irremplaçable, mais il n’est plus là…

Didou : On ne voulait pas d’un Sam 2, et en plus, ça nous aurait vite saoulés…

Viber : Le remplacer par quelqu’un qui fait une imitation, ça aurait été très con… Marvyn est arrivé avec sa personnalité, sa façon d’avancer, de bouger et de vivre la musique et d’insuffler une énergie très… personnelle et particulière.

Didou : Il y a cette année la patte de Marvyn.

C’est quoi, alors, « la patte de Marvyn » ?

Didou : C’est un petit truc… Il faut l’écouter (Marvyn rit).C’est difficile à définir…

Comme les guitaristes, chaque batteur a sa signature. Quelle st, Marvyn, ta signature, qu’est-ce qui te différencie de Sam et qui pourtant te permet d’être un membre à part entière de Sidilarsen ?

Marvyn : Ce qui me différencie de Sam ? C’est dur… Sam était connu pour être un métronome. Je pense l’être moins mais je tente des trucs qui parfois ne passent pas mais au moins, j’y vais !

Scéniquement, pour quelqu’un qui a vu l’ancien Sidi, on sait que Sam allait chercher le public directement sur scène. Est-ce que tu as ce même type de connexion, est-ce que tu quitte ton kit ?

Marvyn : Non, pas comme ça en tout cas, parce que, pareil, l’idée n’est pas de faire la même chose. On s’est posé la question. J’aime beaucoup l’énergie live et je l’interprète aussi à ma manière.

Didou : Ce que je vois, ce que je constate depuis les balances – mais je ne suis pas dans le public – c’est quelque chose de plus… libéré par rapport à Sam. Plus physique aussi. Sam était très concentré, très sec et physique aussi, ce qui a participé à la notoriété de Sidi aussi. Maintenant, quand il allait haranguer le public, c’est parce qu’il en avait besoin. Il était tellement dans son clic qu’il fallait relâcher. Il fallait qu’il libère un peu cette énergie. J’ai l’impression que Marvyn est déjà dans cette énergie, un peu moins dans le contrôle, mais c’est complètement subjectif. Il est moins cérébral…

Marvyn : C’est aussi ma façon de profiter du moment…

Didou : Quand on a auditionné des batteurs – on le savait parce qu’il y a des fois où Sam ne pouvait pas jouer et où il a été remplacé – ça ne collait pas. (A Marvyn) Tu as une frappe différente mais qui marche pour Sidi. Bien sûr, il y a des points communs, il fallait que ça colle, dont la fameuse frappe de caisse claire… Il y a beaucoup de batteur qui n’avait pas ça. Sam avait une frappe très…particulière qu’on voulait retrouver.

En dehors de l’arrivée de Marvyn, comment analysez-vous l’évolution de Sidilarsen entre On va tous crever et Que la lumière soit ?

Viber (d’un ton totalement détaché) : Alors… on arrive aux sommets… C’est l’Olympe (rire général) ! Comment on analyse ? Je pense qu’’il y a des choses qu’on a trouvé en nous et avec le public qui nous a permis de nous poser un peu plus. Le confinement a permis une introspection, un retour à la racine – pourquoi on est là, pourquoi on fait ça, et si on continue, on sait pourquoi on continue… On a répondu à plein de question. Le fait aussi de l’essor de notre notoriété avec cet album nous a vraiment fait du bien, je ne te le cache pas. Ça rassure te je pense aussi que cette période nous a permis de faire tomber des grillages qu’on se posait. On s’en est libérés, délivrés… Ce faisant, on était plus libres pour aborder les choses de manières plus sereines, plus faciles. Ça a été plus facile et… plus joyeux.

Didou : Oui, plus joyeux… C’est marrant de dire ça, mais…

C’est aussi un changement d’état d’esprit : le fait que vous soyez plus joyeux, rassuré, que le public vous a soutenus pendant la crise sanitaire… 

Didou : Le départ de Sam aussi… Il a fallu le digérer mais après, ça a été comme une sorte de libération, une seconde jeunesse…

Viber : On s’est aussi dit qu’après ça, il ne pouvait plus arriver grand-chose !

Didou : Aussi, Marvyn, Benben (Benjamin Lartigue, guitare) et Sylvain (Sarrobert, basse) se sont bien trouvés pour composer les instrus…

C’est un critère de s’appeler Benjamin pour être guitariste dans Sidilarsen ?

Viber : C’est obligé oui ! (Rires)

Didou : « L’esprit léger » qu’ils avaient tous les trois – je dis « léger » mais ils envoyaient du lourd – il ne se prenaient pas la tête alors qu’avant, dans Sidi, on se prenait beaucoup la tête… On ne se rentrait pas dedans, mais on se faisait des nœuds au cerveau. Le calcul, la compo… Eux, ils sont arrivés, et c’est plus simple. Nous (Vyvber et Didou), on accueille ça et on n’a jamais été autant dans la joie, comme le dit Viber, on n’a jamais été aussi bien quand on a posé nos textes et nos lignes de chant.

Si vous deviez, chacun, ne retenir qu’un titre de Que la lumière soit pour expliquer ce qu’est l’esprit de Sidilarsen aujourd’hui, ce serait lequel et pourquoi ?

Didou : C’est compliqué…

Marvyn : Logiquement, je pense au single, parce que c’est un peu l’approche qu’on a eu quand on a pensé au single à sortir pour présenter l’album. Il fallait quelque chose qui représente l’album et qui ait aussi sa propre personnalité : On revient sur terre, donc, parce qu’il y a un peu de tout ce qu’on retrouve sur l’album, un refrain épique qui rassemble, la partie un peu plus metal… un peu de tout !

Viber : Moi, ce serait Adelphité, pour le côté rassembleur et le coté, quand même, revendicatif. Il est mid tempo et bien lourd, et très mélodique. C’est des trucs qu’on n’arrivait pas à faire avant, qu’on avait essayé il y a longtemps mais un peu abandonné… Mais aussi par rapport aux impressions que j’ai reçues de gens autour de moi qui ne sont pas du tout dans le metal… Cet ensemble de choses, avec des influences assumées, qui me représente vraiment aujourd’hui. Un nouveau Sidi…

Didou : C’est difficile, parce que j’aurai répondu la même chose qu’eux deux. Je vais faire exprès de répondre différemment (rires). Je dirai Du sang sur les fleurs. En plus, c’est aussi un clip, et ces jours-ci, je trouve qu’il représente une nouvelle facette de Sidi. Même si on ne peut pas nous représenter avec un seul morceau, c’est un titre très changeant, très vivant. Sur ce nouvel album, et c’est aussi ce qui nous rend heureux, il y a beaucoup de morceaux qu’on estime « forts ». Il y a un bon paquet de titres qui nous tiennent à cœur et les gens ont l’air de bien recevoir ça.

Viber : Il y a des choses qu’on n’aurait pas faites avant, qui se justifiaient pour nous de manière différente. Là ce n’est plus le cas, ce n’était pas dur à faire, avec des passages plus posés, plus aérés.

J’ai l’impression qu’il y a aujourd’hui une belle unité dans le groupe, en tous cas, vous semblez satisfaits de l’arrivée de Marvyn. Si aujourd’hui vous deviez réenregistrer un des albums de Sidilarsen avec le line up actuel, ce serait lequel ?

Viber : Probablement Une nuit pour sept jours, parce que (Didou et Marvyn approuvent)… Tu es d’accord aussi ?

Marvyn : Oui, mais pas pour les mêmes raisons…

Viber : C’est un de nos albums les plus arrangés. On avait beaucoup travaillé sur le son et on a été déçus du mix…Au final, c’est trop brutal, c’est sec…

Didou : Ça manque de dynamique.

Viber : On a été frustrés. Après (se tournant vers Marvyn), vu de l’extérieur…

Ca a été ton choix, aussi, Marvyn…

Marvyn : Oui, parce que c’est un album de cœur dont je ne me lasserais jamais. Et je l’aime aujourd’hui avec ce son-là. C’est un plaisir coupable, mais ça serait moins bien, c’est juste pour dire « j’y étais » ! (Rire général)

Didou : Je dis la même chose parce que c’est vraiment l’album qui nous a le plus frustrés. Il y avait de belles choses dessus, premier album composé à 100% avec Benben qui avait apporté beaucoup de mélodie. On était dans cette fameuse période de « aucune limite à rien » on osait tout.

Marvyn : je le trouve plus dans l’esprit de ce qu’on fait maintenant, il est plus metal, et on est plus metal…

Didou : Je suis assez d’accord. Mais je sais que Sylvain et toi vous êtes d’accord là-dessus, même au niveau de la prod – et nous, on la trouve à chier…

En même temps, c’est souvent une impression qu’on retrouve de l’extérieur, il y a des dizaines d’albums qu’on pourrait citer qui plaisent au public mais pas aux musiciens…

Didou : Bien sûr, et c’est totalement subjectif.

Il y a de très belles dates à venir, un mois d’octobre bien rempli avec un Sidifest, un Olympia, une date avec Crisix aussi… Comment vous préparez toutes ces dates importantes pour Sidi ?

Viber : On a fait des résidences pour travailler la lumière, la scénographie, on a beaucoup répété…

Didou : A partir de maintenant, les meilleures répètes, c’est les dates.

Vous envisagez la possibilité, en discutant après les concerts de modifier la set list parce que tel morceau ne passe pas aussi bien que vous le pensiez ?

Didou : Ah oui !

Marvyn : On ne le fait pas à chaque date, mais presque…

Didou : On ne modifie pas forcément la setlist, mais on modifie soit des arrangements, soit des détails…On modifie beaucoup. On va même refaire des résidences après l’automne pour encore peaufiner le show. Cet album, on a envie de le défendre sur plusieurs années. Les gens nous disent « waow, c’est une belle tournée », mais en fait, non : ce n’est que le début ! On va le défendre longtemps cet album, il le mérite.

Vous allez le défendre longtemps : on le sait en France, rares sont les groupes de rock qui peuvent vivre de leur musique. Avez-vous, dans voos autres vies, des activités plus alimentaires ?

Didou : On a la chance, et on n’est pas beaucoup en France sur la scène metal, de pouvoir en vivre. On est intermittents du spectacle, et on a quelques plans à côté parce que Sidilarsen ne peut pas tourner tout le temps. Parfois, il faut se mettre en retrait. Il faut se poser, se retirer pour composer et dans ces moments-là, on n’a pas de cachets. Ceci-dit, on a maintenant la chance de travailler avec une maison de disque sérieuse qui nous donne un cachet pour le travail en studio, mais parfois on est obligés de compléter. En tant qu’intermittents, on a des plans « tech », toujours dans le domaine de la musique.

Marvyn : Pareil, je fais pas mal de plans « home tech » pour des groupes.

Didou : Sylvain et Benben aussi. On a la chance de pouvoir le faire, j’ai bien conscience qu’il y a pas mal de groupes pour qui ce n’est pas le cas, mais je peux te dire qu’on ne chôme pas. Parfois, on fait des   heures par semaine. On s’occupe de tout, on fait la com’, le management, le merch… C’est une boite, Sidilarsen. On a des réunions toutes les semaines, sauf quand on est en tournée où, là, on se voit tellement (rire général). On a le temps de parler dans le camion. Les gens ne le réalisent pas forcément, mais aujourd’hui, un groupe se gère sur un million de plateformes différentes, des réseaux… il y a toujours plus de trucs à gérer…

Viber : Toujours plus de trucs à gérer et moins de pognon qui rentre… le streaming vidéo, par exemple, ça rémunère zéro. L’ADAMI s’en plaint, il y a plein de choses qui ne sont pas mises à jour…

Terminons avec ceci : quelle pourrait être la devise de Sidilarsen en 2024 ?

 Viber : … Que la lumière soit !

Marvyn : Ça marche aussi en devise !

Vous avez quelque chose à rajouter ?

Didou : rendez-vous au Sidifest et à l’Olympia en octobre.

On va peut-être commencer par le Rock In Rebrech, ce soir, non ? (Rire général)

Didou : Oui, bien sûr, on passe tout à l’heure… à 23h30…

Interview: PRINCESSES LEYA

Entretien avec (de gauche à droite sur la photo) Dédo (chant), Cléo Bigontina (basse), Xavier Gauduel (Batterie) et Antoine Schoumsky (Guitare, chant),. Propos recueillis au Rock In Rebrech 13 le 25 juin 2024

On n’a pas tous les jours rendez-vous avec une altesse royale. Alors quand elles sont quatre d’un coup, on sait qu’on va passer un bon moment. Avant d’enflammer le public du Rock In Rebrech, les Princesses Leya nous ont accordé une audience à leur image : fun et décalée.  

On connait l’un (Dédo) en tant qu’humoriste, l’autre (Antoine Schoumsky) comme acteur et doubleur, mais quelles sont les activités hors Princesses Leya des deux autres ?

Cléo : Je suis bassiste, des Princesses Leya et d’autres projets aussi.

Xavier : Je suis producteur de spectacles vivants, plutôt dans l’humour.

Tu produits les deux messieurs ici présents ?

Xavier : Entre autres, oui.

Antoine : En fait, c’est comme ça qu’on s’est rencontrés. Monsieur était mon tourneur quand je faisais mon seul en scène, je faisais le comique à une époque, et maintenant Xavier s’occupe du spectacle de Dédo. A un moment, on a tourné ensemble sous le nom des Insolents et c’est Xavier qui s’occupait de nous.

Les Insolents… Pourquoi les Princesses Leya, alors ?

Xavier : On cherchait un nom un peu féminin dans ce monde de metal, un peu trop masculin, et un soir, par hasard… enfin, « par hasard »… Quand Carrie Fisher est morte, j’ai envoyé un texto à Dédo en suggérant Princesses Leya…

Carrie Fisher est morte ???

Xavier : Ouais, je suis désolé. Fin de l’interview ! (Rire général)

Antoine : C’était il y a 7 ans en plus…

Dans l’univers des Princesses Leya… D’ailleurs, on dit Les Princesses Leya ou Princesses Leya ?

Antoine : C’est comme on veut. On est quatre princesses, quatre petites princesses…

Petites ?

Antoine : On fait pas 2m15, on n’est pas NBA non plus…

Xavier : Pas encore…

Antoine : On est des princesses de taille moyenne. Mais c’est long à dire. « Petites princesses » c’est mignon, « de taille moyenne », c’est chiant…

Cléo, comment es-tu arrivée dans ce groupe de trois mecs ?

Cléo : Ben… Parce que je suis bassiste et, du coup, ils cherchaient une bassiste, et j’ai passé une audition. Que j’ai a priori brillamment remportée puisque, en plus, je suis encore là, sept ans plus tard…

Xavier : Parce qu’il n’y avait que toi, aussi…

Cléo : C’est vrai.

Dédo : Elle aurait pu la louper en étant seule quand même…

Vous avez un peu d’actualité puisque, il y a quelques temps déjà, est sorti votre dernier album, The big bang therapy sur lequel on retrouve le côté décalé qu’on avait découvert sur le premier album. En revanche, c’est un album beaucoup plus musical, avec moins de sketches. Qu’est-ce qui vous a poussés à vous orienter plus sur la musique que sur les sketches ?

Antoine : Quand on a commencé avec le spectacle, on ne l’envisageait pas comme un groupe de musique mais vraiment comme un spectacle comme on a l’habitude de faire, un peu théâtral. Le premier album est arrivé un peu à cause du Covid, qui a mis un gros coup d’arrêt à nos activités, comme pour beaucoup de gens. Comme on est assez pro actifs, on s’est demandé ce qu’on pouvait faire. On s’est dit qu’on pouvait sortir un album des chansons du spectacle parce que beaucoup de gens nous le demandait à la fin. C’est après ce premier album, L’histoire sans fond, qu’on s’est dit que finalement on pouvait se comporter comme un vrai groupe. On a eu la chance d’être assez rapidement repérés et mis en lumière par le milieu metal – on a fait le warm-up Hellfest et des trucs comme ça. Au début, on n’assumait pas trop ce positionnement d’être « un vrai groupe » parce qu’on est un groupe parodique…

Vous n’assumiez pas quoi ? le « vrai » ou le « groupe » ? (Rire général)

Antoine : Un peu des deux…

Dédo : Il a raison, c’est venu de ça principalement. Et on a aussi fait une synthèse de ce premier album et de cette première grosse tournée où on s’est dit qu’il y avait peut-être un autre équilibre à trouver entre les parties théâtralisées et les parties musicales. Du coup, on a mis un peu plus de musique sur le deuxième album, et, à force, on s’est dit qu’on pouvait « assumer » un peu plus de composer des vrais morceaux. On n’est pas là, on l’espère en tout cas, que pour les blagues, on est aussi là pour la musique.

Composer de la musique, c’est une chose, écrire des sketches, c’en est une autre. Lier les deux dans l’esprit de Princesses Leya, encore autre chose. Comment vous y prenez-vous dans votre process non pas de composition mais d’écriture pour pouvoir lier les deux ?

Antoine : Pour nous, c’est les deux. On écrit des histoires, à côté on est scénaristes aussi. Tu écris une histoire sauf qu’au lieu de placer un dialogue, tu passes en mode chanson. Mais c’est le même principe. On écrit pour avoir cette théatralité, une rupture de rythme avec les blagues… C’est un autre ton…

Dédo : Les morceaux ont une certaine thématique, et par moment, on l’installe avec des passages un peu plus scénarisés, mais c’est assez fluide. Là, dans le spectacle, on se balade de dimension en dimension pour essayer de metaliser le monde et on a trouvé un lien logique entre les chansons pour articuler ça autour d’une histoire.

Justement, il y a une histoire de base, comment envisagez vous vos délires spatiaux pour les adapter sur scène.

Antoine : On l’envisage en fait comme une comédie musicale, c’est le terme qu’on employait au début. C’est un terme, tu meux tout mettre dedans, on n’est pas Kamel Ouali (rire général)

Xavier : Là tu as ouvert la porte !

Antoine : Faut pas nous embarquer sur Kamel Ouali !

Pourquoi donc ?

Antoine : Non, non, on peut faire des jeux de mots qui nous embarquerons jusqu’à jeudi prochain ! On est plus sur les comédies anglo-saxonnes, à Londres où c’est joué en live. Ils ont une culture pop rock qui est très présente. Je suis très intéressé par ces spectacles-là, leur scénographie…

Dédo : C’est vraiment pensé comme une comédie musicale ou une pièce de théâtre, en tout cas pour la partie « sho ». On l’a fait assez naturellement. Parfois, on illustrait l’histoire avec un semblant de scénario qui se dessinait et le groupe se retrouve avec différents éléments qui nous arrivent au fur et à mesure, et il y a une résolution scénique.

Antoine : Et ça reste simple, on n’a pas besoin de mettre trop d’artifices sur scène, trop de jeux de lumières.

Cléo : Déjà, il y a zéro décor, on est vraiment dans une configuration concert.

Zéro décor, mais il y a des tenues, un peu de visuel…

Antoine : Oui, mais ça tient vraiment plus sur le propos et sur ce qui nous arrive.

Dédo : Le véritable changement sur ce second show, c’est qu’on a un personnage extérieur qui interagit avec nous par le biais d’une voix. C’est le vrai changement par rapport au premier spectacle.

Simplement pour vous faire comprendre, je préfère le préciser, que j’ai attentivement écouté votre album…

Antoine : Ah ! Ça fait plaisir…

Je repends une phrase : « Vous aurez du succès et vous pourrez jouer dans des endroits dont vous ne rêviez même pas ». Euh… Rebréchien ?

Antoine (très sérieux) : Mais c’est dans la liste.

Des endroits dont vous ne pouviez pas rêver… (rire général)

Dédo : C’était impossible d’en rêver, c’est au-delà de nos rêves ! Parce qu’on ne pouvait même pas l’imaginer !

Antoine : Non.

Cléo : Impossible…

Xavier : C’est trop beau pour être vrai, en fait.

Le beau, tu le mets entre guillemets ?

Xavier : Non, non : B.O.

Il y a d’autres endroits comme ça aux quels vous ne pensiez même pas et qui se trouvent sur la liste des lieux de vos concerts ?

Cléo : C’est vrai, il y en a…

Antoine : On va retourner à la Ferté sous Jouarre, au Fertois fest 2024. J’en avais déjà entendu parler, donc je l’avais dans ma tête, je me disais « j’espère qu’un jour… » (tous approuvent).

Dédo : 2024 !

Antoine : Et je leur ai apporté du bonheur quand je leur ai annoncé : « Vous savez quoi ? On va jouer… à la Ferté sous Jouarre ».

Quelle a été votre réaction à tous, en entendant ça ?

Dédo : Moi, j’ai pleuré deux jours… deux jours d’affilée de… de toutes les émotions possibles. Déjà, il a juste dit « on va jouer à la… » J’ai commencé à pleurer… Ca m’a pris aux gorges… Oui, j’ai plusieurs gorges… Deux jours. Il m’a fallu deux semaines pour reprendre mes esprits.

Je suis obligé de rebondir là-dessus…

Dédo : Ouais.

Tu as plusieurs gorges…

Dédo : Ouais.

Profondes ?

Dédo : Nan. Tu as un problème, toi, tu fais des allusions !

Xavier : J’ai même pas entendu, moi…

Dédo : Quand on était à table, tout à l’heure, il avait des propos équivoques…

Moi ?

Dédo : Oui, oui…

Mais ça n’a pas été enregistré ! (Rire général) Sur le dernier album, si vous deviez chacun ne retenir qu’un seul titre…

Cléo : Oh, non ! Trop dur !

(Rire général suivi d’un joyeux bordel) Attends, laisse-moi finir !

Cléo : Non, non…

Est-ce que je vous interromps, moi ?

Cléo : Non, c’est vrai. Je suis désolée…

Donc, si vous deviez chacun ne retenir qu’un titre pour expliquer ce qu’est l’esprit de Princesses Leya aujourd’hui, ce serait lequel ?

Antoine : Big bang. Parce que l’album est une exploration du pourquoi l’univers part en couilles et que dans chaque univers où on va on ne trouve que des gens fracassés ou débiles, on se dit  qu’il faut trouver la raison pour laquelle l’humanité évolue toujours merdiquement, et il faut aller à la source : au big bang.

Xavier : Moi ce sera… Je ne me souviens plus de la question

Je reformule : si tu devais choisir un titre de l’album pour expliquer à quelqu’un ce qu’est l’esprit du groupe, ce serait laquelle ?

Xavier : Ah ! Alors ma préférée…

Pas forcément ta préférée, celle qui vous représente le mieux.

Xavier : Alors, je vais laisser la parole à Cléo et à Dédo, je réfléchis pendant ce temps…

Cléo : Je dirai Analphabet, ça résume bien le délire du groupe…

Antoine : Il y a un peu de débilité là-dedans, aussi…

Vous vous rendez compte que, si on change l’orthographe du mot on en change tout le sens, étymologiquement ? Analphabète, il y a An – dépourvu de- alphabet. En remplaçant le ph par un f, on a « anal », pas besoin d’explication, la note fa et « bête », idiot. Donc, « un imbécile qui fait de la musique avec son cul »…

Antoine : Ah, c’est un point de vue…

Dédo : C’est d’ailleurs ce qu’on aime, que chacun se fasse son interprétation. Il n’y a pas d’explication dans tout ce qu’on fait, mais si les gens trouvent ça incroyablement malin et intelligent, avec plaisir !

Mais tout ce que vous faites est incroyablement malin et intelligent !

Xavier : Oh, c’est gentil…

Cléo : Mais il dit ça parce qu’on est là

Exactement ! Cléo, pourquoi Analphabète ?

Cléo : Parce que je pense que ça représente bien le côté second degré du projet, on ne se prend pas la tête. On sait qu’on est des gens intelligents et qu’on peut rigoler de ces choses-là…

Vous êtes intelligents.

Cléo : Ouais.

Et vous avez cette intelligence, celle de l’autodérision.

Cléo : Complètement…

Dédo : Je vais en choisir une autre alors… Kangourou Garou, je pense, pour les mêmes raisons : il y a une thématique décalée et c’est un peu metal, ça part aussi sur autre chose musicalement, d’autres influences. Ça mélange plusieurs genres, plusieurs thèmes…

Cléo : Eh, mais moi, là je suis d’accord, en fait !

Xavier…

Xavier : Alors, je dirais Boulimie cannibale pour la simple et bonne raison que c’est ma préférée de mon groupe préféré, Princesses Leya

Cléo : Oh, c’est mignon…

Tu ne serais pas un peu fayot, toi ?

Xavier : Ecoute… Je laisse en décider les superbes personnes qui vont lire ton superbe article.

Quels sont les projets à venir pour Princesses Leya ?

Antoine : Il y a une tournée avec Ultra Vomit en novembre…

Ultra Vomit/Princesses Leya… on n’est pas du tout sur le même registre d’humour.

Antoine : Quand on a commencé, c’est là où on peut un peu se prendre la tête, on cherche des sujets. Il y a beaucoup de choises qui ont déjà été explorées dans le scato , les gros nichons et compagnie. On s’est demandé si cet humour-là viellii bien, on n’est plus tellement adolescents même si jeunes dans la tête. On veut réussir à faire un mix de paroles qui parlent de faits de société mais de manière légère. On essaie de ne pas trop aller vers un humour qui est déjà très bien fait par d’autres personnes.

Comment travaillez-vous ces sujets ? Est-ce que chacun arrive avec une idée de thème à aborder ? On pense à l’analphabétisme, mais aussi à la misère sexuelle dans Baise tout seul…

Antoine : On n’en débat pas… Ça vient tout seul, même si, naturellement, ça nous est déjà arrivé de travailler des chansons qui ne rentre pas avec le reste…

Qu’est-ce qui fait que ça va passer ? C’est d’abord votre ressenti ?

Cléo : Ça joue aussi, oui…

Antoine : C’est d’abord les compos. Ce n’est pas tant les thèmes que ce qu’on en fait. Quand on arrive avec des thèmes, on développe les paroles, parce qu’on a tel scénario. Entre la V1 et la version qu’on a enregistrée, il y a un grand écart.

Dans votre type de délire, il y a aussi la scène. Y at-t-il des morceaux que vous avez retirés parce que, contrairement à ce que vous imaginiez, ils ne fonctionnent pas si bien que ça ? Le public n’est pas aussi réceptif.

Dédo : On a essayé de voir quelle serait notre setlist préférée, et on a articulé le spectacle autour de ça. Mais je ne pense pas qu’il y ait un morceau spécifique qui ne passe pas…

Antoine : Il y a ce nouvel album, donc il faut quand même faire un mix entre les deux albums : il y a un bon nombre de nouveau titres, mais il a fallu nous demander ce qu’on gardait de l’ancien album. On sait que ces trois chansons là fonctionnent très bien, donc on les garde… Maintenant, avec le nouveau spectacle, on est beaucoup plus proche du concert que d’un spectacle musical, et on prend ce tournant de mettre la musique plus en avant que le théâtre. C’est plus une question de rythme : un spectacle doit avoir des moments d’émotion, ça part fort, il y a des moments de pause, ça repart…

Dédo : Trouver une homogénéité dans la setlist. Il faut faire en sorte d’équilibrer les moments calmes et ceux qui bourinent un peu plus.

Y-a-t-il des thèmes qui n’ont pas leur place dans Princesses Leya ?

Antoine : Non… Comme je le disais, la blague pour la blague, empiler des blagues et des jeux de mots, ce n’est pas ce qui nous intéresse. On aime bien l’idée d’un concept. S’il y a un troisième album, il faut qu’il y ait une histoire derrière.

Dédo : Le but, ce n’est pas d’être moralisateurs. Si on arrive à avoir un second degré de lecture, on est très contents. Il y a des gens qui choperont le truc, d’autres, pas du tout.

Xavier : Ca se trouve, le troisième album sera totalement absurde, il parlera des fourmis ou d’autre chose…

Ah ! Ca plaira à Bernard Werber !

Xavier : Il y aura toujours des gens pour voir quelque chose.

Antoine : C’est ce qui est rassurant : même si dans une chanson on n’avait rien à dire, il y aura quelqu’un pour nous demander : « mais qu’avez-vous voulu dire ? »

Quelle pourrait être la devise de Princesses Leya aujourd’hui ?

Antoine : Oh, la devise… (désigannt Xavier) C’est lui le spécialiste des devises…

Xavier : Ben… moi, j’aurai dis que c’est l’euro. La devise avec laquelle on nous paye…

Antoine : Je vais laisser les intellectuels y réfléchir…

Dédo : J’ai pas de devise… J’en ai jamais eue…

Xavier : Quel mytho…

Dédo : Ah, bon ? C’est quoi ?

Xavier : « Si c’est noir, c’est beau »

Dédo : Ah bon ? C’est le proc non ?

En même temps, Xavier est habillé tout en noir…

Cléo : Parce qu’il est fan de Dédo… (rires) Mais c’est vrai : pourquoi on n’a pas de devise ?

Antoine : Parce qu’on n’est pas un pays, on n’est pas un hymne, on n’est pas un sport…

Mais vous êtes un groupe ! Alors, avant de monter sur scène, est-ce que vous avez un rituel entre vous ?

(un joyeux bordel de quelques seconde où tous parlent en même temps)

Antoine : Attends : si tu veux de la résilience, fais un groupe de metal !

Développe…

Cléo : Ouh, là ! Mais nous on sait !

Dédo : Moi, je traie une vache avant chaque concert.

On va aller en chercher une dans le champ d’à côté…

Dédo : Mais c’est prévu…

Xavier : Moi j’enquille et je fais du fromage. Un fromage à pâte dure. On ouvre la fromagerie dans pas longtemps…

Cléo : Ben moi, j’aime bien le fromage…

J’aurai pas dû poser cette question…

Xavier : Vite trayé, vite affiné…

Souhaitez-vous rajouter quelque chose pour terminer ?

Antoine : Pardon ?

Je reprends : do you want to add something before we end the interview?

Antoine: Oh, you mean “a last word”? (Avec l’accent canadien) Je voudrais parler au public français de Rebrechien… Extraordinaire…

Cléo : Amazing…

Dédo : We love Rebrechien… We deeply love « Reb the dog »…

Vous avez visité un peu Rebréchien ?

Antoine : Oui, on a fait le tour. J’ai fait 20 mètres ! Un dernier mot ? Vive le steak à Kidiland (rire général) !

KAVE FEST 2024: Entretien avec l’orga

Interview Kave Fest. Entretien avec Sélim, organisateur. Propos recueillis le 24 mai 2024

Le Kave Fest a lieu dans un peu moins d’un mois, du 21 au 23 juin prochain. Même si la promo a déjà commencé, ce n’est pas un peu tard pour en parler sur nos médias ?

En fait, non. On s’est rendu compte que le mois le plus crucial en termes de promo, c’est le dernier mois. Le passage à l’achat se fait le dernier mois, donc, non, je ne trouve pas que ce soit spécialement tard. On a beaucoup de promo ciblée, que nous faisons nous même en amont, mais quitte à se donner à fond, il vaut mieux faire la promo un mois avant et toucher des gens qui n’ont rien de prévus ce week end et vont se dire « ok, c’est bon ! J’y vais ! »

Dans la mesure où c’est la première fois que nous discutons, peux-tu nous rappeler l’histoire du festival ?

Le Kave Fest, c’est une histoire assez drôle, est né dans mon jardin ! On est une asso issue d’Ile de France – j’ai grandi à Chatou toute ma vie – et j’ai la chance d’avoir un jardin assez grand. A l’âge de 19 ans, j’étais batteur dans un groupe, et on s’est dit qu’on allait faire un festival. Au lieu d’aller dans les petits clubs et les bars et autres salles parisiennes emblématiques, je me suis dit qu’il y avait plus de capacité d’accueil dans mon jardin que dans ces clubs, que ça nous couterait 0 €, ce serait en open air, et on pourra vendre la bière et d’autres trucs. Du coup, on a organisé un mini festival en 2016 avec 150 personne. On gérait tout, à la fois la scène, la bière, la sécu, on a loué des toilettes… On a fait ça proprement. Le projet a grossi en 2019 puisqu’on a reçu 450 personnes dans le jardin ! A partir de là, on s’est dit que, dans un jardin, ça faisait beaucoup de monde ! On s’est demandé comment trouver le même esprit qu’à la maison – ce qui faisait le succès de l’évènement, c’était le côté très convivial et bon enfant, mes parents étaient dans le staff, mes potes du lycée aussi. Toutes les personnes qui nt bossé sur ce projet sont mes proches, je les connais très bien – et on a commencé à s’intéresser au château. On a rencontré le maire de Gisors de l’époque, qui était fan de metal et, en 2020, il nous a mis à disposition le château. Alors, 2020, 2021, les éditions ont été annulées à cause du Covid, mais malgré ces deux années d’absence, on a pu faire une édition dans le château de Gisors sur 2 jours avec 800 personnes par jour, donc 1.600 spectateurs. C’était le début de l’aventure : à partir de là, je me suis professionnalisé – je suis devenu chargé de production pour d’autres festivals et autres – et on a commencé à rentrer dans d’autres dimensions d’événements avec relations avec la Préfecture, etc. C’est donc là que l’histoire du Kave Fest version château est née. L’histoire veut que ça ait commencé de manière très familiale et conviviale, le crew est toujours le même depuis le jardin… Le gars qui tenait mon bar a l’époque aujourd’hui il fait « resto-bar » et il a un bar avec 12 barmen en front avec 12 tireuses à bière alors qu’à l’apoque, c’était une tireuse dans mon jardin ! Donc c’est tous ensemble qu’on a fait un pas en avant et qu’on a créé ce festival.

Ce sera l’édition numéro combien ?

Dans le château, ce sera la troisième. La septième si on compte celles de Chatou, mais j’ai du mal à les compter parce qu’il y a vraiment un gap en termes de travail et de production. Ce n’est plus pareil du tout. Il n’y a pas les mêmes enjeux, d’un point de vue financier ce n’est pas la même chose. La seule chose qui soit restée, c’est l’énergie. On travaille toujours pour avoir un festival dont l’ambiance est familiale et conviviale.

Comment sélectionnez-vous les groupes qui seront à l’affiche ?

On a une éthique : on veut un festival qui soit le plus éclectique possible, on veut avoir tous les sous genres de metal et de rock aussi, en tout cas, le plus possible. Vu qu’on a qu’une seule scène, alors qui dit sous genre différent dit artistes qui, chacun dans son genre, restent accessible. Je prends l’exemple de Sceptic Flesh : c’est un groupe de death mélodique qui a aussi des codes de heavy moderne dans ses sonorités. C’est un groupe qui reste accessible pour quelqu’un qui écoute Alphawolf ou du metalcore, par exemple. On construit l’affiche à partir de tous ces sous genres mais avec cette accessibilité et la capacité d’un public à se retrouver à écouter un peu de tout. C’est le premier élément, celui de la direction artistique. Le deuxième élément, c’est tout simplement le coté budgétaire. A partir du moment où on a réussi à booker nos têtes d’affiche, qu’on a négocié avec eux, qu’on a de bonnes offres, qu’on a pu négocier avec les bookers… Dès que nos têtes d’affiches sont posées, on va chercher les groupes intermédiaires, forcément moins chers, mais toujours avec l’idée d’avoir tous les sous genres à l’affiche. Si on réussi à négocier un Plini – qui n’est pas venu en France depuis un bail et qui est quand même une tête d’affiche costaude par rapport à notre taille -on sait qu’on va avoir une TA un peu prog. Donc on sait qu’on va devoir aller chercher des groupes un peu différents pour couvrir tous les genres. On cherche à avoir une complémentarité dans l’affiche.

Donc, contrairement à certains autres festivals très orientés vers un seul genre, folk, extrême ou autre, le Kave Fest cherche la variété. Il y a effectivement une belle variété de genres à cette affiche. Il y a un nom qui m’amuse bien, c’est Amical Tendencies, j’imagine que c’est un tribute ?

(il rit) Ouais ! Amical Tendencies, ce n’est pas un tribute, c’est un DJ set. En clôture de festival, le samedi soir, il va reprendre un peu tout, de l’électro au metal, ce qui permettra un lâcher-prise en fin de journée.

Aujourd’hui, quelle est la capacité d’accueil du Kave Fest ?

On n’aime pas avoir les yeux plus gros que le ventre, donc la première année on s’est limités à 800 personnes par jour. En 2023, on est montés à 1.200 personnes par jour, et on a fait sold out. Là, l’objectif est un peu plus gros, mais réalisable : 2.000 personnes par jour, donc 6.000 en tout.

Sachant que vous avez rajouté une journée…

Oui, on a rajouté une journée. L’avantage du château, c’est que c’est un « bac à sable », on peut en faire ce qu’on veut à partir du moment où on l’aménage intelligemment. La vraie capacité, sur le plan sécuritaire et structurel, c’est 3.500 à 4.000 personnes par jour. Nous, on ne veut pas remplir cette jauge parce qu’on n’en a pas la capacité, ce serait nous tirer une balle dans le pied. On y va petit à petit, et aujourd’hui, on en est à la moitié de la capacité du château, à 2.000 personnes par jour.

Ce qui permet de conserver un esprit familial…Pour quelle raison avez-vous rajouté une journée supplémentaire qui, de plus, est gratuite ?

Parce que ça tombe le week end de la fête de la musique. Pour être très honnête, ça s’est fait un peu par hasard : on savait qu’on allait passer à 3 jours à un moment, mais pas cette année. Mais avec les jeux olympiques… La flamme olympique passe au château de Gisors le 6 juillet, ce qui est notre week end habituel, le premier week end de juillet. On essaie de se placer stratégiquement par rapport au Hellfest, qui a décalé son week end au dernier week end de juin, et le week end du juillet, dernier un peu viable avant que les gens ne partent en vacances, c’est aussi la fête nationale, donc le château est pris par la ville… Le seul moment disponible était le week end des 22 et 23 juin. Le 21, c’est la fête de la musique, alors on a proposé à la ville de nous aider, financièrement, structurellement, pour intégrer une proposition gratuite de rock et de metal au public local. La ville nous a totalement soutenus, nous a aidés avec la communauté de communes, le département, on a reçu des aides pour cette journée-là. Très simplement, la ville a pris en charge la billetterie potentielle de a journée de vendredi pour pouvoir la rendre gratuite pour tous.

Pour participer à cette journée gratuite, il faut s’inscrire quelque part ? Ce qui vous permettrait d’avoir des prévisions de visites, ou alors vous allez recevoir tout le monde au fil de l’eau ?

On a une inscription automatique avec l’achat du pass 3 jours – qui est moins cher que 2 journées puisqu’il est à 66 euros contre 36 euros la journée. Sinon, on va le faire au compte-gouttes parce que le vrai public cible, c’est le public local qui a envie de découvrir le rock et le metal. Les curieux vont avoir envie d’aller au château de Gisors, certains n’auront peut-être pas de culture metal, mais dans les villes de provinces, les gens bougent beaucoup pour la fête de la musique. Nous, on veut s’inscrire dans cette idée-là : les gens arrivent au château, s’ils veulent entrer et rester une heure, deux heures ou la journée, ils sont bienvenus.

Pour des gens qui ne connaissent pas le metal, il n’y a guère que Storm Orchestra qui soit « accessible ». Des groupes comme Psykup et Novelist ça déménage !

Il y a aussi Oakman qui est plus accessible… Quoique, Novelist, avec sa nouvelle chanteuse, c’est fun aussi, plus simple d’écoute pour quelqu’un qui ne connait pas le metal. Il y a des riffs vénères, mais c’est plus accessible, et Psykup reste très énergique aussi mais avec un esprit décalé.

Dans les affiches passées, quels sont les 3 groupes que tu es très content d’avoir eu à l’affiche ?

Alors, c’est parfait, il y en a 3 que j’ai en tête ! Même s’il y a plein de groupes qui m’impressionnent. Mais il y en a 3 qui ont une histoire particulière : le premier c’est Landmvrks qu’on a signés en 2020 avant le Covid, avant qu’ils n’explosent. Ils ont quand même accepté de jouer le jeu en 2022. Ils ont fait la tête d’affiche alors qu’ils avaient bien grossis. Là, il y a un « petit flair », et je suis assez content d’avoir été fan et de les avoir repérés avant qu’ils n’explosent et de les avoirs eus quand ils ont grossis. Myrath… Je suis tunisien d’origine, et c’est un groupe de cœur qui fait référence à mes racines, je les ai découverts là-bas… C’est le plus gros groupe qu’on a reçus, il y avait une prod, un cracheur de feu sur scène, donc il y avait aussi des enjeux sécuritaires. Et Diablo Swing orchestra. On est les premiers à les avoir fait venir en France après 10 ou 12 ans d’absence. Je les écoutais au lycée et je savais qu’il y avait un vrai public qui les attendait. Même eux étaient surpris ! et la rencontre humaine était très sympa.

Et cette année, il y a un groupe que tu es particulièrement fier d’avoir signé ?

Pff… Si je dois en citer 3… Évidemment, Plini. Ils sont Australiens, c’est un groupe qui a une renommée mondiale plus qu’internationale. Fierté personnelle aussi avec Thrown (NdMP : je crois…) qui est un peu comme Lanmvrks un groupe que j’ai repéré relativement tôt et qui est en train de péter, et Ankor, un groupe espagnol avec une chanteuse. C’est rare un groupe aussi prometteur avec une chanteuse. Je suis très content de les avoir cette année parce qu’on ne sait pas si ce sera encore possible dans 3 ou 4 ans…

Quelles sont les valeurs que le Kave Fest veut mettre en avant ?

A la base, on est un groupe de potes, alors je ne sais pas si on peut parler de « valeurs » pour faire un festival. On n’est pas engagés dans une vie sociale, par exemple. Par contre, on a une éthique plus que des valeurs… Une éthique écologique, on est aidés par Ecofest qui donne des conseils à des festivals, qui fait un audit pour mettre en place des process écologiques dans nos actions. Evidemment, on a une éthique féministe, dans la programmation et dans notre équipe. Je l’ai dit, on est une équipe de potes et dans la bande, il y a des filles. Elles ont des responsabilités dans l’asso et elles apportent une sensibilité différente, vraiment. Un truc « débile » auquel je n’aurai jamais pensé : une de mes responsables a simplement suggéré d’avoir des tampons au cashless afin de pouvoir dépanner les festivalières. C’est vrai que jamais de ma vie je n’y aurai pensé… On pense aux bouchons d’oreilles, on a ce qu’il faut si tu es en galère, mais on ne pense pas à ça. Et c’est important… C’est évident pour des filles mais absolument pas pour nous, et ça fait du bien, ce genre de recul… Il y a aussi le côté home-made : on travaille avec un brasseur local, pour la bière et le cidre, il y a des artisans qui sont à l’entrée du village… Ce n’est pas tant le côté patrimoine que le fait de nous entourer de gens qui aiment leurs produits et qui ont une dimension humaine, artisanale de ce qu’ils font.

Quelles sont les activités extra-musicales que le festivalier peut trouver s’il a envie de faire autre chose que de simplement participer à des concerts ?

Très bonne question, puisque cette année on a décidé de mettre les bouchées doubles sur cet aspect. On n’a qu’une seule scène, donc les changements de plateaux varie entre 25 et 35’, donc des temps morts assez importants. On a toujours voulu proposer dans ces moments des choses intéressantes. A une époque, on avait uniquement le village avec stand de tatouage, boddy wrok shop et autres et cette année on a décidé d’avoir une deuxième scène – pas encore nommée mais qui pourrait s’appeler la Basse Kour – avec une cracheuse de feu, des spectacles d’hypnose, de magie, des bardes qui font des reprises rock avec des instruments médiévaux, des chevaliers – qui étaient déjà là l’an dernier mais qui reviennent avec un show encore plus grand – du tir à la corde, des jeux… C’est ce qui fait l’ambiance familiale du festival.

Le festival dure 3 jours. Où le public peut-il dormir ?

On a un camping qui est mis à disposition par la Fermette bio de l’Epte qui peut accueillir 300 personnes. C’est également eux qui nous fournissent les aliments pour la cuisine – on ne fait pas appel à des food trucks, on fait tout nous-mêmes – et le propriétaire de la ferme nous prête son terrain. Il a construit des toilettes sèches, fait des aménagements pour accueillir 300 personnes. C’est pas énorme, mais c’est pas mal non plus, on fait camper des gens là-bas. C’est un camping qui est un peu plus « chiant » que dans la plupart des festivals metal parce qu’il y a un couvre-feu. Moi ça me va : il y a des chèvres, des canards, des animaux qui dorment la nuit. Une ferme, quoi ! Donc on interdit l’alcool, le tapage nocturne après minuit… Le metalleux ont l’habitude des campings avec apéro et la fête toute la nuit, nous, non. On a déjà eu quelques commentaires négatifs du style « on peut pas s’amuser » mais dans l’ensemble, les gens sont plutôt content d’y être. C’est un lieu qui est calme, propre, en adéquation avec les valeurs de la Fermette et des gens avec qui on travaille.

Donc pas besoin de bouchons pour dormir…

Potentiellement il y a les coqs et le chèvres (il sourit). Je conseille quand même les bouchons, même s’il n’y a pas les apéros à 3 heures du mat’ !

Tu parles de couvre-feu, quelles sont les amplitudes horaires du Kave fest ?

On fait du 17h-1h du matin le vendredi, le samedi de midi à 1 heure et le dimanche de midi à minuit, avec ouverture des portes une heure avant le début des festivités. L’avantage du château de Gisors, c’est que c’est le terminus de la ligne J. Les gens peuvent venir directement de Paris. On a calé la dernière tête d’affiche afin que les gens puissent rentrer sur Paris après le dernier concert.

Le camping a une capacité de 300 personnes. Quid des non parisiens qui ont besoin de dormir ?

Eh bien… Hôtel, il y a beaucoup de gens qui dorment dans leur voiture aussi…

Novelist revient.

Ouais !

Vous leur filez une carte de fidélité avec un troisième gratuit ?

(Rires) Du coup, c’est eux qui nous font le troisième gratuit ! On aime bien faire revenir des groupes parce que parfois il y a des rencontres et des ententes cools. On essaie de ne pas trop le faire vis-à-vis du public mais avec une nouvelle chanteuse, un nouvel album qui arrive, ça fait du bien de les avoir de nouveau. Ils sont cools, et musicalement ils ont quelque chose de nouveau à proposer. Il y a Detvar aussi qu’on fait revenir, il y en a d’autres qui reviendront aussi.

Quelle est la typologie du festivalier type du Kave Fest ?

Je les aime bien nos festivaliers… J’ai un souvenir d’une chose qui m’a marqué : en 2022, on était épuisés avec l’équipe, on était en sous-effectifs et on ne s’attendait pas à autant de monde. On a un rituel avec l’équipe : à la fin de la journée, avant le DJ Set, je fais monter toute mon équipe sur scène et on fait un remerciement général et on dit au revoir au public. Ce soir-là, on était crevés, et j’ai demandé au public de bien vouloir ramasser ses déchets, les mégots, les éco-cups… sinon, c’est à nous de le faire le lendemain… Véridique : le lendemain matin, le site était nickel. C’est ce qui est beau avec le Kave Fest : malgré le fait qu’on se professionnalise, que le festival grossisse…, on a pour objectif de rester humain, proche, convivial.

Et le profil type du festivalier : jeune étudiant, quinqua, trentenaire, tranche d’âge, sexe, CSP… ?

Alors, on est sur 65/35% d’hommes /femmes, ce qui est plutôt bien dans notre milieu, et une tranche d’âge de 25 à 35 ans. Qui dit public metal dit aussi « un peu plus âgé » alors on a aussi des quadras. Un public relativement aisé, aussi. En termes de pouvoir d’achat en tout cas, on n’est pas sur un « public rap » avec des entrées à 10 balles et des consommations réduites. On n’est pas non plus dans le public « électro bobo parisien » et des pass à 70€ la journée… On a un public qui aime bien profiter, et nous on fait en sorte de proposer des produits de qualité.

Le public metal est aussi un public de passionnés et de collectionneurs. Au-delà du merch, le vôtre et celui des groupes, y a-t-il des espaces dédiés pour les rencontres avec les artistes ? 

On essaie de manière assez… indirecte de pousser les artistes à aller profiter du festival. Ils ont bien sûr leurs loges et leur espace à part, mais on leur offre des tickets conso ^pour aller au bar. L’espace merch est aussi souvent géré par les artistes parce que sur un festival de cette taille, ils n’ont pas de gens pour s’en occuper           … Donc, oui, je dirai que la rencontre est faisable. On ne fait pas d’espace signature, etc… C’est très personnel, mais je trouve qu’on perd ce côté humain du festival… Si quelqu’un fait la queue pour avoir 5’ avec un gars, même si je comprends le plaisir de rencontrer quelqu’un dont on est fan, je trouve ça bizarre, ce n’est pas dans l’esprit du festival. Maintenant, je comprends tout à fait l’intérêt de le faire quand tu es fan. Moi, je rencontre Ozzy Osbourne, je deviens fou ! Même si ce n’est que 30 secondes…  Je préfère réussir à inciter les artistes, les mecs de Plini, d’Alphawolf et les autres, à aller prendre une bière avec le public dans le festival, passer la frontière artistes/festivaliers – ces mecs, ils aiment le son, eux aussi – et passer du temps avec le public.

As-tu des anecdotes croustillantes, as-tu eu des demandes particulières de certains artistes, des choses qui t’ont surpris ?

Je suis plus souvent surpris des demandes des petits artistes que des grands… Les têtes d’affiches, elles sont professionnalisées, elles savent avec quoi et avec qui elles signent. Je bosse souvent avec des bookers qui nous connaissent bien, comme Veryshow, et c’est carré. Il y a des attentes techniques, pratiques, qui vient nous chercher à l’aéroport, à quelle heure on arrive, à quelle heure on joue… Que ce soit clean, respectueux, qu’ils soient bien nourris… Ils ne me demandent jamais des quantités astronomiques d’alcool parce qu’ils ont un show à assurer. On est sur une très bonne gestion de ces artistes pro. Par contre, les plus petits groupes autogérés… Il arrive souvent qu’ils n’aient pas ces codes là et qu’ils aient des demandes… euh… ben, tu leur dis « les têtes d’affiches, on ne leur donne pas ça, alors pourquoi on le ferait pour vous ? » C’est plus maladroit qu’autre chose. Le premier point de désaccord, c’est le cachet. Parfois, tu as des artistes amateurs qui font des calculs erronés et qui te demandent des cachets à 4.000€ alors que c’est ce que tu mets pour une « semi » tête d’affiche, des groupes qui commencent à avoir une certaine notoriété. Alors pour un groupe d’ouverture… On discute, et on fini par se mettre d’accord. On peut aussi avoir des histoires de matériel technique surévalué. Parfois, il peut y avoir des exigences en matière de conso, certains veulent un open bar pour eux et pour leurs potes… Mais on parle de cas très isolés. Globalement, c’est plus de la maladresse, on discute, on leur explique et, le jour J, ça se passe toujours très très bien. On n’a jamais eu de difficulté avec des artistes. Si ! Il y a eu une histoire rigolote avec une danseuse qui n’était pas membre des groupes mais qui voulait repasser sa chemise… Elle a viré toute la table de catering pour repasser au milieu de l’espace catering parce qu’on avait oublié de mettre en place une dressing room. Une erreur de notre part, qu’on a corrigée bien sûr, mais au lieu d’en faire part à notre équipe – on aurait trouvé une table en 2 secondes – elle a viré toute la bouffe de la table…

Tu as parlé d’argent : quel est le budget d’un festival comme le Kave Fest ?

A 10% près, on est aux alentours des 200.000€. Ça varie entre 200 et 240.000 € en fonction des choses à peaufiner. Le budget est très précis sur le papier, mais il y a toujours des locations de dernière minute, des hôtels un peu différents… il y a toujours des réajustements ici et là. Et ça fait facilement 20.000 balles d’écart. Un budget qui, pour la première fois, inclus un mini salaire pour les membres du bureau. On a toujours été bénévoles, et cette année, on va reverser à tous les responsable une petite enveloppe, symbolique mais avec un budget total de 10.000 € pour les chefs d’équipe.

Le symbole du Kave Fest est un phénix. Ça vient d’où ? Le fait que le festival soit revenu à la vie après le covid, qu’il renait d’année en année ?

Tu veux la vraie histoire ? Elle n’est pas belle, mais elle est drôle… C’est une bande de potes le Kave fest, et cette bande de potes, elle est née dans la Kave du premier festival qu’on a fait dans le jardin. Une cave en pierre voutée, superbe, et on faisait toutes nos soirées dedans avec mes potes. On jouait aux jeux video, on faisait les cons et on buvait des bières. Il se trouve que la bière qu’on buvait a un phénix en logo. On s’est inspiré de ce logo de bière pour le Kave Fest – la cave avec un K, la bière un peu esprit festival et camaraderie…Il y a des gens qui nous disent qu’il faut qu’on change la « marque » du festival parce que, à part cette bande de potes, personne ne sait pour quoi ça s’appelle Kave Fest, mais j’aime bien cette histoire : une bande de potes partis de rien du tout et qui arrivent très loin.

Où en sont les ventes, un peu moins d’un mois avant le coup d’envoi ?

On en est à environ 60% de la capacité. Comme on vise les 2.000 personnes jour, on va remettre des places en vente. J’espère qu’on fera un sold-out, je le pense… Si on vend tout sur la première jauge de 1.500 personnes, on remettra quelques places en vente pour atteindre les 2.000.

As-tu quelque chose à ajouter pour conclure ?

Le Kave Fest, c’est un peu mon bébé, j’en suis très fier, et je suis mon premier public. Je pense qu’on a quelque chose de très particulier, dans l’esprit et dans l’ambiance parce qu’on un lieu extraordinaire – faut l’imaginer, quand tu arrives devant ces murailles ! – et on a une ambiance très particulière, avec cette bande de potes, les interactions avec le public… Tout le monde me le dit et je pense que lire ce que je raconte, c’est une chose, le vivre, c’en est une autre. Je vous incite tous à tenter l’expérience !

Billets en vente directement sur le site : www.kavefest.com

Interview: SLAVES OF IMPERIUM

Interview SLAVES OF IMPERIUM. Entretien avec Matthew Barry (guitare lead) le 13 mai 2024

Comme c’est la première fois que nous parlons, commençons par la question la plus originale, décalée et rock’n’roll qui soit : Slaves Of Imperium c’est quoi, c’est qui, vous venez d’où ? Ça a été monté quand et pourquoi ?

Ah ouais… C’est une grosse question (rires) !

Je t’ai posé toutes les questions de l’interview en une seule !

C’est bien. Alors… Slaves Of Imperium s’est formé en 2019 à partir de deux autres groupes de la scène bretonne. On était tous dans d’autres groupes avant et on s’est rencontrés sur les scènes locales. On avait la volonté de créer quelque chose qui nous correspondait plus que ce qu’on faisait.

Vous étiez dans quels groupes tous ?

J’étais dans un groupe de reprises hard rock, Backstage, on tournait sur les scènes du Morbihan principalement. Cédric (Sébastian, chant), David (Péné, guitare rythmique) et Kristen (Gachet, batterie) étaient dans un groupe de metal symphonique, Inimorality. C’était sympa, mais ça ne nous convenait plus. On a monté Slaves Of Imperium ensemble pour subvenir aux besoins créatifs de chacun. Malheureusement… on a choisi le meilleur moment pour former un groupe, juste au début du Covid. Les concerts, c’était mort, donc on en a profité pour composer. Le premier album est sorti en 2022, le nouveau, New waves of cynicism est sorti le 15 mars. Il était déjà composé, un tiers ou à moitié, avant la sortie du premier album.

J’imagine que vous avez aussi pu tirer profit de cette situation afin d’avancer sur la cohésion du groupe et la composition…

Oui, ne serait-ce que d’apprendre à se connaitre musicalement. Au départ, les compos étaient basiques, histoire d’apprendre à jouer ensemble. Mais par la suite, une fois qu’on se connait un peu mieux, on compose des choses qui nous correspondent un peu mieux.

Le groupe a naturellement dû évoluer (il confirme). Quand j’écoute l’album, ça n’a rien à voir avec les styles dont tu parlais avec vos anciens groupes. Comment décrirais-tu la musique de Slaves Of Imperium à quelqu’un qui ne vous connait pas ?

C’est une musique qui est composée et mise au service de l’émotion qu’on veut véhiculer, avec des thèmes, des textes qu’on veut mettre en avant. On n’a pas de style… Enfin, si, il y a une base qui est plutôt death/thrash metal, du fait de nos influences respectives. Moi, j’écoute plutôt du thrash ou du death, Raphaël (Fournier, basse) écoute du black et du prog, on a tous nos influences… Pour autant, on ne cherche pas à rester dans un style spécifique, ce qui sort, c’est naturel.

Quels sont les thèmes « littéraires » que vous abordez ?

On a une influence qui est assez littéraire en effet. Notre chanteur, quand on lui demande quelles sont ses influences en musique, il va citer des écrivains… Les deux albums sont une suite logique, en fait : dans le premier album, on analyse les émotions de l’être humain, et on les décortique. Dans le second, on va encore plus loin et on regarde ce qu’il se passe dans notre cercle familial, privé. Et on se rend compte qu’il y a des horreurs abominables qui se passent parfois juste en bas de chez soi… et personne n’en parle, on ne s’en rend pas compte. On fait le lien avec ces deux albums entre l’humain et ce qui peut lui arriver de pire.

Le premier album c’était Observe. Analyze. Sanitize. qui est sorti il y a maintenant deux ans. Comment analyserais-tu l’évolution, humaine et musicale, du groupe entre ces deux albums ?

L’évolution humaine est logique : on commence à composer alors qu’on ne se connait pas… On se connaissait un peu, mais pas au niveau d’aujourd’hui. Plus on travaille ensemble, plus on sait ce qu’il faut faire pour que ça corresponde à chacun, et que ça intègre les envies créatives de chacun. Musicalement… Le premier album est, on peut dire, plutôt simple dans son approche. Justement parce qu’on ne se connaissait pas suffisamment. On avait un thème, des morceaux qui était composés un peu chacun de son côté. J’en avais composé avant même de monter ce groupe, Cédric aussi. On a mélangé tout ça comme on a pu. New waves of cynicism a été composé ensemble, avec l’expérience de chacun.

Donc c’est de ce côté qu’il faut chercher l’évolution, chacun ayant pris part à la composition et ayant pu donner son avis.

Exactement. Du coup, le résultat est beaucoup plus varié, contrasté, dynamique… lourd et sombre, aussi. C’est vrai que le premier album avait une base thrash bien présente, tandis que là, on n’hésite pas à briser les codes de notre genre pour mettre la musique au service de l’émotion qu’on veut véhiculer. Si on estime que le morceau, les paroles seraient mieux mis en avant avec une orchestration ou des arrangements autres que ce qu’on retrouve de manière classique, on le fait. C’est là-dessus qu’on a évolué. D’une part, c’est ce qui nous fait plaisir, et d’autre part, c’est ce qui rend notre musique intéressante, donc on va continuer dans ce sens. On n’a pas encore composé de morceaux pour un troisième album, mais on a déjà le thème, les textes sont quasiment terminés, on a des bouts de riffs… On ne va pas tarder à se mettre au travail et on ira encore plus dans ce sens, ne pas hésiter à incorporer d’autres influences, d’autres style que simplement du thrash et du death metal.

Avec quelques touches de black aussi, notamment dans le chant qui peut être très agressif…

Tout à fait, c’est un peu la patte de Raphaël, notre bassiste. C’est ce qu’il aime, le black !

Tu parlais du fait de constater ce qui peut se passer sur nos paliers. Au-delà de l’évolution musicale, tu peux envisager que vous puissiez pousser votre analyse de notre société actuelle encore plus loin ?

Justement, c’est ce qu’on cherche à faire. Je pense qu’à chaque fois qu’on avancera, on ira un petit peu plus loin à ce niveau. Le concept du troisième album est dans cette veine, on va chercher à aller plus profondément encore. On n’apporte pas des réponses, on est que des êtres humains, on s’interroge… Après chacun est libre d’interpréter les choses à sa manière. Quand on trouve un thème intéressant, on veut simplement le pointer du doigt, le montrer… « hé, oh… il se passe ça ».

Vous voulez montrer ce qu’il se passe. Etes-vous, individuellement, engagé dans des actions, les uns et les autres ?

Non, on ne peut pas dire qu’on soit engagés. On entend des histoires qui nous choquent… Les thèmes qu’on aborde, ce n’est pas des choses qu’on a forcément vécues individuellement, mais ce sont des histoires qu’on entend et qui nous font mal… Je ne sais plus quelle était l’idée de départ mais on se rend compte, avec le temps, que quand on compose la musique, c’est l’émotion qu’on ressent quand on apprend ce qui peut arriver près de chez nous qui est traduite, c’est le carburant de notre musique. Elle sort grâce à ça.

Il y a sur l’album un titre en français, Sarmat. Quelle était votre volonté en incluant ce morceau ?

Au départ, quand on a commencé à composer, notre chanteur a écrit directement en anglais. Ce n’est pas sa langue natale, mais tous les titres du premier album ont été composés de cette façon. Il s’est rendu compte par la suite que le fait d’écrire d’abord en français et qu’on traduise tous ensemble ensuite ouvrait beaucoup plus de portes au niveau du vocabulaire. Quand on a écrit Sarmat et qu’on l’a lu, on s’est dit que ça sonnait super bien en français. C’est une traduction qui aurait pu se faire, mais on aurait perdu quelque choses… Donc, on l’a laissé en français, et pourquoi pas, d’ailleurs ? On est un groupe français, alors, qu’est-ce qui nous empêche de le faire ? On souhaite quand même rester principalement en anglais car ça ouvre plus de portes à l’international. On restera là-dessus mais pourquoi pas, sur les prochains albums, avoir un ou deux morceaux en français. Il y en a déjà un qui est prévu parce que le thème le demande…

Ce qui signifie que Slaves Of Imperium a aussi des ambitions internationales (il confirme). Un groupe de rock, c’est aussi la scène, quels sont vos projets pour défendre cet album ?

Là, on vient tout juste de rentrer d’une tournée européenne, qui correspondait à la date de sortie de l’album. Le prochain objectif est de défendre l’album en France. Mais, entre la production de l’album, sa sortie et la tournée européenne, on n’a pas vraiment eu le temps de se projeter sur la fin d’année. On vient de rentrer, on se pose et on va organiser quelque chose en France pour la fin d’année, début d’année prochaine.

Vous revenez de tournée. Vous avez tourné où et avec qui ?

On l’a organisée seuls, cette tournée, on n’a pas accompagné d’autres groupe en tant que première partie. On a joué avec des groupes locaux : on est partis de Paris, on est ensuite allés à Berlin, Prague, Cracovie, on a fait trois dates en Roumanie, on a fait la Slovaquie, la Slovénie, l’Italie… tout ça en 15 jours trois semaines… On a fait, je crois, onze concerts d’affilée !

Vous avez bien bougé !

Oui, oui. On n’avait jamais fait autant de concerts d’affilée. On a commencé un peu fort !

C’était un autre rythme…

Exactement ! C’était très enrichissant d’un point de vue « musicien » mais aussi d’un point de vue humain. Ça nous apprend à travailler le live de manière beaucoup plus efficace : se mettre en place, faire les balances, monter et ramasser le matériel… C’est un bon entrainement pour la suite.

Et j’imagine que d’un point de vue humain ça permet de découvrir certaines qualités ou non qualités des uns et des autres…

Absolument, ça permet déjà de savoir si on se supporte dans un même véhicule, les uns sur les autres pendant trois semaines (rires) !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de New waves of cynicism pour expliquer à quelqu’un ce qu’est l’esprit de Slaves Of Imperium, ce serait lequel ?

Waow, compliqué ! Un seul titre ? C’est compliqué parce que nos morceaux sont assez variés… Je ne sais pas s’il y en a un qui nous représente suffisamment… Après, on a fait un choix sur l’album, mettre Parasites en premier, parce que c’est un morceau qui rentre dans le lard tout de suite et qui reste assez riche en matière de composition. Oui, pour faire découvrir mon groupe à quelqu’un qui ne nous connait pas je pense que je dirai Parasites, mais, vraiment, la question est difficile…

Vous démarrez depuis quelques années avec ce groupe. On sait pertinemment qu’en France, un groupe de rock ne vit pas de sa musique. Quelles sont vos activités dans vos autres vies ?

On a tous nos boulots : je suis mécanicien, Raphaël est architecte, Kristen était boulanger mais il est en train de se réorienter, david est chauffeur poids lourds, et Cédric est responsable de ligne dans une usine agro-alimentaire.

Tu disais au début de notre entretien que vous ne vous connaissiez pas quand vous avez monté le groupe. Qu’est-ce qui fait que, à un moment donné, vous avez décidé de vous retrouver, de vous réunir autour de cette nouvelle entité ?

Pour être tout à fait honnête, c’est…

L’argent !

Ouais, carrément, oui ! Tout à fait (rires) ! Au départ, c’était vraiment parce que la scène dans notre localité était limitée, et on n’avait pas la possibilité de chercher d’autres personnes avec qui monter un groupe. Il n’y a pas 50.000 personnes dans notre coin qui voulaient faire de la musique… dès lors que tu rencontre quelqu’un qui est sur la même longueur d’ondes que toi, t’es obligé de tenter quelque chose. Pas sûr que tu aies une autre possibilité de le faire après… Coup de chance, on s’est rendu compte qu’on est vraiment tous sur la même longueur d’ondes, et on a de la chance de se trouver là !

C’est un peu un choix par défaut…

Je ne dirai pas « par défaut », même si je comprends ce que tu veux dire… Musicalement on savait qu’on allait pouvoir faire quelque chose. Humainement, c’est vrai qu’on ne se connaissait pas plus que ça, et… Oui, quelque part, c’est un peu « par défaut », comme tu dis, parce qu’on n’est pas très nombreux dans notre bled…

Si tu devais penser à une devise pour Slaves Of Imperium, ce serait quoi ?

(Rires) C’est compliqué encore comme question ! Je pense que chacun répondrait différemment…

Ça tombe bien, c’est à toi que je pose cette question !

Attends, il faut que je réfléchisse là… Une devise ? Vraiment dur… Si je devais être dans la déconne, je dirais « Live fast and die drunk », mais là, on n’est pas dans la déconne… (NdMP : en même temps, les gars ont fait produire des bières à leur nom)

Quoique, quelque part, c’est assez cynique…

Oui, c’est vrai, mais c’est un délire entre nous. Ce n’est pas ce que j’aurai répondu…

Tu as encore un peu de temps pour y réfléchir alors… Parlons de la pochette de l’album : elle présente deux personnages, un squelette habillé en costume, une autre personne, assez féminine et musculeuse, qui tient un couteau… Il y a une forme de dualité entre la confrontation de la mort et de la vie, la mort éclairée et la vie dans le côté sombre, la mort qui semble assez pacifique et la vie très menaçante avec son couteau dans le dos…

C’est intéressant d’écouter ta description… Il y a beaucoup de détails qui laissent libre court à chacun de se faire son interprétation. Pour ma part, ce serait une explication plus simple : cette image, pour moi, représente parfaitement le cynisme. Le fait d’avoir cette poignée de main et d’avoir un couteau dan s le dos… On sert la main à quelqu’un mais dans le dos, il y ale cynisme, le manque de confiance, la méfiance qui est là. C’est une image qui représente pour moi parfaitement le titre. Maintenant, il y a pas mal de détails, cette pochette est assez riche à ce niveau-là.

Interview découverte: RIVIERA PARADISE

Interview RIVIERA PARADISE ; Entretien avec Julien Giraud (Batterie) le 29 avril 2024

Comme c’est la première fois que nous échangeons, commençons par la plus originale des questions qui soit : Riviera Paradise, c’est quoi, quelle est son histoire ?

Riviera Paradise, c’est 4 musiciens qui font du rock, qui se sont rencontrés…alors, il y a eu plusieurs changements de line up : au départ, nous étions un trio, le bassiste et moi avec un autre guitariste. On a commencé à jouer ensemble sur un répertoire de reprises pour apprendre à nous connaitre. Comme ça fusionnait bien, on a commencé à vouloir faire nos propres compositions et pour cela, on voulait intégrer un chanteur qui prenne vraiment la place de chanteur/frontman. On a rencontré Kourros qui a intégré le groupe et avec qui on a commencé à composer.

J’imagine qu’il s’agit du Kourros qui était auparavant chanteur de Incry…

Tout à fait. C’est bien tombé parce que, à ce moment-là, Incry s’était arrêté, et lui étant disponible et à la recherche d’un nouveau projet, on ne se connaissait pas, mais par nos contacts, il a entendu parler de nous. On s’est rencontré et avons décidé de voir ce qu’on pouvait faire ensemble. Tout de suite, ça a collé… On a quand même donné un concert où on faisait des reprises, on lui a proposé de venir chanter avec nous, il a kiffé et rapidement on est partis dans l’idée de travailler des compositions ensemble.

Ready for more est votre premier album…

Oui, on vient de le sortir au mois de mars, le 22. C’est un album de compositions originales. Quelques années avant, Robin Lapalut est arrivé au poste de guitariste, et ça nous a donné une orientation beaucoup plus rock. Jusque-là, on faisait du blues, du metal, du blues rock… Là, on a une orientation rock.

« Orientation rock »… Comment décrirais-tu la musique de Riviera Paradise à quelqu’un qui ne vous connait pas, pour lui donner envie de vous écouter ?

Eh bien, euh…

Parfait, merci, ça me va !

(Rires) Je dirai qu’on a un univers à nous, qui nous est propre, qui vient de plusieurs influences, des influences qu’on n’a pas choisi de suivre. On s’est laissé influencer par différents styles de musique et différents groupes que chaque membre du groupe écoute. On a fusionné tout ça pour créer des titres aux accents rock US. Il peut y avoir sur cet album plusieurs styles qu’on peut retrouver, il y a des ballades, des morceaux au tempo rapide qui flirtent avec le metal, il y a du groove, du blues, du rock sudiste… On a fusionné tout ça sans chercher à copier, et ça donne une musique sincère qui vient de nous. Ça a été plutôt naturel dans l’aspect création, et ça donne un truc… On dit rock au sens large parce qu’il n’y a pas d’étiquette précise. C’est notre style à nous… Ce n’est pas non plus révolutionnaire…

Quand on écoute l’album, on n’a pas l’impression que vous cherchiez à inventer quoi que ce soit, on écoute plus un groupe qui cherche simplement à se faire plaisir…

Exactement, on cherche à se faire plaisir, de faire de la musique qui nous plait, et on espère qu’elle va plaire à d’autres personnes…

C’est album qui comporte 10 titres. Vous abordez des thèmes particuliers ou, là aussi, c’est ce qu’on trouve traditionnellement dans le rock ?

C’est ce qu’on trouve habituellement. On n’est pas un groupe de punk, engagé, révolutionnaire… On parle de mecs qui font du rock, il peut y avoir des histoires d’amour, de rockers… C’est toujours tourné de manière positive. L’album a été créé post-Covid, donc il y avait une volonté de notre part d’aller vers quelque chose de positif, pas d’aller vers quelque chose de triste et sombre. On joue avec le côté mélancolique, mais ce n’est pas sombre. C’est entrainant, et positif.

Il y a des thèmes qui, selon toi, n’ont pas leur place au sein de Riviera Paradise ?

Ah, oui ! On ne parlera jamais de politique, on ne cherchera pas à tacler qui que ce soit… On n’a pas envie de rentrer dans ce jeu-là, de dénoncer des choses… Après, chacun peut se faire sa propre interprétation de nos textes. Pour nous, c’est d’abord la musique, trouver des lignes de chant qui collent à la musique, mélodique, après on colle des mots sans chercher de double sens ou de choses trop compliquées.

Comment avez-vous procédé pour la composition et l’écriture de cet album ?

Très simplement : il suffisait qu’on se voie dans notre local de répétitions, dans lequel on enregistrait tout, en permanence. On était branchés comme dans un home studio mais avec des vrais instruments et des micros partout. On a créé les idées ensemble, pendant ces répétitions. Bien sûr, l’étincelle venait souvent d’un riff de guitare – Robin arrive avec une idée qu’il a travaillé la veille, moi je pose un rythme de batterie, Florent, sa basse. Après on propose d’autres idées, des changements de tempo, des accords différents. Mais en fait, tout s’est fait dans notre studio, assez simplement. Il suffisait de jouer ensemble pour créer la musique, et ça a été assez rapide. On mettait une journée pour créer un titre.

Donc ça a été assez instinctif et organique…

Exactement.

Si tu devais ne retenir qu’un seul des dix titres de l’album pour convaincre quelqu’un d’écouter l’album, lui faire comprendre que Riviera Paradise, c’est ça, ce serait lequel ? Pas forcément ton préféré, mais celui qui vous représente le plus.

Ce n’est pas évident, parce qu’il y a des morceaux qui viennent de plusieurs horizons… Je dirais Free yourself at last, parce que ça évoque la liberté, l’énergie, la mélodie… Ce n’est pas forcément le premier single de l’album, mais je pense que ça représente bien qui on est.

Vous êtes originaires d’où ?

De Seine et Marne.

Alors pourquoi ce nom de Riviera Paradise ? Parce que la Seine et Marne, ça n’a pas grand-chose à voir avec la Riviera, la Côte d’Azur…

C’est vrai, c’est vrai… Au début, on faisait des reprises, on s’est amusés à jouer du Stevie Ray Vaughan et le titre Riviera Paradise nous a marqués. Riviera Paradise, ça évoque la France, la French Riviera, et c’est un mot international. On a trouvé ça plutôt positif, qui évoque le soleil. On cherchait un nom qui ne soit pas français, mais pas trop anglais non plus… On voulait trouver une passerelle entre tout ça et c’est Riviera Paradise qui est sorti.

Le nom touche l’international, vous chantez en anglais… J’imagine qu’il y a une volonté de séduire au-delà de nos frontières ? Une ambition de vous exporter ? Comment vous y prenez-vous ?

On compte voyager, aller jouer en Allemagne, par exemple. On s’est aperçu, depuis qu’on a partagé notre album sur les plateformes numérique – c’est génial aujourd’hui, ça… Ça permet d’être écoutés dans le monde entier – on s’est aperçus qu’en Allemagne il y a beaucoup d’écoutes. L’Allemagne nous intéresse, on sait qu’il y a du public qui écoute du rock, friand de nouveautés… L’Angleterre aussi… On essaie de passer dans les médias internationaux pour voir s’il y a un intérêt, si ça mord… Après on verra si on peut se déplacer pour aller jouer à l’international. Oui, on en a envie !

Quels sont vos métiers dans vos autres vies ? Un groupe de rock qui sort son premier album ne vit pas de sa musique…

En fait, on est tous les 4 musiciens. On vit de la musique et des cours de musique. On donne tous des cours et on joue dans différents groupes, différents styles.

Alors, Kourros (chant) ?

Kourros est dans l’ensemble rock, rock français, il lui arrive de jouer en duo dans des café-concert avec un guitariste. Et à côté, il est prof de chant.

Florent (Gaya, basse) ?

Florent ne donne pas de cours, il est essentiellement musicien. Il peut être amené à faire jazz, de la chanson française, de la musique électronique, du rock, de la pop…

Toi, Julien (Giraud, batterie) ?

Alors, ça va te surprendre, je joue de la musique irlandaise. Je joue avec Celtic Sailors, je joue aussi dans des groupes de variété, je fais de mariages et d’autres groupes de rock qui chantent en français.

Et Robin (Lapalut, guitare) ?

Et Robin, il fait aussi de l’évènementiel, des mariages et des soirées privées et il a aussi d’autres groupes de metal.

En gros, il y a une belle variété des genres que vous pratiquez, et quand on mélange tout ça, le résultat est plus riche…

C’est ça. Ce qui nous ramène tous à Riviera Paradise, notre bébé, le projet qui nous tient à cœur et qu’on essaye de développer. Comme tu le disais, on ne gagne pas d’argent avec mais on veut le développer parce qu’il exprime sincèrement nos influences, sans se poser de questions. Dans les autres groupes, on est un peu des caméléons, on travaille nos instruments, on sait jouer. On prend du plaisir à jouer tous ces styles, mais c’est dans Riviera Paradise qu’on joue ce qu’on a au fond de nous.

Si tu devais penser à une devise pour Riviera Paradise, ce serait quoi ?

Ben… Ready for more ! Comme le titre de l’album, qui est autant pour les gens qui nous découvrent que pour nous, dans le sens où on est prêts à défendre cet album sur scène, et aller plus loin, partager tout ça avec les auditeurs.

Le titre de l’album est en effet direct, et sous-entend « attendez-vous à beaucoup plus » !

Exactement, ce n’est qu’un début !

Un groupe de rock, c’est aussi la scène. Comment comptez vous défendre et présenter Ready for more sur les routes ?

On va le défendre sur scène en jouant le plus possible en France et à l’étranger. On a des concerts de prévus, mais l’agenda peine à se remplir… Etant indépendants, on a passé beaucoup de temps à préparer et finaliser cet album. Maintenant, on rentre dans la phase de promotion. Il faut d’abord faire connaitre notre album. On a quelques concerts de prévus : le 242 mai à Soisson, le 8 juin à Coulommiers, et quelques autres dates pendant l’été. Mais d’abord, on a besoin de faire écouter notre musique pour que les gens se déplacent aux concerts. Ce qu’on voudrait, c’est que les gens viennent pour nous voir, et pour qu’ils viennent, il faut qu’ils nous aient déjà entendus.

As-tu quelque chose à ajouter pour terminer cet entretien ?

Déjà je tiens à te remercier et j’espère que cette interview et ta chronique donneront envie aux gens d’écouter cet album. Et j’espère un jour venir jouer au Dropkick à Orléans. On est en train de voir si c’est possible.

Interview: NIGHTMARE

Interview NIGHTMARE. Entretien avec Yves CAMPION (basse) le 25 avril 2004

Yves, pour rappel, parce qu’on ne va pas revenir sur l’histoire de Nightmare : le groupe s’est formé en 1979 à Grenoble, a connu plusieurs line-ups et publie aujourd’hui son 12ème album studio, Encrypted. Cependant, revenons un peu en arrière : votre précédent album, Aeternam, est sorti en 2020. Une année qui évoque certains souvenirs pas toujours très agréables. Vous avez subi la crise sanitaire de plein fouet avec ce disque…

Tout à fait… On l’a même enregistré, pour tout te dire, en plein confinement. On se débrouillait pour rejoindre le studio. On sortait avec des autorisations…

En plus, vous n’habitez pas tous au même endroit, ça ne devait pas être facile de vous retrouver.

Avec Magie, ça pouvait se faire, mais… il fallait magouiller pour sortir de chez nous !

I’m just a rock’n’roll rebel ! (Il rit). Est-ce que cette période de crise sanitaire vous a permis, comme ce fut le cas pour de très nombreux autres musiciens et autres professionnels, de vous réinventer dans le cadre des enregistrements, avez-vous développé l’utilisation des outils que l’informatique moderne nous offre pour travailler à distance ?

On en a discuté un moment… Certains ont fait du stream, ont fait des concerts à distance… Nous, on n’était pas trop partants pour faire ça, on était vraiment sur l’album. On avait moins de stress en ce qui concerne la sortie, même si la maison de disques avait une date prévue… Il y avait une tournée prévue, elle était actée, mais il a fallu reporter les dates plusieurs fois. C’est une période où on n’avait pas trop de visibilité, mais d’un autre côté, on avait peut-être plus de temps pour travailler sur l’album, et être moins dans le stress de la deadline avec une date précise où il faut rendre les masters. On avait des deadlines, mais c’était plus souple.

Maintenant, 4 ans après, Encrypted sort. Il y a encore eu un changement de vocaliste. Vous avez quelques difficultés à vous stabiliser avec un ou une vocaliste. Maggie, un album, Madie, un album, et là, c’est le premier album de Barbara…

Tout à fait… Malheureusement…

C’est quoi, Yves Campion dictateur en chef ?

(Rires) Si c’était Yves Campion dictateur en chef, il n’y en a pas 4 autres qui m’auraient suivi ! Il faut être honnêtes, quand une personne s’en va, ou qui est virée, si ça se passe bien, en général, les autres ne sont pas d’accord… Ce n’est pas ce qu’on souhaite. On ne recrute pas quelqu’un pour se dire que ce n’est pas le bon… Maintenant, les choses se sont passées comme ça, on a toujours eu la chance de… « rebondir » de rester dans l’ascendant. Barbara, elle a été dans le bain dès le départ. On a joué au Full metal week end, à Majorque, au départ, on devait jouer 30’ et au final, on a joué 75’ ! On apprend ça 15 jours avant, elle a foncé dans le tas, elle a bossé comme une dingue et elle y est allée…

Elle n’avait pas vraiment le choix, non plus !

Oh, si, elle aurait pu nous dire que c’était trop tôt, aussi…

Oui, mais elle est jeune, il y a le côté « défi » de la prestation…

Oui, c’est exactement ça, elle l’a pris comme un défi.

Comment avez-vous sélectionné Barbara ? Combien de personnes avez-vous auditionnées et qu’est-ce qui a fait la différence ?

Comme on avait des dates, ça a été très compliqué. Matt connaissait quelqu’un, et sur les réseaux sociaux, ça va assez vite… On l’a contactée, on a discuté et… On n’avait pas 36 choix, on a joué, et ça s’est super bien passé, naturellement. Avec un peu de stress, quand même, parce qu’on n’avait qu’une personne. Il y a aussi une question d’implication, Barbara s’est tout de suite entièrement impliquée…

C’est votre troisième chanteuse. Est-ce qu’à un moment vous vous êtes dit que vous pouviez aussi revenir à un chanteur ?

C’est un challenge. On avait tenté à l’époque quand Joe et David sont partis en 2015. On a fait un pari, notre maison de disques nous a soutenus – « allez-y, faites un coup avec une chanteuse » – et avec Magalie, le public a suivi. Quand elle est partie, le label nous a dit de rester avec une chanteuse ; Forcément, deux chanteuses c’est deux identités différentes mais on a choisi de relever le défi et de garder ce cap.

Qu’apporte Barbara de plus que Maddie ? Dans votre bio, il est écrit qu’elle « transcende Nightmare amenant le groupe dans une autre dimension ».

Sans changer totalement d’identité, elle a un truc en plus : elle growle. Même dans les anciennes versions de Nightmare il y en a un peu, sur Genetic disorder on était parti sur des territoires extrêmes, des terrains qui n’étaient pas tout à fait les nôtres. Il y avait aussi Frank qui faisait des riffs beaucoup plus thrash… Alors, avoir une chanteuse qui growle vraiment bien nous a poussé à explorer ce panel. Sans vouloir dénaturer le groupe, non plus. Je pense qu’on a voulu réaliser un album très ambitieux d’un point de vue technique, et c’est pour ça qu’on a voulu explorer le chant…

Justement, tu parles de ce côté exploratoire. Comment, en dehors de l’arrivée de Barbara, analyses-tu l’évolution de Nightmare entre Aeternam et Encrypted ?

Beaucoup plus riche… Aeternam est un super album, mais là, je pense qu’on est dans un album beaucoup plus riche en termes de compositions. Là on est allé beaucoup plus loin. Sur le morceau Encrypted, par exemple, il y a un passage qui touche à Ihshan, dans les orchestrations, avec de la double, du blast. On a ouvert encore un peu plus le champ des possibles. On a utilisé le chant de Barbara sur des titres rapides, un peu à la Arch Enemy… Il y a des choses qu’on n’avait pas forcément testées avant… On explore sans dénaturer le groupe. Il y a d’ailleurs des morceaux très heavy metal old school, comme Wake the night, un peu à la Black Sabbath, mais ça reste du Nightmare. On a simplement poussé la direction artistique dans des zones un peu plus…vastes. Il y a des longues parties musicales, aussi… Matt, qui a composé une bonne partie de l’labum, est partie dans cette direction.

Tu parles de ces musiciens qui, aujourd’hui, forment depuis des années le noyau dur de Nightmare (il approuve). Quelle a été l’apport de Barbara ? Elle a eu son mot à dire ?

Même plus que ça, elle à même travaillé sur la direction artistique… C’est elle qui a lancé l’idée Encrypted, elle a écrit beaucoup de textes… Je travaille toujours beaucoup le chant, et on a essayé des choses, on a cherché à voir où ça brillait le plus, et, franchement, ça a été une étroite collaboration, un vrai travail d’équipe. Quand elle a écrit des textes, elle les a faits, et les a interprétés. Elle s’est vraiment appropriée ce qu’elle a écrit.

Elle a pris les choses à bras-le-corps… Quels sont les thèmes abordés sur Encrypted ?

Alors… Le thème général, parce qu’il n’y a pas de concept avec des morceaux liés… Chaque morceau est connecté à ce concept, lié au mot « Encrypted » : on a tous des vestiges du passé qui peuvent écrire l’histoire du futur. Tout est écrit. La fin de l’espèce humaine, le passage dans l’au-delà… Ce que le monde vit aujourd’hui, quoi !

Et il y a des thèmes qui, selon, vous, n’ont pas leur place dans Nightmare ?

On a toujours été, sauf un peu au début… On n’est pas Mass Hysteria ou No One, on n’est pas du tout un groupe politique. On est plus dans le mystique, la transcendance, dans l’ésotérisme. Il y a un groupe que je vénère depuis des années et qui continue de m’inspirer, c’est Crimson Glory. Ils ont sorti un chef-d’œuvre en 1987 et c’est toujours d’actualité. Transcendence est toujours un de mes albums de chevet…

Si tu devais ne retenir qu’un titre de Encrypted pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est Nightmare aujourd’hui, ce serait lequel ?

Je dirais qu’on a fait un bon choix avec le premier single, Saviours of the damned, c’est un titre rapide, au niveau de la ligne de chant, il est top, il monte crescendo. C’est un titre ultra catchy, du début à la fin. Je ne sais pas comment les gens le perçoivent et je suis curieux de le savoir…

Vous avez déjà annoncé quelques concerts sur votre site, et il y en a un qui me surprend : l’album sort au mois de juin et vous faites votre release party le… 17 octobre…

Alors, merci d’aborder le sujet ! Je voulais en parler, tu as bien fait de lancer le sujet ! C’est un concert qu’on veut historique et qui me tient vraiment à cœur : c’est le concert des 40 ans de l’album Waiting for the twilight qui était sortit en octobre 84. Tu vois la relation ? Et comme on s’est rabibochés avec Jo et David, on veut célébrer ça. On va présenter le nouvel album mais il y aura aussi le line up originel, avec les anciens, tous ceux qui ont participé à cet album. On va faire un double set, un best of, avec l’ancien et le nouveau Nightmare. On invite tout le monde à venir parce que ça va être ultra culte. Ça se passera chez nous, à Grenoble, à L’Illiade, une salle qu’on aime bien, qui a un super son. Tout ce que je peux dire aux gens qui n’ont pas encore leur billet, c’est : faites vite, les places partent très vite !

Un tel évènement sous-entend de garder des traces, donc il y aura un album live à suivre ?

On y travaille, c’est en discussion. Il y a bien sûr, toujours, le label dans la boucle. On y tient vraiment, tous, parce que ce n’est pas quelque chose qu’on pourra faire deux fois…

Et puis, il y a aussi le fait que réunir autant de personnes, ça ne se fait pas comme ça, il faut tenir compte des agendas de chacun…

Exactement. Et puis, avec Jo et david, on s’est retrouvés, que ça fait partie de notre vie… Avec Jo, on s’est simplement dit qu’il nous reste peut-être moins de temps à vivre que le temps qu’on a passé ensemble (rires). Ce serait quand même stupide de ne pas laisser une trace de ce type de moment. Dans une relation, il y a toujours des beaux moments et des choses moins belles… Alors rappelons nous des choses belles, on ne sait pas si on sera encore là demain. Dans 10 ans, on ne sait pas où on sera. Le fait qu’on se soit retrouvés avec David et Jo, c’est quelque chose qui me rend zen. Chacun a ses groupes, j’ai joué avec eux, c’est des super mecs. Il n’y a plus d’animosité, on est vraiment heureux de le faire.

Il y a aussi le retour de la Firemaster convention les 25 et 26 octobre à Châteauroux…

Oui, on y sera le 26 octobre, le jour de mon anniversaire !

Alors je viendrai le fêter avec toi ! il y a une belle affiche ce week end là, avec Tagada Jones, vous…

Oui, ça va être une belle date, aussi !

Quelle pourrait être la devise de Nightmare aujourd’hui ?

Pourquoi pas Encrypted ? Parce que tout est écrit… Et il y a aussi le karma. Après, on est croyant ou pas, mais souvent, quand on est négatif, on provoque le négatif et inversement.

Pour conclure, on le sait : dans le rock et dans le metal, très rares sont ceux qui vivent de leur musique. Quelles sont vos activités respectives dans vos autres vies, hors Nightmare ?

J’ai toujours été dans la musique puisque j’ai un magazine – Metallian – et une boite de prod. Frank travaille dans une usine qui fait des impressions de je sais pas quoi, Barbara est intermittente, Matt fait des petits boulots et Niels travaille chez un agent… Oui, on a tous un travail alimentaire à côté, bien sûr.

As-tu quelque chose à ajouter avant que nous ne terminions ?

Je pousse vraiment les gens à venir à ce concert d’octobre, même s’il y a des bornes à faire. Il y a toutes les infos sur le site et les réseaux, c’est assez facile à trouver et ça va être un concert ultra historique, il faut venir !

Interview: DEAD TREE SEEDS

Interview DEAD TREE SEEDS. Entretien avec Sidi (basse) le 17 avril 2024

Metal Eyes : La dernière fois que j’ai pu échanger avec Alex et Aurélien, c’était en 2021 pour la sortie de l’album Push the button en 2021. Depuis, vous avez sorti un Ep, Back to the seeds en 2022. Que s’est-il passé depuis ? Il y a eu d’autres sorties ou je n’ai rien raté ?

Sidi : Non, tu n’as rien raté du tout ! On a fait pas mal de concert, on a eu un nouveau chanteur, Franck Le Hard qui a remplacé Fanck Vortex et…

Il faut s’appeler Franck pour être chanteur chez vous ?

Apparemment, oui (rires) ! C’est le grand hasard qui a fait que… Après le départ de Franck Vortex, qui est parti revivre en Italie, et ne pouvait plus continuer, on a trouvé son remplaçant, Franck Le Hard, assez rapidement…

Il vient d’où, tu peux nous le présenter ?

Il a un gros passif dans le metal, il travaille avec plusieurs groupes. Il vient du Nord, d’Amiens, et on s’est rencontrés par le biais de Geoffroy Lebon, le guitariste de No Return qui est aussi du coin. On est proches, et quand il a su qu’on cherchait un chanteur, il est allé voir Franck pour lui dire qu’il connaissait un groupe qui cherchait quelqu’un… Il nous a fait la même chose : « il correspond exactement à vos attentes, il faut le rencontrer… » Alexandre, le batteur, l’a appelé, la communication entre eux s’est super bien passée et on l’a rencontré. Il a auditionné et… Geoffroy avait parfaitement raison, il correspondait parfaitement à nos attentes !

Puisqu’on parle de ce gros changement de line-up, qu’apporte-t-il de plus, de différent ? Quelles sont les différences entre Franck et Franck ?

J’irai même plus loin que ça : Franck Le Hard est à mi-chemin entre notre premier chanteur, Alban, qui avait un timbre de voix spécifique, et Franck Vortex. Lui, il fait le lien entre ces deux chanteurs. Son timbre se rapproche de chacun sur certaines parties spécifiques.

Il rentre donc parfaitement dans l’esprit thrash de Dead Tree Seeds. Il y a un nouvel album qui sort, quand on regarde l’évolution du groupe, le premier album est sorti en 2013, le second en 2020 et le nouveau en 2024. Le temps se resserre entre deux albums quand même…

(Rires) oui ! C’est le line-up qui est beaucoup plus stable. On a eu le temps, les guitaristes, le batteur et moi de composer, on a donné des concerts, et l’arrivée de Franck a aussi accéléré les choses. On avait prévu de sortir l’album à cette période.

On en avait en effet parlé avec Alex et Aurélien en 2021, ils m’avaient dit que l’album était prêt mais qu’il manquait quelques petites choses. J’imagine que Franck est arrivé après…

Oui, les morceaux étaient composés dans leur totalité, il restait quelques arrangements et quand Franck est arrivé, il avait pas mal de choses à apprendre – on avait des concerts à assurer – et il fallait aussi qu’il écrive des textes pour l’album qu’on devait finaliser au mois d’août pour une sortie maintenant. Donc il avait un temps très réduit pour écrire et enregistrer.

Sur les albums précédents, vous abordiez certains thèmes historiques. Quels sont les thèmes abordés sur Toxic thoughts ? On peut s’en faire une idée avec la pochette…

On est surtout axés sur les pensées toxiques que les hommes peuvent apporter par leur esprit malsain, dans tous les sens du terme. Toxic thoughts, pensées toxiques, peut même faire référence à une personne dont les pensées sont tellement négatives qu’il peut avoir un effet destructeur sur lui-même… C’est plus un aspect psychologique. Ça s’est fait de façon assez naturelle en voyant ce qu’il se passe autour de nous.

C’est un album qui ne tourne qu’autour de ces pensées toxiques ou vous abordez d’autres thèmes ?

C’est principalement au sujet de ces pensées humaines.

On peut parler de concept album ou pas ?

Ben, euh… Les retours qu’on a vont plus dans ce sens, en effet. Je ne peux pas le nier, mais ça n’a pas été un moteur de composition, c’est venu naturellement. On a procédé de la même manière que pour Push the button : on a composé, on a écouté le morceau, et au fil de l’eau, le morceau se finalise, le chanteur pose sa patte…

« Le chanteur a posé sa patte ». Il y a bien sûr le changement de chanteur, mais comment décrirais-tu l’évolution de Dead Tree Seeds entre Push the button et Toxic thoughts ?

Je pense que cet album est beaucoup plus abouti. Déjà, pour Push the button, on a voulu progresser au niveau du son, des compositions, on a essayé de faire les choses de manière un peu plus professionnelle. Le travail de composition était important, ainsi que le son. C’est pour ça qu’on est passés par un studio qui puisse nous offrir un gros son. Le changement de label également est important, parce qu’on voulait une meilleure visibilité. On était vraiment content de Music-records qui correspondait bien à ce qu’on cherchait à l’époque, maintenant, pour cet album, on voulait quelque chose de plus gros, avoir accès à plus de choses.

Pour défendre ce nouvel album, il y a des concerts prévus dont tu peux parler ?

Alors, on va le présenter (NdMP : la date étant passée, 19 avril, il faut lire « on l’a présenté ») le jour de la sortie au DemonFest à Outarville, on a fait Nantes, et, ça vient d’être annoncé, on sera au Off du Hellfest, et on a quelques dates qui vont arriver en septembre/octobre avec No Return.

Parlons un peu de musique : comment peux-tu me convaincre de filer acheter l’album à sa sortie ?

Alors… Si tu kiffes Megadeth, Testament, Kreator, Warbringer et toute cette grosse vague de thrash, ancienne ou nouvelle, alors tu vas adorer notre album ! On est vraiment dans cette optique thrash, on a accentué les morceaux et on joue beaucoup plus vite qu’avant.

Et si tu devais ne retenir qu’un seul titre de cet album qui permettrait à quelqu’un de comprendre ce qu’est aujourd’hui Dead Tree Seeds ?

Je ne vais pas te donner un titre, je vais t’en donner deux…

Non, un seul me suffit, c’est bien ma question !

(Rires) Alors Pure hate. C’est un titre direct, intense, plutôt bien construit avec une super rythmique, un solo qui est plutôt pas mal et la voix de Franck met tout le monde d’accord. Et c’est le premier titre de l’album qui fait aussi l’objet d’un clip, sorti le même jour que l’album.

On le sait pertinemment : un groupe de rock français, qui plus est de metal, vit très rarement de sa musique. Quelles sont vos activités dans vos autres vies, en dehors du groupe ?

Moi, je suis co-gérant d’une boite de nettoyage et de sécurité, ça me prend pas mal de temps… François est professeur des écoles, Aurélien est maitre-nageur, Alexandre travaille pour la mairie de Mantes la Jolie et Franck travaille au Carter studios du côté d’Amiens, lui est vraiment dans la musique. Donc des univers professionnels complètement différents.

Pour conclure, quelle pourrait être la devise de Dead Tree Seeds ?

Là comme ça ? Je ne sais pas, tu me poses une colle… « faire de la musique et partager en live »… C’est ce qui me motive, donner des concerts et aller voir le public, présenter nos morceaux et partager du bon temps avec les gens.

Souhaites-tu ajouter quelque chose avant que nous nous quittions ?

Oui : sur cet album, il y a une petite partie inédite, sur le morceau Compondium. C’est un morceau instrumental qu’on a axé sur des solos, et sur ce titre, on a des potes qui sont venus faire un solo. Tu retrouveras vraiment l’ambiance et une diversité de solos sur ce titre.