Interview KORITNI

Interview KORITNI – entretien avec Lex Koritni (chant) – propos recueillis le 16 mai 2023

Koritni 2023 © Nidhal Marzouk

Lex, nous échangeons aujourd’hui pour que tu puisses nous parler du – enfin, après 5 ans d’attente – nouvel album de Koritni, Long overdue. C’est bien ça ?

Exactement ! Ça fait 5 ans, en effet ! Je n’étais pas en train de méditer en forêt…

C’est pourtant ce qu’on m’a dit…

(Rires) J’étais peut être en forêt saoul et inconscient, mais pas en méditation. Même si, parfois, j’aime prendre le temps de méditer…

Long Overdue arrive 5 ans après Rolling, ton précédent album. Entre-temps, il y a eu le passage du Covid, qui a sans doute affecté la conception de ce nouvel album, et du groupe qui a vu de nombreux changements. Comment as-tu vécu ces 2 années de crise sanitaire ?

En réalité, le Covid a été incroyable pour moi ! J’ai apprécié chaque minute de la crise sanitaire, vraiment. A la fin de 2019, j’ai acheté une maison, j’ai quitté un appartement de merde à Paris, et je suis arrivé en pleine forêt, à côté de Saint Germain en Laye. Je pensais qu’il me faudrait un an et demi, deux ans pour rénover cette maison. J’ai un jardin, je suis à 2 minutes à pied de la forêt. Le Covid m’a donné la possibilité de travailler dans la maison. Personne ne pouvait travailler… Si… mon épouse pouvait travailler de la maison, moi pas. J’ai pu tout rénover en 6 mois au lieu de deux ans. J’ai pu installer un barbecue, j’ai acheté un chien, je me suis occupé de son dressage, ce qui n’était pas pénible parce que j’étais présent H24 pendant 2 ans, on a fait un bébé et j’ai une fille, ce qui est génial, et… J’ai fait un album ! Ça m’a donc permis de me poser, réapprendre la guitare – j’ai toutes les infos sur comment jouer dans la tête mais mes muscles et mes mains sont si paresseux qu’ils ont tout oublié ! Ça m’a donné plein de temps pour me réentraîner et composer un nouvel album. Si tu peux écouter cet album c’est grâce au Covid (rires) !

Le groupe a changé depuis Rolling. Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre ces deux albums ? j’imagine que l’apport de nouveaux musiciens a eu un impact sur le processus d’enregistrement…

Pas vraiment, en fait… Je suis un super enfoiré de dictateur totalitaire…Il y a une raison pour laquelle je produis chacun de mes albums… C’est moi qui suis en studio pour enregistrer, pour obtenir le son. C’est la raison pour laquelle cet album sonne comme un disque de dictateur, je suis le capitaine du navire. J’ai tout écrit, j’ai programmé la batterie, j’ai enregistré la basse… puis j’ai tout donné aux musiciens. Heureusement, la batterie sur l’album est meilleure que ce que j’aurai pu programmer, car il y a aussi la personnalité du batteur. Ce qui importe pour moi, en matière de batterie, c’est la construction du rythme, le groove de la basse et les riffs de guitare. Les musiciens ont apporté leurs couleurs mais ça sonne toujours comme un album de Koritni car je suis le maître à bord et… c’est mon nom sur le disque ! Si je faisais partie d’un autre groupe dont je ne serai que le chanteur, ça pourrait sonner différemment. Pour ce nouvel album, j’ai tout écrit à l’exception de Funny farm qui a été composé avec Tom Frémont – c’est un super guitariste et un très bon ami. Pour le prochain album, on travaillera différemment, je pense. Je trouve que ce groupe sonne vraiment bien, on a répété ensemble et tout le monde est plus que compétent. Donc le prochain album, nous le travaillerons ensemble, ce ne sera plus seulement moi en tant que trou du cul totalitaire ! Tom et moi avons déjà écrit deux morceaux ensemble, et on va continuer avec le groupe.

Donc il y aura un peu plus de démocratie sur le prochain album…

Va te faire foutre, non, il n’y aura pas de démocratie ! (Rires) Mais il y aura plus d’apport et d’échange d’idées. Les paysans lèveront la main mais je les écraserai quand même (rires) !

Et ton évolution entre ces deux albums ?

Je n’en vois pas vraiment, il y a toujours une partie de titres électriques, d’autres plus soft… Je ne réfléchis plus en termes de satisfaction des fans, je cherche d’abord à me faire plaisir, et c’est déjà assez compliqué ! Si ça plait aux fans, tant mieux, sinon… Je fais de mon mieux, en tout cas. Ce n’est qu’un moment de ma vie, de ce que je vis. La seule véritable évolution musicale, si tu compares à Green Dollar Colour, mon premier groupe, ou Lady luck, mon premier album avec Koritni… J’étais un gamin, tu écoutes certains titres, et tu te dis : « ok, sympa ». Il y a plus de maturité et, depuis Game of fools, je crois que j’ai trouvé mon identité vocale. Depuis, je continue sur le même chemin musical, et c’est toujours la même destination. Je crois que je n’ai pas tant évolué, j’ai plutôt trouvé une méthode qui me convient pour écrire de la musique avec mes tripes et mon âme et me donner à 100% pour ceux qui apprécient ce que je fais.

Imaginons que quelqu’un découvre Koritni aujourd’hui, comment lui décrirais-tu ta musique pour le convaincre d’écouter Koritni ?

Hum… Je crois que je commencerai par lui dire d’aller chercher une bière fraiche, qui est indissociable du rock – un peu comme cette putain de musique électro l’est de l’ecstasy… On a besoin de drogues pour écouter de la musique de merde un peu comme on a besoin de bière pour écouter du rock et du blues. Prends une bière, monte le son, et laisse-toi porter ! C’est l’esprit de Koritni, et de n’importe quel groupe de hard rock, Airbourne, AD/DC, The Poor, Angel City, Rose Tattoo… Si tu n’aimes pas la bière et le rock, ce n’est pas une bonne idée ! Le rock et la bière, c’est un peu comme des patates et du fromage à raclette : ça fonctionne à tous les coups !

Tu l’as précisé : tu as acheté une maison en France, où tu vis depuis plus de 10 ans. Comment va ton français aujourd’hui ?

(En français) C’est pas mal. Cette année j’ai fait toutes mes interviews en français… sauf avec toi !

(Reprise en anglais) Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce nouvel album, Long overdue, pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Koritni aujourd’hui, lequel choisirais-tu ? Pas ton préféré, simplement celui qui vous représente le plus ?

Je dirai No strings attached, qui est aussi un de mes préférés. Parce qu’il débute avec Tom Frémont qui joue un putain de blues lent, un peu comme une chanson de Popa Chubby avant de monter en puissance. Je trouve qu’il y a du blues, un putain de rythme, une mélodie au top, et tu ne peux pas t’empêcher de taper du pied. Et tu ne peux pas t’empêcher d’aller ouvrir ton frigo et choper une bière (rires). Je pense que c’est une bonne introduction pour n’importe qui ne connait pas Koritni. C’est à la fois basique et technique.

L’album contient 12 titres et débute justement avec No strings attached. Est-ce aussi un moyen de dire « bon vent » à tes anciens compagnons de jeu ?

Non, mais c’est un point de vue intéressant, une bonne analogie. Je la garde, j’aime bien l’idée ! Ce n’était pas mon idée à la base, mais, oui ! c’était bien mon message (rires) ! En anglais, « no strings attached » signifie plutôt la liberté sexuelle, le libertinage. Mais mon idée c’était plutôt qu’on est comme des marionnettes, alors coupons nos liens et vivons librement. Il y a plusieurs interprétations possibles, mais ce que j’avais en tête c’était plutôt ça. Il y a des journalistes qui ont mis le doigt sur d’autres interprétations auxquelles je n’avais pas pensé, et elles fonctionnent aussi. C’est bien là le but d’écrire des chansons, de l’art en générale : une fois que j’ai terminé ma chanson, chacun l’interprète comme il le souhaite. Parfois mieux que moi ! Je préfère largement ton interprétation qui est bien plus intelligente que ce dont j’avais l’intention (rires) !

No strings attached peut aussi faire penser aux cordes de guitares. Mais s’il n’yen a pas, sur quoi joues-tu ?

Je suis le chanteur, alors j’en ai rien à foutre (rires) ! Maintenant, on peut aussi penser aux cordes : power chords, cordes vocales, allez, on peut explorer cette idée aussi !

Quelle pourrait être la devise de Koritni en 2023 ?

La devise de Koritni ? Ah… Tu a des questions emmerdantes, mec ! Je dois étudier pour répondre à ce genre de connerie ! Je n’ai pas de réponse toute faite… « Entrons tous dans cette pièce, jouons de la musique, donnez-moi la chair de poule et buvons un coup après la répétition ! » On n’a pas de devise, même si à la fin de chaque concert je termine en disant « Vous avez été géniaux, nous avons été Koritni ». Le public est toujours au top, et c’est à lui de décider qi on a été bons ou pas.

Un concert est prévu aux Etoiles à Paris le 2 juin. Quels sont vos autres projets de concerts ?

Après ce concert, on file en Espagne pour un festival à côté de Bilbao, un autre à Mulhouse… Ce sont pour le moment les seules dates annoncées mais d’autres sont en cours. Je suis mauvais avec les chiffres, je suis musicien, je ne sais compter que jusqu’à 4 ! On a un groupe WhatsApp et notre management nous propose des dates. Chacun répond OK ou pas en fonction de ses disponibilités. Il y a cependant d’autres dates qui arrivent.

Vous êtes toujours signés par Verycords, avec qui vous travaillez depuis 2012…

Oui, à peu près. Je ne suis pas capable de compter aussi loin ! Mais c’est une super équipe ! Un journaliste m’a rappelé il y a peu que nous étions la première signature de Verycords ! Les gens qui travaillent là-bas, les filles, l’équipe, ce sont vraiment des gens super, ils nous ont toujours soutenu depuis le premier jour. Pas de pression, un appel de temps en temps pour vérifier si je suis toujours en vie, et je pense que notre relation est faite pour durer. Je ne peux rien dire de négatif à leur sujet.

As-tu quelque chose à ajouter pour conclure ?

Non… Je crois que nous avons fait le tour… Tu m’as posé quelques questions agaçantes, qui m’ont donné l’impression d’être naze, mais je t’en remercie, ça change des questions de merde habituelles ! Encore une fois, si tu veux découvrir Koritni, commence par quelque chose de cool, du blues, Gary Moore, et monte en puissance avec AC/DC, Airbourne puis nous, et va choper une bière !

 

 

 

Interview ASTRAYED PLACE

Interview ASTRAYED PLACE – entretien avec Maxime (guitare rythmique) le 5 mai 2023

Astrayed Place vient de sortir son album Edge of the mist. C’est la première fois que nous parlons, alors que peux-tu me dire au sujet de l’histoire et de la formation du groupe ?

Je vais te résumer le parcours parce que je suis arrivé plus tard… Astrayed Place est un groupe qui s’est formé au lycée vers 2015 et s’est stabilisée avec 7 membres qui ont sorti un Ep, Memento mori. Un Ep assez juvénile, avec des aspirations très Linkin Park, ce qu’on pouvait écouter à l’époque. Je suis arrivé au moment de l’Ep The fall, sur lequel je n’ai pas trop mis ma patte. Il est sorti en 2020… Après, il y a eu le confinement. On commençait à travailler sur Edge of the mist et le confinement nous a bien freinés… On en a chacun profité pour s’améliorer et on est revenus avec plein d’idées, de technique… Edge of the mist est un album assez complet. On pourrait croire que ça part dans toutes les directions, mais ce sont plutôt des dérapages contrôlés. On ne voulait pas s’enfermer dans un style contrôlé mais plutôt montrer les différentes facettes des styles qu’on veut faire.

Alors, justement : comment décrirais-tu la musique d’Astrayed Place à quelqu’un qui ne vous connait pas et qui voudrait vous découvrir ?

Alors, ça, c’est la question difficile aujourd’hui… Décrire le style est compliqué parce qu’on a tellement d’influences différentes… C’est vraiment un mix de choses calmes et énervées, mais on n’a pas de style vraiment défini. S’il faut vraiment ettre une étiquette, je pense que Metal alternatif çapasse bien.

Oui, un peu passe partout, en fait. C’est plus que ça : quand j’ai écouté l’album, j’ai entendu du prog, du heavy traditionnel, du death, du thrash (il approuve) … Bref, vous ratissez assez large…

On n’a pas voulu s’enfermer dans un style. On a voulu garder une ligne directrice, mais si on a envie que l’album sonne thrash, on y va !

Tu as un peu plus participé à la composition de l’album. As-tu apporté quelque chose de plus au groupe depuis ton arrivée, selon toi ?

Quelque chose de plus ? Non, je ne pense pas. On propose des démos, tous, et soit la démo est validée par l’ensemble du groupe et on y apporte plus de chose, notamment du chant, soit elle reste dans les tiroirs et on peut la ressortir plus tard en la retravaillant. Il n’y a qu’un morceau qui ait été fait à l’envers, l’exception à la règle : Broken flower est le seul morceau pour lequel on a eu les paroles et on a mis la musique après. D’autres, comme Voices, sont simplement sorti d’un riff au cours d’une jam, et le reste est venu après. Mais certains, on a mis des semaines avant de les finaliser…             

Donc, il n’y a pas de règle particulière… Puisque décrire la musique est assez complexe, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Edge of the mist pour décrire à quelqu’un ce qu’est Astrayed Place, ce serait lequel ?

Alors là, la réponse va changer en fonction du membre à qui tu poses la question. Pour moi, celui qui serait le plus représentatif, c’est Waves of pain. C’est vraiment la fusion de tout ce qu’on peut faire : il y a de la mélodie, du growl, du chant plus cool, ça booste, c’est plus lent, on y trouve vraiment tout.

Vous avez un chant double…

Sur l’album, il y a même un chant triple… Sur Reflections, on a trois chanteurs, mais malheureusement, un des chanteurs a quitté le groupe après avoir enregistré toutes ses parties. Il a préféré ne pas continuer l’aventure… Il ne reste plus que deux chanteurs, et on est bien à 6. Et franchement, on est un petit groupe, et trouver des salles où on puisse avoir de la place à 7, c’est pas évident…

Et ça fait moins de frais en hôtel et en nourriture (il se marre). Comment, en dehors de la perte d’un chanteur, comment analyses-tu l’évolution du groupe entre The Fall et Edge of the mist ?

La courbe est vraiment montante. Il n’y arien à voir entre les deux, on a beaucoup pris en maturité, chacun de notre côté, que ce soit au niveau personnel ou instrumental. J’aime bien dire que c’est comme un escalier : en bas, il y a Memento mori, on commence à monter et il y a The fall et en haut, on a Edge of the mist.

Mais vous n’êtes pas encore arrivés en haut de l’escalier… Pour le moment, il y a ce Edge à défendre

On veut d’abord le défendre, on y a mis beaucoup de temps et d’énergie, c’est un projet dont on est vraiment fiers.

Un groupe de rock c’est également la scène. Quels sont vos projets pour défendre cet album ?

On a déjà une date le 28 mai au Klub, à Paris. On attend d’autres dates, et on a vraiment envie de le présenter. On adore être face au public, et déjà avant la sortie, on en jouait deux ou trois morceaux et les gens ont vraiment aimé.

Tu te rends compte qu’une date au Klub, à 6, vous remplissez déjà la salle ?

(Rires) Ah, donc tu connais ? Oui, en effet, mais on a l’habitude des petites salles, et le Klub, l’ambiance monte vite. On trouvera bien quelque chose pour être à l’aise…

Si tu devais penser à une devise pour Astrayed Place, ce serait quoi ?

Euh… Pas facile… Il y a un truc qu’on se dit, et ça pourrait être ça : Between soft and fury, cross the mist.

Donc la brume est quand même dangereuse (il rit). As-tu quelque chose à rajouter pour conclure cet entretien ?

Pas spécialement, mais si vous voulez nous faire des retours ou des commentaires à l’écoute de l’album, n’hésitez pas à nous contacter sur nos réseaux, ça nous fera très plaisir de vous répondre !

 

Interview: CARCARIASS

Interview CARCARIASS – entretien avec Pascal (guitare) le 28 avril 2023

Retrouvez aussi la chronique d’Afterworld ici

Avant de parler du nouvel album de Carcariass, je voudrais faire un rapide retour en arrière. Planet chaos était sorti fin 2019, j’avais pu en parler avec Raphaël (basse) fin janvier/début février 2020 à Paris et puis, personne ne la vue venir, il y a eu la crise sanitaire. J’imagine que, pile au moment de soutenir un album, ça a dû vous frustrer, ce Covid…

Ça, on peut le dire… C’est arrivé pile au mauvais moment, on avait pas mal de dates de bookées, on était fins prêts pour démarrer les concerts et tout s’est arrêté d’un coup. Maintenant, tous les groupes étaient logés à la même enseigne, bien sûr, mais ça nous a bien frustrés, pas mal démotivés, aussi, surtout que personne ne savait comment ça allait se terminer… Je ne me suis pas découragé, j’ai commencé à travailler sur de nouveaux morceaux, j’ai repris ma gratte, j’ai bossé sur l’ordi… J’ai composé tout Afterworld en quelques mois… C’était assez incroyable, d’autant que je suis vraiment parti d’une page blanche. Autant Planet chaos était plus l’accumulation de plans que j’avais gardés pendant nos 10 ans de break, là c’était la page blanche. Tout est sorti comme ça, c’était incroyable. Comme si j’étais possédé, je ne sais pas ! Quelque chose de magique.

Avant de parler du contenu musical, est-ce que le titre, Afterworld, a quelque chose à voir avec la crise sanitaire ?

Consciemment, je ne sais pas. Inconsciemment, je pense que oui, on a tous vécu la même chose, les mêmes doutes. C’est vrai que le titre et les paroles… Tout a été quelque part influencé par la situation. La musique, aussi, peut-être, pour le côté plus dépressif qu’il y a.

Je n’ai pas vraiment ressenti d’aspect « dépressif ». Tu le traduis par quoi ?

(Il rit) Ok… alors, c’est un échec (rires). C’est un peu lié au feedback que j’ai eu, si tu ne le trouve pas dépressif, tant mieux. C’est plus dans les compositions un peu plus tristes, mélancoliques…

Mélancoliques, peut-être… Mais « dépressif » n’est pas le premier adjectif que j’aurai utilisé.

Chacun a son ressenti. Je le vois un peu dépressif, les autres membres du groupe le verront différemment.

Au-delà de ce terme « dépressif », comment analyserais-tu l’évolution de Carcariass entre vos deux derniers albums ?

Je pense qu’il y a une certaine continuité entre ces deux albums. Sur Planet chaos, la grande nouveauté c’était l’arrivée de Jérôme. Pour celui-ci, on a vraiment exploité ses capacités de chanteur. Quand Jérôme est arrivé pour Planet Chaos, l’album était presque terminé. Ce qui s’est passé, c’est qu’on a fait un test pour un morceau avec lui, et on a été assez enthousiastes par rapport à ce qu’il avait fait et on lui a demandé s’il voulait essayer d’autres morceaux, ce qu’il a accepté. Du coup, on a tout enregistré avec Jérôme, on l’a intégré au groupe. Il ne s’y attendait pas, et ensuite, on a raté plein de concerts, on a travaillé sur cet album et cette fois, j’espère qu’on va pouvoir l’exploiter et le défendre sur scène.

Pour quelqu’un qui ne connaitrait pas Carcariass, comment lui décrirais-tu votre musique pour l’inciter à vous écouter ?

Déjà, il ne faut pas nous coller d’étiquette… On essaie avant tout d’accentuer le côté musical des choses, ce qui passe avant tout. On cherche à faire une musique qui inspire des images aux gens, tout en gardant un certain punch pour que les gens ne s’endorment pas.

On a non seulement ce titre d’album, Afterworld, qui est également la chanson qui clôt l’album, l’illustrations très post apocalyptique, les titres eux-mêmes – No aftermath, Angst, Fallen empire… Quels sont les thèmes principalement abordés par Carcariass dans cet album ?

En règle générale, ça tourne autour de la SF, de la maladie, la drogue, des trucs très joyeux… On n’a rien inventé, on n’essaie pas de faire passer de message particulier.

Dans ce cas, prenons les choses dans le sens inverse ; y a-t-il des thèmes qui n’ont pas leur place au sein de Carcariass ?

Alors, là, oui… Il y a quand même quelques règles : tout ce qui est politique, religieux, qui pourrait être sujet à conflits, on essaie d’éviter. On est là pour faire de la musique, pas pour se prendre la tête. On reste dans un cadre assez neutre, liés à la SF, ce qu’on partage avec tous les membres du groupe. Le sujet est assez vaste…

Est-ce que le fait d’intégrer un nouveau membre a changé votre façon de composer ?

Oui, clairement. Déjà, à l’époque de Planet Chaos j’avais un peu changé mon approche : je composais la musique entièrement et ensuite, avec Raphaël, on posait les lignes de chant. Je cherchais un semblant de structure… Pour le dernier, avec un super chanteur, il fallait vraiment l’impliquer et le mettre en avant. J’ai fait des compos un peu plus « classiques » dans la structure, tout en gardant pas mal de parties mélodiques, et Jérôme a apporté ses lignes. Avant, Raphaël, qui est bassiste, avait une approche plus foncièrement death. Et c’est pas facile de concilier le chant et son instrument. Là, il se concentre sur sa basse et Jérôme se charge du reste, vocalement. De temps en temps, en live, il fait les backing vocals et ça donne un résultat sympathique.

Tu parles de la scène… Quels sont vos projets ?

Pour le moment, on n’a rien de confirmé. La reprise est un peu compliquée, surtout depuis Covid… S’intégrer dans les festivals, c’est difficile, ils sont complètement full… La dernière date qu’on a faite, c’était à Genève en première partie de Samael. C’était très cool, la première fois qu’on présentait Afterworld sur scène et on a eu des retours très positifs du public. Je pense que ça va être encore difficile cette année, peut-être l’année prochaine et pour tous les groupes.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de Afterworld pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Carcariass aujourd’hui, celui qui est le plus représentatif, ce serait lequel ?

Là c’est difficile… L’album est assez varié ? Lequel serait le plus représentatif ? Je dirais – c’est aussi mon préféré, mais je pense que tu vas aussi me demander quel est mon préféré…

Non, pas du tout, seulement le plus représentatif, c’est tout !

Alors je dirais Identity, parce qu’il a toute la structure des anciens morceaux de Carcariass et tout ce qui fait le Carcariass d’aujourd’hui, avec le chant de Jérôme et des structures actuelles. No aftermath, c’est un titre avec deux plans, ce qu’on n’a jamais fait avant, mais il n’est pas représentatif de l’esprit d’aujourd’hui. Identity est plus adapté. Et c’est celui que je préfère…

Si tu devais penser à une devise pour Carcariass, ce serait quoi ?

« Toujours s’améliorer ». Ça a toujours été le cas, et ça le reste : je travaille toujours mon instrument, je veux que les autres dans le groupe le fasse aussi pour être toujours meilleurs. Toujours faire mieux, et j’espère qu’on ne s’arrêtera pas de si tôt.

 

 

Interview PRAETOR

Interview PRAETOR. Entretien avec Alex (guitares, le 24 avril 2023)

Commençons avec une question originale et décalée, peut-être même la trouveras-tu impertinente : quelle est l’histoire de Praetor, qui vient de sortir son premier album ?

C’est tout simplement l’histoire de gens qui jouent ensemble dans d’autres groupes et qui ont envie de faire quelque chose ensemble et de jouer quelque chose qui leur plait, à savoir du thrash. Donc on s’est réuni et on a monté un groupe. C’est simple !

Le groupe est formé en 2019. Vous êtes 4, venant de Lost In Pain, Kryzees… (Il confirme). Tu disais à l’instant vous être réunis pour jouer de la musique qui vous plait, ça veut dire que ce que vous jouez avec les autres groupes ne vous plait pas ?

(Il rit) Non, absolument pas ! Hugo joue du thrash avec Lost in Pain, mais un thrash vraiment… « gentil », Kryzees c’est du heavy plutôt rock, Noémie c’est du… hard rock féminin… Et ce qu’on avait envie de faire, c’est du thrash violent. On voulait faire notre propre musique, simplement.

Vous vous connaissiez déjà avant ?

Oui, je joue dans différents tribute, Metallica, Megadeth, Sepultura, Pantera et chacun des autres joue dans l’un d’eux.

Donc vous vous connaissiez plutôt bien et ça semble assez naturel de monter un groupe avec des compos originales…

C’est exactement ça. Avec les 4 tribute, on est 10 musiciens, parfois ont partait en tournée ensemble. Et on s’est simplement retrouvé autour d’un groupe commun. Il y a eu des aléas, mais…

Le groupe ayant été formé en 2019, parmi les aléas, j’imagine que le Covid est passé par là…

Ah, carrément ! initialement, on devait donner notre premier concert je crois deux semaines après le confinement. On nous a coupé l’herbe sous le pied. Comme tout le monde, en fait.

Si tu devais décrire la musique de Praetor à quelqu’un qui ne vous connais pas, que lui dirais-tu ? Tu as beaucoup utilisé le mot thrash, mais est-ce tout ce qu’il y a ?

Oui, en partie… Dans le groupe, on a balayé entre guillemets toutes les autres influences. On entend régulièrement thrash death, crossover avec un chant plus punk… Nous on est, je crois, plus dans le thrash traditionnel : c’est très frontal, droit au but, les morceaux sont courts et, j’espère, efficaces.

Votre bio citre des influences assez classiques, comme Slayer, Metallica, Testament ou Anthrax. Lorsque j’écoute, j’y trouve aussi des choses plus rugueuses, comme Death Angel ou Nuclear Assault. Ils font partie de vos influences ?

Honnêtement, non. J’écoute Death Angel, Noémie aussi, mais ça ne fait pas partie de nos groupes phares. Tu n’es pas le premier à dire que ça ressemble aussi à Death Angel ou Nuclear Assault, donc c’est probable. Mais c’est plus un concours de circonstances mais ça ne fait pas partie de nos influences prédominantes. Ce qui nous fédère, qui nous a passionnés, c’est Metallica, Slayer, le thrash américain des années 80 à 90.

Revenons à votre album : il comporte 10 titres. Comment avez-vous procédé pour la composition ?

Il y a deux façons de faire : d’une part, Noémie qui vient avec des riffs, me les montre et on les travaille tous les deux en répèt, on en fait un morceau. Après, Hugo ramène son chant, deux trois bricoles et Seb pareil avec des ajouts à la basse. D’un autre côté, Hugo arrive avec des morceaux quasiment finis et là, on travaille beaucoup moins ensemble sur la compo. C’est sa composition et on vient simplement rajouter des détails par-dessus.

Vous êtes un groupe de thrash et le premier morceau de l’album s’appelle No return. Un lien avec le groupe français ?

(Il rit) Alors, ça n’a rien à voir, même si naturellement on les connait. Avec Noémie, on a une asso qui produit des concerts et on a déjà produit No Return, on se connait, mais, non, c’est simplement le premier morceau de l’album. C’est Hugo qui écrit les paroles et qui décide des titres. Je ne sais même pas s’il les connait, il n’est pas Français, il est Luxembourgeois.

Comme tu viens de le dire, c’est Hugo qui écrit les paroles, Hugo serait sans doute mieux placé pour me répondre : quels sont les thèmes abordés dans les textes ?

Globalement, on parle des maux de la société. Il y a une certaine esthétique, maintenant chacun pourra en tirer son interprétation, on n’est pas là pour donner des leçons non plus. Donc on parle des maux de la société, du monde moderne et de ses dérives. Le sujet est assez inépuisable (rires) !

Et y a-t-il des sujets que vous ne souhaitez pas aborder, qui n’ont pas leur place dans Praetor ?

On n’en a pas discuté… On est tous plus ou moins engagés, on a plein de valeurs en commun. On laisse Hugo totalement libre d’écrire ce qu’il souhaite et je ne vois pas pourquoi on se, on le briderait.

Si tu devais ne retenir qu’un titre de ce premier album pour inciter quelqu’un à se plonger dedans, un morceau qui soit vraiment représentatif de ce qu’est Praetor, lequel choisirais-tu ?

Je pense que ce serait Mass extinction. Parce que c’est un titre qui est très frontal, qui a un riff simple qui reste en tête, qui va vite. C’est très représentatif de ce qu’on fait, je pense.

Avec vos autres expériences, vous êtes habitués à la scène (il confirme). Y a-t-il des choses prévues en matière de concerts pour défendre cet album ?

On est fait pour la scène, c’est notre point fort. Là où on peut se distinguer, c’est justement la scène où on est super énergiques. Notre idée, c’est de faire un maximum de concerts. Je n’ai pas les dates en têtes, mais on a des dates au Portugal, en Hollande, Belgique, Allemagne, république tchèque, certainement en France aussi… On peut trouver les dates sur nos réseaux sociaux.

Si tu devais penser à une devise pour Praetor, ce serait quoi ?

(Il rit) la devise des Mousquetaires : « un pour tous, et tous pour un ! » On forme un groupe, on est potes, on s’entend bien, on s’aime, tout simplement. Au niveau position, il n’y a pas de qui fait quoi, tout ce qu’on peut toucher, c’est divisé par quatre. On est l’entité Praetor.

Tu parles des Mousquetaires… Vous êtes quatre, ils sont quatre, alors… Qui est qui ?

(Il se marre franchement) Alors, le gros, c’est Seb, ça doit être Portos… le blond, Aramis, ça doit être moi… D’Artagnan, c’est plutôt Noémie et Athos, le Portugais, c’est notre ami c’est Hugo !

STORMHAVEN: Blindsight

France, Metal (M&O, 2023)

Avec sa pochette très SF, son logo, bref, son visuel très attirant, pas étonnant que je glisse ce Blindsight de Stormhaven dans mon lecteur CD (eh, oui… Il y en a encore…) Mais dès les premiers hurlements enragés de Fracture, le morceau qui introduit cet album (car il s’agit bien d’un album malgré ses seulement 6 titres), je fais demi tour. Cependant, quelque chose me retient… Et rapidement, Stormahaven me surprend. Par la diversité des instrumentations qui composent ce premier titre, par la variété des styles musicaux explorés, aussi. Le death ou le black ne sont jamais loin, certes, mais le groupe démontre rapidement naviguer avec bonheur non pas en eaux troubles mais d’univers en univers variés (certains passages m’évoquent même Rush!) Le brutal frôle souvent le power metal, voire le progressif – ah, tiens, je viens d’en citer un des maitres…). Le prog n’est pas du tout une évidence avec le premier titre, Fracture, remarque qui fait rire Zach (guitare et chant): « en effet, oui! Il faut s’accrocher! Ce que je voulais pour cet album, c’est quelque chose qu’on n’avait pas fait avant: pas d’intro, une explosion et c’est direct dans la gueule. On voulait mélanger ça avec quelque chose de plus énervé que ce qu’on avait fait jusque là, avec des morceaux plus longs, développer des histoires avec le chant tout au long de l’album. L’album précédent, Liquid imagery, je l’avais plus pensé comme un long morceau d’une heure. Là, même si j’ai voulu une cohérence dans l’ordre des titres, chacun peut être pris séparément et tient la route seul« . Le groupe toulousain formé en 2010 pourrait franchir un pas supplémentaire avec ce quatrième album varié et entrainant. Jamais avare de démonstration (dans le bon sens du terme, svp), ce disque est empli de ces petites trouvailles qui font la différence. La période de crise sanitaire a-t-elle d’ailleurs eu un impact sur le groupe qui  n’a pu correctement défendre Liquid imagery, sorti en 2019? « Pas vraiment, je n’attends pas de défendre un album sur scène pour continuer de composer. Blindsight était prêt assez rapidement après Liquid imagery. Mais on ne savait pas trop si on attendait ou pas pour le sortir. Personne ne savait ce qui allait se passer. On a décidé d’avancer, de passer à autre chose. On avance et on vise un peu plus haut en matière de production, de com et de promotion. » Le titre de l’album, Blindsight (aveuglement) fait-il référence à ce manque de vision que nous a offert la crise sanitaire ou est-ce autre chose? « Il se trouve qu’on peut faire pas mal de parallèles, mais ce n’était pas pensé ainsi. L’idée c’est qu’on suit un personnage qui a subi un accident, un évènement marquant assez violent – d’où le premier titre, Fracture. Ensuite, il perd la vue et il développe des pouvoirs un peu plus mystique de clairvoyance et autres. On ne sait pas trop s’il voyage mentalement ou physiquement, il rencontre des personnes… On suit ce voyage tout au long de ‘album« . Bref, une approche conceptuelle qui se rapproche de l’esprit prog. Quand on lui demande comment le groupe a évolué entre ses deux derniers albums, Zach répond d’un « Ouh la!… je dirai que j’assume sans doute plus mon approche rock prog, qui est, pour moi, l’influence majeure que je revendique et que je ne mettais pas autant en avant que je l’aurai voulu. Et d’un point de vue humain, il y a eu un changement de line-up avec l’arrivée d’un nouveau batteur et d’un nouveau claviers, donc un changement d’équilibre, une organisation différente à trouver. Comme je le disais, on se concentre plus sur la promo, la communication, alors qu’à la base on est une bande de mecs qui aiment jouer de la musique ». Zach approuve entièrement le terme de professionnalisation que je lui propose en résumé de ses propos. « On s’est posé la question, au bout de 4 albums: on veut faire quoi? On reste comme ça ou on évolue? Si on veut évoluer, il y a plein d’autres choses à côté qu’il faut faire« . Un groupe qui a donc simplement mûri. Tout au long des titres, longs – tous tournent autour des 7’30, exception faite de Dominion qui culmine à 24′! – on trouve les inspirations aussi brutales que progressives du groupe. Je lui cite le nom de Rush…  Mais il y a plus que de la brutalité et de la technique dans ce disque, bien plus. Si Zach devait ne choisir qu’un seul titre de Blindsight pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Stormhaven, lequel retiendrait-il pour inciter quelqu’un à écouter le reste? « Bonne question… Sur ce nouvel album, je choisirai Hellion, un morceau qui permettrait sans doute de toucher un public plus large. On n’a pas l’effet coup de massue qu’il y a avec Fracture. D’ailleurs, il y a un clip qui sort dans quelque semaines. Hellion a une approche moins death, plus prog avec plus de chant clair, plus de place pour les claviers aussi. » Je lui cite le nom de Rush que certains passages de ce même titre m’évoquent. Ils font partie des inspirations de Stormhaven? « Ah, oui! A 100%! Même si on a l’étiquette de metal prog, mon inspiration vient plus du rock progressif que du metal. Du Rush, Kansas, Deep Purple… le tout mélangé à des touches de death » Sera-ce cependant une approche suffisante pour extraire Stormhaven de la masse? Un groupe de rock, c’est aussi la scène, alors, quoi de prévu? « On a pas mal de dates qui sont prévues, principalement dans le sud, en fin d’année et en 2024 on devrait aller en Espagne et dans le nord de la France, là où on n’a pas encore beaucoup joué. Et on vise aussi les festivals d’été… » C’est sans doute en effet là que le groupe pourra le mieux se faire connaitre, aller au contact de son public et faire connaitre son death prog, alors attendons de voir les dates que Stormahaven affichera bientôt sur son site et ses réseaux sociaux.

LES ACTEURS DANS L’OMBRE : Angie – NRV Promotion

Metal Eyes a décidé de se pencher sur certains acteurs de l’ombre. Ou plutôt, les acteurs dans l’ombre. Dans l’ombre des artistes qu’ils mettent en avant. Dans l’ombre volontairement, donc, mais qui pourtant, jouent un rôle primordial. Car si on connait les musiciens qui nous font rêver, leurs managers ou certains géants de l’organisation de concerts ou de festivals, et encore…, d’autres restent plus discrets, se mettant entièrement au service de ceux qu’ils représentent. Il en va ainsi des agents qui prennent sous leur aile nombre d’artistes. Et là, tout le monde est sur le même pied d’égalité car la notoriété d’un artiste ne se fait pas sans travail. Les seuls réseaux sociaux ne suffisent pas, un réseau relationnel adapté est plus que nécessaire. Nombreux sont les groupes à envoyer liens et/ou CD sans savoir exactement à qui il s’adressent, sans savoir exactement sur quel créneau tel média intervient ou pas? Un bon agent, un bon représentant saura quoi envoyer à qui  et inversement, se tissant un réseau de fidèles chroniqueurs, de relais d’information, tissant une toile solide. C’est ce qu’il se passe avec Angie, fondatrice de NRV promotion qui, du haut de son même pas quart de siècle, nous raconte son parcours. Une première d’une, espérons le, longue série.

J’ai reçu un premier album de NRV promo fin 2021, mais nous n’avons jusqu’ici jamais eu l’opportunité de nous rencontrer ou d’échanger. Alors, commençons par ceci : Angie, peux-tu te présenter : qui est-tu et quel est ton parcours ?

Hello ! Je suis Angela Dufin (Angie), j’ai 24 ans et je suis manageuse et attachée de presse pour des groupes de rock / metal en développement. Le nom de ma structure que j’ai créée en 2019 est NRV Promotion. Au départ, je suis musicienne (batteuse principalement mais j’ai aussi fait du chant, du piano, de la guitare…). Je ne me voyais pas vraiment en faire mon métier, et je me suis dirigée vers une école de commerce après le BAC pour faire de la finance… et j’ai vite déguerpi car je n’y ai pas trouvé ma place ! Je me suis donc renseignée sur les métiers qui existait autour de la musique (ce à quoi je n’avais jamais pensé avant, autre que le métier de musicien) et j’ai compris que la communication pouvait me mener à plusieurs métiers dans ce secteur, j’ai donc fait un BTS Com’. C’était vraiment top, j’ai appris beaucoup là-bas et j’ai pu faire mon premier stage en tant qu’attachée de presse dans la musique. En parallèle, j’étais aussi bénévoles dans une association de concerts dans le 92, je m’occupais de la com’ et j’ai rencontré de nombreux groupes aussi par ce biais qui ont commencé à me demander de m’occuper d’eux. Et ça a commencé comme ça. J’ai créé NRV à la fin de mon BTS, en développant ensuite mon activité en parallèle de la suite de mes études à la FAC. J’avais un groupe qui s’appelait SLURP aussi à cette période et donc qui me prenait aussi du temps, on faisait beaucoup de choses ! J’ai terminé mes études l’an dernier avec un master spécialisé dans les industries culturelles, que j’ai conclu avec un dernier stage chez PIAS, en tant qu’attachée de presse également. Aujourd’hui je vis entièrement d’NRV Promotion, et je fais toujours un peu de musique à côté pour le plaisir !

 Combien de personnes composent-elles l’équipe ?

Je suis toute seule.

Quelle est la vocation première de NRV ?

Je veux accompagner des groupes à se développer, à franchir des étapes. Ayant déjà été plusieurs fois à leur place, je trouve essentiel d’avoir parfois quelqu’un d’extérieur au groupe pour s’occuper des choses que l’on a envie de déléguer en tant que musicien, ou bien trancher sur certains choix … En promo, c’est différent. Je suis là vraiment pour défendre un album pour qu’on en parle et pour aider le groupe à gagner en crédibilité ! J’ai aussi cette envie hyper forte de valoriser la scène française et soutenir le rock ici. On a vraiment de supers groupes ici, et je veux contribuer à faire connaître cette scène et l’aider à perdurer et si possible s’exporter également.

Et sa stratégie ? Comment touches-tu et sélectionnes-tu les groupes ? Vas-tu les démarcher ou est-ce eux qui te contactent ?

Ce qui est important pour moi c’est de garder une cohérence dans les esthétiques musicales et de continuer à faire ce qui me plaît. Essayer aussi de fédérer la scène de l’intérieur, entre les groupes, pour créer des liens et s’entraider. J’ai eu plutôt de la chance car la plupart des groupes avec qui je travaille aujourd’hui’ sont venus me chercher en entendant parler de ce que je faisais. Ça se fait vite via le bouche à oreille, les réseaux sociaux etc… Pour le management, je fonctionne vraiment au coup de cœur. Il faut que la musique me touche aux tripes au point que j’ai envie de remuer ciel et terre pour faire connaitre un groupe et bien sûr, il y a l’humain. Il y a des groupes que j’ai rencontré et j’ai su instantanément que ça allait fonctionner. Pour la promo, pareil j’écoute l’album et s’il me plaît et que le planning colle avec le mien je vais dire oui, sinon je vais passer mon tour ! C’est dur de défendre un projet pour lequel on n’a pas eu de coup de cœur soi-même. Ça m’est arrivé aussi d’aller vers des groupes moi-même, après un concert que j’ai aimé par exemple, mais ça reste plus rare.

 Concernant les médias, même question : comment les « sélectionnes »-tu ? Plus particulièrement, comment as-tu connu Metal-Eyes et qu’est-ce qui t’a donné envie de m’envoyer un premier CD, puis de continuer ?

Je cible les médias en fonction des groupes et de leurs styles. Au fil du temps, je commence à connaître aussi les goûts des différents journalistes pour savoir ce qui leur plaira ou non (même si on a quand même souvent des surprises !). Je t’avoue ne plus me souvenir de comment j’ai découvert Metal Eyes car ça commence à faire un bout de temps mais il y a eu une grosse partie « dénichage » de médias dans notre métier, surtout au début pour construire notre base de données. Sur internet d’un webzine à un autre, les recommandations sont plutôt bien faites et ça nous aide à trouver de nouveaux médias ! Quand c’est le cas, je leur écris et présente ce que je fais puis j’envoie des CDs en fonction si je vois qu’on me le demande. Ensuite, on continue en fonction de l’implication / les retours des médias. Avec Metal Eyes, ce qui est cool c’est que tu as chroniqué quasiment tous les CDs que je t’ai envoyés il me semble donc que forcément je ne m’arrête pas ! 😉

 J’imagine que NRV, pour une visibilité maximale, est présent sur les réseaux sociaux. Où peut-on s’informer au sujet de NRV et te contacter ?

Oui bien sûr ! Sur Facebook, Instagram et Linkedkin également au nom d’NRV Promotion. Pour me contacter, par mail : angie.nrvpromotion@gmail.com avec une demande précise, liens d’écoute, planning, bio etc …

 Que recherche un groupe qui signe avec NRV, que lui proposes-tu comme accompagnement ?

Ça va dépendre des groupes, ils ont plus ou moins des besoins différents auxquels je vais m’adapter. Je propose deux types d’accompagnement : le management et les relations presses. Par contre, je m’occupe aussi de la RP des groupes dont je fais le management !

Les RP consistent à promouvoir une sortie (single, clip, ep ou album ou une tournée) auprès des médias adaptés sur une période donnée. Je travaille toujours en amont de la sortie d’un disque évidemment

Le management c’est vraiment un accompagnement global qui consiste à développer le groupe par tous les moyens possibles : définir une stratégie / un planning, démarchage pro (pour trouver d’autres partenaires type tourneurs, labels etc), gestion avec des échanges avec des prestataires, la communication (réseaux sociaux, pub digitale, création de contenus type photos/ vidéos /bannières promo …), rechercher des dispositifs d’accompagnements / financements … C’est hyper vaste ! Je suis là à toutes les étapes du projet.

Comme je n’ai plus de places en management, il m’arrive maintenant de faire des séances de conseil d’1h en visio avec d’autres groupes qui cherchent des réponses, conseils en stratégie / communication / planning etc… Ce sont des séances ponctuelles et je ne m’engage pas en dehors de celles-ci.

Je propose aussi depuis peu, avec un partenaire réalisateur (Rolling Ferret Films, Simon Dagallier), la production / réalisation de clips et de live session. C’est une autre branche d’NRV, on a fait des clips pour Liquid Bear, Howard, Kugelblitz …

Quels sont tes concurrents (et néanmoins certainement amis) sur ce marché ?

C’est dur de parler de « concurrents », haha ! Je vois plus ça comme des confrères / collègues ! Je pense à Yann Landry et Eloa Mionzé avec qui je m’occupe en ce moment de la promo du Motocultor. Ou encore à Elodie Briffard, Floriane Fontaine, Clément Duboscq.

Qu’est-ce qui te distingue de ces amis concurrents ?

Chacun a ses propres goûts musicaux surtout puis aussi le réseau peut différer selon les attachés de presse. Certains sont plus « généralistes », d’autres plus « niche », ou les deux ou encore certains d’entre nous ne s’occupent que de la France, d’autres de l’Europe. Evidemment, comme on est tous indépendants, chacun a aussi sa manière de travailler et de voir les choses, j’imagine !

 Sans indiscrétion, financièrement, combien un groupe doit-il débourser pour ces services ?

Pour la promo d’un EP-album, il faut compter à partir de 1500-1700€, puis ça va varier en fonction du nombre de singles, du style du groupe (ciblage niche ou généraliste). Pour un single/clip, autour de 350€.

Par quel biais peut-on entrer en contact avec NRV promo ?

angie.nrvpromotion@gmail.com

Parmi les albums que tu m’as envoyés depuis deux ans, il y a une nette tendance au classic rock/ hard rock, ou rock vintage (Grandma’s Ashes, Red Cloud, Sweet Needles…) Est-ce un critère de sélection et y a-t-il des genres musicaux ou des groupes avec lesquels tu ne voudrais pas/pourrais pas travailler ?

C’est vrai qu’au fil des années, j’ai eu l’occasion d’affiner l’esthétique des groupes avec lesquels je travaille. J’aime rester dans ce registre car c’est la musique que j’écoute principalement mais je ne suis pas fermée. J’aime aussi beaucoup le garage / surf rock comme GURL que j’accompagne également ou encore Cheap Teen. J’accompagne aussi Sierra qui fait de la synthwave et qui est vraiment intéressant à travailler car ça parle autant aux médias électro que metal ! Globalement j’aime tout ce qui touche au rock et au metal, particulièrement le stoner/doom/ psych -prog rock, le rock alternatif, le blues rock, le garage … Par contre, tout ce qui est rap ou hip hop / pop / variété etc ., je ne pourrais pas le travailler car ce n’est pas le même réseau de médias.

 Tu viens également de signer ton premier groupe étranger, les Italiens de L’Ira Del Baccano. Comment cela s’est-il fait ? As-tu une démarche commerciale à l’international ?

« Signer », pas vraiment car c’est en promo donc une prestation auprès de leur label Subsound Records. D’habitude c’est Floriane Fontaine qui travaille avec ce label mais comme elle ne pouvait pas le faire cette fois-ci, elle a redirigé le label vers moi. Ça faisait longtemps que je n’avais pas travailler sur une promo Europe, d’habitude je préfère me concentrer sur les médias français. Comme je suis seule, ça fait une charge de travail conséquente supplémentaire de faire les médias européens également. Mais ici comme c’est un groupe de niche, instrumental doom, il y avait moins de cibles donc c’était faisable ! Et ça m’a fait super plaisir de le faire

 Quelles sont tes grandes fiertés jusqu’à aujourd’hui dans ce métier ?

Cette année je m’occupe de la promo du Motocultor ! Sinon, de manière générale ma fierté c’est les groupes dont je m’occupe qui me la font : par exemple les Grandma’s Ashes qui font une Maroquinerie en avril et qui cassent tout avec leur premier album et des dates qui pleuvent, Howard qui a rempli le Backstage à Paris en janvier pour sa release party, Decasia qui joue au Hellfest cette année … je ne vais pas tous les citer car il y a eu beaucoup de réussite cette année pour chacun des groupes mais c’est ce genre de choses qui me rendent vraiment fière du chemin qu’on a parcouru ensemble. Ensuite, bien évidemment, avoir de plus en plus de groupes qui me contacte pour leur promo notamment certains qui ont fait leur petit bonhomme de chemin comme Dirty Deep ou Les Lullies, ça me fait super plaisir !

 Enfin, question que je pose à tous les groupes avec lesquels je m’entretiens : quelle pourrait être – ou quelle est – la devise de NRV ?

Franchement je sais pas trop, aha! Je n’y ai jamais réfléchi … Je vais plutôt parler de valeurs comme la persévérance, la passion et la motivation 🙂

 Les derniers mots sont pour toi si tu as quelque chose à rajouter.

Merci beaucoup de t’être intéressé de si près à NRV et mon parcours, ça m’a fait plaisir de répondre à tes questions ! Ainsi que pour toutes les chroniques des albums que j’ai pu t’envoyer !

Slurp – Terrasse du Trabendo – 2020

Interview: JIRFYIA

Interview JIRFYIA. Entretien avec Ingrid (chant), le 1er mars 2023

On ne va pas revenir sur l’histoire de Jirfyia, le précédent disque, Still waiting était présenté comme un Ep, mais avait la longueur d’un album.

On a fait un Ep, Wait for dawn, en 2019, et en 2020, année du confinemiinn (elle rit), on a réussi à composer et enregistrer un album, Still waiting.

Qui était cependant présenté alors comme un Ep, d’où le fait que je dise que ce nouveau disque est votre premier album… Ce disque est autonommé, cela signifie-t-il que ce soit un nouveau départ, post confinement ?

Alors, il n’est pas autonommé… c’est un peu plus subtil que ça puisque sur la pochette, il y a un W, qui est le titre de l’album. On a gardé cette lettre qui est l’initiale de Women – femmes en anglais – qui est la thématique principale de ce disque, la condition des femmes à travers le monde. Chaque morceau traite du point de vue d’une femme, réelle ou fictive. Chac=que chanson est le portrait d’une femme.

Puisque nous sommes dans l’explication du concept de l’album… La pochette m’évoque un temple ou une sorte de pyramide moderne, SF. Quel est justement le concept de cette pochette ?

En fait, c’est l’ami d’un illustrateur qui avait travaillé avec Born From Lies, le précédent groupe de Jérôme et Pascal. Cet illustrateur n’étant pas disponible, il nous a donné le contact de Quentin, qui travaille dans le milieu du jeu vidéo, principalement dans les décors. On a beaucoup parlé des femmes, l’album en parle mais je ne voulais pas qu’on mette une femme sur la pochette, il fallait quelque chose de plus symbolique. Au départ, on lui a fait part de plein d’idées, et il nous a fait quelque chose qui ressemblait un peu trop à ce qu’on voulait mais n’était pas ce qu’on voulait… (rires) Ce n’était pas super bien parti, et on lui a simplement dire de faire ce qu’il ressentait et de nous le proposer. Il nous a sorti ça, et je trouvais l’image asse forte. Ce n’est pas mon imaginaire mais ça crée cet univers qui permet de rentrer dans l’album. La femme est juste suggérée en haut de cet escalier.

En même temps, si on pense pyramides, on fait le lien avec l’Egypte plus qu’au Louvres, et on imagine volontiers Cléopâtre – et il y a un lien avec votre musique. Pourquoi cette volonté de mettre en avant la femme sur cet album ?

C’est venu après discussions. Sur le précédent album, il y avait un titre qu’on adore jouer sur scène, Silently, qui abordait la question de l’interdiction de l’avortement dans un pays comme le Salvador, qui mène des femmes en prison à vie, qui sont même parfois dénoncées par leur médecin traitant, parfois. C’est un thème qui me touche naturellement. Ensuite, c’est quelque chose qui est naturellement revenu dans nos discussions, à la fin du confinement, période où on a eu plus de temps pour lire ou voir des films. J’avais vu ce film, Le bal des folles, et le premier morceau, Asylum, en est complètement inspiré. Le bal des folles est lui-même adapté d’un roman du même titre qui parle des femmes qui, il y a une centaine d’années en France, étaient envoyées à La Salpêtrière, alors un asile pour femmes, qui, sous couvert d’expérience, était à remettre dans le droit chemin… C’était aussi un asile où on envoyait les jeunes filles de bonne famille dont on voulait se débarrasser… Je trouvais ça très fort et je me suis dit « pourquoi pas, à travers chaque chanson, raconter des histoires de femmes, réelles ou fictives ». Il y en aune sur une militante afghane, par exemple. Il n’y a pas que des victimes, on n’a pas voulu avoir de discours… « misérabiliste », on y a fait attention. Il y a d’autres points de vue, des femmes de pouvoir, comme sur Sister in blood. On a imaginé la sœur de Kim Jong un, le dictateur nord coréen et on s’est demandé si, dans l’ombre de son frère, elle n’était pas plus maligne que lui, si elle ne visait pas encore plus le pouvoir, ce que, de naissance, elle n’a pas eu…

C’est intéressant de parler d’elle, d’autant plus en ce moment où on voit Kim Jong Un mettre en avant sa fille…

Oui, on l’a vu, et c’est dingue parce que la chanson était déjà enregistrée quand il a commencé à montrer sa fille. Ça promet une guerre des clans à la Game of thrones… Avec les reines qui s’entretuent… C’est aussi le sort d’une partie de ce monde qui se joue à travers cette tragi-comédie familiale… Mais ça reste des histoires de femmes et la question de leur place dans ce monde de pouvoir…

Parlons un peu de musique. Jirfyia est un groupe de metal avec pas mal d’influences orientales, d’où, encore une fois ce clin d’œil à la pyramide dont nous parlions un peu plus tôt. Maintenant, si tu devais me vendre cet album, que m’en dirais-tu ?

Euh… ce sont 8 chansons construites comme des petits films avec des moments de tension et de repos bien définis, toutes les nuances qu’il faut pour découvrir la psyché de chaque personnage. On a rajouté des instruments qu’on n’attend pas forcément dans le metal – des violons, violoncelles et trompettes – qui nous amènent ailleurs et servent de moments de calme et d’introspection et qui rajoutent à cette dramaturgie qu’on a voulu créer sur chaque morceau.

Et si tu devais décrire l’évolution de Jirfyia entre Still wating et W ?

Je dirai qu’on s’affirme plus dans le sens où il y a toujours eu ces textes militants, sur l’écologie ou le capitalisme destructeur. C’est quelque chose qu’on voudrait et qu’on va assumer plus. On ne veut pas passer pour des donneurs de leçon et on a fait attention à ce qu’on écrivait sur des sujets un peu casse-gueule en essayant de ne pas porter de jugement, de faire preuve d’empathie à chaque situation et chaque personne, et, à travers ça, on cherche à donner envie à chacun de réagir et d’agir plus.

Pour l’enregistrement, vous avez de nouveau travaillé avec Andrew G. aux Hybride studio, qui est au final un autre membre de l’équipe…

Oui, quasiment (rires) ! Il est très sollicité et demandé dans le milieu du metal et du death metal. Je crois qu’il n’avait pas l’habitude de travailler avec des voix féminines, et il a compris, nous a amené à forger notre son de manière élégante et efficace. Donc pour l’instant, avec lui, c’est une équipe gagnante, donc pourquoi changer ?

Pour cet album, Ingrid, tu t’es laissée influencer par quoi ?

Ouh, là… Le metal ce n’est pas vraiment mon bagage à la base… Il y a un groupe que j’aime beaucoup et… presque honteusement, je ne les ai découverts que l’an dernier au Hellfest, c’est Lacuna Coil. J’ai beaucoup aimé cette harmonie entre les deux chants, et le côté visuel qu’on cherche aussi à amener un peu plus sur scène. On a créé un petit personnage qui arrive sur scène, un peu plus marqué par l’esprit metal. Je ne suis pas vraiment influencée par ce milieu, je ne suis pas une metalleuse pure et dure même si j’ai quelques références. Mais il y a tout un… bestiaire du metal que j’essaie d’éviter et qu’on veut interpréter différemment. Le nom du groupe, qui est celui d’une météorite, j’ai imaginé qu’elle s’était réincarnée en déesse… Justement, on en revient aux femmes… Une espèce de déesse des tourments qui, en arrivant sur Terre, voit cette espèce de foie. Elle n’a pas envie de se battre mais elle ne veut pas se taire…

Vous prévoyez des concerts en soutien de ce nouveau disque ?

Oui, il y a quelques dates qui arrivent, dont une à la Péniche Antipode de Paris le 26 avril, et on a aussi contacté des bookers – on est chez Splintering booking agency – qui nous prennent dans leur rooster et on espère pouvoir aller présenter ce disque sur scène partout en France… Tu es sur Orléans ? Il y a le Dropkick à Orléans, non ?

Oui, une petite salle en sous-sol qui chauffe très vite, avec les loges dans un couloir, mais une scène très sympa.

Il y a plein de groupes qui y jouent, on devrait avoir une date là-bas, il y a de quoi faire !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de W pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Jirfyia aujourd’hui, ce serait lequel ?

Sur ce projet-là, je pense que ce serait Asylum. C’est celui qui a le plus d’instruments différents, et c’est un condensé de ce qu’on fait de mieux. C’est ce qui nous représente aujourd’hui le mieux. Et si on l’a mis en premier, ce n’est pas un hasard…

Pour terminer, quelle pourrait être la devise de Jirfyia ?

La devise ? Ah… pour un groupe militant comme nous en plus, je ne sais pas, « levez le poing », Rage Against The Machine… Ce serait dans cet esprit là : « gardez l’émotion et la rage au cœur », voilà !

 

 

Interview: LODZ

Interview LODZ – Entretien avec Julien (basse) – Propos recueillis par téléphone le 23 février 2023

Photo promo LODZ 2023

Deux mois après la sortie de leur dernier opus, Moons & hideaways, Lodz s’attaque à la promo. Julien, le bassiste du groupe nous dit tout de ce nouvel opus mais… la communication très brouillée nous empêche de bien comprendre les premières minutes de nos échanges. Le temps que Julien récupère un autre téléphone, et c’est reparti !

Moons and hideaways est le troisième album de Lodz. Il y a eu de nombreux changements dans le groupe puisque toi-même, et le batteur êtes arrivés en 2018. C’est votre premier album avec Lodz ?

Oui, c’est notre premier album.

Tu connaissais déjà le groupe avant ?

Complètement. C’est un groupe que je suivais depuis longtemps et j’ai vu passer l’annonce disant qu’ils cherchaient un nouveau bassiste. Je me suis lancé et ça a tout de suite matché, que ce soit sur le plan humain ou musical.

Avec 2 nouveaux membres dans une formation, il y a forcément une approche différente. Toi qui connaissais déjà le groupe, comment analyserais-tu l’évolution de Lodz entre ses deux derniers albums ?

Je pense que je suis arrivé au bon moment parce qu’ils pensaient déjà changer musicalement. Dans leur fonctionnement, il y a vraiment eu un avant et un après, même pour la composition. Pour cet album, le processus a été complètement différent. On s’est posé la question de savoir ce que nous pouvions faire pour proposer vraiment la musique qu’on veut. Ça passait par un changement de méthode de composition qui consistait à s’isoler. On partait 3 ou 4 jours dans une maison à la campagne, on mettait les téléphones et ordis de côté et on ne faisait que composer et tester, jour et nuit. C’est nouveau, tester, prendre des risques, des riffs, les mettre dans tous les sens, chercher le son… C’est quelque chose qu’on n’avait jamais pu faire avant et qui est vraiment nouveau. Cet album, sonne un peu différemment, c’est un peu l’album de la maturité.

Tu me dis donc que chacun a son mot à dire dans la composition…

C’est ça, il y a une vraie cohésion. Olivier, notre guitariste, est très à l’aise avec tout ce qui est home studio, ce qui fait qu’on peut vraiment essayer beaucoup de choses en quelques clics. « Je voudrais bien voir ce que ça donne en deux fois plus long… » On peut tester et tout de suite mettre tout le monde d’accord.

Quel est ton cursus musical ?

Je suis bassiste depuis une quinzaine d’années. Je suis plutôt de l’école de la musique des années 90, Pearl jam, Alice In Chains, toute la mouvance grunge. Après, avec mon éducation musicale, je me suis rapproché des styles un peu plus extrêmes – je suis un grand fan de punk, hardcore – et le tronc commun dans tout ce que j’ai toujours aimé jouer c’est l’émotion, la sensation. Je n’étais pas forcément le plus grand fan de Katatonia avant d’entrer dans Lodz, mais dans un groupe comme Alice In Chains, une influence aussi, il y a beaucoup d’émotion, et c’est ce qui m’a plu dans Lodz. Ce sont des choses qu’on peut trouver dans différents genres de musique, même si l’émotion est intense de différentes manières.

Sur Ghost of confusion, j’ai noté des ambiances très atmosphériques (il confirme), et il y a un instrumental, Pyramids, qui ouvre cet album. C’est assez osé de débuter un disque avec un instru, qu’on trouve habituellement à mi-parcours…

Oui, c’est vrai que c’est osé, et c’est quelque chose qu’on n’aurait peut-être pas fait avant. Ca rentre dans la démarche dont je te parlais. Pas de tabous. Ça ne rentre pas dans les codes ? tant pis. Si ça nous plait, allons-y. Et je pense aussi à Fast rewind qui est presque indus, presque une ballade un peu amère, c’est un titre qu’on adore et qu’on a voulu placer dans l’album même s’il est différent de ce qu’on a fait jusqu’à maintenant.

Trois morceaux complètement différents… J’ai même trouvé des influences à la Pink Floyd, dans la légèreté des guitares, par exemple.

C’est clair, même si, aujourd’hui, on n’entend moins de groupe se dire influencés par les années 70. Pourtant, oui. C’est un bon rapprochement… J’en suis très friand et ça se retrouve dans nos compos.

Ca ne signifie pas, bien sûr, que tout soit influencé par le rock des 70’s. Il y a des choses beaucoup plus modernes, notamment dans les mélanges de chant – clair et très agressif. Il y a un parti pris, là aussi ?

Clairement. Pour autant, si on devait faire un titre uniquement en chant clair ou uniquement en scream, on le ferait. Ce mélange, c’est en effet un parti pris dans la mesure où on joue sur plusieurs émotions. Parfois c’est triste, parfois, plutôt déprimant, nostalgique. Là, le chant clair est parfait, tandis que les moments de colère, les moments plus intenses, le scream tient parfaitement son rôle.

Si tu devais décrire la musique de Lodz pour inciter quelqu’un qui ne vous connait pas à aller vous découvrir, que lui dirais-tu ?

Déjà, il ne faut pas qu’il ait peur d’aller remuer des émotions. Notre musique est très intense, volontairement. Il faut être prêt à faire un voyage, une sorte d’introspection, aller explorer tout ce qu’on peut ressentir. Tous… on parle de dépression, de nostalgie, de tristesse, des choses que tout le monde peut ressentir. Il faut aussi écouter le disque entièrement. On a eu beaucoup de chroniques qui disaient que c’est un disque à écouter d’une traite pour tout saisir.

Tu me parle de variété, d’introspection mais je n’ai pas le temps là… Alors, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Moons and hideaways pour expliquer ce qu’est aujourd’hui Lodz, ce serait lequel ?

Je dirais qu’il faut écouter You’ll become a memory, le second morceau. Le premier, c’est une introduction, mais celui-là, c’est un peu une carte de visite. On y trouve un peu tout ce qu’il y a dans l’album. On a aussi sorti un clip pour ce morceau, d’ailleurs. Je conseille donc à quelqu’un qui veut nous découvrir d’aller écouter ce morceau sur YouTube, et si ça lui plait, le reste lui plaira aussi, ce n’est que le développement de ce que l’on commence à aborder dans ce morceau.

J’avais en effet noté que c’est un titre plus heavy, puis il devient soft, il y a du chant clair, un refrain enragé, un mix vocal entre clair et guttural. J’ai même parfois l’impression qu’il y a plusieurs chanteurs, dont une femme. C’est le cas ?

Non… En fait, Éric, notre chanteur, a doublé énormément de voix pour avoir ce résultat. Sur scène, le guitariste se charge des chœurs, mais là, c’est 100% la voix d’Éric qui est parti dans plein de directions… Il s’est peu mis en danger, il a vraiment pris des risques par rapport à ce qu’il faisait maintenant.

La pochette de l’album, c’est l’œuvre de qui ?

Déjà, il y a cette présence féminine sur la pochette. C’est un peu le fil rouge, dans Lodz, il y a toujours eu une présence féminine. (Note de MP : là, je me dis qu’il n’a pas compris ou pas bien entendu ma question. Mais laissons, il apporte d’autres éléments) Je pense que c’est une forme de personnification de tout ce dont on parle en termes d’émotions. C’est un peu l’image du groupe, des paroles, de notre univers. Et cette porte, une seconde dimension qui symbolise cette invitation à nous rejoindre. Quand on ouvre le CD, on se retrouve à l’intérieur de cette dimension.

Un groupe de rock, c’est aussi la scène. Avez-vous des projets en ce sens ?

Absolument, ça commence à arriver et on est en pleine préparation. On a seulement annoncé notre participation à des festivale, dont un à Lyon, en juin, avec des noms comme Rotting Christ, Belphegor… Une autre date organisée par festirock, et là, on attend des confirmations mais d’autres dates seront annoncées dans les jours à venir. Nous, ce qu’on veut, c’est jouer… Notre groupe est encore indépendant, on a un super label, mais tout ce qui est booking, les contacts, les mails, c’est nous ! Si vous voulez nous voir jouer chez vous, envoyez-nous un mail, ce sera avec grand plaisir. L’idée, c’est de défendre cet album dont on est très fier. On est sur tous les réseaux – on n’a pas de site à proprement parler. On est assez facile à trouver même si on a un nom de ville polonaise…

Peux-tu imaginer une devise pour Lodz ?

Une devise ? Oh, la ! Tu me poses une colle là ! j’ai envie de dire « n’ayez pas peur »… de venir faire ce voyage avec nous, de vous ouvrir aux émotions. Oui, « n’ayez pas peur ».

Moons and hideaways est un titre assez mystérieux…

Oui… L’explication derrière tout ça ? La lune représente un peu ces humeurs que nous pouvons tous avoir, envers soi ou envers les autres. Les cachettes (« hideaways »), ce sont tous ces endroits où l’on peut se réfugier pour, au final, affronter tout ça.

C’est donc aussi en lien avec cette introspection dont tu parlais plus tôt…

Exactement…

Souhaites-tu ajouter quelque chose pour conclure ?

Je pense qu’on a fait le tour, je voulais juste saluer le travail qu’on a fait avec Nikita Kamprad, c’est le guitariste d’un groupe de Black metal qui s’appelle der Weg Einer Freiheit. Ils font un style complètement différent de ce qu’on fait mais, si nos styles sont complètement différents, il a une façon de travailler qui apporte une dynamique à notre musique. C’est quelque chose qui se perd un peu en ce moment. On lui a donc proposé, ça lui a plu, et il a accepté de produire notre album. Ca fait plaisir de travailler avec des gens qui travaillent « à l’ancienne »…

Ça veut dire que vous avez enregistré sur bandes ?

(il rit) Non, non, quand même pas ! c’st plus dans l’approche du mix, de faire le choix de privilégier ceci ou cela, le son naturel… Je trouve que le travail qu’on a fait avec lui est vraiment super. Alors, si des groupes cherchent un producteur, écoutez ce qu’il fait et contactez-le !

 

Interview: HIGHWAY

Interview HIGHWAY – entretien avec Ben Chambers (guitare) – propos recueillis par téléphone le 3 février 2023

Les sudistes de Highway viennent de sortir The journey (chro ici), leur quatrième album (cinquième production en comptant le Ep de leurs débuts) et une nouvelle fois encore parviennent à se démarquer avec une production 100% acoustique. Et franchement, depuis le temps que j’aime le rock simple et direct des sudistes, il était temps que je puisse m’entretenir avec eux. C’est donc le guitariste du quatuor qui se plie à l’exercice et franchement, des discussions comme ça, simple comme si « entre potes de toujours », ça fait du bien! Ben nous dit tout et plus sur ce nouveau disque plus que séduisant et réussi.

Metal Eyes : Ca fait un petit bout de temps que je suis Highway, et on va parler aujourd’hui de The journey, votre nouvel album…

Ben Chambers : Oui, je me souviens de chroniques sur Metal Eyes mais aussi sur un autre webzine il y a longtemps…

On ne va pas revenir sur l’histoire du groupe formé en 2002, vous sortez maintenant votre quatrième album…

Cinquième, même, sauf si on considère le premier comme un Ep, ce qu’il est… ok quatrième album.

Donc, un quatrième album, et vous avez fait le choix de sortir un disque acoustique. Un album a moitié composé de nouveautés et à moitié de reprises d’un groupe qui s’appelle Highway…

Oui, il est pas mal, c’est un groupe dont on est fans (rires)

Pourquoi avoir fait ce choix de reprendre certains de vos morceaux en acoustique ?

C’était un peu le point de départ de cet album : des concerts en acoustique, on en fait régulièrement et on adore ça. On avait revisité des morceaux en acoustique et on a toujours eu de bons retours, c’est une autre expérience. On s’est simplement dit que ce serait bien qu’on les enregistre, mais ça, c’était il y a longtemps. La pandémie est arrivée et on s’est simplement dit : « allez, faisons tout ce qu’on    toujours voulu faire mais qu’on n’a jamais pris le temps de faire ». On a fait plein de choses, un clip dessin animé qui a pris beaucoup de temps, on a travaillé sur des jeux video et on fait cet album. On a pris des morceaux qu’on jouait déjà en live mais en poussant beaucoup plus loin les orchestrations et les arrangements… On a écrit de nouveaux morceaux dédiés à ce format acoustique. On a fait ça parce qu’on adore ça… On a plein d’influences d’albums de blues acoustique, de groupe de hard qui faisait ça à l’époque des MTV Unplugged… ça montre une autre facette de Highway mais avant tout, le moteur, c’est le plaisir. On a fait ça parce qu’on a envie de le faire. On est allé au bout de cette idée. Pourquoi on a choisi de reprendre 4 de nos morceaux ? Parce que ça permettait de laisser une trace de ce qu’on joue live et ça permet aussi aux personnes, comme toi, qui connaissent Highway d’écouter une autre version du groupe, avec un petit coup de neuf. Il y a des morceaux qui datent d’il y a quinze ans !

Le petit coup de neuf commence dès Like a rockstar puisque vous avez ajouté des cuivres, des chœurs et l’interprétation est totalement différente.

Ah ouais, totalement ! C’est pour ça que je dis qu’on est vraiment allé au bout du truc. On a voulu se réinventer et pas seulement faire un album guitare/voix. On a travaillé pour la première fois avec un producteur – jusque-là, c’était plutôt de l’autoprod – qui s’appelle Bret Caldas-Lima qui travaille avec plein d’artistes, metal et autre. Il nous a beaucoup aidés pour pousser au maximum ces arrangements et apporter une couleur à chaque chanson. On a travaillé vraiment de concert avec lui, il nous a poussés à ajouter des cuivres, du piano, les orchestrations sur le dernier morceau The Journey. C’était vraiment passionnant d’aller toujours plus loin, de voir comment on pouvait sublimer es titres avec ce travail d’arrangements… En tant que musicien, c’était vraiment très enrichissant de retravailler d’anciens morceaux et d’en créer de nouveaux dans cet esprit-là. Vraiment trop cool (rires) !

Le principal c’est que vous y ayez trouvé du plaisir, vous le faites pour vous d’abord.

Ah, oui, on s’est vraiment éclatés. On ne nous attendait pas là, et ça nous a permis de surprendre un peu les gens. Nous aussi, ça nous a surpris… Mais on s’est tous éclatés !

Vous avez aussi choisi un titre qui est très évocateur, The journey, le voyage. C’est un voyage dans un univers qui est le vôtre, un voyage musical, un voyage dans le temps avec ces chansons revisitées mais aussi un voyage au travers de toutes vos influences.

Tout à fait, tu as parfaitement résumé l’idée de ce voyage. C’est tout ça. Revoyager dans notre discographie, dans le temps, comme tu dis, dans l’espace et dans les atmosphères… Il y a du blues, de la soul, du flamenco, il y a tout ce qu’on aime et qu’on n’a jamais réussi à inclure et que le format acoustique nous permet de faire.

Vous avez attaqué le travail sur cet album quand ?

Les anciens morceaux existaient déjà, mais on a vraiment commencé à se pencher dessus avec le Covid et les confinements. C’est là qu’on s’est demandé quels morceaux on allait choisir d’enregistrer. Les enregistrements ont commencé fin 2021 et se sont terminés début 2022, plusieurs sessions sur 4 ou 5 mois. Le confinement nous a permis de pouvoir nous pencher sur les détails. Le prochain album, qui sera électrique, je peux le dire…

Ce sera pour 2029 !

Non, ce sera avant, même si on est lents…

Je suis certain que ce sera pour 2029. Quand on regarde l’écart entre chacun de vos albums, il y a toujours 6 ans… Donc, 2029, c’est logique.

Ouais, mais on a le droit de changer… (rires)

En même temps, ça fait trois 6, un chiffre un peu magique, non ? Mieux encore… Si tu tapes sur google « line-up highway », sais-tu combien de propositions sont affichées ? Il y en 666 millions, je l’ai fait tout à l’heure…

Génial, génial… C’est vrai que c’est un chiffre magique… ou satanique, je ne sais pas… (rires) Le prochain album électrique, ok, je ne donne pas de date mais il est déjà bien avancé, il sera électrique mais avec son lot de surprise. Si The journey est un peu un ovni dans notre discographie, il a quand même notre patte, il y a un fil rouge.

Il y a clairement l’identité musicale de Highway, du classic hard rock, la voix de Benjamin, le jeu de guitares…

Ben a aussi beaucoup travaillé son chant pour ce disque. C’est un autre format, l’acoustique. D’habitude il y a sa voix éraillée, il pousse des cris, mais là, il a dû travailler différemment et ça aussi c’est chouette. Bosser avec ce producteur lui a permis de travailler dans un registre plus clean, faire passer plus d’émotions… j’ai hâte qu’on continue dans cette voix, en électrique mais avec ce qu’on a appris de cet album.

Tu parlais tout à l’heure de concert, un groupe de rock c’est aussi la scène. Quels sont vos pprojets à venir ?

On ne va pas faire de tournée pour cet album. On continue les concerts électriques et c’est assez rigolo parce qu’on joue en acoustique des morceaux qu’on a électrifiés. Il y a certains concerts où on fera un petit set acoustique pour rendre hommage à cet album, et il y aura aussi quelques évènements spéciaux où on jouera cet album avec les invités, cuivres, piano… dans des endroits un peu spéciaux comme des théâtres, pour coller à l’univers de ce disque. Sinon ce sera surtout des concerts électriques. Si tu nous suis un peu, tu sais qu’on joue régulièrement en Espagne, là, on va aussi aller pour la première fois en Italie… On reste un groupe électrique.

Si tu devais ne retenir qu’un seul des 8morceaux de The journey pour dire « voilà, Highway, en acoustique, c’est ça », lequel retiendrais-tu ?

C’est pas facile, parce qu’ils sont tous très différents. Maintenant, je dirai, principalement lorsqu’on joue live, le premier titre, Like a rockstar. Parce que c’est la preuve que même en acoustique, ça peut être fun, dynamique… On est toujours debout, on fait la fête. Mais ce titre montre que, même en acoustique, on peut avoir la rock attitude.

Justement, qu’est ce que vous faites comme des rock stars ?

Un peu tout ! L’idée des paroles de ce morceau, c’est de dire que quoi que tu fasses, fait le à fond, avec le style, la pêche, l’assurance, avec passion et c’est ça qui fait que tu le fais bien, que tu es heureux et fier de ce que tu fais, que tu sois électricien, dentiste, musicien. Fais les choses à fond. Après, on n’est pas le plus décadent des groupes, on a un décadent dans le groupe et ça suffit (rires) Et puis, on n’a pas envie d’être tristes, on traverse tous des moments tristes et difficiles. Romain, mon frère, et moi, on a perdu notre papa en fin d’année, on lui dédie l’album. C’était dur, mais la musique aide aussi à cicatriser, à se concentrer sur le moment présent. Et c’est vrai que le faire à fond aide beaucoup à traverser des moments plus difficiles.

C’est aussi une thérapie. Et, je fais peut-être un lien douloureux, mais « the journey » peut aussi évoquer ce voyage de votre père vers un autre monde.

Aussi… On lui a dédié l’album, ça a été long, difficile, ça s’est fait pendant le processus de l’album et clairement, oui, c’est aussi ça, un autre voyage…

Alors on va revenir à quelque chose de plus positif, d’autant plus que tu as encore quelques interviews à suivre et si tu y vas complètement déprimé… Alors, si tu devais décrire la musique de Highway à quelqu’un qui ne vous connait pas du tout, que lui dirais-tu pour lui donner envie de se plonger dans votre discographie ?

Je dirais que Highway c’est un groupe de hard rock, classic hard rock, avec beaucoup de mélodie et d’énergie. C’est le groupe de notre vie, Highway, donc dedans, il y atout, du hard rock australien de nos premiers amours auquel on a intégré en grandissant toutes les autres influences qui sont arrivées. Donc c’est un groupe assez mélodique qu’on a beaucoup travaillé, on a rajouté des chœurs… Ça reste une base rock binaire avec du blues, de la mélodie… C’est du rock assez… varié, fin. On essaie d’avoir de la finesse dans notre musique. On ne veut pas être juste un groupe de hard rock binaire, que j’adore, soyons clairs, mais avec Highway, on cherche toujours à rajouter quelques éléments pour enrichir notre musique.

Qui est responsable de la pochette et des illustrations ?

Il s’appelle Christian de Vita. C’est quelqu’un avec qui on a travaillé sur le clip de Chemical trip qui est sorti pendant le confinement. On avait fait un clip dessin animé, et ce mec, c’est un graphiste qui travaille à Paris que j’avais contacté dans l’optique de ce type de clip. Il avait fait celui de Slash, Bad rain, que j’avais beaucoup aimé. Je l’ai contacté, il travaille en France et il a accepté. Le tout a aboutit à ce projet et quand on a eu le concept de cette pochette d’album genre ambiance ciné, on s’installe et on en profite comme au cinéma, je lui ai tout de suite proposé. Je savais qu’il avait déjà l’idée de l’ambiance de tout ça, du cinéma – il travaille chez Disney. Il a fiat ça en collaboration avec un autre graphiste de Nantes. Tous les deux ont fait la pochette et… une affiche de film, une illustration par chanson qu’on retrouve dans le livret du CD. C’est donc aussi tout un concept visuel associé à cet album : tu rentre dans un cinéma, un théâtre, voir le film de The journey où chaque chanson est une scène différente avec les mêmes acteurs.

Tu parles de Chemical trip : l’illustration vous montre tous les quatre sur un arc en ciel aux couleurs de la gay pride (il se marre). Il y a un engagement de votre part ?

Ah, ah, non, il n’y a aucun engagement. C’est juste parce que c’était psychédélique. Il n’y a pas de rapport au drapeau gay, c’était vraiment plus part rapport au côté psyché, champignons hallucinogènes et tout ça. Maintenant, c’est vrai qu’on peut y voir un message et une sorte d’engagement.

Sans même parler d’engagement, ça pourrait simplement être un clin d’œil…

Ça pourrait, amis ce n’était pas le cas…

Je termine avec la pochette. Elle est, naturellement très évocatrice de cinéma mais surtout de cinéma américain (il acquiesce). Vous avez une relation particulière avec les USA. Vous y voyagez régulièrement ?

C’est notre culture, oui… Tu sais quoi ? J’en reviens. Il y a trois semaines, je me suis fait un trip court en Louisiane et au Tennessee pour aller suivre la route du blues, du jazz, de la naissance du rock’n’roll. J’adore… C’est ma culture musicale, et être dans ce berceau où est né le rock… Quand tu vas à Memphis et que tu rentres dans les studios, les Sun studios où sont nés les premiers morceaux d’Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Johnny Cash… C’est incroyable, émouvant… J’adore… Oui, je suis fan, et ça transparait dans notre musique.

Et les Américains sont plus dans l’entertainement que dans la culture, fameuse « exception culturelle française ». Cependant, qu’est-ce qui manque aujourd’hui à Highway pour passer au stade supérieur, vous avez une carrière qui commence à être longue, une discographie assez riche… Que manque-t-il ?

Si je le savais… Peut-être les contacts, le fait de n’avoir pas été là, au bon endroit au bon moment… Tout ce qu’on fait, on le fait avec amour, petit à petit avec les moyens qu’on a. Aujourd’hui, on croit vraiment à cet album qui peut nous ouvrir des portes vers un public pas forcément hard ou metal. Nous on continue, on sait qu’on va rencontrer quelqu’un qui va nous permettre de franchir une nouvelle étape. Comme ça a été le cas à chaque album, on a rencontré des gens qui nous ont permis de franchir une nouvelle étape. On verra où nous emmènera ce nouveau voyage… « It’s a long way to the top » … J’ai déjà accompli beaucoup de rêves avec ce groupe depuis qu’on l’a fondé – des tournées européennes, avec Schenker, rencontré des gens géniaux partout en Europe, faire des journées promo à Paris… Je ne pensais pas qu’on serait encore là 20 ans après !

Quelle pourrait être la devise de Highway aujourd’hui ?

La devise ? Je crois que c’est toujours la même chose depuis le début : « Enjoy, have fun ». Profite, quoi. Eclates toi et ne pense pas au passé ou au futur, éclates toi aujourd’hui.

As-tu une dernière chose à ajouter puisque nous arrivons au terme de cette interview ?

Surtout, merci à toi qui nous soutiens depuis nos débuts, tu fais partie des premiers à avoir écrit à notre sujet, à avoir fait des chroniques. On va monter une tournée, et on va partout, alors s’il y a des organisateurs intéressés, n’hésitez pas !

 

Plus d’infos sur le site du groupe: www.highwayrocks.com

 

Interview SLEEPING ROMANCE

Interview SLEEPING ROMANCE : entretien avec Lina (chant) Propos recueillis par téléphone le 23 janvier 2023.

Metal Eyes : C’est la première fois que nous échangeons, et comme je découvre Sleeping Romance avec ce nouvel album, peux-tu me raconter l’histoire du groupe ?

LinaSleeping Romance est un groupe qui a été fondé en 2013 par Frederico. C’est un groupe italien à la base de metal symphonique, avec une touche de power metal. Deux albums sont sortis et en octobre nous avons publiés le troisième, We are all shadows qui cherche une autre identité musicale, un peu plus new metal. On est un groupe de 5 personnes, deux guitaristes, un bassiste, un batteur, et moi-même au chant depuis 2020.

Ton parcours avant de les rejoindre, c’était quoi ?

J’ai toujours chanté, mais avant j’étais avec un groupe parisien, en 2016. C’était plus un groupe de heavy mélodique, on n’avait pas de grandes ambitions, on jouait avant tout pour nous. Et un moment est arrivé où je me suis posée des questions, je me suis demandé si je n’allais pas approfondir tout ça, et c’est à ce moment que j’ai vu l’annonce qu’ils ont postée, après la séparation avec l’ancienne chanteuse. Jusque-là, tout se passe super bien. Je suis en contact avec eux depuis le premier confinement, on a annoncé que j’avais rejoint le groupe en novembre 2020, mais ça faisait déjà 6 mois qu’on travaillait ensemble. Et tout se passe vraiment bien, tout le monde participe, chacun a son rôle…

We are all shadows est sorti en octobre. Pourquoi n’en faire la promo que maintenant ?

On s’est dit qu’avec toutes les sorties qu’il y a en ce moment, on risquait d’être noyés sous la masse. On n’est pas un gros groupe. Donc on a préféré garder la promo pour le moment où on jouerait en France. Et comme on a des dates les 25, 27 et 28 février, à Nice, Lille et Paris, on a préféré axer la promo maintenant. A Nice, ce sera à l’Alterax, à Lille, la BratCave et à Paris, on sera à l’International. Des petites salles, mais comme ce sont nos premiers concerts en France, on préfère ne pas être trop ambitieux, on fait ça de manière conviviale. On a aussi un concert prévu aux Pays Bas, au Female Metal fest, le 30 avril. On a joué aux Pays bas en 2022, j’ai beaucoup aimé et j’ai hâte d’y retourner. On jouera aussi au festival 666 à Cercoux cet été. Là aussi un festival qui prend de l’ampleur. Et puis il y a un autre festival prévu, mais je n’ai pas encore le droit d’en parler…

Tu n’as pas le droit d’en parler, ok. C’est un festival en France ou ailleurs ?

En France.

Bon, ça nous donne déjà une indication même si on ne va pas tout miser sur un seul nom… Un concert de Sleeping Romance, ça donne quoi ?

Ouf ! On bouge tout le temps, c’est très explosif, il y a beaucoup de headbang. Les nouveaux morceaux prennent une tout autre ampleur en live et je pense vraiment que ça vaut le coup de venir voir ce que ça donne. Ce n’est pas un moment qui vient illustrer l’album, c’est plutôt un moment qui ajoute quelque chose aux morceaux.

Si tu devais décrire la musique de Sleeping Romance à quelqu’un qui ne vous connait pas du tout, que dirais-tu ?

Je dirais que c’est un Evanescence en plus moderne puisqu’il y a aussi, à certains endroits, du chant saturé, avec un peu moins de touches électro qu’Evanescence n’en a. C’est une sorte de mix entre le Evanescence d’avant et d’aujourd’hui en un peu plus saturé.

Il y a aussi des touches de Rammstein selon moi. Qu’en penses-tu ?

Alors… Rammstein n’est pas une influence que m’a citée Frederico, mais les groupes qui l’ont influencé ont, eux, une influence Rammstein. C’est probable qu’il y ait un lien, oui ! Architects, Katatonia, Leprous… Tout se rejoint.

Il y a aussi un peu d’Apocalyptica dans les constructions mélodiques…

Oui, c’est vrai. Maintenant, on a aussi du violoncelle, on a travaillé avec un quatuor à cordes, donc, oui, le lien est normal. Mais il y a tellement de choses dans notre musique. Quand on n’a que quelques minutes pour parler de nous, on préfère mettre l’accent sur ce qui nous réunit.

Vous faites des économies de temps, ok, mais aussi d’encre puisque vous avez décidé d’intituler vos chansons par l’acronyme de chacune d’elle (elle rit). En dehors de l’esprit prog, il y a une raison particulière à ce choix ?

C’est complètement l’esprit prog ! C’est parti d’une réflexion : à chaque fois qu’on parlait des titres entre nous, on ne les appelait jamais par leur nom complet, on n’utilisait que les initiales. Smoke and mirrors, on disait SAM… On a gardé cette habitude et on s’est dit que ce serait marrant de le mettre aussi sur la pochette de l’album. En plus, c’est vrai, ça fait un peu prog !

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de cet album pour présenter votre musique, lequel choisirais-tu ? Pas ton préféré, seulement le plus représentatif de l’esprit de Sleeping Romance.

Sans hésiter Smoke and mirrors. Parce que je pense que c’est le plus efficace et le plus complet de ce que l’on fait, il y a du prog, des passages un peu plus… vulnérables, d’autres plus agressifs, et il montre qu’on ne veut pas rester dans une structure figée. Pour moi, c’est le plus complet tout en restant efficace. Je trouve qu’il y a beaucoup de groupes de prog qui peuvent être difficiles à appréhender pour quelqu’un qui ne s’y connait pas, et ce titre permet cette accessibilité.

SI tu devais maintenant penser à une devise pour le groupe, pas un acronyme, s’il te plait, ce serait quoi ?

Je dirais simplement « surprise ! » Parce que, clairement, depuis que Federico a décidé d’aller dans cette nouvelle direction, il cherche à surprendre, à aller là où on ne l’attend pas. On a dit pendant longtemps sur les réseaux sociaux qu’on allait changer de direction, et les gens ont quand même été surpris quand on a sorti l’album ! Je pense même que les gens ne sont pas au bout de leurs surprises.