BIRDSTONE: Loss

France, rock (Autoproduction, 2022)

Du blues psychédélique, c’est la promesse musicale que nous fait le trio français Birdstone formé en 2015. Le groupe se penche sur la complexité humaine, le combat intérieur de chacun, l’ésotérisme et aborde au travers de son précédent CD, Seer en 2019, le parcours initiatique d’un prophète jusqu’à sa mort. Trois ans plus tard, Loss porte sur son prédécesseur le regard désabusé d’un enfant spirituel qui remet en cause les préceptes u dit prophète. Démarrant avec l’envoûtant Pyre, ce nouveau disque propose 7 chansons qui montent en puissance, captent et attrapent l’auditeur pour ne plus le lâcher. Les titres sont dans l’ensemble longs mais taillés dans un rock en effet bluesy aux forts accents psychédéliques le tout accompagné d’une rythmique imparable. S’il n’est pas évident de rentrer dans le propos de Birdstone en une écoute, la seconde rend l’ensemble addictif et donne une furieuse envie d’appuyer sur la touche « Replay ». Laissez-vous simplement tenter et séduire.

JULIEN BITOUN & THE ANGELS: Little ones

France, rock (Mistiroux, 2022)

C’est frais, c’est léger, ça sent l’arrivée des jours insouciants… Julien Bitoun, d’ordinaire individualiste, s’entoure de ses Angels – Paul Iron (basse) et Swanny Elzingre (batterie) et le trio nous offre ce premier essai revigorant, Little ones. Les 12 titres de ce Cd explore un rock enjoué allant de la country au rock’n’roll pur jus en passant par la ballade. Ok, si l’anglais n’est pas très compréhensible, l’ensemble fait taper du pied et donne une furieuse envie de se trémousser, de chanter en choeur et tout simplement de se laisser aller. On est souvent en terrain familier avec quelques inspirations classic rock (on pense aussi bien aux Stones, The Who, qu’à Credence Clearwater Revival ou même à un jeune Bryan Adams, aux pionniers du rock énervé, du psyché  voire même au folklore irlandais par instants) mais le jeu de guitare de Bitoun s’inspire aussi de la pure tradition de chansonnier des deux côtés de l’Atlantique. On passe d’un titre à l’autre avec un bonheur non feint, bonheur que le trio semble partager (cf. les photos du livret) dans une forme de simplicité (cette précision intérieure « Julien joue sur des guitares X et Y, des amplis K…, (…). Et il est assez content du résultat. ») Décidément, Mistiroux devient le label qui monte, découvreur de talents et un gage de qualité. Amateur de rock au sens large, fais toi plaisir!

DIRTY SHIRT: Get your dose now!

Roumanie, metal punk folklorique (Autoproduction, 2022)

Surfant sur la « vague pandémie », Dirty Shirt revient 3 ans après Letchology avec Get your dose now! qui se révèle rapidement addictif. Après une intro qui évoque à la fois westerns et Pulp fiction, le groupe roumain entre dans le vif de son sujet avec un rock teinté de punk et, surtout, doublé de cet esprit folklorique ultra dansant et entrainant. C’est festif de bout en bout et jamais la chemise sale ne lasse. Les rythmes hypnotiques proches parfois de la techno se mêlent à des guitares à la fois sautillante, trépidantes et syncopées sur fond de rythmes joyeux. Les voix se mêlent et se démêlent au gré des titres. On n’est pas étonné, d’ailleurs, de la participation de Beni Webb, le chanteur allumé de Skindred (Pretty faces) tant le style lui ressemble. Passant de titres très folk (Dope-a-min) à un esprit plus heroic metal (la première partie de Hot for summer qui sombre vite dans une folie ravageuse), Dirty Shirt se plonge même dans le bel exercice de la ballade (Cand-s-o-imparit norocu’ (part 1)).Impossible de rester de marbre face à cette déferlante de puissance et de bonne humeur qui se termine avec quelques bonus « spécial pandémie ». Trop sérieux, s’abstenir. Et tu sais quoi, lecteur? Les Roumains seront au Hellfest – part 2, sous Temple, le vendredi 24 juin. pour moi, rendez-vous est pris!

MOTION WAVE: Father & child

France, Hard rock (EP, M&O music, 2022)

En guise de carte de visite, les Français de Motion Wave nous proposent un Ep de 5 titres taillés dans un hard rock aux relents sudistes et souvent teinté de gospel. L’ensemble de ce Father & child est chaleureux, très, le chant, profond et grave, apportant cette touche particulière. Empty bottle puise dans ce blues presque mélancolique des bayous de Louisiane tant et si bien qu’il pourrait s’intituler « empty bottle blues », on s’y retrouverait quand même. Failing system est plus grave mais tout aussi classic hard rock. Redemption replonge dans ce blues mélancolique qui fait mouche. Quand on sait que Fred Dusquesne est derrière la console, rien d’étonnant à ce que le résultat soit au top. Un album pour bientôt, ce serait une très bonne idée, non?

MUDWEISER: The call

France, Stoner (Autoproduction, 2022)

Ce quatrième album des Français de Mudweiser n’a rien  d’ordinaire du simple fait qu’il marque le retour de Saïd, le guitariste qui sévissait déjà au côté de Reuno (chanteur de Lofofora) sur le premier album. Il avait décidé de tenter sa chance et s’est installé une dizaine d’années aux USA avant de revenir au bercail. Et ce bercail, il se nomme France mais aussi Mudweiser, projet stoner rock puissant et gras. Son séjour américain a-t-il influencé et modifié le jeu de Saïd sur ce nouvel album, The call? Sans doute, le principal restant que ces 8 titres mêlent avec brio la lourdeur oppressante du doom (Invitation, Daughters of the night) et la furie d’un hardcore débridé (Blasted forever) en passant, heureusement, par des moments plus simplement rock (Sister Mary, au chant allumé) ou plus speedés (Reckless dream). La production de l’ensemble reste simple, grasse et directe. Les potards sont poussés mais le son est clair donnant à chacun ces tonalités psychédéliques d’antan. Un album à écouter sur les routes, cheveux au vent. Du vrai, du pur, du simple et direct, c’est tout sauf prise de tête.

VOLA: Live from the pool

Danemark, Rock progressif (Mascot records, 2022)

Vola revient avec son quatrième album, Live from the pool – « Live » à traduire par « Vis » car cet album n’a rien de public… J’ai raté leur précédent opus, Witness paru en 2021, mai sforce estde constater que le quatuor est resté actif en cette période de pandémie qui a vu tant d’autres formations attendre, peaufiner et/ou repousser la sortie d’un « nouvel album ». Le 13 titres que contient ce disque sont autant aériens et légers comme le groupe nous y a habitués que parfois lourds et rapides. Le chant clair, toujours bienveillant, est accompagné des guitares légères ou rapide, d’une rythmique intelligente et de claviers variés donnant à l’ensemble une tessiture particulière qui parfois évoque OMD ou les grandes heures de la New wave des 80’s modernisée mais également Pink Floyd sans renier son identité musicale.. Vola confirme avec cet album son statut d’incontournable du rock progressif. L’album est accompagné d’un Blu Ray tourné dans la piscine désaffectée d’un ancien terrain militaire danois, lieu étonnant où la nature a repris ses droits. Le résultat est aussi intrigant / envoûtant /surprenant au choix que le contenu musical

MASACRITIKA: Raza de Kain + Homonimo

Chili, Heavy metal (2022, Bitume prod)

La vie, parfois, réserve de jolies surprises. Un simple contact qui se transforme en une découverte excitante. Formé au Chili en 2015, Masacritika est un groupe de heavy stoner. Le groupe publie rapidement un premier Ep, Homonimo en 2017, qui leur permet de séduire l’Amérique du sud avant de publier un premier album Thesis Mortem en 2020. Les voici de retour avec Raza de Kain, que Bitum prod a eu la bonne idée de publier accompagné du premier Ep. Et diantre! Ce chant gras (Mauro Bastias) et rauque me rappelle celui de – les amateurs reconnaitront – Oscar Sancho et les guitares (tenues par Boris Riquelme) évoquent autant Heroes del Silencio (Esferas) que Maiden, Metallica et Candlemass en version speedée. Le ton général est heavy, parfois proche d’un doom stoner, avec quelques fulgurances shreddées. Ca speede toujours en mélodie, mâtinée parfois de passages orientaux et, punaise, c’est efficace! Impossible de ne pas secouer sa tignasse – hormis pour qui comme moi n’en disposent plus ! Le chant en espagnol est toujours aussi efficace et coloré. Difficile ici de trouver un reproche sauf à dire que le groupe est trop éloigné de nos terres. Car si ça dépote scéniquement comme sur disque, alors gaffe… Un album (un Ep doublé d’un autre, ça fait un album, merde!) redoutablement efficace de bout en bout. A découvrir d’urgence !

Plus d’info ici:

www.bitume-prods.frwww.facebook.com/bitumeprods

www.masacritika.comwww.facebook.com/MasaCritika

 

GONEZILLA: Aurore

France, Doom (Autoproduction, 2022)

Gonezilla a été formé à Lyon en 2011 et vient de sortir son second album, Aurore. Comme nous l’explique Julien, le guitariste fondateur du groupe, après avoir débuté en tant que « groupe de reprises, on s’est décidé à composer avec le line-up historique, dans un style non encore défini mais avec le chant en français, ce qui est un incontournable chez nous. Quand on a entamé la composition de ce second album, il y a eu un changement important de line-up avec l’arrivée de Karen, notre chanteuse qui vit sur Paris, et un nouveau batteur, également à Paris. » Aurore est en effet marqué par ce chant français dans un style désormais définit : « un univers plus doom, plus affirmé aussi. » Doom, le mot est lâché. Un doom à ne pas mettre dans les mains d’un dépressif tant l’ensemble est lent, lourd et sombre.  Il rit : « la notion de doom, en effet, ne s’applique pas forcément de la même manière à tout le monde… Il y a de la mélancolie, de la noirceur, mais ne va pas croire qu’on ne va jamais à la plage ! On aime ça, aussi ! L’univers doom peut être parfois caricaturé, même si ce qui le caractérise ce sont des univers sombres, des paroles mélancoliques, un tempo assez lent, mais, pour autant, on peut y trouver de l’énergie. On n’est pas là pour faire pleurer les gens mais pour partager quelque chose ». Comme souvent, le chant double apporte une forme de relief entre clarté et agressivité. Je reste étonné par la pochette, une représentation de Narcisse (une œuvre de John William Waterhouse datant de 1903) qui évoque la mélancolie de l’amour autocentré : « ce tableau colle aussi au thème de la mythologie grecque qui nous intéresse, ce rapport philosophique à l’homme, il y a un rapport entre l’analogie des textes et l’allégorie de notre condition même. Et comme tu le dis, ce double chant, on n’est pas les premiers à le faire, ce concept « la belle et la bête », mais on aime ça, on assume complètement ». Tant mieux, et heureusement que le groupe assume ce qu’il crée ! Si six années séparent Aurore de son prédécesseur, Chimères, Julien, malgré les années Covid, voit cette période comme un passage à une professionnalisation du groupe qui, de fait, devient une priorité dans la conception des morceaux, l’approche de la scène et des outils de communication. Des onze titres que comporte l’album, le guitariste estime que l’identité musicale est définie par « Les couleurs de la nuit – qui va de pair avec le dernier, Outre monde, une entrée et une sortie. Mais Les couleurs de la nuit a du contraste, des nappes de claviers, un peu de guitares lead. C’est ce qui représenterait le mieux ce que nous sommes aujourd’hui. Mais les références mythologiques sont omni présentes, même si on ne parle pas de Narcisse à proprement parler, on garde ce regard sur l’humain et la mythologie grecque ». Si l’ensemble de l’album est lourd, Aurore n’est pas facile d’accès. Il faut plusieurs écoutes pour se l’approprier – ou pas en fonction de son état d’esprit. Un album pour personnes averties, à ne pas mettre entre toutes les oreilles…

 

Propos de Julien (guitare) recueillis le 28 avril 2020 au téléphone

 

CRAZY HAMMER: Roll the dice

France, Heavy metal (M&O music, 2022)

Etonnant parcours que celui de Crazy Hammer. Le groupe a vu le jour en 1987 à Tarbes en 1987, se sépare en 1991 avant de revenir en 2015. Ce n’est pourtant qu’en 2020 qu’il enregistre Résurrection avant de nous proposer aujourd’hui ce Roll the dice explosif. Oh, oui! Loin de renier ses racines, Crazy Hammer propose un heavy metal pur jus, pur 80’s, piochant à loisir dans la grande période du metal teuton et, aussi, européen. Oh, oui, il y en a des influences, Accept et Helloween en tête. Running Wild n’est sans doute pas très loin ni même d’autres européens géants du genre (Maiden, Priest, au hasard…) et reconnaissons que c’est puissant, super bien foutu et carrément entrainant. Si les références sont nombreuses, le groupe ne s’en cache pas, les revendique même, et compose des titres taillés pour la scène (imparable refrain à faire chanter au public que celui de ce We fight qui ferme le ban!) Les guitares speedées rappellent le Helloween période Keeper (Another way, Never show) et l’efficacité brute d’Accept période Metal heart est présente sur Walking over you. All for one (rien à voir avec Raven, et pourtant… ça speede sec) se rapproche sans frémir des premières heures du thrash. Alors Crazy hammer 2022, c’est késakok’sékoi? Le groupe est aujourd’hui composé de Karim Alkama et Matthieu Papon aux guitares, accompagnés du chanteur Didier Delsaux, du bassiste Marc Duffau et du batteur Daniel Pouylau. Oui, 3 anciens Manigance qui ont vécu la très grande époque du groupe – de Signe de vie à Récidive. Trois copains qui se retrouvent, avec l’envie, dans un projet qui pourrait devenir rapidement plus qu’un hobby. Notons ici que le chant anglais de Didier est plus que compréhensible, ouf! Superbement produit, doté d’une illustration remarquable, de 10 titres que tout amateur de metal classique s’empressera de fredonner, Roll the dice est un pari qu’on espère gagnant. Bingo!

To Hell(fest) and back again

En route pour le Hellfest!

Du 16 au 27 juin, Metal-Eyes se met en pause histoire de couvrir au mieux et le plus largement possible les deux éditions du Hellfest.

Le webzine y sera plus que présent avec en bonus une exposition photos à l’espace presse pendant toute la durée du festival.

Le retour aux affaires sera marqué par un long report aussi complet que possible – impossible de tout couvrir avec une seule personne! – des interviews et des photos.

Tenez vous prêts, on revient très vite!