MANIGANCE: Machine nation

Heavy metal, France (Verycords, 2018)

Les fans le savent depuis la sortie de ce nouveau disque: Machine nation est le dernier album auquel Didier Delaux, chanteur historique de Manigance, pose sa voix. A peine ce CD est-il sorti qu’on a appris son départ, volontaire, et son remplacement par une chanteuse, Carine Pinto. En quelques années, ce sont donc deux des formations masculines qui font ce choix, Nightmare ayant décidé de collaborer avec Maggie Luyten. Mais il est une différence de taille: ces derniers ont toujours chanté en anglais, Manigance conserve le chant français.
Mais revenons à la musique, voulez-vous? Machine nation est, comme chaque album de Manigance, à la hauteur des attentes: mélodique en diable, le travail des deux guitaristes est toujours d’une précision chirurgicale (ah, ces soli de Bruno Ramos! Et cette efficacité rythmique de François Merle!), le chant de Didier toujours aussi puissant. Les textes sont d’une saisissante actualité, et les apports novateurs. Carine Pinto semble un choix évident, sa participation sur Face contre terre, qui ouvre l’album, est plus que convaincante, son timbre semblable à celui qu’elle remplace. Machination surprend aussi par des growls inhabituels chez les Palois. D’ailleurs, quelques riffs thrash (Loin d’ici) accompagnent des airs presque FM (La donne doit changer). En bref, Manigance nous offre un nouvel album de haute volée, diversifié et enchanteur, et Didier Delsaux peut partir l’esprit tranquille: le boulot est fait, et bien fait, jusqu’au bout!

LIZZARD: Shift

Rock, France (Metalville, 2018)

Etrange sensation que l’écoute de ce Shift, troisième album de Lizzard. Indiscutablement rock, cet album puise dans les années 80 et 90, m’évoque The Police ou Sting en solo, REM et INXS. Je ne m’étendrais pas sur le chant qui me gêne. La voix est claire, précise, mais l’intonation ne me plait pas. Sans doute évoque-t-elle cette new wave que je trouvais insupportable. Musicalement, cependant, le riff est saillant, les mélodies efficaces, et j’admire cet instrumental, le morceau titre, qui est d’une finesse, d’une variété et d’une originalité remarquables. En bref, Lizzard nous offre un premier album attirant et réussi.

Interview: STONE BROKEN

Interview STONE BROKEN. Entretien avec Rich Moss ( chant). Propos recueillis à Gibson France, à Paris le 8 février 2018

Metal-Eyes : Rich, parlons un peu de Stone Broken :w Ain’t always easy est votre second album, mais c’est la première fois que nous nous rencontrons. Peux-tu me raconter brièvement l’histoire de Stone Broken ?

Rich : Nous avons débuté en 2013. Il s’agissait en fait de la réunion de deux groupes, Robyn, notre batteuse et moi venions d’un groupe, Kera, le bassiste et Chris dans un autre. Robyn et moi avions un studio, un peu d’espace de répétitions, et nous avons intégré les deux autres. Nous avons passé environ un an à définir notre son, à composer et écrire des chansons et nous avons enregistré un Ep qui s’est plutôt bien vendu. Nous sommes retournés en studio, avons enregistré ce qui devait être un autre Ep, mais au final, nous avons réunis ces deux disques qui sont devenus notre premier album, qui est sorti en 2016 et a très bien marché. Ça nous a permis d’obtenir des diffusions radio au niveau national, ce qui nous a fait passer du statut de « groupe local » à celui de « groupe national ». Ensuite, nous avons eu l’opportunité de tourner en support de Glenn Hugues, l’an dernier, ce qui nous a fait passer au  statut « international » (il rit). Nous avons pu donner des concerts un peu partout, au Forum de Vauréal qui est un super lieu. On s’est beaucoup amusés, nous avons participé à pas mal de festivals, et… nous voici prêt pour ce second album.

Metal-Eyes : D’après ce que j’en ai entendu, l’album a de forts accents pop, il y a du rock, du heavy, aussi, des chansons « sing along »…  Comment décrirais-u le groupe à quelqu’un qui ne vous connait pas ?

Rich : Mmh… Je dirais que nous sommes  un groupe de rock avec un tranchant moderne. Il y a des riffs, mais aussi des refrains accrocheurs, comme tu le dit, des parties à chanter ensemble, beaucoup p de groove. On veut que les gens aient envie d’écouter notre disque ou de venir nous voir en concert et qu’ils aient les idées changées en partant.

Metal-Eyes : J’entends des traces de Nickelback, de The Police, également parmi d’autres choses. Quelles sont vos influences principales ? Ne me dis pas « Pas Nickelback », c’est pas possible !

Rich (il rit): Non on ne peut pas supporter Nickelback ! Beaucoup de gens font cette comparaison, et je pense que c’est lié au timbre de voix.

Metal-Eyes : Ca aide, mais ce n’est pas tout…

Rich : Beaucoup de choses que nous écoutons dans le groupe viennent des USA, des groupes comme Alter Bridege, Shinedown, Alestorm… Ils ne sont pas Américains, ces derniers, mais on aime. On ne cherche pas à cacher nos influences, on préfère les laisser s’exprimer. On écrit les chansons qu’on aimerait écouter nous-mêmes.

Metal-Eyes : Dans son ensemble, l’album transpire de joie. Où puisez-vous cette énergie et cet optimisme ?

Rich : Je pense que tout réside dans le fait de rester positif. L’album s’appelle « Ain’t always easy », ce qui, en soit, npeut ne pas paraitre positif, puisqu’au fond on dit que tout n’est pas toujours facile. Mais tu dois te relever et persévérer, c’est ça le message, on peut s’en sortir. Il y a des gens qui traversent des moments difficiles, et ne peuvent sans doute voir d’issue, mais à un moment, la solution, la sortie arrivera. Aidons les gens à s’en sortir. Il y a des personnes qui, dans le passé, sont venues nous voir pour nous dire qu’une chanson les a aidés. Le fait de traverser des moments difficiles n’est pas bon, mais d’avoir pu de cette manière aider des personnes nous affectent. Il y a cette connexion avec nos fans et nous souhaitons que cela dure, nous assurer que chaque chanson a un message.

Metal-Eyes :  Je voudrais que tu m’expliques le nom du groupe, Stone Broken. La première image qui me soit venue en tête est celle de Moïse tenant les tables de la loi, brisées. Y a-t-il un rapport, ou est-ce complètement différent ?

Rich : Le nom du groupe vient en fait d’un mot anglais qui dit que si tu es « broke » tu n’as pas d’argent. Stone Broken, signifie ruiné de chez ruiné ! En fait, avant d’enregistrer notre Ep, nous avons fait une liste de nos besoins : ce que nous devions acheter, le temps de studio, le matos, et nous avons tout additionné. J’ai dit « We’re gonna be broke » (On va être sur la paille), et Robyn a ajouté « stone broke » (complètement ruiné ». On a rajouté le N et ça fait !

Metal-Eyes : Mais vous avez pu trouver comment enregistrer deux albums et tourner ! Y at-il des thèmes que vous souhaitez aborder dans le groupe ?

Rich : Oui… Il y a une chanson sur l’labum qui traite des violences familiales, un chanson qui m’est personnelle. Je n’en ai pas été victime, mais je suis proche de personnes qui ont été victimes de violences familiales. J’ai eu le  sentiment qu’il fallait que j’en parle, parce que c’est un sujet qui reste tabou. Les gens n’osent pas en parler, et pourtant le devraient. Ça peur devenir dramatique si on n’alerte pas. Je voulais que ce soit sur l’album, et les autres étaient d’accord. C’est une chanson assez agressive, avec des paroles explicites. Il fallait qu’elle soit sur l’album. Comme je l’ai dit, on souhaite véhiculer des messages. Comme Worth fighting for, qui dit, en substance, qu’il faut te battre pour ce en quoi tu crois. Les gens peuvent l’interpréter comme un message politique, soit, mais s’il y a une cause pour laquelle tu crois valable de te battre, fais le ! On essaye de faire en sorte que chaque chanson ait un sens.

Metal-Eyes : Y a-t-il, au contraire, des sujets que vous ne voulez pas aborder ?

Rich : Pas vraiment. On ne parle pas trop de politique, simplement parce que ça peut être un peu… Risqué. Je crois que nous sommes assez ouverts à tout, il n’y a rien que nous voulions éviter. Et s’il y a un sujet que nous n’avons pas aborder, ça signifie que nous n’avons pas assez de chansons ! (rires)

Metal-Eyes : Ce qui laisse entendre qu’il y aura un troisième album ! Quel a été ton premier choc musical, le groupe ou l’artiste qui t’a fait dire « voilà ce que je veux faire » ? Quel âge as-tu ?

Rich : J’ai 29 ans. Je pense que c’est arrivé par étapes. Un des ex de ma mère jouaitb de la guitare acoustique. Il y a toujours eu de la musique autour de moi. Nous avions un piano droit, aussi, bien que je ne savais jouer d’aucun instrument. Ensuite, j’ai écouté beaucoup de rock au lycée, des choses comme Linkin Park. J’ai commencé à jouer de la batterie – me parents ne voulaient pas que j’ai une batterie à la maison…

Metal-Eyes : On se demande pourquoi !

Rich : Oui ! (rires) Je suis ensuite passé à la guitare, dont je suis tombé amoureux. C’est sans doute lié au fait qu’il y en avait à la maison quand j’étais gamin. Donc c’est une sorte de mélange de cet environnement.

Metal-Eyes : Tu as appris la guitare, et le piano ?

Rich : Un peu, pas énormément, en fait. Tu vois, j’ai tendance  à apprendre seul les instruments dont je souhaite jouer… Je joue un peu de guitare, un peu de piano, un peu de saxophone…

Metal-Eyes : Comment écrivez-vous les chansons ? Est-ce un travail de groupe, en commun, chacun vient-il avec ses idées, l’un d’entre vous propose –t-il plus que les autres ?

Rich : C’est principalement moi qui écris et compose. Ça me vient à divers moments, je peux être entrain de conduire ma voiture, de faire autre chose… Toutes les lignes instrumentales viennent ensemble. J’aurai un riff ainsi qu’un rythme basse et la batterie… Les autres ajoutent le reste. En règle générale, je propose 90% des morceaux, les autres ajoutent ou proposent des modifications. Chris compose la guitare lead. Le principe est que nous devons tous apprécier la chanson, si 3 d’entre nous l’aimons et le dernier non, alors soit on la retire ou on la retravaille. C’est important, surtout avec 4 personnes qui portent le même intérêt au groupe. Nous devons être sur la même longueur d’ondes pour tout ce que nous faisons, sinon, ça peut coincer.

Metal-Eyes : Surtout en montant sur scène, où là, ça se ressentirait tout de suite. Donc, c’est dans l’intérêt de tous.

Rich : Absolument.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de Ain’t always easy pour décrire  à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est Stone Broken, la quelle serait-ce, et pourquoi ?

Rich : Je dirais sans doute Worth fighting for, le morceau d’ouverture. Sur chacun de nos albums, nous mettons en premier la chanson qui, musicalement, nous représente le mieux. Lorsque les gens insèrent le CD, ils savent c e à quoi s’attendre.Il y a un message positif, le riff, le rythme et un refrain accrocheur.

Metal-Eyes : Quelle pourrait être la devise de Stone Broken ?

Rich : Ouh, ça c’est une bonne question… attends… « Une seule vie, vis la ! »

Metal-Eyes :  Tu as passé ta journée en promo,  alors maintenant, quelle a été la meilleur question du jour, la plus étonnante, surprenante ?

Rich : La dernière, la devise ! (rires) Je ne m’y attendais pas du tout !

Metal-Eyes : Ce qui signifie que tu t’attendais aux autres…

Rich : (il rit) Non, m  is celle-là ne m’a jamais été posée, vraiment !

Metal-Eyes : C’est mon copyright, ma propriété !

Rich : Oui, c’est sûr ! Il y a eu beaucoup de bonnes questions, intéressantes, aujourd’hui, mais celle-là m’a fait plus réfléchir. C’est bien de sortir de son confort aussi.

BLACK MOTH: Anatomical Venus

Stoner, Royaume-uni (Candlelight, 2018)

Formé à Leeds en 2010, les Anglais de Black Moth nous proposent un troisième album lourd, envoûtant et sombre. Puisant son inspiration autant chez Black Sabbath dans ses aspects heavy que dans Mastodon pour la puissance de feu de sa section rythmique, Black Moth n’hésite jamais, sur Anatomical Venus, à varier les tempi et les plaisirs en s’offrant même quelques divagations psychédéliques. Ca sent légèrement la fumette… Le chant de Harriet Bevan peut être aussi sec que séduisant, les guitares de Nico Carew et Jim Swainston sont saturées en diable et la section rythmique tenue par Dave Vachon (basse) et Dom McReady (batterie) rappellent les plus furieuses heures d’un Black Sabbath ou, plus récemment, Red Fang. Sisters of the stone, hypnotique, fait mouche dès la première écoute et m’impressionne. M’ensemble, d’ailleurs… Rien n’a ici été laissé au hasard, et chaque morceau fait son petit effet. Inconnu jusqu’àlors à mes oreilles, Black Moth est une des grosses surprises de ce début d’année.

SAXON: 1979-1988 – Decade of the eagle

Heavy metal, Royaume-Uni (BMG, 2017)

Quelques semaines avant la parution du nouvel album studio des vétérans anglais de Saxon, BMG publie 1979-1988, decade of the eagle, une compilation retraçant les dix premières années discographiques du groupe. Notons avant tout que Biff Byford a été associé à ce produit, dans la conception de sa pochette et la sélection des titres; Saxon ne se voit donc pas acculé ou trahit par de vils capitalistes voulant se faire du fric sur son dos. Un peu quand même, mais là n’est pas la question. Existant en version CD simple ou double et quadruple vinyle, BMG ne se moque de personne: ce sont ainsi 34 chansons extraites de la période Carrère et EMI qui nous sont ici offerts, soit la meilleur période et le début de la moins inspiré. La meilleure, c’est celle constitué de cette sainte trilogie Wheels of steel / Strong arm of the law / Denim and leather / Power and the glory. Je sais, ça en fait 4, et alors? Vous jetteriez lequel, vous? Le premier album se voit aussi mis à l’honneur, aux côtés de Crusader, tous deux indispensables également. A cette époque, Saxon et Iron Maiden sont au même niveau de popularité, et les choix faits pour les premiers seront malheureux. Car malgré leurs qualités, Rock the nations suivi de Destiny voient Saxon changer de son et, pire que tout, de look, dans le but managérial de séduire le marché US.  Opération raté qui décrédibilisent un groupe jusqu’alors irréprochable dans son approche prolétaire du metal. Pourtant, si le public tourne un peu le dos, certains morceaux méritent qu’on se repenchent dessus. les fans de la première heure ne découvriront sans doute pas grand chose, ceux qui rejoignent les rangs ont ici un beau résumé d’une carrière quasi exemplaire. En tout cas, celle d’un groupe qui n’a jamais rien lâché. Le livret, riche de textes et de photos (24 pages) est un plus à ce produit.

GHOST: Ceremony and devotion

Hard rock, Suède (Spinefarm, 2017)

Qui a déjà vu Ghost live le sait: le groupe frise la perfection à chacune de ses apparitions. Et après seulement 3 albums studio, les Suédois nous offrent enfin un album live, double qui plus est. Le tracklisting de Ceremony and devotion est impeccable, chaque album étant représenté, rien n’étant à jeter. Allez, la seule que l’on puisse regretter? Le public « capté » à San Francisco, trop parfait pour être honnête. Ca sent simplement le travail en studio, tant les interventions tombent pile comme il faut. Mais ne nous arrêtons pas à si peu, la technique a été utilisée tant de fois qu’on n’en est plus surpris. Le principal reste bien le plaisir qu’on a à écouter les Per aspera ad inferi, From the pinacle to the pit, Year zero, Mummy dust… On pourrait tous les citer tant la setlist resseble à un défilé de hits. Ceremony and devotion est le témoignage d’une formation qui, comme d’autres avant elle, a traversé des épreuves qui pourraient remettre en cause son avenir. A suivre lors du prochain Download Paris, en juin prochain, où Ghost nous montrera sans doute un nouveau visage. En attendant délectons nous de cet album délicieusement subversif qui se termine avec l’incontournable speach de Papa Emeritus III précédant Monstrance clock. A savourer vous dis-je!

Interview: HOLISPARK

Interview HOLISPARK. Entretien avec Max (basse). Propos recueillis au Dr Feelgood des Halles, à Paris le 6r février 2018

Metal-Eyes : Je découvre Holispark avec cet album, Sonic bloom, alors commençons de manière classique : peux-tu me raconter l’histoire de Holispark dans ses grandes lignes ?

Max : Ca marche ! Holispark, c’est un trio qui a commencé avec Manon, la chanteuse, Roch, le batteur et Kevin, un des deux guitaristes qui s’est transformé en quintette…

Metal-Eyes : Qui ? Kevin ?

Max (il me regarde avec des yeux interrogateurs et explose de rire) : Non ! En gros, ils avaient besoin de gens pour venir jouer sur scène l’Ep qu’ils avaient enregistré, The harvest. Du coup, on a été embauché parce qu’ils avaient besoin d’une basse et d’une guitare. Au fur et à mesure des concerts, on est tombés d’accord sur le fait qu’on avait vraiment envie de construire quelque chose à 5. Puis on a enregistré cet album, Sonic bloom, tous ensemble.

Metal-Eyes : C’est donc le travail d’un groupe. Comment l’avez-vous conçu, cet album, avec deux nouvelles têtes ?

Max : Le process d’écriture est assez banal : on fait ça en répète, tous ensemble. Il y en a toujours un qui ramène une idée, un riff, un beat…et on rebondit tous là-dessus, avec les idées de tout le monde. Même si elles sont pas bonnes, et qu’on les transforme. Ensuite, Manon trouve la mélodie vocale et écrit ses paroles à tête reposée. Parfois, souvent, même, elle ébauche quelques mots et elle développe tout ça au calme. Souvent, ça se fait en une session, ça va relativement vite parce qu’on sait se parler, se dire quand c’est de la merde ou quand c’est cool.

Metal-Eyes : Je voudrais qu’on parle du nom du groupe, que je trouve être à l’image de la musique : multi-facettes. On peut le traduire de trois manières différentes : « l’étincelle sacrée », » le parc des saints » ou « le parc de Holy », puisque c’est aussi un prénom. Quelle est la véritable signification ?

Max : En fait il y en a deux : la première raison que tu as donnée est la meilleure : c’est vraiment l’étincelle sacrée. On a viré le « y » parce qu’on trouve ça plus joli avec un « i ». Mais « Holy », c’est aussi la fête du printemps en Inde, quand ils se balancent les poudres de couleurs. Le feu sacrée c’est une façon de dire qu’on a envie de jouer, d’enregistrer et de faire du rock. De se bouger où et quand on le peut…

Metal-Eyes : Tu parles de « feu sacré ». En réécoutant le disque, on entend sur The shadow les mots « I want to be a phoenix ». Le phénix est un oiseau qui renaît de ses cendres. Doit-on comprendre que vous voulez détruire Holispark pour mieux renaitre, transformer cette étincelle en feu sacré ?

Max : Si on prend le cas particulier des paroles, c’est des expériences qui sont toujours propres à Manon mais qui nous parlent à tous. Ce sont des expériences de vie qu’on peut ressentir. L’idée du phénix, c’est une façon de dire « quoiqu’il arrive, tu dois te relever et aller de l’avant ». Même les mauvaises expériences , tu peux en tirer profit et en revenir grandi. C’est aussi l’idée du nom de l’album, je ne sqis pas si on peut en parler maintenant…

Metal-Eyes : Vas-y, j’allais en parler aussi…

Max : Désolé, je t’enlève ton lien (rires) ! Sonic bloom, c’est l’idée de renaissance, celle à 5, Holispark en quintette. Une esthétique qui n’est pas complètement différente de l’Ep, mais qui a évolué. C’est quelque chose qu’on a pu faire à 5, ce renouveau dans notre musique.

Metal-Eyes : Tu parles du titre : quel est lien avec la pochette qui représente une serre avec des arbres exotiques. Il n’y a rien de très sonique, là-dedans, sauf si on trouve des oiseaux !

Max : Oui, ben en fait, c’est parce que moi, j’ai une formation de jardinier… Non, c’est pas vrai, j’ai essayé d’amener une blague mais… (NdMP : dommage que tu te sois arrêté, j’allais y croire !)

Metal-Eyes : Donc quand tu n’as pas ta basse, tu viens avec ta pelle et ton rateau…

Max : Voilà ! Non, l’idée de la serre, c’est un rapprochement avec la nature qui fleurit, la graine qui sort de terre. C’est l’idée de floraison qu’on a retenu. La serre, c’est une image qui, graphiquement, nous plaisait, et ce qui est végétal, ça nous parle, à Manon, aussi, beaucoup. C’est elle qui a été en contact avec le graphiste. Cette pochette c’est plus une mise en image de ,notre musique qu’un concept en lui-même.

Metal-Eyes : On peut aussi faire un lien entre cette étincelle qui est le point de départ de la vie et cette floraison, le renaissance. Parlons un peu de la musique : j’ai trouvé que l’album peut être aussi léger que brutal, plus rugueux. Par exemple, Emotionally et Failed escape sont très aériens, White flag a tout de l’hymne à faire chanter en concert… Quavez-vous mis dans cet album ? Quelles sont les influences, qu’aviez-vous envie de créer, quel était le propos ?

Max : Pour répondre, je vais devoir te parler du passé d’Holispark, celui qui me concerne : sur l’Ep, on était sur quelque chose de très pop rock, bien plus que sur Sonic bloom. On avait envie de sortir de cette image, c’était beaucoup plus gentillet qu’aujourd’hui. On avait envie de sortir de cette étiquette, d’autant plus avec une nana qui chante et, ça, c’est très vite catalogué. Quand on a composé à 5, chacun a apporté ses influences. Par exemple, moi, je viens du punk rock, je fais aussi du metal, j’aime beaucoup le hard core. Toutes ces influences font qu’il y a parfois des riffs hyper secs, et, en même temps, il y a indéniablement l’influence que la pop a sur Manon, son chant, son écriture, et aussi Roch, le batteur, qui a aussi grandi en écoutant Michael Jackson. La différence a été établie en fonction du sentiment qu’il y avait en composant le morceau. Un riff hyper serré comme Sunset, on avait envie de quelque chose qui donne envie de taper. En même temps, on est de grands amateurs de pop, et on a envie, comme sur Emotionaly, de faire des morceaux assez aériens, légers, Pour Failed escape, on avait envie d’une belle ballade… En fait, on n’a jamais cherché à conceptualiser les morceaux avant de les écrire. On a eu des idées, plein, et on a juste pris le meilleur de tout ça, qui restait dans l’esthétique de ce qu’on voulait. On a écrit des chansons qui ont fait un album, et ensuite, on les a organisées de façon à ce qu’elles soient cohérentes entre elles…

Metal-Eyes : Alors, justement, si tu devais ne retenir qu’un morceau de cet album pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas ce qu’est Holispark, ce serait lequel ?

Max : Ok. Ok, ok… Je pense que ce serait The shadow. Parce qu’il y a de gros accents pop, et aussi un riff bien vénère. Clairement, je pense que dans les paroles de Manon, il y a tout ce qu’on veut faire passer.

Metal-Eyes : Maintenant, quelle pourrait être la devise de Holispark ?

Max : Je pense que ce serait « Toujours apprendre de ses erreurs et ne rien lâcher »

Metal-Eyes : Une dernière chose : quelle a été la meilleure question qu’on tait posée aujourd’hui ?

Max : Ben.. Je n’ai pas envie de passer pour un fayot, mais je trouve que la question que tu m’as posée sur quelle chanson choisir pour résumer Holispark, c’est une putain de question parce que c’est la première fois qu’on me la pose et que c’est excellent pour résumer l’idée du groupe.

 

NIGHT DEMON : Darkness remains – expanded edition

Heavy metal, USA (SPV, 2018)

Face au succès rencontré par l’édition originale de Darkness remains, et plutôt que de proposer une nouvelle réédition sans rien, les Américains de Night Demon, sous l’influence de leur label, ont choisi de profiter de leur tournée en ouverture d’Accept de proposer une édition « expanded » de leur second album. Rappel, pour ceux qui ne connaissent pas le groupe: Night Demon est un trio californien qui excelle dans un Heavy metal totalement inspiré de la NWOBHM et de la dernière vague anglaise des années 70. L’album en entier, chant inclus, puise dans ces influences légendaires que sont Judas Priest, Iron Maiden (avec un titre comme Maiden hell, dire le contraire serait osé…) Def Leppard ou encore, par ses aspects bluesy, Thin Lizzy. Au delà du format power trio qui évoque Motörheéad, on pense aussi à la folie de Raven avec qui Night Demon a fait sa première tournée. Rien à dire de ce côté, donc, car si c’est musicalement daté, c’est volontaire et assumé. On se penchera donc sur le second CD qui propose les mêmes titres en versions brutes, ce qui en soit n’apporte pas grand chose, mais qui propose surtout un commentaire audio chanson par chanson. Alors si vous voulez tout connaitre des méandres de cet album remarqué, vous savez ce qu’il vous reste à faire! Metal rules!

STONE BROKEN: Ain’t always easy

Rock, Royaume-Uni (Spinefarm records, 2018)

Personne ne pourra nier l’influence de Nickelback sur ce second album des Anglais de Stone Broken (le premier est paru en 2016 ). La puissance, l’efficacité des compos, la production léchée tout est réuni sur Ain’t always easy pour séduire tant les radios que le grand public. Il y a juste ce qu’il faut de séduction dans le chant de Rich Moss – puissant et mélodieux, sans jamais trop en faire –  et un énorme sens du morceau accrocheur pour que succombent rapidement pucelles et tourtereaux… et nombre de médias en recherche d’audience. Worth fighting for, qui ouvre le propos promet de vivre de grands moments rock et Let me see it all, coquin en diable, confirme la bonne tenue de l’ensemble. En tout cas, sur la première partie de l’album. Car la seconde est plus téléphonée, classique et entendue. Comme me le confiait Rich, le chanteur, lors d’une récente interview, Stone Broken a placé, sur chacun de ses album, le titre le plus représentatif de la musique du groupe en premier. Doit-on alors s’attendre à moins d’inspiration par la suite? Ne parlons pas de la ballade racoleuse Anyone – déjà faite un million de fois, souvent en mieux. Si la recette est gourmande, on n’est guère plus surpris jusqu’au final The only thing I need qui relance la machine. En résumé, cet album s’écoute avec plaisir, malgré une baisse de régime qui pourrait presque faire penser à du remplissage. Il y a toutefois un incontestable savoir faire qui rappelle d’autres grands du genre : Alter Bridge, Volbeat ou même Black Stone Cherry font sans doute partie des influences alors ne boudez pas votre plaisir.

Interview: NIGHT DEMON

Interview NIGHT DEMON. Entretien avec Jarvis (chant, basse). Propos recueillis à l’Elysée Montmartre de Paris le 1er février 2018

Metal-Eyes : Jarvis, je ne connais pas très bien le groupe. D’après ce que j’en sais, Night Demon s’est formé en 2011, a publié un Ep et 2 albums. Que peux-tu me dire d’autre sur la genèse du groupe ?

Jarvis : On a formé le groupe en 2011 avec la simple intention d’enregistrer un Ep. Ce qui s’est fait très rapidement. On n’a pas rejoué véritablement avant 2012… On peut dire, alors, que le groupe a vraiment débuté en 2013, un simple trio heavymetal très influencé par la NWOBHM. Ensuite, on a tourné pendant 4 ans, ça a été super, venir en Europe a été génial… Tout se passe bien pour nous, vraiment !

Metal-Eyes : Comme tu viens de le dire, Night Demon est très influencé par la NWOBHM, tant dans le son, dans ta manière de chanter, également… les premiers groupes auxquels j’ai pensé sont, naturellement, Iron Maiden – il y a d’ailleurs un morceau intitulé Maiden hell sur votre dernier album – mais aussi Raven – vous avez d’ailleurs le même format de power trio –mais je ressens aussi des influences de Thin Lizzy dans ses aspects bluesy…

Jarvis : Absolument !

Metal-Eyes :Qu’y a-t-il d’autre ?Que mettez-vous de plus dans votre musique ?

Jarvis : Difficile à dire, on écrit ce qui nous vient… On écoute beaucoup de rock 70’s. Tout ce que tu as cité fait partie de nos influences. On a d’ailelurs fait notre toute première tournée avec Raven ! Quelques shows aux US, mais on a pas mal joué avec eux autour du monde, ils sont un peu comme nos grands frères.

Metal-Eyes : Parlons de Darkness remains, paru en 2017. Vous venez de le ressortir dans un format expanded. Pourquoi ce choix ?

Jarvis : Le label le souhaitait. En fait, ils voulaient sortir un « tour edition », pour cette tournée. L’album se vend vraiment bien, il est toujours en réimpression… On s’est dit qu’on pouvait sans doute faire les choses différemment, entre autre parce que sur cette tournée nous jouons devant de nombreux nouveaux fans. Je me suis demandé ce qu’est vraiment un » tour edition » : faut-il mettre des versions live ? C’est ce que je voudrais, mais on enregistre dans le cadre d’un live qui va paraitre cette année. Alors on s’est dit « faisons maintenant ce que les autres groupes mettent 20 ans à proposer aux fans ! On a ce qu’il faut, alors, allons-y ! » Tout simplement…

Metal-Eyes : Ce sont donc les mêmes chansons, dans des versions différentes…

Jarvis : … Avec des commentaires au sujet de chaque titre.

Metal-Eyes : Tu viens de dire que vous avez beaucoup tourné ces 4 dernières années. Alors comemnt décrirais-tu l’évolution de Night Demon entre vos deux albums ?

Jarvis : Pas tant dans un changement de style… Mais je pense que notre manière d’écrire et de composer est devenue plus mature. Avant, j’acrivais les chansons que je souhaitais, avec beaucoup d’imageire que je souhaitais utiliser, parfois un peu cliché, mais en avançant, c’est devenu un peu plus « réfléchi », tu vois ? La musique est devenue un tout petit peu plus « progressive », juste pour éviter de nous répeter, ce qui est assez facile àn faire.

Metal-Eyes : Comment enregistrez-vous vos albums ? A l’ancienne ou…

Jarvis : Oui, oui, on n’utilise pas de clic, d’isolation ou ces trucs là… On entre dans la pièce et on enregistre, c’est tout. Live, c’est la façon de faire !

Metal-Eyes :De quoi traitent vos chansons ? Tu viens de parler de clichés, alors…

Jarvis : Oui, on parle de plein de choses, plein de clichés metal ! Le mal et l’obscurité, principalement ? Ce genre de choses, des monstres, des fantômes, des choses bibliques…

Metal-Eyes :Y a-t-il, au contraire, des thèmes que tu ne souhaites pas aborder ?

Jarvis : Oui, je ne veux pas aborder des sujets religieux ou politiques, on laisse ça à d’autres. Je ne veux pas être une sorte d’influence, nous voulons être un groupe qui libère les gens de ce genre de choses!

Metal-Eyes : un groupe d’entertainement, donc?

Jarvis : Oui, totalement! On veut être un groupe important, et nous le sommes aux yeux de certains. Mais sans prise de tête, sans politique… Il y a trop de merde dans le monde. Tu sais, le monde se fout en l’air depuis qu’il existe, et ça ne va pas changer. Je n’ai pas le sentiment que nous, en tant que groupe, en faisons assez pour prétendre pouvoir précher à ce sujet. Il y a plein de gens qui pensent que sous prétexte de ma position, j’ai plus d’audience que mon voisin de pallier. Ce qui est vrai, mais je ne crois pas pour autant que j’ai suffisamment d’influence pour tenir ce genre de dsiscours. On vit nos vies, on essaye, jour après jour, de nous en sortir, pas de créer un changement social. Nous serions des hypocrites si nous tentions de faire autre chose.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’une chanson de Darkness remains pour expliquer à ceux qui ne connaissent pas Night Demon ce que vous êtes, ce serait laquelle?

Jarvis : Alors, je choisirais sans doute… Peut être Hollowed ground. Elle a beaucoup d’éléments different: des tempis varies, des harmonies vocals, de beaux solos, un bridge galopant…

Metal-Eyes :Si mes infos sont correctes, il s’agit ce soir de votre second concert à Paris, après un passage il y a quelques mois au Klub.

Jarvis : Oui… C’est peut-être notre troisième passage à Paris. Non, tu as raison. On est passé à cette emission télé, Un dose 2 metal il y a 3 ans. Donc, c’est notre second concert mais notre troisième passage.

Metal-Eyes : Et quells souvenirs gardes-tu du Klub?

Jarvis : Il faisait chaud! (rires) On était au sous sol, et c’était blindé!

Metal-Eyes :C’est une sale qui est blindée avec 30 personnes!

Jarvis : C’est vrai! Mais c’était cool… Tu sais, ce qui est dommage avec une ville de cette taille, c’est que la culture heavy metal a disparu. Pour le metal classique, c’est vraiment dommage, mais il y a le meme phenomena à Londres. Pour quelqu’un comme moi qui vient de Los Angeles, tout y est populaire, il n’y a pas un style qui domine, tous les genres ont leur public. Mais tu dois faire le boulot, et visiblement, le show de ce soir va être gros. On est ravis de jouer pour de nouvelles têtes!

Metal-Eyes : En fait, le metal n’est pas vraiment mort, en France; il n’a jamais vraiment été vivant, il a toujours été considéré comme une sous culture. On met en avant le rap, la musique facile à écouter, c’est ce que proposent les medias au public. Heureusement, en France, nous avons un bon nombre de festivals pour rattrapper ça. Vous allez tenter de participer à un festival en France cet été?

Jarvis : On adorerait ça, on en fait partout ailleurs. Tu sais, j’organise mon proper festival alors je sais ce que c’est! Nous sommes en contact avec de nombreuses personnes, le Hellfest serait super mais on n’a pas encore reçu d’appel de leur part.

Metal-Eyes :Comment vous-êtes vous retrouvés à l’affiche de cette tournée?

Jarvis : Un animateur radio de Cleveland a mis leur management en contact avec nous, ils ont voulu voir ce que nous donnions, leur agence nous a vus au Rock Hard festival en Allemagne et nous avons insisté. Les discussions ont commence là.

Metal-Eyes :A quoi devons nous nous attendre de la part de Night Demon ce soir?

Jarvis : Beaucoup d’énergie de la part de trios mecs épuisés! (rires)

Metal-Eyes : Parlons de toi: quell a été ton premier choc musical, le groupe ou l’artiste qui t’a fait dire “viola ce que je veux faire”?

Jarvis : Van Halen, que j’ai écouté vraiment, jeune. Deep Purple, Smoke on the water. And justice for all de Metallica, ce sont les principaux, ceux qui m’on donné une claque.

Metal-Eyes :Qu’est-ce qui t’a amené au chant, alors?

Jarvis : Pendant des années, j’ai joué dans tant de groupes, j’ai beaucoup tourney. Des groupes vraiment prometteurs qui se sont séparés parce que l’un des members principaux, comme le chanteur se barrait. Je mettais ma vie dans les mains de ces groupes, et tout reposait sur quelqu’un d’autre. A un moment je me suis dit” je vais être le gars qui ne peut être remplacé”. J’ai appris à faire les chose que le gars qui ne peut être remplacé fait, et j’ai appris à chanter et à écrire la musique.

Metal-Eyes : Une dernière question: quelle pourrait être la devise de Night Demon?

Jarvis : Oh… “Pas de scène trop grande, pas de scène trop petite”.

Metal-Eyes : J’aime bien! Merci et je vous verrais sur scène d’ici un peu plus d’une heure.

Jarvis : Avec plaisir!