HUNTDOWN: This is war

France, Hardcore (M&O, 2025)

Formé au début des années 2020, Huntdown publie Chasing demons, un premier Ep de 6 titres en 2023. Brut de décoffrage, les parisiens s’adressent clairement aux amateurs de hardcore brutal américain, aux fans de Hatebreed ou Madball, pour ne citer qu’eux. This is war, leur premier album aux influences thrashisantes, propose 6 nouveautés accompagnées de 4 morceau dudit Ep. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les mecs sont sérieux. Le titre de l’album résume à lui seul parfaitement le propos: une guerre de décibels et d’énergies explosive est ouverte dès Dump. Et jamais Huntdown ne met le pied sur le frein. Le chant rageur est parfaitement soutenu par un ensemble rugueux et direct. Une rugosité qui, si elle domine, est, par instants, contrebalancée par des des « respirations », passages plus lents mais bigrement lourds. Une bonne grosse claque qui n’est autre qu’une invitation à pogoter tout son soul! Ex-plo-sif!

DEAD BEES IN BOURBON: Crystals

Allemagne, Rock (Echozone, 2025)

Déjà, le nom du groupe – Dead Bees In Bourbon (des abeilles mortes dans le bourbon) – m’interpelle et me fait sourire. D’autant avec une police et un visuel qui m’évoque l’univers de Tim Burton et un certain Mister Jack. C’est donc avec une réelle curiosité que je glisse le CD dans le lecteur et dès Quiet pulse, la formation allemande me renvoie dans un passé pas si lointain. Un chant doux de Yen Aneztberger, toujours rassurant, est soutenu par des guitares à la fois discrètes et déterminées (Arndt Bander et Ingo Hannen, également à la basse et aux synthés) et une rythmique solide (la batterie de Ben Overmann). Tout au long des 11 morceaux de ce Crystals, Dead Bees In Bourbon nous replonge dans une période où le rock se liait avec bonheur à une new wave entrainante. L’apport des synthé et de touches électro y est pour beaucoup mais la batterie, comme sur Pleasures, apporte ces aspects hypnotiques avant que le titre ne monte en puissance. On a même droit à un clin d’œil aux débuts de Guns N Roses et Metallica avec l’intro de Rooftops of Zion (le titre prend toute sa démesure rapidement après cette intro). L’étiquette de « post punk » que le groupe s’est attribuée (ou qu’on lui a attribuée) est ici bien trop limitative tant Dead Bees In Bourbon propose une musique variée, allant de la tendresse à la rage, du rock le plus énervé à des sons plus éthérés et épurés en passant par des moments sombres et gothiques mais avec toujours un fond joyeux (On your own). Crystals s’adresse à un très large public, sans distinction de caste ou de genre. Un premier album plus que prometteur et un groupe à suivre de près.

Séance de rattrapage: YDHESSÄ: Genesis

Pagan/Folk, France (M&O, 2025)

Etonnant album que ce Genesis signé des Français de Ydhessä. Le groupe est composé de cinq musiciens d’horizons si variés que le résultat ne peut être qu’un mélange des origines de chacun. Gaetan Courouble (chant et bouzouki irlandais) vient du folk rock, Luna Limage (chant, harpe et flûte), de la world music, Djaffar Lebdiri (bouzouki aussi, flûte itou et cornemuse) est issu de la musique celtique irlandaise. A ceux-là viennent s’ajouter Maxime Baltor et ses percussions tribales orientales (djembé, congas et darbouka auxquels on ajoute un autre bouzouki irlandais) tandis qu’Arthur Maione apporte sa touche plus metal à la batterie. On connait tous ces instruments? Certes non, alors une petite recherche indique que ledit bouzouki est une sorte de luth à long manche. Un instrument à cordes cousin de la guitare, donc. Le résultat est souvent surprenant, et les 12 titres mélangent avec un certain bonheur ces univers a priori incompatibles et le chant mixte, presque lyrique de Luna (également harpiste de la formation, instrument de plus en plus en vue!) – à l’anglais peu compréhensible – et plus incantatoire de Gaetan. Si l’ensemble est plein de belles intentions, il manque toutefois quelque peu de corps. On apprécie cependant cette douceur bienveillante qui rencontre une forme de rudesse de mère nature, ainsi que le mélange de ces influences qui apportent une teinte particulière à l’ensemble. Une jolie carte de visite.

TRAVERSUS: Navigate

Pays Bas, Metal (Autoproduction, 2025)

En mélangeant des riffs déterminés à des rythmiques enlevés, les Néerlandais de Traversus créent un univers hard rock/metal traditionnel entrainant et enjoué. Après avoir publié un premier Ep en 2023 – The only way is through – la formation batave revient avec Navigate, un nouvel effort de 6 titres qui explore les terres d’un hard rock moderne tout en restant classique et, surtout, abordable. Le chant féminin de Madelief de Groot et porté par les mélodies et les riffs, saccadés et francs, de Joey Wessels et la rythmique variée du bassiste Diko Eleveld et la batterie de Liam de Groot. L’ensemble est très joyeux et festif et, sans jamais trop en rajouter, Traversus nous invite à une parade enjouée tout au long des Headline anxiety, Maybe in another life ou Dead hands. Le groupe s’adjoint même les services du producteur Joost van der Broek, connu des amateurs pour son travail avec Epica ou Powerwolf. Navigate, s’il manque un peu de puissance dans ladite production, est un disque qui invite à la curiosité. Traversus ne se cantonne pas à un style et s’amuse à explorer du prog, du thrash ou de l’oriental aussi bien que se poser sur des terres plus familièrement hard rock. Il manque sans doute un peu de maturité à l’ensemble mais il y a beaucoup d’envie et ça, c’est une belle promesse.

BIRDS OF NAZCA: Pangaea

France, Stoner/Doom (Autoproduction, 2025)

C’est à Nantes que se sont retrouvés le guitariste Guillaume Kerdrandvat et le batteur Romuald Chalumeau pour fonder en 2019 un duo doom nommé Birds Of Nazca. Ensemble, ils publient un premier album éponyme en 2020, suivi, après la crise sanitaire, d’un Ep, Héliolite, paru en 2023. Pangaea, leur nouvel album propose 7 titres variés, aussi lourds et oppressants qu’éthérés et aériens. On retrouve évidement l’empreinte de Black Sabbath, Candlemass ou encore Orange Goblin, mais le duo s’en distingue par cette particularité de proposer une musique totalement instrumentale, dans un esprit doom/stoner, lorgnant parfois vers le tribalisme, sans basse qui alourdirait sans doute encore plus ce mur de son qu’offre Birds Of Nazca. Les deux parviennent aussi à créer des ambiances si variées qu’on ne s’ennuie pas une seconde. Impressionnnant d’efficacité, ce Pangaea est une merveille du genre à découvrir d’urgence. En un mot: j’adore!

REBEL ANGELS: Hot live

France, hard rock (Ep autoproduit, 2025)

On n’en a pas si souvent que ça des live enregistrés lors d’une convention rock et metal… Les Français de Rebel Angels ont su profiter de leur passage à la convention de Fismes le 2 mars 2025 pour y enregistrer les 4 titres de ce Hot live. Un rock simple, franc et direct émaillé tout au long des Rip it off et Rock’n’roll outlaws – deux extraits de leur précédent Ep. Le groupe se permet même le luxe de reprendre le mythique Hair of the dog de Nazareth. Que des morceaux connus, certes mais ce n’est pas tout puisque Rebel Angels nous offre en conclusion She talks too much, une nouveauté quelque peu influencée par AC/DC qui figurera sur son premier album, prévu en 2026. Avec un titre aussi prometteur, on attend cette sortie avec impatience. Pour le moment, on se contente de ce Hot live au son brut comme un live et suffisamment bien produit pour que chaque instrument soit en place. Il ne manque sans doute, reconnaissons-le, qu’un peu de cette niaque scénique, de cette électricité rageuse qui ferait passer cet Ep d’une simple carte de visite à une grosse promesse. La communication avec le public, sans doute peu nombreux mais en forme, se limite aussi à quelques mots mais on n’a guère de temps à perdre en palabres quand on ne dispose que d’aussi peu de titres pour convaincre. Hot live n’en reste pas moins une déclaration d’intention 100% rock’n’roll pur jus.

Séance de rattrapage: INNER CABALA: We are solitude

Metal, Pays-Bas (Autoproduction, 2025)

Si Inner Cabala a vu le jour aux Pays-Bas en 2021, ses membres viennent également de Roumanie et d’Italie. Un mélange d’origines et de cultures qui se reflète dans a musique de la formation tout au long de ce We are solititude, un premier album composé de 10 morceaux variés, puisant autant dans le metal moderne, puissant et rageur que dans des influences plus prog, voire orientales. Le chant de Pim Limburg est à la fois doux et enragé, par instants torturé et mélancolique, à l’image des guitares d’Alexandru-Daniel Taun et Alessandro Zanchetta aussi rugueuses que joviales (Mediocrity devides I, Of time rejoiced). Au delà du metal pur, on note des influences new wave (Crippled reality). Si Inner Cabala veut poser sa marque de fabrique, il manque ce petit quelque chose qui le démarquerait d’une scène déjà encombrée. Il y a de la volonté et du savoir faire, des rythmes variés (la basse de Razvan « Sid » Poinaru et la batterie féroce de Carlo Belloni), un ensemble qui ne se complait jamais dans la facilité. Est-ce pour autant suffisant. Sans doute une production plus gourmande apporterait-elle ce plus qui manque. Une jolie carte de visite qui reste à confirmer.

REKT: Tunnel vision

France, Metal (Ep, M&O, 2025)

Après une intro assez spatiale, des guitares saturées et mélodiques transforment Midnight fire en un titre heavy au rythme martial et déterminé. Tunnel vision est le premier Ep des Parisiens de Rekt, groupe influencé autant par la lourdeur de Mastodon que par le sens de la mélodie de Tool. On déplore cependant, d’autant plus avec la technologie actuelle, une production très – trop – étouffée qui relègue le chant à l’arrière plan. L’a suite’ensemble, cependant, alterne avec un certain bonheur mélodies aériennes et metal oppressant, explorant par instants des univers gothiques proches, parfois du doom. S’il y a de la matière tout au long des 5 titres qui le composent, ce premier « Ep » (avec ses plus de 45′ on peut même parler d’album) souffre malheureusement de la faiblesse de sa production. Dommage, vraiment, car Struggle, S.O.S (et ses ambiances ritualistes), Howl ou le morceau titre savent ne pas se répéter et se faire séduisants par leur variété.

OLD BLACK: D.T.R.R.T.D

France, Metal (Music records, 2025)

Ca commence par un appel à tous ceux qui aime la chatte… Le racolage d’un directeur de bordel à la voix rauque qui cherche à faire entrer sa clientèle d’un soir. Puis Old Black lance les hostilités avec un riff heavy à souhait et une rage vocale déterminée comme jamais. En un petit titre, les Français explorent l’ensemble de leurs influences qui s’étalent du heavy old school au black/death est ses blast beats explosifs. On ne comprend naturellement pas un mot de ce « chant » guttural, mais on apprécie la variété des tempi, les cassures de rythmes et les riffs efficaces. Il y a de quoi se démettre quelques cervicales tout au long de ce D.T.R.R.T.D., un intitulé certes mystérieux mais qui renferme 7 titres d’un rock n roll furieux teinté de black. Si le trio composé de Old (chant et guitares), Randy (batterie) et Malfaisant (basse) réussit à créer des ambiances diverses, ile ne cherche pas à réinventer le genre. Ancré dans le old school – de la prod crade et presque minimaliste en passant par l’illustration de couverture crayonnée (on ne parle pas des pseudo des musiciens) – Old Black se fait simplement plaisir, s’adresse à un public aussi bien amateur de heavy speed 80’s qu’a celui plus « soft » black metal. Et nous laisse imaginer des concerts lourds et sombres, à voir de nuit et en salle. Un bon moment.

SYR DARIA: Dark carousel

France, Heavy/Thrash (M&o, 2025)

Il y a en France des groupes qui se font, souvent bien involontairement, bien trop rares. Syr Daria fait partie de ces formations qu’on voudrait bien voir et entendre plus fréquemment. J’avais découvert le groupe en 2016 avec son album Voices. Le groupe est plus tard revenu avec Tears of a clown (paru à la pire période, fin 2019, à peine quelques mois avant la crise sanitaire ayant certainement empêché le groupe d’en assurer une promotion correcte), trait d’union entre Voices et ce Dark carousel qui nous est aujourd’hui offert. Un trait d’union tant visuel – la jeune femme de l’album précédent, qui tenait la tête décapitée du clown de Voices, a grandi (même si je trouve la pochette vraiment moche et ratée, il me semble bien qu’il s’agit de la même personne) et semble aujourd’hui quelque peu désemparée. Trait d’union musical aussi, Syr Daria nous proposant 10 titres puissants, qui piochent autant dans le thrash naissant de la Bay Area (d’évidentes influences Metallica ou Slayer – le chant proche de celui de Hetfield sur Pogo, les riffs saignants de The beast is back, Fate) ou de la NWOBHM, le jeune Iron Maiden en tête enrobent des compos toujours efficaces. Syr Daria réussit cependant à s’éloigner de ses influences pour apporter sa touche et sa personnalité à ces morceaux qui donnent vraiment envie de secouer la tête Pour ne pas gâter l’affaire, le chant anglais est ici très agréable car la langiue est maitrisée et compréhensible. Il reste maintenant à nos amis de l’Est (le groupe est originaire de Mulhouse) à tourner pour soutenir ce disque qui mérite de vivre pleinement.