SHAKA PONK : The final f*cked up tour à Orléans, le Zénith, 22 février 2024

Parfait. Shaka Ponk a ce soir, 22 février, offert au public du Zénith d’Orléans, complètement électrisé et survolté, le concert parfait de bout en bout. Difficile de croire que ce groupe exemplaire ai vraiment décidé de quitter la scène – on en a vu d’autres qui se sont depuis reformés… En tout cas, si The final f*cked up tour devait vraiment être cette dernière tournée, c’est par la grande porte que Shaka Ponk fait ses adieux. Retour sur un des plus mémorables concerts qu’il m’ait été donné de voir.

Ce soir, le Zénith d’Orléans affiche complet. C’est une foule bigarrée qui se masse devant l’entrée dans un froid glacial. Des jeunes, des plus expérimentés, des amateurs de rock, de meta ou autre, le public est à l’image de la population: varié. On a hâte de se retrouver au chaud. Le Zénith est déjà bien rempli lorsque nous arrivons et les lumières s’éteignent assez rapidement.

Ina-Ich a la lourde tâche de mettre le public en appétit. Le duo parisien propose un rock soft qui peut dénoter avec le ton de la soirée. Difficile en effet de chauffer une salle lorsque l’un est coincé derrière sa batterie et l’autre, la chanteuse Kim-Thuy Nguyen, est entourée de claviers.

Si c’est proprement fait et exécuté, si le public applaudi poliment, ce dernier ne s’emballe guère. La musique proposée par Ina-Ich ne me parle pas beaucoup et je constate qu’il y a beaucoup de monde aux bars et au merch de la tête d’affiche. Une première partie trop intimiste qui fait de son mieux mais ne risque pas de voler la vedette.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Etonnamment, les coursives du Zénith se vident pendant l’entracte, le public préférant trouver sa place dans la salle. Les lumières sont encore allumées lorsqu’une clameur retentit, la foule se tournant vers les passerelles du Zénith et pointant du doigt… Quoi donc? Sam et Frah, les deux chanteurs de Shaka Ponk, et C.C, le guitariste, arrivent dans la salle par derrière en traversant le public, descendent tranquillement les marches avant de se faufiler à travers la foule du parterre et trouvent enfin place sur une petite plate-forme au cœur du public.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Là, Frah annonce simplement que « comme il s’agit d’un concert spécial, on a décidé de faire les choses différemment« . Les lumières se tamisent laissant le trio entamer avec douceur ce show avec des versions acoustiques de I’m picky suivi de Gung ho (qui m’évoque le Black velvet d’Alanah Myles) et Run run run, les trois se tortillant tant bien que mal afin de pouvoir regarder le public où qu’il se trouve avant d’attaquer une version quelque peu plus électrisée de The house of the rising sun, Frah interrogeant avec douceur les public – « ça va, mes petits singes? » (référence à la mascotte du groupe) et de rejoindre la scène en traversant tranquillement la foule qui fraye un chemin aux trois.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Dès lors, Shaka Ponk – au complet – entraine son public dans un tourbillon aussi visuel qu’énergique et dansant. La scène est superbement décorée avec ces tas de livres qui sont comme un appel à renouer avec le papier et la culture, la connaissance. Une bibliothèque, et son salon (un canapé et une lampe), sur les murs de laquelle apparaitront plus tard des choristes qui se montreront totalement partie prenante du spectacle.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Un spectacle magnifié par des lumières exceptionnelles avec ces spots individuels qui trouvent diverses positions et orientations tout au long du concert, ici lampions intimistes, là éclairage sophistiqué.

Le show, cependant, c’est le groupe dans son ensemble qui le donne, chacun des musiciens se démenant comme un beau diable envouté. Mais tous les regards restent braqués sur le duo de chanteurs, un duo qui va chercher le public, qui serre des mains et qui danse, invite, incite à la fête.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

On ne compte pas le nombre de fois où Frah plonge dans le public et se laisse porter par lui tout en continuant de chanter. Le gaillard est partout, tout le temps, Sam occupant la scène de long en large et ne laissant personne sans contact.

Même sa « provocation » est calculée lorsqu’elle annonce : « J’aime pas qu’on m’dévisage… Non, j’aime pas les gens. Mais toi, Orléans, j’aime bien » tout en allumant un clope parce que « j’fais une pause« ! Puis, assise sur son fauteuil, elle entame le très engagé Tout le monde danse alors que sont projetées des images de nos chers politiques internationaux copieusement sifflés par le public.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Comme si l’ambiance et le show n’étaient pas assez intenses, Frah annonce « qu’il est temps de monter le spectacle au niveau supérieur » et se fraye un chemin vers le podium central d’où il fait un nouveau discours plein d’humour prévenant le public qu’il va danser. « Mais c’est dangereux de tourner, tu peux tomber. Alors on t’écrase. Tu peux te casser le bras, et ça fait mal… Mais tu peux mourir, aussi. Ou, pire… tu peux perdre ton téléphone portable! C’est pire que de mourir, non? » Et c’est parti pour un gigantesque Circle pit qui voit une foule sautillante tourner autour de ce podium.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Puis, sur cet espace réduit, deux jeunes femmes rejoignent le chanteur. Calins et consignes sont donnés tandis que, sur scène, Sam occupe le public. puis un jeune homme monte aussi sur le podium sur fond de Smells like teen spirit. Il se laisse pousser et est récupéré par une foule de bras tendus qui l’accompagne dans cette séance de crowd surfing? Frah accompagne dans cette même séance chacune des jeunes femmes qui, visiblement, vivent là leur première expérience en la matière!

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Le chanteur quitte ensuite son podium pour aller rejoindre les gradins, sous le regard ébahi du public, grimpe les marches, serre des pognes, fait le tour, redescend les escaliers, câline un homme en chaise roulante, s’arrête, repars… Bref, s’occupe des relations publiques avec un sourire jusqu’aux oreilles avant de se retrouver sur scène, de lonnnngggguuues minutes plus tard!

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

On le sait, Shaka Ponk a son engagement ancré en lui. Un engagement politique qui passe par le soutien à Sea Sheppard (« qui nous accompagne sur cette tournée. Nos dirigeants veulent faire changer les choses d’une certaine manière, Sea Sheppard veut aussi faire changer les choses, d’une autre manière. A chacun de choisir…« ) par l’éducation (avec un discours sur ce que les enfants devraient tous entendre de la bouche des parents).

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Le groupe est alors rejoint sur scène par l’ensemble des 16 choristes qui proposent un superbe tableau de vie et de mort sur 13.000 heures. Alors que chacun chante et danse avec bonheur, tous tombent soudainement, les corps jonchés au sol évoquant une scène de guerre. Le réveil se fait sur fond d’engagement pour la cause humaine – le message est d’être qui tu es, hétéro, homo, peu importe – la cause de l’amour et de l’humanité, les deux chanteurs arborant un gigantesque drapeau multicolore, celui de la cause LGBT.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Shaka Ponk, après la présentation des musiciens, quitte la scène pour un long rappel. On en veut encore! Quelques minutes plus tard, les choriste réunis au milieu de la scène, plongés dans un simple éclairage, entament un gospel émouvant avant de s’écarter, laissant place à Sam et Frah, installés sur le canapé du salon de la bibliothèque. Mais ils ont la bougeotte et Rusty fonky vient clore cette soirée explosive avec l’incontournable plongeon final de Frah dans le public.

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Près de 2 heures 30 se sont écoulées avant que le public ne retrouve le froid extérieur. Mais les cœurs sont chauds et les esprits conserveront longtemps les images de cette soirée exceptionnelle. Shaka Ponk nous a offert le concert parfait. Vivement le Hellfest en ce qui me concerne!

Shaka Ponk, Zénith d’Orléans le 22 février 2024

Merci à Cheyenne productions d’avoir rendu ce report possible.

MICK MARS: The other side of Mars

USA, Heavy rock (1313, 2024)

Quatre décennies après avoir co-fondé Mötley Crüe, alors que le mythique groupe avait contractuellement décidé de « ne plus jamais jouer ensemble sous le nom de Mötley Crüe » mais… (on connait la suite). Mick Mars revient aujourd’hui aux affaires avec son premier album solo, The other side of Mars. Ceux qui espèrent retrouver l’esprit du Crüe, ce hard rock populaire et festif vont à la fois se régaler et être surpris. Car, non, on ne jette pas un esprit aux oubliettes aussi facilement mais un artiste se doit également de se réinventer et de remettre ses acquis en cause, proposer de nouvelles choses. pour ce premier album, le guitariste s’est entouré d’une équipe plutôt expérimentée au sein de laquelle on retrouve notamment le claviériste Paul Taylor (ex-Winger et Alice Cooper), le batteur de Korn, Ray Luzier, ainsi que le bassiste Chris Collier, qui se charge ici du mix et du mastering de l’album. La vraie surprise vient du chanteur retenu par Mick, Jacob Bunton, chanteur de L.A. Guns dont le timbre et la variété collent parfaitement à l’esprit général. Parfois très puissant, à d’autres moments rentre dedans, parfois encore suave et tendre, le chanteur est également rejoint par Brion Gomba sur des parties plus sombres et oppressantes le temps de deux chansons. La force de The other side of Mars réside en la variété de ses 10 titres. On y retrouve des lignes de guitares à la fois puissantes, agressives et épurées, des guitares qui ne prennent jamais le dessus sur le propos général. L’album se partage entre heavy rock direct et agressif (Broken on the inside, Ain’t going back again), des références à son ancien groupe, tant textuelles (les deux titres cités plus haut, certaines paroles à double sens comme « I’m lost in your lies » sur Memories) que musicales (Ready to roll et ses « hey » simples et fédérateurs, l’instrumental LA noir qui évoque autant Crüe que Satriani), des moments plus lourds et sombres (Killing breed) ou plus tendres (la heavy ballad Alone et la ballade romantique Memories). Avec ce premier disque solo, Mick Mars se rappelle avec bonheur à notre bon souvenir. Son retour est bien plus artistique que purement pécunier. Une vraie réussite.

Interview: ROLLYWOODLAND

Interview Rollywoodland. Entretien avec Rolly Wood (chant, basse) le 19 février 2024

Nous éviterons les détails du démarrage de cette interview totalement dans l’esprit de ce que le trio propose avec son nouvel album, Dark fate for judgement day, donc décalé et fun. Il y a des dossiers qu’on ne dévoile pas… Sauf si… Mais pas aujourd’hui. En plus, j’ai pas les images. Discutons, plutôt!

Rollywoodland

Le premier album de Rollywoodland est sorti il y a 12 ans. Que s’est-il donc passé depuis ? Ne me fait pas le coup de « la crise sanitaire » !

Ça en fait partie, mais pas que ça (rires). Disons qu’on a commencé à bosser sur cet album en 2013 et au moment où on allait commencer à enregistrer, ben… on s’est séparés. On a eu un break entre 2015 et 2018. On a retravaillé sur cet album, ensuite, il y a eu (il rit)… la crise sanitaire…

Il m’a fait le coup !

En fait, on habite assez loin les uns des autres, donc on ne pouvait pas se voir et ça a ralenti les choses…

Alors, justement, revenons en arrière. C’est la première fois qu’on discute, alors peux-tu me raconter l’histoire de Rollywoodland ?

A la base, c’était un projet solo que j’avais en tête en 2010 qui a débouché sur l’album Appetite for seduction qui est sorti en 2012. Il y a ensuite eu un changement de line-up et, ensuite, j’ai repris avec Ben Dog, le batteur d’un groupe que j’avais avant. On a commencé à bosser sur cet album et très rapidement on a eu 14 titres prêts. On a commencé à enregistrer la batterie et la basse en 2015. On a eu ce break dont je te parlais, on a recommencé à travailler dessus en 2018. Entre temps, il y a eu famille et bébés, donc tout était un peu en suspend sans être aux oubliettes…

Donc ce n’était pas la priorité non plus…

C’est ça, malheureusement. Si ça ne tenait qu’à moi, cet album serait sorti en 2015. La vie de groupe fait que parfois tu ne fais pas les choses quand tu veux, ou comme tu le veux. Ça nous a menés en 2020… J’ai réenregistré tout le chant chez moi pendant le Covid, les guitares de Yo Godon ont été enregistrées chez le guitariste entre 2020 et 2022. Entre temps, on a enregistré tous les instruments annexes, comme les shime, les percussions, les synthés… Ça faisait beaucoup de choses sur un album qui dure presque une heure, et, quand tu pars un peu de rien, ça fait beaucoup de travail ! Mener à terme un tel projet, c’est énormément d’investissement personnel et ça peut vite prendre du temps quand tu n’as pas de deadline. C’est un peu notre Chinese democracy, mais bien de chez nous (rires) !

D’où le groupe est-il originaire ?

On est en Rhône-Alpes. J’habite à côté de Genève, le batteur vit à Lyon et notre guitariste est en Savoie. On se retrouve à un point central pour répéter ;

Comment décrirais-tu la musique de Rollywoodland à quelqu’un qui ne vous connais pas ?

C’est du hard rock, tout simplement. Avec des influences diverses, Maiden, Mötley, Scorpions, Priest, Offspring, Kiss, beaucoup…

Donc on est bien ancrés dans les années 80.

Tout à fait. C’est un peu l’époque où j’ai découvert le monde. Ce qui sort, ce n’est pas réfléchi, c’est naturel et un processus spontané. On arrive à avoir des morceaux mid-tempo, des ballades, des titres plus rapides et au final, ça rejoint cette époque.

Il y a une touche supplémentaire : un côté humoristique, un peu décalé, mais pas un humour trash à la Ultra Vomit. Plutôt du détournement de références, comme les deux titres de vos albums – inutile de citer les références, je pense ! La pochette de ce dernier album, on sait tout de suite à quoi ça fait référence, on glisse le CD, le premier titre est limpide – le thème d’un fimm que tout le monde connait (il rit)… Il y a plein de références plus ou moins humoristique. Il y a une volonté de marquer les esprits ?

En même temps, on est sérieux dans notre démarche ! Pour moi, ce n’est pas qu’humoristique, c’est la vraie vie, les vrais films… C’est ce que je regarde et que j’aime. Je pense que l’autodérision est dans le sérieux de la situation. Pour moi, ça va au-delà de l’humour. Je l’annonce clairement, c’est ce que j’aime et ce qui fait foi pour moi. Ce sont de vrais hommages !

C’est pour ça que je parle autant d’humour que de référence, il y a un esprit bon enfant comme le hard rock des 80’s à la fois bon enfant et festif.

Souvent, en marchant dans la rue, j’ai une mélodie qui me vient à l’esprit, je siffle et ça me ramène à une scène d’un film, un moment de bravoure d’un héros… Du coup, je me mets naturellement à écrire un titre comme First blood, last cut en pensant à Rambo.

Dans ce cas, qu’est-ce qui t’a inspiré No dog shit (on the sidewalk) ?

Là c’est clairement une chanson engagée ! C’est le mal français, toutes ces merdes de chien qu’on ne ramasse pas ! Et il y en a marre.

J’imagine bien ce qui t’a inspiré dans la rue en marchant, alors !

Ah, putain ! tu sais, quand tu rentres de voyage et que tu essaies de slalomer entre toutes ces crottes avec ta valise, tu calcules l’espace en espérant que les roulettes vont passer entre et la valise au-dessus… Derrière, il y en a plein d’autres…. Marre, quoi (rires) ! Après, il y a d’autres morceaux engagés : Heaven for paradise ressemble à une ballade américaine, mais, en fait, c’est une chanson anti Jihad. Je l’ai écrite en octobre 2011, juste après les premiers attentats contre Charlie Hebdo. A l’époque, j’étais loin de me douter de ce qui allait se passer par la suite. Derrière le côté enfantin et doux du morceau, il y a des paroles qui sont très violentes.

Sachant que le Jihad, la « guerre sainte », c’est avant tout le combat intérieur mené pour lutter contre ses propres démons…

Ouais, moi, c’est clairement contre eux, contre tous ces mecs… Ce qui est fou, c’est de penser que ce titre date de bien avant tout ce qui allait suivre. Il y a aussi d’autres morceaux plus introspectifs comme Militaerritory, We all come from outerspace ou Love me, des thèmes plus personnels, des chansons d’amour, sur la place de l’humain dans le règne animal. Une façon un peu pudique pour moi de me dévoiler. C’est plus facile pour moi de chanter dans une autre langue parce que mon message sera moins compris par les gens de mon entourage.

Maintenant, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de dark fate for judgement day pour expliquer à quelqu’un ce qu’est Rollywoodland aujourd’hui, lequel serait-ce ?

Je pense que ce serait Nunchaku, parce que c’est un morceau qui a un côté heavy, de bonnes parties instrumentales et qu’il reste facilement dans la tête. C’est pour ça qu’on l’a choisi en premier extrait. C’est un morceau assez court qui peut s’adresser à tout le monde. Même si aujourd’hui, je ne peux plus l’écouter (rires) !

Tu parlais de Rambo, mais il y a une autre référence évidente, et c’est un copain de Stallone, c’est JCVD…

Oui ! En fait, c’est tout con : c’est un morceau que Ben, notre batteur, a composé, et, un jour, j’étais en randonnée en montagne, je réfléchissais aux lignes de chant, aux paroles. Et le nombre de syllabes du refrain correspondait au nombre de syllabes de Jean-Claude Van Damme. Ça m’est apparu comme une évidence ! j’en ai parlé aux autres, ils étaient d’accord, du coup, j’ai écrit ce titre sur lui.

Vous lui avez fait écouter ?

Pas encore. C’est prévu, je réfléchi juste au meilleur moyen de procéder pour que ça ne tombe pas aux oubliettes… Je pense que c’est quelqu’un de très sollicité, donc je réfléchis à la meilleure manière de le faire… J’aimerai beaucoup tourner un clip avec lui, aussi, ce serait génial !

Ce serait un bon coup de marketing pour vous ! Un groupe c’est aussi la scène. Quels sont vos projets pour défendre cet album ?

On travaille dessus, on démarche pas mal. Après, ça demande beaucoup de temps et d’énergie pour faire bien les chose. Je pense qu’on va se tourner vers une boite de prod pour travailler ça pour nous. C’est très énergivore. Et je pense que quand tu passes trop de temps à faire ce genre de choses, tu t’éloignes de la musique… Si j’avais tout mon temps pour nous manager, je le ferais avec plaisir, mais je dois aussi gagner ma vie !

Justement, quels sont vos métiers respectifs dans vos autres vies ?

Ben travaille chez Enedis, Yo est ingénieur informatique à Genève où je travaille aussi, je suis conducteur de train pour les Chemins de Fer Fédéraux. En gros, la SNCF suisse…

Mais qui fonctionne plus souvent !

Oh, oui, nous on carbure ! Il y a des trains tout le temps !

J’ai bien circulé avec les trains suisses lorsque je travaillais pour Swissair. Les formations se passaient à Genève ou à Zurich, et je circulais souvent en train entre ces villes.

Ah ! J’habite dans le pays de Gex, pas loin de l’aéroport. Entre Ferney et Gex.

Revenons à vous. Quelle pourrait aujourd’hui être la devise de Rollywoodland ?

Ah, putain… Je sais pas, je dirais « fun rock ». « Rock and fun »

Est-ce que je garde le « putain » ?

Ouais, tu le gardes aussi (rires) !

Comment se traduit ce Rock and fun sur scène ?

Je pense qu’on dégage une énergie assez positive. Dans les vidéos que je peux voir – je n’aime pas trop regarder des vidéos de nous sur scène mais, bon… – globalement c’est ce qui ressort. On cherche à retranscrire l’énergie de l’album sur scène.

C’est pourtant un bon exercice pour corriger ses erreurs.

Oui, mais c’est tout un processus. C’est pas facile de se voir ou de s’écouter chanter. Maintenant, j’ai un peu franchi le cap, mais je n’aime pas ça.

Mais ça te permet de préparer l’avenir…

Oui, on devrait rentrer en studio en fin d’année, on a déjà assez de matériel pour le futur album. Une bonne partie des titres tourne déjà, donc j’espère qu’on aura quelque en fin d’année prochaine. J’ai déjà deux albums d’avance dans ma tête !

On en reparlera plus tard, alors ! As-tu quelque chose à rajouter pour conclure ?

Non, je ne sais jamais quoi répondre à ça… Si, que les gens achètent l’album, vraiment ! S’ils ne l’achètent pas, ils vont passer une journée de merde (rires) ! Ne pas l’écouter, ne pas l’acheter, c’est forcément perdre son temps. C’est le seul conseil que je puisse donner, un conseil avisé, hein ! Je l’ai déjà, donc je sais de quoi je parle…

ROLLYWOODLAND: Dark fate for judgement day

France, Hard rock (M&O music, 2024)

Ca commence avec une intro que les amateurs de SF – et des concerts d’Airbourne – connaissent bien. Le thème générique de Terminator ouvre ce Dark fate for judgement day des Français de Rollywoodland dont le premier album, Appetite for seduction, avait vu le jour en… 2012. Les voici donc qui reviennent, plus d’une décennie plus tard, avec un nouveau méfait sous les bras, un album de 15 titres (Judgement day, l’intro, inclus) dans un esprit potache et décalé. On sourit au démarrage avec les Ugly, No shit (on the sidewalk) – un coup de gueule personnel comme nous l’explique le leader du groupe (interview à suivre) – ou autre Nunchaku qui évoquent aussi bien Steel Panther (sans les références sexuelles) que les plus récents Princesses Leya. L’ensemble fleure bon l’amour du heavy rock 80’s, du hair metal, certes, seulement voilà… Rapidement la recette retombe comme un soufflé qu’on aurait trop fait attendre. Même si Rollywoodland n’a pas la prétention de renouveler le genre, et malgré la chasse aux références distillées tout au long de cet album, il manque ce petit grain de folie, cette étincelle, qui (me) donnerait envie d’écouter ce disque d’une traite. Même si le tout est très correctement produit, et réserve quelque très agréables surprises (comme cette reprise de Michael Jackson, Another part of me), je passe un bon moment sans que pour autant quoi que ce soit ne m’envahisse l’esprit. Dark fate est un album de pure détente qui donne envie d’être réécouté, et, finalement, on ne lui en demande finalement pas plus.

SATRA: Sands of time

Finlande, Metal symphonique (M&O music, 2024)

Le propos est clair dès les premières mesures de From the night, morceau d’ouverture de Sands of time: Satra évolue dans le registre du metal symphonique classieux, celui de Nightwish ou d’Evanscence, deux références immédiates. Le son est propre, le chant de Pilvi Tahkola clair et bienveillant. Mais loin de se contenter de naviguer sur les eaux des groupes précités, les Finlandais explorent des horizons orientaux, asiatiques… et s’amusent des différentes cultures intégrées à leur musique. Toutefois, malgré des compositions ultra carrées et entrainantes, il est difficile pour Satra de se défaire de ses influences, un peu encombrantes. Mais je me laisse entrainer dans cet univers apaisant avec bonheur tout au long des Golden city, Stars, Secret place et autres Shadow engine. Si le groupe a trouvé son registre mais pas encore tout à fait une identité sonore et musicale qui lui soit propre, Sands of time fait partie de ces albums vers lequel on revient facilement et avec plaisir. Pas étonnant que Therion les embarque sur les routes (à découvrir ce 25 février à la Machine du Moulin Rouge à Paris)

Interview: AGUELENNA

Interview AGUELENNA. Entretien le 2 février 2024 avec Marc (batterie)

Marc, commençons par une question originale : je découvre Aguelenna, alors peux-tu simplement me présenter le groupe, son histoire ?

Je vais essayer d’être synthétique parce que c’est une longue histoire… Aguelenna est un groupe qui est né en 2007, en Seine et Marne. C’est un groupe de rock. On se définit comme jouant du power rock mélodique. Le groupe a connu diverses formes, il y a eu 3 line-up différents plus la forme actuelle. Il y a Rico (guitare) et Marie (chant), les fondateurs du groupe, et moi, je suis arrivé en 2015 à la batterie. Quand je suis arrivé, on a décidé de prendre un tournant nettement plus rock. On a réalisé un premier Ep qui est sorti en 2018. Dans la foulée, on a embrayé sur un album. On avait déjà travaillé quelques titres et on a travaillé ce premier album entre 2018 et 2019, on a fait toutes les maquettes. On a commencé à enregistrer la batterie en 2020, on a même terminé, et le Covid est arrivé… Ça a mis un coup d’arrêt à la production du disque. Je ne comprends pas pourquoi, c’était pas grand-chose… Ca a duré 5 ou 6 mois pendant lesquels on a pas pu faire grand-chose. On a repris la production du disque fin 2020, ça s’est poursuivi sur 2021 et on a terminé en 2022 pour arriver au mixage en 2023.

Vous l’avez donc enregistré sur la durée…

Oui, on a pris notre temps. On s’est dit que ça ne servait à rien de courir. Et le covid a aussi changé la façon de voir les choses. On a eu envie de prendre le temps de faire les choses bien.

Quelque part, ce n’est pas plus mal car tous ceux qui étaient déjà dans ce business de la musique ont eu le même coup de frein, et ont dû repousser leurs publications ; Donc repousser la sortie d’un album pour qu’il ne soit pas noyé dans la masse pouvait être stratégiquement intéressant…

C’était peut-être un mal pour un bien, effectivement. Maintenant, on était déjà prêts, on avait tout maquetté, on avait poussé la prod au maximum de ce qu’on voulait et on savait exactement ce qu’il fallait enregistrer. Les seules choses qui soient restées en suspens, c’est venu bien plus tard : tous les arrangements additionnels, les synthés, les FX qui sont venus se greffer. On l’a fait à la fin, c’était un peu la cerise sur le gâteau. On a aussi pris le temps de réfléchir à ses arrangements, ça a pris entre 6 et 8 mois.

Tu as dit que Aguelenna est un groupe de rock mélodique. C’est un terme assez vaste. Comment définirais-tu votre musique pour quelqu’un qui ne vous connait pas ?

C’est du power rock chanté en français. C’est important, les textes sont en français, même si on est plus sur une couleur musicale américaine qu’anglaise.

Quel type d’influence américaine ?

On se rapproche plus de groupes comme Foo Fighters, Paramore, Nirvana…

Un rock un peu plus grungy que power metal, donc.

On ne se définit pas comme un groupe de metal, en fait. Power oui, parce que c’est énergique, et ça se voit sur scène. On dégage une vraie énergie sur scène. On a beau faire du rock en français, on développe l’énergie du rock américain. Maintenant on aime aussi des groupes comme Aston Villa, Dolly… J’ai tendance à dire qu’on fait de la chanson. On travaille beaucoup nos textes, d’ailleurs…

Ils traitent de quoi vos textes, justement ?

On parle de sujets qui nous touchent, qui sont des sujets qui gravitent autour de nous : des sujets sociétaux, la maladie d’Alzheimer, on parle de racisme, de violences faites aux femmes. Des sujets variés. On traite aussi de la dyslexie… Des sujets qui touchent les gens.

Y a-t-il au contraire des sujets que vous n’abordez pas parce que vous pensez qu’ils n’ont pas leur place dans Aguelenna ?

Non, on ne se met pas de limite. C’est Marie qui pose ces thématiques, donc ça dépend d’elle. Pendant un temps, on s’est demandé si on parlait de politique, si on entrait dans une veine « engagée », même si là on touche du doigt 2 ou 3 sujets politiques.

Parle nous un peu de cet album qui sort aujourd’hui : vend le moi pour m’inciter à filer l’acheter…

L’atout majeur de ce disque c’est qu’il n’y a pas deux titres qui se ressemblent. Il y en a 10 en tout. Ce qu’on voulait, c’est avoir une sorte d’album photos, comme on a à la maison, un instantané de ce qu’on était. Chaque titre a sa couleur et son univers. Et je trouve que ça colle bien avec les différents thèmes abordés. Le fait de chanter en français permet aussi un accès plus facile à ce qu’on raconte. Le fait de travailler en français permet de pouvoir écrire des textes à tiroirs, ce qu’on adore, et permet un effet poétique. On a voulu faire en sorte que les gens qui écoutent puissent aussi avoir leur propre interprétation des textes. Certains sont plus abordables, d’autres ont des sens plus cachés…

Ce n’est pas frontal, donc, ce qui signifierait imposer votre vision aux gens. Là, chacun peut se faire sa propre interprétation…

Exactement, et c’est tout le contraire de ce qu’on est ! Notre fonctionnement en interne… personne n’impose rien, on est toujours dans le dialogue, dans la discussion. Il faut que ça ait du sens de porter des textes de cette façon, que chacun puisse penser ce qu’il veut.

Vous n’êtes que 3 dans le groupe, ce qui fait aussi penser à tous ces power trios…

Oui, en effet. On était 4 jusqu’à 2023, mais la vie de groupe fait que notre bassiste n’est plus là. D’ù l’énergie qu’on donne sur scène, il faut qu’on donne autant que à 4. On n’a pas l’intention pour le moment de reprendre un bassiste, on est bien à 3…Ça laisse plus de place sur scène. Ce qui laisse sous-entendre que la basse est samplée, ce qui est le cas. Mais il y a une vraie basse sur scène, mais pas avec un vrai bassiste…

Et ça coute moins cher en frais d’hôtel, aussi…

Il y a de ça, oui (rires). Le contexte économique fait que… Mais on est 4 sur la route, il y a aussi notre ingé son.

Tu me disais que ton métier c’est la musique. Quelles sont vos métiers à chacun en dehors du groupe ?

Je suis musicien de métier, je ne fais que ça. J’accompagne des projets et des artistes en studio et sur scène. Marie, elle, a longtemps travaillé dans un centre aéré et, pour avoir plus de temps pour le groupe, elle a pris un poste dans une entreprise qui fait des composants pour l’aérospatiale. Rico, lui, est technicien de maintenance à la Poste.

Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de votre album pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est Aguelenna, ce serait lequel ?

J’ai envie de te dire Pink punk, le premier single qu’on a sorti en octobre. Je crois que c’est le morceau qui résume le mieux ce qu’on est. On est dans une forme de synthèse de l’ensemble des titres et c’est un titre fédérateur. Et le sujet évoqué peut parler à tout le monde puisqu’on parle des personnes qui nous influencent au quotidien. Musicalement, il dégage une énergie, avec des mélodies ultra efficaces…

Maintenant, pour terminer, si tu devais penser à une devise pour Aguelenna, ce serait quoi ?

Waow… Pas mal… J’ai envie de dire « l’humanisme au travail ». L’humanisme parce qu’on est foncièrement, je pense, très humain. Si ça fonctionne bien entre nous 3, c’est aussi parce qu’on a des rapports très bienveillants entre nous et envers les autres. Aussi, parce qu’on est de sacrés bosseurs, donc on veut rester humain au travail.

WITCHORIOUS

France, Doom (Autoproduction, 2024)

Entrez. Entrez dans un univers sonore aussi sombre qu’oppressant, celui de Witchorious, formation francilienne qui a vu le jour (sans doute en pleine nuit sans lune) en 2019. Le trio composé du guitariste chanteur Antoine Auclair, de Lucie Gaget (basse et chant) et de son frère Paul à la batterie, propose un premier single en 2020 avant de proposer son premier album éponyme en 2024. Un nom qui associe Witch (sorcière) et Notorious (notoire) donne déjà une bonne idée du genre musical dans lequel le groupe a choisi d’évoluer. La lecture des crédits indique qu’un certain Francis Caste était au manettes de l’enregistrement au mixage, un gage a priori de qualité. Le trio propose une palette de chansons au chant écorché, aux rythmes lourds comme une masse, à la rage féroce… Ce premier album, s’il souffre, comme tant de groupes français, d’un anglais guère compréhensible (allez, un effort de tous ferait sans doute entrer notre belle nation parmi les sérieux prétendants au trône du metal international au lieu de nous cantonner dans la case « ridiculus » de Martin Popoff!), bénéficie d’une mise en son parfaitement en accord avec la musique. Witchorious a totalement intégré ses influences, de Black Sabbath à Possessed, en passant par Electric Wizard ou encore Cathedral. Un album évidemment recommandé aux amateurs du genre et aux curieux, les dépressifs, quant à eux, passeront leur chemin. Witchorious nous offre un premier album des plus prometteurs, alors, on attend la suite, qu’elle soit scénique ou discographique. Un groupe à suivre.

SORTILEGE tête d’affiche du Crick fest 3: interview avec l’orga

Interview Chris Dannacker (Association Crick for zik). Propos recueillis le 14 décembre 2023

Dans tout juste deux petits mois (au moment de la publication de cette interview), le 13 avril prochain, la petite commune de Cléry Saint André, dans le Loiret, recevra la visite en tête d’affiche la légende Sortilège. Metal Eyes s’est entretenu avec Chris, le président de l’association Crick for zik et instigateur de ce petit évènement qui nous explique tout, de la genèse à l’organisation de ce concert qui s’annonce dores et déjà exceptionnel. Amateurs, attention: il n’y aura pas de places pour tout le monde, et les préventes affichent déjà un joli 50% des quelques 350 billets disponibles.

Avant de parler de la prochaine édition du festival Crick for zik qui se tiendra le 13 avril à Cléry Saint André (45), commençons par un peu d’histoire. J’ai découvert ce festival par hasard, mais c’est votre troisième édition qui accueillera Sortilège. Quelle est la genèse de ce mini festival ?

J’ai créé cette association fin 2019 – j’ai eu une bonne idée, juste avant le covid (rires) ! Pour quelle raison ? Je suis musicien depuis pas mal de temps maintenant, et je n’imaginais pas à quel point c’était compliqué de pouvoir se produire avec le groupe que j’avais à l’époque. Les salles normalement accessibles aux groupes locaux, d’Orléans, malgré énormément d’échanges, de mails…, il n’y a jamais eu de retours. Pareil avec d’autres endroits où on pensait que ce serait plus facile de se produire… De mon côté, j’ai du matériel son, un domaine que j’adore et dans lequel j’ai beaucoup investit, alors je me suis simplement dit « pourquoi ne pas monter une asso et mettre ce matériel et des locaux à disposition des groupes du coin ? » Le matériel, mes compétences techniques, et j’ai eu la bonne idée de créer mon propre studio d’enregistrement. L’idée étant aussi de pouvoir monter des évènements dans le coin pour les groupes de hard et de metal. A l’époque, il n’y avait pas encore le Dropkick à Orléans…

Oui, mais il y avait ses prédécesseurs, le Blue Devil’s et, avant, l’Infrared.

Oui, mais l’Infra a fermé quand ? En 2015. Mais à cette époque, aucun n’était actif comme le Dropkick qui organise des concerts à taille humaine. 200, 300 personnes. Quand la musique est bonne, ça ramène du monde…

« Ça ramène du monde » : Cléry Saint André, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est où ?

Cléry se trouve entre Orléans et Blois, c’est à 20 km d’Orléans, le long de la Loire. On a une belle basilique à Cléry… Voilà donc la genèse de l’association. Je me suis entouré de potes, qui sont également des musiciens, au sein de Prism A, et des bénévoles qui se chargent de l’organisation, de la logistique… La première chose qu’on a faite avec l’asso, c’est l’enregistrement du premier Ep de Prism A, mon groupe actuel, dans le studio, ce qui est gage d’un certain confort puisqu’on enregistre quand on veut, il n’y a pas de pression financière. Ensuite, on a imaginé ce festival dont la première édition a eu lieu le 1er février 2022. Prism A y a participé, évidemment, ainsi que deux autres groupes de potes : Broken Arms qui a disparu, et nos amis de Dark Revenges. C’est une édition qui a moyennement marché en termes d’affluence – on n’avait pas non plus beaucoup communiqué. Le son était cependant excellent, les gens ont bu de la bonne bière et ont mangé de bons sandwiches ! On est à peine rentrés dans nos frais, mais on savait qu’il y aurait une seconde édition. Un jour, j’ai découvert le groupe Heartline qui correspond à mes amours de jeunesse, du hard fm/AOR, et je les ai contactés. On les a reçus sur la seconde édition que nous avons décalée. Au départ, elle était prévue en février, mais il faisait un peu trop froid. On l’a donc décalée au mois d’avril, ce qui nous semblait être une bonne idée, les festivals n’ont pas encore démarrés. Hors de question de se faire de l’ombre les uns les autres. La première chose que je regarde, c’est si d’autres déjà présents, ont prévu une date à ce moment. On ne va pas se tirer la bourre entre potes de festivals…

Tu penserais par hasard au Rock In Rebrech ?

Par exemple, mais pas dans ce cas précis. A l’époque des Iron Troopers, il nous était arrivé un truc avec Arno (Arno T. Walden, chanteur et guitariste de divers projets) : le Troopers fest a généralement lieu au mois d’avril. A l’époque, on avait bloqué une date très en amont et on s’est aperçu qu’une autre association faisait venir, de mémoire, Vulcain, aussi dans une salle des fêtes. On s’est dit que ce n’était pas malin d’avoir un tribute Maiden face à Vulcain. Ce qui était bête, c’est qu’aucune des deux asso n’a voulu modifier la date, et on a chacun fait moitié de salle. Si on avait décalé d’une semaine, les deux structures auraient pu faire salle pleine… Je me mets aussi à la place du fan qui peut avoir envie de voir Vulcain et assister au Troopers Fest…

Revenons maintenant au Crick fest, puisque tu as fait venir l’an dernier Heartline…

Oui, en 2023, on a en effet fait venir Heartline, il y avait aussi Prism A, évidemment, et on a fait jouer des copains, Warm Up qui a des compos originales et fait des reprises. Là, on a fait un peu mieux. Ce n’était pas blindé, mais on a rempli aux deux tiers. Tout le monde était ravi, déjà par la découverte de Heartline qui a assuré un show de qualité. Je suis carrément fan de ce groupe, depuis le mois d’avril, je les ai vus 5 fois en concert !

Avant que nous ne parlions de la prochaine édition qui se tiendra le 13 avril, peux-tu nous présenter cette salle Espace Loire ? Quelle est sa capacité ?

C’est une salle polyvalente, une salle des fêtes, assez grande puisqu’elle peut accueillir jusqu’à 400 personnes. Elle dispose d’une scène, l’acoustique est plutôt bonne. Et on a l’avantage en tant que résidents de Cléry Saint André de bénéficier de tarifs de location plus intéressants. Il n’y a pas que la salle, il y a aussi l’équipe composée principalement des Cléricois. Il y a une sorte de deal avec la mairie et les habitants qui aident à distribuer des flyers dans les boites aux lettres. Même la Police municipale donne un coup de main…

Pourquoi ça s’appelle « Crick fest » ?

Ah, ah ! Très bonne question ! L’asso s’appelle Crick for zik. Le but de l’asso, c’est d’aider les groupes locaux à s’élever, avec tous les moyens possibles. Je me souviens très bien de ma jeunesse avec ma R5 et le cric dans le coffre… Et ce cric, tu vois sa forme, servait à lever la voiture. Je savais déjà que tous les ans j’allais refaire une édition, d’où le fait de l’appeler directement Crick fest.

Vous faites venir un groupe de Heavy mélodique qui se nomme Hell X Hear, un nom assez courant dans le metal. Prism A à nouveau, et, surtout, vous avez décroché Sortilège. Comment une petite structure – je vais être un peu provocateur – totalement insignifiante et peu connue comme la tienne peut décrocher un groupe aussi légendaire que Sortilège, Rappelons pour les lecteurs qui ne les connaissent pas que Sortilège a marqué les metal français dans les années 80 avec un mini album et 2 albums avant de disparaitre, que le groupe s’est reformé avec pas mal de mouvements de personnels avant de trouver sa forme « définitive » avec laquelle il a enregistré deux albums remarqués et un live qui vient de sortir.

En octobre, j’ai regardé Facebook, j’ai vu que Sortilège commençait à vraiment revenir en force. Je me suis simplement dit que j’allais tenter le coup. J’ai d’abord échangé avec Zouille qui a très bien compris la politique de l’asso, je lui ai expliqué qui on est, notre vision et il m’a dit qu’il nous suivait à 100%. Alors, oui : ce sont des professionnels, ça a un coût, mais il y a eu un accord avec des personnes qui comprennent la démarche. Et aussi, je lui ai avoué que j’étais amoureux de ce groupe que j’avais vu en 83 à Orléans. A l’époque, j’avais même prêté au groupe de première partie du matériel de guitare parce qu’ils étaient en rade… En fait, je me suis simplement dit que Sortilège avait peut-être envie de revenir jouer à Orléans. Et quelle joie de partager la même scène !

Quelles sont les conditions d’accueil des groupes ? Que leur proposez-vous et que mettez-vous à leur disposition ?

Comme pour tout artiste, un côté tranquille en arrière-scène qu’on appelle une loge. Au niveau technique, il y a des minimums, au niveau son, on a du lourd, et, enfin, tout le monde apprécie au niveau culinaire notre spécialité locale (il se marre) : j’adore le chili con carne, mais maison. Pourquoi ça me fait rire ? Heartline, à chaque fois que je les vois, il me demande pourquoi je ne leur ai pas rapporté un chili ! Maintenant, il y a du personnel de sécurité, des bénévoles qui sont aux petits soins pour tout le monde. Et on évolue d’année en année. La première année, je ne comptais pas le nombre de spectateurs, maintenant on a mis en place ce qu’il faut. Il y a des obligations vis-à-vis de la municipalité pour la sécurité. C’est pour ça que les préventes sont très importantes ; d’une part, ça nous permet de savoir à l’avance à quelle affluence s’attendre, ça nous permet aussi d’avoir un peu d’argent pour financer certains frais, et enfin, ça garantit d’avoir sa place. Si je vends en avance les 350 places, je ne pourrais pas faire entrer plus de monde.

Justement : où peut-on se procurer son billet et à quel tarif ?

En allant sur la page Facebook de Crick for zik, tout simplement. Ou en scannant le QR Code qu’il y a sur nos flyers et qui envoie directement vers le site de l’asso, ou en tapant directement crick-for-zik.s2.yapla.com. Pour les préventes, les tarifs sont de 15€ pour les adultes et 12€ pour les enfants de moins de 16 ans. Sur place, s’il reste des places, ce sera 18€ pour les adultes et 15€ pour les enfants.

Ce n’est pas une destination accessible en bus ou en tram, on est obligés de venir en voiture. Quelles sont les conditions de parking ?

Il y a un grand parking avec possibilité de se garer sur d’autre parkings juste à côté. Tous ces lieux seront surveillés notamment par des maitres-chiens. On est à côté de la salle, à peine à 5’ de marche. La nouveauté, c’est une de mes volontés mais pas encore certain : il devrait y avoir une petite exposition de véhicules d’exception. Également, je ne l’ai pas encore mis en place, mais je voudrais bien que ce soit fait pour la prochaine édition : s’il y a une preuve de covoiturage, il pourrait y avoir une boisson gratuite, par exemple. Mais il faut développer une application pour le prouver. En plus ça m’arrange : ça ferait moins de véhicules sur le parking, donc moins de surveillance, et c’est bon pour la planète. Mais ce sera pour la quatrième édition, je n’ai pour le moment absolument pas communiqué là-dessus. On a besoin de faire un partenariat avec des organismes et ce ne sera pas possible pour cette année…

Un concert, c’est aussi des consommations. Tu prévois aussi des contenants écolos ?

Bien sûr ! Tout est en mode écocup, avec consigne. Cette année, il y aura des formats en 30 cl et 50cl avec notre sponsor, le V and B. Je tiens absolument à faire bosser les entreprises locales : il y a donc le V and B de Baule qui nous aide beaucoup. Après si les gens viennent avec leur propre gobelet, on les servira aussi !

Un festival en général, c’est un peu plus que trois groupes. Là, on est plus sur le format concert… As-tu pour ambition de faire grandir sur la journée le Crick fest et mobiliser du public sur une journée complète ?

C’est une possibilité. Ça a déjà été évoqué, et dès la première, on aurait dû avoir un quatrième groupe sur une autre scène, un format « podium » avec un groupe acoustique reprenant des morceaux hard/metal en inter-plateaux. Malheureusement, au dernier moment, ça n’a pas pu se faire. Maintenant, en faisant venir des groupes pros, c’est un autre budget et donc, j’ai préféré rester sur le format 3 groupes. En revanche, il y a un autre projet, plus sur un format extérieur, à un endroit différent, avec plus de groupes sur une journée, voire deux journées. Mais ce n’est pour le moment qu’un projet…

Que souhaites-tu ajouter pour conclure, Chris ?

On est une association loi de 1901, on n’est pas une grosse structure qui vend toutes ses places sans annoncer personne… Même si certains ont démarré petits et ont grandi. Je pense à d’autres structures à100 km de chez nous… nous, on est entourés de bénévoles, on ne peut pas fonctionner sans eux. Franchement, ils me rendent très fier et heureux en tant que président de l’asso. Ils sont toujours la banane, la motivation, et très souvent, les gens sont surpris que les bénévoles ne soient pas adhérents de l’asso… Non seulement ils donnent de leur temps pour l’asso, mais il faudrait, en plus, que je leur demande de l’argent pour l’asso ? Ça va pas, non ? Nous, notre leitmotiv, c’est de se faire plaisir, et si le public peut avoir du plaisir, alors c’est une mission réussie.

Aujourd’hui, Crick Fest c’est environ 200 personnes, alors espérons que cette année, ce soit 400 et que le festival grandisse pour aller vers l’extérieur !

Je tiens aussi à rappeler que nous avons des partenaires. Il y a la boite dans laquelle je travaille, Equens Inéo, dans les énergies renouvelables, il y a aussi V and B qui nous file une tireuse de compétition à un super tarif, la Mareuse de Mareau, avec Pascal Aubry qui nous prépare toute la boulangerie, le pain pour les sandwiches… on a un fournisseur de matière électrique, HMV. Ils sont de lyon, mais ils sont tombés amoureux de la première édition avec Prism A et ils nous ont dit qu’à chaque fois que le groupe serait sur un festival, ils viendraient. Il y a aussi une boite de peinture tenue par un Monsieur Phil San Filippo, aussi chanteur de Prisma, et des magasins locaux, Intermarché, Bricomarché, des gens qui nous aident tous les ans. On les remercie parce que, au final, ce sont les petites sommes qui permettent d’éponger pas mal ! Par contre, je ne suis pas certain que les gens puissent imaginer le montant de la redevance que nous réclame, à nous et aux autres orga de concerts/festivals, la SACEM… Pour l’organisation, c’est un budget qui représente à peu près le cachet d’un groupe… Si encore ils rétribuaient à leur juste valeur les artistes présents… Mais non, la répartition se fait en fonction des diffusions radio. Et qui sont les 10 premiers artistes diffusés en radio ? C’est pas du metal… Maintenant, venir voir Sortilège pour le tarif que nous proposons, ce n’est vraiment pas cher ni donné à tout le monde ! (Note: à ce jour, près de 50% des places ont trouvé preneur, il en reste donc un peu moins de 200)

Et pour les avoir vus récemment, je peux dire qu’ils sont en forme, grande forme. Sans doute le public aura-t-il même droit à des surprises sur cette date, qui sait ?

Euh… oui. Il y a quelque chose qui se prépare, mais je ne peux rien dire à ce sujet. Il y a des choses en cours…

EVE’S BITE: Blessed in hell

France, Heavy metal (M&O music, 2024)

Formé à Saint Etienne en 2014 par le guitariste chanteur Olivier Jourget, Eve’s Bite publie 2 Ep (Dive into the vice en 2015 et Holy waters en 2017) avant de voir sa section rythmique jeter l’éponge en 2018. Il faudra à Olivier de la patience, deux années de patience, avant de compléter sa formation aujourd’hui composée de Anthony Coniglio à la seconde guitare, Nicolas Matillon à la basse et Laurent Descours à la batterie. Deux années puis un covid… mais rien ne semble vouloir entamer la volonté du leader dont le groupe revient aujourd’hui avec un album complet, Blessed in hell. Amoureux du heavy 80’s, foncez! Car si les influences sont évidentes – au hasard, Iron Maiden, Judas Priest, Metallica, Megadeth, Motley Crue, Ratt, sans parler de Skid Row (ce chant à la Sebastian Bach qui manque cependant parfois d’un peu de précision mais quand même…), voire même l’influence d’un Existance de plus en plus en vue – elles sont parfaitement intégrées à un ensemble entrainant. Ce Blessed in hell monte en puissance, fait taper du pied et secouer la tête. Alors s’il y a quelques défauts (une ballade pas forcément nécessaire, un chant parfois mal maitrisé, des arrangements qui pourraient être mieux arrangés), si les Stéphanois ne réinventent rien, on se laisse facilement prendre au jeu de Eve’s Bite. C’est frais, ça déménage et on n’en demande pas plus. De l’envie et du plaisir.

Interview: MASS HYSTERIA

MASS HYSTERIA @L’astrolabe, Orléans, 1er fév 2024

Interview MASS HYSTERIA. Entretien avec Mouss (chant) et Fred Duquesne (guitare). Propos recueillis le 1er février 2024 à l’Astrolabe d’Orléans

Après avoir reçu un appel de l’attachée de presse du groupe m’annonçant que Mouss et Yann sont tous deux HS et préfèrent se reposer et me proposant de faire l’interview avec un autre membre du groupe, c’est finalement le chanteur de Mass Hysteria qui insiste pour cet échange. Il est finalement en forme, même s’il veut préserver sa voix pour cette date de reprise. Il n’en est pas moins bavard qu’à son habitude, et c’est tant mieux ! Et quand tu discutes avec Mouss, tu es certain qu’on va aborder des sujets variés, de la musique, à la politique. Engagé ? Non, si peu… Le recadrer, parfois ? Pour quoi faire ?

Mouss, vous donnez ce soir le premier concert de la seconde partie de la tournée Tenace. Tout d’abord, comment s’est déroulée cette première partie ?

Wouah ! C’était intense… En fait, avec cette tournée, on vit quelque chose qu’on n’a jamais vécu avant : des salles complètes tous les soirs… Il n’y a peut-être que 3 ou 4 dates qui ne le sont pas encore. C’est honteux de dire ça, presque : avant c’était le contraire, il y avait 3 date complètes sur 30 et on disait « waow ! C’est cool ! » (rires).  En 2023, toutes les dates étaient complètes. Première partie, excellente, complètement folle. Au-delà de ça, il y a l’énergie qui s’en dégage. Quand une date affiche complet, il y a les gens, le public qui dégage cette énergie, il y a une dimension supplémentaire, tu ajoutes une étincelle et tout peut s’embraser…

Justement, y a-t-il ce soir, parce que c’est la première date de l’année, un peu de pression ?

Non, en tout cas, pas moi. Je n’angoisse jamais avant un concert, que ce soit l’Astrolabe ou le Hellfest, je n’ai jamais de crampe d’estomac avant de monter sur scène. Jacques Brel, il vomissait de trac avant chaque concert… dans Mass Hysteria, il y en a quelques un qui ont le trac, pas jusqu’à vomir…

Mais j’imagine que c’est un trac sain…

Exactement. Moi, j’arrive à ne pas y penser, je n’anticipe rien, je rentre dans l’arène. Une fois que je suis sur le plongeoir, ben… je vais plonger !

Avez-vous apporté quelques modifications par rapport à la première partie de la tournée, dans la setlist, le jeu de lumières, de scène… ?

Oui, notre lighteux a apporté quelques modifications, il a changé le… comme on dit maintenant, le light design. Un tableau, comme ils appellent-ça. Il y a des créations pures pour certains morceaux. Et on a intégré deux nouveaux morceaux, qu’on a encore répétés là, il n’y a pas un quart d’heure. Deux morceaux de Tenace 2 : Le triomphe du réel et L’émotif impérieux. On les a rajoutés à notre setlist, c’est la première fois qu’on va les jouer ce soir.

Parmi les nouveaux titres de Tenace 1, y en a-t-il que vous avez décidé d’écarter parce que vous vous êtes rendu compte qu’ils ne fonctionnent pas aussi bien que ce que vous souhaitiez ?

J’ai une très mauvaise mémoire… Si Rapha était là, il te le dirait immédiatement, c’est lui qui se charge de la setlist. Mais oui, c’est arrivé qu’on se rende compte que sur ce titre ça prend moins, alors on l’écarte. Souvent, c’est un vieux morceau qu’on n’a pas joué depuis longtemps.

Je pensais plus aux nouveaux titres…

Sur les nouveaux titres ? Non. On a eu une appréhension pour Le grand réveil, parce que c’est très chanson française, un peu guinguette, accordéon. On avait un peu peur de la réaction du public, et en fait, non, c’est passé. Mais ça n’a pas pris tout de suite, cet esprit guinguette/metal/guinguette…

Mais ça apporte une variété qui permet de casser le rythme, aussi.

Exactement, c’est le plaisir dans la diversité. Mais ce morceau ne s’est pas imposé tout de suite. Il a mis un peu de temps avant de vraiment prendre.

On ne va pas revenir sur le choix de faire Tenace en deux parties, n sait que la première est plus sombre, la seconde plus lumineuse. Mais il y a un fait : cinq ans séparent Tenace de Maniac. Cinq années pendant lesquelles on a aussi eu deux années de crise sanitaire. Cette crise sanitaire, cette pause forcée, a-t-elle influencée la composition et l’écriture de Tenace ? Est-ce que ce temps qui nous a été « accordé » vous a permis d’améliorer vos compos ?

Les deux à la fois ! Ça m’a influencé, même galvanisé. Ça m’a influencé comme jamais depuis… je vais te dire : depuis 2005. J’avais voté « non » pour l’Europe, pour le traité de Maastricht. 2005 : 58% des Français disent « non ». Sarkozy, lui, dit « ben oui, en fait ». Mais… Ça va pas ou quoi ? On fait un référendum, c’est un vote, souverain… Il a craché dessus. Là, je n’ai plus cru à la politique. On appelle ça une apostasie, tu ne crois plus en la religion ou autre… J’étais un apostat, je ne crois plus du tout à la politique. Même les journaux que je lisais étaient « oui, bon d’accord… » Mais vous rigolez ou quoi ? J’avais 30 ans… La crise sanitaire a révélé encore plus que je n’imaginais à quel point les politiciens de cette Europe là – je parle de l’Europe parce que je m’en fous de Donald Trump, Poutine, Ping et les autres dictateurs. On nous dit de faire gaffe à ces dictateurs mais, avant, on peut parler de ton bilan avant de faire celui des autres ? il faut avoir le cul propre avant de vouloir torcher celui des autres, tu vois ce que je veux dire ? J’ai l’impression que cette Europe… Le bloc de l’Est s’est effondré avec le mur de Berlin, maintenant, j’ai l’impression qu’on a créé le bloc de l’Ouest, avec une Kommandantur – Bruxelles, c’est le parti… On ne peut même plus décider qui rentre en France, ou pas…

Pas que, on le voit aujourd’hui avec les agriculteurs…

Exactement, ils sont en train de tuer les agriculteurs comme ils ont tué le système hospitalier. Macron, depuis 10 ans, avec Hollande… faut pas oublier que Macron il bossait pour Rothchild avant… Il a fait des allers retours entre le privé et le public. Quand il était à Bercy, il a vendu la France en pièces détachées, Thalès aux Américains, Alsthom…

Maintenant, en quoi tout cela t’a-t-il influencé pendant les années de crise sanitaire ?

Je fais un petit flash-back : 2005, on s’est assis sur notre droit souverain de vote et de référendum. 2010, je fais L’armée des ombres. C’est toute l’époque 11 septembre, guerre en Irak – une guerre illégitime, il n’y a jamais eu d’armes de destruction massive. Il y a plus d’un million d’Irakien qui ont été tués… Toute cette clique qui est allée en Irak méritait d’être jugés par la Cour pénale internationale. On tue des hommes, des femmes et des enfants… C’est pas un match de foot avec des hooligans débiles qui se tapent dessus, là on parle de guerre et de mort. Il n’y a pas de mort légitime, quoi…

Sauf la mort naturelle…

Sauf… oui, exactement, merci de me reprendre ! Donc 2010, je dresse un constat assez noir avec L’armée des ombres. Je demande ce qu’ils veulent, nous mettre des puces sous la peau, des QR Code ? Jusqu’où vont-ils aller ? Après le 11 septembre, il y avait le Patriot act, on pouvait venir chez toi si on te soupçonnait de terrorisme… Pas besoin de mandat, tu peux te faire balancer par un connard et être emmerdé… C’était mortifère et stressant. Moi qui ne croyais plus à la politique, j’y croyais encore moins, encore moins les Américains. Je me disais qu’il fallait être en mode résistance, dissidence. Je suis contre la violence, contre le vandalisme, contre cramer des magasins, des banques, des poubelles, des voitures… Ça, pour moi c’est des débiles qui font ça. Vraiment, ces gens-là, je les déteste, c’est de la racaille, des sans cerveau. J’ai eu des problèmes avec ça, il y a des mecs qui sont venus me voir à la sortie d’un concert. Des « antifas »… Je les avais insultés au Hellfest – je crois que c’est dans le DVD – et les mecs il viennent m’emmerder : « ouais, t’as quoi contre les antifas ? » Quoi, les antifas ? Déjà, montre moi où est le fascisme, il est où Mussolini ? « Oui, Le Pen… » Mais arrête, Le Pen, c’est pas un fachiste, c’est une tête de mort, si tu veux, une tête de con, c’est un mec que t’aimes pas, d’accord, mais il n’est pas pour les chemises brunes, il n’a jamais dit vouloir pendre les gens sur la voie publique, place de la Concorde… Il ne pourrait pas faire ça ! Et s’il était fasciste, il n’aurait pas de parti, il n’aurait jamais eu le droit de se présenter, tu vois ce que je veux dire ?

On pourrait en parler pendant des heures…

Des heures ! bon, depuis 2010, ça boue dans ma tête, et là… arrive le covid. Tout le monde flippe, moi le premier. Mais d’où ça vient ? On ne sait pas, d’un laboratoire… On n’en sait rien. D’ailleurs, ils ne cherchent même plus… Normalement, tu cherches la souche, mais là, non… Après il y a eu toute ces mesures. Alors est-ce que le covid a eu une influence ? Oui, il a même rajouté une dimension supplémentaire à ce que je pensais depuis 2010. Et tout s’est articulé. Même si je ne sais pas si tout ça était voulu ou pas, il y a un putain de virus qui nous a fait chier et il y a eu des conséquences. On était tous en danger. Il y a eu des lois liberticides, mais en même temps, on ne savait rien… Ça a été fait dans l’urgence, d’accord. On ne pouvait pas faire des études pendant 6 mois ? Il y a toujours des volontaires pour faire ce genre de choses. Il y a toujours des gens prêts à subir des tests pour la science. Pas moi ! Ah, non, à moins qu’il y ait un groupe placebo et qu’on me dise que j’en fais partie. Mais ça ne marche pas si tu le sais ! Aujourd’hui, il y a des études qui ont été faites qui ont prouvé que la distanciation sociale ne servait à rien. Les Japonais ont fait une étude sur le port du masque : au bout de 4 heures, je ne te dis pas ce qu’ils ont trouvé dedans. Le masque, c’est pour les malades. Celui qui est en bonne santé, il veut porter un masque ? Pas de soucis !

Comme les Japonais, ils portent un masque pour protéger les autres…

Exactement. Maintenant, je comprends qu’on l’ai demandé dans l’urgence, mais il y a des décisions aberrantes… rappelle-toi, à un moment, tu pouvais aller boire un verre au bar. Mais « si vous buvez debout, c’est bon, mais pas assis ». Donc, si tu es un nain, tu ne peux pas aller dans les bars… Je ne connais pas les solutions, mais je demande juste qu’on nous donne des faits.

En tous cas, cette période a impacté ton état d’esprit, ta façon d’écrire, et le résultat c’est en partie Tenace.

Ça m’a rendu fou, oui ! Tenace, ça signifie « toujours là, toujours debout », et encore plus résigné à résister. Le covid m’a amené à cette réflexion : on était à l’apogée de ce qu’on peut appeler « l’état profond », cette espèce de main invisible qui gouverne et qui place ses pions. C’est pas un mal d’avoir de l’argent et de vouloir placer les gens qu’on apprécie à certains postes. Macron, Schiappa et tous ceux-là font partie d’un club qui s’appelle Young Global Leaders, les jeunes leaders du monde. En Angleterre, partout dans le monde il y en a. C’est une élite choisie par qui ? Par le forum économique mondial.

Stop ! Pause, sinon on est là jusqu’à la fin du concert ! Et j’ai d’autres questions…

Oui, tu as raison ! Mais allez faire des recherches sur ce forum et ce « club ». Ils ont dit, écoute-moi bien « en 2030, vous ne posséderez plus rien et vous serez heureux ». En fait, ce qu’ils veulent, c’est que tu sois locataire à vie de tout ce que tu as. Voiture, maison…

Revenons à Mass Hysteria. Le groupe est assez stable depuis quelques années, depuis l’arrivée de Jamie. Comment analyserais-tu l’évolution du groupe entre vos deux derniers albums, Maniac et Tenace ?

Alors… Avec l’arrivée de Jamie à la basse il y a plus de 5 ans et celle de Fred il y a bientôt dix ans… Là, c’est notre dixième album. Au huitième, Matière noire, je pensais arrêter. Je venais de perdre mes parents, c’était le huitième album, pour moi le 8 c’est le signe de l’infini. Je me disais que, symboliquement, il pouvait se passer quelque chose, on a un disque d’or – on est les seuls à en avoir reçu un dans ce style de musique en France avec Trust et No One, je crois. Donc, Matière noire, c’était en… 2012 ? 2014 ?

Non, c’était en 2015… Il y a L’enfer des dieux, titre tristement prémonitoire…

Oui, merci… C’est vrai, il y a des repères mnémotechniques en plus ! Sur cet album, Jamie venait d’arriver, et je dis à Yann, avant le début de la tournée, que je pense que c’est ma dernière. Je sortais d’une période pas facile, j’avais plus mes parents, et je lui dis que c’était peut-être la fin de quelque chose, que je devais peut-être passer à autre chose… C’est une aventure de 20 ans, quand même, ça se réfléchit… Yann me dit « OK, je respecte, pas de soucis… » et tous les week ends, il me pose la question : « alors, tu es sûr, tu arrêtes ? » Oui, oui. Et puis, ça s’est emballé, il y a eu une espèce de truc avec cet album, les salles ont commencé à plus se remplir, c’était le début de ce qu’on connait aujourd’hui… Là, je me suis dit qu’il y avait peut-être un signe… Je suis dans un esprit un peu dissidence, tu sais.

Non, c’est vrai ?

(Rires) oui ! Et donc je me suis dit que ma place était peut-être toujours là. Yann vient me voir au bout de trois ou quatre mois et me demande « alors, tu en es où ? Tu arrêtes toujours ? » Ah, ta gueule, me fais pas chier ! (Rires) Ben non, j’arrête pas ! Là, je planais, j’étais sur un tapis volant, à 30 cm du sol ! J’avais besoin de ça, j’avais perdu mes parents – je n’en parle jamais, ça fait bizarre…

Tu en parles parce que ça explique un état d’esprit, tu vivais quelque chose de difficile, tu avais besoin de remettre les compteurs à zéro, ce qu’il s’est passé…

Grâce au public, et grâce à mon groupe, oui. J’étais porté par le public et mes gars. Dans ma tête, j’avais trouvé mon envie. Je ne veux pas faire de psychologie de bazar, mais quelque part j’avais perdu mes parents et je les ai retrouvés : le public, c’est mon père, le groupe ma mère. Je me suis demandé pourquoi j’avais pensé un jour arrêter. Qu’est-ce qui m’est passé par la tête ?

En fait, la plus grande évolution, c’est plus entre Matière noire et Maniac qu’entre Maniac et Tenace ?

Ouais, absolument !

Entre ces deux derniers, il y a plus une sorte de stabilité, de continuum qu’il n’avait pas sur les albums précédents.

Voilà, c’est ça !

Si tu devais aujourd’hui ne retenir qu’un seul titre des deux volets de Tenace pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas ce qu’est Mass Hysteria aujourd’hui, lequel serait-ce ?

De Tenace ? un seul titre ? C’est dur, parce qu’il y a un titre qui nous représente au niveau de l’état d’esprit mais pas forcément au niveau musical : L’art des tranchées. J’explique ce qu’on est, ce que le public metal est. « On ne connait pas l’art, l’art ne nous connait pas ». Le metal n’a pas besoin de télé, de radio, ça n’empêche qu’en France, il y a un des plus gros festivals de metal. Dans les années 90, il y avait encore du metal à la télé, plus maintenant. Pour moi, L’art des tranchées, c’est un des morceaux qui nous représente le plus. Et en plus le titre, c’est aussi l’histoire du metal, qui a avancé pas à pas et creusé son sillon… Metallica a fait beaucoup, c’est un peu les Beatles du metal…

Les Beatles avaient leur album blanc, Metallica (il termine avec moi)…

Leur album noir ! Absolument, merci !

Mass Hysteria est aujourd’hui l’un des plus importants groupes en France. L’industrie musicale est en crise depuis quelques années. Est-ce que ça a eu un impact sur le financement de Tenace ? Est-ce que, comme ce fut le cas il y a encore peu, vous avez un label, Verycords, qui a financé l’enregistrement ou avez-vous dû mettre vos deniers pour cet enregistrement ?

Non. On aurait aimé s’autoproduire, financièrement, on ne l’a jamais fait. Mais on a la chance d’avoir un label qui nous finance. Pas avec des budgets pharaoniques, mais assez confortables. On est entré chez Verycords en 2010 pour L’armée des ombres, album qui a rencontré un certain succès. Ils étaient contents, on a resigné pour un autre album, Matière noire qui a très bien marché, et on a continué. On a un rapport de confiance avec eux depuis cinq albums, même si on n’a pas un budget illimité non plus, il y a une vraie symbiose. Je reviens à ta question de savoir en quoi le covid a influencé Tenace: on a eu plus de temps pour réaliser cet album, d’où les 14 titres. Si on n’avait eu moins de temps, on n’aurait pu enregistrer que 10 morceaux. On a eu plus de temps, et grâce à notre label, on n’a pas eu à s’autofinancer. On gagnerait plus d’argent, en s’autofinançant. Soyons clairs : moins il y a d’intermédiaires, plus il y a de bénéfice. Mais on n’est pas assez bons pour épargner (je ris). C’est vrai, c’est un cauchemar ! Par exemple, le cachet du Hellfest, la dernière fois – en 2019 – on a tout mis dans le show du Hellfest : la vidéo, la pyrotechnie, on avait une équipe de 24 personnes alors qu’en tournée, on est 12. On jouait une heure, on avait 24 techniciens, ça nous a coûté un bras, des dizaines de milliers d’euros. Au lieu de faire un peu moins, de garder un peu de bénéfice, on a tout claqué !

Aujourd’hui, Mass Hysteria a une position enviable, voire enviée, alors est-ce que vous vivez de votre musique ou avez-vous des activités complémentaires annexes. Je sais que Yann a une activité sportive, mais les autres ?

Oui, Yann est coach sportif. Il n’y a que Rapha, le batteur, et moi, qui n’avons pas d’activité annexe. Je suis avec ma femme depuis 30 ans et je pense que si j’étais seul, je serai obligé d’avoir un taf à côté. Grace à elle, je n’en ai pas besoin. On vit raisonnablement. On vit bien avec Mass Hysteria, mais pas assez bien pour vivre à Paris. Si on n’avait pas 2 salaires, on ne pourrait pas vivre à Paris. En plus, la qualité de vie… Je suis Breton, et j’ai envie de rentrer en Bretagne. On est en train de faire les démarches, ça va nous prendre deux, trois ans… Mais oui, on vit de notre musique mais certains ont des activités annexes parce qu’on ne gagne pas assez pour vivre à Paris.

Fred est aussi producteur, très actif dans son domaine. Que fait Jamie ?

Je ne sais pas si j’ai le droit de le dire mais il est technicien à la télé. Pour la Star Ac’, The Voice, par exemple. C’est lui qui se charge d’installer le matos, batterie, guitare…

Le chanteur de Disconnected a aussi d’autres activités de chant hors metal, il est prof et interviens, je crois, dans des comédies musicales plus pop…

Ah ouais ? C’est cool !

Est-ce qu’on parle du 29 juin ?

(longue pause)…Le 29 juin ?

Oui, le 29 juin 2024, Mass Hysteria sera de retour au Hellfest et va jouer avant Metallica. Je dis bien avant, vous serez sur la même scène, Main 1, et pas intermédiaire sur la Main 2… Comment se prépare-t-on à jouer en « ouverture » de Metallica ?

Alors, déjà qu’on s’était mis une pile sur le Hellfest 2019, là on a un cachet confortable donc on va faire pareil. On ne peut pas faire moins, en plus, on va jouer plus longtemps. On est en train de réfléchir à la scénographie.

A ce moment Fred arrive dans la pièce. Je l’invite à nous rejoindre

La question que je posais à Mouss est : comment on se prépare pour une date comme celle du 29 juin qui arrive ? J’imagine que ça met une certaine forme de pression…

Fred : On se prépare déjà un peu mentalement ! On le sait depuis un moment, mais, oui, il y a une pression. On n’a pas encore entamé la partie technique, mais c’est dans 6 mois…

Moins de 5…

Ah, oui, moins de 5 ! Le temps passe vite (rires). On l’a déjà fait, donc on n’est pas perdus, mais oui, tu as raison, il y a une certaine pression. Ça augmentera sur le mois précédent le concert. Mais on a une équipe technique qui est super, à fond sur les lights, la scénographie. La technologie fait qu’on peut préparer un show en avance. Thomas, notre lighteux, bosse beaucoup sur ce genre de choses. On peut voir la gueule du show avant de l’avoir fait. Et avant le concert, on va faire une résidence dans une sorte de hangar assez grand. Je ne sais pas s’il y aura des particularités, des featurings. On va faire le show de Mass Hysteria, point.

Il y a un autre concert qui est important, c’est celui que vous donnerez le 25 janvier 2025 au Zénith de Paris. C’est quand même assez exceptionnel pour un groupe français, dans ce style de musique, d’annoncer un tel concert plus d’un an à l’avance. Ce sera la fin de la tournée, est-ce que pour l’occasion, vous prévoyez quelque chose de particulier ?

On l’avait déjà fait sur la tournée d’avant, mais malheureusement, ce jour-là, il y a eu la grève des transports… On a fait un score malgré tout correct. Les gens sont venus à pieds, se sont débrouillés… On avait fait quelque chose de particulier. Tu sais, ce n’est pas des plateaux qu’on fait tous les jours, mais quand c’est notre show sur une grosse scène, pas un festival, il faut qu’on intègre des choses spéciales. Techniquement, ça nécessite un peu plus de mise en place, mais nous, on déroule le show comme d’habitude. On reste nous-mêmes ? Est-ce que c’est pour ça qu’on arrive à des plateaux aussi gros, je ne sais pas… Je me méfie clairement de la technologie.

C’est bien, c’est le producteur qui dit qu’il se méfie de la technologie !

Je vais voir des groupes modernes, Architects et d’autres il y a peu, et je me suis emmerdé… Le son est parfait, ça part dans tous les sens, il y a 50 voix en même temps, c’est du play-back, c’est froid, il n’y a pas de contact avec les gens. C’est notre maitre mot, le contact humain, ce que ces groupes-là ont un peu oublié. C’est bien beau la technique, d’avoir de belles lumières et tout, mais sans le côté humain, ben… Tu t’emmerdes… C’est quelque chose qui ne se travaille pas, tu l’as ou pas.

Mass Hysteria est suffisamment important aujourd’hui pour s’offrir une tournée des Zéniths. Pourquoi ce choix de tourner intensivement dans des petites salles ?

Mouss : Je ne crois pas qu’on puisse autant remplir les Zéniths que ça. On va faire celui de Paris, l’Arena de Brest, aussi, peut-être celui de Lille. Mais, pour nous, les petites salles ça reste notre format maximum. Tu es proche du public. Si on ne faisait que des Zéniths, ça m’embêterait. Ce n’est pas pareil de faire que des Zéniths ou que des SMAC. On a fait les deux… Par exemple, avec Le gros 4, on n’a fait que des Zéniths, c’était mortel parce qu’il y avait 4 groupes.

Et ce n’était pas tous les soirs la même tête d’affiche…

Voilà, et il y avait une ambiance, on s’est éclatés !

Fred : Et les gens venaient participer à une grosse fête.

Mouss : C’était après le covid, c’était un peu compliqué. On faisait 3.000 personnes par soir il y avait quatre groupes. Je ne sais pas si Mass Hysteria, tout seul, pourrait le faire.

Fred : C’est pas sûr, non… Là, on passe dans les salles locales, avec une moyenne de 1.000 places. Si c’est complet, on est déjà contents. Passer à 6.000, de temps en temps, OK…

Mouss : Comme on fait pour la date à Paris. C’est presque un Zénith pour nos 30 ans. Plus qu’un Zénith pour la tournée Tenace, celui-là va clore la tournée mais il célèbrera aussi nos 30 ans.

Je reviens à une question que j’ai déjà posée à Mouss : Fred, si tu devais ne retenir qu’un seul titre de Tenace 1 et 2 pour expliquer ce qu’est Mass Hysteria aujourd’hui, ce serait lequel ?

Fred : Un seul sur les 14 ? C’est compliqué… Il s’est passé tellement de choses dans le studio que c’est difficile… Tenace, quand on l’a fait (Mouss réagit avec un « aah ! Pas mal, pas mal » approbateur), on sentait qu’il se passait quelque chose de particulier il est accordé comme on ne l’a jamais, fait, il a une texture particulière… Il y a des morceaux, comme L’enfer des dieux, tu les fais et dans l’après-midi, tu sais que tu tiens quelque chose. Oui, Tenace

Mouss : Oui, Tenace, dans le fond et dans la forme, ça peut le faire. Moi, j’ai dit L’art des tranchées, mais je pensais plus au fond, au texte…

Si vous deviez maintenant penser à une devise pour Mass Hysteria, ce serait quoi ?

Mouss (sans hésiter) Positif à bloc…

Fred : Oui, très bien !

Sans surprise… une dernière chose : si aujourd’hui Mass Hysteria devait – pas pouvait, « devait » – réenregistrer avec le line-up actuel un des albums de Mass, ce serait lequel ?

Fred (il rit) : Alors, je sais ce que Yann voudrait…

Mouss : Oui, moi aussi !

Mais vous ? Yann n’est pas là…

Mouss : Ça tombe un peu sous le sens… l’album noir (2005), le quatrième album, celui qui a suivi De cercle en cercle (2001)

Fred : Effectivement, c’est la vision de Yann. Moi, je l’aime bien tel qu’il est. Il aurait voulu que ce soit un son plus moderne, machin truc…

Mouss : Moi aussi, je l’aime bien. Entre nous, je suis sûr que, si on le refaisait, il ne serait pas aussi bien que l’original… (Fred confirme) Rappelle-toi : Suicidal Tendencies, leur premier album avait un son naze. Ils l’ont refait quinze ans après, avec des zicos de ouf… mais… Il n’y a plus le même son, c’est moins bien. Il n’y a plus l’authenticité d’avant.

Mais si tu devais…

Ah, je ferai celui-là !

Fred : Moi, je referais Une somme de détails (2007), parce que c’était ma première fois avec eux en production et que j’entends ce que je pourrais faire sonner mieux. Mais je pense qu’il faut aussi laisser les choses là où elles sont. C’est un peu le syndrome de la démo : tu t’y habitues pendant un an, après tu l’enregistres avec un super son… Oui, mais c’était mieux à tel endroit… Tu l’as écouté plus que l’album, en fait. Il n’y a pas le même charme, tu t’es habitué aux défauts de l’album. L’album noir, pour moi, il n’a pas de défauts, il a une couleur. C’est aussi une partie de l’histoire du groupe, ça monte et ça descend. C’est bien, dans la vie d’un groupe qu’il y ait des hauts et des bas…

Mouss : Au moment d’enregistrer un morceau, tu es en pleine création, dans la psychologie de l’enregistrement de l’album. Si tu le refais 10 ans après, tu ne pourras pas être dans cet état d’esprit, l’intention ne sera pas pareille, ton humeur non plus, tu feras peut-être ça avec un peu de distance… Après, il faudrait qu’on essaye quelques titres pour voir. Après, se lancer sur un album entier ? Ou alors, faire un best-of, mais tu réenregistres tous les morceaux du best-of.

Fred : Ce que vient de faire Tagada Jones…

Mouss : Mais non ?

Fred : Si, je viens de faire 15 titres avec eux, il n’y en a qu’un de nouveau et ils ont réenregistré les 14 autres. Il y en a qui rendent super bien… Certains, ça marche mieux, même !

Avez-vous quelque chose à rajouter, tous les deux ?

Mouss : simplement merci Metal-Eyes, merci aux lecteurs du webzine. Merci de suivre la scène française et les actus musicales. Et, surtout : restez positifs à bloc !

Fred : Très bonne fin…