
Ce soir, étonnamment, c’est un Trianon en petite configuration qui accueille l’une des formations qui a fait une partie de l’histoire du Heavy Metal américain. Queensrÿche sillonne cette année les routes pour célébrer ses tout débuts en proposant des concerts axés, hors rappels, sur ses deux premiers méfaits discographiques, l’Ep autonommé et l’album The Warning. Ne sont-ce donc que les nostalgiques d’une époque révolue qui ont fait le déplacement? En aurait-il été (ou en sera-t-il) autrement si la tournée avait été centrée sur les deux albums phares du groupe, Operation: Mindcrime et Empire? Le second balcon fermé permet cependant à la salle de sembler suffisamment pleine malgré un pit photo inhabituellement large.

Nous avions pu découvrir la première partie il y a maintenant à peine plus de 5 ans dans la salle voisine de l’Élysée Montmartre. Night Demon ouvrait alors pour une autre légende, les Allemands d’Accept, et avait fait forte impression. Ce soir, le trio américain dispose de 45 minutes pendant lesquelles il assène au public, très réceptif, son heavy metal traditionnel et varié.

Traditionnel car on reconnait aisément l’influence de la vague NWOBHM ainsi que celle américaine du heavy/thrash naissant. Varié aussi car Night Demon sait jouer sur les tempi et propose des ambiances différentes au public. Dans sa manière de chanter, Jarvis Leatherby, bassiste fondateur du groupe, m’évoque par instants Pete Franklin (Chariot, Deeds) et sa complicité avec Armand John Lizzy (guitare) rappelle – leurs Flying V y sont pour beaucoup – la folie douce des frères Gallagher (John et Mark, ceux de Raven, pas les autres…) Une folie qu’on aurait souhaité plus intense et constante, le set souffrant malheureusement de quelques longueurs.

Malgré cela, le concert reste carré, et les artifices efficaces – les jets de fumée qui enveloppent les musiciens font toujours effet! – même si on rigole un peu à l’approche de leur mascotte qui vient triquer avec le public sur le titre Night Demon. Une mascotte qui semble très hésitante et maladroite… On regrette seulement le peu de communication avec le public. Ce n’est qu’à la fin du set que Jarvis interpelle la foule, faisant part de son étonnement face à ce pit photo ridiculement large « et il n’y a même pas un agent de sécu devant! Vous voulez venir, approchez, allez! » mais personne n’ose franchir les barrières. Un concert sympathique sans toutefois être mémorable.


Les fans présents le savent: ce soir, Queensrÿche célèbre ses deux premières productions discographiques, plus que quadra avec son Ep paru en 1983 et un premier album, The Warning, paru l’année suivante. Pas de surprises donc en ce qui concerne la setlist, les 4 et 9 titres originaux étant interprétés dans le même ordre.

Si du groupe d’origine il ne reste que Michael Wilton (guitare) et Eddie Jackson (basse), les fans ont depuis longtemps fait connaissance avec Todd La Torre, vocaliste plus que digne remplaçant de Geoff Tate qui semble être destiné à ne jamais revenir dans le giron du Rÿche… N’empêche, lorsque la salle se retrouve plongée dans le noir, la petite foule accueille avec enthousiasme ses héros du soir.

Concentrés, les gars de Seattle enchaine avec un plaisir réel et concentré les 4 morceaux du légendaire Ep avant de, déjà, tous quitter la scène. Bientôt, une sirène retentit annonçant, sous des lumières vertes et jaunes, le lancement de Warning et du reste de l’album. Là encore, Todd La Torre semble peu enclin à communiquer avec le public, exception faite d’un timide « thank you » et d’un discret « All right« .

Ce n’est qu’après NM156, dont le batteur achève l’interprétation à la John Bonham (comprenez « en martelant ses cymbales de ses poings ») que le chanteur prend enfin un peu de temps pour s’adresser au public, rappelant que cela fait 5 ans que le groupe n’a pas joué à Paris (en 2019, les Américains n’ont dû se contenter que d’un Petit Bain… mais c’était après une absence de 15 ans!) demandant au public combien de personnes n’avaient pas encore vu Queensrÿche (une grande majorité), remerciant Night Demon et expliquant le concept de cette tournée.

« Ceux qui connaissent l’album savent donc quel est le prochain titre… » Take hold of the flame annonce ainsi l’entame du dernier tiers du concert qui souffre d’une légère baisse de rythme. Certains morceaux ont forcément moins marqué le temps et passent un peu plus difficilement mais c’est sans compter sur un rappel aux petits oignons.

Les plus curieux avaient pu jeter un oeil sur la setlist des soirées précédents, que ce soir Queesrÿche a quelque peu modifiée. Pensez donc, un bonheur que de pouvoir écouter Walk in the shadows (Rage for order, 1986), Jet city woman et Empire (Empire, 1990) et Eyes of a stranger (Operation: Mindcrime, 1988), et le public ne s’y trompe pas. Queensrÿche, s’il s’est montré professionnel et concentré, a offert un concert comme on en souhaite encore beaucoup. Une très belle soirée!

Merci à Olivier Garnier (Replica promotion) et Live Nation France d’avoir rendu ce report possible.