FANALO

France, Hard rock classieux (Klonosphere, 2025)

Attention, futur géant en vue! Loin d’être un novice, le guitariste Fanalo, après de multiples et variées collaborations, nous offre aujourd’hui son premier album qui pourrait rapidement devenir une pierre angulaire de son œuvre. Le gaillard se pose là dès le morceau introductif, un Tribes instrumental de plus de 7′ qui présente un virtuose doublé d’un créatif. Car si l’on reconnait l’influence des incontournables Steve Vai et Joe Satriani, Fanalo (à la ville Stéphane Alaux, on zappe le « Sté » pour garder le reste, malin…) joue sur la diversité de ses influences, puisant autant dans un hard rock festif que dans un metal aux consonnances progressives, ajoutant ci et là quelques touches plus FM voire électro (Moon, Rebirth). Puis arrive Hate for sale, premier morceau chanté, aussi enjoué que dansant et la machine est lancée. Fanalo s’est entouré d’une pléiade d’invités aussi prestigieux que Jeff Scott Soto, Ron Thal ou encore notre Butcho national et nous offre 10 titres que ne renierait aucun groupe américain. Doté d’une production parfaite, le résultat est bluffant de bout en bout. Un vrai must!

KWOON: Odyssey

France, Prog/Atmosphérique (Klonosphère, 2025)

Nostalgie, nostalgie… Les amateurs du genre seront aux anges de retrouver Kwoon, formation hexagonale fondée en 2005 et quelque peu disparue en 2011 mais ressuscitée en 2022… Le sort de tant d’autres prétendants de la scène musicale, en somme. Avec Odyssey, son nouvel album, Kwoon pourrait bien enfin trouver une place de choix dans le paysage rock. Au delà d’une illustration qui évoque tout autant Jules Verne que Georges Méliès, le groupe propose un rock léger et aérien, voire atmosphérique. L’influence de Pink floyd est indéniable et omni présente mais Kwoon, sans la renier, pose sa marque de fabrique. Un peu de nostalgie, autant visuelle que musicale, un peu de mélancolie, aussi, le tout agrémenté d’un soupçon de plaisir et de chaleur, et Kwoon nous emporte dans son univers. Les 12 morceaux de cet album entrainent l’auditeur dans un voyage quelque peu initiatique et surtout apaisant. Une très belle découverte.

QUEENSRYCHE live à Paris (Le Trianon, le 17 février 2025, avec Night Demon)

Ce soir, étonnamment, c’est un Trianon en petite configuration qui accueille l’une des formations qui a fait une partie de l’histoire du Heavy Metal américain. Queensrÿche sillonne cette année les routes pour célébrer ses tout débuts en proposant des concerts axés, hors rappels, sur ses deux premiers méfaits discographiques, l’Ep autonommé et l’album The Warning. Ne sont-ce donc que les nostalgiques d’une époque révolue qui ont fait le déplacement? En aurait-il été (ou en sera-t-il) autrement si la tournée avait été centrée sur les deux albums phares du groupe, Operation: Mindcrime et Empire? Le second balcon fermé permet cependant à la salle de sembler suffisamment pleine malgré un pit photo inhabituellement large.

NIGHT DEMON, Le Trianon, Paris

Nous avions pu découvrir la première partie il y a maintenant à peine plus de 5 ans dans la salle voisine de l’Élysée Montmartre. Night Demon ouvrait alors pour une autre légende, les Allemands d’Accept, et avait fait forte impression. Ce soir, le trio américain dispose de 45 minutes pendant lesquelles il assène au public, très réceptif, son heavy metal traditionnel et varié.

NIGHT DEMON, Le Trianon, Paris

Traditionnel car on reconnait aisément l’influence de la vague NWOBHM ainsi que celle américaine du heavy/thrash naissant. Varié aussi car Night Demon sait jouer sur les tempi et propose des ambiances différentes au public. Dans sa manière de chanter, Jarvis Leatherby, bassiste fondateur du groupe, m’évoque par instants Pete Franklin (Chariot, Deeds) et sa complicité avec Armand John Lizzy (guitare) rappelle – leurs Flying V y sont pour beaucoup – la folie douce des frères Gallagher (John et Mark, ceux de Raven, pas les autres…) Une folie qu’on aurait souhaité plus intense et constante, le set souffrant malheureusement de quelques longueurs.

NIGHT DEMON, Le Trianon, Paris

Malgré cela, le concert reste carré, et les artifices efficaces – les jets de fumée qui enveloppent les musiciens font toujours effet! – même si on rigole un peu à l’approche de leur mascotte qui vient triquer avec le public sur le titre Night Demon. Une mascotte qui semble très hésitante et maladroite… On regrette seulement le peu de communication avec le public. Ce n’est qu’à la fin du set que Jarvis interpelle la foule, faisant part de son étonnement face à ce pit photo ridiculement large « et il n’y a même pas un agent de sécu devant! Vous voulez venir, approchez, allez! » mais personne n’ose franchir les barrières. Un concert sympathique sans toutefois être mémorable.

NIGHT DEMON, Le Trianon, Paris
QUEENSRYCHE, Le Trianon, Paris

Les fans présents le savent: ce soir, Queensrÿche célèbre ses deux premières productions discographiques, plus que quadra avec son Ep paru en 1983 et un premier album, The Warning, paru l’année suivante. Pas de surprises donc en ce qui concerne la setlist, les 4 et 9 titres originaux étant interprétés dans le même ordre.

QUEENSRYCHE, Le Trianon, Paris

Si du groupe d’origine il ne reste que Michael Wilton (guitare) et Eddie Jackson (basse), les fans ont depuis longtemps fait connaissance avec Todd La Torre, vocaliste plus que digne remplaçant de Geoff Tate qui semble être destiné à ne jamais revenir dans le giron du Rÿche… N’empêche, lorsque la salle se retrouve plongée dans le noir, la petite foule accueille avec enthousiasme ses héros du soir.

QUEENSRYCHE, Le Trianon, Paris

Concentrés, les gars de Seattle enchaine avec un plaisir réel et concentré les 4 morceaux du légendaire Ep avant de, déjà, tous quitter la scène. Bientôt, une sirène retentit annonçant, sous des lumières vertes et jaunes, le lancement de Warning et du reste de l’album. Là encore, Todd La Torre semble peu enclin à communiquer avec le public, exception faite d’un timide « thank you » et d’un discret « All right« .

QUEENSRYCHE, Le Trianon, Paris

Ce n’est qu’après NM156, dont le batteur achève l’interprétation à la John Bonham (comprenez « en martelant ses cymbales de ses poings ») que le chanteur prend enfin un peu de temps pour s’adresser au public, rappelant que cela fait 5 ans que le groupe n’a pas joué à Paris (en 2019, les Américains n’ont dû se contenter que d’un Petit Bain… mais c’était après une absence de 15 ans!) demandant au public combien de personnes n’avaient pas encore vu Queensrÿche (une grande majorité), remerciant Night Demon et expliquant le concept de cette tournée.

QUEENSRYCHE, Le Trianon, Paris

« Ceux qui connaissent l’album savent donc quel est le prochain titre… » Take hold of the flame annonce ainsi l’entame du dernier tiers du concert qui souffre d’une légère baisse de rythme. Certains morceaux ont forcément moins marqué le temps et passent un peu plus difficilement mais c’est sans compter sur un rappel aux petits oignons.

QUEENSRYCHE, Le Trianon, Paris

Les plus curieux avaient pu jeter un oeil sur la setlist des soirées précédents, que ce soir Queesrÿche a quelque peu modifiée. Pensez donc, un bonheur que de pouvoir écouter Walk in the shadows (Rage for order, 1986), Jet city woman et Empire (Empire, 1990) et Eyes of a stranger (Operation: Mindcrime, 1988), et le public ne s’y trompe pas. Queensrÿche, s’il s’est montré professionnel et concentré, a offert un concert comme on en souhaite encore beaucoup. Une très belle soirée!

QUEENSRYCHE, Le Trianon, Paris

Merci à Olivier Garnier (Replica promotion) et Live Nation France d’avoir rendu ce report possible.

Interview: CRICK FEST 4

Interview CRICK FEST4 – Entretien avec Chris Acker (orga). Propos recueillis le1er février 2025

Après avoir reçu Sortilège en 2024 pour une troisième édition plus que sold out, l’association Crick For Zik remet le couvert avec une quatrième édition du Crick Fest qui, cette année, accueillera 4 groupes (peut on imaginer que le CF5 en accueille 5 et ainsi de suite ?) Metal Eyes a tenu cette année encore à faire le point sur l’évolution de ce plus que sympathique mini festival.

La prochaine édition du Crick Fest se tiendra le 5 avril 2025, à Cléry Saint André.

A 18h30, cette année, plus tôt que d’habitude puisque cette année il y aura 4 groupes…

Qu’est-ce qui fait que cette année tu as décidé de passer à 4 groupes ?

Deux raisons : la première, je voulais que ça fasse vraiment « festival ». 3 groupes, c’est un gros concert…  Et puis, depuis l’année dernière, j’ai tellement de demandes que si je ne mets pas plus de groupes, il y aura un Crick Fest 50 ou plus, j’en sais rien !

Pour rappel, l’an dernier, Sortilège était la tête d’affiche, le Crick Fest a très rapidement affiché complet. Ce que tu dis sous entends que tu as eu des retours très positifs de cette troisième édition…

Énormément, oui. Parce que dans le milieu du metal, comme d’autres sans doute, les fans communiquent énormément, notamment par le biais des réseaux sociaux et, grâce aussi au fan club de Sortilège, j’ai eu 2 ou 300 retours disant que c’était un festival au top avec une organisation au top, des bénévoles, tout, tout au top. Et, forcément, quand ça plait, les gens en parlent… Tout le monde a dit « Vivement l’année prochaine ! » J’espère qu’ils ne se sont pas dit que j’allais reprendre Sortilège (rires)!  Ceci dit, ça n’aurait pas été possible vu les problèmes de santé de Bruno Ramos…

Pas de Sortilège cette année, et c’est tant mieux, sinon c’est une affiche qui se répète. Tu as eu énormément de retours positifs. On sait que tu avais depuis longtemps un groupe en tête et on sait aujourd’hui que la tête d’affiche de cette nouvelle édition c’est KingCrown, le groupe des frères Amore, ex-Nightmare. C’est eux qui t’ont contacté ou toi ?

Ni l’un ni l’autre, c’est un intermédiaire. J’avais un nom en tête, mais ce n’était pas KingCrown. J’ai été en contact avec leur manageur, avec le chanteur de ce groupe, on a été pas mal en discussion… A un moment, j’ai douté, je me suis demandé si je parlais avec la bonne personne parce que je n’y croyais pas. C’était trop facile…Je me disais que j’étais en train de me faire avoir. Tout ça m’a fait perdre deux mois… C’était un groupe étranger.

J’étais resté sur un groupe français, mais je n’arrivais pas à identifier lequel…

Rappelle-toi, la vocation de ce festival c’est de faire jouer des groupes de la scène locale qui ne sont pas accueillis ailleurs, et je voulais absolument faire venir un artiste qui est apprécié du grand public et qui attire du monde. Bingo avec Sortilège ! Après, c’est totalement égoïste, mais comme je suis le président de l’asso et le programmateur, ben… Je me fais plaisir ! Quand tu vois ceux qui nous quitte, je me dis que c’est le moment. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. Un groupe étranger, ce n’est pas le même budget, entre le cachet, le transport… Tu additionnes tout ça, tu divise par le nombre max de spectateurs et ça te donne le prix de la place, et là… non. Ça grimpe trop et ce n’est plus dans le même esprit. Mais ce n’est pas perdu…

Tu es tombé comment sur KingCrown, alors ?

Prisma fait partie de FTF Music, qui est un label de distribution, diffusion et production. Par son intermédiaire, j’ai pu avoir le contact de Joe Amore. J’ai toujours adoré Nightmare, et là, quand j’ai écouté la production de l’album de KingCrown, j’ai pris une claque et je me suis dit « oui, ça va le faire » !

La production c’est une chose, faire venir un groupe à Cléry Saint André, c’en est une autre. Il y a eu Heartline et surtout Sortilège qui vous a aidé à placer Cléry sur la carte des lieux de concerts possibles (il approuve). Qu’est-ce qui a convaincu Kingcrown de venir ?

Comme pour Sortilège : ma passion pour cette musique, ma passion en tant que fan, que « patron » d’une organisation qui met les petits plats dans les grands pour passer une super soirée.

Kingcrown est la tête d’affiche, mais il y a aussi trois autres groupes : Prisma qui est ton groupe, on ne va pas en parler, il y a du délit d’initié pour que Prisma soit encore à l’affiche (il rit), et aussi Benzin et Stratagème, deux groupes assez différents, ce qui donne une affiche assez variée, plus rock, pas 100% hard/metal comme l’an dernier. Qu’est-ce qui t’a fait porter ton choix notamment sur Benzine, le plus rock des 4 groupes ?

Pour la petite histoire, j’ai joué plus jeune avec Bruno, le leader de Benzin. Je l’avais perdu de vue et grâce aux réseaux, on a repris contact. Je suis allé les voir jouer à un tremplin à Jargeau quand j’ai appris qu’il remontait un groupe et j’ai pris une grosse claque. Son jeu, sa voix, son allure, rien n’a changé. Bruno, c’est Bruno, voilà…

Qu’en est-il de Stratagème ?

Un peu comme pour KingCrown. Ça fait quand même 42 ans qu’ils tournent, et j’ai discuté avec Gégé, le leader, bassiste, et j’ai adoré leur dernier Ep, du hard rock propre, bien joué, moderne. Comme j’étais en mode « 4 groupes », c’est eux que j’ai retenus.

On ne va pas parler de Prisma, votre présence à l’affiche, tu nous l’as expliquée l’an dernier. En revanche, y a-t-il des nouveautés qui nous seront proposées ?

Plus que ça puisque, déjà, on a changé de clavier ! Gilles a voulu se consacrer un peu plus à sa famille. Officiellement, c’est Pascal qui joue maintenant avec nous. Mais, malheureusement, il ne pouvait pas assurer la date du 5 avril donc c’est Gilles qui sera là pour nous dépanner.  En ce qui concerne les nouvelles compos, ça avance, elles se durcissent, on est plus proche du heavy.  Elles se musclent.

Ça fait quelques temps que l’affiche a été dévoilée, que les places sont en vente aussi. Où en êtes-vous aujourd’hui sur les 350 places que peut accueillir la salle ?

Bizarrement, pas terrible du tout… Il reste encore plus d’un mois, on me dit que ce n’est pas trop grave… Toute la campagne de com, les flyers sur Paris, ça commence. Les gros concerts, ceux où on peut toucher du monde ne font que commencer, il y avait Mass Hysteria hier soir, d’autres arrivent. Après, je ne sais pas pourquoi les préventes ne décollent pas…

Il y a une piste à envisager : KingCrown est un nom beaucoup moins connu que Sortilège…

Exact, et ils sont plus loin. Sortilège, ils sont de Paris, et il y a plein de fans parisiens qui sont venus. Là, Grenoble… la fan base hésite plus.

Aujourd’hui, il y a quand même urgence à en parler…

Oui, totalement, il faut en parler par tous les biais. J’ai même été jusqu’à aller en parler auprès de France Info, Radio France, parce que je veux toucher tout le monde, ne pas avoir à regretter de ne pas l’avoir fait. Mais sans payer, non plus, mais je ne peux pas me permettre une demi-page dans un magazine…

Quel est le tarif des places ?

En prévente, elles sont à 18 euros, sur place, elles seront à 23. Pour les moins de 16 ans, elles sont à 15€ et 20€. On peut les prendre directement sur le site de l’asso et tout figure sur la page Facebook de Crick For Zik.

Comme l’an dernier, si des gens viennent de loin, ils ont la possibilité de dormir sur place, version camping ?

Même mieux, puisque cette année, nous avons l’autorisation de planter quelques tentes. On reste sur place, et on peut accueillir quelques personnes. Maintenant, il faut se rappeler qu’on est début avril, les nuits sont fraiches…

Au niveau du catering, ce sera toujours ton chili ?

(rires) J’adore entendre ça ! On va en parler lors de la prochaine réunion, mais il n’est pas impossible qu’on change. J’ai une autre spécialité ! Ce n’est pas impossible car Butcho (chanteur de Stratagème) a appris ça et il s’en régale à l’avance ! Ça fait plaisir à entendre, même Zouille il a parlé de ce chili !

Une dernière chose : si les ventes n’augmentent pas, il y a un risque d’annulation ?

Je l’ai déjà écrit et confirmé : il n’y aura pas d’annulation. Pourquoi ? Parce que j’ai un fonctionnement simple : je sais m’entourer de partenaires financiers ce qui fait que, si les ventes sont faibles, je ne bois pas trop le bouillon. Évidemment, ça nous ferait tous chier – musiciens, orga, bénévoles – si ça ne décolle pas, ce n’est jamais agréable de jouer devant peu de monde, mais quoiqu’il arrive, on maintiendra le Crick Fest.

As-tu quelque chose à rajouter ?

On peut ajouter que pour ceux qui achètent leur billet à l’avance, il y aura un petit cadeau, comme d’habitude, il y aura du merch, peut-être une boutique de CD/vinyles. Du tattoo éphémère et toujours nos bons sandwiches préparés avec du pain et des produits locaux !

LES EUROCKEENNES : FOULE CONTACT

Les Eurockéennes ont publié ce 18 février le communiqué suivant, et, oui, la fête « s’annonce grandiose »!

Ce mardi, 24 nouveaux noms rejoignent le peloton de tête des Eurockéennes 2025 pour une édition qui s’annonce déjà grandiose. La preuve par les chiffres. Avec 50 artistes prêts à en découdre, plusieurs dizaines de milliers de supporters prêts à les suivre, 4 scènes, un free camping, 4 jours de musiques au cœur de la nature… Et une grande promesse éternelle : vivre tous ensemble la meilleure fête de l’été !

Populaire, défricheur, brûlant, voilà autant de qualificatifs qui collent à la peau du festival depuis 1989. Sans exagérer, on pourrait les associer facilement aux trois grandes figures annoncées ce mardi pour la prochaine édition. Car oui, c’est sûr, cet été nous danserons sur les pépites indies des australiens berlinois de Parcels et les hits électroniques du duo parisien Ofenbach. Pendant que le Lagos blufunk inimitable de Keziah Jones mettra tout le monde d’accord (pour un guitariste, ça tombe bien). Des étoiles qui viennent magnifier une constellation 2025 déjà culte : Iron Maiden, DJ Snake, Damso, Justice, Clara Luciani, SDM, Kalash, Philippe Katerine, La Femme, Last Train, Ultra Vomit ou encore The Last Dinner Party.

Demain s’écoute aujourd’hui

Aux Eurockéennes, on regarde en l’air mais aussi vers l’avenir. En témoigne, l’arrivée dans la programmation de plusieurs sensations musicales du moment. La légende est déjà en marche pour The Molotovs, deux ados londoniens chauds bouillants d’obédience mods. Tandis qu’I Hate Models, pur défouloir techno teinté d’EBM, s’apprête à prendre les commandes du dancefloor belfortain. En juillet, on se laissera également porter par la bossa urbaine inspirée et inspirante du phénomène Aupinard. Le bordelais partagera l’affiche 2025 avec la bad girl kawaï du 9.3 Theodora, dont l’hymne « Kongolese sous BBL » nous a offert une bande son fiévreuse et libératrice durant cet hiver interminable. Attentif à l’émergence artistique régionale, le festival célèbre une nouvelle vague musicale transfrontalière franco-suisse en offrant une vitrine scénique à 4 jeunes talents (Mary Middlefield, Alta Rossa, Akira (No Face), Crème Solaire) accompagnés par son dispositif expérimental Opération Iceberg.

Solidaire et fédérateur, par nature

Partager, c’est précisément la magie de la parenthèse festivalière qui nous réunit chaque été sur la luxuriante presqu’île du Malsaucy. Avec, au-delà de la musique, la force d’un tissu associatif local engagé. Le programme Eurocks Solidaires fédère ainsi des actions de solidarité concrètes et des opérations de sensibilisation sur les sujets environnementaux. Aux Eurocks on danse, on vibre… et on s’engage. Nous, désormais on compte les jours. Vivement le 3 juillet !

AMON SETHIS: Part III – Dawn of an apocalyptic world

France, Metal progressif (Autoproduction, 2025)

Epique, progressif, agressif et lourd. Après nous avoir proposé un flashback historique avec Part 0 – The queen with golden hair en 2020, nos égyptologues préférés d’Amon Sethis reviennent à la charge avec Part III – Dawn of an apocalyptic world. Toujours axé autour de l’histoire de l’Egypte antique, plus précisément des 6ème et 7ème dynasties, Amon Sethis parvient à recréer des ambiances aussi épiques avec des envolées pharaoniques et lourdes comme une marche d’esclaves. La force d’Amon Sethis, c’est cette capacité à proposer une variété de styles qui tous s’unissent dans une même quête, celle de transmettre cette histoire qui fascine tout autant qu’elle reste méconnue. Les arrangements, s’ils se perdent parfois dans une complexité propre au genre, font passer l’auditeur de l’ensoleillement à la noirceur, de la douceur orientale à la brutalité d’une marche forcée. Construit comme un véritable conte auquel participent plusieurs invités qui ont leur propre rôle, Dawn of an apocalyptic world, s’il manque encore de ce petit truc qui ferait la différence, s’écoute avec bonheur et curiosité et, pour les amateurs du groupe, s’intègre parfaitement dans la continuité discographique des Français. une belle œuvre, ambitieuse et très bien produite – avec un nécessaire livret explicatif et joliment illustré – qui sort de ce qui nous est habituellement proposé, et est donc à soutenir.

STINKY: Solace

France, Hardcore (M-Theory Audio, 2025)

Une couronne d’épines en guise d’illustration… C’est tout un symbole qui illustre Solace, le nouvel album des Nantais de Stinky. Après un remaniement interne – « exit » Claire, enter Clair Larrieu-Maillard au chant, Enzo Bussolino et Clément Rambaud aux guitares, Maxime Cuypers à la basse et Paul Saltet à la batterie – Stinky nous propose un album brut et varié tout à la fois. Le punk des origines cède la place à un hardcore plus sophistiqué et nuancé. La brutalité est toujours de mise, mais l’ensemble donne toujours envie de taper du pied. Signe d’un réel intérêt pour le groupe, deux invités de marque viennent prêter main forte au puant: Lou Koller de Sick Of It All pose sa rage sur Grass Snakes et Andrew Newfield de Comeback Kid sur Under care. Si l’esprit hardcore est toujours présent, on notera également l’introduction de touches électro et d’une accessibilité « tout public » plus grande et surtout assumée. Sans se renier le moins du monde, Stinky démontre tout au long de Solace avoir envie d’évoluer tout en continuant de vouloir en découdre. Un album puissant.

Séance de rattrapage: HELLOWEEN: Live at Budokan

Allemagne, Heavy Metal (RPM, 2024)

Si le précédent live (United alive in Madrid, 2019) de nos citrouilles marquait le retour dans la famille des membres historiques que sont le chanteur Mickael Kiske et le guitariste chanteur Kai Hansen, ce nouveau témoignage en public, Live at Budokan, paru le 13 décembre 2024, marque sans aucun doute possible le lancement des festivités annoncées pour célébrer les 40 ans de Helloween. Ce live n’est en effet que le point de départ d’une année chargée puisque 2025 verra également la publication d’un Best of, March of time, et d’un nouvel album studio des Citrouilles parallèlement à une nouvelle tournée européenne (le groupe sera de retour au Zénith de Paris le 22 octobre prochain) puis, sans aucun doute, mondiale. Donc, oui, Live at Budokan a tout du témoignage de moments plus grands encore à venir… Ce double album propose le set complet que les Allemands ont donné le 16 septembre 2024 au mythique Budokan de Tokyo – étonnamment, si le groupe a joué près d’une cinquantaine de fois dans la capitale nippone, c’est son premier passage dans ce lieu qui en a vu tant d’autres. Une setlist quasiment identique à celle proposée ailleurs (quelques villes, dont Paris avaient, en 2022, eu droit à Angels, disparu sur ce nouveau live). Peu importe, car on sent un groupe dans une forme éblouissante, soutenu par un public à fond derrière ses héros. Une ribambelle de classiques (Eagle fly free, Dr. Stein, Futur world…) accompagne quelques extraits du dernier album auto-nommé (outre l’intro Orbit, on retrouve Skyfall, Mass pollution et Best time). Ceux qui ont vu Helloween sur scène ces dernières années le savent, Kai Hansen a également son moment privilégié pendant lequel il offre un medley des titres emblématiques qu’il interprétait aux tout débuts du groupe et l’interprétation à rallonge du thème final de Keeper of the seven keys sert de prétexte à présenter chacun des musiciens qui s’éclipse tranquillement une fois son nom cité. Parfaitement mis en son, ce double live (il existe également son pendant visuel DVD/Blu-ray) s’écoute d’une traite et nous replonge avec bonheur dans l’univers des citrouilles dont on attend maintenant qu’elles confirment les promesses de 2025 !

ATLAS ASHES: New world

Suisse, Death mélodique (2525, M&O)

Atlas Ahes a vu le jour en Suisse au sortir de la crise sanitaire, en 2022. Il faut peu de temps au groupe pour proposer un premier Ep (Dead end, en 2023) avant de s’atteler à la composition de son premier album. New world parait au début de l’année 2025 et propose un death metal mélodique, qui se rapproche même parfois d’ambiances progressives. Si Arch Enemy est une référence évidente le chant enragé de Chloé Eigenman y est pour beaucoup – impossible de ne pas faire le lien avec l’autre géant de la scène nordique qu’est Amon Amarth. Les nombreuses touches de heavy metal vintage (on parle ici des classiques inspirations que sont Priest ou Maiden) et quelques structures à la Dream Thater apportent cette touche mélodique nécessaire pour pallier à la simple brutalité du death metal. Les guitares de Nicolas Gendreau et Nathan Storni offrent de réels bons moments, entrainants à souhait et parfaitement soutenus par une rythmique déterminée et rentre dedans (la batterie de Yann Baumberger et la basse du dernier arrivé, Lorick). Si on ne pourra que reprocher à New world de ne pas offrir de titre immédiatement mémorisable, on se doit de relever l’excellence des compositions mises en valeur par une production riche et généreuse. Un très beau début plus que prometteur.

DEATH STRUCTURE: Le déni

France, Death technique (M&O, 2025)

Alors en pleine crise sanitaire, les Français de Death Structure publiaient en 2021 Paroxysm, leur premier album présentant un death metal plus technique que simplement brutal. Ils reviennent aujourd’hui avec Le déni pour confirmer les envies de vaincre du combo. Avec un tel patronyme, inutile de s’attendre à beaucoup de finesse. Et pourtant… Si je ne suis toujours pas du tout sensible à la rage vocale du genre, certains passages, comme sur Made for nothing, tendent vers un peu plus de « tendresse » avec un chant de presque crooner, grave et suave à la fois. A d’autres moments, Death Structure flirte avec des structures progressives et se rapproche par instants également d’un metal plus aérien – un air alourdi par mère nature, c’est évident. Même si le combo fonce avec une rythmique qui martèle des tempi aussi écrasants qu’une série de bombardements en règles, certains moments laissent entrevoir une éclaircie et une lueur de « douceur ». C’est direct mais plus varié qu’on ne le croirait de prime abord.