UNITED GUITARS vol. 2

France, metal et plus (Mistiroux, 2020)

En 2019, Ludovic Egraz, journaliste et guitariste de son état, décide de réunir au cœur d’un même projet tous les guitaristes qu’il peut. Son activité journalistique au sein de Guitare extreme l’a amené « depuis quelques années à rencontrer plein de guitaristes pour des interviews ou des rubriques pédagogiques » ce qui lui a permis de développer « un gros réseau dans le monde de la guitare depuis quelques années » . Il a ainsi réuni divers musiciens dans le cadre de vidéos pour You Tube ce qui a fait naître l’idée d’en réunir plus encore pour enregistrer un double CD. L’idée était de réunir le plus de monde possible en studio pour enregistrer ce premier volume pour faire quelque chose le plus vrai possible. Le résultat, c’est ce United guitars, double album instrumental. Forcément, un an plus tard, les règles ont changé. Covid étant passé par là, « les règles sanitaires font qu’on ne pouvait être que 5 en studio. Les gens se croisaient, rentraient après chez eux, on ne se voyait jamais longtemps« . Ceci mis à part, la différence principale de ce Vol. 2 réside en la variété des 17 compositions, toutes originales, un critère pour figurer sur cette série musicale – auquel certains guitaristes étrangers, pourtant intéressés, voudraient pouvoir déroger mais « ce n’est pas l’idée du projet, on veut vraiment de la musique écrite spécialement pour« . Car tout au long de ces deux galettes, on trouve du rock, du hard, du jazz rock, des influences indiennes et orientales qui font de ce disque un album riche de couleurs. Ludovic confirme, précisant que « c’est une des exigences qu’on avait, le premier était un peu plus monochrome, il tournait plus autour du rock à grosses guitares saturées« . Ludovic précise même que cette variété rend l’ensemble plus « digeste« , et il est vrai que l’ensemble passe très vite, malgré un Sweet thing de plus de 9′. Cette variété est due au panel de guitaristes invités, ou ré-invités pour certains, « le noyau dur. Mais j’ai d’abord besoin de les connaitre, pour savoir si ce ne sont pas des gens… « problématiques » qui risquent de compromettre la bonne ambiance du projet« . S’il figure une majorité de guitaristes français, Ludovic fait également appel à la générosité de certains étrangers. S’il n’a pu convaincre Reb Beech ou Nita Strauss, il a su séduire Doug Aldrich qui plaque 3 soli. Steve Lukather « aurait été partant, mais avec le confinement, il s’est barré au Texas, dans un ranch, il n’avait pas de matos avec lui… » OK pour les guitaristes de métier, mais un inconnu, un amateur qui souhaite participer au projet peut-il faire connaitre sa candidature?  » C’est pas possible! » répond un Ludovic en riant. « Même si on ne ferme pas la porte. Peut-être qu’un jour on prendra une claque… On écoute tout ce qu’on reçoit. Après, on a une ouverture dans nos campagne Kiss kiss bank, dans des tranches assez élevées d’acheter leur espace de solo sur l’album. On a Xavier qui est revenu sur cet album parce qu’on s’est super bien entendus. Il est pharmacien à Toulouse, et cette année, on a Jean Michel, qui est un entrepreneur de la région de Mâcon qui est fanatique de musique, semi professionnel à une époque et qui profite de sa pré-retraite pour se remettre à la musique. Il est venu enregistrer un solo sur le morceau de Fred Chapelier – Thick as thieves – et ça vaut le détour! » Avec toute cette bonne humeur, comment ne pas conclure sur une touche joyeuse et quelques portraits privés?

Alors qui est le plus Bluesy des guitaristes du projet? Fred Chapelier.  Le plus heavy? Matt Asselberghs.  Le plus barré? Yohann Kempst. Facile! Le plus féminin? « Oui, bon, forcément… Quoique… Il y a des guitaristes, comme les hommes en général, qui ont des traits féminins dans leur caractère… » Alors reformulons: la plus féminine? Nina Attal, forcément! Et le plus féminin? Je dirai Swan Vaude. Le plus speed?  Probablement Thomas Fratti. Même si son morceau est tout l’inverse… Le plus aérien? Yvan Guillevic. Le plus technique? Sur cet album, je ne sais pas qui… Peut-être Manu Livertout. Le plus sage? Mmh… Youri de Groot. Le plus joyeux? Nym Rhosilir. Mais c’est à la fois le plus joyeux et le plus sombre. Le plus chapeauté? Le plus beau chapeau, c’est Manu Livertout!

Vous pouvez vous procurer la version double CD, triple vinyle (dans un super pressage aux couleurs du projet, rouge, noir et blanc) ou les deux directement sur le site www.united-guitars.fr, mais également dans les magasins habituels. Une chose est certaine, et Ludovic Egraz, par l’intermédiaire de United Guitars, le démonter haut la main: aujourd’hui, la France n’a plus à rougir de ses musiciens, qu’ils soient guitaristes ou autre. Ils sont doués, créatifs, inventifs et peuvent facilement challenger certaines « stars » d’outre-frontières. Bravo!