Interview: FOREST IN BLOOD

Interview FOREST IN BLOOD : entretien avec Hervé (guitare). Propos recueillis par téléphone, le 13 novembre 2020

Metal-Eyes : Tu n’as pas l’impression d’avoir 18 ans d’avance pour ce nouvel entretien ?

Hervé (il reste muet quelques secondes) : … Pourquoi 18 ans d’avance ?

Metal-Eyes : Parce que lorsque nous nous étions rencontrés il y a deux ans, nous avions fait le récapitulatif : votre premier album est sorti en 1998, le second en 2018, soit chaque fois que l’équipe de France remporte la coupe du monde, et nous nous étions donnés rendez-vous « dans 20 ans »…

Hervé (il rit) : Ouais, ben, tu vois… Il y a des choses qui peuvent changer et évoluer. Comme quoi, l’avenir est imprévisible.

Metal-Eyes : Vos deux premiers albums sont sortis avec 20 ans d’écart, et le troisième arrive à peine deux ans plus tard. Que vous est­-il arrivé ?

Hervé (il rit) : En fait, je vais peut être rappeler à 16 heures… J’en sais rien… On a peut-être trouvé la formule qui est de se dire qu’on ne se prend pas trop la tête sur la façon de faire, et d’aller plus directement sur les choses. C’est un peu le résultat qu’il y a. Il y a eu Forest In Blood, puis on a monté Apocalyse Now avec qui on a sorti deux albums. Il fallait que tout soit parfait. Là, on a remonté Forest In Blood, on est retournés en studio, tout n’était pas forcément prêt à 100%, on a peaufiné en arrivant. On a passé plus de temps en studio, ce que nous avions prévu. On a refait la même chose, ce qui fait, je pense, que ça s’est passé plus rapidement que prévu.

Metal-Eyes : Quels retours avez-vous eu de Pirates, votre précédent album ?

Hervé : Ils étaient assez bons… On a été assez surpris de voir que, en live, les formules de chants qu’on a mise de manière à avoir quelque chose de plus fédérateur, ça prenait. En live, les gens connaissaient et suivaient, donc, ça, ça a été une grande surprise et c’est très positif. On ne va pas se mentir : quand tu vois que ce que tu fais plaît, c’est agréable, encourageant. C’est peut être ce qui nous a donné envie de faire celui-ci. On verra ce que donne Haut et court, parce qu’on n’aura peut-être pas l’occasion de le défendre sur scène…

Metal-Eyes : Pour quelle raison, enfin ?

Hervé : Ben… je sais pas si tu vois le contexte, mais nous on est bloqués à la maison… Tu te rends compte que tout est bloqué… On avait de super dates qui étaient prévues, à Paris, au Hellfest, un Day off hardcore avec 800 personnes, un concert avec Archangel dans le Nord, un autre festival à Tours… Plein de trucs, et tout est tombé à l’eau. Les perspectives futures ? Il n’y a rien. Rien…

Metal-Eyes : Votre précédent album a été enregistré au studio Sainte Marthe avec Francis Caste. Qu’en est-il de Haut et court ?

Hervé : Celui-là a été enregistré au Hybrid studio avec Andrew Guillautin. Ça se trouve à Fontenay sous Bois. On avait fait quelques prises avec lui chez Francis sur l’album précédent, quelques ajustements, et là, on a tout fait chez lui. C’est quelqu’un qu’on connait bien, qui a beaucoup travaillé avec Pierre de The Arrs, qui répétait chez lui. Andrew, c’est comme Francis. Il nous a manqué sur cet album, mais Andrew nous a apporté d’autres trucs.

Metal-Eyes : Francis vous a manqué en quoi, et Andrew vous a apporté quoi ?

Hervé : Francis nous a manqués parce qu’il est très rigoureux sur plein de choses, il est de bon conseil, il te demande de réajuster des trucs, des petits arrangements. Andrew, il est plus dans la spontanéité, et dans le direct ? C’est-à-dire, par exemple, dans la façon d’enregistrer les batteries, Andrew veut ressentir le côté hardcore, il a une approche différente et ça a apporté quelque chose de différent. Surtout, on avait plus de temps avec Andrew…

Metal-Eyes : Oh, vous n’aviez que deux ans, alors qu’avant, vous avez eu 20 ans !

Hervé : … C’est vrai (rires) Là, le temps en studio a été un peu plus long, mais pour le précédent, il nous a fallu plus de temps.

Metal-Eyes : La situation sanitaire a-t-elle eu un impact sur la réalisation de l’album ?

Hervé : Absolument pas ! Il s’est même rallongé car l’album devait sortir plus tôt. Il devait sortir entre juin et juillet.

Metal-Eyes : Comment analyses-tu l’évolution de Forest In Blood entre Pirates et Haut et court ?

Hervé : Comment je pourrais te dire ? n est restés sur les mêmes thématiques, en tout cas au niveau des paroles. Musicalement, je dirais qu’il n’y a pas eu beaucoup d’évolution sauf qu’on est allés encore plus dans la spontanéité., on s’est moins pris la tête, le chant, je le trouve encore plus fédérateur. On fait aussi un titre en français, ce qu’on n’a jamais fait.

Metal-Eyes : Pourquoi n’avoir choisi de faire qu’un seul titre en français ?

Hervé : Initialement, il ne devait pas y en avoir, parce que ce n’est pas ce qu’on fait. Mais le fait de faire un truc avec Nico de The Arrs, lui il ne chante qu’en français, donc on s’est dit qu’on allait faire quelque chose de nouveau. Nico a écrit son texte, on a fait les choses dans un esprit de partage, et on se rend compte que ça a plutôt bien fonctionné.

Metal-Eyes : Ce morceau, c’est Haut et court, le morceau titre. En écoutant le texte, j’ai l’impression que ça s’adresse aux terroriste qui sévissent en France, mais c’est aussi un texte qui fait référence à la pure piraterie. Vous avez voulu exprimer quoi, avec ce titre ? Quand vous dites « ces fils de chiens, ces lâches, pendez-les haut et court ! », ça peut désigner beaucoup de personnes.

Hervé : Oui, ça peut s’adresser à beaucoup de personnes, sauf qu’on ne le prend pas dans ce sens là. C’est la vision du chanteur, qui prend la place du bourreau qui dit « pendez les haut et court ! ». Et le bourreau, c’est plutôt Nico, Elie, se comporte plus en victime… L’idée, c’est « on ne te laisse pas aller au bout de tes idées et on te pend », et c’est ce qui arrivait souvent aux pirates quand ils étaient attrapés. L’idée c’est de vivre les choses à 100%. Dans nos messages, il y a aussi un aspect de fraternité, basée sur des codes. Les gens se basaient sur des codes, sur des valeurs, du respect.

Metal-Eyes : Tu dis que c’est le seul titre en français, mais c’est faux : il y a votre interlude avec ce cri « vive la liberté ! ». Ça fait deux titres en français…

Hervé : Oui, c’est vrai.

Metal-Eyes : Vous allez revenir à du chant français à l’avenir ?

Hervé : Est-ce qu’on va y revenir ? je n’en sais rien. Déjà, je ne sais pas ce qu’on va devenir, ce qu’on va faire. Mais pourquoi pas ? C’est venu tellement par instinct… Déjà quand on l’a écrit, on ne pensait même pas le faire, c’est l’opportunité de l’instant. Nico qui arrive avec des textes, ils ont géré leur truc tous les deux et nous, on n’a pu que dire « OK ! ».

Metal-Eyes : Vous revenez à cette idée sur Never surrender où vous dites « Fight for your rights ». Quels sont les thèmes principaux que vous abordez dans vos textes.

Hervé : On parle du refus de la domination, de la liberté, qui est mise en avant, la fraternité, le respect, et surtout de vivre, de vivre les choses.

Metal-Eyes : Musicalement, est-ce que tu es d’accord avec moi – tu ne peux pas ne pas être d’accord, il s’agit de mon ressenti (il rit) – je retrouve aussi bien du Sepultura tribal, du Slayer, du hardcore. Vous avez mis quoi d’autres ?

Hervé : Tu as entièrement raison, ce sont les messages qu’on veut faire passer. Ce que tu décris, c’est exactement ça : Sepultura vieille époque, Slayer, Biohazrd, c’est vraiment ça. C’est la bande son qui a accompagné notre jeunesse. Quand tu composes un album rapidement, soit tu vas chercher des trucs loin, de nouvelles inspirations, soit tu fais comme nous : tu prends la guitare et tu vois ce qui sort. La batterie, c’est pareil, on n’a pas cherché à creuser, ce n’est que du brut.

Metal-Eyes : Si je suis quelqu’un qui ne connait pas du tout Forest In Blood, comment me décrirais-tu votre musique pour me donner envie de l’écouter ?

Hervé : C’est une batterie bien assise, avec des speeds très clairs, des mosh parts et des passages lents clairs et très aérés. Deux guitares – on n’a enregistré que deux guitares, . C’est de la stéréo pure – Barth à droite et moi à gauche. Actuellement, quand tu écoutes des albums, il y a vingt guitares, nous on a une stéréo qui est énorme. On a mis quelques petites choses au milieu, quand il y a des arrangements, mais sinon, quand tu écoutes l’album au casque, c’est énorme !

Metal-Eyes : Mais là, tu ne me convaincs pas d’aller écouter votre musique, la stéréo, ça fait longtemps que ça existe !

Hervé : Alors… ça fait longtemps que ça existe, mais ça fit longtemps que ce n’est plus utilisé. Nous, on est revenus aux basiques : deux guitares, une rythmique et du chant avec du flow, du couplet et du refrain, des refrains fédérateurs, capables d’être repris en chœur en concert, quand ça pourra se faire.

Metal-Eyes : Je parlais de l’influence de Slayer : ils ont écrit sur Reign in blood un morceau qui s’intitule Raining blood, vous avez carrément Raining rum… Dis moi que c’est involontaire…

Hervé (rires) : Voilà… Ben, je vais être obligé de te dire la vérité : pas du tout. En plus on l’a positionné en dernier comme Raining blood était le dernier titre de l’album. C’est un clin d’œil.

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un titre de l’album pour définir ce que vous êtes aujourd’hui, ce serait lequel ? Evite Echafaud, ce n’est pas un bon choix…

Hervé : Je pense que Real game of gallows nous représente bien aujourd’hui. C’est un peu notre marque de fabrique.

Metal-Eyes : Si tu devais maintenant penser à une devise pour le groupe, ce serait quoi ?

Hervé : Vivre intensément… Aujourd’hui, on a décidé de faire cet album, de le sortir malgré le confinement. Peu importe ce qu’il se passe, cet album il doit vivre sa vie.

Metal-Eyes : On peut se procurer où votre album en ce moment ?

Hervé : Franchement, il faut nous le commander en direct… Quelques distributeurs doivent l’avoir, mais en ce moment, il faut passer par nous en direct. Et je t’avoue que de passer directement par nous, c’est une façon de nous soutenir…

 

Metal-Eyes : L’argent vous revient directement…

Hervé : Exactement, on n’a pas d’intermédiaire. En plus, on a un pack avec CD et T-shirt super sympa, on va en proposer un autre plus gros. A commander sur notre site (www.forestinblood.com), notre bandcamp ou notre page facebook. Si les gens veulent qu’on le dédicace, il suffit de le noter dans les messages et on le signe avec plaisir !

Metal-Eyes : Ce sera précisé. Merci en tout cas pour cet échange, Hervé.

Hervé : Merci à vous ! C’est vous qui faites le boulot, malgré la situation on le voit : les webzines, les magazines, les radios, on voit que ça soutient, que ça partage, que ça aime… Merci à vous parce que, au final, c’est vous qui faites le boulot !