Interview: 6:33

Interview 6:33 – Entretien avec Flo « Rorschach » (chant). Propos recueillis par téléphone le 8 octobre 2021

Photo promo

Metal-Eyes : Nous nous étions rencontrés lors de votre passage en ouverture des locaux de Wild Dawn en 2016 à la salle Eiffel d’Orléans. Votre précédent album remonte à 2015. Que s’est-il passé depuis ?

Rorschach : Il s’est passé deux-trois enfants qui sont arrivés, Nico a aussi déménagé, il a monté son studio, cela plus un confinement, plus une musique assez complexe à composer et à enregistrer… Voilà, ça passe finalement assez vite… On a décidé de se lancer dans la compo fin 2017. Après Deadly scenes, on s’est concentrés sur le live et en 2017 on s’est mis sur les premiers morceaux. Après ça, comme je te le disais, j’ai eu mes enfants, Nico aussi, et on ne peut pas se retrouver à faire autant de musique… On ne s’est, en plus, pas mis de barrière de temps, on voulait aller au bout de ce processus complexe. C’est vrai que sur la fin, le confinement n’a pas arrangé les choses, mais voilà…

 

Metal-Eyes : Que peux-tu nous dire de ce nouvel album, Feary tales for strange lullabies ?

Rorschach : C’est un album qui est dans la continuité de ce que nous avions commencé à créer sur l’album précédent. C’est le troisième album auquel je collabore avec 6:33. Sur The stench from the swelling, il y avait Arno Strobl qui faisait l’intérim entre le premier chanteur et mon arrivée, je n’ai écrit que deux morceaux sur The stench, et c’est pour ça, je pense, qu’on a rapidement voulu écrire plus, Nico et moi et Deadly scenes est né assez vite. Sur cet album, il y a déjà les prémices d’une ville, d’un univers parallèle et on a continué dans ce délire, on a créé cette mégalopole qu’on a appelé The dome. On a monté un nouveau concept, on a raconté l’histoire de ce jeune homme qui monte de sa province et qui veut devenir une star de la musique, essayer, en tout cas. Il va rencontrer des personnages hauts en couleurs. Ça me fait un peu penser à Sin city, avec une histoire et des spin off, des personnages qui forment l’histoire. On a écrit cet album dans cet esprit-là, avec des images et un son très années 80/90 parce qu’est ce qui nous a construits en tant que personnes et en tant qu’artistes. Toute cette pop culture vec laquelle on a grandi, on a voulu la retransmettre à notre manière.

 

Metal-Eyes : C’est ce qui est écrit sur le CD : « un jeune homme en quête de gloire et son voyage initiatique dans le monde du show-biz » : est-ce que c’est autobiographique ?

Rorschach : Complètement ! C’est moi qui écris les textes. Moi aussi, je suis monté de ma province de Haute Savoie, d’un village qui s’appelle Chamonix où la musique n’était pas un sport national. Je suis allé faire une école de musique à Nancy avant de venir à Paris. Oui, c’est autobiographique, mais en même temps les thèmes que j’ai voulu aborder sont aussi différents, même s’il y en a que j’avais à cœur d’exprimer, comme les femmes, ou un groupe de transsexuels qui deviennent des super-héros la nuit pour venger la veuve et l’orphelin… Il y a des thèmes qu’on voulait aborder et qu’on traite de manière un peu parallèle… On raconte des histoires, quoi !

 

Metal-Eyes : sur fond de musique assez indescriptible, ce qui est un peu votre marque de fabrique. Alors, justement, comment décrirais-tu la musique de 6:33 à quelqu’un qui ne vous connais pas pour l’inciter à vous découvrir ?

Rorschach : Ah, c’est toute la question ! Le terme que j’aime bien en ce moment, c’est fun et prog : il y a une base prog avec des trucs qui partent assez loin, mais toujours sur fond joyeux. Il y en a d’autres qui vont appeler ça du nawak metal, une sorte de metal un peu fourre-tout, mais c’est difficile de donner un terme.

 

Metal-Eyes : Et comment analyserais-tu l’évolution de 6:33 entre Deadly scenes et Feary tales ?

Rorschach : On se découvrais vraiment, Nico et moi, avec Deadly scenes, là on se connait mieux, au niveau de la composition. On a affiné tout ça et je pense que la patte du groupe se définit de mieux en mieux, un peu plus léchée, directe aussi. L’album commence avec Wacky world qui entre directement dans le sujet, il n’y a plus de morceau fleuve de 12’ comme on avait avant, donc plus direct, okus accessible tout en étant aussi chargé en information et en… bordel.

 

Metal-Eyes : Je confirme, les deux termes ! C’est aussi ce qui fait que vous maintenez l’auditeur en éveil. C’est aussi très cartoonesque à la Looney tunes… Il ne faut chercher ni le sérieux ni le ridicule, mais il ne faut pas non plus en avoir peur.

Rorschach : C’est exactement ça, le Looney tunes sont dans Whacky world avec du Tim Burton, du Sin City.

 

Metal-Eyes : Le titre de l’album se termine par « : the dome ». Ça évoque la possibilité d’une suite…

Rorschach : Oui, il y aura une suite. Il y aura bientôt les paroles sur internet, utiles parce qu’on comprend mieux ce qu’il se passe, et, en effet, il y aura une suite, un second album qui clôturera l’histoire. Je ne peux pas t’en dire beaucoup plus car on sort à peine de celui-là et on ne s’est pas encore penchés sur la suite. On ne s’est pas encore penché sur le ragga ou le reggae, mais je ne pense pas non plus…

 

Metal-Eyes :  En même temps, vous êtes spécialisés dans les mélanges de genres, alors si ça matche et que ça vous plait…

Rorschach : Exactement, tant que ça nous parle, on y va.

 

Metal-Eyes : Musicalement, les gens qui vous connaissent savent que vous proposez une musique barrée, ceux qui vous ont vus sur scène savent que votre spectacle est très visuel. Vous portiez des masques avec un côté Watchmen, zombie, Anonymous… c’est toujours le cas ?

Rorschach : On a tombé les masques. Il y a plein de raisons, mais surtout, ça nous coupait du public sur scène, ça mettait une sorte de barrière entre nous qui commençait à nous peser. Et il y a eu le Covid, on porte tous des masques, ça a joué aussi. Le line-up a changé un peu et on s’est orienté vers quelque chose de plus… authentique, plus dans l’esprit de groupe – on a un batteur maintenant…

 

Metal-Eyes : Mais vous gardez le même esprit ? J’ai ressorti le report de votre concert d’Orléans et à un moment, tu dis au public « Maintenant qu’on se connait un peu mieux, voici une chanson d’amour. Parce qu’on vous aime et que… on a envie de baiser ! » C’est toujours le même esprit ?

Rorschach : Grave ! L’amour et l’envie de baiser, c’est toujours là (rires) !

 

Metal-Eyes : ce n’est pas que lié à la personnalité un peu schizo de Rorschach ?

Rorschach : Non, les masque faisaient partie du show, on était des super-héros un peu chelous, un peu à la Watchmen. Ce qu’on a créé sur The dome, c’est une esthétique assez visuelle.

 

Metal-Eyes : Alors aujourd’hui, à quoi faut-il s’attendre sur scène ?

Rorschach : On garde l’écran sur scène, mais on s’adapte un peu. Avec des couleurs 80’s, 90’s, des boules à facettes, des néons qui claquent… Au niveau des fringues, on a développé quelque chose d’assez… universitaire. Au niveau du dôme, on a quelque chose avec des casquettes, un logo 6:33…

 

Metal-Eyes : On retrouve ces influences 80’s et 90’s, et la pochette m’évoque même Blade runner…

Rorschach : Ouais, génial ! C’est exactement ça, un mélange de Blade Runner, Metropolis, du Gotham de Tim Burton avec une ambiance pesante un peu à la Ghost in the shell. On voit bien que cette ville est énorme.

 

Metal-Eyes : Et ce personnage, même s’il est plus imposant que les autres, on le sent perdu face à l’immensité de ce dôme devant lui…

Rorschach : C’est ça, l’immensité de la ville de cette mégalopole écrasante. Je suis ravi que ça te parle, c’est exactement ça.

 

Metal-Eyes : Si tu devais ne retenir qu’un seul titre de cet album pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connait pas ce qu’est le groupe aujourd’hui, ce serait lequel ?

Rorschach : Oh, la, la ! La vache… c’est pas simple de répondre à ça… J’ai envie de te dire Rabbit in the hat, parce qu’il y a un peu de tout dans ce morceau. Il y a un bon tempo au début et ensuite ça part dans l’aérien, il y a beaucoup d’émotion dedans. Si tu demandes à Nico, il te répondra autre chose…

 

Metal-Eyes : Pour le moment, on laisse Nico de côté, c’est avec toi que je parle

Rorschach : Ah, ah ! Oui, alors Rabbit in the hat !

 

Metal-Eyes : Une toute dernière chose, si tu devais penser à une devise pour 6:33, ce serait quoi?

Rorschach : Ah… « Ne vous prenez pas au sérieux mais faites-le sérieusement ».

 

Metal-Eyes : Ok, ça me parle, on garde ! Merci pour cet échange, j’espère vous retrouver bientôt sur scène !

Rorschach : Merci à toi, pour ton temps, merci d’apprécier l’album aussi. Ca fait du bien d’avoir ce type de retour de votre part à tous.