
Nous avions découvert les Américains de KrashKarma lors de la 12ème édition du festival – malheureusement, disparu après l’édition suivante – Rock In Rebrech’ de 2023. La claque que j’avais reçue ce jour-là ! Depuis, le duo tourne partout et se forge un fidèle following en tournant sans relâche. Alors, pensez vous que je pouvais rater ce premier passage à Orléans? Seulement, voilà: Saxon est annoncé au Zénith de Paris… mais le report des concerts français met un terme à ce dilemme – et je réitère tout mon soutien à son chanteur Biff Byford dans son combat contre le cancer. On se retrouvera en mai 2026!

Le Dropkick est ce soir, un jeudi, plus que correctement fréquenté. Ce sont un peu moins de 200 personnes qui vont investir la salle de concert, soit un presque sold-out pour les Américains. Nous nous retrouvons dans les coursives pour une interview détendue (à découvrir sous peu) alors que Dark Matters, première partie locale, débute son concert. Je retrouve le quatuor metal en cours de show pour découvrir un metal varié. Il y a une forme de rage mélangée à de la mélodie et une forme de metalcore.

Il manque cependant quelque chose pour simplement m’accrocher. rien ne m’interpelle vraiment, j’ai l’impression que l’ensemble manque de maturité. Les gars y mettent du cœur mais, c’est peut-être une question générationnelle, ce n’est pas mon truc… En tout cas, pas ce soir.

KrashKarma interpelle avant même de monter sur scène. ceux qui ont vu le duo live le savent, Ralf et Niki vont chercher le public là où il se trouve. Ce soir, nombre de clients se trouvent à l’extérieur, alors, une fois sa caisse claire harnachée pour elle et son porte voix en main pour lui, les deux s’en vont tambour battant racoler sur le trottoir au son de Wake them up. A la manière de Kochka, le joueur de flûte des frères Grimm, KrashKarma va chercher son public pour l’entrainer avec lui vers la scène. Et s’il est question ici de noyade, c’est non pas sous des flots d’eau fluviale mais sous ceux de décibels et de bonne humeur.

Avant même de monter sur scène, l’opération séduction continue, Niki trainant au milieu d’une foule déjà dense, continuant de frapper sa caisse claire pendant que, tout sourire, Ralf s’installe derrière son micro. Une fois la batteuse/chanteuse installée derrière son kit, il ne faut que quelques instants pour que le public devienne le troisième membre et que, malgré l’espace réduit des lieux, certains ne commencent à se faire porter par la foule.

En dégainant dès le début du set deux de ses brulots, I survived the after life et Falling to pieces – je vous invite à aller découvrir les clips à l’intro pour le moins originales – KrashKarma donne le ton: avec son metal énergique, le partage du chant entre ses deux membres – pas question ici d’un duo « la belle et la bête », il s’agit bien de chant complémentaire – la puissance entrainante des mélodies, le groupe se met le public dans la poche.

L’énergie développée par le duo est telle que la scène se révèle bientôt elle aussi trop étroite. Grace à une plateforme judicieusement installée au cœur de la batterie, Ralf trouve un point d’appui lui permettant soit de se surélever, dominant ainsi sa complice et le public, soit de sauter sans relâche ou presque.

Ralf se prête à son exercice favori: présenter son instrument qu’il a lui-même conçu, mi guitare mi basse. Il fait la démonstration de son fonctionnement, passant d’une fonctionnalité à une autre en un clin d’oeil. Malgré la chaleur étouffante, la foule est conquise, plus encore lorsque, une nouvelle fois, Niki délaisse sa batterie pour venir, tendrement, raconter une histoire. S’emparant d’un tambourin, elle descend dans la fosse après avoir demandé à tout le monde de s’assoir et navigue entre les spectateurs qui la suivent du regard tout en écoutant la douceur de la voix, attendant, aussi, le moment de se relever pour libérer, encore, cette énergie contenue.

Après un discours prônant l’ouverture vers les autres, l’acceptation de la différence, rejetant la noirceur du monde actuel, Ralf rappelle que nous sommes tous là avec la même religion, celel du rock’n’roll, et que notre seul prophète est Lemmy. Et c’est parti pour une reprise de Ace of spades naturellement reprise en choeur par le public qui pogote et fait un circle pit à la demande du chanteur. Ralf a d’ailleurs la surprise de casser une corde de sa guitare, « la première depuis le début de cette tournée! » précise-t-il avant de s’emparer de son instrument de secours, le temps de conclure ce concert sur l’incontournable Girl with a hammer qui voit Niki s’emparer de son énorme masse, sauter de sa batterie pour défoncer des cymbales avant de reprendre position sur son tabouret.

Contrairement à ce qui était initialement prévu, soit un set d’une heure et quart, après avoir fait participer l’audience à un cours d’allemand (9lives (1,2, die))les deux se faufilent derrière leur backdrop et reviennent pour un rappel qui se termine avec une reprise explosive de The trooper de vous savez qui et viennent ensuite saluer le public, l’invitant à les retrouver à l’étage.

Pendant que Niki s’occupe du stand de merch , j’assiste à un spectacle inhabituel: Ralf a enlevé son t-shirt et l’essore au dessus d’un gobelet, récupérant ainsi quelques centilitres de sueur. « Voila ce que j’ai transpiré pour vous ce soir! » clame-t-il, un sourire aux lèvres, en levant son gobelet, faisant mine d’en boire le contenu… beurk, mais non,, il ne va pas jusque-là!

Le public ne s’y trompe pas: prenant d’assaut le stand de merch, il sait que KrashKarma fait partie de ces formations plus que prometteuses, celles à suivre de très près et qu’on aura plaisir à retrouver sur de plus grandes scènes. KrashKarma le sait aussi, le nombre de dates prévues dans l’Hexagone attestant aussi d’une belle histoire qui grandi entre le duo de la cité des anges et notre pays. Superbe soirée!
