Elle est bien faite la vie, parfois. Envoyé en formation quelques jours à Nîmes, je regarde si des concerts sont prévus. Et bim! Avatar passe en ville la veille de mon départ! C’est sans hésiter que je m’organise pour retourner les voir, une semaine après la claque reçue à Paris.
La salle de la Paloma peut accueillir un peu plus de 1350 personnes, est située en périphérie nîmoise. La desserte par bus ne se fait que les soirs de spectacles, sur demande au chauffeur. Et, pour le retour, un bus unique, et gratuit, est prévu ces mêmes soirs, une demi heure après la fin du spectacle. Pratique pour qui n’est pas véhiculé.
En arrivant, je découvre une sorte d’ovni posé au milieu d’un vaste parvis. La Paloma est en réalité composée d’une « Graaande salle » sur deux niveaux: la scène, de grande taille, fait face à une fosse de 700 spectateurs debout surmontée d’un étage d’une capacité d’accueil d’environ 600 personnes. Un lieu suffisamment cosy pour pouvoir correctement voir le show quelle que soit sa place. Le fumeurs ne sont pas oubliés puisqu’un patio leur est réservé, équipé d’un bar et de tables, transformant ce lieu en un espace convivial pour tous. Bref, la Paloma est une salle qui donne envie de parler d’elle…
Comme à Paris – il n’y a d’ailleurs guère de modifications dans le spectacle de ce soir, l’affiche étant identique sur les dates européennes – le Suédois Old Kerry Mc Kee ouvre le bal. L’homme orchestre inspiré par Dylan, Baez ou Springsteen ouvre la soirée et séduit, durant les 20′ qui lui sont allouées, un public attentif et réceptif. Quelques problèmes d’accordage viennent cependant perturber son jeu, le forçant même à reprendre à zéro son dernier titre sans que cela ne lui nuise. Une performance sobre et douce.
Pour accéder au pit photo, il faut escalader les barrières. Ayant mis 3 jours à me remettre du freakshow présenté par Hellzapoppin, je passe, profitant de ce temps pour explorer la Paloma. Ce n’est que sur la fin que je reviens dans la salle observer le public et découvrir que la troupe rajoute un numéro: le sympathique nain est enfermé dans une camisole de force, attaché par les pieds et élevé dans les airs. Naturellement, il parvient à se libérer de l’étreinte maudite pour retrouver son entière liberté en moins de deux minutes. Si certains préfèrent sortir, le public semble dans l’ensemble aussi ravi que choqué, ce qui n’empêche pas, loin de là, les portables de fleurir pour immortaliser ces instants… (Ceux qui veulent voir des clichés sont invités à lire le report de Paris)
Avatar est, comme partout, semble-t-il attendu de pieds fermes. Il y a moins de personnes maquillées qu’à Paris, cependant le public fait savoir qu’il est présent. Et acclame Sa Royale Majesté lorsque son trône s’élève derrière la batterie. Si la setlist est identique, le discours de ce bouffon de Johannes (dans le sens historique du terme, amuseur du roi) varie quelque peu.
Toujours aussi fou, séducteur et sensuel, il remarque que c’est le premier concert d’Avatar à Nîmes. « Qui voit Avatar pour la première fois? » Une armée de bras se lève. « Qui nous a déjà vus? » Moins de bras. « Qui nous a vus en 2017? 2016? »… le compte a rebours s’arrête à 2014, pour sauter à 2006, avec aucun bras levé. « Normal, vous m’auriez menti… » » ajoute-t-il, taquin.
Avatar country, le superbe dernier album est naturellement à l’honneur, et la variété des chansons de ce soir fait plaisir. Comme ailleurs, Avatar alterne entre titres rugueux et hurlés et d’autres plus groovy, voire funky. Le chanteur n’oublie pas non plus de faire acclamer Old Keery McKee et Hellzapoppin, qui permet d’introduire Smells like a freakshow, « à la manière de Rob Halford, parce que j’adore Judas Priest! »
Vient alors le premier extrait que le public a découvert avant la sortie de l’album, A statue of the king, pour lequel tout le staff s’est vêtu de blanc, exception faite de sa majesté qui revêt une veste dorée. Chanson à l’issue de laquelle le Roi distribue avec une distante générosité quelques médiators tandis que le public scande des « Long live the king! » Puis le très dansant Avatar country vient sonner comme un air de fin de concert. Le public danse et se dandine, tout sourires, pour mieux se déchaîner sur l’incontournable Hail the apocalypse, indispensable feu d’artifices final.
Avatar au complet vient alors saluer le public, le peuple de cette nouvelle contrée qu’on appelle Avatar, et, après qu’un valet soit venu la couronner et rhabiller, sa Majesté, quitte la scène, dignement. Le public en réclame encore, mais c’est bien la fin. Les lumières se rallument, la salle se vide. Nul doute que nos amis Suédois reviendront en ces lieux, le public ayant réservé un accueil digne de ce nom à Avatar qui lui a, comme à son habitude, offert un spectacle musicalement puissant et visuellement impeccable. Un futur géant.
Merci à Roger Weissier et la Paloma d’avoir rendu ce report possible.