DIRKSCHNEIDER live à Paris (La Machine du Moulin Rouge, le 13 décembre 2017)

Avec son projet Back to the roots qui propose de revenir « une dernière fois » sur les meilleures chansons qu’il a pu écrire en compagnie d ‘Accept, Udo Dirkschneider retrouve avec bonheur de nombreuses scènes mondiales. Paris en fait partie, et c’est un vrai plaisir que de pouvoir réécouter ces classiques parmi les classiques interprétés par leur chanteur originel, accompagné de ses compagnons d’UDO.

Rendez-vous est donc pris à la Machine du Moulin Rouge – l’ex-locomotive – pour une affiche 100% heavy metal vintage puisque le maître de cérémonie à convié les Anglais de Raven à venir ouvrir. Rares en France, une telle opportunité devrait attirer du monde, mais… Ce ne sont qu’environ 400 personnes qui se présentent, assez pour créer une bonne ambiance, trop peu au regard des artistes présents.

Raven déploie, comme d’habitude pour qui les a vu auparavant, une extraordinaire énergie. Et que l’on soit ou non fan de ce metal si particulier, du chant hallucinant de John Gallagher, surtout, on ne peut que reconnaître que le trio pête la forme; un détail, cependant, et pas des moindres: le batteur a changé. Malheureusement victime d’une crise cardiaque, Joe Hasselvander a dû jeter l’éponge. La tournée a tout de même pu être assurée grâce à la participation, des deux côtés de l’Atlantique, de différents batteurs venus spontanément donner un coup – de très nombreux coups – de baguettes. Raven a beau ne plus attirer autant qu’avant, son statut reste intact auprès des musiciens.

Le public présent dans la fosse ce soir ne peut qu’être épaté par l’énergie développé sur scène par les frangins Gallagher. John est toujours équipé de son micro mobile, lui permettant d’envahir, avec son frère la scène et d’aller voir le public partout. Sa voix est toujours aussi puissante et son chant hallucinant. Et cette collection de basses a de quoi impressionner! Mark, quant à lui, est parfaitement remis de l’accident qui, en 2001, a failli lui coûter ses jambes. Sans toutefois sauter comme un cabris, il se démène, courant dans tous les sens, grimaçant à l’envi tout en délivrant des parties de guitares d’une redoutable efficacité. La setlist, courte, propose des classiques tels que All for one, Hell patrol, ou Rock until you drop. Le groupe nous propose même une rareté qui n’aurait pu être jouée à certaines époques sans risquer de s’attirer les foudres. Mais « this is a fucked up world with fucked up politics », et Hung, drawn and quatered est parfaitement approprié.

Avant de terminer avec le dingue Crash bang wallop – un des morceaux qui valu à la musique de Raven le surnom d’Athletic rock – un mini medley est proposé avec un extrait du It’s a long way to the top (if you wanna rock n roll) dédié à Malcolm Young. La vie n’a pas été tous les jours facile avec Raven, et c’est bien dommage, car, malgré le poids des ans qui se fait visible, le groupe est toujours aussi pêchu.

Après une intro tribale, les musiciens de Dirkschneider entrent sur scène sur The beast inside. Le chanteur, lui, soigne son entrée. Sa voix rauque résonne et, lorsqu’enfin, il apparait, le public est aux anges. Le chanteur se pose devant la scène, agrippé à son micro, et recule régulièrement lors des aprties instrumentales, mettant en avant ses musiciens. Ces derniers se connaissent parfaitement puisque ce sont ceux qui l’accompagnent déjà au sein de UDO dont de vastes tentures annoncent le retour en 2018.

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Rapidement, un constat s’impose: Udo Dirkschneider s’est empâté, et il a du mal a se mouvoir. s’il n’a jamais été particulièrement mobile sur scène du temps d’Accept, ce soir, il bouge à peine. Certes, il vient faire l’accolade à ses gars, mais tranquillement. Eux, en revanche, semblent s’éclater comme des gamins (qu’ils sont, d’ailleurs) et profitent pleinement de chaque instant.

C’est donc la setlist qui vaut le détour. Bien sûr, il n’est pas possible de faire l’impasse sur les indispensables classiques que sont London leatherboys, Princess of the dawn, Breaker, Fast as a shark ou Metal Heart. Et bien que l’on puisse s’attendre à d’autres classiques, Dirkschneider préfère jouer la carte de la surprise avec de vraies raretés, celles qu’on a oublies, ou presque. Quel plaisir en réalité d’écouter Bulletproof, Slaves to metal, Another second to be, Protectors of terror, Stone evil ou XTC! Bien qu’ayant moins marqué l’histoire d’Accept, ces morceaux se révèlent simplement très efficaces. Udo a dû se faire plaisir en réexplorant son passé, en le redécouvrant, même, et propose là matière à un troisième volet de son projet Back to the roots – qui pourrait même se nommer Farewell accepted.

Le groupe est, de son côté parfaitement en place, aidé par un light show impeccable. Si les attaques frontales à 4 rapellent évidemment Accept, chacun dispose de son espace partagé, du soutien d’Udo et de son moment, ses moments d’expression en solo. L’histoire d’un groupe qui revisite celle d’un autre groupe, en somme.

Bien sûr, on aurait apprécié – plus que ça, même, Starlight, Burning, Restless and wild, Flesh rockin man, Up to the limit, Head over heels et/ou Loosers and winners et d’autres encore, mais ça ferait un show de 4 heures! Alors à ceux que j’ai entendu râler au bar disant qu’il s’agissait « d’une setlist de merde », je répond que non! C’est le concept même de cette tournée Back to the roots – A farewall to Accept   que de sortir de vieux titres d’Accept rarement ou jamais joués. Et le groupe s’est parfaitement approprié ce répertoire pas évident. Udo Dirkschneider aurait facilement pu capitaliser sur les classiques, il a préféré choisir le risque, et rien que pour ça, il mérite le respect.

 

Merci à Roger Wessier et Base prod d’avoir rendu ce report possible