Déjà, le nom du groupe – Dead Bees In Bourbon (des abeilles mortes dans le bourbon) – m’interpelle et me fait sourire. D’autant avec une police et un visuel qui m’évoque l’univers de Tim Burton et un certain Mister Jack. C’est donc avec une réelle curiosité que je glisse le CD dans le lecteur et dès Quiet pulse, la formation allemande me renvoie dans un passé pas si lointain. Un chant doux de Yen Aneztberger, toujours rassurant, est soutenu par des guitares à la fois discrètes et déterminées (Arndt Bander et Ingo Hannen, également à la basse et aux synthés) et une rythmique solide (la batterie de Ben Overmann). Tout au long des 11 morceaux de ce Crystals, Dead Bees In Bourbon nous replonge dans une période où le rock se liait avec bonheur à une new wave entrainante. L’apport des synthé et de touches électro y est pour beaucoup mais la batterie, comme sur Pleasures, apporte ces aspects hypnotiques avant que le titre ne monte en puissance. On a même droit à un clin d’œil aux débuts de Guns N Roses et Metallica avec l’intro de Rooftops of Zion (le titre prend toute sa démesure rapidement après cette intro). L’étiquette de « post punk » que le groupe s’est attribuée (ou qu’on lui a attribuée) est ici bien trop limitative tant Dead Bees In Bourbon propose une musique variée, allant de la tendresse à la rage, du rock le plus énervé à des sons plus éthérés et épurés en passant par des moments sombres et gothiques mais avec toujours un fond joyeux (On your own). Crystals s’adresse à un très large public, sans distinction de caste ou de genre. Un premier album plus que prometteur et un groupe à suivre de près.
C’est sans doute l’une des sorties les plus attendues de ce second semestre 2025, et pour cause! Quatre ans après le splendide album éponyme de la « réunion augmentée » unanimement salué par la critique et le public, Helloween revient avec Giants & monsters, son nouvel album composé de 10 titres, variés et enjoués comme savent si bien le faire les Allemands. A la question « le retour de Kiske et Hansen ne sera-t-il qu’un feu de paille?« , le groupe apporte aujourd’hui une réponse claire: certainement pas! Helloween se montre plus uni que jamais et tout aussi créatif que dans ses meilleures années. Qui plus est, célébrant cette année 40 ans de carrière, le groupe ne pouvait se planter. Si l’on s’attarde volontiers sur la pochette, une œuvre signée Elian Kantor, on se penche avec bonheur sur les nouvelles compositions qui sont un joli condensé de ce que le groupe nous a offert tout au long de ces quatre décennies. Des titres épiques et envoutants (Giants on the run qui alterne entre couplet doux et refrain enlevé avant de monter en puissance, Savior of the world plus foncièrement speed ou Majestic avec son break méditerranéen – ou hispano oriental – second titre le plus long avec ses 8’08 qui viennent clore l’album), des incursions plus popisantes (A little is alittle too much, Hands of god – le titre qui me convainc le moins) ou ses tonalités toujours très festives (We can be gods ou This is Tokyo, déclaration d’amour à la ville citée). On s’attardera surtout sur le grand moment de l’album, ce Universe (gravity for hearts) qui, tout au long de ses 8’24, explore toutes les amours musicales qui ont fait de Helloween la légende que le groupe est devenu. La recette à trois guitares et, surtout, à trois chanteurs a depuis longtemps convaincu et continue aujourd’hui de faire des merveilles. On attend maintenant de retrouver les 7 mercenaires sur scène, notamment celle du Zénith de Paris le 22 octobre prochain.
Après une première journée artistiquement plus que réussie, retour au Zénith de Nancy pour une seconde plus hard rock/prog metal/heavy metal. Une programmation qui, après coup, ressemble à un patchwork de styles qui peut dérouter. Seule ombre au tableau de ce samedi, la pluie capricieuse qui joue les trouble-fête intermittents tout au long de la journée, humide et presque froide… On fera avec.
Wings Of Steel @Heavy Week End 2025
J’ai beaucoup entendu parler des Américains de Wings of Steel ces derniers temps mais n’ai pas eu l’occasion d’écouter ce qu’ils font. Le jeune combo a déjà publié un Ep et un album ainsi qu’un live enregistré lors de son concert lillois en 2024 et lance aujourd’hui sa tournée 2025. Musicalement, la formation propose un heavy metal typé 80’s. Leo Unnermark, le chanteur d’origine suédoise, est aujourd’hui très en voix, quelque part entre Michael Kiske et Geoff Tate tandis que son compère, le guitariste Peter Halub, avec qui il a fondé le groupe, sait prendre la pose comme il le faut.
Wings Of Steel @Heavy Week End 2025
Clairement, ça joue, tant des instruments qu’avec le public. La jeune formation sait parfaitement quoi faire pour séduire le public et propose une variété de morceaux entrainants et séduisants, alternant entre puissance de feu (Fall in line, Cry of the damned, Wings of steel) et douceur à mi parcours avec She cries, ballade entrecoupée d’un grain de folie.
Wings Of Steel @Heavy Week End 2025
Wings Of Steel nous offre ainsi une jolie mise en bouche pour démarrer la journée. Si le groupe n’invente rien, il se donne avec coeur et passion et le public présent le lui rend bien.
Wings Of Steel @Heavy Week End 2025Vanden Plas @Heavy Week End 2025
Place ensuite à un groupe plus que trentenaire. Les Allemands de Vanden Plas, en showcase à Paris lors de la conférence de presse donnée par GDP pour le HWE, reviennent armés de cette envie de renouer avec leur succès d’antan. Leurs dernières prestations en France remontant au festival de Raismes en 2017, le groupe a eut tout le temps d’être quelque peu oublié. Alors ce soir, les petits plats sont mis dans les grands;
Vanden Pas @Heavy Week End 2025
Andi Kuntz, très en voix et tout sourire, n’hésite jamais à faire participer le public pendant l’heure qui est allouée au groupe. En démarrant son set avec deux titres heavy, Push et Holes in the sky, Vanden Plas interpelle les moins connaisseurs mais, malgré des moments plus doux, continue son set avec des composition plus progressives qui peuvent dérouter les amateurs de rock direct qui se dirigent vers les bars et la restauration. Dommage, car Postcard to God, qui clôt les set a de quoi réunir tout le monde, mais le public reste quand même assez important.
Vanden Plas @Heavy Week End 2025Europe @Heavy Week End 2025
Avec Europe, on change clairement de catégorie. Les amateurs de hard rock léché sont de sortie et Joey Tempest, très en forme, sait parfaitement comment caresser son public comme il faut. De manière aussi sensuelle qu’il le fait avec son pied de micro!
Europe @Heavy Week End 2025
Le groupe démarre son set avec deux classiques, On broken wings et Rock the night, qui enflamment le public avant de proposer le plus récent Walk the earth (issu de l’album du même nom datant de 2017). déjà le chanteur commence à s’amuser avec des « Merde » et des Putains » qu’il répète autant qu’un pur Français, pour le plus grand plaisir du public.
Europe @Heavy Week End 2025
Si John Leven (basse) semble tout aussi concentré qu’il prend du plaisir, tous les regards se portent également sur John Norum, très en forme ce soir. La pyro réchauffe d’ailleurs les Suédois et le public alors que la pluie commence à se faire dense. Les parapluies et poncho font une apparition remarquée tandis que le froid s’installe aussi.
Europe @Heavy Week End 2025
Fort heureusement, cet épisode ne dure qu’un gros quart d’heure et le public reste bien présent. Europe nous offre alors Hold your head up, un titre soit disant « enregistré récemment » datant cependant de 2023. Europe propose ensuite une sélection de titres couvrant toutes les époques du groupe. De Carrie à Superstitious, en passant par le superbe War of kings ou open your heart qui voit Joey s’emparer d’une guitare acoustique ou Last look at Eden où il empoigne une électrique et se la joue crooner, c’est un véritable Best of que Europe offre au public, chaud comme la braise.
Europe @Heavy Week End 2025
Puis Cherokee, avec un light show splendide, vient relancer les affaires sérieuses, celles annonciatrices d’un concert qui touche à sa fin. Sa fin? Non, bien sûr, et le public le sait. Dès les premières mesures, The final countdown voit une nuée de téléphones s’éclairer et la foule se lever et hurler sa joie (note personnelle: je comprend de plus en plus ces artistes bannissant le portable…) Peu importe le froid, c’est près de 8.000 personnes qui sont à l’unisson, accompagnant Europe jusqu’au dernières mesures de ce concert de très haute volée. Si la suite est à la hauteur de cette prestation…
Europe @Heavy Week End 2025
Dream Theater @Heavy Week End 2025
Le retour de Mike Portnoy (batterie) au sein de Dream Theater a fait couler, positivement, beaucoup d’encre. Le public amateur se masse devant la scène où un technicien vient retirer le voile cachant l’imposant kit du batteur. Puis chacun arrive tranquillement, prenant place pour attaquer avec le bien nommé Night terror. Rapidement, pourtant, on sent, on voit John Muyng concentré sur sa basse et la tablette à ses pieds, prompteur musical l’empêchant de sourire.
Dream Theater @Heavy Week End 2025
De son côté, John Petrucci, tout aussi concentré, se libère et retrouve ses poses de barbu bourru mais impressionne par son aisance guitaristique. Jordan Rudess, quant à lui, joue de ses claviers dont la façade change au gré des ambiance de ce premier long titre, affichant parfois des notes de musique, à d’autres moments un décor léopard, clavier mobile qui se penche (laissant ainsi voir les touches sur lesquelles il joue) et se déplaçant afin que chaque membre du public en profite.
@Heavy Week End 2025
Mais celui qui attire tous les regards reste le batteur, dont le set impressionne et le cache partiellement. Portnoy, pourtant, sait aller chercher le public, se levant pour haranguer la foule qui… diminue. Non seulement, bien que ce soit la fin du printemps, il fait froid, mais la musique, trop technique et destinée à un public connaisseur, ne séduit pas une partie de la foule que l’on voit quitter les lieux en formation régulière et en famille.
Dream Theater @Heavy Week End 2025
Une question se pose alors: Dream Theater est-il vraiment le meilleur choix de tête d’affiche? Sans doute eut-il été préférable d’inverser les places et de laisser Europe clore cette journée. Dommage, mais c’est ainsi. Demain est un autre jour dont l’affiche pré-visage d’un (tout petit) peu plus d’énergie.
Quel énorme week end que cette seconde édition du Heavy Week End ! Malgré quelques couacs au lancement de cette seconde édition, notamment dans l’arrivée plus que tardive des annonces et de l’affiche complète, le bilan de ce premier week end du mois de juin au Zénith de Nancy, dans sa version open air, est plus que positif malgré une météo capricieuse et un démarrage quelque peu difficile. Mais ne nous emballons pas, commençons par le commencement.
Si on a pu quelque peu s’inquiéter quant à la fréquentation de cette seconde édition – Gérard Drouot Productions balançant sur les réseaux de très nombreux posts chaque jour qui ont pu ressembler à un appel au secours, annonçant tardivement une affiche a priori pas au niveau de la première édition (exceptionnelle, rappelons-le) entrainant nombre de commentaires peu enthousiastes – l’arrivée sur le site tend à confirmer cette inquiétude. Ce vendredi est loin, très loin d’afficher complet – à peine 6.000 personnes ont fait le déplacement – mais, d’une part, le public est bien présent dès l’ouverture des portes et, d’autre part, on constate rapidement deux grosses améliorations par rapport à l’an dernier: tout d’abord, un espace assez vaste est réservé aux lieux de soulagement individuels (les WC, donc). Mais surtout, c’est affiché en très grand à l’entrée du site, le placement est libre. A moins d’avoir un pass VIP ou Carré or, le public peut, « à l’ancienne », se positionner dans la fosse ou s’installer dans les gradins, au choix. Résultat: bien que démarrant plus tôt que l’an dernier – un groupe a été rajouté – j’ai l’impression que le public est, en ce début de festival, à peu près équivalent à celui de 2024. Pas génial, mais encourageant, et nous ne sommes que vendredi, certaines personnes travaillent encore.
Adrian VANDENBERG @Heavy Week End 2025
Adrian Vandenberg, qui inaugure cette édition, investit la scène à 17h30 devant un parterre bien fourni… Quel plaisir de pouvoir enfin revoir le guitariste sur scène. Et en forme! Le géant hollandais (1,98m des pieds à la tignasse) a fait le choix de proposer un set 100% axé sur sa période avec Whitesnake, soit la période 1987 et Slip of the tongue. S’il n’a particpé qu’à la tournée célébrant le premier, il n’a composé aucun des titres de 1987, contrairement à son successeur dont on retrouve ici deux extraits (Fool for your lovin’ qui remonte en réalité à Ready an’ willing, en 1980, et Judgement day). Les 5 autres titres sont des incontournables du légendaire 1987 (Bad boys, Give me all your love, Cryin’ in the rain*, Still of the night et Here I go again* – deux titres (*) remontant quant à eux à l’album Saint and sinners de 1982)
Adrian VANDENBERG @Heavy Week End 2025
Le groupe dans son ensemble est en forme. On apprécie la tessiture de la voix de Mats Lévin, que l’on connait déjà pour ses participation avec Yngwie J. Malmsteen ou Treat, parmi d’autres. Le vocaliste n’est peut-être pas au niveau d’un Coverdale des grands jours mais son timbre et la personnalité qu’il met dans chacun de ces morceaux rendent plus qu’hommage au Serpent blanc.
Adrian VANDENBERG @Heavy Week End 2025
Si déjà la paire Vandeberg et Levens chauffe le public, la section rythmique en rajoute une jolie couche également. En quarante minutes, le géant blond démontre être parfaitement en forme (il avait été victime de la maladie de Lyme, qui l’a empêché de revenir comme il l’eût souhaité sur le devant de la scène) et à sa place. Si on aurait volontiers apprécié quelques extraits autres que Whitesnake (de Vandenberg, ancienne ou nouvelle mouture, ou Vandenberg Moonkings), on ne peut que savourer ce qui nous a été offert. Le public le sait et a, au passage, posé les jalons de l’ambiance à venir.
Adrian VANDENBERG @Heavy Week End 2025
BATTLE BEAST @Heavy Week End 2025
Après le hard rock, on passe au power metal finlandais. Non, pas Lordi… Si j’avais été peu sensible à Battle Beast lors du dernier passage du groupe au Hellfest, les conditions du jour me permettent de découvrir le groupe sous un autre angle. Force est de reconnaitre que les cinq se donnent à fond, la voix de Noora Louhimo faisant toujours office d’arme (plus vraiment) secrète.
BATTLE BEAST @Heavy Week End 2025
On sent les musiciens concentrés et quelque peu statiques, malgré l’envie de Eero Sipilä (basse) d’haranguer le public. Mais tous les regards sont portés sur la chanteuse au casque corné. Au gré des titres, l’ensemble du groupe va chercher la foule qui répond là encore plus que positivement d’autant plus que Noora, visiblement heureuse d’être là communique avec le public aussi chaleureusement que les flammes qui viennent réchauffer l’atmosphère.
BATTLE BEAST @Heavy Week End 2025
Battle Beast nous a offert une très belle prestation, celle qui ressemble à une jolie mise en bouche pour accueillir la tête d’affiche.
BATTLE BEAST @Heavy Week End 2025
SAXON @Heavy Week End 2025
Mais avant, place à un monstre sacré du heavy metal. Saxon, du haut d’une carrière longue d’un demi siècle, est toujours bien présent. Les Anglais s’apprêtent à sortir leur nouveau live, Eagles over Hellfest, et se lancent ce soir dans leur nouvelle tournée européenne qui, rappelons-le, les verra revenir pour trois dates en France les 11, 12 et 13 septembre aux Zénith de Paris, Nantes et Toulouse (avec, exclusivité de ces dates, le show Castles and eagles. Nous y reviendrons.)
SAXON @Heavy Week End 2025
Bien qu’on sache à quoi s’attendre, on a toujours plaisir à retrouver Biff et sa bande qui jamais ne déçoivent. Les anciens se massent devant la scène et dès les premières mesures de Hell, fire and damnation, le ton est donné. Les bouches à feu crachent leurs flammes tandis que le public scande le refrain de ce futur classique avec entrain. Et Biff, majestueux observe avec sérieux et attention la foule devant lui.
SAXON @Heavy Week End 2025
Si Saxon a composé certains hymnes incontournables que l’on retrouve ce soir (besoin de les citer? Alors, en vrac, Motorcycle man, Strong arm of the law, Wheels of steel, Heavy metal thunder, Dallas 1pm, 747 (strangers in the night)…) le groupe nous dégaine quelques raretés qui font du bien.
SAXON @Heavy Week End 2025
On a ainsi droit à Power and the glory et Dogs of war, nouvellement réintroduit dans la set list ainsi que 1066, un des trois extraits du dernier album. Les connaisseurs le savent, ils sont en train de vivre un de ces grands moments, un de ces concerts francs et directs, sans chichi. Et même si Biff, qui referme régulièrement son manteau, semble avoir froid, le public lui mange dans la main. Le concert se termine magnifiquement avec Princess of the night, toujours aussi imparable.
SAXON @Heavy Week End 2025
Si Saxon ne surprend pas les fidèles, le groupe impressionne toujours par sa puissance et ses prestations toujours aussi solides. Désormais parfaitement intégré, Brian Tatler confirme être le meilleur choix possible pour remplacer Paul Quinn. On remarque aussi que, de son côté, Nibbs Carter est beaucoup plus calme qu’il y a quelques années, headbangant avec plus de raison. Reste que la machine de guerre est de sortie (malheureusement pas le Fuckin’ pigeon… mais ça, ce sera pour le mois de septembre !)
SAXON @Heavy Week End 2025
POWERWOLF @Heavy Week End 2025
Elles sont là, elles sont de sortie les meutes de loups-garou, impatientes de répondre à l’appel d’Attila Dorn et de Falk Maria Schlegel. Qu’on aime ou pas sa musique, un concert de Powerwolf est toujours prometteur de bons moments. Au pluriel. Car plus que le show, c’est le partage, la communion entre le groupe et le public. Un grand voile cache la scène, et dès que ce dernier tombe, le public se libère.
POWERWOLF @Heavy Week End 2025
Bless ’em with the blade lance les hostilités – Powerwolf débute également sa nouvelle tournée ce soir, le public du HWE a donc droit à l’exclusivité du show! – et, très vite, très tôt, Attila s’adresse au public. Toujours en français, délivrant son éternel message « heavy metal is religion ». Forcément, ceux qui découvrent ce soir Powerwolf ne peuvent qu’être séduits tant par cette communion que par l’excellence du show proposé. Pas une seconde ne se passe sans un clin d’œil, un sourire, une complicité tant entre les musiciens qu’avec, surtout, le public.
POWERWOLF @Heavy Week End 2025
Les frères Greywolf monopolisent la scène lorsque Falk se retrouve coincé derrière ses claviers. Il est naturellement bien souvent présent en avant scène, accompagnant Attila, très en voix, dans cette grand-messe célébrant le heavy metal et son armée (Army of the night).
POWERWOLF @Heavy Week End 2025
« On va faire bouger nos hanches« , annonce Attila. « Qui veut danser avec moi? Avec Falk? » Le teasing lancé, tous deux font deux pas de danse annonciateurs de Dancing with the dead et, crachés ses premières banderoles qui retombent légèrement sur le public.
POWERWOLF @Heavy Week End 2025
Attila invite ensuite le public à chanter quelques mesures avec lui, le préparant ainsi à l’accompagner sur Armata strigoi. Chacun chante aux ordres d’Attila: tout le monde, puis les femmes puis les hommes (quelque peu plus nombreux) et même… « maintenant, la sécurité privée, allez, chantez avec nous la sécurité privée!« , rappelant que « je suis le maestro de cérémonie » lorsque le public s’élance avant son ordre. Communication, communion même, et humour font ce soir très bon ménage.
POWERWOLF @Heavy Week End 2025
Un loup garou sur fond bleu blanc rouge accompagne La bête du Gévaudan, titre chanté en français pour le plus grand bonheur de tous, suivi par le classique Demons are a girl’s best friend. Jamais Powerwolf ne laisse retomber la pression, que ce soit avec la pyro et les confettis – encore – sur Fire and forgive ou en faisant – toujours – participer le public, qui ne se fait pas prier.
POWERWOLF @Heavy Week End 2025
Le combat des « Uh » (coté Falk) et « Ah » (côté Attila) fait toujours son effet, et fonctionne à merveille, plus encore, une fois le « concours » terminé, lorsque 6.000 gorges reprennent le gimmick tout au long de Werwolves of Armenia, suivi de Heretic hunters.
POWERWOLF @Heavy Week End 2025
Les festivités continuent jusqu’à la conclusion habituelle, l’incontournable We drink your blood. Clairement, ce soir, Powerwolf a brillamment lancé sa nouvelle tournée. Le public repart ravi, la bave de la meute s’étant transformée en sourires marquant des visages simplement heureux d’avoir vécu ce moment. Un grand, très grand concert qui, malgré le froid, vient clore une première journée plus que prometteuse d’un week end de très belle fête. On sera de retour demain, promis!
Il est bien loin le temps où nos arthropodes teutons préférés nous annonçaient leur départ à la retraite. Depuis 2012, Scorpions n’a de cesse de toujours se faire, nous faire, plaisir avec quelques nouveautés discographiques et, surtout, de nombreuses tournées. Difficile de croire, alors que le groupe repart sur les routes, que Scorpions ait vraiment pu penser à sa retraite. Car le plus gros et plus ancien groupe de rock allemand propose depuis quelques temps des sets qui aident à oublier quelques années de vaches maigres et de manque d’inspiration discographique, redonnant un réel sens à une carrière qui, outre de nombreux envieux, fit et fait encore rêver des millions de personnes à travers la planète. Alors, pendant que Scorpions attaque un nouveau temps de partage avec le public, nous avons souhaité vous offrir un résumé de sa carrière, en attendant de pouvoir revoir une nouvelle fois ce groupe mythique qui a écrit certaines des plus belles et exceptionnelles p(l)ages du rock. Ils sont peu nombreux les groupes Allemands à pouvoir se vanter d’un tel parcours.
Lorsque le guitariste Rudolf Schenker fonde, à Hanovre, Scorpions, c’est au cœur d’une Allemagne à deux visages, qui vit en pleine guerre froide. Nés du « bon » côté, à l’Ouest, donc, les jeunes de 1965 découvrent, grâce (ou à cause) aux troupes américaines les nouveaux codes culturels du monde occidental. Vestimentaires, tout d’abord, avec l’apparition du blue jean et des blousons de cuir, alimentaire également, avec la commercialisation de produits comme le chewing gum ou les sodas, et également musicaux avec l’arrivée du rock’n’roll incarné, entre autres et principalement par Elvis Presley.
Sans être pour autant totalement permissifs, les parents d’alors, qui ont vécu la guerre, cette guerre infamante qui a jeté l’opprobre sur l’Allemagne, sont parfois plus ouverts d’esprits et tolérants avec leur progéniture. C’est le cas des époux Schenker qui encouragent leurs enfants et les poussent dans les voies artistiques nouvelles.
Rudolf Schenker se lance dans l’aventure dès 1965 en fondant le groupe de sa vie : Scorpions. Les années passent, ainsi que les musiciens, le jeune homme forgeant son identité musicale au gré de ses petites expériences. Son frère Michael, également guitariste, le rejoint en 1970. Il vient d’un groupe qui se nomme Copernicus dont il débauche le chanteur Klaus Meine qui devient bientôt indissociable de l’image des Scorpions.
1972 voit les premiers efforts récompensés avec la sortie d’un premier album, Lonesome Crow. Le petit arthropode a choisi d’intituler son premier essai « le corbeau solitaire » … Si le titre peut passer pour original, les chansons, quant à elles, jettent les bases de la musique que développera Scorpions dans les années à venir : les guitares jouent un rôle prédominant, tant dans les mélodies que dans la tenue des riffs, la voix si particulière de Klaus rendant l’ensemble assez facilement identifiable, bien que dans la veine de la musique d’alors. Ce premier essai permet à Scorpions d’assurer la première partie de Rory Gallagher, Uriah Heep ou UFO, ces derniers parvenant à débaucher Michael Schenker. Le blond guitariste quitte ainsi son frère dès 1973 pour rejoindre Pete Way et sa bande.
C’est alors qu’un phénomène rejoint Scorpions : Uli John Roth brille autant par son jeu que par son mysticisme et son look hippie. Mais plus encore, sans que ce ne soit évident pour l’heure, c’est l’arrivée du discret bassiste Francis Buchholz, un futur pilier du groupe, qui passera plus de quinze ans avec Scorpions, qu’il faut remarquer. La sortie de Fly To The Rainbowsur RCA en 1974 démontre que le choix est le bon. Si l’histoire n’a retenu que le dynamique Speedy’s Coming, l’album reste bourré de ces éléments propres aux Allemands : hard rock et mélodies soignées. La pochette, colorée, dessinée par Wandrey’s, est aussi quelque peu décalée : si le recto nous montre une sorte de scaphandrier du ciel, volant sur des skis à hélices, le verso nous dévoile l’autre face de cet énergumène volant. Un peu comme si le groupe nous disait « kiss my ass » … Et c’est bien là que les noms des musiciens sont inscrits !
L’année suivante, lorsque le temps est venu de préparer un nouvel album, Scorpions démarre une longue et fructueuse collaboration avec le producteur Dieter Dierks. Illustré par une photo pleine d’un érotisme subtil (signée Michael Von Gimbut), In Trance parait en 1975 et se démarque plus encore par la puissance de chansons passées à la postérité : Dark Lady, In Trance, Robot Man… Scorpions redéfinit quelque peu sa musique en conservant les ingrédients utilisés précédemment (double voix Klaus/Uli mélodies efficaces et mémorisables) en écartant subtilement les aspects trop psychédéliques (toujours présents sur Evening Wind ou Sun In My Hand) pour se recentrer sur l’essentiel. In Trance fait alors exploser Scorpions au Japon – et devient même la meilleure vente jamais réalisée par un album RCA au pays du soleil levant. Notons également que l’image des Scorpions s’affine grâce à une signature nouvelle : le logo qui deviendra bientôt indissociable de l’image du groupe. Les Allemands partent sillonner une partie du continent européen en ouverture de Kiss, une opportunité qui ne se refuse pas. Elu par leur concitoyens meilleur groupe live allemand, Scorpions s’attaque alors à sa première tournée anglaise qui vit les cinq musiciens investir le Marquee de Londres.
Si sa carrière internationale est bien lancée, Scorpions doit maintenir la pression musicale et rentre de nouveau en studio au début de l’année 1976, avec un nouveau batteur (le 4ème en 4 albums, mais cette fois, c’est le bon !) en la personne de Herman Rarebell parfait pendant rythmique de Francis Buchholz. Désormais, les Allemands font tout pour qu’on parle d’eux : de la scandaleuse illustration de couverture montrant une adolescente assise nue derrière une vitre où l’on devine le passage d’une balle d’arme à feu au contenu musical, toutes les raisons du monde sont réunies pour que Virgin Killer soit le sujet de conversations du moment. La pochette à elle seule fait jaser dans les derniers salons où l’on cause, bien que l’époque ne soit pas encore à la dénonciation de la pédophilie. Nul doute qu’aujourd’hui, ce type de pochette subirait une censure immédiate (les rééditions ont remplacé l’originale par une photo du groupe datant des sessions de In Trance). Mais qu’on parle d’eux en bien ou en mal, l’important est qu’on parle de Scorpions… Le public va croissant. La puissance de morceaux comme Pictured Life, Catch Your Train, Hell Cat ou le morceau titre rentrent dans le lard en allant droit au but : le son concocté par Dieter Dierks est rond et sec, généreux et râpeux tout à la fois, les guitares aiguisées tiennent une place prédominante. Scorpions vient de trouver l’identité de sa musique avec ce line up exceptionnel, proposant des ballades plus que réussies (In Your Park et Yellow Raven). Une seule difficulté reste à noter : il ne peut y avoir qu’un chanteur. On préfèrerait que le plus « hendrixien » des guitaristes allemands (Uli Roth) laisse Klaus Meine maitre des voix sur Polar Nights. Cette faute oubliée, Scorpions continuent de s’imposer et remporte même son premier disque d’or au Japon, est sacré meilleur album de l’année en Allemagne… Tout semble aller pour le mieux et sourire aux Allemands en ces années 70.
Crachant leur venin tant qu’il y en a, Rudolf Schenker et sa troupe décident de confirmer le potentiel et l’importance artistique de Scorpions aussi vite que possible. Toujours accompagné de Dieter Dierks, le groupe s’attèle à la réalisation du sublime Taken By Force. Après le scandale de la pochette précédente, l’album n’est illustré que par une bande sur laquelle figurent la photo et le nom de chacun des musiciens et au centre de la pochette est inscrit le titre. Plus sobre, tu meurs ! Le message sous-entendu est clair : c’est la galette à l’intérieur qui doit nous intéresser. Et là, il n’y a rien à redire : Scorpions a trouvé son équilibre et passe à la vitesse supérieure, se plaçant dans le peloton de tête des formations européennes de cette fin de décennie. Steamrock Fever, et ses guitares hurlantes totalement taillées pour la scène, accompagne les futurs classiques que sont We’ll Burn The Sky (et sa douce introduction qui deviendra la signature des ballades propres au groupe), The Riot Of Your Time, le controversé (il fallait bien quelque chose quand même !) He’s A Woman – She’s A Man – ultra speed et violent (ah ! ces aboiements de Klaus !) – ou le très « hendrixien » The Sails Of Charion qui porte les derniers stigmates de l’ère psychédélique.
Scorpions s’embarque alors pour une nouvelle tournée mondiale qui passera, en avril 1978, par le Japon où sera enregistré le double live Tokyo Tapes, une collection de 18 des meilleures créations des Allemands. Face à un public tout acquis à sa cause, Scorpions se montre explosif de bout en bout, ou presque. Les grands classiques sont foison (Backstage Queen, In Trance, We’ll Burn The Sky, Steamrock Fever, He’s A Woman – She’s A Man…), ainsi que le passage “obligé” Pictured Life sur lequel chante Roth, pour la dernière fois. Car, à l’issue de cette tournée marathon, le guitariste fils du soleil et de la lune quitte ses compères pour fonder Electric Sun. C’est d’ailleurs ce titre qui sera retiré de la réédition CD quelques années plus tard afin de pouvoir faire tenir ce concert sur un seul disque…
De retour en Allemagne, avant d’avoir trouvé un nouveau guitariste, le groupe entre une nouvelle fois en studio où Michael vient seconder son frère. L’enregistrement de Lovedrive commence alors que les auditions continuent. Le groupe pense intégrer un instrumentiste anglais ou américain, mais finalement, son choix se porte sur un jeune Allemand, Matthias Jabs qui se voit accorder le temps d’apprendre quelques morceaux avant d’entrer en studio. Sacré baptême du feu pour celui qui deviendra l’alter-ego de Rudolf Schenker, et un des piliers du groupe, encore présent aujourd’hui.
Une fois l’enregistrement terminé, le groupe met sur pied une nouvelle tournée. Pourtant, un évènement risque de mettre en péril la bonne santé de Scorpions : Michael demande de réintégrer le groupe. Famille, quand tu nous tiens… Matthias Jabs est mis sur la touche alors que le groupe s’engage dans une vaste tournée mondiale. Mais, alors que Scorpions est bien engagé sur la route, « l’ange blond » s’envole soudain en plein milieu de la tournée, juste avant le concert de Lyon, laissant son frère et ses compagnons dans une mouise sans nom. Enfin, on peut l’imaginer. La seule solution est d’appeler Matthias Jabs à l’aide. Ce dernier revient, apprend en un temps record le répertoire qu’il devra interpréter et sauve ainsi le groupe qu’il ne quittera plus jamais, apportant du sang frais, et sain, à tous.
Fin technicien, doté d’un grand sens de la mélodie et d’un enthousiasme à toute épreuve, ses apports permettent à Scorpions de franchir un nouveau palier. Ce line-up (Klaus Meine, Rudolf Schenker, Matthias Jabs, Francis Buchholz et Herman Rarebell) est celui qui donnera naissance aux plus respectés albums du groupe qui se fixe un nouvel objectif ambitieux, mais réaliste : la conquête en grand format du continent américain. Débute alors une tournée en ouverture, à quelques exceptions près, de Ted Nugent, AC/DC ou Aerosmith.
Lovedrive(n°36 en Angleterre et 55 aux USA) fait un triomphe dès sa sortie en janvier 1979 grâce à la conjonction de plusieurs éléments : Scorpions fait partie des plus importantes formations européennes de cette fin de décennie, certes, mais en plus, au-delà de la pochette à l’humour décalé qui fait encore jaser, Jabs apporte de la fraicheur et une énergie nouvelle au groupe, deux éléments qui se ressentent dans chacune des compositions auxquelles il a participé. Rudolf Schenker étant maintenant maître des compositions (compositeur de sept des huit morceaux, co-compositeur du dernier) joue beaucoup sur l’homogénéité de l’ensemble. Scorpions fait un pas de plus vers l’excellence et voit même ses efforts enfin récompensés : plus de 500.000 exemplaires sont vendus sur le seul territoire américain, faisant de Lovedrive le premier album d’or que reçoivent les Allemands sur le nouveau continent.
La sortie, en 1980, de Animal Magnetism confirme le statut incontournable de Scorpions. L’équilibre entre les musiciens est enfin trouvé. Mieux, il existe entre eux une parfaite symbiose… Les compositions sont carrées, efficaces et, simplement, populaires. L’album est une réussite tant artistique que commerciale (il est disque de platine aux Etats-Unis où il atteint la 52ème position du Billboard, et arrive n°23 des charts UK) et la tournée qui suit confirme la maitrise scénique du groupe qui ose le décor d’un scorpion en guise d’estrade pour la batterie. Partout les foules se font plus denses, et plus exigeantes aussi. Si la tournée est une réussite complète, la voix de Klaus Meine commence, sur la fin, à montrer des signes de faiblesse.
Alors que Scorpions se trouve en studio en 1981 pour préparer son futur album, un évènement vient soudain interrompre les enregistrements. Le chanteur se retrouve sans voix. Plus un son correct ne sort de sa gorge. Des examens médicaux révèlent la présence de polypes sur ses cordes vocales. Klaus Meine est immédiatement hospitalisé à Cologne, avec succès. Cependant, si l’opération a permis de se débarrasser des corps étrangers et indésirables, le chanteur se voit intimer l’ordre formel de demeurer muet quelques mois s’il veut pouvoir simplement espérer rechanter un jour. Dans le cas contraire, son mutisme pourrait être définitif. Pendant sa convalescence, les autres membres du groupe continuent de travailler. Klaus participe également, donnant ses instructions et signifiant ses idées par écrit. Pour travailler de manière réaliste, Scorpions engage un chanteur « intérimaire », un Américain du nom de Don Dokken. Forcément, les rumeurs fusent, d’autant qu’à cette période, de nouveaux phénomènes se font remarquer. Certes, les Def Leppard, Iron Maiden, Saxon ont encore peu d’expérience, mais la fougue dont ils font preuve semble n’avoir pas de limite. Si le monde cède aux coups de boutoirs de la NWOBHM, Scorpions en a vu d’autres…
Tout rentre dans l’ordre lorsqu’un visage bandé, hurlant de douleur, les yeux crevés par des fourchettes, vient orner les devantures et bacs des disquaires. Blackout parait en 1982 et la claque est immédiate : Blackout, No One Like You, Now, Dynamite, Can’t Live Without You, rien n’est à jeter. Seul China White semble n’être pas totalement à sa place (qui me rappelle l’esprit de The Zoo, dont on connait le succès), tandis que la sublime ballade When The Smoke Is Going Down clôt cet ensemble extraordinaire. Extraordinaire, comme la voix de Klaus Meine, dure, déterminée, rugueuse, puissante ou douce selon les besoins. Modulable à souhait. A tel point qu’un journaliste affirmera que « les médecins n’ont pas soigné le chanteur, ils lui ont collé LA voix du Heavy Metal ». Les inquiétudes s’envolent bien vite, et la tournée qui suit remporte un succès similaire à celui de l’album (certifié plusieurs fois platine, élu meilleur album de l’année…) Aux Etats Unis, où Blackout atteint le top 10 du Billboard (et arrive 11ème des charts anglais), Scorpions embarque une autre bête pour chauffer le public : Iron Maiden. Puis l’année suivante, c’est la tête d’affiche du US Festival de San Bernardino (Californie) qui est offerte aux Allemands qui jouent devant plus de 325.000 spectateurs ! Le groupe est demandé partout, tout le monde veut voir le phénomène, et les dates s’ajoutent les unes après les autres…
Pourtant, il faut mettre un terme à cette vie de saltimbanque de luxe. Il est grand temps de retourner en studio et d’offrir aux très nombreux fans de Scorpions une nouvelle injection de mélodies fines et dures. Love At First Sting sort au début de l’année 1984 et confirme tout le bien que l’on pense de ce groupe qui jusqu’à présent a réalisé un parcours discographique quasiment sans faute. Bad Boys Running Wild, Rock You Like A Hurricane ou Crossfire deviennent rapidement des hymnes incontournables. Mais c’est la ballade Still Loving You qui propulse le groupe au firmament. LE morceau, LA chanson, LE slow ultime que toutes les radios et télés diffusent à l’envie. Rien qu’en France, il s’écoule près de deux millions d’exemplaire du 45t ! Partout le groupe est plébiscité. Scorpions est même le premier groupe allemand à jouer 3 soirs d’affilée à guichets fermés au légendaire Madison Square Garden de New York, réunissant quelques 60.000 spectateurs chaque soir. Et ce succès se confirme partout à travers le monde, Love At First Sting parvenant à atteindre la 6ème position aux USA, la 17ème en Angleterre et les récompenses pleuvent : double platine aux USA, or en France et dans de nombreux pays européens…
La démesure semble de rigueur. En 1985, Scorpions joue au festival brésilien Rock In Rio devant quelques centaines de milliers de personnes, enregistre plusieurs shows de sa tournée mondiale, dont un premier passage derrière le rideau de fer, à Budapest, en Hongrie, et livre un testament auditif avec un double live, World Wide Live. Sans doute moins percutant que Tokyo Tapes, cet album n’en restitue pas moins fidèlement la folie des fans, dont certains découvrent, lors des concerts, que Scorpions n’est pas un groupe à ballades (le temps a su montrer la parfaite maitrise des Allemands en la matière…) mais bien un groupe de hard rock (le temps a aussi su démontrer la parfaite maitrise des mêmes Allemands en la matière…) Sans surprise, ce témoignage trouve de nouveau le chemin des tops en se classant, belle performance pour un album live, n°14 aux USA et 18 au Royaume Uni.
Scorpions a toutes les cartes en mains pour s’atteler avec sérénité à la réalisation de Savage Amusement, qui sera le dernier album produit avec Dieter Dierks. Les tensions, malgré deux années de repos, sont réelles. Cependant, et sans surprise, le public répond massivement, faisant de cette nouvelle galette un succès immédiat, dès sa sortie en 1988. Savage Amusement se classe n°1 dans divers pays européens, arrive n°3 aux USA… Mais pendant que le groupe sillonne une nouvelle fois la planète, le public occidental émet des signes de déception : oui, Savage Amusementest un vrai succès, commercialement parlant mais artistiquement, on a parfois l’impression d’entendre une recette réutilisée. Le pire est pourtant à venir…
C’est sans doute aussi à ce moment que les membres de Scorpions vont connaitre les dures lois de la gravité. Car lorsqu’on est monté aussi haut, on ne peut que redescendre. En cela, le label du groupe va avoir sa part de responsabilités en pariant sur (ou exigeant ?) une promotion basée sur « la » ballade. D’ailleurs, 1988 et 1989 ont vu sortir deux compilations, le Ep Gold Ballads et l’album Best Of Rockers And Ballads. Tout est dit…
De plus, un évènement vient changer les esprits : la guerre froide semble vouloir prendre des congés. Youri Gorbatchev veut détendre les relations entre les deux blocs. Glasnost et Perestroïka sont de rigueur. Ainsi, sans être le premier groupe à jouer derrière le rideau de fer, Scorpions est le premier groupe occidental de rock (décadent, donc, aux yeux de nombre de camarades soviets) à jouer en Union Soviétique. La ville de Leningrad (redevenue depuis Saint Pétersbourg pour les ignorants…) accueille les Allemands dix soirs d’affilée ! Ils retourneront l’année suivante, en 1989, à Moscou dans le cadre du Moscow Music Peace Festival, réunissant rien moins que Ozzy Osbourne, Bon Jovi, Mötley Crüe, Skid Row, Cinderella et les locaux de Gorky Park en plus de Scorpions, qui joue face à 260.000 spectateurs et une sécurité assurée par des militaires souvent plus occupés à profiter de ce qu’il se passe sur scène que dans le public.
Cette expérience moscovite inspirera les bases de ce qui deviendra Wind Of Changes. La chanson au message pacifique sort courant 1990, peu de temps après la chute du mur de Berlin. Wind Of Changes devient immédiatement un hymne international, une ode à la liberté qui trouvera plus de force encore avec la chute du bloc de l’est. Malgré l’enthousiasme et l’extraordinaire ferveur que suscite cette chanson, la sortie de l’album Crazy World semble moins exciter les foules. Malgré, aussi, la présence de chansons comme Tease Me, Please Me ou Kicks After Six qui portent la griffe de Scorpions et qui devraient rassurer le public. Mais la réalité est tout autre. Tout d’abord, l’absence de Dieter Dierks se fait d’autant plus sentir que le groupe a voulu produire cet album lui-même. Ensuite, les grands pontes du marketing ont décidé, depuis une certaine chanson d’amour, d’assurer la promotion des futurs albums de Scorpions avec la ballade, transformant insidieusement et durablement la perception que le public peut avoir de Scorpions qui, de groupe de hard rock devient groupe à ballades. Ainsi, et selon la biographie qui figure sur le site web du groupe, « leurs ballades, telle Still Loving You, Holiday (…) Always Somewhere et When The Smoke Is Going Down sont parvenues à gagner le cœur même de ceux qui détestent le hard rock. » Eh bien, cette réputation, encore d’actualité, a fait fuir un grand nombre de hard rockers dans le monde, qui tous, pour autant qu’ils soient amateurs de Scorpions, savent que les ballades font intégralement partie de l’univers musical des Allemands, mais pas pour occulter le reste. Crazy Worlds’en ressent, faisant preuve de moins d’originalité et de créativité, comme si les musiciens avaient été poussés à composer LA future ballade, celle qui allait tout casser… La tournée qui suit, si elle rencontre un franc succès, bien que moins important que précédemment, se solde par le départ du bassiste Francis Buchholz. L’équilibre en prend de nouveau un coup.
Avec un nouveau membre, le bassiste Ralph Rieckerman, Scorpions s’en retourne en studio, et se fait cette fois aider par un magicien du son : Bruce Fairbairn (qui a travaillé avec, et parmi d’autres, excusez du peu, Loverboy, Bon Jovi, AC/DC, Aerosmith, Van Halen, Kiss…) Tout est mis en œuvre pour redorer l’image du groupe mais à sa sortie, en 1993, la critique s’avoue, une nouvelle fois, déçue par Face The Heat. Les effets et recettes usés jusqu’à la corde lassent le public, et même Alien Nation ou No Pain, No Gain semblent réchauffés… Pire encore : Taxman Woman, Unholy Alliance semblent, comme d’autres chansons, être là pour faire du remplissage. Scorpions vit une cruelle phase de manque d’inspiration…
Scorpions est alors sur la mauvaise voie, mais refuse de se rendre à l’évidence. Ou presque, car en engageant un nouveau manager, les choses pourraient changer. Le choix de Rudolf Schenker et sa bande se porte sur Stewart Young, qui s’occupe des affaires d’AC/DC, groupe qui est également passé par une longue période de doute. Mais Pure Instinct (1996) ne redresse pas la barre. Bien au contraire, Scorpions s’est laissé avoir : son album contient bien trop de ballades sirupeuses. Le mal est fait, le public tourne le dos au groupe, les stades se transforment en des salles bien plus petites… La confiance a cédé la place à la méfiance et quelques titres rock ne suffisent pas à inverser la vapeur. D’autant plus que Herman Rarebell, le batteur, décide de jeter l’éponge à son tour. En quelques mois, c’est toute l’ossature rythmique qui s’en est allée. Tout est à refaire. James Kottak, ex-batteur de Kingdom Come et Warrant, intègre Scorpions, assure la tournée et demeure dans le groupe pendant de nombreuses années. La tournée permet à Scorpions d’explorer des territoires qui lui étaient jusque-là inconnus, en Asie, Moyen et Extrême Orient. De nouveaux marchés à conquérir alors qu’en occident, le hard rock et le metal connaissent une crise sans précédent. Alors ces nouvelles contrées, et l’accueil que réserve le public, ont de quoi redonner confiance au groupe qui prépare un nouvel album pour la fin du siècle.
Eye To Eyesort en1999. Sur sa pochette en noir et blanc, étrangement, ne figurent que trois visages, ceux des plus anciens membres du groupe : Rudolf Schenker, Klaus Meine et Matthias Jabs. Cette illustration est pleine de sous-entendus (on évitera la comparaison avec les trois singes, svp), et lorsque le CD est décortiqué… il se fait descendre par une critique et un public qui disent « Stop ! » Les sonorités pop, trop pop, parfois électro ne plaisent pas. Que cherche Scorpions, hier flamboyant, aujourd’hui à peine l’ombre de lui-même ? La seule originalité du disque est qu’il contient une chanson en allemand, Du Bist So Schmutzig… Mais Rammstein fait bien mieux en chantant dans la langue de Goethe, et Doro Pesch (ex- Warlock et actuelle Doro) s’est plus d’une fois fait ce plaisir, donc, question « originalité », on repassera.
Ensuite, un album remporte la majorité des suffrages. C’est un vrai défi qu’ont relevé les hommes en noir de Metallica, accompagnés par Michael Kamen puisque le groupe pourtant boudé – euh, tout est relatif … – au cours des années 90, présente au monde les résultats live de sa collaboration avec un orchestre symphonique. Cela fait bien longtemps que classique et métal font bon ménage, mais cette fois, on accède au niveau supérieur. Alors, après la mode des albums Unplugged, voici celle des live symphoniques ou philarmoniques. Scorpions ne déroge pas à la règle et travaille avec l’orchestre philarmonique de Berlin afin de sortir, en juin 2000, Moment Of Glory qui sera suivi l’année suivante par Acoustica, un autre superbe live, cette fois-ci enregistré au Portugal. Si ces deux albums sont réussis – ce dont personne ne pouvait douter, les chansons de Scorpions étant parfaites pour ce type d’arrangement et d’orchestrations – le public n’y croit vraiment plus et ne suis pas.
Il est alors temps de se recentrer sur l’essentiel, à savoir : le Hard Rock. Il faudra trois ans à Scorpions pour terminer Unbreakable. Incassable, l’idée est séduisante… Car malgré les revers de fortune qu’a pu connaitre le groupe (dont le départ de Ralph Rieckerman, bientôt remplacé par Pawel Macidowa, un bassiste polonais – là encore les blagues se font légions, le groupe n’aurait plus les moyens de s’offrir les services d’un musicien allemand, et bla bla bla…) rien n’en est encore venu à bout. Si le résultat final est moyennement reçu, Unbreakable redonne un certain espoir, laissant deviner que le rock est toujours ancré dans le cœur des Allemands qui tentent de retrouver pêche et niaque. Oui, l’espoir semble en passe de pouvoir renaitre, grâce à des chansons carrées comme Blood Too Hot ou Deep And Dark qui sonnent comme le Scorpions des grands jours. Les deux années qui suivent sont consacrées à tourner. Se donner en spectacle. Lorsque le festival de Wacken invite Scorpions à tenir la tête d’affiche début août 2006, les Allemands offrent un show hors du commun, pendant plus de 2h30. Et les plus de 60.000 spectateurs présents assistent à un moment d’histoire dans la vie du groupe qui invite ses anciens membres sur scène : Uli Roth, Michael Schenker et Herman Rarebell répondent présents.
Renouant avec le succès, retrouvant la confiance des fans, Scorpions s’attèle à la réalisation d’un album ambitieux, un album conceptuel dont la musique se veut un retour musical aux sources. Humanity Hour 1 est bien reçu par les critiques et le public. Les médias voient dans cet album les marques du grand retour de Scorpions (qui, pour la première fois depuis In Trance, modifie son logo…) grâce à la puissance et l’efficacité du rapide et lourd Hour 1 et des hymnes que pourraient devenir You’re Lovin’ Me To Death, la ballade The Future Never Dies (qui rappelle Queen dans sa construction) ou le mid tempo Love Will Keep Us Alive. Oui, enfin, les cinq Scorpions retrouvent du plaisir et varient les ambiances musicales, ne cherchant plus à plaire au label mais à eux-mêmes et au public, à qui ils annoncent fièrement We Will Rise Again. Simplement.
De nouveau, les deux années qui suivent sont consacrées à sillonner le monde et à annoncer…qu’une nouvelle tournée mondiale démarrera en 2010. Elle sera la dernière, le groupe décidant de se retirer après plus de quatre décennies au service du Rock. Un 17ième album studio est enregistré et la claque est grande lorsque sort Sting In The Tail. Le Scorpions des grands jours est de retour, au mieux de sa forme. Que Schenker, Meine et Jabs décident de mettre un terme à l’aventure, soit. Mais il semble hors de question de partir la queue entre les jambes. Non, avec cet album quasiment sans faute – le précédent avait ouvert la voie du retour à l’excellence – Scorpions peut partir la tête haute, fier de son œuvre. Car conclure avec des brûlots comme le morceau titre, Slave Me, Rock Zone, No Limit ou la ballade Loreleï, c’est partir en beauté. Seuls certains concerts de cette tournée à rallonge déçoivent, parmi lesquels on compte le Hellfest ou le Grasspop en 2011, où le groupe semble usé, manquant cruellement de ce dynamisme légendaire. Mais on peut espérer que Scorpions réserve à son public de salle, hors festival, quelques surprises… Chaque concert voit naturellement le public répondre « présent », un public qui retrouve un groupe au top de sa forme. Scorpions semble avoir trouvé une fontaine de jouvence car, de retraite, il n’est bientôt plus question.
Scorpions @Orléans 2012
Les cinq annoncent un nouvel album intitulé Comeblack dont la sortie est prévue pour fin 2011. Une compilation qui revisite pour moitié des titres de Scorpions et pour l’autre moitié des standards des années 60 et 70. Et, déjà, de nouvelles dates de tournée sont annoncées dont certaines dans des villes de France que Scorpions a rarement visitées… Retraite joyeuse ? L’heure de dire « Auf Wiedersehen « semble n’avoir pas encore sonné, ce que le groupe a depuis largement prouvé, n’ayant de cesse de sillonner les routes. Cependant, les dix dernières années n’ont pas été toujours très calmes pour les Allemands.
Si James Kottak a depuis longtemps prouvé être totalement à sa place, le batteur se fait plus que trop souvent remarquer. Outre son alcoolisme, il devient incontrôlable, et son comportement outrancier lui attire des ennuis dont Scorpions se serait bien passé. Comme en ce 3 avril 2014 où il se fait arrêter à Dubaï à la suite d’un geste insultant pour l’islam et se voit condamné à un mois de prison alors que le groupe devait jouer à Barhein… Tout le monde peut avoir une nouvelle chance, et Kottak participe ainsi à l’enregistrement d’un nouvel album, Return to forever – un titre fort approprié tant le groupe semble s’éloigner de plus en plus de la retraite ! Le 18ème album voit le jour en février 2015, Scorpions continuant de sillonner les routes, dont un Hellfest en juin de cette même année qui sera immortalisé sur une version Tour edition (2016) contenant 2 DVD live pleins de bonus (un concert aux USA, le Hellfest, des video et reportages…).
2015, pourtant, se termine mal, très mal. Le 13 novembre, la folie islamiste frappe Paris en trois lieux : des attaques terroristes visent le Stade de France, sans pouvoir y accéder, tandis qu’un autre groupe tire à vue sur des clients de bar et de restaurants des « Terrasses ». L’horreur absolue continue lorsqu’un autre groupe envahi le Bataclan en plein concert des Eagles Of Death Metal, tirant sur le public paniqué et, certains membres porteurs de bombes, se faisant exploser. 130 morts, plus de 410 blessés dont une centaine en urgence absolue… Naturellement, tous les évènements publics sont annulés le temps de retrouver un niveau de sécurité conforme aux attentes. Scorpions retrouve Bercy le 24 novembre, un Bercy aux abords plus que sécurisés, certes, mais un Bercy plein comme un œuf pour une communion musicale libératrice, plus encore libératrice lorsque Kottak entame au cours de son solo le rythme de la Marseillaise instantanément chantée par 20.000 gorges qui hurlent que, comme au début de l’année après les attaques de Charlie Hebdo, non, on ne se laissera pas vaincre par la peur du terrorisme aveugle.
Alors que le monde se remet de ses émotions, Scorpions prend finalement, « enfin » serait sans doute approprié, la décision de se séparer de son batteur de plus en plus ingérable et dont la santé décline au rythme de son alcoolisme (James Kottak mourra moins d’une décennie plus tard, le 9 janvier 2024 à l’âge de 61 ans, dans sa ville natale de Louisville, Kentucky). Il ne faut guère de temps pour lui trouver un remplaçant capable de supporter le rythme des tournées et connaissant les affaires musicales. L’heureux élu est rapidement trouvé en la personne du furieux frappeur Mikkey Dee, ex-batteur de Motörhead « libéré » de ses fonctions après la mort de Lemmy, le 29 décembre 2015. Son recrutement est officialisé le 16 septembre 2016 et les tournées continuent, ainsi que les enregistrements, dont Born to touch your feelings, en 2017, compilation de ballades désormais incontournables mais qui ne marque pas outre mesure les esprits.
Cette même année 2017 voit Scorpions entamer une tournée mondiale célébrant son album Crazy World. Célébration qui deviendra bientôt une habitude seulement interrompue – outre la crise sanitaire qui, entre mars 2022 au premier trimestre 2022, a vu toutes les manifestations publiques interdites – par la sortie, en 2022, d’un nouvel album studio, Rock believer, plus que positivement accueilli. Les Allemands repartent sur les routes pendant deux années (tournée au cours de laquelle Scorpions modifie les paroles de Wind of change après les attaques injustifiées de la Russie contre l’Ukraine) mais la route semble désormais sans fin.
Scorpions @Hellfest 2022
2024 est quant à elle l’occasion de célébrer le 40ème anniversaire de Love at first sting. Pour l’occasion, Scorpions offre aux Français trois très belles dates au Théâtre antique de Vienne (le 18 juin), à la première édition du festival Heavy Week end (le 21 juin) où Klaus Meine, vieillissant, a plus que du mal à se déplacer – on apprendra par la suite que le chanteur a récemment subi une opération du dos, les douleurs expliquant sa difficile mobilité – et au Festival de Carcassonne (le 23 juillet).
Scorpions @Heavy Week end 2024
2025 est aussi une nouvelle année de tournée, et, de nouveau, Scorpions honorera la France de sa présence en trois lieux : le 21 juin au Hellfest, le 24 à l’Accor Arena et, un mois plus tard, le 24 juillet, aux arènes de Nîmes. Oui, elle semble vraiment bien loin la retraite, alors continuons tant que faire se peut, de célébrer cet incontournable et, depuis longtemps maintenant, légendaire groupe qui a donné au rock certains de ses plus grands hymnes. Bad boys (are still) running wild !
The Light, c’est la réunion en 2024 de trois musiciens diversement expérimentés – Nick Antonelli au chant, Holger Terhorst à la guitare et Alex Scherz à la basse. Né dans le sud de l’Allemagne, le trio a une idée précise d’où il veut mener sa musique et son auditoire: du rock musclé et mélodique tout en posant un regard quelque peu critique sur la folie de l’humanité. Le résultat, c’est ce premier album éponyme qui, s’il souffre parfois d’un manque de liant, parvient à mélanger d’évidentes influences à une identité propre. Ainsi, si Metallica est souvent évoqué tant par certains riffs que par le chant qui rappelle plus qu’à son tour James Hetfield, on trouve également des traces de Paradise Lost (période Draconian times et One second) – étonnant pour un groupe qui s’appelle La lumière! The Light ne s’enfonce cependant jamais dans la virulence du thrash et sait toujours rester mélodique. Ce premier album est au final un moment de fraicheur, agréable et mature – d’autant plus après une petite année d’existence.
Issu de leur rencontre en 2015, Kryptoportikus est le projet commun du producteur/guitariste Chris Techritz et du vocaliste Franz Herde, ex-membre de Sieges Seven. Si tous deux ont un passé certain, je suis ici quelque peu gêné car si, musicalement, le duo nous replonge sans hésiter dans le metal des années 80 et le prog plus proche des années 90/2000, avec des airs qui rentrent dans la tête, je trouve le chant souvent exagérément poussé, maladroitement haut perché, pas toujours en phase avec le propos musical. Résultat: un chant qui m’agresse bien plus qu’il ne me séduit. Ce n’est que mon ressenti et chacun se fera sa propre opinion. Musicalement, toutefois, Dark rainbow, l’album de cette collaboration, tient vraiment la route, les plans de guitares évoquant aussi bien le progressif susmentionné que certains aspects thrash old school. C’est précis, aussi véloce que souvent raffiné et toujours précis. La production, elle aussi, est au niveau exigé par le genre. Mais voilà: je ne parviens vraiment pas à adhérer à cette voix qui vient gâcher mon plaisir tout au long des 12 morceaux (exception faite de l’intermède Medusa’s speech narré par une femme) que renferme l’album. Dommage. Ou tant pis…
Si le précédent live (United alive in Madrid, 2019) de nos citrouilles marquait le retour dans la famille des membres historiques que sont le chanteur Mickael Kiske et le guitariste chanteur Kai Hansen, ce nouveau témoignage en public, Live at Budokan, paru le 13 décembre 2024, marque sans aucun doute possible le lancement des festivités annoncées pour célébrer les 40 ans de Helloween. Ce live n’est en effet que le point de départ d’une année chargée puisque 2025 verra également la publication d’un Best of, March of time, et d’un nouvel album studio des Citrouilles parallèlement à une nouvelle tournée européenne (le groupe sera de retour au Zénith de Paris le 22 octobre prochain) puis, sans aucun doute, mondiale. Donc, oui, Live at Budokan a tout du témoignage de moments plus grands encore à venir… Ce double album propose le set complet que les Allemands ont donné le 16 septembre 2024 au mythique Budokan de Tokyo – étonnamment, si le groupe a joué près d’une cinquantaine de fois dans la capitale nippone, c’est son premier passage dans ce lieu qui en a vu tant d’autres. Une setlist quasiment identique à celle proposée ailleurs (quelques villes, dont Paris avaient, en 2022, eu droit à Angels, disparu sur ce nouveau live). Peu importe, car on sent un groupe dans une forme éblouissante, soutenu par un public à fond derrière ses héros. Une ribambelle de classiques (Eagle fly free, Dr. Stein, Futur world…) accompagne quelques extraits du dernier album auto-nommé (outre l’intro Orbit, on retrouve Skyfall, Mass pollution et Best time). Ceux qui ont vu Helloween sur scène ces dernières années le savent, Kai Hansen a également son moment privilégié pendant lequel il offre un medley des titres emblématiques qu’il interprétait aux tout débuts du groupe et l’interprétation à rallonge du thème final de Keeper of the seven keys sert de prétexte à présenter chacun des musiciens qui s’éclipse tranquillement une fois son nom cité. Parfaitement mis en son, ce double live (il existe également son pendant visuel DVD/Blu-ray) s’écoute d’une traite et nous replonge avec bonheur dans l’univers des citrouilles dont on attend maintenant qu’elles confirment les promesses de 2025 !
Certes, Thanateros a une longue histoire derrière lui puisque le groupe s’est formé à Berlin au tournant du siècle, publiant son premier album, The first rite, en 2001. Depuis, le groupe a radicalement changé puisque du sextet d’origine il ne reste que le chanteur flûtiste Ben Richter. C’est désormais accompagné du guitariste Chris Lang, du violoniste Christophe Uhlmann (tous deux également présents sur le précédent opus, On fragile wings paru en 2022 et chroniqué ici même) et du bassiste Martin « MarT Moller » Müller que Thanateros publie aujourd’hui Tranceforming (sur lequel la batterie est assurée par Simon Rippin, également de nouveau producteur avec Richter de l’album). Ben Richter a toujours été intéressé par la magie, le shamanisme et la relation à la nature et ne déroge pas à la règle. Ses sources d’inspirations sont claires dès l’introduction de l’album, une sorte d’incantation démoniaque avant que le groupe ne se lance dans une pop folk aux intonations plus rock que metal. L’ensemble est à la fois chantant et dansant, une invitation à se laisser envoûter par mère Nature. Si l’on a envie de communier avec les éléments qui nous entourent, il manque cependant une réelle identité, que le groupe avait joliment ébauchée sur son précédent opus, pour que Thanateros se démarque de cette scène encombrée. Il y a pourtant de l’entrain tout au long de cet album de folk pagan villageois (l’effet du violon et de la flûte, sans doute) qui semble parfois lorgner du côté de la cold wave au chant clair qui se veut parfois parfois « evil ». Les sonorités varient, passant des rythmes tribaux à de l’électro hypnotique, une variété qui permet à Tranceforming de s’écouter aisément.
Allemagne, Rock alternatif/Post new wave (Echozone, 2024
Avec une pochette qui évoque – « pompée sur » serait plus proche – un certain London calling de The Clash, on pourrait penser que les Allemands de Inadream propose un punk direct et engagé inspiré du groupe de Mick Jones et Joe Strummer. Formé en 2016, Inadream publie No songs for lovers, son premier album, en 2019 avant de revenir aujourd’hui avec Strange words. Bien que les guitares soient présentes, on est clairement loin du metal. Inadream nous offre 10 titres plus généralement inspirés par la new wave de Joy Division (dont le groupe reprend d’ailleurs Dead souls) ou The Cure tout en apportant sa touche personnelle. Composé du chanteur et guitariste Frank Bottke, des frères Wülner (Thorsten à la guitare et Dennis à la basse) et du batteur Achim Bockermann, Inadream nous replonge dans une époque sonore qu’on aurait pensée révolue, mais non… Les clins d’œil – et vocaux – à la mélancolie de Robert Smith (chanteur de The Cure) ou à l’optimisme réaliste de The Eurythmics sont partout présent faisant de cet album un moment hors du temps et, somme toute, attrayant. Alors, non, les amateurs de metal pur passeront leur chemin, mais ceux plus ouverts et nostalgiques trouveront du plaisir à écouter ces mots étranges sortis d’un rêve.