POLARYS: Cosmic singularity

France, Heavy metal (Autoproduction, 2024)

Les Parisiens de Polarys se font rares… Après The Va’adian chronicles, un premier album puisant dans la SF paru en 2013, après 2 singles sortis de temps à autres, le groupe revient avec ce Cosmic singularity, un simple EP de 5 titres… « Simple », mais les titres sont longs, touffus et vraiment travaillés. La superbe pochette (signée Slo) donne le ton: Polarys évolue dans cet univers SF et propose un metal épique, puissant et enjoué. Comme un message au public à reconquérir, Back to war introduit cette galette en proposant divers tableaux, à la fois déterminés, inquiétants et épique. Le chant grave du guitariste Douchan est entrainant à souhaits. Le morceau éponyme démarre avec une évocation de Metallica avant d’aller explorer des sonorités plus spatiales et orientales. Certains sons me font même penser chant des baleines avant que le titre ne reparte en trombe avec une réelle efficacité. L’instrumental The long dark permet à la formation de proposer diverses ambiances dans des tiroirs aussi bien heavy que progressif. Deux termes qui résument l’esprit de Polarys qui ne cède pas à la facilité, varie les plaisirs comme sur le très enlevé Trapped in the hub, un des singles paru en… 2017 ou le plus que martial The warrior’s pledge. Il y a des coins à explorer et des découvertes tout au long de ce trop court Cosmic singularity dont on n’espère qu’une chose: qu’il soit le disque de la remise en forme, celui qui annonce un retour ou un redécollage.

Histoire d’une légende: JUDAS PRIEST (1ère partie)

Quinze ans déjà… Quinze années que Judas Priest a annoncé prendre sa retraite et, contrairement à tant d’autres, n’a finalement jamais arrêté nous offrant en 2024 un nouvel album studio – Invicible shield – et une nouvelle tournée, dont trois étapes sont prévues en France : le 5 avril à Lyon, le 8 à Paris et le 23 juin pour clore le Heavy week end de Nancy. Mais revenons quinze ans en arrière. Epitaph… C’est le nom qu’avaient décidé de donner les Metal Gods, à leur « tournée d’adieux en 2009. Vous vous en souvenez ? Oui, car cette « tournée d’adieux » n’avait d’adieux que le nom et le Priest a été, depuis back à de nombreuses reprises… Non seulement les Anglais « mettaient-ils un terme à leur carrière » mais, avec un nom pareil, on pouvait croire qu’ils avaient décidé de définitivement enterrer le mythe après quarante ans de bons et loyaux services. D’autant plus que le 20 avril 2009, Judas Priest postait sur son site www.judaspriest.com une nouvelle plus que surprenante : KK Downing, le guitariste co-fondateur du groupe, avait alors décidé de prendre sa retraite et de quitter le groupe. Une décision aussi soudaine qu’inattendue, d’autant plus surprenante qu’il ne semblait pas y avoir de réelle explication. Dont acte. Un départ brutal sans même des adieux live aux fans qui l’ont soutenu toutes ces années. Judas Priest n’a cependant pas tardé à lui trouver un remplaçant en la personne de Ritchie Faulkner, jeune guitariste alors âgé de 31 ans, présenté par le groupe comme plus que talentueux, et qui « va mettre le feu sur scène » dès le concert d’ouverture de cette nouvelle tournée, le 7 juin 2009 à Tilburg, en Hollande.

Mais ça, c’était avant… Car depuis, Judas Priest a publié non pas un, non pas deux mais bien trois nouveaux albums studio, un live et un méga coffret collector tiré à 3.000 exemplaires dans le monde, s’est lancé dans plusieurs tournées mondiales, expliquant que « finalement, non, l’idée de Epitaph était de mettre un terme aux longues tournées mondiales pour ne plus tourner que sur de courtes périodes et ne donner que quelques concerts soigneusement choisis ». En attendant de retrouver les Metal Gods sur scène, revenons sur (maintenant plus de) cinquante ans d’histoire.

Lorsque naquit Judas Priest du côté de Birmingham en 1970, personne n’aurait osé espérer une carrière aussi longue ni aussi riche. Celle-ci, pourtant n’est pas terminée. Car ce que le groupe enterre, ce sont les longues tournées, pas les concerts ni les enregistrements d’albums. Comme beaucoup d’autres formations à la carrière plus qu’honorablement longue, Judas Priest aura connu des hauts et des bas, tant en matière de réussite artistique ou commerciale qu’en termes d’image auprès du public. Mais une chose reste certaine : c’est que Judas Priest est devenu une référence incontournable depuis ses débuts.

LES ANNEES 70

Kenneth Downing, né le 27 octobre 1951, et Ian Hill, qui vit le jour le 20 janvier 1952, se connaissent depuis leur plus jeune âge. Ils ont fréquenté les mêmes écoles et, d’une certaine manière, se sont construits ensemble, se découvrant, au cours de l’adolescence des goûts musicaux communs. C’est naturellement qu’ils décident d’apprendre à jouer d’un instrument : Kenneth choisit la guitare, Ian la basse.

Lorsqu’ils s’estiment prêts, les deux compères décident de fonder un groupe. Nous sommes alors en 1970. Ils sont rejoints à cette époque par Alan Atkins, un chanteur dont le groupe, qui se nomme Judas Priest, vient de se séparer et qui leur propose ses services.

Si les débuts du groupe se font sous l’influence du blues, Downing insiste pour que Judas Priest durcisse le ton. Sa musique devient plus rock et plus dure, et le groupe, sans batteur attitré, écume la région de Birmingham. Mais des dissensions internes, dues, entre autres raisons, à des problèmes financiers, forcent le départ de Alan Atkins. Un premier changement s’impose alors, qui va avoir un impact déterminant sur le reste de la vie de Judas Priest.

Ian Hill fréquente à cette époque une jeune fille dont le frère chante au sein de Hiroshima. Elle suggère à son amoureux d’envisager la possibilité de le recruter. Rob Halford, qui a le même âge puisqu’il vint au monde le 25 août 1951, intègre ainsi Judas Priest et embarque avec lui son batteur John Hinch.
Si la légende n’est pas encore en marche, l’aventure peut toutefois commencer. Pour cela, le quatuor intègre, suivant la suggestion de son label, un second guitariste ; le fougueux Glenn Tipton, bien que de trois ans son ainé (il débarqua sur la planète le 25 octobre 1948) qui deviendra bien vite l’alter ego de celui qu’on appelle désormais KK Downing. Judas Priest ainsi complété entre en studio afin de donner naissance, sous la houlette du producteur Rodger Bain, à Rocka rolla, son premier effort. Une tentative qui ne marque pas l’histoire de la musique, le producteur ayant usé de son influence et de sa notoriété (il a notamment travaillé avec Black Sabbath) pour écarter des chansons que le groupe utilisera plus tard : The ripperGenocide ou encore Tyrant furent ainsi sacrifiées sur l’autel de la nécessaire production. La formation tire cependant les leçons de cet enregistrement afin de ne plus commettre ce type d’erreur et mieux se fier à son jugement.

Désormais, Judas Priest se donne un rôle actif dans la production, et commence, aux côtés de Jeffrey Calvert et Max West, dès l’enregistrement de Sad wings of destinyqui sort en 1976. Pour ce disque, Alan Moore tient les baguettes, mais il sera bientôt remplacé. La maison de disques, Gull, peut se déclarer satisfaite du début de succès rencontré par l’album de ses poulains. Les morceaux précédemment écartés touchent le public, tout comme le désormais classique Victim of changes.

La légende est en marche. Judas Priest commence à intéresser des majors, parmi lesquelles CBS qui finit par héberger, et pour de nombreuses années la formation anglaise. Le label compte bien capitaliser sur ce groupe à la réputation grandissante et obtenir un retour sur investissements. Dès 1977, Judas Priest sort le premier fruit de cette nouvelle collaboration : Sin after sin, enregistré avec le batteur Simon Philips, produit par Roger Glover (Deep Purple), est enregistré au Ramport Studios de Londres. Le groupe y signe les futurs classiques que sont Sinner ou Dissident agressor et reprend ce qui deviendra un incontournable lors de ses concerts, Diamonds and rust, que Joan Baez, chanteuse folk, a rendu intemporel. Sin after sin voit également l’équipe s’agrandir avec la venue de Roslav Szabo, un membre du team CBS, qui s’occupe de la conception et du design des illustrations des albums de Judas Priest. L’album marque par son orientation plus foncièrement heavy et parvient ainsi à séduire le public anglais qui lui offre une jolie 23ème place dans ses charts.

Le groupe renforce alors sa présence scénique afin de battre le fer tant qu’il est chaud. L’Angleterre tombe petit à petit et Judas Priest se voit même invité aux USA pour participer au Day On The Green Festival au côté de Led Zeppelin. Ce voyage outre Atlantique se fait en compagnie du nouveau batteur, Les Binks, et permet aux Anglais de voir grandir leur réputation chez l’oncle Sam. Le groupe découvre un pays qu’il lui faut absolument conquérir pour s’installer durablement dans le paysage musical mondial.

De retour en studio, Judas Priest s’attèle à l’enregistrement d’un nouvel album. Gull profite de l’aubaine pour sortir un premier Best Of Judas Priest coiffant sur le poteau la sortie, en 1978,de Stained class. Ce dernier, avec des titres un peu plus aérés comme SavageSaints in hellExciterWhite heat red hot ou encore Beyond the realms of death, présente une facette un peu plus « soft » du Priest, ce qui semble perturber légèrement le public anglais qui ne le place qu’en 27ème position. Ce disque, pourtant, confirme la position de leader de Judas Priest alors que la scène heavy britannique, qui subit de plein fouet l’explosion de débauche du Punk, est donnée pour moribonde.

Seulement, Judas Priest a l’esprit conquérant et propose dans la même année un disque beaucoup plus dur, forgeant (enfin) le style qui fit sa légende. Killing machine, pourtant subit la censure américaine à cause de son titre, bien involontairement cependant. Les USA ont récemment été le théâtre d’un massacre dans une école de Cleveland et « estiment » que le groupe fait ouvertement référence au meurtrier. L’album y est publié sous le nom de Hell bent for leather (une des chansons du disque) et marque les esprits au point que la tournée qui suit verra le nombre de dates grossir semaine après semaine. Car non content d’élaborer les codes musicaux du heavy metal moderne, Judas Priest en redéfini également l’image. Alors que nombre de musiciens évoluent avec l’apparence de hippies, Rob Halford et ses compères adoptent un look bien plus en rapport avec la musique : les vêtements de cuir tout de chaines et de clous bardés deviennent la marque visuelle bientôt indissociable du groupe. Un esprit sado maso, imposé au fil du temps par Rob Halford, entre au service d’une musique virile et macho. Judas Priest peut enfin décoller, ayant trouvé à la fois un son et une image. Les Anglais accueillent l’album à bras ouverts bien que lui offrant un moins bon classement dans les charts (n°32) et les Américains commencent à prendre le groupe au sérieux (n°128 du Billboard).

Le Japon est choisi pour que soit enregistré le premier témoignage public de Judas Priest qui parait en 1979. Unleashed in the east cartonne partout, se classant des deux côtés de l’océan (n° 10 en Angleterre et 70 aux USA) et sera bientôt soupçonné d’avoir été plus que retravaillé en studio, au point que certains le surnommeront « Unleahed in the studio ». Il faudra bien des années pour que le groupe parvienne enfin à convaincre que seul Rob Halford a dû réenregistrer ses parties tellement les prises live étaient mauvaises. Peu importe au final, car Judas Priest démontre avec brio sa maitrise de la scène, et l’engouement du public est bien réel. Mais la tournée aura eu raison du batteur. Les Binks quitte le groupe qui le remplace par Dave Holland. Débute alors une longue et très fructueuse collaboration qui durera toute la décennie suivante.

De son côté, Gull continue de tirer profit de son ancien poulain en sortant une nouvelle compilation sous la forme d’un double album, Hero, Hero qui relate, de nouveau, les premières heures des Anglais.

LES ANNEES 80

La légende s’installe, et cela sans perdre de temps. Profitant de son image – miraculeusement demeurée intacte malgré le raz de marée punk – et de l’afflux de jeunes groupes aux dents longues (mouvement que le monde connaitra bientôt sous l’acronyme NWOBHM), Judas Priest propose bientôt un nouvel album, présentant ainsi au monde son nouveau batteur, Dave Holland, né le 5 avril 1948 à Northhampton. British steel, produit par Tom Allom, fait un carton immédiat – et durable –grâce à son modernisme et sa détermination. Les désormais classiques Living after midnight et Breaking the law sont tout de suite la proie des radios qui en font de véritables hymnes du heavy metal, plaçant l’album en 4ème et 34ème place des Top anglais et américain. L’Angleterre cède, suivie par le vieux continent, les USA sont conquis, et Judas Priest connait enfin le plaisir des certifications en recevant disques d’or puis de platine. Le groupe se lance une nouvelle fois dans une intensive tournée américaine et se trouve enfin propulsé au rang de valeur sûre mondiale. L’Europe fera également l’objet d’un pilonnage en règle. Les années passées entre galères et espoirs sont désormais mises à profit, d’autant que la formation ainsi constituée (producteur inclus) restera stable tout au long de la décennie, et donnera naissance aux plus grands albums de Judas Priest.

Succès, formation stable, label confiant… Il est naturel pour tous les acteurs de vouloir capitaliser sur le nom de Judas Priest. Une obligation reste cependant à remplir : il est impératif de renouveler le succès américain. Pour cela, les six travaillent le son du groupe, et lorsque sort, en 1981, Point of entry, la surprise est de taille : les chansons plus lisses semblent mieux convenir aux radios américaines, ce qui, en cette période de renouveau metallique sur le vieux continent, n’a pas l’heur de plaire à tous les Européens. Le public américain ne s’avoue cependant pas totalement convaincu non plus, ne transformant ce nouvel essai qu’en disque d’or et n’offrant à l’album que la 39ème position du Billboard (et N° 14 GB). Mais loin de se décourager, les Anglais repartent sur les routes et sillonnent les deux côtés de l’Atlantique. Si le succès commercial de l’album est mitigé, de nombreux concerts affichent complets. Et sur scène, les You say yesDesert plains ou autres Heading out to the highway prennent une autre dimension.

Rapidement, pourtant, Judas Priest remet les pendules à l’heure. On ne joue pas avec les humeurs de ses compatriotes… Le groupe retourne en studio, toujours sous la houlette de Tom Allom, et donne naissance à Screaming for vengeance en 1982. Clairement, la formation s’éloigne des sirènes radiophoniques en durcissant le ton. L’aigle qui illustre la pochette, œuvre de Doug Johnson (auteur d’une trilogie priestienne qui commence ici) a les serres affûtées et son piqué n’a rien de pacifique : la bête metallique est lâchée et vient pour vaincre. Les morceaux lourds sont parfaitement taillés pour la scène, et la tournée qui suit continuera de mettre les USA à genoux. Screaming terminera double platine. Les intensifs coups de boutoirs chez l’oncle Sam durent pas moins de six mois, le public reprenant en chœur You’ve got another thing comin’Electric eye ou Bloodstone. Puis, une nouvelle fois, l’Europe cède, reconnaissant ses héros qui, désormais, sont surnommés les Metal Gods. Comme pour British steel, la force de l’album réside dans la variété des sons de l’ensemble. Jamais Judas Priest ne se répète, alternant riff acérés et lourdeur oppressante, hymnes de concerts et hits potentiels. Le succès se confirme à domicile (n°11) et sur le nouveau continent (n°17).

Pour la première fois, une année passe sans qu’un nouvel album de Judas Priest ne voie le jour. Mais en 1983, le groupe n’a pas d’autre choix que de se concentrer sur la route. Et sur son avenir. Il serait tentant de chercher à séduire plus encore le public américain, mais KK Downing et sa bande optent pour l’option heavy metal pur et dur. Le contraire serait malvenu en nommant son nouvel album Defenders of the faith. L’efficacité de Some heads are gonna rollRock hard ride free, Eat me alive ou Freewheels burning, démontre que le groupe n’a rien perdu de son mordant, bien au contraire. Plus agressive que jamais, la formation améliore autant que possible les recettes utilisées sur Screaming for vengeance, tout en travaillant ses nouveaux morceaux pour la scène. Seulement, voilà, nous sommes en 1984. Les Américains ont les oreilles tournées vers les sons développés par Van Halen et son méga succès Jump. Résultat : Defenders of the faith ne récolte qu’une « maigre » récompense de platine, mais en Europe, on reste persuadés qu’il n’y a pas de plus efficace porte étendard de la cause metal que Judas Priest, accompagné, soyons honnêtes, des désormais imposés Iron Maiden, Saxon et Def Leppard. Cependant, en ces heures de rude concurrence (le hard US et glam metal commencent à faire fureur), l’album est moins plébiscité, n’atteignant que la 19ème position à domicile, et 18ème aux USA. Pourtant, où qu’il passe, le groupe remplit stade sur stade, proposant un spectacle visuel complet. L’année 1985 sera principalement consacrée à la route avec succès avant que les dieux du metal n’entrent de nouveau en studio.

En deux ans, le glam ou hair metal a pris ses quartiers : les cheveux permanentés sont de mise, et les diffusions en radio un passage obligatoire. Si la couverture de Turbo est une nouvelle fois marquée de la signature de Doug Johnson, Judas Priest fait mentir l’illustration (par ailleurs un peu trop douce, faite d’un métal trop poli et brillant), car plutôt que d’enfoncer le clou du metal et passer à la vitesse supérieure, Rob Halford and Co. préfèrent flirter avec les ondes et introduisent – sacrilège ultime – des claviers et synthétiseurs dès que possible… Clairement, Turbo loverPrivate property ou le très engagé Parental guidance visent à séduire les fans de ce hair metal qui voit chaque album se transformer plusieurs fois en récompense de platine. Le public européen est déconcerté, d’autant que si le groupe conserve le look cuir et clous, il adopte des tenues pour le moins saugrenues et à l’opposé de l’image SM jusque-là développée. Le public fait quelque peu payer au Priest cette offense, mais fi ! La tournée est une nouvelle fois un triomphe qui se traduit par un (double) album live, un Priest… Live, à la couverture hideuse, un témoignage de nouveau destiné au public américain. Car ce sont cinq morceaux issus de Turbo qui sont ici présents et le verdict est clair : si les Yankees lui réservent un accueil raisonnable en transformant ce disque en Or, les fans européens restent intransigeants, et même distants.

Priest semble entendre le message et décide de durcir de nouveau le ton afin de remettre les pendules à l’heure. Mark Wilkinson récupère les pinceaux et frappe un grand coup afin de faire passer visuellement le message que le groupe développe musicalement tout au long de Ram It Down, qui parait en 1988 : le heavy metal reste l’apanage de Judas Priest et de quelques rares héritiers. Mais le mal a été fait et malgré de féroces morceaux comme Come and get itRam it downBlood red skies, la profession de foi heavy metal ou la reprise explosive de Johnny B. Good de Chuck Berry, le public européen boude ses anciens héros, pensant sans doute qu’il y aura un autre retournement de veste. Les Américains, de leur côté, semblent ne pas comprendre ce revirement et n’offrent qu’une faible récompense en Or au groupe. Pourtant, comme souvent, le public continue de courir les salles de concerts où les prestations restent d’un haut niveau. Et même si la tournée est un succès, ce public est moins nombreux, de même que les dates. Dave Holland, le batteur qui a traversé la décennie avec Judas Priest profite de ce moment pour quitter le groupe (ou, plus exactement, se fait remercier ayant quelques démêlées avec la justice qui l’envoie faire un séjour à l’ombre. On apprendra plus tard que le batteur a été condamné pour pédophilie. Il est décédé à Lugo, en Espagne, le 16 janvier 2018)

Bientôt la suite…

HEAVY WEEK END: l’affiche complète

On avait déjà envie d’y être avec les premières annonces… Gérard Drouot Productions, l’organisateur de l’évènement nancéen, vient de dévoiler les nouveaux noms qui s’ajoutent à l’affiche du Heavy Week End. Ce festival se tiendra sur 3 jours au Zénith de Nancy les 21, 22 et 23 juin prochains.

Viennent donc de s’ajouter The Last international, le 21 juin, Sortilège et Pretty Maids le 22, Ayron Jones et Tom Morello le 23 pour un total de 11 groupes mythiques ou en passe de le devenir.

EVE’S BITE: Blessed in hell

France, Heavy metal (M&O music, 2024)

Formé à Saint Etienne en 2014 par le guitariste chanteur Olivier Jourget, Eve’s Bite publie 2 Ep (Dive into the vice en 2015 et Holy waters en 2017) avant de voir sa section rythmique jeter l’éponge en 2018. Il faudra à Olivier de la patience, deux années de patience, avant de compléter sa formation aujourd’hui composée de Anthony Coniglio à la seconde guitare, Nicolas Matillon à la basse et Laurent Descours à la batterie. Deux années puis un covid… mais rien ne semble vouloir entamer la volonté du leader dont le groupe revient aujourd’hui avec un album complet, Blessed in hell. Amoureux du heavy 80’s, foncez! Car si les influences sont évidentes – au hasard, Iron Maiden, Judas Priest, Metallica, Megadeth, Motley Crue, Ratt, sans parler de Skid Row (ce chant à la Sebastian Bach qui manque cependant parfois d’un peu de précision mais quand même…), voire même l’influence d’un Existance de plus en plus en vue – elles sont parfaitement intégrées à un ensemble entrainant. Ce Blessed in hell monte en puissance, fait taper du pied et secouer la tête. Alors s’il y a quelques défauts (une ballade pas forcément nécessaire, un chant parfois mal maitrisé, des arrangements qui pourraient être mieux arrangés), si les Stéphanois ne réinventent rien, on se laisse facilement prendre au jeu de Eve’s Bite. C’est frais, ça déménage et on n’en demande pas plus. De l’envie et du plaisir.

SAXON: Hell, fire and damnation

Heavy metal, Angleterre (Silver lining, 2024)

Productif et régulier, c’est le moins qu’on puisse dire de Saxon, qui pourrait pourtant commencer – depuis quelques temps – à songer à une retraite bien méritée. Mais les Anglais menés par l’indéboulonnable Biff Byford sont plus en forme que jamais et le prouvent une nouvelle fois avec Hell, fire and damnation. C’est désormais un fait connu de tous, Paul Quinn a décidé de quitter le groupe, en tout cas de cesser ses tournées qui l’épuisaient pour se consacrer aux enregistrements studios de Saxon. Il a depuis été remplacé par un vétéran de la scène metal, Brian Tatler, fondateur du mythique Diamond Head, guitariste de la même génération et avec la même culture musicale que Biff. Tatler a cependant plus apporté à ce nouvel album que prévu, l’approche de la tournée commune avec Judas Priest obligeant Saxon a accélérer la réalisation de ce disque dont la production a été confiée à un certain Andy Sneap, producteur émérite et, tiens donc, également guitariste live au sein de… Judas Priest. Parlez de familles recomposées… Mais revenons à Hell, fire and damnation, le 24ème album studio (26ème si l’on compte les 2 albums de reprises Inspirations) qui démarre par une sombre et inquiétante intro (The prophecy) avant d’attaquer pied au plancher avec le morceau titre dont le refrain sera incontestablement repris en chœur par le public en concert. Visiblement inspiré par des thèmes historiques (à commencer par la pochette qui, comme le titre, évoque l’Enfer de Dante), Saxon déploie un arsenal de puissance porté par des riffs aussi féroces que modulés. Le plus calme Madame Guillotine avec son break qui rappelle les premiers jours du groupe précède un Fire and steel speedé qui voit un Biff chanter avec une rage folle, avant que le plus heavy Something in Rosewell, ses sonorités électro en intro et son esprit légèrement décalé en fasse le titre « ovni » de l’album. Saxon explore diverses périodes de l’histoire mondiale, passant ainsi de la révolution française à l’empire mongol (le rapide et aérien Kubla Khan and the merchant of Venice), les premiers pirates de la radio anglaise (Pirates of the airwaves) qui ont permis à toute une jeunesse (dont Biff lui même « just a teenage boy underneath the covers listening to the radio ») de découvrir nombre de nouveautés rock et qui ont suscité des carrières en passant par Guillaume le Conquérant (1066) et les sorcières de Salem (Witches of Salem). Saxon se montre ici plus en forme que jamais avec un album de pur heavy, puissant et mélodique dont on ne peut que vanter l’exemplarité tant y trouver un défaut est difficile. Le contenu musical est aussi inspiré que la pochette (qui relève vraiment le niveau de la précédente…) Biff, qui vient de célébrer ses 73 ans est dans une éblouissante forme vocale, et ses compagnons de route plus affutés que jamais. On admirera le travail aussi rentre dedans que tout en finesse du batteur Nigel Gloker, la puissance du bassiste Nibs Carter et la réelle complicité guitaristique entre Brian Tatler et Doug Scarratt qui, ensemble forment non pas un groupe uni – ce qu’ils sont – mais une vraie machine de guerre. Un groupe à ne pas manquer à Lyon et au Zénith de Paris, ni même au Hellfest où Saxon nous offrira, enfin, son show Castles and Eagles – avec promesse de faire revoler le Fuckin’ pigeon.

ORLEANS METAL NIGHT: Demon Tool, Dreamcatcher et Looking For Medusa, le 6 janvier 2024

Retrouvez ici la galerie photos du concert

A peine les fêtes sont-elles terminées que je prends la direction du très actif Dropkick bar à Orléans pour aller soutenir les copains de Dreamcatcher, ce soir entourés des « revenants qui n’ont jamais vraiment disparu » Demon Tool et de ce qui sera ma première découverte de l’année, Looking For Medusa.

Il n’y a pas grand monde ce soir au Dropkick. On y circule aisément même si l’ambiance est animée. La date choisie, le dernier samedi des vacances de Noël, y est sans doute pour quelque chose. N’empêche, ceux qui sont là vont en avoir plein les mirettes et les esgourdes.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Il y a des groupes comme ça, tu connais leur musique depuis les débuts mais la vie fait que tu n’as jamais croisé leur chemin, ni vu la formation live. Demon Tool, désormais un « ancien » groupe de la scène hexagonale qui a sorti 2 albums, ouvre les hostilités. Son heavy thrash fait des étincelles, le groupe dégainant des titres entrainants et enjoués.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Le chanteur, Chris « El tyranno » module entre chant grave et profond qui évoque parfois ADX – une des influences du combo – et agressivité thrash, allant chercher le public toujours avec humour.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

La paire de gratteux composée de Nils « l’ancien » et du plus récemment arrivé mais néanmoins expérimenté barbichu Olivier fait bloc derrière une section rythmique (Nico à la basse et Jéjé à la batterie) qui propose une structure puissante et lourde à la fois.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Demon Tool nous offre ce soir une dizaine de titres variés dans une ambiance bon enfant. Si les morceaux sont issus des deux albums du groupe (Gladiateur, Abysse, La naissance du mal et Vampires de Soleil rouge, La demeure du diable et Soleil Rouge de Prophétie MMXII) et nous offre un nouveau titre (Médaillé) du troisième album qui est prévu pour… qui sait? Une ambiance qui se termine sur une reprise thrashisée de La salsa du démon qui fait son petit effet auprès du public présent.

DEMON TOOL live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

une bonne demie heure de changement de plateau et voici que déboule Dreamcatcher qui est déjà venu en ces lieux en 2019. La formation a beaucoup changé depuis puisque deux guitaristes ne sont devenus qu’un (Bastien, également membre de Stell Rangers) et que la basse est tenue par barbichou, non pas « jumeau de » mais bien le pré-cité Olivier.

DREAMCATCHER live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Là encore, les changements sont notables. On sent un groupe à l’unisson, une formlation qui vise les mêmes objectifs mais… Mais là où Chris, le chanteur (faut croire que les Chris chanteurs sont un critère de cette soirée…) n’hésitait pas à aller chercher le public dans la fosse, ce soir, il me semble que la prestation manque d’un petit quelque chose. Est-ce une guitare en moins, la fin des fêtes, le manque de public? Je ne sais pas, mais je ne suis pas entrainé par la prestation.

DREAMCATCHER live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Dreamcatcher pioche cependant au cœur de ses trois albums, proposant des morceaux heavy et thrash, Chris évoquant des souvenirs récents (Dreamcatcher, dont le chanteur est un inconditionnel de la vierge de fer, a ouvert il y a peu pour un certain Paul Di’Anno) et autres amours de jeunesse pour les indiens d’amérique, X-Files ou certains criminels notoires évoqués dans les chansons du soir (It’s a good day to die, Trustno1, Whitechapell…)

DREAMCATCHER live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

La formation conclu son set avec Wrathchild une reprise d’un groupe qui ne saurait aller très loin et Fly away, issu de The road so far, son dernier album en date.

DREAMCATCHER live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Le temps de changer le plateau et voici la claque de la soirée. Je n’ai jamais entendu parler de Looking For Medusa et je pense être passé à coté de quelque chose. Car le groupe propose un heavy metal racé et plus qu’entrainant, le genre qui donne envie de taper du pied et de bouger. D’ailleurs, le chanteur ne tiens pas en place, arpentant la scène de long en large et en travers.

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Les autres musiciens sont plus que complices et personne n’a son pré carré. La scène est piétinée dans son moindre centimètre carré par chacun d’entre eux pendant les 50′ du set.

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Forcément, je cherche des infos sur le groupe… Mais on est en France, alors: un site web pas à jour (« concert à venir: novembre 2021 », aucune bio ni indication de line up…) donc impossible de dire qui fait quoi. Mais le fun est là, et l’ambiance monte d’un cran.

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Looking For Medusa offre donc ce soir une prestation solide et enjouée devant un public malheureusement trop peu nombreux. Reste un bon souvenir d’un groupe qui donne envie d’en savoir et d’en voir plus en live. A suivre dès que possible.

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

Malgré une date pas forcément des plus judicieusement choisies, ce premier concert de l’année fut un moment chaleureux et convivial. Après tout, c’est bien là ce qu’on attend d’un concert de rock, et, pour le coup, c’est « mission accomplie ».

LOOKING FOR MEDUSA live@Dropkick, Orléans le 6 janvier 2024

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ORLÉANS METAL NIGHT: la galerie

Retrouvez ici le live report du concert

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GIRLSCHOOL: WTForty five

Angleterre, Heavy metal (Silver lining, 2023)

C’est toujours un plaisir de retrouver les écolières. Surtout que là, elles ont fugué quelques temps avant de se rappeler à notre souvenir… Le dernier album de Girlschool, Guilty as sin, remonte quand même à 2015. Il était donc grand temps, huit années après, que Kim Mc Auliffe (guitare et chant) et sa complice de toujours Denise Dufort (batterie) reviennent avec un nouvel album. Toujours de la partie, la guitariste Jackie « Jacks » (note: ceux ont eu l’occasion de lire mon interview du groupe parue en 2015 sur un autre webzine comprendront) Chambers se voit depuis 2019 rejointe par Tracey Lamb, bassiste originelle de Rock Goddess. Avec un tel line up, un vent de fraicheur peut souffler – la photo intérieure du livret est d’ailleurs explicite de bonheur. WTForty five? le démontre brillamment, dès It is what it is au refrain d’une simplicité exemplaire qui sera immanquablement repris en chœur sur scène. Si les filles ne réinventent en rien a machine à courber les bananes, elle se montrent très en forme et nous proposent 11 chansons célébrant le heavy rock festif qui a fait leur légende. Si certains thèmes abordent l’état de notre (in)humanité et de la planète (It’s a mess) mais également la période de crise sanitaire (Invisible killer), l’ensemble reste toutefois positif, enjoué et entrainant. Joe Stump fine gâchette de la six cordes, co-compose et enregistre avec les filles le très festif Are you ready. L’album se termine par un hommage à Lemmy – les filles lui sont, ainsi qu’à tous les membres de Motörhead d’ailleurs, éternellement reconnaissantes – avec la reprise de Born to raise hell, titre sur lequel on retrouve naturellement Phil Campbell et l’autre grand ami qu’est Biff Byford, emblématique chanteur de Saxon. WTForty five? On a surtout beaucoup de plaisir à retrouver Girlschool aussi en forme et on espère bien pouvoir aussi les retrouver en salles en 2024 (et à Clisson en juin prochain…) Girl power!

LOOKING FOR MEDUSA

Nouveau partenariat Metal-Eyes: l’année 2024 commencera sous les meilleures auspices puisque le Dropcick d’Orléans acceuillera une nouvelle affiche 100% française. En effet, le désormais mythique club sera envahi par DemonTool, Dreamcatcher et Looking For Medusa dès 20h.

Idéalement situé au cœur d’Orléans, le Dropkick, en plus de sa salle de concert pouvant accueillir quelque 200 spectateurs en sous sol, propose bar et restauration sur place. Le parking des Halles Chatelet est très facilement accessible pour qui vient en voiture.

A 10€, on ne rechigne pas, on vient soutenir les groupes locaux!

BLACK SPIDERS: Can’t die, won’t die

Angleterre, Heavy metal (Spinefarm, 2023)

Dans la veine « old school », ces dernières années nous ont plus habitués à un revival du southern rock ou du rock psyché/stoner. Avec Black Spiders, on replonge dans les premiers jours du heavy metal, celui auquel on ne collait pas encore systématiquement cette étiquette mais qui savait se faire aussi pesant qu’envoûtant avec ses relents psychédéliques qui sentent bon la consommation de certains produits. Les amateurs connaissent déjà cette formation qui n’a pu défendre son dernier album (Black Spiders, paru en 2021) comme elle l’aurait pu si la crise sanitaire n’avait bloqué le monde entier à la maison et rabattu les cartes du monde musical. Alors il est temps de se repencher sur le travail de cette brillante formation de Sheffield formée en 2008 et qui revient avec un album très justement et de manière très optimiste intitulé Can’t die, won’t die. Après une intro qui sonne comme une incantation hypnotique et répétitive invitant à assister à un cérémonial, Hot wheels lance la machine. Le rythme est enlevé, les riffs directs. Tout au long de l’album, on retrouve des rythmes enlevés, des riffs directs et un chant chaleureux, celui d’un Pete Spilby allumé. Sans jamais laisser tomber la pression, Black Spiders varie les plaisirs, passant d’un destroyer presque dansant à un Alright alright alright plus poppy, pour revenir à des règlements de compte (Traitor’s walk, A rat is a rat) ou terminer sur un explosif End of the world. Can’t die, won’t die est une nouvelle déclaration d’intention des Anglais qui doivent désormais trouver et consolider leur public. Quand bien même les Black Spiders ne réinventent pas le monde du metal, ils se donnent avec tant de belle et bonne volonté que l’on a envie de les suivre. Ils ne lâcheront pas l’affaire, et c’est tant mieux!