
Leurs venues parisiennes sont suffisamment rares pour que nous ne rations pas le concert de Disturbed qui, en ce 12 octobre 2025, vient célébrer le quart de siècle de son premier album, l’incontournable The sickness. Quand, en plus, l’affiche annonce en guise de première partie Megadeth, tout est réuni pour une petite virée parisienne.
En arrivant sur place, le public est dispersé. On avance facilement, il n’y a pas foule à l’entrée, les spectateurs arrivant tranquillement, régulièrement. On note cependant la présence de force de l’ordre en nombre – il y a pas moins de 7 cars de CRS bien visibles et déjà un certain nombres d’hommes en faction aux abords du Zénith. Est-ce l’inquiétude liée aux demandes de certains politiques (LFI, PS et PCF) d’annuler le concert pour cause de « risque de trouble à l’ordre public », demande liée aux positions du chanteur de Disturbed, David Draiman? La préfecture a rejeté la demande trois jours avant et, que ce soit avant le concert ou après, il s’y a eu aucune difficulté ni manifestation. Tant mieux, car nous sommes ici pour la musique et rien d’autre.

Il est 19h lorsque le Zénith est plongé dans le noir. La salle, jusqu’alors quelque peu clairsemée se remplit soudainement. Dave Mustaine ayant annoncé la future retraite de Megadeth, les fans n’ont guère envie de rater la moindre messe des seigneurs du genre.

Les quatre déboulent sur scène en pleine forme. Cependant, rapidement, dès Hangar 18, Mustaine se penche vers les ampli et s’adresse à un technicien. Oups, un couac en vue? Va-t-on avoir droit au Dave des mauvais jours? Heureusement, non, les choses revenant dans l’ordre assez rapidement.

Le groupe dégaine alors pépite sur pépite et chacun se montre très en forme occupant chaque centimètre carré, Dave utilisant chaque micro tandis que ses complices intervertissent à loisir leurs places. Bien que se levant pour haranguer la foule à deux ou trois reprises, seul Dick Verbeuren reste assez peu visible à cause de plaques de plexi protégeant sa batterie. Défilent ainsi Wake up dead, Angry again, Sweating bullets, Trust… Quand bien même la scénographie est-elle minimaliste, les lumières sont superbes, intenses et variées.

On en est déjà à la moitié du concert, et Megadeth n’a pas fini d’achever le public qui, vu le nombre de T-shirts au nom du groupe, est venu en très grand nombre. Tornado of souls préfigure d’un final en beauté. Mais, bien que très attendu – comme toujours – A tout le monde me surprend ce soir: une intro qui sonne trop grassement et une mélodie proposés par Teemu Mäntyssaari qui dénote par rapport à d’habitude. Pas la meilleure interprétation qu’il m’ait été donnée d’entendre…

Dommage, mais, fort heureusement, la suite, le bouquet final, est exemplaire bien que sans surprise: Symphony of destruction, Peace sells sur lequel on a droit à la visite de Vic Rattlehead, et Holy wars… the punishment due viennent conclure en beauté cette prestation si intense qu’on se demande pour quelle raison Dave souhaite prendre sa retraite. On en vu d’autres me direz-vous.. Le rouquin conclue avec son habituel: « You’ve been great, we’ve been Megadeth! » pendant que chacun lance médiators et baguettes au public.

Un grand voile cache la scène. Après Back in time (Huey Lewis and the News), clin d’oeil évident à cette invitation de Disturbed à accompagner le groupe dans un bond dans le temps d’un quart de siècle en arrière, et lorsque les lumières s’éteignent, les musiciens apparaissent en ombres chinoises sur fond de Spread the sickness. Puis, lentement, le rideau se lève, David, tel le Dr Lecter, masqué et en camisole, est attaché sur un diable géant, un garde l’accompagnant au milieu de la scène et le libérant de ses liens. Une tenue noire floquée au dos des lettres bien connues des centres pénitentiaires américains: D.O.C. – pour Depatment Of Correction.

Une fois son masque retiré, les yeux révulsés, les hostilités commencent avec Voices. Très vite, on sent que la soirée sera chaude: malgré un décor sobre et assez dépouillé, flammes et pyro vont ajouter au visuel des lights modernes et très travaillées.

Dan Donegan (guitares) et John Moyer (basse) occupent chaque recoin de la scène, s’emparant de l’avancée pour sauter et mieux séduire le public. La complicité des deux est telle qu’on croirait voir des jumeaux! Mike Wengren, quant à lui, reste scotché derrière ses futs mais on devine un sourire de plaisir lui barrant le visage.

Ne revenons pas sur un titre par titre, l’album étant célébré, chacun des 12 titres qui le composait alors est interprété ce soir, et dans l’ordre. Le concert est émaillé de ces petits moments dont on se souvient, comme lorsque, après Fear, le chanteur demande à ce que la salle soit éclairée et descend dans la fosse pour demander à ce qu’une spectatrice et sa fille soit protégées par les gars autour d’elles. « On est là pour s’amuser, c’est votre rôle de faire attention à elles! » Rien d’exceptionnel, David ayant pris l’habitude de ce type d’intervention, mais on l’a entendu discourir plus longuement. Quand bien même, les personnes concernées se souviendront longtemps de ce contact, si bref fut-il.

Le chanteur, jusque là assez peu bavard, annonce qu’il est « bon de ramener la maladie à Paris » avant d’entamer un Shout (Tears For Fears) remanié de manière très heavy. Puis, après Droping plates, le groupe disparait le temps d’un long interlude au son de fuite d’eau qui s’écoule d’une canalisation percée. Puis les lumières éclairent un David tout d’orange vêtu, enchainé et accompagné d’un homme scandant « dead man walking« . Au centre de la plateforme, une chaise électrique à laquelle est attaché le chanteur. Deux déflagrations, deux chocs qui lui explosent le cerveau. Le chanteur se relève, la tête et sa tenue ensanglantés et rejoint ses camarades, eux aussi revêtant la même tenue du condamné à mort, pour interpréter Meaning of life (avec un clin d’oeil à Crazy train, d’Ozzy). Le chanteur revient s’assoir et éclate d’un énorme rire gras, inquiétant. Puis un rideau tombe annonçant que « Disturbed will be back in 20 minutes ». Un entracte qui voit le public se ruer aux stands de merch, bars et toilettes.

La seconde partie du concert se concentre quant à elle sur les « greatest hits » du groupe. Ce sont ainsi pas moins de huit titres qui sont proposés pour compléter ce concert, titres que le public connait parfaitement. Il est à fond sur I will not break, les poings levés sur Ten thousand fists et Bad man qui voit la mascotte de Disturbed se gonfler derrière la batterie. Seul la reprise de Land of confusion (Genesis) me semble quelque peu… confuse. Indestructible est prétexte à un joli pogo avant un retour au calme le temps d’installer un piano, que chacun s’empare d’une guitare acoustique, mise en place annonciatrice de l’incontournable The sounds of silence (Simon and Garfunkel) sobre et puissant, morceau acclamé comme il se doit par le public.

Le concert se termine avec un rappel de deux titres, The light et Inside the fire. Deux morceaux qui viennent superbement clore une soirée magnifique d’un groupe malheureusement trop rare en France (si mes infos sont correctes, moins de dix concerts en 25 ans, le précédent remontant à… 2019!) En tout cas, The sickness a ce soir été célébré comme il se doit.

Merci à Mael et Live Nation d’avoir rendu ce report possible.