Interview BLACKRAIN – Entretien avec Math (basse) le 1er mars 2024
Math, commençons avec ceci : Untamed, votre précédent album, n’apparait pas sur votre site web. Il y a une raison particulière ?
Déjà, le site web est bloqué de puis quelques jours (rires)… Mais l’album Untamed n’y est pas ?
Quand on va sur la discographie du groupe, le dernier album en date est Dying breed.
C’est que j’ai oublié de le mettre à jour… En fait, il y a de moins en moins de trafic sur les sites web, c’est de plus en plus les réseaux sociaux qui fonctionnent, donc on n’a pas fait attention à ça. Mais le site est en train d’être refait.
Parlons maintenant de l’actualité, celle qui remonte à il y a un an puisque vous avez récupéré dans l’équipe un certain Franky Costanza, arrivé en janvier 2023. C’est une belle prise, mais on le connait plus dans un registre plus brutal avec Dagoba, mais aussi avec Les Tambours du Bronx. Qu’est-ce qui a fait que vous l’avez retenu et qu’apporte-t-il de plus à Blackrain ?
La première chose c’est qu’on communique depuis une bonne dizaine d’années. Il y a dix ans, il nous avait déjà proposé de venir dans Blackrain. On savait que ce style qu’on joue c’est aussi son style de prédilection. C’est un grand fan de Mötley Crüe. A l’époque, il était dans Dagoba et il n’avait pas de temps pour un autre projet. Là, je l’ai contacté parce que je savais qu’il connaissait beaucoup de batteurs. Je lui ai demandé s’il en connaissait un qui serait intéressé, parce que notre batteur partait pour des raisons personnelles et familiales et qu’il ne pouvait pas rester. Il me dit « ben moi, ça me botte ! » C’est la personne parfaite parce qu’il n’y a pas mieux que lui. Dès la première répèt’, on a commencé à travailler ensemble et ça a tout de suite fonctionné, on s’est tout de suite super bien entendus, on a l’impression de se connaitre depuis toujours ! C’est un peu inespéré de trouver quelqu’un comme ça parce que sur le moment on a eu peur : on perd notre batteur, on avait des doutes… Mais, non. Ce qu’il apporte de nouveau, c’est sa frappe assez typique, c’est un gros cogneur. En plus, ce qui est génial, c’est qu’il a un studio de batterie chez lui et il peut enregistrer en direct les piste de batterie dès qu’on est en train de travailler. Des pistes de batterie qui vont aller directement au mixage, et ça, c’est super pratique parce qu’on est tous à des distances super importantes. Swan, notre chanteur, habite en Suède… Là, Franky peut directement enregistrer et nous envoyer les pistes, on en parle après… C’est super pratique ! On a pu très rapidement enregistrer des tonnes de chansons. D’où l’album qui vient et celui qui va suivre. On en parlera peut-être.
Puisque tu en parles, votre nouvel album s’intitule Hot rock time machine. Trois mots : vends-le-moi.
C’est simplement les chansons qu’on a le plus utilisé sur scène, qui ont vraiment fonctionné, qui n’étaient plus disponibles sur les plateformes de streaming parce qu’on n’avait plus les droits – ils appartiennent à notre ancien producteur – et on a réenregistré ça avec le son actuel, mixé par Hannes Brown, le chanteur de Kissin’ Dynamite. C’est le son qu’on a sur Untamed, celui qu’on a toujours recherché et qu’on aurait voulu avoir sur les chansons à l’époque.
Comment avez-vous fait connaissance ?
En tournée. On a discuté, on lui demandé qui produisait leurs albums et il nous a dit que c’est lui. Ben… c’est le son qu’on recherche depuis toujours, et il nous a proposer de mixer pour nous, tout simplement… On était en tournée dans le tour bus, on a discuté, voilà tout. Il a fait cet album et il fera certainement le suivant.
Où a été enregistré Hot rock time machine ?
Dans plusieurs endroits, on a tout fait à distance. On a chacun notre studio, et on s’envoie les bandes. Swan coordonne tout ça et qui a la main sur le final avant d’envoyer le tout à Hannes. Ça circule : Marseille, Haute Savoie, Suède, Allemagne… et ça revient.
A une époque vous étiez installé à Paris. Tu viens de dire Haute Savoie, d’où BlackRain est originaire. Ça veut dire que plus personne ne vit sur Paris ?
Non, il n’y a plus personne à Paris. Max et moi on est retournés en Haute Savoie, Swan s’est marié et s’est installé en Suède, et maintenant, Franky vient de Marseille.
Est-ce que Franky a eu son mot à dire sur ces compositions ?
Il a fait quelques commentaires sur les lignes. Parfois, quand tu apportes quelque chose, ça amène à modifier d’autres parties. C’est toujours un dialogue : on t’envoie une maquette, tu ajoutes quelque chose qui va donner une autre idée… Il y a un jonglage et à un moment, on arrive à la chanson finale. C’est un dialogue entre quatre musiciens avec un chef d’orchestre, Swan.
Donc chacun a son mot à dire.
Bien sûr, mais même, parfois, s’il y en a un qui dit que la chanson ne lui plait pas, on arrête. Il y a un matériel assez gigantesque : quand on regarde le nombre de chansons qui sont écrites, enregistrées et le nombre qu’on sort réellement… Je dirai qu’on en sort une sur trois, à peu près. Parfois, il y a des chansons qui reviennent, qu’on réécoute, qu’on avait abandonnées, et on les retravaille des années plus tard (rires).
Comment analyserais-tu l’évolution de BlackRain entre Untamed et ce nouvel album, en dehors de l’arrivée de Franky ?
Là, c’est un peu difficile parce que c’est un nouvel album d’anciennes chansons. Entièrement réarrangées, revues comme on le ferait aujourd’hui avec le recul, l’expérience qu’on a eu de différents studios, avec les ratés… On a toujours été à la recherche du son – ça a été long, mais je crois que là, on est bien – et à la recherche de LA chanson. Le fait que ces chansons ne soient plus disponibles sur les plateformes de streaming alors que certains fans nous les réclament, on se dit qu’on peut leur donner une seconde vie. Plein de gens vont les découvrir sans même se rendre compte que c’étaient des vieux titres…
Puisque tu parle d’anciens titres que les gens vont redécouvrir, si tu devais n’en retenir qu’un seul de Hot rock time machine pour expliquer à quelqu’un qui ne vous connais pas « voilà ce que nous sommes aujourd’hui », ce serait lequel ?
Je dirais que c’est Revolution, le titre qu’on vient de sortir… C’est quelque chose qu’on avait en tête depuis longtemps, qu’on n’avait pas fait comme on le souhaitait. Quand on a discuté avec des attachés de presse, le label, tout a assez rapidement convergé vers ce titre. Les chœurs, les solos de guitare, la batterie qui tabasse… Et là, il y a le côté cow-boy qu’on n’avait jamais fait. Ça va prendre son sens avec le clip. Il y a le sifflement à la Enio Morricone.
Si aujourd’hui tu devais réenregistrer un des précédents albums de BlackRain avec le line-up actuel, ce serait lequel ?
Ce serait Lethal dose of…, c’est un peu ce qu’on a fait, d’ailleurs. On n’a pas tout fait parce qu’il y avait beaucoup de morceaux dessus, mais oui, c’est un peu ce qu’on a fait là. En plus, avant même d’arriver à Paris, on avait enregistré cet album qu’on a essayé de mixer avec un producteur américain (Beau Hill) mais ça n’avait rien donné. C’est la raison pour laquelle on avait travaillé avec ce producteur sur Paris, mais le résultat n’était pas non plus ce qu’on espérait. Là, on a eu cette opportunité de pouvoir le réenregistrer, on nous l’a proposée, et on l’a saisie…
Au début de notre entretien, tu parlais d’un autre album qui va suivre…
Oui, en fait, cet album s’est intercalé avec le suivant. On nous a proposé d’enregistrer Hot rock time machine, ça a été très rapide, et on était déjà en train d’enregistrer le suivant. Il y a une partie qui est déjà mixée, donc on va enchainer. Tu vas réentendre parler de nous rapidement…
Il est prévu pour quand ?
On ne sait pas encore. Le temps de discuter avec les labels, de tout mettre en place, de choisir la pochette… ça prend toujours un peu de temps.
Tu viens de parler de la pochette : il y a maintenant un point commun entre celles des trois derniers albums puisqu’il y a des… zombies, des morts-vivants. Ils sont au nombre de 4, vous êtes quatre. Il y a une envie d’avoir ces mascottes ?
Il faut trouver un visuel, et on a trouvé notre dessinateur, on a de la chance ! Quand tu as un dessinateur, que ça colle, que tu es content du résultat, ben… tu continues avec lui ! Le single, c’est avec les mêmes personnages qu’on décline. On n’est pas les premiers à le faire bien sûr. Il s’appelle Muji, il vit aux Philippines. On l’a découvert par internet, et on aime bien son style. On lui a proposé d’envoyer des exemples de squelettes et on était très content de ce qu’il nous proposait.
Là encore, j’imagine que vous communiquez par internet ?
De plus en plus, oui. On travaille avec des gens qui sont à l’autre bout du monde, c’est marrant. On a commencé à travailler à distance depuis qu’on a quitté Paris. On se retrouve pour les concerts.
Ce qui permet de garder une certaine autonomie, de vous éloigner et vous ressourcer pour mieux vous retrouver ensuite sur les routes…
On a vécu pas mal d’années ensemble, dans le même appartement. C’est sympa un temps mais après… Chacun a sa vie et c’est très bien. On est d’autant plus contents de se retrouver. C’est pour ça que ça dure !
Vous avez chacun vos vies, et in sait qu’aujourd’hui, un groupe de rock, d’autant plus en France, vit très difficilement de sa musique. Quelles sont vos métiers dans vos autres vies ?
Une partie du groupe est musicien. Franky, il est dans Les Tambours Du Bronx, donc quand tu mélange les deux, le planning est chargé. Max, notre guitariste, a aussi ses activités solos, donc il ne fait que de la musique. Swan, il suffit de faire quelques recherches pour savoir qu’il est aussi tatoueur, il a son studio de tatouage en Suède, et moi, je suis peut-être le profil le plus atypique, et encore…, je suis prof de maths à la fac.
Quelle pourrait être aujourd’hui la devise de BlackRain ?
Ah, ben ça a toujours été la même : le rock et la fête ! On a envie en concert que les gens soient heureux, repartent avec la banane. C’est vrai aussi que dans BlackRain, il y a black, noir. Parce que notre musique a aussi un côté sombre qui reflète le monde, mais un côté sombre à la fois mélancolique et festif. Nous, on aime bien se retrouver autour d’une bonne bière, d’une bouteille ou deux, ou trois… Passer du bon temps avec la famille, sortir… La vie, quoi !
Quels sont vos projets de concerts pour soutenir cet album :
Il y a déjà une date très importante à retenir : le 7 avril à la Maroquinerie de Paris. C’est la première fois qu’on produit nous-même une date. On est entièrement indépendant là-dessus, et elle se vend bien. La plus grosse date qu’on va faire, ce sera à Lyon, au Plane R Fest. Il va y avoir plusieurs autres festivals, les dates vont suivre, en France, avec de bonnes salles. Ça monte un peu en gamme au niveau des salles.
Que souhaites-tu rajouter pour conclure cet entretien ?
On vient de tourner deux clips qui vont bientôt sortir : un pour Revolution, et l’autre qui nous tient à cœur, sur Nobody but you, qui était la ballade de It begins. On avait tourné ce clip il y a dix ans, c’est à ce moment qu’on s’est engueulés avec notre producteur qui a gardé les bandes. C’est moi qui réalise les clips, et à cette époque, c’était un truc énorme, avec une équipe de vingt personnes… Là, dix ans après, on le fait ! On vient de le tourner hier, en plus. Il sortira le 22 mars.