Interview: EXCEPT ONE

 

Après avoir exploré le très violent nouvel album de Except One, Metal Eyes a pu tranquillement échanger avec Naty, le batteur du groupe parisien formé dans les années 2010 par la « chanteuse » Estelle et Junior, l’un des deux guitaristes. Naty a rejoint la formation au moment du second Ep et a donc pu enregistrer le deux albums, Fallen en 2018 et Broken, le nouveau brûlot de 2022. Il définit Except One comme « un groupe de Death mélodique et metalcore qui a tourné avec des groupes comme Dagoba ou Jinger. On avait une tournée prévue juste avant le Covid, mais voilà… Le dernier album, Broken, a été composé à moitié avant la pandémie et l’autre moitié pendant le confinement« .

La pandémie a naturellement dû impacter la réalisation de ce second album, mais dans quelle mesure le groupe ayant commencé à le composer avant? « Le Covid a donné quelque chose de positif, c’est qu’on a eu du temps. On n’avait pas de concert, ce qui nous a donné plus de temps pour composer, se poser, travailler d’un point de vue technique aussi. Il a influencé les paroles également, on était dans une période incertaine… Ce qui donne ce nouvel album, Broken »

La voix d’Estelle n’a quant à elle rien de cassé (il rit). Au delà de cette furie vocale, comment Naty définirait-il la musique du groupe à quelqu’un qui ne connait pas Except One? « Si on parle en termes techniques, je dirais que c’est du death old school mélangé à du death moderne et du deathcore, arrivé plus tard, et du metalcore. On a tous des influences différentes dans le groupe…  Du black, du thrash, du hardcore, et le mélange de tout ça donne Broken, et ça peut parler à tout le monde… Il y a de tout, mais pas du metal symphonique. » Chacun apporte ses idées, c’est un travail commun qui donne ce résultat?  » C’est plus sur des riffs de guitare. Tim compose les bases, apporte ses riffs et ensuite, on étoffe et le morceau se compose. On va modifier certaines parties, mais c’est plutôt la base d’une personne consolidées par tous. »

La prod est puissante, le son est gras et laisse de la place à chaque instrument. « On a travaillé avec un directeur artistique, on a enregistré chez lui. On a travaillé différemment de Fallen où on avait pas cet apport d’un directeur artistique. On lui a dit ce qu’on voulait et on a pu trouver des compromis« . L’album a été enregistré d’une autre manière, alors comment Naty analyse-t-il l’évolution du groupe entre fallen et Broken? « Il y a une évolution technique, on a vraiment mis l’accent dessus. On voulait garder la puissance de Fallen mais on a mis plus d’ambiances aussi, d’où l’apport de samples qu’on ne trouvait pas avant. Ca donne une ambiance plus sombre et plus aérienne par moment, ça met en évidences les breakdowns. On est parti sur quelque chose de plus sombre et de plus techniques. » Ouais, plus »aérien » si on veut, mais alors chargé de nuages sombres, lourds et menaçants…

Si Naty devait ne me présenter qu’un seul des dix titres de ce nouvel album qui soit le plus représentatif de ce qu’est aujourd’hui Except One, il « pense que ce serait In nomine, le plus représentatif de l’album, celui qui a fait l’objet d’un clip. Il y a un riff d’enfer, un breakdown au milieu, la voix guttural mais aussi du chant clair sur un bridge. » In nomine évoque la religion, alors le groupe a-t-il des sujets de prédilection? « Pas forcément, on parle de choses qui nous touchent. Ca peut être la dépression, des choses plus émotionnelles, certains morceaux comme Seeds of revolt ou Blood of the underdog traitent plus de colère de la civilisation, des sociétés. Il peut aussi y avoir des choses plus personnelles comme le rejet parental sur Still alive… En revanche, on évite de parler de thèmes politiques. Ca n’a pas sa place dans ce qu’on fait et on n’a pas la prétention de maitriser suffisamment ce sujet pour en parler. Mais il n’y a pas vraiment d’interdits...  »

Terminons avec la devise du groupe, étonnante: « Ah, une devise? On en avait une avant, qui colle un peu moins aujourd’hui, mais bon: « des fleurs, des oiseaux, des bébés, le tout dans un mixeur »… Je dirais qu’on pourrait ajouter aujourd’hui une touche un peu plus sombre, un peu moins thrash. »

Propos recueillis par téléphone le 14 février 2022.